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1944 - Les Yeux d'Elsa.

Publié le par Régis Vétillard

Geneviève

Lancelot reconnaît dépendre de plus en plus de Geneviève. Son désir, ses sentiments, son esprit sont résolument tournés vers elle.

Sur fond de crise à la Comédie Française, Lancelot, sa mère et Geneviève, assistent à une soirée en hommage à Molière. En fin de soirée, on parle beaucoup de Raimu qui va jouer dans le Bourgeois Gentilhomme. De nombreux artistes sont là, des chantres de la collaboration ( opposés à la politique actuelle de l'administrateur Vaudoyer) et des gradés de la Wehrmacht. L'officier allemand, amoureux de Geneviève est présent. Après une rapide inclination, il l'enlève et la tient fermement à ses côtés, malgré les regards désespérés de la jeune femme vers Anne-Laure et Lancelot.

Après avoir bu sa coupe, la Comtesse de Sallembier, s'approche du groupe des officiers allemands et prie, en allemand, de laisser Mademoiselle Geneviève T. libre d'être raccompagnée chez elle ; le militaire s'incline..

Georges Duhamel, offre à Lancelot, deux fascicules publiés en Suisse par Albert Béguin. Il s'agit de recueils de Poésies de Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa, et Brocéliande. Il lui parle en particulier de Béguin ; et souhaite qu'après la guerre, il puisse le rencontrer.

 

Albert Béguin dirige depuis 1942, Les Cahiers du Rhône, dans lesquels il publie la poésie d'Aragon, de Paul Éluard, Saint-John Perse, Jules Supervielle, Pierre Jean Jouve et Pierre Emmanuel. Il est professeur à l’Université de Bâle, en Suisse, et spécialiste, entre autres, du romantisme allemand, de Balzac et de la poésie médiévale; ce qui, s'apparente beaucoup au goûts mêmes de Lancelot.

 

''Les Yeux d'Elsa'' ont pu être diffusés en zone libre avant que l’armée allemande ne déferle dans le sud. Aragon s'était passionné pour la poésie française des origines, avec ses chansons de geste, romans courtois, poèmes des troubadours et des trouvères.

Elsa Triolet

Ainsi, Lancelot découvre en feuilletant l'ouvrage, des poèmes comme ''Chanson de récréance '', "Richard Coeur-de-lion" écrit en juin 1941, alors qu'Aragon et Elsa, avec Georges Dudach, arrêtés au passage de la ligne de démarcation, sont incarcérés à Tours, jusqu'au 17 juillet ; ou '' Lancelot '' chevalier de son pays.

 

En préface : '' Arma virumque cano ... '' (de Virgile, Eneide ) , ou '' « Je vais chanter la guerre et celui ( celle) qui...» allusion donc à la guerre, et à la France ( ou à Elsa). Tout lecteur, sait, censure oblige, qu'un texte peut en cacher un autre.

Dans le poème ''Les yeux d'Elsa'' ; Lancelot pense, aussi, à ce guerrier allemand amoureux, sans-doute désespéré : « Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire/ J’ai vu tous les soleils y venir se mirer / S’y jeter à mourir tous les désespérés... »

Les nuits, évoquent la guerre, de 14 à 40, « le bruit retrouvé du canon. » et la patrie perdue au travers des femmes aimées. L'occupation, c'est l'exil d'un temps qui n'est plus. Et les fêtes galantes ne sont qu'un carnaval de voyous-voyeurs.

Encore ce personnage de Peter Schlemihl ( Chamisso), qui vend son âme au diable, contre son ombre. Et ce chevalier, traversant le pont de Cé, soumis aux épreuves, et abandonnant ses armes.

Place aux ''plaintes'' : « Rien ne pourra calmer ce pauvre coeur vieilli / Et ni d'avoir perdu Victoire et mon pays. » ( Victoire est aussi la femme Vittoria ). Plainte pour les fusillés, des communards, et d'aujourd'hui.

L'amour du chevalier s'adresse au pays : « En étrange pays dans mon pays lui-même / Je sais bien ce que c’est qu’un amour malheureux. »

La Chanson de récréance, est pour le chevalier qui se rend à ''merci'' et se détourne de ses devoirs de chevalier pour s'adonner à l'amour ( comme Erec, amant d'Enide). Heureux temps, malgré tout. Richard cœur de lion, au retour de croisade, prisonnier, sauvé et reconnu grâce à une chanson, par son ami Blondel. «  Tous les Français ressemblent à Blondel / Quel que soit le nom dont nous l’appelions / La liberté comme un bruissement d’ailes / Répond au chant de Richard Coeur-de-Lion. »

Autre troubadour : Alain Borne, comparé à Bertrand de Born. « Vous me faites penser à ce poète qui s’appelait Bertrand de Born presque comme vous.

Alain Borne un pays sans borne / Ressemble à votre poésie / Où des demoiselles choisies / Comme au beau temps de l’unicorne / Attendent un Bertrand de Born.

Qui leur chante les raisons de vivre et d’aimer les raisons d’aimer et d’en mourir songez-y. »

Aragon, se dit : « Je suis ce chevalier qu'on dit de la charrette » ( Lancelot )

Le cantique à Elsa, est un chant religieux, en ce que l'amour est une religion.

À la fin de « Ce que dit Elsa » c'est par sa bouche, la pratique du double sens : « Tu me dis Si tu veux que je t’aime et je t’aime / Il faut que ce portrait que de moi tu peindras / Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème / Un thème caché dans son thème / Et marie à l’amour le soleil qui viendra. »

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1943-44 – La vie continue.

Publié le par Régis Vétillard

D'après la presse, Daladier, Blum et Gamelin, auraient été amenés en Allemagne. Les examens des étudiants pourraient être supprimés, ou réduits... On craint que ce soit pour les recruter en Allemagne. Les uniformes verts sont moins présents dans les rues.

