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Louis Leprince-Ringuet

Publié le par Régis Vétillard

A Fléchigné, Lancelot et Geneviève continuent de s'intéresser à la recherche scientifique. Un physicien a attiré leur attention :

Louis Leprince-Ringuet (1901-2000). En 1929, il fut accueilli par Maurice de Broglie pour orienter son laboratoire de physique des rayons X vers la physique des particules. En 1936, il est nommé professeur à l'École polytechnique où il crée un laboratoire. Sa quête est de percer le secret des rayonnements cosmiques. S'agit-il d'ondes électromagnétiques, sont-ils composés de particules ?

En 1933, un aller et retour sur un bateau cargo entre Hambourg et Buenos Aires permit à Leprince-Ringuet d'entrevoir une réponse : il s'agirait de particules chargées, déviées par le champ magnétique terrestre. Pendant la guerre il établit son laboratoire de physique atomique dans les Hautes-Alpes, à 1 000 mètres d’altitude. Il y découvre ces particules lourdes, bien énigmatiques.

Ces ''rayons'' sont donc plutôt des flux de particules à haute énergie composés de protons, d'électrons et de noyaux atomiques qui circulent dans tout le cosmos. « Quand un rayon cosmique heurte un noyau (de l’atmosphère par exemple), il le casse complètement et, en plus, est capable de créer des particules nouvelles appelées mésons, hypérons, etc. »

Ainsi, si pour obtenir une transformation d'un élément chimique en un autre par une modification de son noyau atomique, on peut bombarder les noyaux avec des sources intenses de particules alpha des corps radioactifs ; on pourrait aussi utiliser les rayons cosmiques.

« On ne connaissait pas très bien les propriétés de ce rayonnement qui sillonne l’espace, jour et nuit, et qui nous arrive sur terre à la cadence d’une particule (en général un noyau léger) par seconde sur la surface de la paume de la main. Nous sommes donc traversés, jour et nuit, hiver comme été, par des particules d’une énergie considérable... »

 

Louis Leprince-Ringuet se demande si un physicien est un créateur, un artiste, un poète ? « notre œuvre n’est pas une œuvre d’art, nous ne méritons pas le beau titre de poète «  L'œuvre d’art est unique. « notre œuvre s’inscrit dans une recherche constante des phénomènes de la nature, de leur explication, de leur association sous un même formalisme que nous inventons pour y parvenir. »

« En science comme en religion il faut être attentif aux signes. Nombre de grandes découvertes sont la conjonction du hasard et de l’acuité d’observation et d’interprétation des signes. » ( Foi de physicien)

Romain Rolland 1866-1944

Annoncé dans le journal du mardi 2 janvier ; ce 30 décembre 1944, Romain Rolland est mort, chez lui à Vézelay. Lancelot se retourne et observe, dans sa bibliothèque, ses magnifiques volumes reliés de ''Jean-Christophe'' ( roman en 10 volumes publié de 1904 à 1912) ; première lecture de livres d'adulte.

Il s'agit d'un roman d'apprentissage, c'est à dire d'une quête, celle de Jean-Christophe Krafft, un jeune compositeur allemand de génie, à l'égal d'un Beethoven, né sur les rives du Rhin. Le héros surmonte diverses difficultés, perd la foi, découvre l'amour, la sensualité, mais doit s'exiler en France. L'allemand et musicien se lie d'amitié avec le français Olivier Jeannin. Les deux amis se complètent et s'enrichissent réciproquement.

Romain Rolland, à travers Christophe héros musicien et romantique, recherche une vraie foi en dehors de tout dogme et de toute église. Il la trouve par Beethoven et Berlioz. Et, c'est une autre foi ; une foi en l'homme, en sa valeur universelle, et en l'efficacité de sa raison.

A Vézelay, peut-être déçu de son pacifisme, sa retraite lui permet de voir venir à lui, des personnes de grand notoriété en recherche de sagesse. Des gens aussi divers que Maurice Thorez, la reine Elisabeth de Belgique, Waldo Frank, Aragon, de simples militants, des prêtres, mais aussi, Marcelot, pépiniériste de Clamecy, le boulanger Crochet en bas de Vézelay, et un jeune couple de militants de Migennes.

Rolland admire Paul Claudel ; mais juge durement sa conduite envers sa sœur, et son adultère. Il a pour ami, le très controversé "l'Autre" Chateaubriand, Alphonse, et pour visiteurs aussi, des officiers allemands alors que ''Jean Christophe'' est interdit non seulement en Allemagne, mais aussi dans les écoles françaises.

 

Janvier 1945, le froid est intense. Si le charbon manque, le bois supplée. En ville, la viande manque. Les prix s'envolent, et à Paris le marché noir est au plus haut. Ici, bovins et porcs sont bon marché mais, il n'existe que peu de moyens pour les transporter vers la capitale. Nous sommes toujours au régime des tickets de rationnement.

A Fléchigné, nous employons un prisonnier de guerre allemand ; et nous hébergeons des réfugiés du Calvados. Pas de gaz , et l'électricité est souvent coupée. L'acheminement du courrier est aléatoire.

Lancelot a croisé dans une ferme proche, un écrivain breton. Xavier de Langlais, lecteur de la légende arthurienne, souhaite se spécialiser dans la peinture, la décoration des églises et dans la recherche de techniques picturales nouvelles. Il œuvre également pour situer la légende en Forêt de Paimpont ; Lancelot n'a pas eu le temps de le convaincre de la réalité locale concernant le chevalier dont il porte le nom... De retour à Rennes en octobre 1944, il témoigne en faveur de ses amis bretons incarcérés, et à partir du début des années 1950, Brocéliande deviendra une des thématiques principales de l’œuvre de Xavier de Langlais.

