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4 - Les légitimistes … Félicie de Fauveau.

Publié le par Perceval

4 - Les légitimistes … Félicie de Fauveau.
Ary Scheffer, Portrait de Félicie de Fauveau (1829)

Félicie de Fauveau (sculptrice  française (1801-1886), s'est faite, les armes à la main, l’écuyer de la Comtesse de La Rochejacquelein, pour qui elle nourrit une passion folle et impossible... Artiste et mystique, elle brûle d’agir, elle monte à cheval et tire au pistolet.

Félicie met son art au service de la cause. Elle imagine des hausse-cols flamboyants (pièces métalliques décorées que portaient les officiers), se lance à corps perdu dans la fabrication d’étendards, de bannières, de poignards et de dagues de ralliement, toutes sortes de bracelets et de brassards.

Saint Michel, saint Georges et sainte Geneviève y participent....

Revendiquant l’héritage glorieux des chevaliers croisés, c'est un rêve de Moyen Âge qui se réalise pour elle...

A droite, de Félicie de Fauveau, Col de la duchesse de Berry 1831

 

Le soulèvement tourne au fiasco ; la duchesse de Berry est arrêtée. Condamnée à la déportation, Félicie de Fauveau gagne clandestinement Paris et se réfugie à Florence au printemps 1833, où elle demeurera. .

Echouée dans un ancien couvent de Clarisses, elle va contenir la folie qui la guette...

Celle qui a été l’élève de Louis Hersent, remarquée par Stendhal, Dumas et Balzac, s’adonnera désormais à ses premières amours artistiques. De la restauration des statues anciennes, elle passe à la sculpture proprement dite, discipline qui deviendra bientôt son langage de prédilection.

Si l’arme a changé, le combat éperdu ne flanche pas, le discours passionné reste le même, le personnage intransigeant s’accuse et s’accomplit.

Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)
Félicie de Fauveau (1801- 1886)

Félicie de Fauveau (1801- 1886)

Pour Charles-Louis de Chateauneuf, cette histoire fut une véritable épopée... Pour les ''chevaliers du Roi'', ce mouvement d'insurrection, avait le soutien du Tsar, du pape et nombre de nobles …

Ce 29 avril 1932, venant d'Italie Marie-Caroline – duchesse de Berry - débarquait dans la crique du Petit Palouton, cet endroit près de Marseille où débarquent les premiers chrétiens et où commence justement le chemin de Joseph d'Arimathie et du Graal... !

On dit que c'est elle, qui souhaitait poser le pied à l'endroit précis où les premiers chrétiens touchèrent, en venant de Palestine, la Provence...

 

On dit que la duchesse rêvait d'aventures ; elle dévorait les romans médiévaux de chevalerie, comme la légende des chevaliers de la Table Ronde, la tête farcie disait-on des œuvres de Walter Scott.

 

Le mari qu'elle s'est trouvé, en la personne du Comte Lucchesi-Palli, serait un descendant d'un compagnon du Roi Tancrède de Sicile, à qui Richard Cœur-de-Lion avait remis Excalibur, l'épée du Roi Arthur !

 

Félicie de Fauveau, bénitier de Saint Louis - 1840 ->

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3 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -

Publié le par Perceval

J.-B. Guérin - Marie-Caroline, Duchesse de Berry

Mais, Marseille, ne bouge pas … Le sud de la France n’ayant pas répondu à l’appel, ce fiasco devrait alerter la duchesse, l’inciter à la prudence, il n’en est rien. … Puisque le sud ne vibre pas pour Henri V, la Vendée catholique relèverait l’affront.

Dans les premiers jours du mois de mai, elle séjourne chez le marquis de Dampierre au château de  Plassac. C’est de là qu’elle fixe au 24 mai la date de la prise d’armes en rédigeant cette lettre :

«  D’après les rapports qui m’ont été adressés sur les provinces de l’ouest et du midi, mes intentions sont qu’on prenne les armes le 24 de ce mois. J’ai fait connaître mes intentions à cet égard et je les transmets aujourd’hui à mes provinces de l’ouest. »

« Vendéens, Bretons, vous tous habitants des fidèles provinces de l’ouest. Ayant paru dans le midi, je n’ai pas craint de traverser la France au milieu des dangers pour accomplir une promesse sacrée, celle de venir parmi mes braves amis partager leurs périls et leurs travaux. Je suis enfin parmi ce peuple de héros : ouvrez à la fortune de la France. Henri V vous appelle ; sa mère régente de France se voue à votre bonheur .

Un jour, Henri V sera votre frère d’armes si l’ennemi menaçait nos fidèles pays. Répétons notre ancien et nouveau cri : Vive le roi ! »

 

Cependant, une majorité de chefs vendéens renonce alors à se soulever, considérant que, sans l’aide de troupes de ligne françaises ou étrangères, l’échec est assuré. De plus, le gouvernement de Louis-Philippe a suivi les mouvements de la duchesse et envoyé des renforts militaires dans la région.

 

De Paris, le comité légitimiste envoie près de la duchesse, l'avocat Berryer, pour la dissuader... « Ne m’avez-vous pas écrit vous-même à Massa » lui dit-elle « que si je ne me hâtais pas d’arriver en France, le soulèvement aurait lieu sans moi ? » Elle rappelle à son interlocuteur « les erreurs » de Charles X qui avait gagné l’île d’Yeu au lieu de rejoindre la Vendée et s’était refusé à combattre à Rambouillet quand il disposait encore des moyens de mâter la rébellion des parisiens.

Marie-Caroline ne renonce pas....

L’insurrection est déclenchée dans la nuit du 3 au 4 juin 1832: le tocsin sonne dans les villages de la Vendée, mais seulement une centaines d'hommes répondent à l'appel …

Ce n’est qu’un sanglant baroud d’honneur. L’insurrection est rapidement matée, les conjurés dispersés, mais la duchesse de Berry reste introuvable.

Marie-Caroline ne participe pas aux combats, mais elle partage la vie des Vendéens. Déguisée en jeune paysan, sous le nom de « Petit Pierre », elle passe de fermes en châteaux accompagnée de son écuyer le comte de Mesnard, d’Athanase de Charette ou encore d’Eulalie de Kersabiec.

Arrestation de la duchesse de Berry à Nantes

Après la défaite, malgré les arguments de sa famille et de ses partisans, elle refuse de s’enfuir, espérant qu’une autre chance se présentera. Le 9 juin, elle arrive à Nantes et se cache chez les demoiselles de Guiny avec Stylite de Kersabiec, Mesnard, et l’avocat Achille Guibourg.

Grâce à la trahison d’un des agents de la duchesse, Simon Deutz, sa cachette finit par être découverte. Le 7 novembre, les gendarmes perquisitionnent la maison des demoiselles de Guiny. Marie-Caroline, Guibourg, Mesnard et Kersabiec ont juste le temps de se cacher derrière la cheminée. L’endroit est étroit et les gendarmes font du feu. Au bout d’un moment, la duchesse, manquant d’étouffer, décide de se rendre, mettant fin ainsi à la dernière guerre de Vendée.