Drieu se prépare pour un voyage en Suisse. Il y verra de Jouvenel. Y restera t-il ?

« Les communistes soutiennent De Gaulle contre les américains. Tout présage le succès du communisme.» annonce t-il.

Sur '' Radio-Paris'' Hérold-Paquis dans sa chronique, décrit l'arrivée, à Alger, du communiste André Marty ( venu de Moscou), comme l'annonce d'une répression sanguinaire.

En Afrique du nord, se joue le destin de la France et Giraud soutenu par les américains, aurait laissé la place à De Gaulle.

''Le Matin'' du 18 septembre 1943, annonce « la condamnation à mort de Pierre Pucheu, ancien ministre de l'Intérieur du défunt Darlan » avec ce titre : '' Rien ne sert de trahir...''. Le bruit avait couru qu'il avait rejoint Giraud.

 

Durant l'été 1943, un million d'exemplaires du 6ème et dernier tract de la Rose Blanche, ont été dispersé sur le territoire allemand, par l'aviation anglaise. Ainsi, ce n'est pas la ''Pierre'' qui a été lâchée sur l'Allemagne, mais les pétales de la ''Rose''...

Cependant les recherches de la Pierre, sont toujours en cours; et entretiennent dans le public, la crainte du cataclysme nucléaire...

 

Daniel-Rops

Le 20 juillet 43, l'entière édition de '' L'Histoire sainte – Le peuple de la Bible '' de Daniel-Rops ( Fayard) a été saisie et détruite par la Gestapo ! Trois jours avant, un article de René Gerin (*), dans le journal collaborationniste L'Œuvre de Marcel Déat écrivait : « Dans sa conclusion. M. Daniel-Rops, s'en tenant au seul plan historique, développe trois observations. Il s'étonne, d'abord, qu'Israël ait traversé les siècles sans jamais disparaître : « Jusqu'à nos jours, déracinée de sa terre, dispersée dans le monde, la race héritière et infidèle continue son existence indestructible, comme une écharde dans la, chair vive des nations, qu'elle inquiète et qu'elle oblige à s'interroger. » En second lieu. M. Daniel-Rops marque le caractère progressif du développement de cette histoire, depuis le monothéisme d'Abraham jusqu'au principe de la loi de Moïse, et à la métaphysique et à la morale des prophètes, qui préparent le christianisme. Troisième observation : le témoignage d'Israël, si grand qu'il soit, apparaît Inachevé. Pour lui trouver sa conséquence logique, M. Dandel-Rops répète avec saint Paul : « Finis enim Legis, Christus » ( Christ est la fin de la loi) et, avec Pascal : « Jésus-Christ, que les deux Testaments regardent, l'Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre. ».

(*) René Gerin, est membre, comme Robert Denoël, de ' La Ligue de pensée française ', une organisation de gauche plutôt favorable à la collaboration avec l'Allemagne.

 

René Barjavel

Paru en mars 1943, chez Denoël, « ''Ravage'' de M. René Barjavel porte en sous-titre : roman extraordinaire. En effet, et Dieu merci, l’action n’en est pas ordinaire. Elle se passe en l’an 2052. La civilisation matérielle est arrivée à un stade que chacun peut imaginer comme il lui plaît et que M. René Barjavel Imagine, lui, avec un humour féroce, d’autant plus féroce qu’il ne sera peut-être pas toujours perçu. Par exemple, quand il glisse une phrase de ce genre : « La technique du plastec (un nouveau matériau) avait permis de pousser très loin l'imitation de la nature, objet suprême de l'art. » Suit la description d’une statue des temps futurs qui imite la nature... à fond, si j’ose dire! Je recommande aussi la page où il est question des biftecks aux pommes, débités en série : viande et légumes artificiels, bien entendu, les biftecks sont taillés élans une « mère » qui se reconstitue au fur et à mesure. Bref! c’est le triomphe de la rationalisation. Et brusquement la catastrophe. » La Croix du 15 mai 1943. Ce journal regrette le traitement que l'auteur fait du christianisme, et de l'image du Christ dans un asile d'aliénés.

Dans ''Je suis Partout '' du 24 septembre 1943, commence la parution en feuilleton du nouveau roman '' extraordinaire '' de Barjavel : le Voyageur Imprudent.

 

Le 11 octobre 1943, Lancelot et sa mère assistent à la première de ''Sodome et Gomorrhe'', pièce de Giraudoux, au théâtre Hébertot, avec Edwige Feuillère et Gérard Philipe . Beaucoup de monde. Ils croisent Valéry, accompagnée de sa femme Jeannie, qui se plaint de la longueur des tirades.

Dans le thème repris de la Genèse - Sodome serait sauvé par la présence d'un couple uni, à défaut de dix justes - Lancelot y voit la description d'une fin du monde, représentée par un divorce entre l'humain et la nature, et ici, entre l'homme et la femme. C'est vrai, cette pièce est difficile, sombre.

Anne-Laure a rencontré Giraudoux à plusieurs reprises, en particulier avec le Dr Karl Epting de l'Institut allemand, qui obtenait pour divers écrivains ( comme François Mauriac) des titres de libre circulation entre les deux zones.

Giraudoux fuyant le foyer morose d'avec son épouse Suzanne, habite à l'hôtel. Il a rompu avec sa maîtresse de 1936, qui n'est autre que Jeanne L.

Quelle surprise de de voir publier chez Denoël un ouvrage de Lanza del Vasto, Le Pèlerinage aux sources ; un récit de son voyage aux Indes et de son expérience auprès de Gandhi et de maîtres indous.

