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experience chretienne

1953 – Mauriac

Publié le par Régis Vétillard

Mauriac, dans son éditorial du 13 janvier 1953 dans Le Figaro, dénonce la situation au Maroc. Il accepte la présidence de ''France-Maghreb'', et se montre de plus en plus déçu des politiques français. Son espoir c'est Pierre Mendès-France.

Lancelot se rend au Pèlerinage de Chartres de mai 1953, organisé par les étudiants avec de nombreux marocains musulmans, où il retrouve le père Daniélou et François Mauriac, qui est acclamé pour ses prises de position sur le Maroc. En juillet, il présidera le meeting catholique pour le révision du procès Rosenberg, à la Mutualité.

François Mauriac et Danielou au Pèlerinage de Chartres de 1953

 

Lancelot assiste (irrégulièrement en général), ici à Chartres, au sacrifice de la Messe, non qu'il estime l'efficacité de ce sacrement , mais parce que la ferveur dans certaines occasions produit un charme qu'il ne s'explique que peu... Ce serait moins efficace, sans-doute, si le décor n'était pas celui d'une église ancienne, et si la ferveur du célébrant et de la foule, n'était pas au rendez-vous.

Il apprécie que la liturgie puisse lui permettre d'atteindre, en communauté, un état de silence intérieur, en maintenant une atmosphère imperméable au vacarme extérieur.

Enfin, il estime que ce fragment de pain azyme, après le rituel, permet de garder en soi, habitée, cette zone profonde de l'être atteinte par le silence et les lectures.

 

Lancelot, alors qu'il venait de lire '' La Pierre d'achoppement '' put partager avec l'écrivain, quelques réflexions :

Mauriac prévient, il n'a pas les certitudes d'un Bloy, ou d'un Bernanos... Il n'est pas théologien ; il est un ''affectif'' : « nul moins que moi n'incline à mêler la raison, du moins le raisonnement, aux choses de la Foi. »

- Avec Kierkegaard, je dirais « que Dieu n'est pas quelqu'un de qui on parle, mais quelqu'un à qui l'on parle. ». « Dès qu'on prétend m'apporter des preuves, je perds pied. Dès qu'on me rend sensible un contact spirituel, j'y adhère sans aucun effort. »

- Aussi les dogmes ?

- « Ce ne sont pas les dogmes du catholicisme qui blessent la raison : ils déconcertent, ils ouvrent devant elle des gouffres, mais ils ne la blessent pas. »

François MAURIAC et un prêtre

- Lancelot répond : « Si je suis en accord avec vous sur ce point ; je pense ne pas partager cette curieuse formule '' le mensonge à l'intérieur de la vérité qui ne serait plus le mensonge... ! - Je vous cite entièrement : « Le clercs qui administrent l’Église, qui vivent dans la familiarité des signes sensibles de la Grâce, de la matière des sacrements, savent d'une expérience quotidienne que l’Église est faite pour les hommes, et non les hommes pour l’Église »... Oui, d'accord... Vous continuez : « Tout ce qui les soutient et les aide sur le chemin du ciel, toutes les béquilles de la fausse dévotion, ils ferment les yeux pour ne pas les voir : ils savent que le mensonge à l'intérieur de la vérité , n'est plus le mensonge, - d'autant qu'ils savent aussi d'une science sûre que depuis des siècles s'accumule un trésor de sainteté catholique dont le poids l'emporte infiniment sur les déviations, sur le complaisances. »

Je crains, ajoute Lancelot, que des petites compromissions, permettent d'excuser des choses beaucoup plus graves... Un mensonge à l'intérieur de la vérité : ne serait-ce pas le ver dans le fruit.... ?

 

Lancelot explique à Mauriac, sa difficulté à – non pas comprendre – mais vivre ''la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie.'' Il répond : - Le corps, mon ami... le corps ! Vous ne croyez pas assez au corps ! Pensez '' l'Incarnation ''...

L'Eucharistie, c'est un acte de grande matérialité que Mauriac lie à la résurrection des corps... Il dit aussi : Devenez ce que vous recevez, pour ajouter à ce que disait Saint Augustin « Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes»,

Enfin … Et si cela n'est qu'illusion ? se demandent Lancelot avec François Mauriac : - « Alors quel mystère serait ainsi révélé que l'humain puisse susciter une présence mythique dans un morceau de pain, et entretenu depuis dix-neuf siècles ... ! »

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1900 – L'occultisme - Lady Caithness (1)

Publié le par Perceval

Beaucoup de femmes trouvent de l'intérêt à la mouvance théosophique, quant à leur ''émancipation '' dans la société et aussi, pour celles qui y accèdent, pour leur sexualité.

En effet, ''On'' considérait que le corps féminin était un obstacle au développement spirituel .. ! Et des femmes, comme Lady Caithness, développent un discours différent...

María Estuardo duchesse de Pomar par Winterhalter

Lady Caithness, présidente de la société théosophique de Paris, est née Maria Mariategui en 1830 a Londres, de père espagnol et mère anglaise (catholique), les deux appartenant a des familles de la haute aristocratie... Elle se marie en 1853, avec le comte de Medina Pomar. Elle est veuve en 1868, et commence à s'intéresser au spiritisme...

En 1872 elle se marie en secondes noces avec James Sinclair, comte de Caithness, appartenant a l'une des familles les plus anciennes, et riches, de l'Ecosse. Elle publie alors '' Old Truths in a New Light,'' sa vision personnelle de la tradition occulte.

En 1877 se produit l’événement de de sa vie spirituelle: elle reçoit dans son domaine de Holyrood, en Ecosse, une révélation provenant de l'esprit désincarné de Mary Stuart (1542-1587). Elle reçoit alors des communications par la voie mediumnique – de Mary Stuart – des années durant...