Marie-Caroline à Blaye

 

Le gouvernement fait interner la princesse dans la citadelle de Blaye, sur l’estuaire de la Gironde.

En janvier 1833, le bruit court que la duchesse de Berry est enceinte.

Le 26 février 1833, coup de théâtre. Dans « Le Moniteur », organe officiel du gouvernement, on lit, signé de la duchesse de Berry : « Pressée par les circonstances [...] je crois devoir à moi-même, ainsi qu’à mes enfants, de déclarer m’être mariée secrètement pendant mon séjour en Italie. » Dans son entourage, la colère succède à la stupéfaction. « Elle a fait son parti cocu », dit-on dans les salons. Personne ne croit en ce mariage secret. Le nom de l’élu n’est d’ailleurs pas révélé. « Comment voulez-vous qu’on le dise, elle-même ne le sait pas », aurait lâché le légitimiste Chateaubriand déboussolé.

Pour Louis-Philippe la déclaration est tombée à pic : celle qui se voulait régente de France ne sera donc qu’une aventurière. 

ECOLE FRANCAISE DU XIXe - élégante cavalière en amazone


 

Le 10 mai 1833, la duchesse de Berry donne naissance à une fille, qu’elle déclare née de son époux secret, le comte Lucchesi-Palli, second fils du prince de Campo-Franco, vice-roi de Sicile, que toute la France ne tarde pas à appeler ironiquement « saint Joseph ».

Le 8 juin, la princesse, complètement déconsidérée, est embarquée sur l’Agathe et transportée à Palerme. Elle se voit alors tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refuse la direction de l'éducation de son fils qui est confiée à sa belle-sœur, la dauphine.


 

Lorsque le passage à l'action est décidé, dans la nuit du 3 au 4 juin 1832 ; Félicie de La Rochejaquelein fait de Landebaudière, son quartier général et passe, dans les bois, ses troupes en revue. Elle mène les combats pendant les deux jours de l'insurrection.

Le 5 juin en raison du manque de coordination des insurgés et de l'insuffisante mobilisation des paysans vendéens , l'insurrection échoue... Mais Félicie refuse de capituler... Mme de La Rochejaquelein et son aide de camp, Mlle Félicie de Fauveau, passent leurs nuits dans les champs, enveloppées dans un manteau militaire; toujours déguisées en hommes, elles courent d'une ferme à l'autre, prodiguant leur argent sans le moindre résultat, s'exposant, elles et les leurs, au danger d'être pris et assassinés par les paysans ou les gardes nationaux qui s’exaspèrent contre les chouans.

Messe_du_soir_dans_un_couvent - peinture faite par la duchesse de Berry

Après l'arrestation de la duchesse de Berry, à Nantes, le 8 novembre 1832, Félicie, et Auguste enfin arrivés en Vendée, se cachent. Jugés par contumace (peine de mort pour Auguste, peine de déportation pour Félicie) au début de l'année 1833, ils parviennent à gagner l'étranger. Ils séjournent à Lausanne et à Genève, en Suisse, et à Annecy, en Savoie (qui alors appartient au Piémont), sous le nom de Laremont, jusqu'à leur acquittement en 1835 et 1836 par les cours d'assises de Versailles et d'Orléans.

A suivre … avec Félicie de Fauveau

 

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2 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -

Publié le par Perceval

1832

C'est une femme : Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883) qui revendique un rôle de premier plan dans la préparation du soulèvement. Convaincue de la force de la fidélité royaliste dans les campagnes de l'Ouest, fière de renouer avec l'épopée militaire de la Vendée catholique et royale, elle organise elle-même la résistance.

Félicie est âgée de trente-deux ans, ardente, intrépide, infatigable, toujours accompagnée d'une amie, Félicie de Fauveau (1799-1886) - sculpteur romantique, proche d'Ary Scheffer, passionnée pour le Moyen Âge, ayant exposé au Salon de 1827 des groupes inspirés de Walter Scott -

elle « va partout annonçant l'aurore des temps nouveaux », n'hésitant pas à s'associer à des réunions d'hommes.

Dès 1831, elle parcourt en amazone toute la rive gauche de la Loire ; elle excite ceux qui hésitent, rassemble des fonds et des munitions, collecte des informations, tandis que Mlle de Fauveau dessine «des modèles d'uniformes pittoresques pour les troupes». Elle envoie des lettres, écrites au citron et en partie chiffrées à son mari - qu'elle désigne sous le nom de code de « Godefroy » M, symbole du rôle chevaleresque dont elle rêve pour lui -, au maréchal de Bourmont, ancien chef chouan, qui devient en 1831 chef suprême des insurgés auxquels il apporte son expérience et son prestige de la récente victoire d'Alger, et surtout à la duchesse de Berry.

 

A Limoges:

Pendant ce temps, Charles-Louis de Chateauneuf, s'émeut du sort du jeune duc de Bordeaux... En effet, avec lui, un petit groupe de ''chevaliers du Roi'' rêve de gloire et d'honneur. En effet, ce groupe de jeunes hommes a été très tôt sensibilisé à cette mélancolie d'une époque qui, avec la Restauration, ployait sous l'ennui... Quelques-uns se font royalistes ultras, (en attendant de devenir républicain..!) comme si l'utopie d'un retour à une féodalité romanesque et à une foi violente pouvait leur remplacer leurs ambitions de gloire militaire ( disparue depuis la chute de l'Empire...) ou autre: littéraire par exemple ...

Madame la Comtesse de La ROCHEJAQUELEIN ♧ Le Complot de LANDEBAUDIERE

A partir de 1831, et à l'initiative de la comtesse de La Rochejaquelein, chez elle, des nobles organisent des réunions afin de préparer une nouvelle insurrection contre le gouvernement de Louis-Philippe.

« Le 9 novembre 1831, après une perquisition dans une métairie dépendante de Landebaudière, au cours de laquelle ont été découverts de la poudre, une presse lithographique et 20000 pierres à fusil, Félicie et sa fidèle amie, cachées dans un four, tombent aux mains de la police.

Toutes deux sont astreintes à résidence à Landebaudière, cerné par un bataillon d'infanterie. Déguisée en fille de cuisine, Félicie parvient à s'échapper.