 

18 janvier 1945 Le gouvernement dissout la direction des FFI. 21-23 janvier au Comité central du PCF, Thorez se prononce pour la fin des milices patriotiques (communistes).

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1944 – De Gaulle en URSS

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot, marqué à vie par un bombardement américain, s'interroge sur la raison de ceux qui rasent le Havre, en ce début septembre 1944.

Le Havre bombardé - hiver 1944-45

Lancelot rencontre régulièrement un ami avocat (M. G.), qui lui donne quelques nouvelles de personnages qu'ils a bien connus, comme par exemple : Jean Luchaire. ( chez qui Lancelot, rencontra Elaine de L. vers 1925, ou 26) ( Jean Luchaire – Elaine de L. - Les légendes du Graal (over-blog.net)

« Audacieux, sans scrupules, il mena une vie dispendieuse et émit des chèques sans provisions. » Il se renfloua grâce à sa fille, qui fit du cinéma ; mineure, le père dépensa les sommes gagnées. Il gagna beaucoup dans le rapprochement franco-allemand. Les occupants firent de lui le président des directeurs de la presse parisienne. Il est aussi le directeur des '' Nouveaux Temps '' , « C'est l'un des hommes les plus en vue, les plus haïs de Paris. » . «  Si les allemands sont vaincus, il se sait pendu. »

René de Naurois

Lancelot reçoit en novembre 1944, des nouvelles de René de Naurois, qu'il connut comme aumônier de l’École des cadres d’Uriage qu'il dut quitter en juin 41. Il est alors entré en Résistance ( Témoignage Chrétien, le mouvement Combat), et a sauvé de nombreux juifs. Traqué par les allemands, il put rejoindre Londres, les Forces françaises libres en avril 1943. Il demanda à être affecté aux Commandos et débarque en France sur la plage de Colleville-sur-Orne le 6 juin 1944. Après de violents combats, en Hollande, il est hospitalisé. Il écrit en novembre 44: «  L’action du prêtre ne se réduit pas à son action visible et tangible (par ex. : égayer ou entraîner les autres) mais comprend essentiellement son action surnaturelle invisible  » (…) « Ce qui le fait prêtre et lui donne des pouvoirs extraordinaires ne vient pas de lui, mais de Dieu. » 

 

Un ami, proche de Georges Bidault nous raconte son voyage en URSS, à la suite du Général ( Nov-Décembre 1944). Ce dernier était inquiet : « C'est très bien ce voyage, mais il ne faudrait pas que la France se mette en révolution pendant ce temps-là »

Moscou attachait beaucoup d'importance à la résistance intérieure française, et De Gaulle avait toujours maintenu le contact avec l'Union soviétique, malgré une certaine mésestime de Staline envers la France depuis la défaite de 40.

De Gaulle souhaite un certain effacement des communistes français et marquer son indépendance vis à vis des États-Unis et des britanniques.

Gracié par le Général, du fait de sa désertion en 1939, Maurice Thorez est autorisé à revenir en France. Le 19 novembre, Thorez est reçu au Kremlin par Staline, en présence de Molotov et Beria. Staline rappelle que le gouvernement de De Gaulle ayant été reconnu, le 23 octobre 1944, par les Alliés, il ne s'agit plus « de suivre l'ancienne ligne (...). Il faut opérer un tournant. Le PC n'est pas assez fort (...) Il doit accumuler des forces et chercher des alliés (...). »

Maurice Thorez atterrit à Paris le 27 novembre.

De Gaulle à Moscou - déc 1944

De Gaulle et sa délégation sont partis depuis le 21 novembre, pour se rendre à Moscou, par Le Caire, Téhéran et Bakou. A la demande même du général, ils passent par Stalingrad ( 30 Nov) : la gare est en ruines, et visitent ce lieu de bataille qui fut décisive. Le train arrive à Moscou le 2 décembre et le général, accueilli par Molotov, choisit de loger à l’Ambassade de France, et laisse à M. Bidault l'honneur de l'hospitalité soviétique.

Le soir même le Général de Gaulle et l'amiral Staline se rencontrent, et évoquent l'idée d'un traité. et Le général avait confié à son entourage que contrairement à Vichy, il ne joue pas tantôt avec la carte anglaise, tantôt la carte allemande, ou encore une autre : «  pour nous, pas de carte anglaise, ni russe : il y a la France. » Les français gardent en mémoire le pacte de 1935.

Le portrait de Staline, relaté par la délégation, est celui d'un homme « possédé de la volonté de puissance. Rompu par une vie de complots à masquer ses traits et son âme, à se passer d’illusions, de pitié, de sincérité, à voir en chaque homme un obstacle ou un danger, tout chez lui était manœuvre, méfiance et obstination. »

Le lendemain dimanche 3 décembre, à dix heures, messe à Saint-Louis des Français. « Au troisième banc à côté de moi, se carrent trois agents du NKVD. »

Pour Staline, la question centrale concerne la Pologne, et la reconnaissance du régime de Lublin ( illégitime , pour la France). Spectacles, dîners, les discussions piétinent. Bidault et Molotov, tentent plusieurs propositions ; mais de Gaulle refuse d'abandonner la Pologne à la ''protection'' de l'armée rouge.