 

Le peintre Maurice Denis - catholique, proche de l’Action Française - a été tué par une automobile boulevard St-Michel. Il avait démissionné du ''Comité d'organisation professionnelle des arts graphiques...'' en évoquant qu'il préférait travailler dans un «  régime de la liberté ». Il avait même rejoint avec des communistes le Front national des arts. Anne-Laure de Sallembier, se rend à ses obsèques à l'église paroissiale de Saint-Germain ( 19 nov 43). M. Denis, très attaché à Bergson, était dans son esthétique symboliste très proche des intuitions du philosophe. A partir de ces deux personnalités, nous pourrions évoquer, le temps, la durée, l'image mentale, l'intériorité, le signe et la figure du féminin...

 

Le dimanche 9 janvier 1944, Anne-Laure et Geneviève emmènent Lancelot au Cinéma pour marquer son anniversaire ( le 10 janv.). Elles ont porté leur choix sur '' le Colonel Chabert'' avec Raimu et Marie Bell, au Cinéma Marivaux. Lancelot et sa mère sont des passionnés de Balzac. Plusieurs adaptations ont servi ce romancier, dont la Duchesse de Langeais en 42. Le décalage historique, la romance permettent d'échapper au contexte de l'occupation.

Le spectateur s'attendrit sur le destin de Chabert ( bien servi par Raimu ) ; bien sûr ; mais, dans le film sa femme se retrouve dans l'obligation de défendre ses enfants et sa famille ( influence sans-doute de la politique familiale de Pétain). Nous entendons Raimu glorifier sa patrie ; et nous l'entendons conclure bizarrement : « Pour famille, la France. Pour père, l’empereur ! Ah !... s’il était là, celui-là ! Il n’aurait pas permis ! Notre soleil s’est couché ! Nous avons tous froid maintenant ! » . Cependant, n’apparaît pas à l'écran, le bellicisme de Napoléon, ni lui-même.

Si ce n'est le plaisir de voir les acteurs, d'apprécier la reconstitution de l'époque Restauration, d'être au cinéma face à la charge d'Eylau ; l'adaptation littéraire semble bien pauvre en comparaison du roman.

 

Jacques Bergier restait discret sur ses activités ; mais Lancelot sut qu'il fit passer certaines informations reçues à Londres, qui concernaient la base de Peenemünde - dans l’île d’Usedom au nord de l’Allemagne, sur la mer Baltique - où s’effectuaient les études et les expérimentations de fusées V2 ( V pour Vergeltungswaffe – arme de représailles) et d’après les rumeurs qui circulaient, devait effectuer une destruction totale dans un rayon de vingt kilomètres lors de son impact.

Un raid aérien britannique sur Peenemünde est organisé la nuit du 17 au 18 août 1943.

Jacques Bergier a été arrêté le 23 novembre 1943, à Lyon, par la Gestapo, et déporté à Mathausen.

Dans le journal ( La Croix du 6-janvier-44), Lancelot apprend la disgrâce du général de La Porte du Theil : il avait participé à la création des ''Chantiers de la jeunesse'' en souhaitant y insuffler les ''valeurs militaires''. Quelques jours plus tard, des personnes bien informées annoncent qu'il a été arrêté par la Gestapo. Dans le même journal, en deux lignes, le lecteur apprend que la « G. Q. G. du nouveau commandement suprême « allié » pour l'invasion de l'Europe à l'Ouest, sera établi à Londres. » Chacun, croît à l'offensive alliée; et qu'elle sera victorieuse, mais quel en sera le coût humain ?

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1943 - La Pierre et La Rose Blanche

Publié le par Régis Vétillard

A l'occasion de lectures et de préparations de synthèses scientifiques, l'intimité qui s'est établie entre Lancelot et Geneviève, passent de l'esprit au corps. Cette nouvelle situation pourrait être simple et heureuse, si Geneviève ne pouvait cacher un évènement récent dont elle jure d'en avoir été la victime. Depuis, deux ou trois mois, un officier allemand la poursuit de ses attentions. La semaine dernière, Geneviève a accompagné l'officier; dans une soirée dont elle ignorait le contenu. Dans un appartement cossu et bien chauffé, deux jeunes femmes françaises étaient les compagnes de deux allemands. Finalement, la soirée joyeuse et arrosée, s'est achevée, à deux, dans une chambre. Elle se souvient à peine de cette relation forcée. Elle regrette tant !

Werner Heisenberg

 

Par l'intermédiaire de l'équipe de Gentner, Anne-Laure de Sallembier reçoit une copie d'un manuscrit du physicien allemand, Werner Heisenberg de l’Institut de Physique Kaiser-Wilhelm de Berlin. Des scientifiques français souhaiteraient en avoir la traduction.

Werner Heisenberg fait partie avec Louis de Broglie, Schroedinger, Pauli, Dirac, Eisntein... de ces physiciens qui ont fait de la théorie des quanta, ce que l'on a appelé : la mécanique ondulatoire.

Nous savons que les nazis, en 1941, s'en étaient pris grossièrement à Heisenberg, en le traitant d' « Ossietzky de la physique » ( Ossietzky était un pacifiste, opposant nazi et Nobel de la paix 1936) parce qu'il enseignait la relativité. L'Allemagne, ne pouvant se défaire de tous ses savants, il fut réhabilité ; et même utilisé comme éminence culturelle, pour gagner des élites du Danemark, de Pologne, des pays-Bas à la collaboration.

 

Kurt M. a fait partie de ces militaire de la Wermacht qui ont constitué l'équipe de Gentner au Collège de France. Gentner - jugé trop proche des français - a été rappelé en Allemagne ; mais son équipe est restée et remplacé par Wolfgang Riezler, et Herbert Jensen ( que Gentner a présenté comme un ami) . Ni Anne-Laure, ni Lancelot, n'avait rencontré Kurt M. Un matin, en civil, l'homme se rend à leur domicile. Après qu'il se soit présenté, et donné suffisamment de détails sur les personnes dont il se réfère, il prie la comtesse de l'écouter. La Gestapo est chargée aujourd'hui même de l'arrêter. Il assure avoir pris ses précautions, pour ne pas avoir été suivi; et après s'être exprimé; il disparaîtra ne voulant à aucun prix leur attirer des ennuis.