 

Pendant quinze mois, à partir de novembre 1831, elle réussit à se cacher sans jamais être capturée. Rejointe quelque temps plus tard par Mlle de Fauveau qui a été libérée, elle poursuit la lutte et devient le véritable chef politique du bocage vendéen. Toutes deux assurent la coordination des mouvements entre les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, intensifient la propagande, excitent les défaitistes et recrutent toute « une compagnie d'amazones » : Chacune de ces dames avait son casque, sa petite cuirasse, ses armes défensives et offensives. La plupart avait choisi un chevalier, lequel portait un bracelet de fer rivé et avait juré de ne le quitter qu'au retour d'Henri V. » (*)

 

(*) Sources : Mension-Rigau Éric. L'aventure au féminin : le destin de Félicie de Duras, comtesse Auguste de La Rochejaquelein (1798-1883). In: Histoire, économie et société, 1999,

 

Cette année d'étude 1832, de Charles-Louis de Chateauneuf, est fortement perturbée... Si on ne sait ce qu'il fait ; il se pourrait bien qu'il soit parti en Vendée soutenir la rébellion légitimiste. On l'imagine bien se faire chevalier de l'une de ces ''amazones'' après lui avoir promis allégeance dans une déclaration d'amour courtois ...

L.-E._Vigée-Lebrun_-_La_duchesse_de_Berry

 

Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883), presse la duchesse de Berry de venir en France : «Voilà, Madame, ce qui est digne de vous, dussiez-vous succomber» lui écrit-elle...

La duchesse de Berry (1798-1870) est la veuve du Duc de Berry (1778-1820) : deuxième fils de Charles X. Il est le seul prince royal susceptible de perpétuer la dynastie des Bourbons. Il émigra dès les débuts de la Révolution et servit dans l’armée de Condé, puis passa en Angleterre. De retour en France au moment de la Première Restauration, il suivit son oncle, Louis XVIII, à Gand pendant les Cent-Jours et il épousera, en 1816, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, originaire de Palerme.. Mais le duc est assassiné par Louvel, en février 1820. Cependant, sa veuve, la duchesse de Berry, donne naissance sept mois après à un fils. Le jeune enfant : Henri, Duc de Bordeaux, perpétuait donc la lignée des Bourbons et sera considéré comme « l'enfant du miracle » par les royalistes car il devient le successeur potentiel de la lignée (sous le nom de Henri V).

Le 10 Avril 1832, le gouvernement de Louis-Philippe va voter une loi qui condamne au "bannissement perpétuel" les membres de la famille de Charles X (Bourbon).

 

Les Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) ont pris de court la duchesse... Elle serait prête à emmener elle-même le duc de Bordeaux, âgé d’à peine 10 ans, à l’Hôtel de ville pour le faire acclamer par la foule parisienne... Mais elle comprend que Paris est perdue... Alors, elle pense à animer la résistance depuis la Vendée ; mais pour l'heure, elle suit la famille royale dans sa piteuse retraite...

Départ de la famille royale de France

Charles X finit par donner l'autorisation à Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (devenue en 1816 duchesse de Berry), avec le comte de Bourmont, maréchal de France et ancien chouan, de diriger l’insurrection destinée à renverser Louis-Philippe.

Elle traverse l’Allemagne du sud, se rend à Gênes, puis à Turin, à Rome et à Naples. Le banquier Ouvrard, les rois de Sardaigne et de Hollande, le duc de Brunswick et des grands propriétaires terriens l’assurent de leur aide financière.

Depuis, les États du duc de Modène, seul souverain à n’avoir pas reconnu Louis-Philippe, elle parvient à prendre - elle-même- la tête de la mouvance légitimiste en congédiant le duc de Blacas ( qui devait contrôler le conseil de régence), ce qui consomme la rupture avec le reste de la famille royale.

La duchesse de Berry, considère, que la régence lui revient de droit. Elle décide de passer à l’action. 

 

Mr. De Ferrari, de l'une des plus puissantes familles de Gènes, met à la disposition de la duchesse un navire à vapeur le «Carlo Alberto» pour son expédition hasardeuse. Le 24 avril 1832, le départ de Livourne a lieu à onze heures du soir et la duchesse s'embarque avec une poignée de fidèles. Elle est déguisée en bourgeois et est accompagnée du Maréchal de Bourmont..

La Duchesse de Berry, à bord

Pendant le voyage, elle rédige une proclamation – qui devait être diffusée dans Marseille... afin d'exalter les cœurs :

«  Soldats, une funeste révolution a violemment séparé la France de la famille de ses rois ; cette révolution s’est faites sans vous ; elle s’est faite contre vous. La petite fille de Henri IV vient vous demander votre appui. (…) C’est à votre amour, à celui de tous les bons français, des français seuls, que Henri V veut devoir sa couronne. Française et mère, je vous confie l’avenir de la France et les droits de mon fils. »

Elle débarque à l’aube du 29 avril 1832, dans une calanque proche de Marseille, à Séon-St-Henri. Le «Carlo Alberto» retourne ensuite en rade de La Ciotat, le 3 mai 1832, en plein jour, afin de donner le change et de permettre à la duchesse de fuir. Elle attend les résultats du soulèvement provençal prévu le lendemain.

A suivre ….

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1 - Les légitimistes et les Trois glorieuses – 1830 -

Publié le par Perceval

1830, comme 1827 et 1828 avant elle, est une année de médiocres récoltes impliquant des prix élevés pour les denrées et un report du pouvoir d'achat sur le pain. L'économie est morose.

La période est à l'agitation ministérielle, parlementaire et journalistique...

Le roi Charles X (1757-1836), menace l’opposition de gouverner par ordonnances en cas de blocage des institutions …

''On'' suggère que le « parti prêtre » pourrait pousser le roi à légiférer par ordonnances sur le fondement de l’article 14 de la Charte pour imposer des « élections jésuitiques »... !

Le 16 mai 1830, Charles X dissout la Chambre des députés... Des élections sont une déroute pour le roi : l’opposition passe de 221 à 270 députés...

Le 25 juillet, le roi Charles X tente par un coup de force constitutionnel de freiner les ardeurs des députés libéraux par ses ordonnances de Saint-Cloud... qui, en particulier, suppriment la liberté de la presse et enlèvent le droit de vote aux commerçants et aux industriels.

A Paris, éclate alors une insurrection de trois jours, les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses), qui s’achève par le départ du roi pour l’exil.

Le 30 juillet, les députés, les journalistes veulent éviter à la révolution d'aller plus loin … Ils récupèrent la révolution populaire au profit de la bourgeoisie. Après quelques jours d’hésitation entre république et solution orléaniste, la monarchie de Juillet est finalement instituée. La bourgeoisie parisienne dame le pion aux républicains désorganisés.

Charles X présente son abdication - Rambouillet 2 Août 1830

Charles X passe la nuit du 30 au 31 juillet 1830 au château de Saint-Cloud... Il fuit Paris... le lendemain, à Rambouillet, on lui dit qu'il courre le risque de se faire arrêter par La Fayette et ses troupes qui veulent s'emparer de lui dès le lendemain. Ses proches lui conseillent de résister … Mais Charles X prend tout le monde à contre-pied en annonçant qu'il décide de nommer le duc d'Orléans ( le prochain Roi Louis-Philippe...!), lieutenant général du royaume...