Lors du dîner officiel d’adieu, toujours sans le résultat d'un traité ; Staline opère une véritable « scène de tragi-comédie » (selon les mots du général) mêlant éloges, humour et menaces.

Subitement, de Gaulle se lève : « Je vous remercie, M. le Maréchal, de votre accueil que je n'oublierai pas. Il est tard maintenant. Nous allons rentrer. Bonsoir, M. le Maréchal ». Staline : « Mais (…) vous avez bien le temps ». Déjà le Général s'éloigne … Et il s'en va.

La signature du traité franco-russe le 10 décembre 1944

Finalement, Staline accepte un pacte avec la France ( sans la Grande-Bretagne) et le Général admet l'idée d'envoyer à Lublin un représentant sans caractère diplomatique.

Lors du départ de la délégation française, Staline salue l’opiniâtreté du général : « La France a des chefs maintenant, des chefs intraitables, raides, ne cédant pas. C’est bien, c’est bien, c’est ce qu’il faut. J’en suis heureux. C’est ce qu’il faut à la France… ».

 

Pendant le retour, de Gaulle confie : « Ce n'est pas un régime populaire, il n'y a pas d'enthousiasme dans cette masse. A Paris, c'était autre chose : un peuple libre... »

Staline lui aurait dit : « Ce doit être bien difficile de gouverner un pays comme la France où tout le monde est si remuant ! » Ou encore, parlant de Thorez : « Si j’étais à votre place, je ne le mettrais pas en prison… Du moins, pas tout de suite ! »

Maurice Thorez

 

Le 30 novembre, Thorez a exposé aux communistes français, les consignes de Staline, résumées dans le nouveau mot d'ordre : « S'unir, combattre, travailler ». Un objectif est de réussir l'unité avec le parti socialiste afin de créer le grand parti ouvrier français.

La puissance du parti communiste - il est le principal parti de France - n'est pas seulement électorale ; elle est dans un appareil discipliné et ultracentralisé ( et financé en partie par Moscou).

 

Quelques jours avant, s'est constitué le MRP (Mouvement républicain populaire). Georges Bidault en est l'un des fondateurs. Le mouvement refuse l'appellation '' démocrate-chrétien'' par souci de laïcité et par refus de toute allégeance religieuse. Ses précurseurs sont le catholicisme libéral de Lacordaire, La Mennais et Albert de Mun (proche de la comtesse de Sallembier) ; on évoque également le Sillon, avec Marc Sangnier qui fonde en 1912 la ligue de la Jeune République. Le 10 juillet 1940, les quatre députés JR ont voté contre les pleins pouvoirs à Pétain. Beaucoup des membres vont rejoindre le MRP.

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Le ''SR'' - L'épuration - Hergé

Publié le par Régis Vétillard

Geneviève a donné naissance à une fille, le 10 septembre 1944. Lancelot a souhaité l'appeler Elaine.

Maurice Garçon, avocat, qui s'inquiète des excès d'une justice expéditive, serait prêt à intervenir et à défendre Geneviève, si elle devait être inquiétée.

Geneviève, à Fléchigné est loin de Paris, et sympathise avec l'institutrice du village.

Dans les communes libérées, et hors danger, la rentrée scolaire a lieu de 2 octobre 1944. Odette Tounord est la seule en poste, dans son école rurale de filles, Geneviève vient l'aider et tient à présenter aux plus grands des notions de calcul et de sciences en ''leçon de choses''. Une collègue suspectée de collaboration et qui a participé à une propagande pro-allemande à l’intérieur de leur classe a quitté la région et sera relevée de ses fonctions en 1945. A l'école de garçons, sur les deux instituteurs, l'un est prisonnier de guerre. Odete Tounord, adhérente au SNI, a assuré une structure syndicale clandestine et a soutenu son mari dans son activité résistante.

Femme tondue 1944

 

Chaque jour paraît dans la presse une liste de personnes arrêtées . A côté des ''commissions d'épuration '' ( créées depuis août 1943 au sein de la Résistance), se tiennent des procès iniques, ou même sans procès, et sont décidées des exécutions sommaires. Des lynchages s'improvisent autour de cortèges haineux, des femmes sont tondues. La foule est excédée de privation, traumatisée de peur et de deuils.

« Il nous est resté la haine. (...). A la haine des bourreaux a répondu la haine des victimes... Eh bien, c'est de cela que nous devons triompher d'abord. » Albert Camus, « Défense de l'intelligence », 15 mars 1945.

 

Le 7 septembre 1944, Pétain et Laval s'imaginent encore gouverner de Sigmaringen sous le contrôle des allemands. Le château médiéval appartient au prince Frédéric de Hohenzollern et à la princesse Marguerite, fille du dernier roi de Saxe, que la Gestapo a interné avec ses sept enfants, pour loger le gouvernement fantôme de Pétain.

Le 9 septembre, le général de Gaulle met en place et préside le gouvernement provisoire de la République Française ( GPRF). Il nomme vingt-deux ministres, dont André Diethelm (1896-1954) au ministère de la Guerre, auquel appartient Lancelot. Parmi les ministres, on distingue deux communistes, quatre socialistes ( SFIO), trois MRP, trois radicaux. Le mouvement Républicain Populaire,( MRP) est une sorte de mouvement démocrate chrétien qui se constitue lors de son congrès du 26 novembre 1944. L'inquiétude du général de Gaulle, est de garder la maitrise de la situation face au parti communiste.

