Le dieu de Simone Weil :
Avant de s'exiler aux États-Unis en 1942, - elle remet à G. Thibon négligemment un paquet contenant 12 de ses cahiers écrits à marseille, qu'il " classera " et éditera plus tard dans " La pesanteur et la grâce"; - elle écrit au père Perrin son autobiographie spirituelle, relisant toute sa vie à la lumière de Dieu. Cette lettre d'adieu " Attente de Dieu " a une portée testamentaire puisque Simone mourra un an aprés en Angleterre. La tuberculose et son anorexie l'emportent alors qu'elle n'a que 34 ans.
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Extraits de « La pesanteur et la grâce », de Simone Weil :
La création, est de la part de Dieu, un acte de renonciation. Dieu renonce à être omnipotent, à être Tout : « Dieu n'a pu créer qu'en se cachant, lit-on dans la Pesanteur et la grâce. Autrement il n'y aurait que Lui. ». Le dieu de Simone Weil est un Dieu transcendant, qui s'est lié les mais devant le mal, un diue souffrant, un dieu qui n'est pas tout-puissant...Pour S. Weil, ce qu'elle appelle « la décréation », n'est pas un rejet du monde sensible, mais le projet de l'homme qui renonce ( comme Dieu) à l'indépendance que Dieu offre, pour choisir de vivre en Lui... Simone Weil utilise le langage des mystiques : « Dieu a créé notre autonomie pour que nous ayons la possibilité d'y renoncer par amour (…) Dieu par amour se retire de nous afin que nous puissions l'aimer ( …) » Celui qui ressent l'absence de Dieu, ne peut que le désirer …
Quand Simone Weil écrit : « Le moi, ce n'est que l'ombre projetée par le péché et l'erreur qui arrêtent la lumière de Dieu et que je prends pour un être ( …) Le péché en moi dit « je » », c'est à mon avis, une manière chrétienne de reprendre la vision bouddhiste sur l'illusion du soi ( l’ego). Simone Weil, a fréquenté et lu en sanskrit « les Upanishads.. ! ... Malheureusement, son anorexie déteint sur sa spiritualité, et refuse, même, le réconfort d'une rencontre du divin … « Il y a des gens pour qui tout ce qui rapproche Dieu d'eux-mêmes est bienfaisant. Pour moi, c'est tout ce qui l'éloigne ». « Quand Dieu est devenu aussi plein de signification que le trésor pour l'avare, se répéter fortement qu'il n'existe pas ( …) Il faut préférer l'enfer réel au paradis imaginaire. » … !
Camus admirait Simone Weil... Tous deux méditent sur « la tendre indifférence du monde », pour se détacher du monde terrestre. Il est nécessaire d'accepter ( sereinement …) la nécessité ( les lois inflexibles de la nature ) : « La grâce comble, mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c'est elle qui fait ce vide. »
C'est en ressentant l'absence de Dieu, affirme t-elle, que nous commençons à expérimenter sa présence : « Dieu et le spirituel sont cachés et sans forme dans l'univers. Il est bon qu'ils soient cachés et sans nom dans l'âme » . « Un mode de purification : prier Dieu ( …) en pensant qu'il n'existe pas » … Cela me fait penser à Maître Eckhart... : Dieu n'existant pas sur le même plan que la création, nous ne pouvons pas le percevoir... la réalité surnaturelle peut - dans un premier temps - se confondre avec le néant.
Voir aussi: S. Weil... Loin d'une religion « consolatrice »…