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tourisme

Voyage en Ecosse -6- Abbotsford – W. Scott

Publié le par Perceval

Située juste à l'ouest de la ville de Melrose, Abbotsford, à 35 miles d'Edinburgh, la demeure de Walter Scott, continue d'être occupée par les descendants de l'écrivain...

Walter Scott

Anne-Laure a le privilège de rencontrer Mary Monica Maxwell-Scott ( 1852 – 1920) l'arrière petite fille, écrivaine elle-même. À la mort de son père en 1873, elle a hérité d'Abbotsford House. À Londres en 1874, elle épouse l'honorable Joseph Constable-Maxwell, troisième fils de William, Lord Herries , après quoi le couple adopte le nom de famille Maxwell-Scott. Comme son arrière-grand-père, elle est devenue écrivain de livres historiques. Elle a également écrit un certain nombre de livres sur son célèbre ancêtre, y compris un guide faisant autorité sur la collection de ''reliques'' et possessions personnelles de Sir Walter Scott...

En 1855, la petite fille de Walter Scott, Charlotte, et son mari James Hope Scott, ajoutent à la maison, une chapelle. Ceux-ci étaient Catholiques, alors que Sir Walter Scott était Presbytérien. Le Cardinal Newman, ami proche de la famille y a célébré la Messe en de maintes occasions.

Sur le manteau de la cheminée on peut lire la devise de la famille Hope : « At spes non fracta » (Mais mon espoir n’est pas brisé). L'intérieur de la maison est une légende. Les murs en bois finement sculptés du hall d'entrée sont ornés d'une armure, de glaives, d'un blason peint, de cornes d'animaux divers et de tout l'attirail que l'on pourrait attendre d'un collectionneur tel que Sir Walter Scott. Certains panneaux de chêne sur les murs ont été récupérés dans l'abbaye de Dunfermline et d'autres sites historiques. Scott avait l'œil pour le décor et donner au hall une apparence ancienne.

Le bureau de Scott, une pièce remplie de livres, était un lieu très privé ; ici il écrivit ses derniers romans, il pouvait y accéder par une porte cachée directement à partir de sa chambre. La bibliothèque adjacente est une immense salle qui récapitule tous les centres d'intérêt de Scoot ; des livres qu'il gardait de son enfance à tous les manuels de référence qu'il avait utilisés à des présents d'auteurs célèbres du monde entier tels que les Frères Grimm ou Washington Irving...

Anne-Laure est surprise de découvrir des manuscrits sur la sorcellerie et la démonologie, et elle apprend que Scott possédait des manuscrits rosicruciens regorgeant de connaissances alchimiques ...

Rob Roy`s Sporran and Skene Dhu

Elle traverse le salon chinois avec son papier peint turquoise et floral pour découvrir un véritable arsenal : d'innombrables dagues, épées, pistolets, fusils et autres armes sont suspendus aux murs pour un spectacle glorieux. Parmi les trésors, il y a le pistolet, l'épée, le Skene Dhu (couteau écossais) et le sporran de Rob Roy ( le ''Robin des Bois écossais ''), l'épée du marquis de Montrose, donnée par Charles , et exécuté à Edinburgh en 1650.

 

Avec ces lieux que lui désignait son grand-père, par ses notes ; Anne-Laure conduite par ses amis a admiré les paysages d'Ecosse...

Il lui est arrivé de loger dans des châteaux comme celui de Shandon house à Helensburgh, sur les rives de la Clyde. La demeure impressionne en ce qu’elle ressemble un peu à un musée avec ses pièces remplies de faïences et d’objets précieux (dont un flacon ayant appartenu à Marie Stuart et une clef forgée par le roi Louis XVI en personne), ses salles de curiosités, ses galeries de tableaux de Murillo, Tégniers, Van Dyck, etc., sa superbe serre remplie des plantes rares. Comment ne pas apprécier le parc avec ses fleurs et son gazon descendant jusqu’au bord de l’eau ?

A Inverness, elle voit la cathédrale et le château, elle assiste aux jeux nationaux (concours de « pipers », danses et jeux divers.). Une soirée au bal, lui permet d'admirer les jolies toilettes des dames et les costumes écossais des Messieurs parmi lesquels, quelques chefs de clans comme Macpherson, Mac-Intosh. Elle et J.B. s'essaient à danser le « reel », une des danses traditionnelles...

Après Aberdeen, et une promenade en mer, ils partent en voiture, en direction de la petite station très fréquentée de Pitlochry, un agréable lieu de villégiature. Ils l’atteignent à travers les monts Grampians et découvrent des châteaux et des sites comme Queen’s view... Etc...

Loch_Tummel, Queen's_View, Scotland

 

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Voyage en Angleterre -2- Hyde park, Bloomsbury group

Publié le par Perceval

Anne-Laure et J.B. sont aussitôt invités au 46 Gordon Square, Bloomsbury, la maison que se sont partagés les enfants Stephen: Vanessa, Virginia et James Stephen... Leur contact est Clive Bell, qui avait séjourné à Paris et se déclarait amoureux de l'art et la littérature française... Clive est marié avec Vanessa depuis 1908.

Avant toute chose, et pour s'imprégner de l'esprit britannique, Anne-laure et J.B. sont conduits à Hyde Park... Ils atteignent '' Marble Arch '' qu'un nouveau schéma routier vient de séparer de Hyde Park ( en 1908). En 1851, la reine Victoria, qui trouvait l'arche hideuse, la fit déplacer à son emplacement actuel, qui fut - du XIIe à la fin du XVIIIe siècle - le lieu de nombreuses pendaisons.

Nous sommes un samedi ensoleillé, les pelouses de d'Hyde park sont tachées de mode. Des couples disposés en quinconce sont couchés dans l'herbe. L'homme a disposé son pardessus sur le sol ou à ses côtés, et, la bouche unie dans un perpétuel baiser, ils restent immobiles, savourant l'instant... Les français n'en croient pas leurs yeux, de ce spectacle immoral...

  • Voilà bien des gens ''nature'' !

  • N'imaginez rien... Ils flirtent, sans plus...

  • Mais, l'intimité du ''home'', ne serait-elle pas plus conforme.... ?

  • L'intimité du ''home'' serait bien plus dangereuse... Ici, ils sont sous les yeux de tous, et ne peuvent se laisser aller aux écarts....

Ils arrivent près de la Serpentine, où des jeunes gens voguaient sur de légers canots, les jeunes filles - chapeaux en arrière - tiennent les drisses du gouvernail... Ils continuent vers un rassemblement : un homme, sur une table, pérore sur la venue du Christ... Plus loin, un homme à cheveux et barbe longs affirme que le locataire de Buckingham est parfaitement inutile... Puis ils croisent un ''unioniste'', et un ''libéral''... Ici, nous comprenons la relativité de toute chose... !

29 Fitzroy Square

Revenons à nos amis Stephen...

En mars 1907, Virginia et Adrian Stephen ont emménagé, non loin, au 29 Fitzroy Square... Aussi leurs amis, les rejoignaient dans l'une ou l'autre maison... Virginia Woolf avait tout le deuxième étage du numéro 29 pour elle et c'est pendant son séjour ici qu'elle a fait plusieurs essais sur le manuscrit de The Voyage Out . En fin d'année 1911, Virginia et Adrian vont quitter Fitzroy Square. Ils vont déménager dans une maison plus grande, 38 Brunswick Square, avec l'intention d'en faire une ''maison commune'', à partager avec des amis. En 1912, elle épouse Leonard Woolf. Le 26 mars 1915, The Voyage Out sera publié sous son nouveau nom Virginia Woolf.

