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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -1-

Publié le par Perceval

Le comte de l'X. ramène de Palestine quantités d'antiquités et même quelques ''fausses'' reliques avec certificats. Ainsi : un fragment de la Sainte Eponge, un plâtre moulé dans l'Empreinte du pied du Christ laissées lors de l'Ascension et conservée sur le Mont des Oliviers. Plusieurs pierres, dont l'une proviendrait du Temple de Salomon, etc ...

 

Les Templiers, auraient mis en œuvre le plus grand trafic de reliques qui n'ait jamais existé... ! Ils se sont appropriés le Mont du Temple, et l'ont fouillé de toutes parts … Ils sont devenus les possesseurs et les convoyeurs des plus importantes reliques, comme des fragments de la Vraie Croix...

 

1119 : Fin de la restauration de la tombe du Christ par les Croisés et début des travaux de la nouvelle Basilique. Les futurs Templiers se sont emparés des reliques de la tombe du Christ pendant la restauration. Créé en 1120, par quelques chevaliers, l'Ordre du Temple s'est développé dans tout l'occident...

1146-1147 : Robert de Craon - le second maître de l'Ordre du Temple jusqu'en1149 - ramène en France une partie des reliques de la tombe du Christ. ...

En 1247, le patriarche de Jérusalem confie à un templier le soin d'apporter au Roi d'Angleterre Henri III, l'ampoule contenant le ''Saint Sang'' ...

Le 15 mai 1272, le maître du Temple Thomas Berard envoient en Occident « du bois de la vivifiante croix du Seigneur, des reliques de la Table du Seigneur, du sépulcre du Seigneur , etc.. Auparavant elles ont été authentifiées par Jean archevêque de Tyr, et par Humbert, frère du Temple et évêque de Banyas »

Graal de Valencia

Une relique très particulière, aurait été mis au ''secret'' : la Coupe de la cène, lors du dernier repas … Une coupe mythique jusqu'en son matériau, et son origine …

Pour ce qui est de la ''Sainte Coupe'', ou du Saint-Calice.. ; c'est à dire du Graal … Voici ce que le Comte retient de ses nombreuses interrogations auprès des archéologues, du moins ceux qui prennent au sérieux la question …

 

Une tradition veut qu’après la dernière cène, l’Apôtre Pierre ait pris le Graal pour l’emmener jusqu’à Rome. Il y serait resté jusqu’à la persécution de l’empereur Valerian (257-260). Nous sommes alors en 258 après JC, le diacre Lawrence reçoit du pape Sixte II les trésors de l'Église, avec la tâche de les protéger et les cacher ....

On soutient que le légendaire Calice pourrait être encore à Rome. Mais où? Peut-être, selon certains indices, dans la basilique Saint-Laurent hors des murs. Sur la tombe de Saint-Laurent, est clairement représenté un calice avec quelques gouttes de sang stylisées.

Pourtant, là à Rome, il y aurait une fresque qui représente Henri II, le duc de Bavière recevant une coupe en or de Lawrence. La coupe serait donc passée en possession des souverains de l'empire germanique ...


 

Sacre Catino ( Graal) de Gênes

Cependant, le Comte de l'X, évoque le ''calice de Gênes'', en lien d'ailleurs avec les templiers... Nous sommes alors à l'époque de la République de Gênes, une des républiques maritimes d'Italie. L'implantation des templiers ( Roger de Flor, y est connu..) s'est faite principalement dans les villes côtières et avait pour objectif de fournir des hommes pour les états latins d'Orient. A Gênes, donc, - commanderie templière ( Domus Templi de Sancta Fide , Sancte Fidei - la tradition dit que l'on conservait en sa cathédrale Le ''Sacro Catino'', transporté à Gênes par Guglielmo Embriaco dans le butin de la conquête de Césarée en 1101. Guillaume de Tyr le décrit comme un "vaisseau de la couleur la plus verte, en forme de plat de service" ( vas coloris viridissimi, in modum parapsidis formatum ) que les Génois disaient être en émeraude …

Une image moderne de Guillermo Embriaco ( chef militaire gênois) avec son drapeau - et le graal Sacre catino de Gênes

L'original aurait été caché ( dans ce cas, où?), et remplacé par une copie... En effet, lors la campagne d'Italie menée par Napoléon Bonaparte, la copie fut dérobée et emmenée à Paris en 1809... Et, une commission de l'Académie des sciences de l'Institut de France conclut que ce vase était fait en verre coloré, et non pas en émeraude... L'objet fut de plus rendu (en 1815) cassé ; et reste exposé à la cathédrale Saint-Laurent de Gênes.

 

Le Comte de l'X, fut ébranlé, par le récit de cette histoire... Ses recherches, lui ont permis de collecter diverses légendes autour de ce Graal … - Un Graal d'émeraude.

 

Le "Sacro Catino" aurait été rapporté, par les templiers croisés, résultat de leurs premières fouilles à Jérusalem... Dans les restes du temple construit par Hérode Ier le Grand en l'honneur d'Auguste à Jérusalem..

Non seulement, le Christ aurait bu dans le Sacro Catino, mais avant cela il aurait été offert par la reine de Saba (Yémen, Arabie) au roi Salomon pour garnir son temple construit pour abriter l'arche d'alliance, coffre contenant la table des Dix Commandements reçue par Moïse.

D'après Hérodote, cette coupe d'émeraude se trouvait dans le temple d'Héraclès à Agrigente.

Jacques de Voragine dans sa Chronique de Gênes (Chronicon januense, fin du XIIIe siècle) dit que Jésus et ses disciples mangèrent dans un plat d'or ou d'émeraude lors de la Cène, et que, selon certains livres anglais, Nicodème utilisa pour recueillir le sang du Christ, un vase d'émeraude appelé Sangraal.

 

Jean Danton, l'historiographe de Louis XII en fit une description en 1501 dans sa « Vie de Louis XII deuxième partie chapitre XXI » comme l'ayant vu :

« Ce très précieux vaisseau est une émeraude entaillée en manière d'un grand plat en largeur de deux palmes d'un si beau vert que toute émeraude mise auprès en est obscurcie et contient en rond au-dessus du plus large six palmes en quadrature au fond dudit plat est un autre petit rond fait au compas selon la proportion de sa grandeur et dès le bord de ce rond jusqu'au bout du plat sont six quarrures faites à la ligne et pour soutenir ce plat au-dessous sont deux anses de même pierre assez larges pour passer la main d'un homme et d'un travail merveilleux aussi dit-on que Jésus Christ au jour de sa cène le fit lui-même d'un peu d'argile. Ce trésor d'inestimable prix est soigneusement gardé dans le sacraire du grand dôme de Saint Laurent de Gènes. »

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Voyage en Orient

Publié le par Perceval

Vue de Jérusalem

Vue de Jérusalem

Charles-Louis de Chateauneuf a la grande chance d'avoir rencontré le comte de l'X. conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal, et membre de plusieurs sociétés savantes, en particulier président de la Société des antiquaires de France …

Ce savant est passionné par le Moyen-âge, et il va entreprendre un voyage en Terre Sainte, et au retour traverse - d'Italie où il débarque – l'empire d'Autriche-Hongrie, jusqu'en Bohème pour revenir à Paris par les états allemands...