Le duc d'Orléans préfère prendre cette charge directement des députés ; et organise l'exil de Charles X.

Embarquement de Charles X et de sa famille.

Le 2 août 1830, le roi tente une dernière manœuvre en abdiquant au profit de son petit-fils – le duc de Bordeaux, fils de la duchesse de Berry - pour essayer de sauver la dynastie.

 

Les légitimistes considèrent que Charles X est toujours roi et que son abdication est nulle, Louis-Philippe, son cousin, étant considéré comme un usurpateur.

Dans la monarchie traditionnelle, le roi tient son autorité de Dieu et l’exerce pour le bien commun, l’usurpateur Louis-Philippe ne peut invoquer cette transcendance, aussi se réclame-t-il de la Révolution dont il revendique l’héritage...

Ils n'oublient pas, non plus, que Louis-Philippe est le fils de ''Philippe-Egalité'' qui a voté la mort de Louis XVI.

Louis-Philippe prend le pouvoir, La religion catholique n'est plus religion d'État, la censure de la presse est abolie, le drapeau tricolore rétabli.

 

Alors que les légitimistes reconnaissent Charles X ( de 1824 à 1836) et son fils - Louis-Antoine d’Artois - comte de Marnes, appelé Louis XIX ( de 1836-1844), puis le roi Henri V ( Comte de Chambord, petit-fils de Charles X) ( 1844-1883)...

Un mot sur ''Louis XIX'' : Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême est le fils aîné de Charles X. Le 2 août 1830, à la suite de la Révolution de Juillet, le duc d'Angoulême a renoncé au trône de France en faveur de son neveu, le jeune duc Henri de Bordeaux, futur comte de Chambord.. Louis XIX aura été Roi 20 minutes : le temps de renoncer .... Cependant, à la mort de son père Charles X (nov 1936) , il prend provisoirement le nom symbolique de "Louis XIX". « Je prends le titre de roi, bien résolu à ne faire usage du pouvoir qu'il me donne que pendant la durée des malheurs de la France, et à remettre à mon neveu, le duc de Bordeaux, la couronne le jour où, par la grâce de Dieu, la monarchie légitime sera rétablie », a-t-il écrit aux royalistes légitimistes... Le duc d'Angoulême veille à l'éducation du duc de Bordeaux, fils posthume de son frère cadet, le duc Charles Ferdinand de Berry, qu'il considère et aime comme l'enfant qu'il n'a pas eu de son mariage avec la duchesse Marie Thérèse.

Le 9 août 1830, la Chambre des députés proclame la monarchie de Juillet. Louis-Philippe devient roi des Français.

Revenons au moment où, la révolution gronde à Paris, Louis-Philippe accepte le trône que lui présentent Laffitte, Perier et Thiers. D’abord lieutenant-général du royaume, il devient roi des Français le 7 août ; et commence une nouvelle dynastie (la monarchie orléaniste) : '' bien que Bourbon, et parce que Bourbon...'' !

Monarchie de Juillet

Au début de la monarchie de Juillet, on assiste à une vague de démissions ( 53 députés, 83 préfets …). Le pouvoir est ouvertement anti-légitimistes et même anticléricale, ce qui crée chez les légitimistes un sentiment de persécution, qui atteint un pic en 1831, avec le lancement d'un mandat par le préfet de police Baude contre l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, suivi de toute une série de brutales perquisitions policières dans toute la France.

 

Les légitimistes considèrent que la monarchie de juillet va promouvoir les persécutions contre l’Église et tous les fidèles de la France traditionnelle. Subversion, conscription, assassinats, barbaries, viols des sépultures et autres crimes planifiés par le nouveau pouvoir politique placent alors la population en état de légitime défense et suscitent l’insurrection contre-révolutionnaire de 1832.

A suivre …. avec ''Les légitimistes préparent l'insurrection''

 

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Les études de Charles-Louis de Chateauneuf au Collège Royal de Limoges.

Publié le par Perceval

Les études de Charles-Louis de Chateauneuf au Collège Royal de Limoges.

Je reviens sur les études de Charles-Louis de Chateauneuf, au Collège Royal de Limoges, qu'il voudrait terminer avec le baccalauréat; il a 16 ans ... Le proviseur est Monsieur Lary.

Sous napoléon, le 17 mars 1808 est créé le baccalauréat. Les candidats doivent être âgés d'au moins 16 ans et l'examen ne comporte que des épreuves orales portant sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l'histoire, la géographie et la philosophie.

Si les collèges (ou lycée) préparent au bac, ce sont les facultés de lettres qui décernent le baccalauréat à des collégiens qui ont achevé leur rhétorique ou leur philosophie... Les facultés de sciences délivraient aussi un bac es-sciences, ou es-math.

Le Bac, est alors équivalent à un concours d'entrée: en 1815, on ne peut être admis au baccalauréat dans les facultés de droit et de médecine sans avoir au moins le grade de bachelier dans les celle des lettres.

Mais, il s'agit alors aussi de concurrence celui de l'entrée à l’Ecole polytechnique, aussi pour rendre l'épreuve plus difficile, on introduit la première épreuve écrite (composition française ou traduction d'un auteur classique).

La classe de première ou de rhétorique prépare à des épreuves orales d'explication de textes anciens, à des questions de Rhétorique, et de mathématiques ...

La deuxième année permet de préparer des épreuves au Concours général, et assure l'admission en licence à l'université ...

Versailles – Lycée Hoche – Une Étude


Intéressant aussi de se rappeler le « vécu » des collégiens, et celui des professeurs, à cette époque, à Limoges : ( Sources: Pierre Delage, Lycée Gay-Lussac : 5 siècles d'enseignement, Saint-Paul, Le Puy Fraud éd., 2010)

À cette époque, la journée d’un collégien est rythmée de la manière suivante :

5 h 30 : lever (au son du tambour) ; habillage ; prière

6 h 00 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

7 h 30 : déjeuner ; récréation

8 h 00 à 10 h 00 : enseignement des matières littéraires, dans lesquelles s'insèrent les cours de sciences et de mathématiques ...

10 h 00 à 12 h 00 : étude ou cours spéciaux (ex : dessin)

12 h 00 : dîner ; récréation

13 h 30 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

14 h 30 à 16 h 30 : enseignement des matières littéraires ( avec + ou – de sciences ...)

16 h 30 : goûter ; récréation

17 h 00 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

19 h 30 : souper ; récréation

21 h 00 : coucher.

Elèves - collégiens

Les collégiens de cette époque sont habillés d’un costume civil, et non militaire, un « frac » en drap bleu foncé, avec col blanc; ils ont, pour se coiffer, un tricorne... Les enseignants portent la robe professorale; les professeurs donnent leurs cours de 8 h 00 à 10 h 00, et de 14 h 30 à 16 h 30, sauf le jeudi...