C'est d'ici, dans ce quartier de Londres ''Bloomsbury '', que le groupe formé d'anciens étudiants du King's College de Cambridge, s'est fait connaître... Lytton Strachey devint un ami intime des sœurs Stephen de même que Duncan Grant... Puis Roger Fry et E. M. Forster se joignirent à eux...

Some Bloomsbury members Lady Ottoline Morrell , Maria Nys (plus tard Huxley ), Lytton Strachey , Duncan Grant , Vanessa Bell, 1915

Les anciens de Cambridge, mis à part Clive Bell et les frères Stephen, étaient membres d'une société secrète réunissant des étudiants, connue sous le nom de ''Cambridge Apostles''.

C'est par l'intermédiaire des « Apôtres », que les membres de Bloomsbury rencontrèrent les philosophes analytiques G. E. Moore et Bertrand Russell, qui devaient révolutionner la philosophie britannique au tournant du siècle. Les Principia Ethica (1903) de Moore fournirent au Groupe une philosophie morale. La distinction entre la fin et les moyens est un lieu commun de l'éthique, mais ce qui faisait tout l'intérêt des Principia Ethica ( une éthique intuitionniste) pour Bloomsbury, c'était la notion de valeur intrinsèque, qui dépendait d'une intuition personnelle du bien et de l'esthétique. Pour eux, le « sens du beau est une voie privilégiée pour la morale ».

Les membres du Moral Science Club, Cambridge, v. 1913. Au premier rang, troisième à gauche, James Ward ; à sa droite, Bertrand Russell , troisième à droite, GE Moore

Quand ils sont arrivés au n°46 Gordon Square, le groupe d'amis souhaitait vivre ''différemment''. Cela signifiait : privilégier les choses les plus importantes de la vie: lire, écrire et débattre. Mais ils souhaitaient que cela concerne aussi la vie quotidienne. Ils ont donc choisi de boire du café après le dîner au lieu du thé, et encore beaucoup de choses semblables...

Leonard et Virginia Woolf - 1912

Au tout début, Les habitués comprenaient le peintre Clive Bell, l'écrivain Lytton Strachey, le merveilleusement nommé Saxon Sydney-Turner, et le futur fonctionnaire indien et militant pour la paix, Leonard Woolf . Il y avait d'autres visiteurs occasionnels, y compris le poète WB Yeats et le romancier EM Forster, que Virginia vénérait et qu'elle regardait traverser Gordon Square pendant qu'elle se cachait derrière les haies des jardins.

Ce qui s'est passé, ce sont des discussions, et des discussions entre hommes et femmes sur un pied d'égalité et sur des choses importantes. Ils se recevaient en tenue décontractée, débattaient toute la nuit, buvaient du café et du whisky, mangeaient des petits pains...

Tous ont été membres de la confrérie des Apôtres, sorte de franc-maçonnerie de l’intelligence, dont l’existence est censée rester secrète. Chez les Apôtres on prône la liberté de parole, le non-conformisme, la critique du pouvoir établi, l’égalité entre les hommes et les femmes; on s'oppose au capitalisme et à l’impérialisme, et évidemment à la guerre.  C'est ainsi que ''le Bloomsbury group'' était né, et les sœurs Vanessa et Virginia en sont les reines.

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Voyage en Angleterre -1- le Ferry, le Langham-Hôtel

Publié le par Perceval

Depuis qu'Anne-Laure de Sallembier rencontrait des anglais, et si elle avait l'occasion de les entretenir sur la légende arthurienne, beaucoup d'entre eux dont Winston Churchill, prétendent qu'il existe toujours des ''round table groups'' à Oxford ou à Cambridge en particulier... Bien-sûr cela excitait l'intérêt d'Anne-Laure...

 

Anne-Laure ne se doutait pas qu'elle irait sur place, de surprise en surprise... Et, il semble que la première remarque qu'il lui vient à la suite de ce séjour anglais, c'est qu'elle n'a jamais autant ri... ! Les anglais sont très soucieux de règles de bienséance, qu'il convient en public de ne pas transgresser, même les originaux - qui semblent plus nombreux qu'ailleurs - restent dans le cadre... Pourtant, quand un groupe crée son intimité et s'y sent en sécurité, et uniquement là, toutes les conventions peuvent sauter... Il faut dire qu'Anne-Laure ne va pas visiter n'importe quels groupes : il s'agit de la société des ''Apôtres'', du Bloomsbury group et de la Fabian Society, et finalement aussi quelques décevants ''round table groups'' ..  Et, c'est plutôt étonnant... !

Le voyage commence à la gare Saint-Lazare ...

Dieppe, doyenne des stations balnéaires, a toujours attiré les parisiens, au point - certains le diront - que la terrasse du Casino semble un prolongement du boulevard des Italiens...

On parle encore de ce week-end suivi du pont de l'assomption, où des centaines de mille de parisiens ( un demi-million ) se sont pressés pour quitter une ville assiégée par la canicule, et se sont dirigés vers la gare St-Lazare, aspirant aux bains de mer... ... A Dieppe, les plages étaient bondées, et les hôtels ne purent accueillir tout le monde... Par centaines, les touristes durent se coucher sur les galets...

Pour les voyageurs en partance vers le Royaume-Uni ; à Dieppe, on quitte le train, pour s'embarquer sur un ferry...

En 1913, le billet simple Paris Londres, départ St Lazare, valait 48.25 F en première classe ( un ouvrier qualifié gagnait en 1913 entre 3.50 et 4 F par jour, soit au mieux 100 F par mois). La liaison par Dieppe Newhaven était réputée "la plus pittoresque et la plus économique".

Le bateau se nomme ''Le Newhaven'' il n'assure son service que depuis le 2 juin 1911. 92 m de long, 10,55 m de large, avec un tirant d'eau de 2,91, le Newhaven se distingue par ses aménagements luxueux et sa rapidité : il effectue la traversée en 2h45, soit une moyenne de 24 noeuds, et peut embarquer jusqu'à 1000 passagers et 4 automobiles.

Arrivés à Londres ; Anne-Laure de Sallembier et J.B. se rendent au Langham-Hôtel où ils sont attendus. Le quartier, où résident les différentes personnes à contacter, est à proximité...

L'hôtel est un bâtiment grandiose ; avec ses 600 chambres sur 10 étages, il a bénéficié lors de son ouverture des premiers ascenseurs hydrauliques de la ville.

Ici, Oscar Wilde (1854-1900) a écrit ''The Picture of Dorian Gray'', c'était en 1890... La romancière romantique Maria Louisa Ramee ( Ouida) y a vécu plusieurs années, recevant ses visiteurs allongée dans son lit, entourée de ses manuscrits, tout en écrivant.. avec des masses de fleurs violettes; ses factures de fleuriste montaient fréquemment à 200 £ par semaine.

L'explorateur, journaliste et député gallois Sir Henry Morton Stanley (1841-1904) séjourna fréquemment au Langham. En 1869, James Gordon Bennet du New York Herald l'envoya chercher en Afrique l'explorateur et missionnaire écossais David Livingstone (1813-1873). Stanley est resté au Langham pendant qu'il préparait son voyage. Le 3 novembre 1871, il trouva Livingstone près du lac Tanganyika, où il prononça son salut historique et décontracté: «Dr. Livingstone, I presume ? »

… Lorsque le journaliste américain Stanley a publié son livre ''How I Found Livingstone'' en 1872, il était déjà célébré comme un héros. Après la mort de Livingstone en Afrique en 1873, Stanley est revenu à Londres, où il a étudié les dossiers concernant la mort de Livingstone. Le journaliste resta bien sûr au Langham, comme il le fit en avril 1874, lorsque le cadavre de Livingstone arriva à Londres pour être enterré à l'abbaye de Westminster. C'est la nuit de l'enterrement que Stanley a décidé dans sa chambre du Langham de faire un grand voyage d'exploration vers les grands lacs et la source du Nil, puis en descendant le fleuve Congo jusqu'à la mer. Mark Twain, également a séjourné dans cet hôtel... Les voyageurs américains y sont toujours nombreux... L'hôtel produit un guide de Londres relié et de poche ( jusqu'en 1914) ...

