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L’intérêt de mieux comprendre le bouddhisme.

Publié le par Perceval

«  La dualité entre un sujet et un objet, entre ce qui est ici et ce qui est ailleurs, entre mon expérience et l’arbre au-dehors de moi, est vu comme étant un leurre… » F Midal ( philosophe et bouddhiste ).

Le bouddhiste risque t-il de manquer le rapport à l’autre ? Non … cela est visible .. !


bouddha1.jpgLe « cogito » de Descartes expérimente la certitude de mon existence, et s’interroge sur celle de l’autre… Ne peut-on concevoir que le lieu à partir duquel l’expérience humaine se déploie, ne soit pas le « moi »… Oui, bien sûr, et cela change tout… !


Il ne s’agit pas de célébrer la « non-dualité », mais reconnaître l’expérience de ce que la distinction entre moi et l’autre puisse se dissoudre … Pour un bouddhiste, il semble évident que l’importance soit «  l’ouverture », avant la relation interpersonnelle… Car c’est seulement, si il y a ouverture qu’il peut y avoir « rencontre »…


vieil-homme-nuit-orage.jpgAujourd’hui, en occident, cette manière d’appréhender la vie fait son chemin… au point de ne plus comprendre le rapport à la nature que l’homme impose encore à son environnement. 

Jean-Paul II, a très bien résumé le problème quand il dit : «  La mystique construit la civilisation – en particulier la civilisation occidentale, caractérisée par son rapport positif avec le monde, et qui s’est développée grâce au progrès de la science et de la technique … » ( Entrez dans l’espérance, 1994 )… Ecrits-sur-l-hesichasme.jpgEn effet, nous comprenons de moins en moins comment nous pouvons penser un  « rapport positif avec le monde » , à partir de la notion de technique … ? Quel peut être le rapport qui peut exister entre moi, et une chose que je cherche à maîtriser … ?


D’ailleurs l’idée d’un dieu qui n’est qu’autre… tout à fait distinct… n’est pas comprise, et n’est pas expérimentée. Cette idée est battue en brèche par Zundel, et tous ceux qui retrouvent la spiritualité des Pères du désert, ou maitre Eckhart …etc…

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L’altérité : fruit de l’Occident.

Publié le par Perceval

Pour un chrétien, et je pense la culture chrétienne (qui s’est dissoute, il est vrai, dans une culture , aujourd’hui beaucoup plus et vaste et laïque ), bon-samaritain.jpgl’altérité – c’est à dire que l’autre me permet de me découvrir moi-même – est au cœur de notre questionnement. L’autre : mystère, et qui place la relation ( et parfois la communion ) comme intérêt majeur de notre vie…

 

Il semble que le bouddhiste, est plus en recherche de « plénitude », c’est à dire de l’expérience à faire de sa nature profonde , appelée « nature de bouddha ».

La « relation » semble souffrir de son caractère « relatif »…

 

Pour nous chrétiens, c’est au travers de ses relations que l’être humain se développe comme « personne » ; c’est dans ses relations qu’il est appelé à vivre l’amour … Le «  Dieu de Jésus-Christ » lui-même est défini comme trinitaire, c’est à dire comme relation…

 

manet9.jpgLe monde change, et nos représentations également… En ce XXIème siècle, il ne suffit plus de poser le tableau que je viens de décrire comme représentatif de la différences de nos mentalités … La culture, et peut-être l’art en particulier permet à l’occidental que je suis une appréhension plus globale et plus complexe de la réalité…

Ainsi, j’apprends à ne plus voir les choses en fonction de mes opinions, mais en fonction d’une expérience réelle … Je deviens plus contemplatif...


Exemple : récemment lors du Tsunami, un journaliste appelle Fabrice Midal, pour qu’il réagisse comme bouddhiste sur le phénomène du mal… sauf que pour le bouddhiste, le problème ne se pose pas, ainsi … Et je me demande ; si la réponse incroyante qui affirme que le tsunami est la preuve que Dieu n’existe pas, ne relève pas de ce malentendu de la question… !

hokusai fuji8


Pour Platon, ma relation à un objet implique qu’à travers le sensible, j’y reconnaisse l’intelligible. Voir l’arbre est possible, puisque je regarde l’arbre-ité qui réside dans tous les arbres ( voir leçons de philo de terminale …). Pour le bouddhiste, et sans doute aussi aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous : cet arbre ne m’apparaît pas, seulement, sans que je n’y mette du mien… Ce qui est aussi important que l’arbre, c’est le moment où je le vois, et que ce moment m’ouvre au monde entier …socrate-caverne-moderne.jpg

 

Aujourd’hui, notre culture est ainsi : elle est plurielle et complexe… Depuis plus d’un siècle, les artistes en particulier, mais aussi les philosophes et les scientifiques, explorent le monde avec d’autres schémas mentaux que ceux que nous ont légués les grecs, Descartes, puis les scientistes …

A suivre: ...