Après que sa mère ait accepté de le recevoir, Lancelot découvre l'homme et avec stupeur reconnaît celui qu'il avait secouru au château d'Uriage. Il s'était nommé '' Lithargoël '', n'avait laissé de sa présence que deux cartes du tarot ( le Fou et l'Empereur) ; et semblait être à la recherche d'une pierre ; pourquoi ? «  Nur die Rose kann... ( Seule la rose peut...) avait-il ajouté. Le matin, il était disparu. ( voir : L'Ecole d'Uriage -3- Lithargoël - Les légendes du Graal (over-blog.net) )

L'homme parle très mal le français, et préfère s'exprimer en allemand.

 

Kurt Müller a fait une partie de ses études avec Werner Heisenberg à l’Institut de Physique Kaiser-Wilhelm. Avec d'autres jeunes gens, ils ont des contacts avec des étudiants de différentes universités allemandes, dont Munich où ils ont fondé un mouvement de résistance appelé ''Die Weiße Rose'', la Rose Blanche. L'idée était d'organiser les mêmes actions, et distribuer des tracts dénonçant la guerre, le sort des juifs et le régime nazi. L'objectif est de provoquer une prise de conscience.

Heisenberg lui-même est au courant de l'initiative de ces jeunes, et prononce à dessein les mots de « Weiße Rose » quand il peut... Il fait d'ailleurs allusion au mouvement dans le manuscrit qui vous a été remis.

Müller est incorporé en février 1943 dans la Wehrmacht en France dans le cadre du service militaire.

Kurt M. tient à faire savoir que plusieurs scientifiques allemands, dont Gentner, mais aussi Walther Bothe qui construisent à Heidelberg, le premier cyclotron allemand, empêcheront toute utilisation militaire par les nazis. W. Bothe fait partie du projet allemand d’énergie nucléaire, également connu sous le nom d’Uranverein (Club de l’uranium). De plus, Gentner tient informé de l'état de ce programme son collègue physicien suisse Paul Scherrer qui fait passer l'information aux américains.

Lancelot l'interroge sur le physicien Von Weizsäcker, dont on dit que protégé d'Heisenberg, il serait très engagé pour fabriquer l'arme nucléaire ? Kurt assure qu'ils ne travaillent pas pour faire la bombe ; l'équipe d'Heisenberg est engagée sur la voie de la connaissance ; ils tachent de savoir si des réactions en chaîne sont possibles. D'ailleurs, l’économie de guerre allemande serait incapable de mobiliser les ressources nécessaires.

L’équipe de la Rose blanche. De gauche à droite  Hans et Sophie Scholl et leur ami Christoph Probst. Juillet 1942

 

Malheureusement - la presse allemande faisait déjà état du “dangereux état d’esprit” de la jeunesse estudiantine – nous avons appris « le procès de trois étudiants. Christoph Probst, Hans Scholl et Sophie Scholl, le 22 février 1943, condamnés à mort et exécutés à Munich pour la diffusion de tracts anti’hitlériens. Deux ouvriers de Freiburg. coupables de ne pas les avoir dénoncés. et une femme de Stuttgart qui leur avait fourni des fonds, ont été condamnés à 10 ans de prison. Ces étudiants étaient les fondateurs de ''la Rose Blanche ».

Thomas Mann vient de saluer à la BBC ces « courageux et magnifiques jeunes gens ». « Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés ».

A présent, nous avons le projet de faire disperser par l'aviation anglaise, sur le territoire allemand, des exemplaires du 6ème et dernier tract de la Rose Blanche. En voici la copie, nous savons que vous avez la possibilité de le faire passer en Angleterre.

 

Anne-Laure de Sallembier fait la transposition des paroles de Kurt M. avec ce qu'elle sait et peut, elle, en dire :

La pierre représente la bombe, et la rose la connaissance. Heisenberg expliquait que la motivation de ses recherches, n'étaient pas la pierre, mais la rose blanche. Le pierre sert à construire, mais aussi peut être utilisée comme une arme.

Les pierres ne sont pas des masses inertes ; elles peuvent être liées au ciel, d'où elles tombent. La pierre du Graal est tombée du front de Lucifer.

De la pierre peut naître la vie, Les évangiles parle de la transformation de pierre, en pain.

La rose peut être l'image de l'âme, de la connaissance pure ( blanc), de l'amour de la connaissance.

La rose blanche, pour un alchimiste renvoie au ''petit œuvre'', le premier pas vers la pierre philosophale ( l’œuvre au rouge)

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La machine idéale : la chaleur, une énergie disponible.

Publié le par Régis Vétillard

le Petit Journal - 4 février 1943

Geneviève se passionne pour les sciences physiques ; elle est assez étonnante à persévérer, au-delà du raisonnement expérimental, dans sa traduction mathématique. Elle remplit d'une écriture soignée, des pages de calculs, assimilant le calcul différentiel et intégral. Elle a plaisir à côtoyer les infiniment petits et leurs variations. Geneviève est aussi de plus en plus présente auprès de Lancelot, elle l'accompagne dans ses laborieuses et fatigantes sorties dans Paris. Il est reconnaissant, à sa mère, mais aussi à Geneviève, de lui faire oublier, non pas la guerre, mais la défaite. Il sent poindre à présent, les beaux jours.

Lancelot interroge sa mère, sur cet officier allemand, qui pressait de près Geneviève. Anne-Laure, ennuyée d'avoir été la cause de cette rencontre, a abordé ce sujet avec elle ; et, la sent très gênée d'en parler. Elle croit comprendre qu'il se dit très amoureux d'elle; il est très attentionné, mais elle n'éprouve aucun sentiment pour lui. Elle espère pouvoir terminer cette relation très vite.