L'empereur Napoléon III a passé une grande partie de son exil forcé de France au Langham, où il a occupé une suite au premier étage.

Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930), le créateur de Sherlock Holmes, était un visiteur régulier de l'hôtel ; il en parle dans plusieurs de ses histoires... Enfin, mais je pourrais parler de bien d'autres... Antonin Dvorak à partir de 1884 vient régulièrement, il y aurait écrit sa Symphonie n ° 8 en sol mineur spécialement pour le public anglais.

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Edith Wharton en Italie

Publié le par Perceval

Edith Wharton connaît bien l'Italie; elle y est venue dès l'enfance, puis avec son mari, ou des amis... L'Italie, c'est la liberté de la France,  avec en plus, le spectacle, c'est à dire la ''scène'' ( le sens du mot anglais...) où se joue les romances d'une saison, avec pou décor les panoramas du nord de l'Italie...

Edith Wharton en voiture...

Edith Wharton aime particulièrement les voyages en automobile...

En 1908, je pense, Edith Wharton convainc Anne-Laure de l'accompagner dans une excursion vers les lacs italiens ; ils partent à deux voitures et deux chauffeurs, donc pour les deux couples. Anne-Laure est accompagnée de J.B. (Jean-Baptiste de Vassy), et Edith Wharton de M.F.... A noter que ces deux hommes ne sont désignés que par leurs initiales ...!

Les domestiques prennent le train et tout le monde devrait se retrouver au bord du lac de Côme....

L'une au moins des deux automobiles est une Panhard et Levassor 15hp, avec une carrosserie torpédo du carrossier de Levallois-Perret Vanvooren.

 

 

Le voyage en automobile est en vogue...

Dans les années 1900, l'automobile s'enhardit ; elle franchit les frontières vers l'Allemagne, l'Italie, la Suisse et l'Angleterre. On peut recenser et suivre les nouveaux exploits comme: des tours dans l'Empire de Russie jusqu'au Caucase et en Géorgie, des randonnées aux Indes, de nombreux tours automobiles aux États-Unis et au Canada.

En 1905-1906, quatre automobilistes, partant de Paris, ont parcouru quatre mille lieues à travers l'Europe et l'Asie pour atteindre Pékin ( Compte rendu dans la Revue du Touring Club de Fr. en 1907, ).

L'automobile est encore loin d'être la rivale du chemin de fer... On ne compte en France que 31.286 voitures en 1907 et il est difficile de trouver des chauffeurs pour franchir les frontières. Un membre du T.C.F. se rendant de Paris à Prague, soit un trajet de 1.200 km (en 39 heures de routes) estime en 1908 avoir dépensé 130 litres d'essence, et les 5 litres d'essence coûtent 2,5 F en 1905...

Souvenir du Plinius Grand-hôtel au bord du lac de Côme

Le tourisme à l'étranger n'est plus une aventure incertaine et périlleuse. Les trains et les paquebots sont confortables et sûrs, les hôtels acceptables et nombreux, en règle générale le touriste est bien accueilli, l'hospitalité courtoise et même chaleureuse ; on improvise des interprètes, et au client aisé on offre toutes les facilités douanières et financières... En 1907, on peut aborder un circuit à travers la Suisse et jusqu'aux lacs italiens, d'une semaine, pour 300 francs environ...

Le voyageur peut également utiliser toute une série de guides particuliers comme le Touriste français en Angleterre de Benassy et Arnaudet (1909), le Guide du voyageur en pays de langue allemande de Moussard et Schuchmacher (1909), le Tour de l'Espagne en automobile de Marge (1909), le Tourisme français en Espagne de J. Laborde (1909), le Guide routier des États-Unis d'Amérique (1909) ou bien encore le Guide pratique du cyclo-touriste en Algérie (1902).

Lac de Côme, Côme en 1900

A l'approche de Côme, les voyageurs sont émerveillés par '' la vue du lac sur un fond montagneux tapissé de verdure et hérissé de sapins entre lesquelles se détachent des tourelles de châteaux, des toits de superbes villas...''

Anne-Laure décrit la promenade du soir, vers les quais du port... La population composée d'ouvriers de l'industrie du velours et de la soierie, a emplit la place qui donne sur le port, où sont amarrés les bateaux qui font le service entre Côme, Menaggio, Bellagio et Lugano. On y organise des promenades en barque... La place est le point terminus des tramways jaunes, des Thomson-Houston, comme à Nice...

Como

Le soir, après le dîner, Anne-Laure monte dans sa chambre dont une fenêtre à balcon donne sur le lac. Elle voit s'allumer peu à peu, dans ces creux des montagnes, de scintillantes lumières. «  Les bateaux qui arrivent font retentir au loin le bruit de leur grave sirène dont l'écho se répercute piano, pianissimo... Sur le quai, des gens se promènent, allant de la place Cavour au jardin public et vice-versa. Le ciel se constelle d'étoiles diamantées. des barques voguent au milieu du lac et le bruit de l'eau déplacée par les mouvements des rames arrive jusqu'à mes oreilles. Spectacle magique ! »

Le lendemain, les deux couples décident de rejoindre leur destination, Cadenabbia, par le bateau...

« A 8 heures 50 nous quittons le port de Côme et filons vers Cadenabbia. Le bateau se dirige vers le nord en offrant en arrière une jolie vue sur la place Cavour et sur toute la ville; à ma droite, je laisse Brunate qui domine les derniers faubourgs de Côme et à gauche Borgovico, où s'élèvent de ravissantes villas. Puis le lac est resserré par une pointe près de laquelle se voient le mont Palanzone, dans une position solitaire ... »

 

Sources : L'Italie et la Sicile : récits de voyage / Gabriel Lécolle

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Voyage en Allemagne – Ansbach et Eschenbach -

Publié le par Perceval

Il semble que ce soit, en 1906, à Bayreuth, précisément, qu'Anne-Laure rencontra Rudolf Steiner  (1861-1925), venu lui aussi pour le Parsifal... C'est lui, semble t-il, qui lui apprend que le village dont est originaire Wolfram von Eschenbach : Obereschenbach ( en 1917 son nom changera en ''Wolframs-Eschenbach'') est proche de Nürnberg ... Il lui annonce aussi le plus sérieusement du monde qu'il pense connaître le lieu où – pour Wolfram - se tenait Montsalvage; il suffirait de lire attentivement le Parzival d'Eschenbach … !

Comme Anne-Laure, je suis allé à 'Wolframs-Eschenbach' ; auparavant le trajet nous conduit à Ansbach : une ancienne résidence des Margraves de Brandenburg-Ansbach, une famille noble de Hohenzollern qui a essentiellement marqué la ville.