 

Charles-Louis de Chateauneuf est bon élève. Et, son professeur de mathématiques, Monsieur Gouré, qui se passionne à le faire progresser dans cette matière, tient à le présenter à l'entrée de l’École polytechnique... Nous avons vu précédemment que Charles-Louis préférerait des études de droit, bien plus attirantes et surtout, parce qu'elles sont un prétexte de vivre à Paris à la façon dont les jeunes gens de l'époque imagine une vie de bohème ...

Seulement... Sa famille ( peu présente ...) et surtout M. Gouré ont des arguments sérieux, financiers, et même spirituels et politiques ...!

 

Evariste Galois (1811-1832) mathématicien by_teodimperio - dessinateur italien

Charles-Louis aime le langage virtuel des mathématiques. C'est une manière d'entrer dans les secrets de l'esprit, une logique pour se promener dans les arcanes alchimiques de l'esprit... Monsieur Gouré l'a même initié à ce qui pourrait être à la source d'immenses progrès, l'appréhension de l'infiniment petit, pour de grandioses calculs ...!!! M. Gouré nomme cela: les "Mathématiques transcendantes", c'est à dire le calcul différentiel et intégral... Nous en reparlerons ...

 

Ayant passé le bac. ès-lettres, Charles-Louis prépare ensuite le bac. ès-sciences jury qui l'admet au grade avec deux boules blanches pour les mathématiques et une boule rouge pour les sciences physiques... Il suit avec M. Gouré les classes de Mathématiques élémentaires, puis la classe de Mathématiques spéciales... Enfin, il se prépare au concours d'entrée au concours de l'École polytechnique, il a vingt ans, mais il est refusé pour la session de l'été 1836...

Le pivot de la formation mathématique est, durant presque tout le XIXe siècle, l’École Polytechnique, centre à peu près unique de la culture scientifique... Stendhal, qui lui aussi, remportait les prix en mathématique, s'était préparé à entrer à l’École polytechnique, alors installée rue de l’Université...

Une autre raison qui compose l'ensemble des raisons qui vont permettre à Charles-Louis de monter à Paris, est d'une part l'attachement de M. Gouré au passé jésuite du Collège, et aux jésuites en général; et d'autre part les convictions légitimistes du professeur ....

M. Gouré assurait au jeune homme que Paris lui ouvrirait les bras, et en particulier ceux de l'un des maîtres du professeur limougeaud : Augustin Cauchy (1789-1857); s'il était initié aux "Mathématiques transcendantes"...

 

C'est ainsi, que Charles-Louis de Chateauneuf, pourra rejoindre son ami Elie Berthet à Paris... Et, ce sera pour entrer dans un monde des arcanes scientifiques promis par son professeur.. Egalement, il fera connaissance de sociétés, certaines secrètes, qui lui permettront de commencer une Quête personnelle, et continuer celle de ses ancêtres: Roger de Laron et Louis-Léonard de la Bermondie...

Cette quête commence: - par les mathématiques, - la société jésuite nommée '' la Congrégation'' et - la fidélité au roi ''Bourbon'' ...

A suivre ...

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Charles-Louis de Chateauneuf – Limoges au XIXe s.

Publié le par Perceval

Fils ou neveu : de M. Joseph Châteauneuf ( né en 1759) et de Marie-Catherine-Louise de la Bermondie d'Auberoche ( née en 1780) , mariés en 1803. Jean de Châteauneuf est mort en son château de La Villatte (cne de Saint-Junien-la Brégère, Cr.) vers 1820...

Marie Catherine de La Bermondie, née vers 1780, a pour parents: Jean Léonard de La Bermondie né le 16 avril 1739 et Jeanne de VILLOUTREYS née vers 1740 ou 1750...

Charles-Louis de Chateauneuf est né en 1816, sans doute enfant adultérin...

Il est placé en nourrice dans la campagne environnante, et grandit ainsi, avant d'intégrer le collège royal ( nom sous la restauration) de Limoges, en qualité d'interne...

De bonne heure, il se livre ainsi à la vie contemplative, à l'observation de la nature et l'écoute des contes et légendes qu'emplissent les veillées dont il est friand....

Puis, il parcourt les romans du dernier siècle, et autres miraculeux trésors qu'il peut arracher à sa famille, qu'il voit peu … Son goût pour la lecture va vite devenir impérieux... Ses loisirs en sortie du Collège se passe chez les bouquinistes de Limoges.

Le Collège Royal ( plus tard Lycée Gay-Lussac) a peu changé depuis ; si ce n'est en 1828, la chapelle ( abandonnée...) qui – réouverte au culte - est dotée à présent d'un plafond et d'une toiture ; et, la construction des quatre dortoirs des pensionnaires , dans une aile construite sous l'Empire...

Lycée Gay-Lussac

On a repris la désignation des classes des ex collèges des Jésuites : classes élémentaires (8e, 7e) jusqu'à la classe de philosophie...: De la 6e à la 3e les élèves doivent rendre chaque jour un thème (une traduction du français en latin). En seconde on ajoute des pièces de vers latins et en rhétorique des exercices de thèmes et de versions latines et grecques, des exercices de prose. On cherche à développer l’élocution écrite.

On y enseigne aussi : le français, les premiers principes de géographie, d’histoire et de mathématiques, puis se renforcent les sciences : le cours de sciences physiques (zoologie, botanique, minéralogie, chimie, physique) est commun aux classes de 3e/2de/Rhétorique …

Un professeur de philosophie ( pour la première fois il n'est pas prêtre) va les marquer : Charles Mallet (1807-1875) nommé en 1832, au collège royal de Limoges, en remplacement de l'abbé Garrigou. Ch. Mallet élève de l'Ecole normale a passé le concours de l'agrégation de philosophie sous la présidence de Victor Cousin (1792-1867), autre personnage que rencontrera C.-L. de Chateauneuf....

 

Charles-Louis rencontre un camarade de son âge avec qui partager sa passion, il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie, a, de plus, le goût de l'écriture et lui fait noter sur un cahier les récits du jeune romancier qu'il devient …

A la suite d'Elie Berthet, Charles-Louis devient excellent en rhétorique et en mathématiques ; tous deux se partageant les prix ...

 

Le père d'Elie Berthet est un négociant de Limoges, honorable mais peu riche... Il s'inquiète de l'avenir de son fils qui semble plus attiré par la passion littéraire que par une profession bourgeoise... A douze ans, il était passionné de botanique ; et possédait déjà une riche collection de papillons et d'insectes qui peuplaient alors le Limousin... Avec l'aide de Charles-Louis, ils vont enrichir cette collection ; le but secret entre eux est de ne jamais être à charge et de subvenir eux-mêmes à leurs besoins... Ainsi, ils vendront à des amateurs les collections d'histoire naturelle ainsi composées...

Leur rêve serait de ''monter'' à Paris, faire leur droit, vivre de ''bohème'' etc ...