La mère de Lancelot, pense, que vis à vis d'elle, il serait juste que Lancelot se décide à clarifier ses propres sentiments.

Conference de Téhéran_1943

 

La défaite de l'Allemagne devant Stalingrad ( 2 février 1943) - Les américains en Afrique du Nord ... - Roosevelt, Churchill et Staline – se rencontrent à Téhéran en novembre 1943 .

Chacun attend la nouvelle d'un débarquement massif des anglo-américains ; c'est ce que, les bombardements sur Rouen, Rennes, Le Mans, signifieraient. 

Si nous prenions beaucoup de hauteur dans le temps, pourrions penser que la guerre est une loi de la nature ? Allons encore plus loin et interrogeons-nous ( plus tard...) sur l'hypothèse que le conflit pourrait être '' une réaction à la croissance de l’entropie irréversible que subit toute structure en non-équilibre thermodynamique. ''

 

Revenons à Pierre de Launay, et à sa présentation toute personnelle et passionnée, des fondamentaux de la thermodynamique.

Il fait très froid. Économiser l'énergie devient un objectif primordial lorsque les ressources en bois et en charbon s'épuisent, comme en ce temps de guerre.

'' La chaleur est une énergie qui est à notre disposition...'' En 1943, il est difficile d'entendre pareille chose, alors que tous les parisiens souffrent, l'hiver, de froid !

Dans tout corps, les molécules bougent et créent une énergie sous forme de chaleur. Cette énergie pourrait être canalisée, à l'aide d'une machine...

Pour réfléchir à cela, il nous faut revenir à Sadi Carnot (1796-1832). A l'époque, les ingénieurs sont sollicités pour déterminer quelles sont les conditions dans lesquelles une machine thermique produit ''le plus'' en consommant ''le moins''.

Sans entrer dans le détail de fonctionnement d'une telle machine, tentons de comprendre quelques principes.

Les principes de la thermodynamique ne sont pas encore posés. Mais, déjà, pour Carnot, la chaleur est un fluide et non un combustible ; « La puissance motrice est due, dans les machines à vapeur, non à une consommation réelle de calorique, mais à son transport d'un corps chaud à un corps froid (…) Il ne suffit pas, pour donner naissance à la puissance motrice de produire de la chaleur : il faut encore se procurer du froid, sans lui, la chaleur serait inutile. » ( Réflexions... 1824)

 

C'est cette circulation d'énergie thermique depuis la source chaude vers la source froide qui va être converti en travail.

Sa machine ''idéale'' comprend

- Un cylindre fermé ( parfaitement isolé), avec dedans : une ''substance agissante'' : un gaz.

- Un piston mobile ( sans frottement) son déplacement nous permet de récupérer un travail.

- Un corps chaud ( un foyer...),

- un corps froid ( un condenseur).

Le gaz va être chauffé par une source chaude et refroidi par une source froide. Les changements de température sont causés également par l'expansion et la compression du gaz.

Un exemple de cycle de piston, dans lequel il manipule la chaleur afin d'effectuer un travail utile

De Launay, grâce à une petite animation en papiers de couleurs, énonce à la petite assemblée la litanie de la magie du ''cycle de Carnot'' : « Le gaz est compressé fortement, sa pression et sa température augmentent : la pression du gaz est alors supérieure à la pression atmosphérique, le piston veut revenir en arrière pour équilibrer, la température du gaz aura tendance à diminuer puisque le volume augmente ; mais si j'apporte une source chaude le gaz légèrement plus froid va récupérer de l'énergie, la température du gaz ne varie pas, sa pression diminue peu, le piston continue de reculer. A ce moment, je supprime la source chaude, le gaz a un gros volume, à haute pression, pour équilibrer la pression le piston continue de reculer mais n'ayant plus d'apport d'énergie de la source chaude, la température et la pression diminuent fortement. Nous arrivons au point où le gaz a un gros volume à faible température et à faible pression, et le piston repart dans l'autre sens pour équilibrer la pression avec la pression atmosphérique. A présent, j'ajoute la source froide, le gaz se comprime mais sa température ne change pas car il refroidit par la source froide, la pression augmente très peu, le piston continue de reculer. Arrive le moment où je coupe la source froide, le gaz a un petit volume à faible température et à faible pression ; à ce moment-là le gaz va être comprimé par le piston pour revenir au point de départ; c’est à dire à un petit volume à haute température. » Le ''bidouilleur'' de génie regarde chacun. C'est magique ! Le physicien nous prévient : cette machine idéale n'existe pas. Cette façon cyclique de convertir de la chaleur en travail mécanique, a ses limites et ses pertes d'énergie...

 

- Une machine thermique peut-être un moteur, ou un système à produire de la chaleur.

- Si une machine peut nous chauffer, pourrait-on inventer une machine à faire du froid ?

- A priori oui... Imaginons notre fluide qui conduit la chaleur... S'il est plus froid que l'intérieur de la machine, la chaleur va passer du chaud au froid, le fluide se réchauffe, et l'intérieur de la machine se refroidit... Le sens des transferts thermique n'est alors pas naturel, et il est possible que si l'on fournit de l'énergie au système.

Ce fluide pourrait être un gaz ; et nous savons qu'un gaz fortement comprimé, qui ensuite se détend a pour conséquence de le refroidir... Seulement comprimer très fortement ce gaz ( pour ensuite le détendre) , libère de la chaleur qu'il faut évacuer...

- Donc inversement ; si on confine dans un espace, cette évacuation de chaleur, on refroidirait l'extérieur... ? Ne serait-ce pas une piste pour nous faire une machine à faire du chaud. Resterait à voir, si ce serait économique... ?

De Launay, en est persuadé, la Thermodynamique est la science du futur : science de la chaleur, et science des grands systèmes en équilibre.