Charles-Alexandre (1736-1806) est le dernier margrave de Brandebourg-Ansbach (1757-1791), ainsi que le dernier margrave de Brandebourg-Bayreuth (1769-1791). Libertin, il vend son margraviat à la Prusse en 1791 contre une rente annuelle ; il se remarie avec la 'scandaleuse', voyageuse et féministe Elisabeth Craven (1750-1828)... A Ansbach, Elisabeth – écrivaine reconnue par ailleurs – forme une troupe de théâtre et accueille et soutient Maria Theresia Ahlefeldt, une compositrice …

Elizabeth Craven a été mariée à seize ans, a eu sept enfants, issue de la haute société, a parcouru une douzaine de pays et a souvent franchi les limites imposées alors au comportement féminin... Les familles Austen et Craven étaient très proches... Les spécialistes de Jane Austen, ont reconnu dans ses romans une influence de lady Craven …

Revenons à Ansbach, où on peut voir aujourd'hui l'imposant palais 'Residenz Ansbach', avec son orangerie et ses jardins... L'attention du visiteur est orientée vers  Kaspar Hauser qui le 14 décembre 1833, fut mortellement blessé dans ce jardin... Kaspar Hauser (1812 (?)-1833) était un jeune Allemand - à l'identité inconnue, apparu le 26 mai 1828, dans une rue de Nuremberg  - qui affirmait avoir grandi dans l'isolement total d'une sombre cellule.

Voyage en Allemagne – Ansbach et Eschenbach -
Voyage en Allemagne – Ansbach et Eschenbach -
Voyage en Allemagne – Ansbach et Eschenbach -
Voyage en Allemagne – Ansbach et Eschenbach -

A Ansbach, deux églises sont côte à côte... St. Johannis, et surtout St. Gumbertus à l’origine l’église d’un monastère fondé par Saint-Gumbert vers 750. La choeur fut transformée au XVIe siècle en une chapelle ''Schwanenritterkapelle'' (chapelle des Chevaliers du Cygne)... En effet, cette chapelle fut offerte par le margrave Albrecht Achilles à l'ordre des membres de l' ordre des cygnes . On y voit les épitaphes des chevaliers, avec leurs blasons, et certains sont représentés en armure...

 George, margrave de Brandebourg-Ansbach , a suivi la Réforme en 1528... La nef a été transformée en une salle de prédication dans une palette restreinte de gris et de crème, construite pour répondre à la concentration luthérienne sur la prédication, sans les ornements des autels latéraux...

 

L' Ordre des Chevaliers de Notre-Dame du cygne, ou Ordre du Cygne ( Schwanenritterorden), est le plus ancien ordre de chevaliers de la Prusse. Créé le 29 septembre 1440, par l'électeur Friedrich II de Brandebourg, il devait donner à la noblesse des objectifs politiques et sociaux communs sous la direction des Hohenzollern. 

Le siège de la branche franconienne était la chapelle George de la collégiale Saint-Gumbertus à Ansbach, qui n’est qu’à environ 20 kilomètres d’Eschenbach, du nom de son habitant le plus célèbre, Wolfram... La Réforme vit l'annulation de l'ordre... Le 24 décembre 1843, le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse tente de rétablir l'Ordre du cygne en tant qu'organisation multiconfessionnelle et humanitaire, et ouvert aux hommes et aux femmes...

 

Anne-laure de Sallembier continue son pèlerinage, cet ordre du cygne, résonne en harmonie avec ses propres recherches... Je disais, ici même, qu'un ami de son grand-père Charles-Louis : Edgar Quinet ( l'historien …) et sa femme Minna, lui avaient parlé de cette région dont elle était originaire … C.-L. de Chateauneuf, eut également la chance de rencontrer – en visite à Paris - Friedrich de la Motte Fouqué (1777-1843), qui se passionne pour l'épopée du Graal, et en écrit une épopée qu'il nomme '' Der Parcival''... En 1841, Friedrich se rend à Berlin à la demande du roi de Prusse; qui est très interessé par sa version de l' ''épopée du Graal''... Cependant, la Motte Fouqué ne publie pas l'ouvrage... Il meurt le 23 janvier 1843... Après la mort de Fouqué, le roi fidèle à une promesse réhabilite en 1843 l'ordre des chevaliers du Cygne , en la ville d'Ansbach, dont le plus célèbre chevalier est Lohengrin ... En 1845, Wagner commence la conception de son opéra Lohengrin, créé en 1850. Et, en 1877, Richard Wagner entreprend enfin de composer son "Parsifal". C'est sa dernière oeuvre, il meurt en 1883.

Hommage à Eschenbach, dans son village
Hommage à Eschenbach, dans son village
Hommage à Eschenbach, dans son village

Hommage à Eschenbach, dans son village

Tout naturellement, Anne-Laure de Sallembier, n'a qu'à parcourir une dizaine de kilomètres, pour commémorer Wolfram von Eschenbach. Ce chevalier-poète franconien est né autour de 1170 dans le village d’Eschenbach, près d'Ansbach donc, en Bavière et mort autour de 1220.

Wolfram Eschenbach Ritter ( Armoiries)

Il séjourne dans une seigneurie, à Wildenberg,  dans l’Odenwald, petit massif montagneux à l`est du Rhin. Au début du XIIIè siècle, sa présence est signalée à la Wartburg, la Cour du Landgrave Hermann 1er ( 1190-1217), landgrave de Thuringe et conte palatin de saxe. C’est là que vraisemblablement il  écrit une grande partie de son Parzival. Il est également l’auteur d’un Titurel et d’un autre roman intitulé Wilhelm dont le héros est Guillaume d’Orange.

Poète, chevalier et féru d'astrologie et d'alchimie, mais peu fortuné . Comme Minnesänger (équivalent germanique de trouvère), il est considéré comme le ''champion'' de poésie lyrique, lors de la bataille de la Wartbourg (  Wagner a mis en scène cet épisode dans son opéra Tannhäuser. ) ....

Eschenbach connaît bien la légende de Lohengrin, le Chevalier du Cygne... A lire ICI

 

Wolfram von Eschenbach s'inspire assez précisément du Conte du Graal de Chrétien de Troyes ; il ajoute l'histoire des aventures orientales du père du héros, Gahmuret... Le Graal est une pierre, le  ''lapsît exillis'', gardé par des Templiers...

«  C'est une œuvre conquérente qui sort de la plume de Wolfram ; elle dépasse l'ambiguité de Chrétien de Troyes. En fait, Parzifal inaugure, en milieu germanique, un puissant courant ésotérique, politique et philosophique qui marquera durablement l'ensemble de la tradition européenne. En ce sens, il semble bien y avoir un graal français et un graal allemand qui n'appellent pas les mêmes enjeux culturels. Au terme d'une longue évolution, le pangermanisme du XIXe siècle explorera le mythe dans des recoins ignorés des auteurs français et lui donnera un retentissement exceptionnel. Le texte de Wolfram servira de support à bien des rêves hermétistes ou occultistes jusqu'au XXe siècle. » Philippe Walter

Aujourd'hui, la ville de Wolframs Eschenbach offre au visiteurs un musée ( Attention: il faut être germaniste, sinon c'est incompréhensible ...! et pas d'audio-guide en français ...) en 10 salles... Un jeu de piste littéraire, assez mystérieux; à l'aide de moyens picturaux, de couleurs et de formes inhabituelles, d'un éclairage sophistiqué et de textes sélectionnés... On passe de la légende arthurienne, à la généalogie de Parzival ( complexe mais nécessaire...). Une salle vous plonge dans le monde du Graal: sombre et mystérieux, il est le monde de la douleur, de la culpabilité et de la mort. En quoi Parzival est-il coupable? C'est aussi le monde du malheur amoureux. C'est le monde de sa mère.

Après la salle dédiée à Titurel; celle de la nuit et de l'amour, du jour et de la séparation: la salle du Secret qui ne peut se révéler... La salle des chevaliers avce leur boucliers, leurs armes ... est celle de la souffrance et de la mort. Jusqu'à la tombe de Wolfram...!

Fin du voyage.