Portée par les idées féministes qui circulent dans les milieux spiritualistes ; vers 1879, elle s'éloigne de son mari, et s'installe a Paris... Son mari meurt en 1881, la laissant héritière de son patrimoine : femme libre et riche …

Mary Stuart

 

Elle se lie en particulier avec Anna Kingsford ( 1846-1887) et Edward Maitland (1824-1897), qui font des longs séjours chez elle tant a Paris qu'a Nice. Des séances spirites se tiennent régulièrement chez elle ...

Entre 1883 et 1884 elle fonde la ''Société Théosophique d'Orient et d'Occident '', une branche française de la Société Théosophique de Mme Blavatsky.

Lady Caithness va mourir d' une crise d' asthme en 1895, a 1'âge de soixante-cinq ans. Son corps est inhumé avec des funérailles catholiques.

Ci-dessous: Un message de Marie, reine d'Écosse, avec son monogramme.

 

Examinons, à présent, quelques aspects de la pensée de Lady Caithness :

- Pointons l'importance pour elle du thème de la réincarnation ( alors qu'elle tient à rester dans le christianisme...)... Elle va tenter de contrecarrer l'aspect antichrétien de l’œuvre de Mme Blavatsky. A noter que, parmi les participants à ses soirées mondaines il y avait aussi un bon nombre de prélats et d'hommes d’Église...

- Un autre aspect important est celui du messianisme. Un messianisme féminin : les signes d'une ''fin des temps'' sont là : une nouvelle ère commence, et la femme jouer un rôle important...

Fujita - 1918

La société théosophique ouvre ses portes à de grandes figures féminines comme Emma Hardinge Britten, Mme Blavatsky , Anna Kingsford... Même si ces femmes se lient toujours à des personnalités masculines. Lady Caithness, elle, semble être en mesure d'affirmer son indépendance totale,surtout après la mort de son deuxième mari. A partir de ce moment elle est une femme déterminée, indépendante, riche, qui profite de sa position dans la haute société cosmopolite de son temps, et ne semble pas avoir besoin de l'appui d'un homme pour légitimer ses intérêts ou ses activités.

La Femme ou Principe féminin est au centre de sa pensée. Elle questionne l’idée que Dieu est Père et par là-même donne à la Femme une dimension spirituelle de premier ordre.

 

Le '' féminisme ' de Lady Caithness se manifeste surtout dans sa manière de lire les textes sacrés, et dans sa tentative de mettre en cause les interprétations théologiques traditionnelles, qui n'auraient pas attribué à la femme le rôle prééminent qui lui revenait. L'aspect féminin de la Divinité a été trop longtemps ignorés par les théologiens.

Alexandre Séon, "La Pensée", vers 1900

Pour ce qui est de la dimension sexuelle, certains membres de la mouvance ''occultiste'', y compris Mme Blavatsky et Anna Kingsford, défendent la valeur spirituelle de l'abstinence sexuelle, même à l'intérieur du mariage... Pour beaucoup de femmes, à cette époque, elles aspirent plus à une ''liberté du sexe', qu'à une ''liberté sexuelle'' … L'abstinence n'étant pas justifiée par des considérations de type moral, mais plus sur un discours qui porte sur la sublimation des énergies sexuelles, dirigée surtout sur le corps masculin...

 

Sa référence fondamentale reste la Bible. Son christianisme fait du Christ une figure universelle. Le Christ est l'un des grands maîtres de l’humanité, ainsi qu'un principe cosmique. Son lien avec le Jésus historique est de plus en plus tenu. La lecture et l’exégèse de la Bible sont de nature symbolique, et rappellent par bien des aspects l'approche de Swedenborg, qui reste une influence fondamentale de la mouvance spirite et de l’ésotérisme du XIXe siècle, particulièrement en France. Le sens littéral n'est que le sens exotérique du texte sacré, alors que son sens ésotérique n'est accessible qu'aux ''chercheurs'' ( volonté + grâce )...

La Bible n'est pas un livre d'Histoire ; dans le sens de la succession d’événements concrets qui mènent, de la chute d'Adam au pacte de l'Alliance de Dieu avec le peuple élu, puis a l'incarnation historiquement située de Dieu dans la chair d'un homme.

La Bible nous parle en revanche, par le biais de '' figures '', de l’évolution de l'âme sur son parcours vers l'illumination divine. Les personnages mêmes de la Bible représentent des stades, des passages, de ce chemin vers la perfection.

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Voyage en Allemagne – Bayreuth et Wagner - 2

Publié le par Perceval

* Pourquoi vient-on, ici, jusqu'à Bayreuth, pour écouter l’œuvre de Wagner ?

Ce qu'exprime la musique est immédiat, immatériel, et suscite, en nous, des émotions. Là : elle est gagne sur la poésie, par sa puissance ; et la poésie gagne en précision... L'opéra de Wagner, ajoute l'action mythique avec - par la musique - l'objectif de déplacer l'action extérieure... en action intérieure...

Wagner prend le Mythe, car son intérêt est la dimension symbolique.. Ce drame touche à ce qu'est l'humain. Il est universel ; même si Wagner traverse plusieurs périodes où il est lui-même anti-religieux à tendance optimiste, puis dès 1854 religieux à tendance pessimiste ( période schopenhauerienne...) ; enfin, en 1864, Wagner entre dans une quatrième période : une période religieuse, encore, mais optimiste cette fois-ci.

Wagner rompt ce que son époque a fait de l'Opéra : un divertissement comme un autre... Avec Parsifal ( écrit entre 1865 et 1882), l'Opéra est une représentation dramatique et sacrée ; comme s'il revenait à ses origines sacrées de la tragédie grecque.

De manière générale, on peut dire que pour Wagner, l'homme ne se situe pas au dessus de la nature ; mais au contraire, comme un être de la nature.

Wagner utilise, un moyen-âge mythique, un moyen-âge où le paganisme se mêle au christianisme qui se mêle, encore, au panthéisme.. Pour Wagner, le peuple a conservé une innocence quasi naturelle...