 

Après ''l'accident'' dont Lancelot fut victime, ses contacts avec le ''SR'' ont été suspendus. Puis, les événements politiques et militaires n'ont pas permis à Lancelot de pouvoir reprendre une activité efficace.

Il attend de la part du gouvernement provisoire, une nouvelle affectation.

Pour ce qui est du ''SR'', je rappelle qu'averti par l'Intelligence Service, le 5 novembre 1942, Louis Rivet ( commandant des services spéciaux militaires français rattachés à Vichy) avait donc rejoint Alger, suivis du colonel Ronin et du commandant Paillole qui est d'abord passé par Londres. Ses services avaient toujours été en contact avec Londres. Rivet se met sous les ordres du commandant en chef, le général Giraud ; avec pour objectif la préparation d'opérations de libération du territoire national.

Beaucoup d'officiers de l'EMA ( Etat Major) de l'ancienne ''armée d'armistice'' ( dissoute en nov 42), attendaient le débarquement en Provence. René Carmille, avait établi un fichier de 220 000 noms localisés en zone sud et prêts à se mobiliser. Les allemands l'arrête le 3 février 1944, il mourra en déportation.

Giraud et De Gaulle - Casablanca 1943

Giraud s'il restait proche du Maréchal - qu'il considérait prisonnier de ses ministres, en particulier de Laval - misait sur les américains. Ainsi, il semblait bien que, avec Darlan et Giraud, en Afrique, la France de Vichy reprenait les armes.

Mitterrand a effectué un séjour à Alger, via Londres, pour offrir ses relais dans le commissariat aux prisonniers ; il avait joint également les anciens du "104" rue de Vaugirard de la Fédération des étudiants catholiques, par lesquels Lancelot fut recontacté. Il permit également d'y associer quelques-uns des services de la Jeunesse et de l'Information, et des hommes d'Uriage.

Mai 1943, De Gaulle a rejoint Alger et s'affirme comme le seul chef de la Résistance française.

En avril 1944, le colonel Louis Rivet nommé général, est admis a la retraite .

Le 7 mai 1944, le lieutenant-colonel Paillole part en mission secrète pour Londres, il va être associé à la préparation du débarquement de Normandie au SHAEF, le QG des forces alliées en Europe commandé par le général Eisenhower.

Octobre 1944

Chacun s'interroge sur le retour des libertés : toujours pas de liberté de la presse, de liberté d'expression. Les élections pour un nouveau parlement sont repoussés à 18 mois. On nomme « un assemblage de résistants sous le titre d'Assemblée consultative » ( Maurice Garçon) et on crée des tribunaux d'exception. Peut-on attendre autre chose du général de Gaulle ? Certains disent, non ; d'autant plus, s'il se laissait déborder par les communistes.

Des V1 ou des V2 sont tombés sur Paris. Ils seraient envoyés d'Allemagne !

La résistance aurait donc été très secrète; en effet, on voit sortir beaucoup de « visages inconnus qui revendiquent tout et qui parlent haut. » ( M. G.)

Jacques Boulenger est mort, ce 22 novembre 44, proche d'Aber Bonnard et de Doriot, il se cachait depuis deux mois. Aviateur pendant la première guerre, il était d'une autre époque, celle du dandysme et des duels.

Lancelot retient de lui ''l'esprit chartiste'', sa connaissance de l’œuvre de Rabelais, et son érudition. Il l'avait rencontré à l'occasion de son adaptation des Romans de la Table ronde, qui reste une référence. ( perceval.over-blog.net/2020/11/jacques-boulenger-les-chevaliers-de-la-table-ronde.html )

Après "L'Étoile mystérieuse", la publication en France du '' Secret de la Licorne '' d'Hergé a commencé dans "Cœurs Vaillants".

Georges Remi dit Hergé (1907-1983) a débuté dans une revue scoute en 1924. Il commence, en 1929, les aventures de Tintin dans le quotidien belge ''Le Vingtième Siècle''.  C’est le journal ''Cœurs Vaillants'' - magazine hebdomadaire catholique social, pour jeunes, créé en 1936 par les Pères Gaston Courtois et Jean Pihan - qui fait découvrir Tintin dans la France de 1930. Toutes les aventures de Tintin, jusqu’au Temple du Soleil, paraîtront dans Cœurs Vaillants. En 1940, le journal ne paraît plus qu'en zone libre, sous le patronage de Pétain.

En Belgique, Hergé travaille au supplément jeunesse '' Le Soir '', quotidien qui paraît sous le contrôle allemand. Sur de petits fascicules paraissent les aventures de Tintin, puis quotidiennement sur une bande en bas de page du journal.

Le 31 mars 1943, la Gestapo, à Paris, ferme les locaux de l’Union des Œuvres ouvrières catholiques et arrête le père Pihan. Il est arrêté et emprisonné à Fresnes d’où il ressortira 3 mois après.

Le 3 septembre 1944, Bruxelles est libéré et tous les journaliste du quotidien ''Le Soir'' sont interdits de publication. Le 9 septembre, Hergé est arrêté par des agents de la Sûreté de l'Etat. Il ne sera ''blanchi'' qu’en mai 1946, avec l’obtention de son certificat de civisme. Ensuite, Raymond Leblanc, résistant, fondateur du journal Tintin en 1946, lui permettra de revenir à son métier.

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Août 1944 - Paris libéré - Louis de Broglie et la Mécanique ondulatoire.