Le musée: W. von Eschenbach
Le musée: W. von Eschenbach
Le musée: W. von Eschenbach
Le musée: W. von Eschenbach
Le musée: W. von Eschenbach
Le musée: W. von Eschenbach

Le musée: W. von Eschenbach

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Voyage en Allemagne – Bayreuth et Wagner - 1

Publié le par Perceval

Le voyage à Bayreuth

Le voyage à Bayreuth

Bien-sûr, les conversations entre Anne-Laure et Emmy portent sur Wagner (1813-1883). Le goût des mathématiques de la jeune scientifique semble questionner les mythes que portent Wagner à la conscience de tous...

En ce début du siècle, tous les étrangers qui se rendent à Nuremberg, sont en transit pour Bayreuth.

* Bayreuth est une jolie ville située sur le Main ( dit rouge) qui, en cet endroit, n'est qu'un petit ruisseau coulant entre deux berges de gazon, ombragé çà et là de minces roseaux et murmurant gentiment sur un lit de cailloux. Aujourd'hui, chef- lieu de la Haute-Franconie, Bayreuth fut jadis la capitale d'un margraviat, où régna la sœur du grand Frédéric. Voltaire y habita.

La salle d'opéra sur la '' Colline sacrée '' conçue par Wagner, est inaugurée en 1876.

Wagner est mort depuis 1883... En ces premières années du siècle, le génie de Wagner est reconnu dans le monde … Les fidèles estiment que c'est à Bayreuth même qu'il faut boire à la source wagnérienne. et presque tous les ans, depuis son ouverture, le théâtre des fêtes qu'il a fait construire s'ouvre pour permettre à quelques uns d'entendre ses opéras.

L'aspect du théâtre est des plus simples.

Huit escaliers conduisent dans la salle disposée en amphithéâtre. Derrière cet amphithéâtre, une galerie tient toute la largeur du fond. L'amphi. disposé à l'antique, permet le mélange des classes sociales, pas de loges, si ce n'est les deux réservées au milieu de la galerie, l'une pour la famille Wagner, l'autre pour les familles princières. Les côtés de la salle sont ornés de hautes colonnes portant chacune une couronne de lampes électriques.

 

L'arrivée des voitures, qui amènent les spectateurs et gravissent péniblement le versant de la colline, est une des choses les plus curieuses de Bayreuth. Les femmes prennent largement, à ce moment, leur revanche de l'obscurité obligatoire de la salle, et toute leur coquetterie se concentre dans la forme du chapeau et dans la coupe du manteau jeté sur dès épaules qu'on ne peut découvrir. Peu de fleurs ; l'Allemagne ignore ce luxe. Avant le commencement du spectacle, il se forme des groupes sur la terrasse qui précède le péristyle du théâtre. C'est là que se classent les différentes nuances de dilettanti : les muets que l'adoration empêche de parler, les éloquents qui éprouvent le besoin de manifester pour montrer qu'ils peuvent dépasser le diapason normal, les curieux, les sages, puis les initiés qui seuls comprennent, seuls sont dignes d'entendre et sourient doucement, de ce sourire à la fois bienveillant et dédaigneux que les divinités bouddhiques concèdent parfois aux simples mortels.

 

Les représentations du théâtre de Wagner commencent à quatre heures et durent jusqu'à dix heures avec deux entractes de cinquante minutes chacun. On dîne au restaurant voisin pendant le second entracte, si on peut parvenir à trouver place à une table. Sinon, on en est réduit au lunch debout. Deux avertissements, donnés sur le péristyle par une fanfare qui les emprunte à l'un des motifs de la pièce en représentation, annoncent que l'on doit regagner sa place, si l'on ne veut pas perdre le bénéfice du spectacle.

Wagner, s'est astreint à posséder un théâtre exclusivement destiné à ses œuvres, ayant reconnu les inconvénients que peut amener la distraction du public, la gêne qu'occasionnent ses conversations, le trouble qui résulte du va-et-vient des spectateurs ; il a stipulé que le signal donné, personne n'entre plus dans la salle et n'en puisse sortir.

Les spectateurs ayant pris leurs places, il les a plongés dans la nuit, ne laissant à leurs yeux que la ressource ou, pour mieux dire, l'obligation de se diriger vers la scène seule éclairée.

Pour Anne-Laure ; qui n'apprécie que de loin cette sensation que l'on trouve à l'Opéra dans le sens italien ou français du mot... Elle espère autre chose qui lui rappellerait que c'est bien en Allemagne que la Réforme est née... Elle se plaît à suivre l'esprit allemand dans ses généralisations philosophiques ; cet esprit qui se nourrit volontiers de l'invisible...

C'est - forte de cette distinction - qu'Anne-Laure de Sallembier s'assoit dans un fauteuil du théâtre de Bayreuth et, après avoir suffisamment pensé à Luther, à Kant et à Goethe, elle se préparer à admirer le génie incontestable de Wagner. La durée du spectacle ( sans les entractes) , devrait être au moins de quatre heures... Karl Muck, dirige l'orchestre.

Sources : Albert Lavignac : '' Le voyage artistique à Bayreuth''

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Voyage en Allemagne – Nuremberg - 2

Publié le par Perceval

Anne-Laure est invitée à une réception en l'honneur de l'impétueux empereur d'Allemagne... Plusieurs personnalités de Bavière sont présentes, ainsi que de nombreux étrangers en transit vers Bayreuth...

Anne-Laure rencontre une jeune femme qui parle très bien le français, avec qui elle va se lier... Elle s'appelle Emmy Noether, elle a alors 24 ans. Après un diplôme d'enseignante d'anglais et de français ; elle a décidée de poursuivre des études scientifiques à l’université d’Erlangen. Erlangen située à une vingtaine de kilomètres de Nürnberg, est sa ville de naissance..

Elle étudie non sans quelques difficultés l'astronomie et les mathématiques: elle doit demander la permission des professeurs pour pouvoir accéder à leurs cours ( non ouverts aux filles) … - sur lesquelles elle prépare une thèse... Ensuite, elle enseignera sans rémunération ni statut officiel.

Emmy Noether va approfondir ses recherches en algèbre abstraite (l'étude des structures algébriques) et publie des articles importants sur les idéaux (en mathématiques, un idéal est un sous-ensemble remarquable d’un anneau).

Emmy Noether va contribuer à faire évoluer l'algèbre...

C'est la ''begriffliche Mathematik'' (les mathématiques purement conceptuelles) qui caractérise Noether. Ce style de mathématiques a été adopté par d'autres mathématiciens et, après sa mort, a refleuri sous d'autres formes...

Irving Kaplansky, notamment, qualifie son article de 1921, qui donne naissance au terme d’anneau noethérien, de « révolutionnaire ». Norbert Wiener considère qu’Emmy est « la plus grande mathématicienne qui a jamais vécu, et la plus grande femme scientifique vivante, tous domaines confondus, et une savante du même niveau, au moins, que Madame Curie ». A sa mort enfin, Pavel Alexandrov dira également d’elle qu’elle était « la plus grande mathématicienne de tous les temps », quand Albert Einstein écrit au New York Times : « Fräulein Noether était le génie mathématique créatif le plus considérable produit depuis que les femmes ont eu accès aux études supérieures jusqu’à aujourd’hui. »

Le gouvernement nazi exclut les Juifs qui occupent des postes universitaires et Noether émigre alors aux États-Unis... En 1935, elle meurt d'un cancer à cinquante-trois ans.

Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910

Nürnberg album 1900-1910

Anne-Laure, est invitée par sa nouvelle amie, à visiter la ville de Nürnberg...

Emmy Noether, avec des amis

Et, voici ce que pourrait en noter la voyageuse en ce début de siècle …

« De toute l'Allemagne Nuremberg est la ville la plus originale, la plus curieuse à visiter. Celui qui s'y trouverait transporté comme par magie, sans avoir rien vu sur son passage, nagerait dans l'enchantement; la surprise doublerait sa jouissance. Le souvenir de Bâle, de Schaffhouse, d'Augsbourg ôte de sa nouveauté au tableau; il ne lui. ôte pas son charme. Nulle cité n'a conservé aussi entière la physionomie du moyen âge, ou plutôt de la renaissance; car peu de maisons remontent au delà du XVe siècle. Les amis de l'ogive en doivent faire leur deuil; les églises de Saint-Sebald et de Saint-Laurent les dédommageront.