En ce début de XXe siècle, le wagnérisme prépare t-il le terrain au nazisme... ? Peut-être, même si wagnérisme ne signifie pas nazisme... !

C'est, par escroquerie intellectuelle, que le nazisme a annexé le wagnérisme... !

Wagner, en revanche, est le grand musicien de la philosophie de Schopenhauer (1788-1860) : La volonté naît du désir d'amour , un désir de vie aveugle et impossible à satisfaire … Ce principe à la fois doux et douloureux, régit le monde et perturbe l'équilibre insondable du néant ( dans le sens où Dieu n'existe pas …) …

L'Amour pour Wagner, s'exprime – avec passion – au travers de la pulsion érotique ; et même dans Parsifal, qui est une œuvre sur la Rédemption. Kundry, la rose de l'enfer, la pécheresse repentie... séduit le '' naïf imbécile'' qu'est encore le jeune Parsifal ; et réveille en lui le désir de sa mission...

Wagner écrit dans '' Ma vie '' que l’origine de son opéra remonte à ce qu'il a éprouvé en avril 1857, le jour du Vendredi saint, dans le jardin de la propriété des Wesendonck à Zurich. « Je m’éveillais pour la première fois avec le soleil le jour du Vendredi Saint : le jardin était verdoyant, les oiseaux chantaient ». Cet enchantement lui rappelle alors le Parzifal de Wolfram von Eschenbach dont il décide de tirer un opéra.

Pourtant, déjà dans le ''Lohengrin'' (1850) : Lohengrin révèle à Elsa qu’il vient d’un château nommé Montsalvat où se trouve le Saint Graal dont son père, le roi Parsifal, est le gardien.

Wagner aurait lu le Parzifal de Wolfram von Eschenbach (1170-1220), lors de son séjour de cinq semaines à Marienbad en 1845. Eschenbach est un des plus grands poètes épiques de son temps et c’est à ce titre qu’il apparaît déjà comme personnage dans Tannhäuser (1845) au moment du tournoi des chanteurs...

Parsifal est créé à Bayreuth le 26 juillet 1882. Wagner a réglé le moindre détail : décors, costumes, mise en scène. Franz Liszt, Anton Bruckner, Richard Strauss, sont dans la salle. Son opéra est conçu pour « son » théâtre... Wagner a interdit que Parsifal soit représenté ailleurs. Chaque représentation devait rester une expérience unique parce qu’inouïe au sens propre.

Le Thème de Parsifal, est donc l’héroïsme rédempteur seul susceptible d’apporter le salut. Pour soigner la blessure du roi Amfortas, blessé par le magicien Klingsor (son plus grand ennemi), il faut un être pur susceptible d’éprouver la plus grande compassion.

Parsifal est naïf ; mais ni chez Chrétien de Troyes, ni chez Eschenbach, il ne renonce aux joies de l'amour physique... Ce qui est alors attendu du parfait chevalier, c'est d'être à jamais fidèle à la dame à laquelle il a engagé sa foi. L'exigence de la pureté-chasteté n'intervient qu'ultérieurement dans les continuations cisterciennes de ''La queste du Saint-Graal '' où le Graal ne sera révélé qu'à Galaad chevalier vierge ; et ne pourra être accompagné dans le service du Graal que de Perceval, et Bohort, qui ne sont que chastes ….

Chez Chrétien et Wolfram, Kundry (Cundrie) est une femme au physique repoussant... Cependant, elle est fort savante... Elle reproche à Perceval de n'avoir pas poser la Question ; et de pas avoir pris les tourments du roi pêcheur en pitié …

Chez Wagner ; Kundry entre en scène sous l’apparence d’une « farouche amazone », messagère des chevaliers. Séductrice pleine de sensualité livrée à l’influence de Klingsor, elle est aussi déchirée par la malédiction qui la condamne à l’errance pour avoir raillé le Christ souffrant. C’est elle qui va éclairer Parsifal sur sa propre histoire, ce qui lui permettra d’accomplir  son destin.

« Cette œuvre de vieillesse, très sous-estimée, est pourtant à vrai dire absolument passionnante. On y trouve la plus extraordinaire musique (transformation du IIIe acte) et le personnage de Kundry est sans aucun doute sa conquête poétique la plus achevée. » Thomas Mann

Thomas Mann (1875-1955) a connu Parsifal en 1909 : « Délivrance, aboutissement, achèvement, cet oratorio de la Rédemption pousse à l’extrême l’exploration de mondes écartés, terribles et sacrés, et l’art de les faire parler » Thomas Mann

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Balzac et Swedenborg (philosophe et mystique suédois, 1688-1772)

Publié le par Perceval

Alkis Boutlis. Le rêve de Louis Lambert ( Balzac ).2017.

Balzac s’intéressait à la mystique, en 1830 il avait déjà lu sainte Thérèse d’Ávila, Antoinette Bourignon, Mme Guyon, Jacob Boehme, Swedenborg et Saint-Martin. Dans Seraphita il condense l’essence de la pensée de ces auteurs mystiques, surtout de Swedenborg.

 

« le swedenborgisme, qui n’est qu’une répétition dans le sens chrétien d’anciennes idées, est ma religion, avec l’augmentation que j’y fais de l’incompréhensibilité de Dieu » Une lettre de Balzac datée du 31 mai 1837.

Balzac pense pouvoir faire confiance à Swedenborg, parce que celui-ci n’est pas seulement un ''voyant'', mais un homme de science et de raison qui sait adopter un système mathématique et philosophique dans toute sa doctrine.

Emmanuel Swedenborg, né le 29 janvier 1688 à Stockholm en Suède, est très célèbre dans son pays et de son vivant... Sorte de '' Léonard de Vinci'', il est un inventeur et savant ; En 1719, le roi l'anoblit ; il siège ainsi à la chambre haute du Parlement suédois.