Autographe - Elie Berthet

 

«L'étude la plus charmante pour une femme, et surtout pour une jeune fille, est celle de la botanique. Cette science s'apprend avec une extrême facilité par la pratique, et l'on se crée ainsi une source de jouissances intarissable, en même temps que l'on jette un peu de poésie dans l'existence, si dure et si brutale pour tous. J'aime beaucoup la botanique, et je m'efforce de communiquer ce goût à mes petits-enfants. Elie Bertet ». autographe

Limoges autour de 1830:

Le pont Saint-Etienne à Limoges vers 1838

En 1827, Limoges est soumise à une triade autoritaire :

- le préfet : le rigide baron de Coster

- l'évêque, Prosper de Tournefort, enfermé dans ses positions réactionnaires,

- le maire : Athanase Martin de la Bastide qui règne sur la ville de son château en campagne limousine ...

Louis-Philippe, roi des Français

 

 

Dès le 30 juillet 1830, après la fuite de Charles X, les républicains proposent au duc d’Orléans la lieutenance générale du royaume . Le 7 août 1830 après un vote favorable des Chambres il devient Louis-Philippe 1er. Il refuse le titre de roi de France qui l’aurait fait Philippe VII et se fait proclamer roi des Français. Ce nouveau titre, déjà porté par Louis XVI de 1789 à 1792, lie la monarchie au peuple et non plus au territoire. Comme autre symbole fort, la nouvelle monarchie adopte le drapeau tricolore pour remplacer le drapeau blanc de la Restauration.


 

A Limoges, la précarité de la condition des ouvriers, les a conduit à participer aux mouvements de révolte et de révolution. Pendant la révolution de 1830, de juillet à novembre, des grèves éclatent pour l'augmentation des salaires et la diminution de la journée de travail.

Tous les députés élus sont des libéraux... C'est la fin de trois décennies ''calmes''...

C'est véritablement alors l'heure de la bourgeoisie triomphante. Le nouveau Maire Fr. Alluaud entend insuffler modernité et progrès dans la gestion de la ville...

 

François II Alluaud s’attelle à poursuivre l'œuvre de son père et implante une usine de porcelaine aux Casseaux en 1816, en bord de Vienne, à une époque où celle-ci était une authentique route du bois. Il est également Maire de Limoges (1830-1833), et va participer à l'amélioration de la qualité de fabrication, de cuisson, et va franchir les barrières esthétiques en terme de création. Sous son influence, l'industrie porcelainière de Limoges va devenir une véritable industrie d'art.

Bord de Vienne - Limoges

 

Après les 3 glorieuses (1830) , les naveteaux armés de leur interminable lancis figurent dans les rangs de la garde nationale.

A noter en 1835, une très grave inondation des bords de Vienne...

 

Après six siècles de durée, le pont Saint-Martial et le pont Saint-Étienne servent encore aux communications de deux pauvres faubourgs, et heureusement ils ont tout juste assez d'utilité pour qu'on les entretienne...

Entre 1833 et 1839, le Pont-Neuf est construit puis livré à la circulation le 29 juillet 1839. La première pierre de ce pont a été posée le 17 juillet 1832. Cette pierre renferme une plaque en porcelaine portant les noms des officiels. Appelé pont ''Louis Philippe'' , il fut baptisé ''Pont Neuf'' après la révolution de 1848. Les emplacements prévus pour de grandes assiettes en porcelaine évoquant l'importance de la profession et sa vocation à réaliser des chefs d'oeuvre , sont hélas demeurés vides.

Le champ de juillet fut établi en 1830 pour permettre les charges d’entraînement des régiments de cavalerie, dont le XXème dragon. L'armée refuse le lieu qui devient un espace de promenade... L'oeuvre des frères Bühler, célèbres paysagistes du XIXe siècle, en 1858 a disparu, et est malheureusement oubliée. (Le jardin a été entièrement reconstruit dans sa partie basse vers 1928.)

 

1840, voit le Théâtre, place Royale ( de la République )

1846, le Palais de justice

1852, une halle sur la Place de la Motte

1856, la gare d'Orléans

1861, la Caserne de la Visitation...

 

La Porcelaine :

Vers 1830, la grande industrie de Limoges, reste la production de textiles. En 1837, la ville compte 25 manufactures de flanelles établies au bord de Vienne. Le déclin est du à la concurrence des tissus du nord de la France ; et il est contrebalancé par le développement de la porcelaine...

Sous la Restauration, l’augmentation de la production de porcelaine, sans doute liée à une augmentation de la consommation, est notable. Elle est due à deux facteurs : l’abondance des matières premières – kaolin et bois – dans la région et la présence d’une main-d’œuvre nombreuse et habile. En 1830, on inventorie seize fabriques, puis vingt-quatre en 1836-1837, soit quarante fours. Onze d’entre elles sont établies à Limoges et les autres en Haute-Vienne. Au niveau des effectifs, l’enquête industrielle de 1840-1844 recense 3198 personnes travaillant dans l’industrie porcelainière, qui est ainsi la première de la région. La production est alors majoritairement constituée de porcelaine blanche. Les décors sont principalement exécutés par des artistes qualifiés à Paris ou Toulouse, principaux centres de vente de cette porcelaine. Cependant, des ouvriers porcelainiers limousins décorent également la porcelaine. Quant aux exportations, elles se font en direction des marchés allemand, italien, espagnol et américain, mais encore modestement.

 

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Charles-Louis de Chateauneuf – Un enfant du siècle : le XIXe

Publié le par Perceval

Jean-Léonard de la Bermondie, naît en 1739, en Limousin... Ancien page du Roi, officier dans les Gardes Françaises ; il y rencontre le marquis de Lusignan, avec qui il emprunte le chemin de la Franc-maçonnerie... Fort de l'héritage de son ancêtre Roger de Laron, templier...; il découvre diverses routes qui conduiraient au Graal; et comme émigré (pendant la révolution ), la pilosophie...

Avant de tourner cette page, il laisse à sa descendance les traces de ce chemin de vie. Le relais va être assuré par Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges...

 

Il y a tout juste 200 ans, naissait une génération qui s'est fait appeler ''enfant du siècle''...

 

L'une des meilleures illustration de ce type d'homme et de femme, est le roman d'Alfred de Musset (1810-1857): '' La Confession d'un Enfant du Siècle '', roman autobiographique publié en 1936...

En 1833, Musset rencontre George Sand...

Cette histoire est inspirée de la passion réelle vécue par Alfred de Musset et George Sand entre juillet 1833 et Mars 1835. Ces amours cohabitent avec la vie de débauche dont Musset ne parvient pas à se défaire et avec la liaison que Sand a avec le docteur Pietro Piagello à Venise. Dans le roman, tout y est romancé et rien ne s'est réellement passé comme le décrit Musset. Le procédé sera repris par George Sand (1804-1876) elle-même dans son texte '' Elle et Lui'' (en 1859), où tout et rien ne sont vrais … !