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Christianisme et Bouddhisme: mal-entendu

Publié le par Perceval

Dire que le Bouddhisme et le Christianisme veulent le bonheur de l’humanité, et que toutes les religions reviennent au même ..etc. C’est retirer d’un message religieux spécifique toute densité, c’est blesser tous les maîtres d’une voie, et refuser de n’en prendre aucune…

 

Bouddha-Jesus-0.jpgD’un autre côté : affirmer des différences et le choix d’une seule Vérité ; c’est la plupart du temps refuser d’accorder aux autres traditions leur profondeur et leur cohérence… et comme catholique, je reconnais qu’il est une manière « catholique » de parler du bouddhisme, qui est blessante…

 

- Ainsi, ce qu’en dit l’excellent par ailleurs Olivier Clément : «  La méditation orientale conduit à l’abîme de soi-même…. C’est même une négation de l’altérité. Tout est un, tout est moi » Prier N° 251 de Mai 2003 p. 16


Cet exemple, reprend bien des propos ‘trop entendus’, avec le fait que le bouddhiste rechercherait la « guérison », le bien être, et non pas le « Salut »… Ou même, que le bouddhisme serait idolâtre, comme en témoignerait les déités et bouddhas vénérés … ! etc …

 

Livre-gira-Midal.jpgPour creuser la cause du mal-entendu, il convient de mettre au clair, la question de « la relation à l’autre », la question de l’altérité …

Plus que l’expérience de la relation, de l’altérité… Le bouddhiste recherche l’expérience où l’on cesse d’être le centre du monde : le décentrement…


Un livre reprend la rencontre entre un « bouddhiste occidental » Fabrice Midal, et un chrétien fin connaisseur du bouddhisme : Dennis Gira. Je recommande cet échange par lettres qui, je pense, analyse bien les différences des deux traditions, et qui me permet de comprendre la spécificité de ma propre voie.

 

Dans la suite de cet article, je reprendrai les arguments de F Midal et D Gira, sur «  qui je suis .. »

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Amour ou zen...?

Publié le par Perceval

L’Amour, dans notre culture, c’est une expérience. Chacun peut reconnaître que ce phénomène a lieu. L’amour c’est l’heureuse expérience de l’altérité.troubadours.jpg


Vivre cette expérience n’est pas si simple… Et si je n’en fait pas l’expérience dans ma vie - Suffirait-il de se convaincre que le véritable Amour, celui de Dieu, m’est donné, pour parler de l'Amour ...?

Un peu, comme si la religion de l’Amour, m’épargnerait d’aimer et d’être aimé par l’autre.

 

Et c’est d’ailleurs, dans l’appréhension de l’altérité ( l’autre étant « celui que je peux aimer » ) que s’exprime les véritables différences entre le bouddhisme et le christianisme…


Chrétien : mon problème est celui de la relation; ce sont mes relations qui sont blessées et qui me font souffrir; donc, ce que je voudrais restaurer c'est l'amour. Et, bien sûr... ( je ne sais pas très bien comment ...) je crois au don de l’Amour , aujourd’hui ( le Royaume c’est ici et maintenant …)

Pour le bouddhiste, la souffrance est due à l’illusion de la permanence dessin-illusion.jpg; et bouddhiste, je cherche - en priorité - à me libérer des illusions… Le Royaume n’est pas là, il est une promesse de l’expérience de la non-dualité…

 

L'altérité chrétienne s’oppose t-elle à la non dualité ?

Non, si c'était le cas, nous ferions de l'altérité - une dualité conflictuelle - … l’Amour est aussi l’expérience de l’Unité … ! Moi aussi, chrétien, j’aspire à être sauvé de cette dualité.

 

La personne est un « mystère » : quelque chose que l'on ne cesse jamais de découvrir. Dès qu'on le définit, on le tue.

Dans le bouddhisme, « la personne » est l’humain qui a renoncé à être soi et à se saisir lui-même; quelqu'un qui renonce au soi. C'est donc d'une certaine manière un mystère sans cesse à découvrir.