Emanuel Swedenborg

Swedenborg introduit en Suède le calcul différentiel et intégral mais refuse la chaire de mathématiques de l’Université d’Uppsala en 1725, préférant consacrer les douze années suivantes à son oeuvre monumentale, les Principia. Il y élabore une théorie de l’atome, une théorie de l’origine solaire de la terre et des autres planètes, une théorie ondulatoire de la lumière, une théorie nébulaire de l’origine du système solaire (chapitre 4 des Principia), et une théorie cinétique de la chaleur. Il publie une méthode pour calculer les longitudes d’après l’observation de la lune ; il se passionne pour la formation des sols et le phénomène des marées ; il contribue aux sciences naissantes de la cristallographie et de la métallurgie. Il identifie, dix-neuf ans avant Franklin, la nature des phénomènes électriques et s’intéresse bien avant Faraday au magnétisme. Il découvre que la position de l’équateur magnétique est différente de l’équateur géographique, et que le pôle magnétique Sud a un axe plus distant de l’équateur magnétique que le pôle Nord....etc

Il voyage beaucoup ; il se forme en Angleterre, en Hollande, en France...

En 1743, suite à plusieurs expériences mystiques, il abandonne ses recherches scientifiques pour se consacrer entièrement à la recherche théologique et philosophique...

Il demande à être relevé de toutes ses fonctions...

Swedenborg rédige une nouvelle œuvre colossale dont la pièce maîtresse est le Arcana Celestia, en douze gros volumes...

Le 19 juillet 1759, Emmanuel Swedenborg voit de Göteborg un incendie à Stockholm. Ce phénomène de vision à distance, ses entretiens avec les esprits, la tranquille assurance avec laquelle il se meut dans le merveilleux, le rendent bientôt célèbre dans toute l'Europe.

Il meurt à Londres le 29 mars 1772, à la date exacte qu’il avait lui-même prédite...

Sa pensée va influencer fortement la seconde moitié du XVIIIe siècle et tout le début du XIXe siècle.

Swedenborg's place of birth is commemorated at Hornsgatan 43, in Stockholm, Sweden.

Emanuel Swedenborg’s Tomb in the Uppsala Cathedral, Sweden.

Jorge Luis Borges (1899, 1996), admire Swedenborg et affirme qu'il est « l’homme le plus extraordinaire qu’ait mentionné l’Histoire […] est peut-être le plus mystérieux de ses sujets : Emmanuel Swedenborg ».

Paul Valéry, écrit : « Comment un Swedenborg est-il possible ? Que faut-il supposer pour considérer la coexistence des qualités d’un savant ingénieur, d’un fonctionnaire éminent, d’un homme à la fois si sage dans la pratique et si instruit de toute choses, avec les caractéristiques d’un illuminé qui n’hésite pas à rédiger, à publier ses visions, à se laisser passer pour visité par les habitants d’un autre monde, pour informé par eux et vivant une part de sa vie dans leur mystérieuse compagnie ? »

Balzac à sa table de travail

Balzac fut aussi passionné de sciences, attiré en particulier par la chimie dont il se fit expliquer par son ami François Arago les bases. Il lut avec passion les Éléments de philosophie chimique d’Humphrey Davy (1812) et les huit volumes du Traité de chimie de Berzélius (1829) pour pouvoir écrire un roman qui mettrait en scène un chimiste : La Recherche de l’Absolu (1834). Balzac était mu par la conviction qu’il devait exister derrière l’éclatement en divers éléments officiellement prêché, une chimie capable de tout expliquer par monisme.

Balzac a assisté aux cours du philosophe Victor Cousin; et en matière de philosophie, c'est Leibniz avec qui il a semblé partager quelque affinité : la constitution de la monade, avec ses plis multiples, les rapports corps-âme, etc… ( nous en reparlerons ...)

En ce XIXe siècle, Balzac juge que les systèmes philosophiques, en cours sont trop théoriques et rationnels, le mysticisme proprement dit ne l’est en revanche pas assez....

 

Mme de Staël, dans De l’Allemagne (1810), distingue les « théosophes » et les « simples mystiques ». Selon elle, les « théosophes » sont « ceux qui s’occupent de la théologie philosophique, tels que Jacob Boehme, Saint-Martin », avec l’ambition de « pénétrer le secret de la création », et les « simples mystiques » sont ceux qui « s’en tiennent à leur propre coeur », tels « plusieurs pères de l’Église, Thomas A-Kempis, Fénelon, saint François de Sales ». dans De l’Allemagne, 4e partie, chap. V : « De la disposition religieuse appelée mysticité »..

 

A suivre : … Lire Swedenborg, au XIXe siècle...

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -3 Le Graal -

Publié le par Perceval

Le Comte de l'X. et Charles-Louis de Chateauneuf, vont rencontrer un jeune homme qui - sorti de l’École Normale supérieure - est un germaniste passionné et passe de longs séjours en Allemagne : Guillaume-Alfred Heinrich, il enseignera plus tard la littérature allemande à la Faculté des Lettres de Lyon...

Voici son enseignement sur la légende du Saint-Graal ( édité ensuite en 1855) ...

Chez Wolfram, Parzival le héros, reste né dans le pays de Galles : son origine remonte aux vieux contes populaires de la race celtique, aux Mabinogion.

Le Mythe du Graal, vient tour à tour de la Bretagne, de la Provence ou de l'Orient.

Le Saint Graal, suivant les idées du moyen âge, n'était pas seulement un vase sacré, à jamais vénérable pour avoir reçu le sang du Christ; c'était aussi un vase mystérieux, source d'abondantes faveurs pour les chevaliers chargés de sa garde.

Ainsi le roi Pêcheur, Anfortas pour Wolfram, atteint d'une incurable blessure, ne prolonge ses jours que par la vue du Graal...

 

Heinrich, tient aussi à raconter – l'histoire du ''vase'' selon Les Mabinogion : rapportée par l'anglaise lady Charlotte Guest..