Voyage dont il va rendre compte à Charles-Louis, d'autant que le comte a gardé avec lui ses questions sur les Templiers... Des questions que partagent fort le Comte de l'X. qui a pour objectif d'aller à Jérusalem pour se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce qu'il obtenir le 21 juillet 1837, en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre ».. Et, autre objectif : acquérir des objets palestiniens les plus anciens possibles, pour ses propres collections; et pourquoi pas de ''saintes reliques '' … !

Le Voyage en Orient, est pour le riche voyageur romantique un incontournable … pour reprendre la formule de Gérard de Nerval, '' Orient '' signifie « la terre maternelle », la matrice originelle, le fantasme de son enfance.

A cette époque, le voyage vers Jérusalem était plus difficile et plus périlleux qu'aujourd'hui... Chateaubriand l'avait précédé en 1806.. La publication de son Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811 est devenu « la Bible » de tous les pèlerins qui se rendent aux Lieux Saints dans la première moitié du siècle...

Ce aventure, est réservée à une élite qui en a les moyens ; mais toujours soumise aux dangers qu’ont toujours connu les explorateurs : vents contraires, maladies, difficultés d’hébergement ou même hostilité déclarée des populations. On loge dans un caravansérail plein de cafards, de puces et de poux. Selon le guide Joanne du milieu du siècle « à l’intérieur de la Grèce, de l’Asie, de la Syrie on ne peut voyager qu’à cheval et loger sous la tente ». La situation paraît meilleure en Turquie et en Egypte.

 

Le voyage vers la Palestine depuis l’Europe se fait uniquement en bateau au départ de Marseille ou de Venise. Chateaubriand arrive en Terre Sainte après un périple à travers l’Italie, la Grèce, Constantinople pour arriver à Jaffa près de deux mois et demi après son départ de France.

Les environs de Jérusalem sont dévastés ; sur un sol stérile , blanchâtre et pierreux, croissent çà et là quelques oliviers au pâle feuillage, quelques vignes et quelques figuiers.

Pour les déplacements, le sentier reste la norme et le cheval ou le mulet les soutiens indispensables pour se rendre dans la Ville Sainte

« Tout est triste et désolé autour de Jérusalem, dans Jérusalem; et cependant la vue seule de cette mystérieuse ville prend tout votre être, et le tient comme suspendu entre Dieu et le monde. » 

Chateaubiand séjourne une semaine à Jérusalem, dont il compare, « les maisons à des prisons ou des sépulcres » et dont il trouve les rues désertes. Sa vision est proprement « morbide » : « Pour tout bruit dans la cité déicide, on entend par intervalles le galop de la cavale du désert, c'est le janissaire qui apporte la tête du Bédouin ou qui va piller le fellah ». Il note aussi que les Juifs y vivent de la charité et que l'accès à l'Esplanade des Mosquées est défendu à tout chrétien sous peine de mort.

1839 Citadelle de Jérusalem, Tour de David - David Roberts -

 

De 1831 à 1840, Jérusalem est occupée par les armées du vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, et a obtenu de nombreux droits pour les catholiques orientaux : celui de posséder des lieux de culte spécifiques et d’avoir un représentant direct auprès du Sultan. 

« La ville sainte est située sur un terrain très inégal, ou plutôt sur trois montagnes de différentes grandeurs : le mont Moria, où s'élevait le temple de Salomon ; le mont Sion, dont le nom retentit si souvent dans les Écritures, et le mont Calvaire ou Golgotha, qui vit les derniers instants du Fils de l'homme. La cité est enfermée dans des remparts qui ont une lieue de circonférence et qui furent construits par Soliman Il vers le milieu du XIe siècle. Jérusalem a six portes qu'on ferme tous les soirs après le coucher du soleil : celles de Saint-Étienne à l'orient, de Damas au nord, de Bethléem et de David au midi, d'Hérode et Herquiline au sud-est. Du côté de l'orient la cité est naturellement défendue par la vallée de Josaphat et le torrent de Cédron. Les maisons sont construites en pierres ; elles ont, en général, deux étages et sont d'une mesquine apparence. »

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Au XIXe siècle, la piste des Templiers -2/2-

Publié le par Perceval

La route de Ch.-L. De Chateauneuf, est bordée d'étonnants personnages qui vont le conduire dans sa Quête : des femmes ( et leurs salons …) d'abord qui lui ouvrent des espaces du possible : la sensibilité, avec ce que l'on nomme à l'époque par ''les sentiments'' et un chemin de connaissance avec toujours les mathématiques ( Wronski, Sarrazin de Montferrier, lui-même est un Maître de l'ordre moderne du Temple. ); et l'ésotérisme ( en opposition parfois à la doctrine catholique de ce XIXe siècle, comme on va le voir ici - avec la résurgence templière …

Le Chevalier de Fréminville, publie la charte Larménius de transmission de la Grande Maîtrise des Templiers depuis 1324, jusqu’à l’année 1804.

Ce serait Philippe, duc d'Orléans (le futur Régent), qui en 1705 fit promulguer les statuts de l'ordre moderne du Temple, qui se présentait comme le successeur de l'ordre du même nom, supprimé en 1312 à la demande de Philippe IV le Bel. Cet ordre maçonnique aristocratique se reforma sous le Directoire.

De tendance libérale, l'Ordre du Temple devient suspect sous la Restauration. Le 4 novembre 1804, le médecin Fabré-Palaprat (1773-1838) est proclamé grand maître de l'ordre, sous le nom de Bernard-Raymond...

Le père F.F. Chatel ( 1795-1857), curé de Lèves, dès 1829 est inquiété par sa hiérarchie pour ses positions libérales... Le dimanche 23 janvier 1831, Chatel annonce l’ouverture à Paris d’une '' nouvelle église française''. On y préconise le français dans la liturgie, et le retour aux doctrines primitives de l’Église (le célibat des prêtres remis en question); le refus de la confession obligatoire, l'élection populaire des prêtres et des évêques,et le refus de l’excommunication et de l’interdit… ... La Profession de foi annonce fièrement parmi les réformes, l’emploi de « la langue nationale », mais aussi la volonté d’être citoyen autant que prêtre, l’amour de la patrie et de la liberté, « travailler au bonheur de la classe indigente ».... Chatel prêche le retour à une religion naturelle fondée sur la raison, débouchant sur le socialisme, le recours au suffrage universel, l’égalité de l’homme et de la femme, l’abolition de la peine de mort, etc...