Publié le par Régis Vétillard

La canicule de juillet 44, les rationnements surtout, ont épuisé la population. La colère contre des allemands qui s'accaparent le peu, est au plus haut. A l'approche du 14 juillet, la milice veille à empêcher toute manifestation ; cependant des tracts appellent à défiler. Ce jour là, les parisiens sortent, se regroupent ; on entonne "La Marseillaise".

Depuis le débarquement en Normandie, l'impatience est là. L'idée de la grève générale permettrait de lancer un mouvement de libération, avant même l'arrivée des alliés. Le samedi 19 août, on dit que l'insurrection serait partie de la Préfecture de Police. Des barricades ont été élevées; des massacres, par les SS, sont perpétrés en périphérie.

C'est l'arrivée de la 2e DB, du général Leclerc, porte d’Orléans, qui a permis la capitulation des forces allemandes, le 25 août. Cette journée est marquée par de violents combats ; les soldats français prennent le contrôle des grands axes. Des petits groupes, des tireurs isolés, allemands ou collabos sévissent.

Le lendemain, De Gaulle appelle les parisiens à participer au défilé de la Victoire. Il réussit à s'imposer, à côtés des FTP et de FFI. Une grande question demeure : à quel gouvernement, la Libération va t-elle permettre d'aboutir ?

 

Si Louis de Broglie, fonde la « mécanique ondulatoire du photon », ce sont de nombreux élèves qui travailleront sa théorie, notamment Gerard Petiau, Jean-Louis Destouches et Marie-Antoinette Tonnelat.

A propos de Marie-Antoinette Tonnelat (1912-1980) : alors qu'en 1941, elle venait de passer sa thèse de physique sous la direction de Francis Perrin et Louis de Broglie (auquel elle succédera). Elle entreprit de nombreuses démarches pour retrouver les traces de Vincent Doblin (1915-1940 - fils du romancier Alfred Doblin), un mathématicien ( thèse en 1938) - disparu - qui pendant la ''drôle de guerre'' continuait ses travaux, en particulier sur la solution de l'équation de Chapman-Kolmogorov ( domaine des probabilités). Après avoir fui l’Allemagne nazie en 1933 pour la France, la famille Döblin avait obtenu la nationalité française en 1936.

Vincent Doblin

Vincent fut mobilisé en septembre 1939 dans l’armée française comme télégraphiste au 291ème régiment d’infanterie dans les Ardennes. Après s'être battu pendant les six semaines de combat, son bataillon fut encerclé. Le 21 juin 1940, au matin, il s'est tiré une balle dans la tête dans une grange.

Le 19 avril 1944, grâce à un bracelet, le corps de Vincent Doblin , est retrouvé et identifié par son amie Marie-Antoinette Baudot ( dite Monette) Tonnelat. Il était amoureux d'elle, mais elle était déjà liée à Jacques Tonnelat. Quelques mois avant sa mort, V. Doblin avait envoyé un pli cacheté à l'Académie des sciences, sur l'équation de Kolmogorov.

Marie-Antoinette Tonnelat, dès 1943, travaille sur toutes les tentatives faites pour une synthèse du champ de la gravitation et du champ électromagnétique, et les expose au Collège de France. en 1944, elle publie au sujet du lien profond entre la théorie relativiste de la gravitation et celle de la particule de spin 2 de masse propre non nulle (graviton) et de ses interactions avec la matière.

Marie-Antoinette Tonnelat, est une jeune femme de grande culture, elle avait passé une licence de philosophie pour les lettres, et une licence de physique pour les sciences. Elle fait partie du groupe restreint du laboratoire de Louis de Broglie à l’Institut Henri Poincaré. Elle participait aux thés du lundi- organisés par Jean Perrin à l’Institut de Chimie-Physique – où se rencontraient expérimentateurs et théoriciens ; et parfois André Gide ou Paul Valéry se joignaient à eux.

Que demandons-nous à la Physique ?

Lors de discussions, Marie-Antoinette, exprime que la plupart des savants cherchent « les moyens qui permettent de changer ou d'aménager la réalité, plutôt que de la comprendre ou à fortiori de l'expliquer. ». - Veulent-ils ainsi fuir la réalité ?

C'est Einstein qui écrivait : « Je crois avec Schopenhauer que l’un des motifs les plus puissants qui conduisent les hommes aux arts et à la science est la fuite de la vie quotidienne avec sa douloureuse cruauté et sa sécheresse sans espoir »

M-A Tonnelat, ajoute : sans-doute que « celui qui a consacré la plus grande part de son temps à la recherche dans le domaine scientifique doit être naturellement amené dans son « dernier quart d’heure » à s’interroger sur la valeur matérielle et spirituelle de la Science »

Elle pense que la science devrait mener « à la tolérance, à une foi sans dogmes et sans illusions vite confondue avec l’espérance et le sentiment d’une unité dont la physique et surtout la musique parvient à nous donner quelque idée »

 

Revenons à la Mécanique ondulatoire, avec Louis de Broglie.

Nous sommes ici dans le cas d'une observation d'électrons, pour lesquels la mécanique classique ne peut plus être appliquée.

Pour schématiser: de Broglie rapproche deux formules, celle de Planck sur la lumière, E = hv où E est l’énergie, h la constante de Planck et v le fréquence de l’onde lumineuse ; et celle de la célèbre relation d’Einstein E = m.c2 où m est la masse au repos d’un corps matériel et c la vitesse de la lumière. En conclusion, si le photon est onde lumineuse et particule ; pourquoi l’électron ne serait pas aussi une onde ?