Un jour que Bran le Béni chassait en Irlande, il arriva sur le bord d'un lac nommé le ''lac du chaudron''. Comme il errait sur le rivage, il vit un homme noir, d'une taille gigantesque, au visage hideux, sortir tout à coup des eaux avec un chaudron dans ses bras. Une sorcière et un nain l'accompagnaient.

Le géant et la sorcière suivirent Bran le Béni dans la Cambrie son pays natal, et en retour de l'hospitalité qu'ils avaient reçue, lui firent présent de leur chaudron. Ce vase, comme le Graal, guérissait les blessures mortelles, il avait même le pouvoir de rendre la vie ; mais de peur que le ressuscité ne révélât le secret de sa guérison, il ne recouvrait point l'usage de la parole.

Nous retrouvons bien là le même mystère qui entoure le Graal...

Ce vase ne resta pas longtemps en la possession de Bran le Béni. Il avait eu quelques démêlés avec le prince d'Irlande Martolouc'h. Il se réconcilia avec lui et l'invita à un banquet. Il fit servir à manger dans le chaudron magique, où les mets ne s'épuisaient pas, et à la fin du repas il l'offrit au chef irlandais comme un gage de paix et d'amitié. Cette paix ne dura guère. De nouvelles injures forcent Bran le Béni à envahir l'Irlande.

Malheureusement le vase qu'il a donné devient le plus utile auxiliaire de ses ennemis; sa vertu ressuscite chaque soldat qui perd la vie, et Bran se consume en vains efforts pour vaincre une armée impérissable. Un jour enfin qu'on jette dans le chaudron la tête d'un chef pervers nommé l'Esprit-Mauvais, ce vase, qui, comme le Graal, ne saurait être touché par un méchant, se brise de lui-même au contact de cette tête coupable, et Bran le Béni recouvre ainsi l'avantage.

Le barde Taliésin parle déjà de son initiation aux mystères du chaudron, et une fois initié, s'écrie : « J'ai perdu la parole ; » allusion évidente à la discipline du secret destiné à dérober au vulgaire quelque enseignement religieux des bardes. Quant au vase lui-même, placé dans le sanctuaire d'une déesse, il communique le don de prophétie, l'inspiration poétique, et la connaissance des lois cachées qui régissent l'univers. L'introduction du christianisme chez les populations celtiques, en changeant les croyances, altéra cette vieille tradition dont le Mabinogi de Bran est peut-être un écho déjà bien affaibli. Mais un peuple est toujours porté à mêler ses vieilles superstitions à la doctrine nouvelle qu'il accepte. La légende du chaudron mystérieux se confond avec le dogme de la Résurrection, et sans doute avec celui de l'Eucharistie.

 

Guillaume-Alfred Heinrich, évoque ensuite Nicodème et la tradition chrétienne transcrite par Robert de Boron....

Robert de Boron, né en territoire de Belfort, est au service de Gautier de Montbéliard. Gautier, qui s’embarque pour la Croisade en 1201, et meurt en Terre sainte en 1212.

 

Heinrich nous dit encore, que l'abbé de la Rue ( 1751-1835. Historien et spécialiste de littérature anglo-normande), dans ses recherches sur les origines du cycle de la Table-Ronde, parle d'un vieux texte latin rédigé, dit-on , par les ordres du roi Arthur, et placé par lui dans les armoires de la cathédrale de Salisbury... ! ?

* Mais, le roi Arthur ; qui en parle … ?

Le Graal de Rochefoucauld, en français, manuscrit enluminé sur vélin, c.1315-23. Le roi Arthur combat les saxons

Au XIIe siècle le moine Hélinand (Cistercien, chroniqueur de l'abbaye de Frémont dans le diocèse de Beauvais.) parle comme d'une chose universellement admise de la vision qu'un ermite breton eut en 720 « au sujet de Joseph d'Arimathie et du Gradal. »... Il n'a pu, dit-il, se procurer le récit original en latin déjà difficile à trouver de son temps ; mais il en existe des traductions françaises qu'il a consultées.

Battle of Camlann

Un chroniqueur anglais du XIIe siècle, Guillaume de Malmesbury, écrit sur Arthur, un héros national gallois, contre les anglo-saxons, qui a livré maint combat avant de périr , en 542, à la bataille de Camlam... Sans autre fondement historique … !

Vers 850 dans le récit de Nennius ; la résistance des Gallois contre les Saxons se personnifie dans Arthur, et la victoire ne l'abandonne jamais... De plus, Arthur va à Jérusalem et en rapporte un modèle de la vraie Croix, destiné à rendre ses armées invincibles aux païens...

Enfin, la création épique du cycle d'Arthur s'achève dans la chronique de Geoffroy de Monmouth.

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L'abbé Alphonse-Louis Constant, et le Féminin -1/2-

Publié le par Perceval

Alphonse-Louis Constant

Je voudrais, parce que c'est important pour la suite de la Quête de Ch.-L. De Chateauneuf, lire ce que dit '' l'abbé'' Alphonse-Louis Constant (1810-1875), du '' Féminin '', situé dans son époque évidemment …

L'avènement de la République, aurait pu signifié – à l'image de la Liberté personnifiée par Marianne – la libération de la femme … La piété mariale ne cesse de s'intensifier. On pourrait se demander si la mariologie sert la cause féministe ? A.-L. Constant, lui, l'affirme … pour lui, le Féminin, peut incarner l'avenir du citoyen, et de l'Eglise catholique ...

Quand le jeune abbé Alphonse-Louis s'éprend d’Adèle Allenbach, il compare son amour, à celui qu'il a pour la Sainte Vierge... Mais, de plus...Il quitte le séminaire huit jours avant son ordination, bouleversé par ses sentiments...

Il écrit ''La Bible de la liberté'', et cause le scandale parce qu'il soutient que Dieu habite d’abord le coeur de chacun avant de régner sur le monde ; et « l’humanité n’a qu’une grande âme qui passe de génération en génération...». Le livre est saisi, et lui est arrêté, jugé (!) , puis incarcéré à la prison de Sainte-Pélagie. Là, il étudie les écrits d’Emmanuel Swedenborg (1688-1772), très en vogue, qui confirme son mysticisme féminin et la sainteté de l’amour.