Le christianisme peut aider le bouddhisme, pour découvrir qu'il y a quelque chose au-delà de la vacuité;  et le bouddhisme nous aide à découvrir qu'il y a une personne au-delà de l'individu, même quand on parle de Dieu, c'est à dire qu'il faut bien se garder de réduire la personne et son mystère à l'idée qu'on en a, l'individu.

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Amour et zen...?

Publié le par Perceval

Aujourd’hui, la question religieuse ( existentielle); se pose à partir de l’expérience humaine.

God-is-love.jpg

La véritable religion ...

serait celle de «  l’Amour ».. ! …Point !

Au diable les doctrines… !

 

 etre-zen.jpg

Sauf… qu’à cette « religion là », je n’y crois pas … du tout !


Mon expérience: C’est un peu plus compliqué que cela …

Cet «  amour là », c’est du même ordre que … ce «  Zen là »…

 

Le christianisme, et le bouddhisme d’ailleurs, n’ont pas de produits à vendre sur un marché du «  bien être ». Ces marchandises alimentent le matérialisme spirituel attaché au corps et à la psyché:


«  Lorsque la spiritualité vise à créer une situation de plus grand confort, à nous préserver de la vilolence et des difficultés prpores à toute existence humaine, elle n’est que du matérialisme. » Fabrice Midal, bouddhiste ( lettre IV à Dennis Gira )

 

Claudel écrivait déjà : "Le chrétien ne vit pas comme le sage antique à l’état d’équilibre mais à l’état de conflit."

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Religion et dialogue ...?

Publié le par Perceval

« Comment Vatican II développe-t-il la cohérence théologique de cette ré-interprétation positive des confessions, religions et convictions autres ? À partir d'un modèle de type concentrique. Geocentricite-terre-centre-univers-carte-09.jpgAu centre, se trouve l'Église catholique romaine: celle-ci est l'unique dépositaire de la totalité de la vérité révélée (et donc finalement de la vérité humaine) et de la totalité des moyens de salut. Autour d'elle, il y a des cercles de plus en plus larges, et de plus en plus éloignés de ce foyer de vérité : d'abord l'Église orthodoxe et les Églises de la communion anglicane, avec lesquelles il y a presque unité dogmatique; un peu plus à l'extérieur, il y a les Églises de la Réforme ; puis les grandes religions monothéistes, et ensuite les religions animistes ; et enfin les humanismes agnostiques ou athées. L'éloignement du centre signifie un progressif dégradé de la vérité : plus on s'en écarte, moins on en possède des parcelles (...)

Vatican II a profondément changé le regard que les catholiques jettent sur les autres, en dehors de groupes minoritaires intégristes. Il paraît de plus en plus évident, cependant, que le modèle concentrique est lui-même insatisfaisant. Les prétentions de l'Église catholique romaine à posséder la totalité de la vérité paraissent exorbitantes, d'autant plus qu'il est devenu évident qu'elle s'est si souvent trompée dans l'histoire. De plus, on reconnaît bien aujourd'hui que dans la dramatique rupture de la Réforme, Luther avait raison sur un certain nombre de points. En outre, on fait l'expérience de s'enrichir à la rencontre des autres traditions chrétiennes, celles de l'Orient, entre autres, qu'on connaissait si peu. Et aussi dans la rencontre des grandes religions, et chez nous dans la rencontre des convictions séculières humanistes, agnostiques ou athées. Il y a certainement une part de vérité dans certaines critiques athées contre l'Église, et en positif l'expérience morale et spirituelle de l'existence séculière nous apporte aussi son propre éclairage. « La prétention de l'Église catholique à être le foyer de toute vérité semble de plus en plus insupportable. La-cle-de-la-verite.jpgCertains affirment que la majorité des catholiques n'y croirait plus — on ne sait s'il s'agit de catholiques pratiquants ou de ceux qu'on catalogue ainsi parce qu'ils ont été baptisés un jour et ne se sont ensuite jamais soucié de cette religion. Mais alors, est-ce le relativisme total ? Tout se vaut-il ? C'est en tout cas la plus grande crainte des autorités ecclésiales aujourd'hui. Est-il possible de proposer un autre modèle de compréhension, qui soit radicalement fidèle à la tradition de foi ? »


Ignace Berten (o.p.) dans ce passage d'une conférence donnée au CIL (Conseil Interdiocésain des Laïcs de Wallonie-Bruxelles)

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Foi et dialogue.

Publié le par Perceval

Lorsque nous parlons de spiritualité, nous reconnaissons entre nous que la question décisive est celle de « la vérité de l’humain », « du sens » que nous donnons à la vie … Il s’agit - secondairement – d’un choix de doctrine religieuses.