(…) Ici, le musée est dans la rue; chaque maison en forme une pièce curieuse. J'ai retrouvé ces hauts pignons pointus et ces longues saillies dû toit qui m'avaient fait aimer Strasbourg. Mais il s'agit bien de pignons ! Ici, maint logis est flanqué de tourelles, couronné de créneaux, festonné de sculptures et d'arabesques. Des vignes capricieuses, s'épanouissent aux murailles; là pendent dés fruits fantastiques, des oiseaux rares voltigent, des figures joviales vous envoient une grimace ou un sourire.

(…) On peut juger de l'ancienne prospérité de la ville par le grand nombre des étages et des fenêtres; on sent qu'il y a eu là autrefois, comme aujourd'hui dans nos capitales, un énorme entassement d'individus.

Dans le labyrinthe de la ville coule une rivière, la Pegnitz. Çà et là sur son cours de vieux ponts au sommet anguleux, aux dalles disjointes, aux parapets sculptés. Pas de quai, pas un sentier sur le bord. La rivière reste enfermée entre les murailles des habitations, dont elle ronge les pilotis. Des maisons nobles, vermoulues, minées de vieillesse et d'humidité, se penchent sur l'eau ou l'enjambent par une seule arche. Dans le lit du fleuve coule une eau vaseuse, si lente qu'on en cherche quelque temps la pente; si triste qu'elle semble dire, comme du temps de Schiller : « Je suis devenue hypocondré, et ne continue de couler que parce qu'ainsi le veut la vieille coutume. »

Nuremberg est une ville fortifiée de murs épais, assis sur la roche vive; de larges fossés,- des tours énormes lui font une magnifique ceinture. Ces remparts furent de leur temps formidables; l'artillerie moderne en aurait, je crois, facilement raison. On les entretient pourtant pour le coup d’œil; chaque pierre remplacée est soigneusement noircie, et l'ensemble est toujours vénérable de vétusté.

L'intérieur du château cause une grande déception. On s'attend à voir de grandes salles d'armes, des lambris travaillés, d'énormes cheminées sculptées et blasonnées; on trouve à la place une longue enfilade de pièces parquetées, tapissées, meublées à la manière moderne.

(...)

En parlant de ses habitants, la voyageuse note que «  le souffle de l'art avait touché leurs âmes. Quelque chose de supérieur était en eux. Leur ville l'annonce assez; le moyen âge le reconnaissait : « Esprit de Nuremberg gouverne le monde, » disait le proverbe... »

Sources :  Le Danube allemand et l'Allemagne du Sud .. par Hippolyte Durand (1833-1917)...

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Voyage en Allemagne – Nuremberg

Publié le par Perceval

Dans la bibliothèque de Anne-Laure de Sallembier, j'avais repéré un ouvrage de Albert Lavignac (1846-1916) nommé '' Le voyage artistique à Bayreuth'', dans lequel je retrouvais des cartes d'hôtel qui semble signifier, que mon aïeule l'avait avec elle, lors de ce voyage en Allemagne …

L'auteur note que, par l'Orient-Express, on peut aller de Paris à Bayreuth en vingt heures. Ce train, qui laisse la gare de l'Est à six heures cinquante minutes du soir, vous met à Stuttgard le lendemain, à sept heures du ma- tin. De là, vous prenez un train pour Nuremberg. Vous arrivez à midi, et, à trois heures, vous êtes à Bayreuth.

Voyage en Allemagne – Nuremberg

Pour ma part, je suis passé par Rothenburg ( Rothenburg ob der tauber), avant de séjourner à Nuremberg.

Les rues de Rothenburg semblent appartenir à un parc d’attraction, dont le thème serait le moyen-âge des contes de fées... Pourtant, rien n'est factice : l'histoire de la ville remonte à 1070, année de la construction du premier château... Elle ne fut pas à l'abri de destructions pendant la Guerre de Trente ans, et en 1945... Et, tout fut reconstruit... La ville est toujours entourée de remparts... Avec l'architecture, on s'immerge dans l'ambiance de Noël : le musée de Noël allemand et l'immense magasin de Noël Käthe Wohlfahrt, sont ouverts toute l'année...

Ploenlein Rothenburg 1900
Rothenburg, cet été...
Rothenburg, cet été...
Rothenburg, cet été...

Rothenburg, cet été...

Aussi beau et plus intéressant, l'ensemble ancien de Nuremberg ( Nürnberg).

NURNBERG, Bavaria, Germany, 1900-1910´s

A l'entrée de la vieille ville, Le ''Grand Hôtel'' ouvert depuis 1897, apparaît comme un grand voilier, à quai près des remparts, et tout proche de la gare...

Anne-Laure de Sallembier y loge, alors qu'il vient d'être rénové et agrandi par Rudolf Lotz (1906), l’entrée principale fait face à la Bahnhofsplatz. L’hôtel comprend alors 35 incroyables suites privées …

Nuremberg devient de plus en plus un haut lieu touristique, notamment à cause du festival de Bayreuth.

 

 « Aucun pays n’est actuellement en Europe, où l’on parle plus librement, écrit en toute liberté et librement négocié qu’ici en Bavière », se réjouit le peintre Anselm von Feuerbach en 1818. Enterré à Nürnberg.

Frederic Leighton (1830-1896) - Pavonia-1859

A propos : du peintre allemand Feuerbach (1829-1880), on connaît les portraits de Nanna. Ce modèle que rencontra - avant lui - Frederic Leighton (1830-1896) : Anna Risi est alors l'épouse d'un simple cordonnier du quartier des artisans de Trastevere à Rome. En 1858, Leighton vit et peint à Rome, où il rencontre Nanna, la femme du cordonnier aux cheveux noirs et « au regard assoiffé ».

Feuerbach la rencontre en mars ou en avril 1860. Anna Risi devient sa muse et son amante, Il écrit qu'elle est le modèle qu'il cherchait ; elle est une réincarnation de la beauté antique, avec son profil grec, ses cheveux noirs; une silhouette altière. Feuerbach est tellement fasciné par elle qu'il en fait 28 portraits en six ans. 

Tandis que la relation de Leighton avec elle était platonique, Feuerbach est tombé passionnément amoureux de la belle italienne. Le sentiment est réciproque et Nanna quitte son mari et son enfant … Feuerbach la peint souvent la tête baissée, en partie dans l'ombre, des vêtements épais qu'il lui choisit...Affirme t-il sa possession - la "propriété" - de sa maîtresse... ? Feuerbach la rend passive et isolée. Leighton la décrit comme étant active et plus présente.

Anna Risi - Nanna   

Maîtresse et muse d'Anselm Feuerbach.

Après cinq ans, Nanna quitte Feuerbach pour un autre homme dont elle est aussi le modèle … . Puis, Nanna restera seule dans un état de misère... On dit que Feuerbach la reconnut plus tard en train de mendier dans les rues, pauvre et accablée. Il ne s'est pas arrêté pour l'aider. Lord Leighton, aurait-il été, lui, compatissant... ?

Revenons à Nuremberg et la Bavière...

A la suite du Congrès de Vienne,  la Bavière est devenue une monarchie constitutionnelle. La constitution du royaume de Bavière accordée en 1808, largement révisée en 1818, resta en vigueur jusqu'à la fin de la monarchie en 1918...