Il publie ''La Mère de Dieu'' (1844) et poussé hors de l'Eglise, on retrouvera l’abbé Constant dans la société secrète de l’Ordre hermétique de la Rose-Croix universelle de Lausanne, où il obtient vite le grade de Grand-Maître.

Vierge Marie 1850

Pour en revenir aux idées : Constant prévoit que l'ère de l'amour marial succède à celles de l’autorité patriarcale... « Le monde, jusqu’à présent, a connu en Dieu l’idée d’un Père et d’un Fils ; mais il n’est pas encore initié aux secrets d’amour de la mère, sur qui repose le Saint-Esprit. »

Une nouvelle ère marquée par la Liberté de la femme, l'Egalité entre les sexes, et la fraternité ( amour social...). L'humain a face à lui : la Mort ( séparation entre homme et femme) , et la Beauté ( union entre masculin et féminin). L'Amour est donc la voie de déification, car il vainc la mort... Symboliquement, l'homme est motivé par la beauté de la femme, et chacun peut en expérimenter la manifestation divine.

 

Dans le langage de l'époque : Constant écrit dans '' La Bible de la Liberté'' :

Louise Vernet

« L’homme est l’amour de l’intelligence, la femme est l’intelligence de l’amour.

La femme est le repos et la complaisance de Dieu, la fin de sa révélation et la couronne de ses œuvres.

La femme est avant l’homme, parce qu’elle est mère, et l’homme doit l’honorer, parce qu’elle enfante avec douleur.

Dans l’essence de Dieu, l’intelligence est avant l’amour ; mais dans la manifestation, l’amour précède l’intelligence.

C’est pourquoi la femme est plus que l’homme dans le monde.

Elle a aussi précédé l’homme dans le péché et dans la gloire ; elle a donné sa vie pour la liberté, et l’homme a donné sa vie pour elle.

Ainsi elle s’est fait Dieu en absorbant son être dans un rayon de la divinité, et l’homme l’a vue alors si belle, qu’il l’a adorée. »

 

L'âme soeur - A. Robida

Constant, ensuite choque ses contemporains, en considérant le ''péché originel'' comme nécessaire à la libération de l'humain, avec son pendant de ''souffrance''... ''L'intelligence créée a la liberté de nier Dieu... et paradoxalement continue ainsi à ''glorifier '' Dieu...

« L’amour ne connaît ni la loi ni la crainte ; il est fils de la liberté.

Il est créateur comme Dieu, et veut tout donner à ce qu’il aime... » Constant, La Bible de la liberté,

 

« La confiance de l’amour fait naître la foi. L’enfant croit à sa mère, parce qu’il se sent aimé d’elle, et ainsi la foi est raisonnable. Mais où il n’y a pas d’amour, la foi ne peut être que superstitieuse et servile, parce que sans amour il n’y a pas de liberté, comme sans liberté il n’y a pas d’amour. »

Abbé Constant, Le testament de la liberté

 

Le couple, par l’union amoureuse, reconstruit l’androgyne primordial du Banquet de Platon. Pour Constant, la femme est appelée à occuper a fortiori une place centrale dans la société et à y exercer son autorité empreinte de douceur et de tolérance, des qualités qui lui sont naturelles : « Car tout enfant obéit à sa mère, et la femme est mère de Dieu. Aussi je vous dis, en vérité, que la femme est reine du monde. » Constant, L’assomption de la femme.

Constant appelle de ses vœux un mariage libre, résultant de la liberté de l'amour … « La fille de famille riche est vendue et exploitée comme une terre... Les prostituées, ne sont que les fruits malheureux d’une société perverse et hypocrite... » etc …

Pour lui, la connaissance, à l’origine du péché (Genèse 3,6), est l’acte sacrilège nécessaire à la fondation de la civilisation qui n’a pas pu ne pas être prévu par Dieu. Et, la sexualité n’est pas la violation d’un interdit, mais un interdit désiré qui affranchit l’humanité...

La Vierge du Sacré Cœur, 1821 - Eugène Delacroix,

Constant pense que la piété mariale, peut rassembler le peuple... Marie, porte une réflexion mystique sur '' l’Éternel féminin''. Et, en ce milieu du XIXe siècle, Constant envisage sur ces bases une religion universelle, qui serait le socialisme … !

Il appelle l’État français à se féminiser et soutenir son peuple, à l'image de Marie qui accompagne son fils... !

 

En cette période romantique, Constant pense que le ''sentiment religieux '' - produit d’images, de légendes » et de miracles merveilleux et glorieux - est une voie intuitive conduisant à la connaissance.

 

Sources : Larangé, D. (2010). Théologie mariale et discours féministe. La foi romantique en l’avenir du pouvoir féminin selon l’abbé Alphonse-Louis Constant. Tangence,

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Roger de Laron : sa Foi en cette fin du XIIIe s.

Publié le par Perceval

Roger de Laron, le sait...Et, nous l'avons déjà évoqué... : (Roger de Laron : les Templiers et le Saint-Suaire.)
- Les Templiers ont possédé, et possèdent encore le linge qui a enveloppé le cadavre de Jésus ; cette relique est protégée parmi le Trésor disséminé après l'arrestation des chevaliers. ( Cf, le prochain article)
Ceux qui l'ont vu, en particulier les grands Maîtres de l'ordre, évoquent ce linge en décrivant un visage qu'il garderait inscrit dans le tissage, avec les marques du supplice... Certains chevaliers adorent la relique, et d'autres les accusent d'adorer une idole...