Alexandre Dumas, qui a assisté à un culte à Lèves (Eure-et-Loir), conclut dans ses Mémoires : « C’était un peu plus ennuyeux qu’en latin, en ce qu’on était à peu près forcé d’écouter. Voilà la seule différence que nous trouvâmes entre les deux cultes ».

Châtel reconnaît être ''Johannite''... Il a fait partie de l’Ordre du Temple de Fabré-Palaprat qui comptait dans ses rangs d’illustres ecclésiastiques, comme Mgr. Mauviel, évêque constitutionnel de Saint-Domingue et Mgr. Salamon évêque in partibus d’Orthose. Palaprat est le médecin du célèbre abbé Grégoire, qui a permis la rencontre entre Chatel et Palaprat...

Templiers - Interrogatoire de Jacques de Molay - XIXe

 

Un mot sur l'abbé Grégoire : Jean-Baptiste Grégoire, est né le 4 décembre 1750 à Vého et mort le 28 mai 1831 à Paris... Prêtre catholique, il devient évêque constitutionnel et l'une des principales figures de la Révolution française.

La légende de la filiation Larmenius est propagée par l’abbé Grégoire ; je rappelle qu'elle raconte que Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par Jacques de Molay comme futur Grand-Maître. L’Ordre serait alors resté dans l’ombre jusqu’en 1804 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabré-Palaprat, Chevillon et Ledru. Cette année là, l’ordre des « Chevaliers de l’Ordre du Temple », avec Fabré-Palaprat comme Grand Maitre est autorisé par l’Empereur Napoléon 1er. De nombreux maçons de la loge Sainte-Caroline rejoignent cette nouvelle association templière.

L'abbé Grégoire prêta serment à la Constitution civile du clergé, c'est - ainsi qu'il l'a précisé dans le discours qu'il prononça alors, « parce qu'après le plus mûr examen » - il « déclare ne rien y apercevoir qui puisse blesser les vérités saintes que nous devons croire et enseigner »

Franc-maçon l'abbé Grégoire, après avoir été le défenseur des juifs de Lorraine, se consacre à la cause des Noirs et fit voter le 4 février 1794 l'abolition de l'esclavage. Jusqu'à sa mort Grégoire mène la plus ardente campagne pour obtenir l'abolition définitive de l’esclavage et de la traite.

Bernard Lecache (1895-1968): journaliste, franc-maçon, membre du Grand Orient de France, fonde la loge « Abbé Grégoire ». il est le fondateur de la Ligue contre les pogroms en 1927, devenue la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) en 1979.

L'église Saint-Sulpice

Il est curieux de constater également, qu'à cette époque, l'Eglise de Saint-Sulpice à Paris, aujourd'hui considéré par certains comme le temple de l'ésotérisme, avec : le gnomon initiatique, les peintures mystérieuses de Delacroix, les symboles maçonniques dispersés... Donc, que l'église sert de siège social à de nombreuses sociétés secrètes. Elle est déjà le lieu des alchimistes, rosicruciens et francs-maçons, le lieu est surnommé «Nouveau temple de Salomon». 

 

Sanctuaire de saint Sulpicius le Pieux, la fondation est fort ancienne... la vaste crypte souterraine rend compte à quel point le Saint-Sulpice actuel est rehaussé par rapport à la vieille chapelle... La construction de l'Eglise actuelle ( première pierre en 1732) fut longue. Le Maître-autel était de marbre bleu turquin, il avait la forme d'un tombeau ; et le tabernacle représentait l'Arche d'Alliance... Et, les templiers, sont censés être les dépositaires de l'Arche d'Alliance...

Victor Hugo s’est marié à Saint-Sulpice, Baudelaire et Robespierre y ont été baptisé...

Même les surréalistes, avaient prévu de se réunir, à ses côtés : au café de la Mairie, 8, place Saint-Sulpice; sont venus là: Beckett, Perec, Hemingway, Fitzgerald...

Emile Signol (1804-1892), et Eugène Delacroix ( trois fresques dans la Chapelle des Anges...) ont semé divers indices dans leurs peintures, pour attiser notre curiosité …

Delacroix, la lutte avec l'Ange

Barrès - Dans un livre intitulé Le Mystère en pleine lumière, paru en 1926 - explique comment Delacroix a orienté le choix de ses tableaux: « Il va à la partie héroïque du drame angélique, et le 2 Octobre 1849, le jour même de la fête des Anges, dans un entretien avec le curé de Saint-Sulpice, il s'arrête à trois grands sujets: La lutte de Jacob avec l'ange, Héliodore chassé du Temple par les anges, et puis pour le plafond, l'archange Michel qui terrasse Lucifer. Durant douze ans il y va travailler de tout son instinct et de toute sa science. »

Le tableau '' La lutte avec l'ange '' va inspirer un roman à Anatole France (La révolte des anges): « J'ai pénétré les antiquités orientales, la Grèce et Rome, j'ai dévoré les théologiens, les philosophes, les physiciens, les géologues, les naturalistes. J'ai su, j'ai pensé, j'ai perdu la foi .»

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Au XIXe siècle, la piste des Templiers -1/2-

Publié le par Perceval

Vous comprenez que les informations sur le XIXe s., que je vous résume, ne nous éloignent pas de notre histoire, celle de la quête de Charles-Louis de Chateauneuf, au contraire, c'est la partie objective, historique de l'aventure que vit le jeune limousin, sur la traces de ses prédécesseurs...

S'il poursuit Mme J, jusque dans ses escapades; c'est que - comme dans Ferragus de Balzac - Mme J. va conduire Charles-Louis aux portes d'une société secrète...

Les chevaliers du Nouveau Temple, est l'une d'entre ces sociétés, qui s'enracine dans un passé mythique et professe une espérance en rupture de la monarchie, et de l'Eglise : les deux pouvoirs qui ont pris l'énorme responsabilité de faire disparaître l'Ordre des Templiers...

Essayons de comprendre ce qu'il en est, en cette première moitié du XIXème siècle :

Le Mythe templier, reprend vigueur, même si le siècle a du mal à effacer cette ''légende noire'' savamment construite par la monarchie, Walter Scoot lui-même en reprend les stéréotypes … L'abbé Grégoire reconnaît qu'il émane de lui une force collective, qui le séduit ...