Nous aurions deux certitudes à effet négatif : l'augmentation de l'Entropie, et les limites de notre planète. A effet positif, nous bénéficions de la chaleur, de l'énergie du soleil ( infinie, à notre échelle) et un univers en expansion ( assez vaste pour y rejeter ce que la vie ''dissipe''.)

Notre planète est une machine thermique ; elle mériterait pour sa sauvegarde d'être pilotée par un gouvernement mondial, pour une gestion optimale des crises... De Launay, parle de dissiper de l'énergie avec efficacité ; et imagine un même vocabulaire pour les sciences dures et les sciences humaines...

 

A ce moment de ce parcours scientifique ; il me paraît essentiel de parler d'Albert Einstein ( 1879-1955)

C'est devant l'entrée du Grand hôtel Curhaus de Davos, que Lancelot avec Elaine, rencontrèrent le grand physicien et prix Nobel, Albert Einstein ; c'était à l'occasion des Cours universitaires de Davos, de 1928. Il se souvient en particulier de ces échanges entre Albert Einstein et Paul Tillich.

C'est ici : 1928 Davos - 2 - Albert Einstein et Paul Tillich - Les légendes du Graal (over-blog.net)

et 1928 Davos - 3 - Albert Einstein et Paul Tillich

 

Rappelons-nous :  « Il n’y a plus rien à découvrir en physique ­aujourd’hui. » ( Lord Kelvin, 1900), éventuellement quelques précisions à faire... Sur la composition de l'éther, par exemple...

Les communications, les transports, l'énergie avec l'électricité … Tout était à portée.

Pourtant, tout ceci, ne concernait que le monde macroscopique, et à échelle humaine. La structure de la matière, demeurait inconnue.

Jusqu'à ce que Einstein révolutionne la physique... !

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Quel lien entre la Réalité et la théorie physique ?

Publié le par Régis Vétillard

Frédéric Joliot

Frédéric Joliot, au sein de l'université, mène une vie clandestine qui s’avérera critique par la présence d'un agent double... Ses rencontres avec d'autres intellectuels, les entraînent à réfléchir aux conséquences de découvertes comme la fission de l'atome. Certains sont attirés par le régime soviétique.

Joliot travaille sur le cyclotron ; il prépare les '' jours d'après '' et prévoient la construction de ''générateurs de projectiles transmutants'', et la formation des hommes qui devront les fabriquer.

Il republie des notes sur les réactions nucléaires, et la radiobiologie.

Joliot est persuadé que les allemands ne sont pas prêts à fabriquer une bombe nucléaire, ils ont fait peu de progrès sur l'uranium ; ils n’utilisent pas le cyclotron pour des projets militaires. Par ailleurs, il a su compter sur Gentner, qu'il qualifie d' ''anti-nazi'' ; qui a été rappeler à Heidelberg parce que trop ''proche'' des français; et sur Hans Jensen qui vient d'arriver et que Gentner lui a présenté comme un ''ami'' ; à la différence de Wolfgang Riezler, chargé de le remplacer à la tête de l'équipe.

 

La mère de Lancelot ne peux cacher longtemps, à son fils, le fond de sa pensée. Elle imagine volontiers pouvoir le marier, elle lui rappelle son âge, sa difficulté - suite à son accident - à être tout à fait autonome. Geneviève serait parfaite, ne lui conviendrait-elle pas ?

Lancelot, il est vrai est sensible aux attentions qu'elle lui prodigue. Il remarque sa beauté, même s'il transparaît derrière la régularité des traits, une certaine dureté... Elle n'eut pas une enfance facile : orpheline, des merciers lui offrent famille et travail dans leur commerce. Affaire d'autant plus prospère que le père assure les achats des trois magasins, tout en travaillant comme fondé de pouvoir-acheteur pour un grand magasin de nouveautés à Casablanca.

Lancelot arrive à marcher avec des béquilles. Son chirurgien, se félicite de ces résultats, alors qu'il a hésité sérieusement à procéder à l'amputation du pied droit. Les salons scientifiques se tiennent toujours le jeudi après-midi, avec parfois la visite de chercheurs. Ainsi Pierre de Launay, polytechnicien et thermodynamicien qui a bien connu Pierre Duhem et - curieusement - s'est intéressé avec lui à la ''science de la nature''... au Moyen-âge.

Duhem mêlait physique et métaphysique : « Il serait déraisonnable de travailler au progrès de la théorie physique, si cette théorie n’était le reflet de plus en plus net et de plus en plus précis d’une Métaphysique ; la croyance en un ordre transcendant à la Physique est la seule raison d’être de la théorie physique. » disait-il. Nous reparlerons - avec lui - du Moyen-âge...

Pierre Duhem

Pour Pierre Duhem, les théories physiques ne relient pas les phénomènes à leurs causes réelles et ne révèlent rien du monde réel. Maritain retient cette idée, pour les mathématiques du fait de son abstraction, - et il est vrai que la science prend de plus en plus une forme mathématique...- , mais il lui semble que la structure de la physique dépend de la matière et ne peut qu'adhérer au réel … 

Pour Duhem, dire que la matière est composée d’atomes, c’est tomber dans une métaphysique atomiste … Pour lui, le tableau de Mendeleïev est un système de classification qui rend compte des expériences de chimie, pas de la réalité ultime de la matière. 

De quelle nature est la réalité ? Duhem répond : - cette question ne relève pas de la méthode expérimentale ; celle-ci ne connaît que des apparences sensibles et ne saurait rien découvrir qui les dépasse. La solution de ces questions est transcendante aux méthodes d'observation dont use la Physique ; elle est objet de Métaphysique.

Il serait important de préciser le lien entre physique et métaphysique...

Quelle est donc la fonction d’une théorie physique, si ce n’est pas dire ce que c’est que la réalité ?

