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1953 – Mauriac

Publié le par Régis Vétillard

Mauriac, dans son éditorial du 13 janvier 1953 dans Le Figaro, dénonce la situation au Maroc. Il accepte la présidence de ''France-Maghreb'', et se montre de plus en plus déçu des politiques français. Son espoir c'est Pierre Mendès-France.

Lancelot se rend au Pèlerinage de Chartres de mai 1953, organisé par les étudiants avec de nombreux marocains musulmans, où il retrouve le père Daniélou et François Mauriac, qui est acclamé pour ses prises de position sur le Maroc. En juillet, il présidera le meeting catholique pour le révision du procès Rosenberg, à la Mutualité.

François Mauriac et Danielou au Pèlerinage de Chartres de 1953

 

Lancelot assiste (irrégulièrement en général), ici à Chartres, au sacrifice de la Messe, non qu'il estime l'efficacité de ce sacrement , mais parce que la ferveur dans certaines occasions produit un charme qu'il ne s'explique que peu... Ce serait moins efficace, sans-doute, si le décor n'était pas celui d'une église ancienne, et si la ferveur du célébrant et de la foule, n'était pas au rendez-vous.

Il apprécie que la liturgie puisse lui permettre d'atteindre, en communauté, un état de silence intérieur, en maintenant une atmosphère imperméable au vacarme extérieur.

Enfin, il estime que ce fragment de pain azyme, après le rituel, permet de garder en soi, habitée, cette zone profonde de l'être atteinte par le silence et les lectures.

 

Lancelot, alors qu'il venait de lire '' La Pierre d'achoppement '' put partager avec l'écrivain, quelques réflexions :

Mauriac prévient, il n'a pas les certitudes d'un Bloy, ou d'un Bernanos... Il n'est pas théologien ; il est un ''affectif'' : « nul moins que moi n'incline à mêler la raison, du moins le raisonnement, aux choses de la Foi. »

- Avec Kierkegaard, je dirais « que Dieu n'est pas quelqu'un de qui on parle, mais quelqu'un à qui l'on parle. ». « Dès qu'on prétend m'apporter des preuves, je perds pied. Dès qu'on me rend sensible un contact spirituel, j'y adhère sans aucun effort. »

- Aussi les dogmes ?

- « Ce ne sont pas les dogmes du catholicisme qui blessent la raison : ils déconcertent, ils ouvrent devant elle des gouffres, mais ils ne la blessent pas. »

François MAURIAC et un prêtre

- Lancelot répond : « Si je suis en accord avec vous sur ce point ; je pense ne pas partager cette curieuse formule '' le mensonge à l'intérieur de la vérité qui ne serait plus le mensonge... ! - Je vous cite entièrement : « Le clercs qui administrent l’Église, qui vivent dans la familiarité des signes sensibles de la Grâce, de la matière des sacrements, savent d'une expérience quotidienne que l’Église est faite pour les hommes, et non les hommes pour l’Église »... Oui, d'accord... Vous continuez : « Tout ce qui les soutient et les aide sur le chemin du ciel, toutes les béquilles de la fausse dévotion, ils ferment les yeux pour ne pas les voir : ils savent que le mensonge à l'intérieur de la vérité , n'est plus le mensonge, - d'autant qu'ils savent aussi d'une science sûre que depuis des siècles s'accumule un trésor de sainteté catholique dont le poids l'emporte infiniment sur les déviations, sur le complaisances. »

Je crains, ajoute Lancelot, que des petites compromissions, permettent d'excuser des choses beaucoup plus graves... Un mensonge à l'intérieur de la vérité : ne serait-ce pas le ver dans le fruit.... ?

 

Lancelot explique à Mauriac, sa difficulté à – non pas comprendre – mais vivre ''la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie.'' Il répond : - Le corps, mon ami... le corps ! Vous ne croyez pas assez au corps ! Pensez '' l'Incarnation ''...

L'Eucharistie, c'est un acte de grande matérialité que Mauriac lie à la résurrection des corps... Il dit aussi : Devenez ce que vous recevez, pour ajouter à ce que disait Saint Augustin « Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes»,

Enfin … Et si cela n'est qu'illusion ? se demandent Lancelot avec François Mauriac : - « Alors quel mystère serait ainsi révélé que l'humain puisse susciter une présence mythique dans un morceau de pain, et entretenu depuis dix-neuf siècles ... ! »

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