Roger de Laron, reste prudent sur ces accusations... Lui même, quand il fut interrogé par l’évêque, a récusé toutes les abominations prêtées au chevaliers pauvres du Christ... Ce dont il peut témoigner, c'est un rituel d'obéissance établi par les Templiers qui met à l'épreuve les recrues, et qui reprend des gestes de leurs ennemis pour les édifier, et peut-être les préparer... En effet, les sarrasins obligent les prisonniers chrétiens, sous peine de mort, à renier Jésus-Christ et à cracher sur la croix...
Bien sûr, Roger de Laron croit en un seul Dieu, qui se manifeste en une Trinité. Il croit au Père, créateur de toutes choses.
La création est parfaite, à l'image du créateur... Au travers de ses voyages et de ses rencontres, le seigneur de Laron a très vite été intrigué par les questions sur l'origine des dieux, du ciel et de la terre que les différents peuples se posent délicatement exprimés dans des contes, des histoires ( des mythes)... Ainsi, a t-il entendu parler au sein du Chaos, des noces entre la terre et le ciel. C'est Chronos, qui sépare l'étreinte en coupant le sexe de son père... Certains évoquent un œuf, concentration de vie... La grande question débattue parmi les sages, est de savoir si le monde est fini ou infini... ?
 
La conviction de beaucoup de lettrés est que Dieu étant infini, il ne peut avoir créé un monde fini : ce serait chose indigne de sa puissance créatrice... Pourtant, Roger sait qu'il ne faut pas trop le dire... Les clercs proches des puissants de l’Église abhorrent l'idée d'un univers infini : l'ordre et l'harmonie du monde ne peuvent exister dans un espace infini.
Si la Terre est au centre du monde... Manifestement, pour les hommes du XIIIe siècle, le monde est un lieu différencié, hiérarchisé, organisé et cohérent ; il est le fruit de la réflexion de la plus haute intelligence... Ce sont les séparations qui ont permis aux jours, nuits, mers, terres, sexes de se créer... L'homme lui-même est séparé de Dieu ...
 
Ce qui édifie Roger de Laron, également, c'est la religion des sarrasins. L'islam, avec la croyance en un Dieu unique, transcendant, source unique de la doctrine, professe l'unité des êtres humains entre eux et avec le cosmos.
La nature vivante, n'est pas une matière inerte, elle est habitée par le souffle de Dieu, sa destinée est interdépendante de la notre.
Le chevalier templier garde, tel un trésor, la traduction d'un texte arabe d'Huseyn Mansûr Hallâj ( mort en 922 à Bagdad)
Ce texte est éminemment alchimique, il décrit les différentes opérations de transformation de soi, par l'anéantissement de l'égo et par l'advenue de Dieu en soi...
 
« C'est le recueillement, puis le silence ;
puis l'aphasie et la connaissance ;
puis le découverte ; puis la mise à nu.

Et c'est l'argile puis le feu ; puis la clarté et le froid ;
puis l'ombre ; puis le soleil. (…)

Et c'est l'ivresse puis le dégrisement ;
puis le désir, et l'approche ;
puis la jonction ; puis la joie.

Et c'est l'étreinte puis la détente ;
puis la disparition et la séparation ;
puis l'union ; puis la calcination. »
 
C'est à Chypre, que Roger de Laron a entendu parler de la première fois de la science du ''Grand Oeuvre'' ; un savant sarrasin enseignait que l'or représentait l'équilibre parfait entre les deux principes opposés et complémentaires le Soufre et le Mercure...

Ces quelques mots étaient le départ semblait-il d'une théorie qui englobait le visible et l'invisible … C'était assez tentant … Mais c'est avec Raymond Lulle (1235-1315) que Roger a compris la description opérative du monde dans lequel il vivait..

Pour résumer : le monde visible est décrit selon une structure ternaire ; et qui prend son origine dans la matière primordiale ( crée par Dieu) : elle est représentée par le ''Vif Argent'' ou Mercure. De cette matière initiale se sont extraits les corps angéliques, les corps célestes ( les astres ..) et les corps terrestres. Des corps terrestres nous connaissons ( Aristote) - les Quatre éléments : l'eau, la Terre, l'Air et le Feu.
Les alchimistes ont découvert, également : la Quinte essence... Raymond Lulle la décrit comme un esprit subtil répandu dans l'ensemble de la nature et qui vient s'ajouter aux quatre éléments.
Cette essence s'appelle un alcool...
 
A son retour en Aquitaine, Roger de Laron, s'est vite aperçu, qu'en ce XIIIe siècle, les moines pratiquaient dans leurs monastères cette alchimie ; sous les deux formes, matérielle et spirituelle.
 
Parmi eux, Roger Bacon (1214-1294), franciscain après avoir été marié, a atteint une certaine notoriété...

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Rencontre avec ' la personne... -2-

Publié le par Perceval

« Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie, c'est par la présence bien plus que par la langue et par la parole. La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c'est la présence. C'est elle qui est silencieusement agissante. » 

Christian Bobin (dans La grâce de solitude de Marie de Solemne, p.39, Éd. Dervy,1998)  

 

Merci de m’offrir l’impuissance
à te savoir vivre ou mourir
ainsi je peux me donner ta présence
dans le rien qui n’a pas de fin

Merci de faire de ton absence
le fidèle cadeau de mon désir
qui n’espère plus rien du tien
sinon le rêve où je veux m’endormir

Merci de me donner par ton silence
tant de mes paroles sans avenir
et si pures de n’attendre plus rien
que ton oubli dont seul je me souviens.

Robert Mallet (1915-2002)

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L’homme est seul en lui-même,
terriblement distant des autres,
malgré son envie de passer un peu dans tous les yeux
qui ne sont pas les siens.

Sentiment d’impuissance qui terrasse
au point où certains jours on n’éprouve presque
rien à dire, seulement une phrase pour témoigner
de cette souffrance…
« Dites seulement une parole et je serai guérie ».

Que les mots ne blessent pas l’expérience.

Comme si écrire pouvait donner plus de Présence à l’homme!

Raphaële George (1951-1985)

 

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Rencontre avec ' la personne...