Cette proposition est le point fort de son mémoire de thèse soumise en 1924. Expérimentalement, l'idée fut validée en 1927.

Mais dès 1925, l’Autrichien Erwin Schrödinger développe mathématiquement l’analogie entre le mouvement d’une particule et la propagation d’une onde ayant la fréquence indiquée par de Broglie, et en tire la fameuse équation qui porte son nom, et qui permet de calculer comment se propagent ces « ondes de matière ». Il va la tester avec un atome d'hydrogène, et conclure que les électrons occupent - tels des ondes - tout le volume l'atome.

C’est le point de départ de ce qu’Einstein nommera la « mécanique ondulatoire ».

Le point de départ de la mécanique quantique, est donné par Planck, qui montre que les échanges d'énergie ne peuvent se faire que par paquets, les quanta. La physique quantique est un édifice collectif. (1922-1928)

On reste un peu sceptique ; on a du mal à se représenter les électrons comme des ondes ; Max Born va comprendre qu'il s'agit plutôt d'une onde de probabilités... Avant qu'on ne le mesure , l'électron occupe tout l'espace de l'atome avec une certaine forme ; c'est comme si l'électron ne décidait pas où il est tant que l'on ne l'a pas mesuré ; on ne mesure pas une onde, mais un petit point qui indique où il se trouve en fonction de l'onde qui existait avant qu'on ne le mesure. On établit une cartographie de là où l'électron peut se trouver avant qu'on le mesure...

L'expérience de pensée du fameux ''chat de Schrödinger'' montre qu'un objet ( le chat ) peut être dans deux états à la fois : le chat peut être mort ou vivant . C'est lors de la mesure, que l'objet ''choisit'' aléatoirement.

Pour comprendre l'électron, Paul Dirac va résumer dans une équation (1926) à la fois la relativité et la physique quantique.

La mécanique quantique considère l'électron comme une onde, qui devient corpuscule quand on le mesure en le réduisant en un point particulier.

On va alors tenter d'aller vers des objets de plus en plus fondamentaux, et chercher ce qu'il y a à l'intérieur du noyau, le proton, le positron, le neutrino, le muon... On va aller vers une physique des particules et des hautes énergies, et petit à petit vers la bombe atomique...

Nous pouvons, avec la physique quantique, mieux comprendre les propriétés de la matière, et par exemple le magnétisme et ce qui se passe dans le métal, ou encore la solidité alors que l'essentiel de l'atome est du vide ; ma main ne passe pas au travers de la table... Ce sont les règles de la physique quantique élaborées par Pauli, Heisenberg, Fermi qui vont nous l'expliquer, comme le principe d'exclusion de Pauli : quand l'électron est dans sa forme ondulatoire, il refuse d'être au même endroit qu'un autre électron qui aurait la même forme, deux électrons à la même forme s'excluent. Vraiment, l'électron n'est pas juste une petite bille.

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La Relativité d'Einstein.

Publié le par Régis Vétillard

Le 17 août 1944, au micro de Radio-Paris, un speaker allemand annonce la victoire finale de l'Allemagne grâce à une arme secrète. L'après-midi, Radio-Paris cesse ses émissions.

L'Echo d'Alger - 4 Oct 1944

Chacun craint qu'une nouvelle arme redoutable ne sonne la fin du conflit.

 

Lancelot retrouve un ancien numéro de '' Science et Vie '' qui date de juin-juillet 1922. A l'intérieur un long article intitulé '' Les théories d'Einstein et leurs vérifications expérimentales ''. Cette revue était publiée à l'occasion de la visite d'Einstein au Collège de France du 28 mars au 10 avril 1922.

Surprise ! L'article est signé Léon Brillouin, que Lancelot avait rencontré à Vichy, quand il s'occupait de radio... ( c'est ici : 1940 – Vichy. 4 - Les légendes du Graal (over-blog.net)

Léon Brillouin est physicien et professeur au Collège de France, sa thèse et son intérêt se porte sur la mécanique quantique. A l'occasion de la visite d'Einstein, les salons de la capitales causent ''Relativité'' et chacun a bien du mal à comprendre ce dont il s'agit.

Dans son rôle de vulgarisateur, Brillouin précise la question du référentiel. Il est impossible de définir une position ou un mouvement par rapport à un espace vide. Un référentiel est un objet A qui sert de référence. Un même objet B peut être à la fois immobile par rapport à un référentiel et en mouvement par rapport à un autre. Le référentiel est dit dit galiléen, si l'objet B est soit immobile, soit en mouvement de translation rectiligne uniforme par rapport à ce référentiel.

La question du Temps :

La trajectoire d'un objet en mouvement est donc différente selon le référentiel. ( ex : trajectoire d'une balle dans un train...). Einstein étend ce résultat aux phénomènes lumineux – avec le postulat de l'invariance de la vitesse de la lumière -

Newton (1687) définit un temps absolu qui est le même en tout point de l'Univers et indifférent au mouvement. En ''Relativité '' (1905) , le temps n'est plus absolu, il est relatif. Chaque objet a son temps propre, et deux objets après avoir synchronisé leur horloge, et après un mouvement peuvent présenter un décalage... !

Einstein remplace l'hypothèse du temps absolu, par l'invariance de la vitesse de la lumière.