C'est d'abord au sein de la Franc-maçonnerie, et depuis les XVIIIe s. que l'ordre réapparaît.

En 1804 Bernard-Raymond Fabré-Palaprat devient grand maître de la loge maçonnique parisienne des Chevaliers de la Croix, affiliée au Grand Orient de France, en remplacement du docteur Jacques-Philippe Ledru, qui prétend avoir reçu les pouvoirs du dernier grand maître secret de l'Ordre du Temple...

C'est Fabré-Palaprat, qui produit un manuscrit latin daté de 1324, la Carta Transmissionis (ou charte Larménius du nom du premier successeur de Molay), qui porte les signatures des grands maîtres depuis la chute de l'Ordre, liste qui comprend entre autres, Bertrand Du Guesclin, Bernard VII d'Armagnac, le connétable Henri Ier de Montmorency, et le régent Philippe d'Orléans. En 1810, l'abbé Grégoire, dans son Histoire des sectes religieuses, se dit convaincu de l'authenticité de la Charte de Laménius

Epitaphe de Herder avec l’Ouroboros...

En Allemagne, Herder (1744-1803), poète, théologien et philosophe allemand. Ami et mentor du jeune Goethe, s'est attaché à réhabiliter les templiers. Ce disciple de Kant est considéré comme l'inspirateur du ''Sturm und Drang'' ( romantisme ..).. Adolf von Knigge, féru d'occultisme et d'alchimie est franc-maçon du rite de la Stricte Observance Templière. Ce rite revendique une filiation templière et domine la franc-maçonnerie allemande...

 

Au XIXe c'est l'histoire et la chute de l'Ordre du Temple, qui sont revues... La fameuse malédiction contre les rois de France proférée sur le bûcher en 1314 par Jacques de Molay -Grand Maître des Templiers – se manifeste à nouveau...

Notons, que la légende de cette malédiction existe dès la fin du XIVème, en pleine guerre de Cent Ans (1337–1453), certains soutiennent que Jeanne d'Arc l'évoque lors de son entrevue ( confidentielle ) de Chinon, avec le Dauphin, lui assurant qu'il n'en sera pas la victime …

Les Templiers sont bien là … !

Les sociétés secrètes également, et en particulier après 1848, les comités de solidarité de Ledru-Rollin, vont aussi s'organiser sur le même modèle : on parlera alors des sociétés des Mariannes ; particulièrement vivantes dans les milieux ruraux ( on va parler de franc-maçonnerie populaire …) … Dans la région de Clamecy, les Mariannes comptaient alors 300 "frères".

Comme curiosité, voici un '' Je vous salue Mari..'', alors que l'Eglise de France encense l'Empire après avoir accepter de saluer le coup d'état du 2 décembre 1851, par un Te-Deum dans les diocèses ..

« Je vous salue Marianne pleine de force, le peuple est avec toi, le fruit de tes entrailles, la République, est béni. Sainte Marianne mère du droit, aie pitié de nous ! Délivre-nous...

Vierge de la Liberté, délivre-nous des rois et des papes !

Vierge de l’Égalité, délivre-nous des aristocrates !

Vierge de la Fraternité, délivre-nous des soldats !

Vierge de la Justice, délivre-nous des juges !

Vive la République démocratique et sociale universelle !

Ainsi soit-il ! »


 

En février 1846, la revue littéraire La Revue des Deux Mondes publie un article de Théophile Gautier intitulé « Le Club des Haschischins ». Bien-sûr, l'article écrit dans un style ''gothique'', joue sur la parodie, même si le texte décrit un salon littéraire bien réel. Ce club fait référence à la première des sociétés secrètes, les Assassins, avec le système d’initiation de Hasan-i Sabbâh, il sous-tend leur lien avec les Templiers et l'échange de leurs connaissances … Dans ce club, où on explore également les propriétés du haschisch on peut rencontrer Alexandre Dumas, Victor Hugo, Eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval, Baudelaire ...

On parle, également, d'adeptes du culte déiste et humanitaire "Théophilanthrope" inspiré du calvinisme et de la franc-maçonnerie qui exerce en l'église Saint-Sulpice de Paris, sous l'égide de Jean-Baptiste Chemin-Dupontés (1767-1850) - Loge " Isis-Montyon "…


 

Le lien, vers l'Eglise, peut se faire ici... Parmi les frères de la loge, on peut reconnaître la présence de l’Abbé Ferdinand Francis Chatel (1795-1857) qui y est entré en 1831 ; et fondateur de l’Eglise dite catholique française...

En effet, le grand maître de l'ordre du Temple se présente comme le successeur de Saint-Jean... Et, l'Eglise catholique Johannite ou Église Johannite des Chrétiens Primitifs, est dite Templière.

A suivre …

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Société secrètes

Publié le par Perceval

Il faut rappeler le contexte :

La monarchie de Juillet (1830-1848), proclamée le 9 août 1830 après les émeutes dites des « Trois Glorieuses », succède en France à la Restauration. Pour les légitimiste, le roi des français Louis-Philippe est un usurpateur …

C'est le temps des complots, des conspirations … Un temps où le mystère coïncident avec le succès du Romantisme... Un temps héroïque, ou diabolique … Que peut-on en dire … ?

Certaines révélations sont de notoriété publique. Ainsi, la ''charbonnerie'', après les échecs des premiers soulèvements militaires de 1820, plutôt bonapartistes, se réorganise...

Les chefs légitimistes et la duchesse de Berry, semble abandonner la conspiration. Des républicains choisissent l’action parlementaire, sinon sont en exil ou en prison. De nouvelles structures comme , les Familles (de sensibilité et de langage saint-simoniens), ou les Saisons, plus secrètes ( voir Buonarotti, l’héritier de Babeuf..) apparaissent.

« Les sociétés populaires, légalement interdites comme clubs, n’en étaient pas moins actives ni moins influentes ; soit de concert, soit par instinct, elles s’étaient divisées et multipliées pour ne pas courir toutes ensemble le même péril ; mais sous leur nom divers, les Amis du Peuple, les Amis de la Patrie, les Réclamants de Juillet, les Francs-Régénérés, la Société des condamnés politiques, la Société des Droits de l’Homme, la Société Gauloise, la Société de la liberté, de l’ordre et du progrès, n’étaient en réalité qu’une seule et même armée, animée du même esprit et marchant, sous la même impulsion, au même but » Guizot.