Aujourd’hui le mot « spiritualité «  n’est plus banni au profit de la seule « raison ». Il y a une revendication explicite de spiritualité de la part d’hommes et de femmes an dehors du champ religieux… Doctrine-pape.jpgAujourd’hui le « désenchantement » est du côté des scientistes positivistes …

La croyance sans appartenance, l’adhésion sélective… sont aujourd’hui répandues. Et c’est sans doute dans le domaine du corps, de l’amour, de la famille qu’ont eu lieu le plus grand mouvement d’exculturation ( la contraception, le divorce, l’homosexualité, l’avortement …). L’Eglise a perdu son autorité pour définir les règles de la morale commune…

La spiritualité aujourd’hui compose avec le christianisme, bien sûr, mais aussi avec «  la kabbale, les religions anciennes (ou ce qu’on leur attribue), les traditions religieuses orientales, mais aussi l’astrologie, les traditions gnostiques ou occultistes, les perspectives holistiques et cosmiques, en lien souvent avec les multiples propositions thérapeutiques parallèles.

" Cette quête spirituelle, dans toutes ses ambivalences, est liée à la fois au doute posé sur la raison technoscientifique, aux incertitudes et insécurités du présent, et à un impératif culturel très prégnant, étroitement lié à un individualisme relationnel. »

 

* La question du sens :

sens-de-la-vie.jpg

-          Le travail et le chômage, nous interpellent : En quoi les pauvres ont-ils de véritables droits à faire valoir vis-à-vis des riches ? Sur quoi se fonde cette solidarité ?

-          Les biotechnologies : face aux nouvelles possibilités des sciences de

la vie et de la biomédecine, qu’est-ce que la dignité humaine ?

-          Le corps, .. : qu’est-ce qui est expression de la dignité humaine ?

-          L’environnement …

-          Le pluralisme … et les options fondamentales communes qui s’imposent à tous ? ( les droits de l’homme ? )

 

* Une nouvelle culture de débat :

Le discours religieux a sa place, face au droit du plus fort, à la raison cynique du consumérisme et du plaisir, à la raison d’état… en ce qu’il est porteur d’une dimension plus intuitive et plus « spirituelle ».. cafe-philo.jpgPar contre, oui : l’argument d’autorité ou de tradition est privé de pertinence… Cela n’exclut pas la parole de conviction, mais alors l’argumentation doit laisser place à la considération de la parole et à l’interprétation… Il ne s’agit pas seulement de convaincre ou de rechercher une vérité ; il s’agit d’ouvrir un débat.

A choisir entre une décision prise à la majorité, nous préférons la recherche d’un consensus, pour ne pas exclure une minorité. Un compromis est toujours provisoire : nous reconnaissons qu’une « évolution » peut faire bouger les lignes … Il s’agit également de faire place à «  l’objection de conscience » …

 

* L’Eglise catholique peut-elle rester « intransigeante » ?

Si l’Eglise s’affirme seule détentrice de la vérité ; si elle affirme de plus que seule une référence à « Dieu » ( lequel ? ) permet d’assurer un fondement moral à la vie. Par là, elle sape toute possibilité de principe d’une recherche commune en vue d’une société plus humaine puisque, a priori, si les autres pensent différemment, c’est qu’ils sont dans l’erreur… Cependant religions, associations philosophiques dialoguent, mais alors quel type de dialogue ?

Que propose donc la théologie ?

Jerusalem.jpgLors du symposium du CCEE (Conseil des conférence épiscopales d'Europe ) , le cardinal Vlk, dans son intervention de conclusion déclarait que le pluralisme « est un fait social inévitable par rapport auquel personne ne peut ni ne veut revenir en arrière. Nous trouvons le pluralisme non seulement dans la société, mais aussi dans nos Églises, et même au sein des personnes. Il ouvre la voie à une pluralité et une pluriformité riches. On ne doit certes pas le glorifier, mais il porte en lui une chance, celle de comprendre l’unité comme plénitude de diversités. »

Cependant, il semble que les théologiens, les évêques ne soient pas « libres » .. ! Parole difficile dans une Eglise crispée et une laïcité qui se méfie de toute parole catholique… ! Certains théologiens comme André Léonard ne semblent appelés qu’à diffuser et argumenter les positions du Magistère.

ignace-Berten.jpg

 

 

 

« La vérité de l’humain n’est pas donnée, mais est en permanence à rechercher concrètement ; de plus, personne ne possède la vérité et dans la complexité des situations et des décisions à prendre, il n’y a pas une seule conception de la dignité humaine qui puisse s’imposer. » Ignace Berten ( Dominicain, théologien et philosophe, membre d'Espaces, enseignant à Domuni)

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Dialogue: le bouddhiste centré sur 'soi' ?