 

''Enfant du Siècle '': désigne les temps nouveaux, placés sous le signe du héros fondateur ( « Ce siècle avait deux ans. Rome remplaçait Sparte »), à présent déchu ; mais signifie encore : gloire, énergie, espoir, avenir, jeunesse.

P.-N. Guerin - Rochejaquelin (1817)

« C'est à nous jeunes gens, enfants du siècle et de la Liberté, à favoriser l'aurore du bonheur des nations, à faire accorder la sûreté des trônes avec la liberté des peuple... » écrit le jeune Balzac (1799-1850) (Sténie : roman inachevé commencé en 1819) ).

 

Victor Hugo (1802-0885) , se reconnaît lui-même dans ''Feuilles d'automne '' : « Je suis fils de ce siècle !... »

 

E. P. de Senancour (1770 - 1846), écrivain du premier romantisme français. Dans ses Rêveries, il décrits les enfants du siècle, comme des « esprits légers et insouciants, enivrés d'esprit et privés d'âme, qui voient dans le monde comme il va, le monde comme il doit aller.»

Ce siècle est nourrit des nostalgies de la noblesse mais aussi des mécomptes de la liberté puis des humiliations de la défaite. On y retrouve mêlés : vocabulaire passéiste, et attitude aristocratique, avec une inquiétude métaphysique ou sa crispation en révolte.

Benjamin Constant dans son roman autobiographique paru en 1817 : ''Adolphe'', met en scène les relations amoureuses entre Adolphe, un jeune homme de bonne famille, et Ellénore ( inspirée de plusieurs femmes, mais surtout de Germaine de Staël )... cette œuvre exprime ce mal du siècle; l'auteur affirme en effet : « J'ai voulu peindre dans Adolphe une des principales maladies morales de notre siècle : cette fatigue, cette incertitude, cette absence de force, cette analyse perpétuelle, qui place une arrière-pensée de tous les sentiments, et qui les corrompt dès leur naissance ». 

 

Je reviens à la Confession d'un enfant du siècle (1836), ; avec le film de Diane Kurys, on entend Musset prononcer ces paroles ( et qui est en fait un résumé du Chap II de la Confession.):

« Le monde était en ruines, et nous venions au monde. La guerre était finie, nous arrivions après la gloire, après l’idéal, il nous restait le désespoir pour seule religion et pour toutes passions et mépris.  Les femmes s’habillaient de blanc comme les fiancées, et nous les enfants du siècle, vêtus de noir comme les orphelins, nous les regardions, blasphème à la bouche et le cœur vide. J’allais dans ce désert, serré dans le manteau des égoïstes… quand soudain, je la rencontrai… »

Voilà ce qui en est de cette génération : '' Enfant du Siècle''.

 

Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges, tentera lui, de se défaire de cet atavisme, en retrouvant des racines bien plus anciennes...

A suivre ...

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Le Romantisme, la philosophie et les Mythes. 2/2

Publié le par Perceval

Fichte

En 1793, Fichte (1762-1814) est nommé Professeur de philosophie à Iéna, où il succède à Karl Leonhard Reinhold, qui était lui aussi un disciple important de Kant et une source d'influence pour Fichte. Ce dernier suscite très vite un enthousiasme considérable par son éloquence, par la fulgurance et la nouveauté de ses idées, mais aussi par le caractère en apparence énigmatique, voire hermétique de sa pensée. Il est renommé dans toute l'Allemagne et même en dehors ( c'est Madame de Staël qui le fait connaître en France).

La '' Querelle de l’athéisme '' ( de 1798 à 1800) contraint Fichte à renoncer à son poste de professeur de philosophie à Iéna... et rappelle les '' péripéties '' connues par Spinoza un peu plus d’ un  siècle avant Fichte.

Fichte, dans son ouvrage pointe ses accusateurs en les vilipendant comme « idolâtres ». Selon lui, toute conception de « Dieu » comme « substantiel », comme une entité distribuant des récompenses et des punitions sous forme de bien être ou de mal être, doit être écartée comme idolâtre.

 

« Un Dieu qui doit être le serviteur des désirs est un être méprisable ; il remplit une fonction qui répugnerait à tout honnête homme. Un pareil Dieu est un méchant être ; il entretient et éternise la perdition des hommes et la dégradation de la Raison ; un pareil Dieu, c'est à proprement parler et tout justement ce Prince de la terre, jugé et condamné depuis longtemps par la bouche du Verbe dont il fausse les paroles. Son office est l'office de ce Prince ; sa fonction, de subvenir aux besoins de la police. Ce sont eux les véritables athées, ils n'ont absolument pas de Dieu ; ils se sont forgé une idole impie... Accomplir certaines cérémonies, réciter certaines formules, croire des propositions incompréhensibles, ce sont tous leurs moyens de se mettre bien en cour avec lui et de recevoir ses bénédictions. Ils adressent à Dieu des louanges, ils lui font une gloire, dont un homme ne voudrait pas ; et, ce qu'il y a de plus impie, ils ne croient même pas aux paroles qu'ils prononcent, ils s'imaginent seulement que Dieu aime à les entendre, et pour avoir ses faveurs, ils abondent en ce sens. » Fichte

Je rappelle l'évolution conceptuelle : avec Descartes je m'interroge sur ce qui est réel : je peux être victime d'erreurs, d'illusions...mais ce qui certain c'est que J'existe ( je pense être). Suis-je alors limité à ma propre perception ? Descartes ''croit en Dieu'', il est celui qui conduit ma pensée...

 

Puis-je penser le réel, sans faire appel à une Transcendance ?

C’est en ce sens que Kant propose de distinguer les « choses en soi » : qui est l’inconnaissable réalité objective des simples « phénomènes », qui sont ce que je perçois, grâce à l’aide d’un certain prisme : celui de l’espace, du temps, de la grandeur, des relations de cause à effet, etc. 

Mais... - Y a t-il plusieurs ''choses en soi'' .. ? - Leur existence est-elle nécessaire... et seraient-elles la cause des ''phénomènes'' ?

 

Fichte, lui répond de façon ironique : « Comment ! tu es capable de parler d’une réalité, sans en rien savoir, sans en avoir au moins obscurément conscience, sans la rapporter à toi ? ..

 

Précisément, pour Schelling, l'athéisme consiste à séparer l'homme de Dieu... Moi et non-moi, sujet et objet, phénomène et 'chose en soi' ne forment qu'un. Le monde est unité essentielle et il n'y a pas lieu d'opposer le monde idéal et le monde réel. Humain et nature ne sont que les deux faces d'un seul et même être, l'Un, l'Absolu...