La ''Charbonnerie '' est une société secrète, répandue dans divers États européens pendant le premier tiers du XIXe siècle, particulièrement en Italie. Elle emprunte en grande partie à la franc-maçonnerie son symbolisme et son rituel initiatique. Le saint patron des Charbonniers, est saint Théobald... !

Le thème d'une ''force supérieure'' invisible qui tente de modifier profondément l'état existant en le tirant soit vers le Bien, soit vers le Mal, a toujours existé... Une nouvelle conception de l'Histoire, du fait de la Révolution, intègre la notion de ''Progrès'' … La société reste inégalitaire ; et l'égalité doit se cacher …

« (...) toute dissidence d’opinions, soit dans la foi, soit dans la politique, a dû se manifester en société secrète » George Sand

Sur la question religieuse, les sociétés secrètes qui fonctionnent sur le modèle maçonnique ( déiste ) , rejettent – le plus souvent – la religion établie … Néanmoins, le curé de Clichy, l’abbé Chatel, proposera une ''aumônerie'' à quelques uns de ces groupes ...

Plus-tard la société secrète blanquiste impose la renonciation à la totalité des rites maçonniques empruntés à la Charbonnerie, et prône l’indifférence métaphysique, tendant en pratique vers le matérialisme.


Alexandre Dumas, Balzac, Sue ou Victor-Hugo, ont intégré dans leurs romans, des faits qui relèvent de ces sociétés secrètes … Ferragus, de Balzac est le premier volet d’un cycle de trois récits consacrés à une société secrète extraordinairement puissante, les Treize...

Bien sûr, il n'est pas aisé de démêler ce qui se trame sous le couvert de ses nombreuses ''sociétés secrètes '' … Contemporaine, George Sand, elle-même a tenté de comprendre... En effet, Pierre Leroux lui a suggéré d'écrire une suite à Consuelo, en en faisant le roman des sociétés secrètes.... La romancière cherche à donner à son histoire la plus grande vraisemblance et rassemble pour cela toute la documentation disponible. Mais la tâche est difficile comme elle l’expose à son mentor dans une lettre de juin 1843 : « Vous ne savez pas dans quel labyrinthe vous m’avez fourrée avec vos francs-maçons et vos sociétés secrètes. C’est une mer d’incertitudes, un abîme de ténèbres. Il y a tant d’inconnu dans tout cela, que c’est une belle matière pour broder et inventer, et au fait, l’histoire de ces mystères ne pourra, je crois, jamais être faite que sous la forme d’un roman ». Lettre à P. Leroux, après le 15 juin 1843, dans George Sand , Correspondance, Paris, Garnier frères

La Comtesse de Rudolstadt,- ill de Maurice Sand

Dans La Comtesse de Rudolstadt, George Sand fait du Conseil suprême des Invisibles le maître d’un vaste réseau de sociétés secrètes, à l’insu des unes et des autres. Cette petite élite travaille à l’avènement du règne terrestre de l’Égalité en prêchant une religion nouvelle fondée sur « la formule mystérieuse et profonde » : Liberté, Égalité, Fraternité...

Comme l'explique L’initiateur des Invisibles à Consuelo, la religion de l’avenir est en lien étroit avec l’hérésie : « Nous sommes les héritiers des Johannites d’autrefois, les continuateurs ignorés, mystérieux et persévérants de Wickleff, de Jean Huss et de Luther »

La doctrine des Invisibles repose en effet sur une version primitive du christianisme, qui s’est perpétuée mystérieusement à travers les âges sous forme d’hérésies et de sectes, ou d'ordre comme les Templiers ...

George Sand s'est intéressée à la Stricte Observance fondée par le baron von Hundt (1722-1766) sur lequel elle interroge Ferdinand François ( voir correspondance)... Hunft a fondé en 1751 en Allemagne, en son château de Kittlitz, un nouveau système de hauts grades inspiré de l'Ordre du Temple et dirigé par des ''Supérieurs Inconnus '' … C'est là sans-doute où Consuelo ( une femme …) reçoit l’initiation... Cet Ordre du néo-Temple, se répand très vite et va attirer une douzaine de princes régnants... Goethe y a adhéré, ainsi que J G Fichte...

En France, la loge néo-templière des ''Chevaliers de la Croix'' accepte les femmes... La loge ''la clémente Amitié'' en 1840 et 1841, va initier trois femmes... Cette tentative de mixité va hélas avorter ...

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Société secrète, et quelques femmes ...

Publié le par Perceval

Avertissement : cet article ( et surtout les suivants...) est une toute petite partie – centrée autour d'un personnage – d'un faisceau d’événements sous-tendus par des sociétés secrètes qui fleurissaient à l'époque...

Nous sommes à l'époque où , un personnage comme, Charles-Louis de Chateauneuf, fréquente une société de salons qui se targue d'être à la pointe des idéaux politiques, pour un monde idéal proche, et sur la lancée d'une Révolution qui n'en finit pas de se terminer ….

Ces révélations sont incertaines, puisque secrètes ; elles reposent sur des témoignages dont la véracité est sujette à caution... Rumeurs familiales, légendes et faits sont traités à même enseigne …

 

L'esprit de Charles-Louis est de plus en plus occupé par une femme qu'il a rencontré dans le salon d'une duchesse... Mme J. est belle, fine ; et il la tient pour délicate, vertueuse ; et considère que son amour naissant est sans espoir, puisqu'elle est mariée.. ! Tout juste se convainc t-il de lui faire une cour digne d'un chevalier qui aime sa Dame d'un amour courtois...

Alors que le jeune homme parcourt l'une de ces rue, où aucune femme honnête n'ose s'aventurer... Il trouve dans celle qui s'aventure devant lui, une vague ressemblance avec celle qui occupe ses pensées... Son cœur bondit, il s'arrête net … Il l'observe s'éloigner de lui, sa démarche met en valeur la beauté de ses formes, il devine sous son châle, les épaules blanches déjà aperçues... La femme prend une allée... Il a le temps de se presser et de la voir entrer dans une de ces horribles maisons...

Il va attendre... jusqu'à la voir ressortir, et reconnaître celle qu'il aime secrètement. Elle marche vers un fiacre et y monte …

 

Cette jeune femme appartient au cercle serré des amies de Madame d'A. qui tient un salon du faubourg Saint-Germain où toutes les coteries contre l'usurpateur se tiennent la main …

Dans ce vieil Hôtel, on y a le culte des ancêtres. Les repas sont longs, substantiels ; on offre à ses convives le poisson de ses étangs, le gibier de ses forêts; on leur verse abondamment les vins vieux des ancêtres...

Après la révolution de 1830, le faubourg Saint-Germain se replie sur lui-même, il boude, selon l’expression du temps. On perd des charges, des places, des honneurs ; on affecte de paraître ruiné...