Publié le par Perceval

" Nous pourrions définir la compassion comme la sensation de l'insoutenable devant la souffrance de l'autre, de tout être sensible.

Par la vraie compassion, nous souhaitons mettre fin aux souffrances des autres et nous nous sentons responsable vis-à-vis de ceux qui souffrent. "

 

  Le XIV° dalaï lama ( actuel )

 

 

compassion-bouddhisme.jpg

"L'origine de toute joie en ce monde

 

Est la quête du bonheur d'autrui ;

 

L'origine de toute souffrance en ce monde

 

Est la quête de mon propre bonheur."

 

SHANTIDEVA (687-763)

 

 

****

 

"S'il y a compassion dans le bouddhisme, elle est cependant très différente de la compassion chrétienne, puisqu'elle se vit dans la direction d'un esseulement toujours plus grand et de la recherche d'une vacuité stérile, l'extinction."

Joseph Marie Verlinde, L'expérience interdite,

 



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Religion naturelle et religion révélée : Paul Tillich ( 2 )

Publié le par Perceval

N’est-il pas trop simple de distinguer une « théologie naturelle », qui se suffirait à elle-même , et une « théologie de la révélation » qui ne reconnaitrait, au mieux, en la « théologie naturelle » qu’une infrastructure de départ?


Mainsjointesspiritualite.jpgSuffit-il de dire, que la révélation a sa source ailleurs qu’en nous et de souligner sa radicale altérité ?  Ne faut-il pas, aussi, expliquer comment elle nous rencontre et montrer ce qui nous permet de l’accueillir et l’entendre ?  Si la Parole divine nous était totalement étrangère, si elle ne répondait pas à une attente, elle ne nous toucherait ni ne nous concernerait si peu que ce soit. Elle ne nous atteint que s’il y a en nous une interrogation ou un désir qui en rende l’écoute possible. Personne ne la recevrait sans une correspondance entre ce qu’elle dit et ce que nous sommes.

La Bible utilise largement le langage religieux du monde environnant. Elle le transforme certes, mais pas complètement. Si la Parole de Dieu sauve et révèle, c’est qu’elle se dit au travers de notre culture, sinon elle ne sauverait pas … Elle détruirait. Certes, elle convertit, elle ébranle et retourne…

Il ne faut pas que l’affirmation d’un « crédo » coupe la religion de la culture, la prive de tout enracinement humain et enlève à la révélation son caractère universel pour en faire un impérialisme ou un « absolutisme » particulariste. Bien sûr, une démarche purement intuitive, raisonnée ( « naturelle » ), élimine toute référence à une véritable transcendance et pourrait affaiblir la divinité de Dieu …

 

Pour éviter les écueils, TILLICH propose une méthode : la méthode de corrélation :

-         La théologie puise sa substance, sa matière (ce qu’elle dit) dans la révélation tandis que la culture détermine sa forme (la manière de le dire). Il y a corrélation quand on exprime le contenu de la révélation dans le langage et dans les catégories de pensée qu’analyse la philosophie de la religion.

-         La théologie formule les réponses qu’apporte la révélation aux grandes questions qui s’expriment et émergent dans la culture. christ-pantocrator-palermo.jpegIl y a corrélation quand on montre que les problèmes de l’homme trouvent leur solution dans la parole que Dieu lui adresse.

N’imaginons pas une révélation à l’état pur, une parole éternelle ou une essence du christianisme qu’on pourrait isoler avant de les traduire dans des langages particuliers et dans des situations diverses. L’évangile (au sens de parole divine exprimée et annoncée) est toujours culturel et contextuel ; « la révélation et la réception de la révélation forment un tout indissociable » ; le divin se manifeste toujours dans une chair…

L’interrogation a quelque chose d’étonnant et de paradoxal. Questionner suppose une précompréhension de ce qu’on quémande. Si on n’en avait aucune idée, aucun pressentiment, aucune expérience, on ne pourrait même pas songer à solliciter… Une révélation obscure amorce la recherche de la révélation ; une présence absente de Dieu conduit à s’interroger sur Dieu et à le désirer. Dieu est la source de notre quête et pas seulement sa visée ; il est la présupposition de la question de Dieu.