Le temps est relatif en ce sens qu'il est mesuré différemment par des observateurs en mouvement les uns par rapport aux autres, ou se situant dans des régions de l'univers où la concentration de masses est différente. Et, ce n'est pas seulement la notion de temps qui est revue de manière fondamentale par les théories relativistes, mais aussi la notion d'espace.

Le taux d'écoulement du temps dépend de la vitesse et de l’accélération à un instant T. Cela signifie que le taux auquel le temps s’écoule diminue à mesure que la vitesse augmente.

Ces différences de temps sont évidemment imperceptibles et négligeables dans la vie quotidienne mais prennent une grande importance lorsque la vitesse de l'observateur s'approche de celle de la lumière. Pour donner un ordre d'idée, en voyageant à 50% de la vitesse de la lumière, le temps se dilate d'un facteur 1,15. Il faut atteindre 86% de la vitesse de la lumière pour dilater le temps par 2, et 99,9% pour le dilater par 20. À l'extrême, à la vitesse de la lumière, le temps est infini.

L'espace et le temps absolus et uniformes de Newton n'ont plus de sens. Il faut parler d'un espace-temps dont la perception dépend de la vitesse.

La gravitation et la Relativité générale (1915) : en quelques mots...

Quand toute sorte d'objets '' chutent '' dans le vide, ensemble, ils semblent être en apesanteur : et leur accélération semble annuler la cause : la gravitation : ( c'est ce qui se passe avec les astronautes en ''apesanteur '' autour de la terre ; ils tombent bien, mais autour de la terre et non sur la terre).

On peut parler de principe d'équivalence, entre l'accélération et la gravitation.

Si la vitesse ralentit le temps, alors l'accélération et donc la gravité ralentissent aussi le temps. Einstein montre ainsi que le champ de gravité, que la matière engendre, retarde le cours du temps de celui qui s'y trouve par rapport à celui qui ne s'y trouve pas. Le temps s'écoule donc relativement plus lentement en bas de la tour Eiffel qu'au sommet (parce qu'en haut la gravité est plus faible, puisqu'on est plus loin de la Terre). Au sommet, la montre avance d'une microseconde par an.

Avec Einstein, nous en concluons qu'il n'est pas nécessaire de penser la gravité comme une force agissant à distance (comme Newton le présumait).

Utilisons l'analogie suivante : une masse courbe l'espace-temps comme une boule de plomb qui serait posée sur un filet de trampoline. Dans ce cas, si on lance une bille de façon rectiligne, elle va être "attirée" par la boule de plomb et va tourner autour d'elle. La gravité n'est qu'une conséquence de la courbure le l'espace-temps. De la même façon, si la Terre attire la Lune, c'est parce qu'elle déforme l'espace dans lequel elle est plongée. En fait la trajectoire de la Lune n'est pas une ellipse mais une ligne droite dans un espace courbé par la présence de la Terre.

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Août 1944 : Valéry - La résistance à Fléchigné.

Publié le par Régis Vétillard

Paul Valéry et Jeanne L. (Jean Voilier)

Le 1er août 1944, Anne-Laure de Sallembier et son fils, sont invités dans les jardins de la demeure de Jeanne L., 11 rue de l'Assomption, pour entendre la lecture d'une pièce que Jeanne appelle '' le troisième Faust'' , et que l'auteur, Paul Valéry, nomme ''Lust'' ( idéal en allemand, idéal féminin) et qui est tout à la gloire de sa maîtresse. Les invités échangent dans le jardin; beaucoup de gens ''bien'', comme Duhamel dont on dit qu'il « tient en respect les forces maléfiques » - Anne-Laure apprécie beaucoup sa femme, Blanche Albane célèbre actrice dans les années 1920 - Mauriac est absent. Duhamel est de formation scientifique, et Lancelot profite également de la présence de Louis de Broglie pour l'interroger sur la genèse de la mécanique ondulatoire.

Lancelot a retenu, en particulier, que Louis de Broglie a profité de l'analogie entre le principe de moindre action en mécanique et le principe de Fermat en optique pour formuler la mécanique ondulatoire. Ce serait intéressant d'en reparler, car cela met en valeur, - pense Lancelot - à la place d'un langage mathématique sous forme d'équations différentielles, un système de formulations ''élégantes'' exploitables en science et en philosophie. Paul Valéry ne pourrait qu'apprécier...

11 rue de l'Assomption Paris

 

Si chacun, ici, reconnaît Jeanne L. dans Lust, et peut-être Valéry dans Faust ; que penser de Robert Denoël, présent également et nouvel amant de cette femme ambitieuse ? Lust pourrait bien finalement, tomber dans les bras du ''disciple''.

 

Faust - transporté à l'époque moderne - est l'intellectuel qui se voudrait le maître de sa secrétaire, et qui se venge ; elle qui - si elle ''n'est pas là pour comprendre'' - interroge le sens du message, le commente, ironise... Lust répond avec son rire, son corps. C'est parole contre parole.

Faust - mythe

Deux personnages interviennent, Méphisto ( ridicule, avec un esprit médiocre, ordinaire) et le disciple auquel Faust se confie : « revivre, ce n'est plus vivre ».

Mais, Faust découvre un moment de plénitude : « Je respire ; et rien de plus, car il n’y a rien de plus. Je respire et je vois (...). Mais ce qu’il y a peut-être de plus présent dans la présence, c’est ceci : je touche (...) » Et, Lust devient '' l'autre '' : « Viens faire un tour dans le jardin », murmure Faust » ( le jardin, la femme, le fruit, l'arbre, le serpent...).