Duhem donne plusieurs réponses :

1. Une théorie physique permet l’économie de la pensée. C’est une idée que Duhem reprend à E.Mach,

2. un système de classement de nos expériences,

3. mais ce classement n’est pas arbitraire ; sa capacité prédictive montre qu’il doit refléter un ordre naturel.

 

Une loi physique comme U=R*I, n'explique rien. Elle se contente ( et c'est beaucoup...) de modéliser ce qui se passe, de permettre des calculs et faire des prévisions ( avec u=ri et p=ui, je peux calculer le temps nécessaire à chauffer mon café)

« Les grandeurs sur lesquelles portent les calculs ne prétendent point être des réalités physiques. » Duhem.

Poincaré lui-même écrivait : « Les théories mathématiques n'ont pas pour objet de nous révéler la véritable nature des choses ; ce serait là une prétention déraisonnable. Leur but unique est de coordonner les lois physiques que l'expérience nous fait connaître, mais que sans le secours des mathématiques nous ne pourrions même énoncer.

Peu nous importe que l'éther existe réellement, c'est l'affaire des métaphysiciens ; l'essentiel pour nous c'est que tout se passe comme s'il existait et que cette hypothèse est commode pour l'explication des phénomènes. Après tout, avons-nous d'autre raison de croire à l'existence des objets matériels. Ce n'est là aussi qu'une hypothèse commode ; seulement elle ne cessera jamais de l'être, tandis qu'un jour viendra sans doute ou l'éther sera rejeté comme inutile. » (La science et l’hypothèse , chap. XII).

La science décrit, elle n'explique pas. Elle décrit avec plus ou moins de précision, ainsi ce qu'il en est des lois de Newton, ou de la notion d' '' éther'' … !

Il ajoute : « Loin de là, sans ce langage ( mathématique) , la plupart des analogies intimes des choses nous seraient demeurées à jamais inconnues ; et nous aurions toujours ignoré l'harmonie interne du monde, qui est, nous le verrons, la seule véritable réalité objective.

La meilleure expression de cette harmonie, c'est la loi ; la loi est une des conquêtes les plus récentes de l'esprit humain ; il y a encore des peuples qui vivent dans un miracle perpétuel et qui ne s'en étonnent pas. C'est nous au contraire qui devrions nous étonner de la régularité de la nature. » ( H. Poincaré, La valeur de la science 1906)

Il est donc difficile d'affirmer q.q.ch. sur la nature du réel ''en soi'', la théorie physique ne serait qu'une classification de nos représentations.

Pourtant...

Einstein pense pouvoir élaborer une théorie unique pour expliquer comment le monde s'organise à l'aide de lois élémentaires et universelles. Avant d'en parler. Je voudrais en rester à la thermodynamique, parce que notre polytechnicien Pierre de Launay souhaite nous entretenir de découvertes pour lui essentielles quant à notre besoin d'énergie.

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L'Unité des forces du Monde

Publié le par Régis Vétillard

- N'avons-nous pas imaginé que le monde était rationnel, et que ses lois s'imposaient ?

Je ne parle pas qu'en physique ; je pense davantage à la gestion de l'Etat.

- Notre chef nous demandait alors de lui donner cartes blanches, pour assurer - autoritairement si nécessaire – la gestion technocratique de l'Etat français. La ''Révolution Nationale '' c'est le rejet de la démocratie et du libéralisme ; le pouvoir populaire devant s'identifier à un dirigeant fort. Pétain prétendait exécuter sans détours et sans délais « ce que le peuple veut ».

Parler du fascisme avec Drieu c'est attirer sa colère sur le régime français. Pour lui, il s'agissait d'une vision du monde cohérente et esthétique (!) ; il en parlait en 1934 dans un essai intitulé « Socialisme fasciste » ; une époque où l'Italie de Mussolini, pouvait en être le modèle.

« Le libéralisme niait l’État, dans l’intérêt de l’individu ; le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu. » ( B. Mussolini, La Doctrine du fascisme, 1938.) 

Et pour en revenir aux loi de la physique de la nature : Oui, la doctrine fasciste affirmait que les peuples étaient soumis aux « lois de la nature », aux lois originelles de tous les êtres humains en lutte entre eux pour la survie et l’expansion. ( Ezio Maria Gray, politicien fasciste italien)

Dans ces lois, ''la force'' serait l’élément essentiel : la nature se caractérise par ses forces.

Dans la presse, on parle de pouvoir libérer une énorme quantité d'énergie, en faisant exploser le noyau d'un atome... ! Edmond Blanc dans '' le Jour'' en conclut : « On dit qu’il ne faut pas jouer avec le feu. Il ne faut peut-être pas davantage jouer avec l’énergie colossale enfermée dans les atomes, petits univers scellés par les forces de la Nature. »

Prenons du recul, avec la Physique, encore.... Nous sommes 4 siècles avant J.C. ; la structure de notre monde, est pensée autour des 4 éléments, la terre, l'eau, l'air et le feu. Ces éléments se combinent par attraction ( amour ) ou répulsion ( haine). Aristote associe à la matière 4 qualités : le chaud, le froid, l'humide et le sec. Exemple, le feu est chaud-sec, l'air est humide-chaud, l'eau froide et humide et la terre froide et sèche...

Pour René Descartes ( 1596-1650), le monde est ''plein'' : l'action créatrice de Dieu repose sur la matière qui doit emplir tout l'espace. Ce monde plein ( le ''vide'' n'existe pas) est composé de trois éléments, l'éther, le feu, la terre. Blaise Pascal va lui, expérimentalement, admettre l'existence du vide.

L'Unité de la nature de Kant, inspire des scientifiques qui travaillent sur l'électricité et le magnétisme.