Cependant le vent nouveau, et Madame d'A. ne craignent pas certaines excentricités, ainsi elle attire quelques romantiques : Sainte-Beuve, Eugène Sue, Liszt, etc.

Delfina Potocka

Elle met à la mode la fiction de l’amour platonique ( l'amour courtois...) , qui accommode agréablement les plaisirs de la coquetterie avec les avantages de la vertu. Des étrangères viennent beaucoup chez elle, la comtesse Delphine Potocka, la baronne de Meyendorff, madame Apponyi …

 

Delfina Potocka (1807-1877) : En 1825 elle épouse le comte Mieczysław Potocki, dont elle se sépare … Elle sera une intime de Chopin, et du poète romantique Zygmunt Krasiński... Delfina Potocka sera le grand amour de Krasiński. Et si en juillet 1843, il épouse la comtesse Eliza Branicka , leur romance dure jusqu'en 1846 …

 

Thérèse Apponyi

Les dimanches après-midi de 1833 à 1835, Frédéric Chopin se rend fréquemment au 107 rue Saint-Dominique à Paris. A l’ambassade d’Autriche, le comte et la comtesse Apponyi reçoivent chaque semaine pour une soirée musicale. Ce fut, sous la Monarchie de Juillet, l’un des salons les plus brillants de Paris, l’un des plus réactionnaires aussi, mais où se rencontraient, en territoire "neutre", les légitimistes aussi bien que les orléanistes.

 

La divine Thérèse est aussi l'une des étudiantes de Chopin; il lui a ouvertement dédié le Nocturne op. 27 …

 

Chopin Nocturne C Sharp minor op 27 #1 Valentina Lisitsa

Dans cette société d’origine chevaleresque, Madame d'A. reçoit des hommages fervents et constants. Elle règne par la beauté, elle a le privilège de tout dire, le droit d’asile et de grâce; elles décident souverainement de l’opinion dans les délicatesses de la bienséance et dans les délicatesses de l’honneur.

La coquetterie et la galanterie y règnent dans les relations des deux sexes... En amour comme en amitié, les liens sont souples, légers et durables …

 

Un cercle d'amies fidèles rabat vers son salon, les jeunes gens prometteurs ; elles usent de tous les artifices – sauf leur honneur - pour les fidéliser et le amener à devenir membre d'une certaine société…

Ces nouvelles héroïnes, à la recherche d'une excentricité tapageuse, se rapprochent d'un nouveau type de femme : '' la lionne ''....

« À l’imitation des héroïnes de George Sand, la lionne affecte de dédaigner les grâces féminines. Elle ne veut ni plaire par sa beauté ni charmer par son esprit, mais surprendre, étonner par ses audaces. Cavalière et chasseresse, cravache levée, botte éperonnée, fusil à l’épaule, cigare à la bouche, verre en main, tout impertinence et vacarme, la lionne prend plaisir à défier, à déconcerter en ses extravagances un galant homme. »

Il se peut que ce fut par cette porte, qu'entra en scène la femme du demi-monde... C'est elle qui – à présent - donne le ton, un ton si peu aristocratique … Tentative féministe qui avortera ; cette mode, au lieu de se répandre dans la société, se marginalisera dans la seconde moitié du XIXe, et sera réservée aux « grandes horizontales »

 

Pour l'heure, des femmes investissent la sphère publique ; et certaines s'opposent de s'en tenir à la tenue du foyer ; quitte à créer le grand scandale en imposant leur choix... Un exemple...

Anne Berthier

Une amie fidèle de Catherine Belgiojoso : renommée pour être une belle et élégante cavalière, Anne Berthier ( 1816-1878), la dernière des trois enfants du maréchal Berthier. Sa famille, pense l'assagir en la mariant en 1834, à Jules Lebrun, comte de Plaisance (1811 – 1872). Et bien... Familière des salons les plus en vue, elle va créer le scandale... Finalement, elle s’enfuit, avec le mari de la Princesse (!) - le prince Emilio Barbian Belgiojoso - en Italie... Leur histoire d’amour va durer huit ans au cours desquels ils vivent reclus dans la villa Pliniana, située sur le lac de Côme.

A suivre...

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L'homme qui a perdu son ombre... - A. von Chamisso -3/.-

Publié le par Perceval

En 1810, Adelbert von Chamisso (1781-1838) est de nouveau à Paris, il y fréquente la communauté allemande... Il a une liaison avec Helmina von Chézy (1783-1856); elle est une écrivaine et une journaliste allemande. Elle assiste aux cours que Schlegel donne à Paris et qu'elle va traduire en français avec Adelbert von Chamisso...

Avec elle, il vit un bonheur de quelques semaines ; mais, il ne peut s'établir avec elle … C'est elle, qui inspirera et donnera son prénom (Mina, diminutif de Helmina) à l'héroïne de son 'Peter Schlemihl' (1814).

 

<-- Cinq figures féminines du Romantisme allemand - Therese Hubert, Caroline Schelling, Dorothea Schlegel, Sophie Mereau et Helmina von Chézy

 

C'est à Rahel Levin, qu'il doit ce nom '' Schlemihl '' ; Rahel l'employait car elle redoutait de l'être .. Juive, elle souhaitait s'assimiler complètement ; mais, peu avant sa mort elle revendiquait fièrement son origine … Près d'elle, Chamisso a compris et a mieux vécu sa condition d'apatride...

 

Le malheur du Schlemihl, c'est qu'au lieu de se faire aussi mince qu'un ombre, il devient '' sans ombre '', et si lui ne s'en préoccupe pas ; ce sont les autres qui le distinguent et le rejettent, même et en particulier la belle Fanny... Le seul, à se fondre dans le décor, c'est '' l'homme en gris'' ( le diable), seul il est indiscernable … Je reviens sur l'été 1803 à Berlin, quand il rencontre Cérès Duvernay ... Il est tombé amoureux d'elle et a demandé en vain sa main en 1804/05. Il lui écrit des vers... Elle servira de modèle au personnage de Fanny...