À l’inverse, la réponse, celle qu’apporte la révélation transcendante, n’épuise pas ni ne supprime la demande en comblant le vide d’où elle jaillit, mais elle la déplace, la dérange et la relance.

 

Source : Philosophie de la religion et méthode de corrélation chez Paul Tillich, d’André Gounelle

http://www.erudit.org/revue/ltp/2009/v65/n2/038403ar.html#no38

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Conte: La soif

Publié le par Perceval

Conte retranscrit d’un conte de Polo Coelho: la soif.

 

Un homme, sa femme et sa fille marchent sur une route. Quand passant près d’un chêne énorme, la foudre tombe de manière fortuite et tous trois foudroyés, passent le saut de la mort…


Ce fut si brusque, qu’ils ne se sont pas aperçus qu’ils avaient abandonné le monde d’ici-bas… Et il continuent comme si de rien n’était, leur chemin…

La route était très longue, le chemin élevé. après l'orage, le soleil est brûlant : ils sont en sueur, donc assoiffés…

mirage1.jpg

Dans un virage, surprise… Un palais comme on en voit à Rome, puis ils voient un magnifique couloir de marbre qui conduit à une place pavée d’or. L’homme s’adresse à celui qui en garde l’entrée :

- Bonjour, Monsieur !

- Paix sur Toi, répond le Gardien

- C’est incroyablement joli ! Où sommes-nous ?

- Ceci est le Ciel, chercheur d’absolu !

- Comment est-ce possible !!  S’exclame-t-il avec allégresse. J’ai trouvé l’entrée ! Magnifique ! Nous sommes sauvés, et nous avons si soifs…

- Bien sûr, lui répond le gardien. Vous pouvez entrer et boire tout ce qu’il vous plaira !

Et le gardien indique la source mais en prenant soin de rajouter que seuls les hommes ont le droit à l’accès.Le-puits-d-El-Omayr--l-eau-dans-la-tradition.jpg

- Mais … ! Ma femme, ma fille …elles ont aussi soifs ! C’est ma compagne de vie, et notre fille…

-Désolé cher Ami ! Telle est la loi de notre Ciel ! Les femmes n’ont pas accès à La source… C’est très compliqué C’était ainsi autrefois, et cela a toujours été …

 

Alors le marcheur déçu, se lève car même s’il a très soif, il ne veut pas être le seul à se désaltérer. Il refuse d’entrer et remercie le gardien, et reprennent le chemin.

 

Epuisés, assoiffés, à la sortie d’une grosse côte, les trois pèlerins arrivent à un autre endroit, dont l’entrée est marquée par une porte si vieille qu’elle en est rongée de partout.. Mais cette porte donne sur un joli sentier de terre parsemé d’arbres centenaires.

A l’ombre de l’un de ces arbres, il y a un homme couché, tête couverte par un chapeau de paille. Il doit certainement dormir sous ses brises de fraîcheur.

- Bonjour, dit le marcheur.

L’homme toujours couché répond par un geste de la tête.

- Nous avons très soifs, ma fille, ma femme, et moi-même.

- Il y a une source entre ces roches au carrefour, lui dit l’homme couché en indiquant du doigt le chemin. Vous pouvez boire toute l’eau que vous voulez.

L’homme, et les deux femmes s’en vont à la source et apaisent leur soif. Ils retournent alors remercier cet homme.

jesus-au-puit.jpg- Vous pouvez revenir si vous le souhaitez quand vous voulez, lui répond-il.

- Mais où sommes-nous au fait ?

- au CIEL.

- Encore le Ciel ?! Mais il y a quelques heures, nous avons rencontré un gardien protégeant une allée de marbre et d’une place d’or qui m’a dit que c’était le Ciel là-bas ! Je ne comprends pas ?

- Mensonge ! dit l’homme en se redressant. C’était l’Enfer !

 

Le marcheur reste perplexe et pensif… Il prend à nouveau la parole :

Vous devriez interdire qu’ils utilisent votre nom ! Cette fausse appellation est une tromperie et doit provoquer hélas de grandes confusions pour tous les gens perdus sur les sentiers !

 

- Au contraire ! reprit l’homme de l’arbre. En réalité, ils nous font une grande faveur ! Parce que tous ceux qui sont capables d’abandonner les êtres qu’ils aiment, quelque soit leur nature, restent là-bas…

 

Ici, nous vivons, en Esprit et vérité, quelque soit notre nature …

 

femmepretre.gif  mainjesus.jpg


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