Publié le par Perceval

Je viens de suivre une formation ( avec l'association « Traverses » ) sur la rencontre avec « la personne »... plus précisément: « la personne souffrante » … «Souffrante », c'est important, en particulier du regard de cette personne ; vis à vis de moi..(1). Mais, avant tout, il s'agit de la rencontre avec une personne. Et cette relation inter-personnelle est assez magique en soi, même si je la banalise dans les faits …

(1) ne pas se tromper : Dans le cadre d'une institution, la rencontre avec une personne souffrante est une relation asymétrique ( je suis ton égal, mais je ne suis pas dans la même situation …). C'est une relation mise en scène, organisée …

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- Dans la rencontre :

Qu'est-ce qui se passe ? Qui me demande ? Que me veut-on ? Qu'est-ce qui m'inspire ? Que puis-je oser ?

«  Qui es-tu, toi qui prétend m'aider ? » proteste un homme de la rue.

«  Vous commencerez par le respect » indique Maurice Bellet.

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Parmi ce que je retiens :

  •  L'histoire intéressante, de ce SDF ( toujours pieds nus ) qui chaque jour passe au CMPP, s'assoit ; puis s'en retourne. Il n'échange qu'un « salut »... Au bout de plusieurs mois, discussion avec lui sur sa présence, ce qu'il attend … ? «  Vous au moins, vous ne m'avez pas proposé de chaussures ! »

Nous pensons devoir combler un manque, un vide … !

« Chaque fois que tu donnes quelque chose à quelqu’un ; demandes-toi, ce que tu lui enlèves .. » L'Abbé Pierre.

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  • Les limites de notre action : Pouvoir et impuissance.

L'impuissance ( son sens 'religieux' est important …) laisse la place à l'Espérance.

 
Kénose et Resurrection.

 
Garder l'espérance, abandonner l'espoir...

 Dans « l'entre-deux », il y a La Présence.

 

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  Louis Rivier (1885-1963)


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En quoi, suis-je concerné par la souffrance d'autrui … ?

Publié le par Perceval

Je visite – bénévolement - des personnes malades psychiques dans le cadre d'une aumônerie d'un hôpital psychiatrique … Compassion.jpgJe rencontre des hommes ou des femmes qui peuvent tomber dans la dépression, jusqu'à des personnes qui - par décision d'un juge - subissent l'enfermement... Certains depuis 10, 20 ans … !

En quoi, suis-je concerné par la souffrance d'autrui … ?

Ou plus simplement : pourquoi est-ce que je fais cela … ?

  • Je ne sais pas … ! C'est vrai, aussi... Mais, encore...

  • Je pense que, fondamentalement, c'est pour les mêmes raisons, qu'un agnostique ( ou athée …) le fait : il y va de mon idée ( comme quoi : intello ça sert aussi …!) que je me fais de l'humanité, du sens d'être un humain... Du sens que j'ai d'être là, de ce que je fais de ma liberté … ( humanisme .. ; existentialisme, même ..etc). Et puis, il y a la relation à l'autre, et tous les 'avantages secondaires' qu'il y a de partager quelque chose qui a du sens... Besoin de « relationnel » … etc..

  • Ce n'est pas parce que je suis chrétien ! Je n'obéis pas à un injonction « morale ». Je ne fais pas cela pour le Christ ! Disons plutôt qu'il se trouve ( et c'est tout à fait logique...) qu'en m'approchant de l'autre, je rencontre le Christ... le divin … Mais, c'est une lecture que je fais après

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La différence entre un 'athée' et moi, est dans la lecture, l'explication, le pourquoi d'un tel geste …

De plus, je sais, que l'essentiel du message évangélique est dans «  la communion » au frère... Idéal chrétien qui n'est pas l'apanage des chrétiens ; même si nous avons la facilité d'avoir une explication au « pourquoi » chez l'humain  du souci de l'autre...

 liberte-egalite-fraternite.png

Que faire de la souffrance d'autrui ?

  • Il ne s'agit 'plus' ( cela ne fait plus recette ….) , par ' culpabilité ' de s'imposer le 'devoir de faire '... Nous préférons, mettre en place des dispositifs de remplacement, de ' solidarité ' : technicisés, institutionnels... Ils devraient d'ailleurs être beaucoup plus efficaces, et sont grandement légitimes... ( vive le Service Public ! ) tant que la société ne les critique pas !: Dans notre langage, l'assistance devient l’assistanat, ce qui augure mal de l'idée que nous en avons …. Ensuite qu'en est-il de la rencontre avec la personne : sa souffrance, sa détresse … ?

 

Je ne veux pas employer le mot «  Amour »... En faire une référence, une explication ; ne me satisfait pas du tout, compte tenue de notre utilisation française du mot... L'amour est un sentiment, il est comme l'amitié, le résultat d'une rencontre particulière. Le mot qui correspondrait le mieux, serait celui de « charité », comme image d'Agapé... Mais, la morale religieuse des siècles précédents l'a disqualifiée... ! Nous utilisons plus facilement, compassion, empathie …

 Beatus-de-Pierpont-L-Agneau-sur-le-mont-Sion-loue-par-les-.jpg

Je terminerai par l'idée que si, chrétiens, nous osons dire que : la femme ou l'homme qui vit dans le don de sa personne l'aide du prochain souffrant, vit véritablement au plus profond de lui la rencontre avec le Christ – sans le savoir - … dalailama-compassion.jpgAlors... c'est que le Christ est suffisamment ouvert pour intégrer dans son message ( dans sa révélation … ! ) l'expression agnostique, mais aussi celle des autres religions ( bouddhistes, musulmans ...etc ). C'est un pas fondamental, dans la compréhension du pluralisme religieux ; non pas en désirant intégrer l'autre, mais en reconnaissant que l'expression de son but de l'existence, - expression légitime … et hautement respectable … - pourrait être intégrée avec sa différence dans un catholicisme, alors oui : véritablement «  universel »...

Enfin … ! Le christianisme n'en est qu'à ses balbutiements … !

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