 

En 1810, Chamisso rencontre Germaine de Staël ; elle réside alors à Chaumont (région de la Loire), où l’empereur Napoléon consent à ce qu’elle maintienne ses mondanités malgré la fâcherie provoquée par le roman Delphine. Adelbert von Chamisso passe un long moment au château, où se croisent écrivains, peintres, philosophes et intellectuels de renom, tels Mathieu de Montmorency et August Whilhelm von Schlegel, mais aussi Juliette Récamier et Benjamin Constant. Comme d'autres de ses amants, fasciné par Madame de Staël ; il la suit dans son exil suisse, au château de Coppet... Exil confirmé depuis le très politique ''De l’Allemagne''. Là-bas, Adelbert redécouvre la flore, notamment en compagnie d’Auguste de Staël, et ses longues marches l’emmènent à nouveau sur les traces de Rousseau et des sciences naturelles. Chamisso trouve en Mme de Staël, « un ''être complet'', à la fois une Corinne charmante et une souveraine. Elle n'est pas un être à qui il manque quelque chose, une ombre, mais quelqu'un qui parvient à faire de ceux qu'elle invite autant d'ombres qui lui appartiennent... » ( de Pierre Péju)

Quand il rentre à Berlin à l’été 1812, après un bref détour en Vendée ( qui n'est pas anodin... ! ).. En effet, il reçoit l'offre d'un poste de professeur qui lui est destiné... Mais sur place, rien ! Il n'est pas attendu .. 

Chamisso accroît ses recherches dans le domaine de la botanique. Il retourne chez Hitzig, qui l’accueille avec une amitié qui ne fléchira jamais, et s’inscrit à l’Université.

Eté 1813, Adelbert écrit '' L’Étrange Histoire de Peter Schlemihl '', pour les enfants de son hôte, œuvre qui sera très vite diffusée en Allemagne, mais qui ne connaîtra une édition vraiment satisfaisante en France qu’en 1838.

Chamisso raconte comment il aurait connu Schlemihl et comment celui-ci lui aurait remis son manuscrit : « J’ai connu Peter Schlemihl en 1804 à Berlin, c’était un grand jeune homme gauche, sans être maladroit, inerte, sans être paresseux, le plus souvent renfermé sur lui-même sans paraître s’inquiéter de ce qui se passait autour de lui [… ]. J’habitais en 1813 à la campagne près de Berlin [… ] lorsqu’un matin brumeux d’automne, ayant dormi tard, j’appris à mon réveil qu’un homme à la longue barbe, vêtu d’une vieille kurtka noire râpée et portant des pantoufles par-dessus ses bottes, s’était informé de moi et avait laissé un paquet à mon adresse. » Ce paquet contenait le manuscrit autographe de la merveilleuse histoire de Peter Schlemihl  - Préface à l’édition française de 1838, Schrag, Paris..

 

Chamisso maintient la fiction d’un Schlemihl.. Ils ont le même caniche qui s’appelle Figaro, le même domestique qui s’appelle Bendel, ils aiment les mêmes femmes : Fanny et Mina (Helmina von Chezy), la botanique, etc..

 

Dans les trois années qui suivent, l’écrivain s’éprend de la botanique, et dans une moindre mesure de la médecine, et c’est avec un bonheur non dissimulé qu’il consent à faire partie d’une expédition autour du monde, en 1815, au bord du navire russe Rurik...

Ce grand voyage durera trois ans exactement ...

Adelbert von Chamisso (1781-1838)

A la fille adoptive ( 14 ans) de Mme Piaste, orpheline élevée avec les enfants Hitzig, il promet le mariage à son retour … Antonia Piaste l'a attendu, elle a maintenant dix-sept ans. Chamisso, à trente-neuf ans l'épouse. C'est semble t-il, un mariage heureux, et sept enfants … A présent, il dit « Moi, j'ai trois ombres : la Prusse, les végétaux et Antonia. »

 

Pourtant, il eut une autre liaison : non pas avec ''Fanny'' Hertz, femme d’un des Hertz, ami de Chamisso et banquier à Hambourg ; mais,lors de ce voyage, avec Marianne Hertz, la jolie et vive maîtresse de maison, qui le reçoit si chaleureusement à Hambourg, et dont il eut un enfant (1822) qu'il a tenu à reconnaître … En 1825, il revient en France, et ressent un déchirement du à cette nationalité qui n'est pas réglée … Il a le besoin d'aller marcher des journées entières dans la solitude de la nature …

Sa jeune femme va mourir avant lui, et il ne lui survit que quelques mois... Berlin 1838

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L'homme qui a perdu son ombre... l’histoire de Peter Schlemihl - A. von Chamisso -2/.-

Publié le par Perceval

On se rappelle : que Schlemihl poursuivi par le diable, se retient de signer ce fameux contrat … Et, finit par lancer la bourse de Fortunatus dans l’abîme... ! L’homme en gris disparaît, Schlemihl se retrouve seul, soulagé, s’endort et fait un rêve où apparaissent Mina ( épousée par le méchant Rascal...) , puis de nouveau Chamisso...

Peter Schlemihl, est toujours sans ombre et dorénavant sans argent, contraint de fuir à nouveau la compagnie des hommes, erre dans tout le pays, et use ses souliers sur les chemins. Il lui reste à peine de quoi s'acheter une paire de bottes usagées. Très vite il se rend compte que celles-ci ne sont autres que les bottes de sept lieues, qui lui permettent de franchir mers et continents en quelques enjambées... Schlemihl décide alors de s'établir comme anachorète dans la Thébaïde, et de consacrer le reste de ses jours à étudier la faune et la flore de tous les continents.

La vitesse de déplacement, mais aussi la diversité des coutumes, font que ces voyages relativisent la malheur de ne plus avoir d'ombre... Le récit, beaucoup plus rapide, change de ''sens'' …

 

Un jour qu'il est tombé malade après être tombé dans les eaux glacées qui bordent la Norvège, et après avoir erré quelque temps à travers le monde dans un état de semi-inconscience, Schlemihl s'évanouit.

Il se réveille dans un hôpital inconnu, dont il constate avec stupeur qu'il porte son nom. Il s'aperçoit que ses propriétaires ne sont autres que Bendel, qui l'a fait construire avec l'argent que lui avait légué son maître, et Mina, à présent veuve. Ceux-ci ne reconnaissent pas l'homme qu'ils ont aimé dans ce vieil homme hirsute à la longue barbe blanche, mais Schlemihl surprend une de leurs conversations au cours de laquelle ils se demandent si les prières qu'ils adressent quotidiennement pour le bonheur et le repos de ''l'homme sans ombre'' l'ont soulagé de son fardeau.

Schlemihl, une fois rétabli, quitte l'hôpital sans se faire connaître, pour retourner dans la Thébaïde, Il a laissé laissé sur son lit une lettre :

« Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus heureux aujourd'hui qu'il ne l'était alors ; et s'il expie sa faute, c'est après s'être réconcilié. »

Adelbert_von_Chamisso

Cette histoire fut écrite par Adelbert von Chamisso, né Louis Charles Adélaïde de Chamisso (1781 – 1838), et qui n’est arrivé en Allemagne qu’à l’âge de 14 ans...