Lust tient tête à Méphisto et se dérobe (?) à l’amour banal du Disciple.

Cette pièce inachevée, se termine ici par un Faust qui meurt d'amour. « II dépend de ton coeur que je vive ou je meure / Tu le sais à présent, si tu doutas jamais / Que je puisse mourir par celle que j'aimais. »

 

Après qu'une jeune femme, accusée de '' collaboration horizontale '' avec l'ennemi, ait été molestée; Geneviève a été dénoncée et inquiétée pour avoir eu une relation avec un officier allemand.

Au mois d'août 1944, Lancelot et Geneviève enceinte, ont rejoint Fléchigné. Avec l'accord d'Anne-Laure, ils ont pris la décision d'organiser très rapidement leur mariage. Il eut lieu dans l'intimité.

Ils assistent de loin à la libération de la Normandie …

Il a fallu attendre, après le 6 juin, que l'armée américaine du général Patton perce les lignes allemandes à Avranches. Le 3 août 1944, elle libère Rennes. Ensuite partagée en trois, un corps d'armée reçoit l'ordre d'établir des têtes de ponts à Mayenne, Laval pour prendre les Allemands à revers.

Le 5 août, les américains sont à Mayenne, qu'ils libèrent.

De plus près, la comtesse de Sallembier, son fils et leurs employés soutiennent l'intendance du maquis Fleury.

Tout se précipite alors, les soldats allemands sont harcelés. Trois d'entre eux sont tués route d’Izé à Bais en début d’après-midi ; en représailles, les Allemands encerclèrent dans la nuit le village de l’Aubrière situé à 500 mètres de Bais. Le 5 août, dans une ferme appartenant à un cousin de notre famille, Albert Vétillard, lui et quatre autres personnes sont désignés comme otages. Alignés, battus et fouillés, ils sont froidement abattus.

Le 6 août, à proximité de Fléchigné, des résistants du groupe Fleury tendent une embuscade sur la route au lieu-dit la Nivelaie, en tirant un fil de fer en travers de la route. Une moto ennemie arrive et heurte le fil de fer. Le conducteur chute, se relève et essuie les tirs des maquisards. Après avoir fait demi-tour, il revient accompagné d'une automitrailleuse, qui oblige les résistants à décrocher, après un cours mais violent engagement au cours duquel Edouard Lemée est tué.

Le 12 août au matin, Alençon est libérée par la 2e Division Blindée française du Général Philippe Leclerc de Hauteclocque.

 

De retour d'une promenade aux Tuileries, le 11 août 1944, Drieu la Rochelle a tenté de se suicider. Il travaillait - avait-il dit - sur une pièce concernant Judas. Il s'interrogeait sur le rôle que le traître devait maintenir pour que les choses s'accomplissent. Judas nécessaire, mais Judas méprisé. Pour Drieu, une des valeurs supérieure qui légitimerait sa trahison, serait la dimension européenne du patriotisme nouveau. Drieu est un précurseur, et son suicide semble pour les jeunes générations, une réponse à cette phrase qui ouvre l'essai de Camus '' Le Mythe de Sisiphe '' : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide ? »

Découvert par sa femme de ménage, c'est Colette Jéramec ( sa première femme) qui l'a conduit à l'hôpital américain.

Drieu la Rochelle

Quelques semaines auparavant, Lancelot, avait noté quelques idées de sa conversation. Il se disait vexé « de l'incapacité du fascisme, de l'incapacité allemande, de l'incapacité européenne. » Il parlait souvent de la mort, il avait commencé à vivre ''l'heure de la mort''. Elle lui devenait « merveilleusement, délicieusement familière. »

De sa difficulté de croire en Dieu, il disait : « Impossible d'imaginer l'infini créant le fini... Pourquoi le parfait rêverait-il de l'imparfait ? Pourtant, c'est l'explication la moins impossible. Mais l'Infini n'a pas besoin du fini pour se concevoir ; il n'a pas à se concevoir. »

L'idée de la survie de l'âme individuelle lui paraissait, enfin, lui paraît ( il n'est pas mort...), vulgaire. Se confronter à la mort, volontairement ou non, ne consiste pas à s'interroger sur la question de perdre ou sauver son âme : « Ce que je sens de spirituel en moi, d'immortel, d'inépuisable, c'est justement ce qui n'est point particulier. J'ai toujours eu le sentiment, dans mes moments de plénitude, de lucidité, que ce qui compte pour moi, en moi, c'est ce qui n'est pas moi, c'est ce qui en moi participe à quelque chose d'autre que moi. »

 

Si la rivalité entre Giraud et De Gaulle tourne à l'avantage de De Gaulle ; beaucoup s'inquiètent de la volonté des communistes de s'imposer dans la résistance pour prendre le pouvoir. Les communistes ne souhaitent pas seulement la libération du territoire ; mais aussi le pouvoir de conduire le peuple vers une idéologie, elle-même totalisante ; ainsi ce tract, dans lequel le PC se dit être « le parti qui, guidé par le marxisme-léninisme et par l'enseignement de Staline, a su dégager ce que représente la nation comme facteur de libération humaine. »

La nouvelle du succès du débarquement de Provence, le 15 août, a déclenché l'insurrection à Paris.

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1945 - 2023

Publié le par Régis Vétillard

1945 - 2023
France-Soir du 31 décembre 1944

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''Ce Soir'' - Retour sur les évènements de 1944

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