 

Panthéiste Schelling ? Pourtant, il affirme que Dieu est point de départ, à la fois existence nécessaire, mais dès l'origine « puissance » (possibilité) d'une autre existence. La création est actualisation de cette puissance de l'être autre. L'homme est le point où l'unité des puissances est restaurée mais actualisant à nouveau cette puissance, cette fois sur le plan de la conscience : c'est l'odyssée religieuse de l'humanité d'abord sous la forme ''imaginaire'' de la mythologie puis sous la forme d'une conscience délivrée, en personne dans la Révélation.

Attention : ''imaginaire'' ne signifie pas '' qui n'existe pas '' … ! ( Voir le monde imaginal de H. Corbin...)

Sources : diverses.., notamment Van Riet Georges. Mythe et vérité. In: Revue Philosophique de Louvain.

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L'émigration – le Romantisme, la philosophie et les Mythes. 1/2

Publié le par Perceval

L'émigré, J. L. de la Bermondie, arrive donc en Allemagne ; avec sa principale question qui concerne le Graal, le Mythe... Des articles précédents ont fait référence à Roger de Laron, chevalier templier, dont il est l'héritier …

Et précisément, il se rend compte qu'ici, des intellectuels en ont fait un problème philosophique ...

Quel est ce problème ? Tout simplement, celui de savoir ce qu'est un mythe, ce qu'il signifie, comment il faut le comprendre et l'apprécier. Quel est le sens du mythe, quelle est sa fonction dans la vie humaine, quelle valeur doit-on lui reconnaître ?

 

August_Wilhelm_von_Schlegel

Auguste Schlegel (1767-1845) écrivain, philosophe ; en 1798 professeur à Iéna, fonde avec son frère la revue Athenaüm; il y a là également Ludwig Tieck, Wackenroder, Novalis … D'abord marié avec l'étonnante Caroline Michaelis... En 1804, il devient l'un des amants de Madame de Staël... Il lui restera fidèle jusqu'à sa mort ( à elle en 1817). Il écrit :

« Le mythe est un produit universel et nécessaire de la faculté poétique des hommes: c'est en quelque sorte une poésie originelle du genre humain »... Schlegel définit la mythologie comme « langage imagé de la raison et de l’imagination, sa sœur : ici, chaque corps se voit attribuer une âme, et tout ce qui est invisible est rendu visible »

Ces formules indiquent clairement que la mythologie n'est pas le produit d'un passé lointain ou d'une époque primitive de l’humanité. Comme le langage, elle constitue au contraire un phénomène indissociable du fait d'être homme, un principe structurel de son esprit.

Thor

L'homme appréhende le Monde par le mythe. Le peuple s'approprie le mythe et lui donne vie. Les allusions symboliques du mythe font qu'il est parfaitement reconnu par notre imagination... « Le premier mouvement de notre imagination est celui par lequel notre existence et le monde extérieur deviennent réels pour nous », écrit Schlegel...

« L'homme donne une forme humaine à toutes les forces de la nature qu'il perçoit. La personnification est la figure universelle de son langage naturel. » A. Schl.


 

« Le langage n'est pas un produit de la nature, mais une reproduction de l'esprit humain, qui y consigne l'apparition et les affinités de sa pensée, et tout le mécanisme de ses opérations.

Dans la poésie, quelque chose de déjà formé est donc à nouveau formé; et la capacité de son organe à prendre forme est aussi illimitée que la capacité de l’esprit à revenir sur lui-même par des réflexions toujours portées à la puissance supérieure. Il n'est donc pas surprenant que la manifestation de la nature humaine puisse en poésie plus que dans les autres arts se spiritualiser et se transfigurer, et qu'elle sache s'y frayer une voie jusqu'à de secrètes régions mystiques » A. Schl.

 

Critique de la philosophie des ''Lumières'' dans les leçons de Berlin d' August W. Schlegel :

 

L'âme humaine, écrit Schlegel, est divisée, comme l'est le monde extérieur, entre « lumière et ténèbres », et « la succession du jour et de la nuit est une image très pertinente de notre existence spirituelle ». Tandis que la lumière de la raison nous enchaîne aux « conditions de la réalité », celles-ci sont abolies la nuit, entourées d'un « voile bienfaisant », et c'est ainsi que s'ouvrent « des perspectives sur les espaces du possible ».

En ce sens, la raison et l'imagination représentent les forces fondamentales de notre nature : la raison « toujours à la recherche de l’unité », l'imagination « produisant sens cesse une variété illimitée ».

 

Schlegel illustre l’indépendance de l'imagination face à la raison, en évoquant les rêves où l'imagination « s'adonne à ses jeux sans connaître aucune contrainte ».

 

Le philosophe Friedrich Wilhelm Joseph (von) Schelling (1775-1854) fera également de la mythologie, au fil des années, sa préoccupation principale...

En 1790, il rentre au Stift (séminaire) de Tübingen où il rencontre Hölderlin et Hegel.

En 1798, Schelling arrive à Jena. Comme Novalis et Ludwig Tieck , il fréquente également Schlegel. Il s'engage, même, dans une histoire d'amour avec Caroline Michaelis-Schlegel (1763-1809), qui est tolérée par son mari ; elle a créé autour d'elle un cercle d'écrivains qui est le creuset de toutes ces nouvelles idées …

F. W. Schelling en 1800

En 1800, August Schlegel part à Berlin ; il va se séparer de Caroline qui va se marier en 1803 à Schelling...

 

À cette époque, l'idée la plus répandue sur les mythes était la suivante : ceux-ci seraient, ou bien le résultat de l'imagination des hommes, ou bien des vérités déguisées, traduisant la réalité par des allégories ou des métaphores.

Schelling s'oppose radicalement à cette interprétation du mythe. Pour lui, le mythe ne peut être d'aucune manière le résultat de l'imagination de l'homme, c'est au contraire la conscience de l'homme qui est le résultat des mythes. Les mythes ne sont ni des vérités cachées, encore moins des allégories ou des métaphores.

Les mythes sont des tautégories ( définition : les figures mythologiques signifient ce qu'elles sont et sont ce qu'elles signifient. ): ils ne disent rien d'autre que ce qu'ils disent. La question n'est pas de savoir s'ils sont vrais ou faux. Ils existent et ne signifient que ce qu'ils sont.

Quand j'écris ( voir:  St-Augustin, Zundel … Secrétan...)  « en moi habite quelqu’un de plus grand que moi », je suggère que la transcendance ne m'est pas externe, mais interne ; ce qui dépasse mon moi, est en moi...

 

« En nous tous est présente une faculté mystérieuse et merveilleuse, celle de nous retirer dans la partie la plus intime de nous-mêmes (...) afin d'intuitionner l'éternel en nous, sous la figure de l'immutabilité. Cette intuition est l'expérience la plus intime, la plus proche, celle dont dépend tout ce que nous savons et croyons quant au monde suprasensible » ( A. Schelling. Lettres sur le dogmatisme ..).

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