Touristes à la Frauenkirche, Nürnberg, 1904

Léopold de Wittelsbach était devenu régent du royaume de Bavière à la suite de la déposition de son cousin Louis II de Bavière et l'incapacité du frère de celui-ci, Othon, en 1886.

Au décès de son père, le 12 décembre 1912, Louis ( 1845-1921) lui succède comme régent. Il deviendra roi de Bavière en 1913- sous le nom de Louis III - après l'abdication du frère de Louis II, Othon Ier, roi en titre.

Le roi Louis Ier fit restaurer le château de Nuremberg à partir de 1833 par l'architecte Carl Alexander von Heideloff afin qu'il puisse y vivre en tant que souverain.

En 1866, les Hohernzollern firent une offre pour le château impérial: après sa défaite lors de la guerre de 1866, Louis II dut concéder au roi Wilhelm Ier de Prusse le droit de partager l'utilisation du «château de ses pères». L'empereur Guillaume II - Empereur d'Allemagne et roi de Prusse - a habité le château à plusieurs reprises et n'a jamais oublié de se faire appeler "Burggrave de Nuremberg".

Le château de Nuremberg est juché sur les hauteurs de la ville, avec sa haute tour ( Sinwell) la silhouette du Kaiserburg est visible depuis de nombreux points de la ville…

Ce château est présent depuis le milieu du 11e siècle… Après la montée par les rues pavées, nous atteignons de petites cours, des terrasses par lesquelles nous contemplons la ville…

A l’intérieur, de grandes salles... Elles servaient souvent de salles de réception et devaient pouvoir accueillir des centaines de personnes pour des banquets.

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Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus

Publié le par Perceval

Hortus Palatinus - Heidelberg

Hortus Palatinus - Heidelberg

Le père de Frédéric avait contribué à faire de l'Université de Heidelberg l'un des centres d'apprentissage de l'Europe... Et, après que la ligue catholique ait chassé les protestants d'Heidelberg, en 1622... Le trésor inestimable – des milliers de manuscrits et d'imprimés patiemment réunis au siècle précédent par le prince Ottheinrich von der Pfalz : la Palatine, va être pillée sous les ordres du pape Grégoire XV... ! Une partie seulement des ouvrages de la Palatine regagnera Heidelberg, après un accord signé au congrès de Vienne, en 1815.

 

Amoureux de sa femme, plus conscient que jamais de la fragilité de la vie, Frédéric chercha des moyens de plaire à Élisabeth ; tout en tentant de répondre à ses questions existentielles  Malgré son luxe, le château de Heidelberg, en raison de son emplacement sur une falaise rocheuse, n’avait pas de jardin. Élisabeth était nostalgique des jardins anglais, déjà célèbres...

Frédéric V fait construire l'un des plus important jardin baroque au nord des Alpes et est considéré comme l'un des plus célèbre d'Allemagne... Le jardin est construit en terrasses par l'ingénieur et paysagiste français Salomon de Caus (1576-1626) , venu spécialement d'Angleterre pour l'occasion. 

Il aménagé le jardin en 4 terrasses thématiques, ponctuées de bassins, de jeux d'eau et de pavillons. Il construit notamment de nombreuses grottes qui contiennent des décors étonnants agrémentés d'une musique provenant de fontaines mécaniques représentant des personnages mythologiques...

Chacun des parterres a son propre motif. Au fond se trouve la ''Grande Grotte'' ; devant elle se trouve des bassins d'eau, dont l'une d'entre elle comporte une statue du Rhenus (dieu du Rhin) allongé. La noblesse peut s'y reposer durant les heures chaudes de l'été et admirer les jeux d'eau actionnés par des mécanismes secrets.  

Inspiré du jardin botanique de Padoue, la roseraie (Rosenrondell ou Monatsblumengarten) se situe à l'extrémité nord de la terrasse.

L' Hortus Palatinus , ou jardin du Palatinat a été interprété de différentes manières Il pourrait s'agir d’un jardin «magique» ou «hermétique». Dans ce modèle, les jardins complexes deviennent une allégorie de la pensée rosicrucienne, une « botanique du cosmos », contenant un profond ''secret'' , codé selon leur conception. Dans cette interprétation, les jardins sont destinés à capturer "une vision universelle, basée sur une union des arts, de la science et de la religion", combinée à "une ancienne tradition de sagesse secrète transmise à travers les âges". 

Le jardin d’Heidelberg est devenu la huitième merveille du monde, même si les propagandistes catholiques le décrivent comme une porte d'accès à l'enfer. Elisabeth, contemplant la rivière tranquille du Nekar couler au-dessous, écoutant les théories astro-théologiques d'Abraham Scultet, l'aumônier de Frédéric, projetant d'écrire l'histoire des cent premières années de la Réforme, écoutant peut-être les mystérieux oracles de Jetha Behel, qui vécut là, dans la vieille tour … Elisabeth aimait s'entourer de savants... Ce qui ne l’empêchait pas de s'adonner à la chasse dans les collines environnantes où ses compétences en a fait, dit-on aussi, la plus célèbre chasseuse de son temps.

Mais les réalités politiques sous-jacentes à ce paradis terrestre étaient aussi laides que le jardin était magnifique.

Le jardin n'a jamais été fini. Au lieu de cela, il a été détruit par l'artillerie catholique qui l'a ensuite utilisé comme base pour la destruction de la ville. Lorsque le fils de Frédéric a été restauré à la seigneurie du Bas-Palatinat, la région était en ruine. Le jardin n'a jamais été reconstruit. Il reste une ruine pittoresque à ce jour.

Les catholiques allemands, bien qu’ils aient échoué pendant cent ans à réprimer la réforme de Luther, ont continué à planifier et à faire la guerre à cette fin. Chez les protestants, un mouvement est né qui espérait couronner un dirigeant des États calvinistes et luthériens unis pour s'opposer à l'empereur du Saint-Empire...

 

Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus

Les ''Rose-Croix''

France Yates (1899-1981) a mis en évidence la relation entre la mythique confrérie de la Rose-Croix, et le monde politique calviniste qui gravite autour du jeune couple Frédéric et Elisabeth... Les ''manifestes Rose-Croix'' qui vont suivre reflètent ces projets politiques et religieux, influencés par l'anglais John Dee (1527-1608)...

Michael Maier (1568- 1622) est un médecin et alchimiste allemand, Luthérien, il est l'un des principaux commentateurs des manifestes Rose-Croix, publiés en Allemagne de 1614 à 1616.

La connaissance du mouvement ''Rose-Croix'' a commencé avec ces ''manifestes'', trois petits livres: La Fama Fraternitatis (1614) , La Confessio Fraternitatis (1615)  et Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz (1616) . 

Johann Valentin Andreae

Johann Valentin Andreæ (1586-1654) pourrait être l'auteur des Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz paru en 1616 à Strasbourg ; et peu-être l'inspirateur des autres manifestes...

Andreæ étudia au séminaire de Tubingen. Il acquit une rare culture dans les langues anciennes et modernes, les mathématiques, les sciences naturelles, l'histoire, la géographie, la généalogie et la théologie. Il laissa une œuvre considérable.

Un cénacle s'est constitué à Tübingen, ils furent les inspirateurs du rosicrucianisme, prêchant, contre le dogmatisme et le ritualisme de l'Église...

Le titre complet de la Fama commence par: «Réforme universelle et générale du monde entier…». 

Lors de l'arrivée de la princesse Elizabeth, Andreae utilise la bibliothèque de Heidelberg, il s'est lié d'amitié avec l'un des bibliothécaires de Frederick... Il semble avoir été touché par la qualité du mariage royal qui semblait préfigurer la réalité d'un futur empereur romain germanique protestant...