« La nature, c'est l'existence des choses, en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles. ». Et, si Kant dit «  unité de la nature », il ne s'agit pas de réalité en soi, il s'agit d'une « unité nécessaire, certaine à priori, de la liaison des phénomènes. » Car « l’entendement ne puise pas ses lois (a priori) dans la nature, mais les lui prescrit » ( Prolégomènes, 1783 ) .

 

En 1820, Ørsted met en évidence la relation entre l'électricité et le magnétisme. La loi d'Ampère la plus connue est celle de l'électrodynamique. Elle décrit les forces que deux conducteurs parallèles parcourus par des courants électriques exercent l'un sur l'autre.

Il est possible d'envisager que les forces « électrique » et « magnétique » puissent être en fait unifiées, et Maxwell propose en 1860 une théorie générale de l'électromagnétisme classique, qui pose les fondements de la théorie moderne.

 

A ce propos, Feymann qui participera au projet Manhattan ( la course à la bombe atomique, avant les nazis..) dira que l’événement marquant du XIXe siècle sera d'avoir établi les fameuses ''4 équations de Maxwell '', qui expliquent des phénomènes comme l'électricité, le magnétisme et la lumière.

Depuis 1884, elles sont là : ( pas de panique …)

1 Une charge électrique génère un champ électrique autour d'elle.

2 Le champ magnétique est engendré par une configuration en ''dipôle''. Il est impossible de séparer les pôles Nord et Sud d'un aimant.

3 Si on fait varier le flux magnétique dans un circuit, ça provoque un courant électrique dans ce circuit ( Loi de Faraday).

4 Un courant provoque un champ magnétique.

Ces 4 équations expliquent tout l'électromagnétisme ! Les physiciens vont rapidement se rendre compte que les ondes lumineuses ne sont autres que des ondes électromagnétiques.

 

Wilhelm Ostwald ( Professeur à l’université de Leipzig ) suggère une autre piste : celle de reconstruire la physique sur la base des deux principes de la thermodynamique : le principe de conservation de l’énergie et celui d’entropie.

Ostwald, en 1895, prétend que le concept de matière, lié à une interprétation mécaniste de la nature, est périmé. «  dans le monde de la mécanique rationnelle, il n'y a ni passé, ni avenir au même sens que dans le notre. L'arbre peut redevenir graine, le papillon chenille... Pourquoi ces faits ne se produisent-ils pas dans la réalité ? La théorie mécanique ne l'explique pas ; le fait que, dans la nature réelle, les phénomènes ne sont pas réversibles, condamne sans appel le matérialisme physique. »

L'énergie est un invariant de l'Univers, régissant l'ensemble des phénomènes physiques. Pour Ostwald tout est énergie.

 

Pierre Duhem (1861-1916), s'était lié d'amitié avec Paul Painlevé ( ami d'Anne-Laure...), qu'il avait rencontré à l'Ecole Normale Supérieure. Son opposition au chimiste Marcelin Berthelot et son anti-républicanisme, seront des obstacles à sa nomination à Paris. Il part pour Bordeaux. Anti-dreyfusard, il se brouille avec Painlevé ( 1894).

La plupart des contemporains de Pierre Duhem - en France notamment - se proposaient de réduire les phénomènes chimiques à la mécanique ; lui, les rapportait à la thermodynamique. Et, donc en opposition au projet de réduction mécaniste des atomistes, comme Boltzmann.

Duhem considère que l'entropie ne peut être représentée par une combinaison de seuls concepts mécaniques.

Pourtant, en 1909, Otswald va admettre que Jean Perrin avec son article '' Mouvement Brownien et réalité moléculaire '' a apporté la preuve expérimentale de la structure atomique de la matière.

Thomson et Clausius formule l'Entropie par des interdictions : - ''un système ne peut produire un effet mécanique en extrayant de la chaleur de l'objet le plus froid avec lequel il interagit''. - '' Il n'existe aucun processus qui aurait pour seul effet un transfert de chaleur d'un corps froid vers un corps plus chaud.''

L'entropie se présente sous forme d'irréversibilité de flèche du temps, de dégradation. Lors du freinage d'une voiture son énergie cinétique se dégrade en chaleur dans les freins.

 

Maxwell et Boltzmann ( encore eux...!) vont formaliser l'expression mathématique de la théorie cinétique des gaz ( qui interprète les notions de température et de pression des gaz).

Un gaz paraissait être un milieu continu, élastique … L'idée de la nature atomique de la matière cependant faisait son chemin ; et un gaz pouvait être un ensemble de particules en agitation permanente. Un gaz apparaissait comme un véritable ''chaos'' ( qui a donné ''gaz''!), et qui cause une pression sur les parois.

Clausius interprète la chaleur en tant que manifestation de l'énergie associée à leurs mouvements désordonnés.

James Maxwell suppose donc que les particules d'un gaz sont des sphères de petites dimensions, dures et parfaitement élastiques. Ces molécules s'entrechoquent à des vitesses différentes

James Maxwell montre que la température absolue T du gaz est un paramètre caractérisant la distribution de probabilité des vitesses des molécules.

Enfin, Ludwig Boltzmann, comme nous l'avons vu, veut élucider la nature de l'entropie, grandeur restée mystérieuse. Après des années d'efforts, il y parvient en 1877. Il fait correspondre, à un état d'équilibre d'un matériau, un très grand nombre W de configurations microscopiques possibles indiscernables à notre échelle, et il identifie l'entropie S du matériau au logarithme de ce nombre. S=K log W ( K=1,38.10 puissance-23) ( formule novatrice inscrite sur la tombe de Boltzmann), S exprime une complexité cachée, sa croissance s'interprète comme une augmentation du désordre microscopique. Ainsi, l'ordre exhibé par un cristal disparaît lors de sa fusion. Une augmentation de température fait croître le désordre.

Face au caractère désordonné de l'énergie fournie à un moteur thermique par la source chaude, la source froide apporte de l'ordre.

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