L'apothicairerie qui se trouve à côté du château d’Heidelberg fut tenue par la mère de Johann Valentin Andreae pendant sept années. Elle nous donne de précieuses indications sur les préparations spagyriques voire alchimiques de l’époque. Aujourd'hui, le musée se visite …

 

Mais, Frédéric fut vaincu à la bataille de la montagne blanche et le rêve alchimique mourut !

Ce rêve alchimique pourrait se rapprocher aujourd'hui avec la tentative écologique de décrire la terre comme le lieu du ''vivant'', ou de dire que le monde est vivant... C'est ce que les alchimistes ou les occultistes de la Renaissance tentaient de décrire … Avant que la science moderne considère tout cela comme anathème ( « la nature est muette... »)

Pour Anne-Laure de Sallembier, le couple Frédéric-Elisabeth, décrit un mythe : le mythe du mariage alchimique, un mythe qui exige de l'innocence, de la naïveté et de la conviction du pouvoir des idées, de créer un monde nouveau.

Elisabeth est morte à Londres à 65 ans. Elle est inhumée à l'abbaye de Westminster, à côté de son frère Henry.

René Descartes (1596-1650), en 1617 s'engage dans l'armée. Sa carrière militaire va le conduire en Hollande et en Allemagne. Il rencontre des savants, comme Johann Faulhabert ( mathématicien, alchimiste..), Isaac Beeckmann ( médecin, philosophe...).. Il prend alors connaissance d'une confrérie de savants établie en Allemagne sous le nom de Frères de la Rose-Croix... Intrigué, il part pour la Bohème, et arrive en août 1619... Il passe par Heidelberg, et admire les automates aquatiques construits par Salomon de Caus dans les jardins du château...

La fille aînée d'Elisabeth et Frédéric - également nommée Elisabeth - fut une étudiante assidue en philosophie. Descartes l'a honorée de son amitié. Pendant de nombreuses années, elle a correspondu avec le grand philosophe. Ses critiques du dualisme métaphysique de Descartes sont précurseuses.

 

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Voyage en Allemagne – Heidelberg, 1

Publié le par Perceval

Pendant ce voyage en Allemagne, Anne-Laure de Sallembier souhaitait absolument passer à Heidelberg; et pour plusieurs raisons...

L'une concerne l'attachement de son grand-père à Edgar Quinet, qui lui a donné l'occasion d'entendre souvent parler de cette ville...

Et surtout, les documents de travail laissés par Jean-Léonard de la Bermondie, et son grand-père Charles-Louis de Chateauneuf, étaient particulièrement pénétrés de la période romantique allemande...

* Charles-Louis de Chateauneuf a reçu comme un immense privilège l'attachement du professeur Edgar Quinet (1803-1875) à son égard... Beaucoup de choses les rapprochent : le goût pour le Moyen-âge, pour les philosophes allemands et pour Madame de Staël...

Edgar Quinet 1833

Je rappelle qu'en 1827, Edgar Quinet arrive à Heidelberg et y reste deux ans : ce sera un moment capital de sa vie. Il souhaitait se confronter à la lumineuse Allemagne ''staëlienne'' ( Germaine de Staël)... Il est suffisamment enthousiaste dans sa correspondance, que Michelet vient le rejoindre en août et septembre 1828.

La découverte d’Heidelberg – et la place centrale de son université - est pour Quinet la découverte d’un ''pays d’université''. Il arrive au moment où l’université de Heidelberg s’érige en mythe, en s’appuyant sur une ancienne tradition...

Au cours d'un spectacle, parmi les chanteuses, une jeune fille en bleu le frappe et le jeune homme, déjà amoureux de la ville et de la musique, va tomber amoureux d'une jeune allemande de Grünstadt, et quand il quittera le pays, il sera fiancé à Minna Moré qu’il épousera ensuite.

« Pas une vallée, pas un recoin de ces bois, pas un détour du Neckar, ne me plaît autant que ma douce Heidelberg.

« Jamais, quoi qu’il arrive, je ne penserai à ces montagnes, à cette ruine, à ce fleuve qu’avec regret et le désir de m’y retrouver encore »

A lire ICI à propos de E. Quinet: LA RENCONTRE AVEC E. QUINET

Le romantisme allemand contraste avec ''Les Lumières'' (l'Aufklärung) parce qu'elles ''dépoétisent'' l'univers ; mais il n'est pas ''irrationnel''...

Le premier cénacle romantique part de Iéna, avec Fichte, Schlegel, Schelling, Novalis … dont nous avons déjà beaucoup parlé ; parce qu'il avait beaucoup intéressé à la suite de Germaine de Staël, Jean-Léonard de la Bermondie, émigré alors, et de passage à Coppet, et séjournant en Suisse et en Allemagne...

Ensuite, une autre génération de romantiques sort de Heidelberg : Clemens Brentano (1778-1842), sa sœur Bettina (1785-1859) impulsive et excentrique, épouse le prussien Achim von Arnim (1781-1831), auteur de contes fantastiques ; et les frères Grimm Jakob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) qui voient dans les contes et les traditions populaires ''le génie'' du peuple... .

Joseph von Görres (1776-1848), qui, après avoir été révolutionnaire et républicain « cisrhénan », puis champion de la résistance à Napoléon ; était devenu professeur à Heidelberg, où il a, le premier, rassemblé et publié les récits de la mythologie germanique.

Heidelberger Liederhandschrift

 

L'autre raison qui incite Anne-Laure de Sallembier à s'arrêter à Heidelberg est son intérêt pour des enluminures ; qu'elle a souvent admirées dans un ouvrage auquel elle tient : un Fac-similé d'un extrait du Manessischen Handschrift, manuscrit Manesse (Insel-Bücherei 1900)

 

** Vous connaissez sans-doute – du moins quelques images de la série des illustrations qui le compose – le Codex Manesse. Le manuscrit compte 137 miniatures en pleine page, réalisées - à la demande de la famille Manesse - entre 1310 et 1340, avec des textes de chansons d'amour courtois composées en allemand médiéval par près de 140 Minnesänger ( troubadours)...


A lire ICI: à propos du Codex Manesse:

En cette fin du XIXe siècle, et suite à un vol massif de manuscrits extrêmement précieux par le Comte Guillaume Libri (1803 -1869), la Bnf va récupérer nombre d'entre eux, grâce entre autres...- à la restitution à Heidelberg, du Codex Manesse : il faisait partie en effet de la célèbre collection de livres du palatinat du Rhin à Heidelberg, la Bibliotheca Palatina (1607).

le Codex Manesse

Anne-Laure de Sallembier est une amatrice de ces manuscrits. Elle connaît Léopold Delisle (1826-1910) un ami de son mari, administrateur de la Bibliothèque nationale , qui va répertorier et tenter de récupérer beaucoup des trésors volés...

Donc, le Codex Manesse vient de retourner à la bibliothèque de l'université de Heidelberg... Et, Anne-Laure profite de ce voyage pour s'y rendre et tenter d'admirer l'original, avec une lettre d'introduction de Léopold Delisle...

A la fin du XVIe siècle, le Codex Manesse, est en possession de la cour palatine de Heidelberg.

En 1622, pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648), le manuscrit est sauvé lors de la prise de Heidelberg par les troupes de la Ligue catholique... Le prince Frédéric V du Palatinat, et sa femme Élisabeth Stuart emportent le document, avec les trésors familiaux les plus précieux, dans leur exil à La Haye. Plus tard, Élisabeth ayant des besoins d'argent de plus en plus importants après la mort de son mari en 1632, est contrainte de vendre le précieux codex ; qui rejoint, peu après, la bibliothèque personnelle de l'érudit français Jacques Dupuy qui, à sa mort en 1656, lègue sa collection au roi de France.

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