 

<-- Adelbert von Chamisso pendant son voyage autour du monde , par Louis_Choris

Il en est de lui, comme de cet homme, qui s'interroge sur son identité...

Avant ''la révolution'', la famille Chamisso s'ancrait au Château de Boncourt...

« … C’est ainsi, château de mes pères,
Que tu vis toujours en mon cœur
Alors que rien de toi ne reste
Qu’une terre où va la charrue. 
»

 

« Récemment j’ai peint dans ma mémoire le jardin, jusqu’à la plus petite courbe de l’allée la plus éloignée, jusqu’au moindre buisson, et ma force d’imagination était si vive qu’elle me représentait avec la plus grande précision tous ces détails intacts. J’étais hors de moi ! » Lettre à sa sœur,

Et en 1837, (un an avant sa mort) : « Je n’ai fait que rêver du château de Boncourt .. » lettre à son ami Louis de La Foye.

Adelbert von Chamisso (1781-1838)

 

Le père, Louis Marie de Chamisso, intègre l’armée dite « des Princes » aux côtés du maréchal de Broglie, dont il devient l’aide de camp. Le château de Boncourt est bientôt entièrement démoli...


 

''Schlemihl'' est un mot yiddish : « Dans le dialecte juif, on appelle de ce nom des gens malheureux ou maladroits auxquels rien ne réussit… » lettre du 27 mars 1821 à son frère Hyppolyte

Le choix de ce mot explique à lui seul « l’intention d’écriture » de l’auteur, qui dira plus tard à Madame de Staël : « Ma patrie : je suis français en Allemagne et allemand en France, catholique chez les protestants, protestant chez les catholiques, philosophe chez les gens religieux et cagot chez les gens sans préjugés ; homme du monde chez les savants, et pédant dans le monde, jacobin chez les aristocrates, et chez les démocrates un noble, un homme de l’Ancien Régime, etc. Je ne suis nulle part de mise, je suis partout étranger – je voudrais trop étreindre, tout m’échappe. Je suis malheureux… Puisque ce soir la place n’est pas encore prise, permettez-moi d’aller me jeter la tête la première dans la rivière…»

Berlin

 

Après un passage par les Flandres, la Hollande, ensuite l’Allemagne avec Düsseldorf, Wurtzbourg, Bayreuth,... Voici les Chamisso à Berlin. À partir de 1793, Louis Charles y vit modestement avec sa mère Marie-Anne, née Gargam, et ses six frères et sœur. Les revenus sont minces, aussi la plupart des enfants Chamisso sont-ils employés à la Fabrique royale de porcelaine comme miniaturistes, ce qui permet à la famille de subvenir à ses besoins. Contrairement à ses frères et sœur, Louis Charles croise la première grande opportunité de son existence : admis comme page auprès de la reine Frédérique Louise de Hesse Darmstadt, il entre à son service en 1796.

Schauspielhaus am Gendarmenmarkt in Berlin

Il entre au lycée français de Berlin, et en devenant un membre de la Cour, le jeune Chamisso intègre plusieurs cercles, dont d’aucuns lui ouvriront les portes des salons berlinois.

Puis, Chamisso n'a pas d'autre choix que d'entrer dans l’armée prussienne en 1798

Rahel (Levin) Varnhagen_von_Ense

L'allemand est pour lui la langue de l’écrit, alors que le français – qu’il écrit mal – reste la langue dans laquelle il pense, compte et rêve. Pendant qu’il est en garnison à Berlin, il commence aussi à fréquenter les salons littéraires juifs berlinois et notamment le plus célèbre, celui de Rahel Lewin, future femme de son ami August Varnhagen. La question de l’émancipation, de l’assimilation et de la conversion – qui concernent autant Chamisso, bien que non juif, pour d’autres raisons – tourmente au plus haut point Rahel Varnhagen...

 

Mauerstraße, où Rahel levin avait son salon

En décembre 1806, il est à Paris, d’où il écrit encore à Varnhagen : « Je hais la France, et l’Allemagne n’est plus et pas encore. »

 

Il retourne donc à Berlin, sous occupation française. Ses amis allemands sont tous devenus patriotes, animés par un esprit de revanche, le cosmopolitisme est suspect, on lui montre partout une certaine mauvaise humeur critique, on lui reproche son caractère abrupt et taciturne, sa tabagie. Les années 1808-1809 sont pour Chamisso des années difficiles. En octobre 1808, il écrit à Fouqué : « Au demeurant, le monde m’est de toutes parts fermé comme avec des planches clouées, et je ne sais ni d’où partir ni où aller. »

A suivre …

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L'homme qui a perdu son ombre... l’histoire de Peter Schlemihl -1/.-

Publié le par Perceval

Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Peter Schlemihl, un jeune homme sans fortune – qui débarque d'on ne sait d'où – est à la recherche d'un emploi... Il se présente chez un riche, Monsieur John, avec une lettre de recommandation... Il est reçu, alors que son hôte reçoit des invités... Il est invité à se joindre à la compagnie...

Il s’aperçoit que chaque fois que quelqu’un exprime un désir, un étrange personnage vêtu de gris sort de sa poche et présente l’objet de ce désir. C’est d’abord un pansement, ensuite une longue vue, ensuite un tapis de plus de cent mètres carrés, puis une tente de même surface avec tous ses accessoires, enfin trois chevaux tout sellés pour la monte.

Pris d’inquiétude, Peter quitte discrètement la compagnie pour tomber, au détour d’une allée, sur ''l’homme en gris'', qui lui dit ceci : « Pendant le court moment que j’ai eu le bonheur de passer près de vous, j’ai plusieurs fois – permettez-moi de vous le dire, monsieur – réellement contemplé avec une indicible admiration l’ombre si belle, si belle que vous projetez au soleil, avec –une sorte de noble dédain, sans y faire attention – oui, cette ombre superbe que voilà à vos pieds. Pardonnez-moi une proposition téméraire sans doute. Répugneriez-vous à me céder cette ombre ?»

 

Parmi les huit merveilles qu’il lui propose en échange, l’homme en gris cite la bourse inépuisable que l'on appelle ''La bourse de Fortunatus '' … Elle permet à son propriétaire d'en tirer des pièces d'or à volonté... Il accepte. L'homme en gris s'éclipse ensuite, en indiquant qu'il retrouvera le jeune homme un an plus tard, jour pour jour....

 

La bourse de Fortunatus est aussi le nom donné à un objet mathématique, similaire au ruban de Möbius mais avec une dimension supplémentaire (ce qui le rend impossible à fabriquer dans notre monde à trois dimensions). Tout comme le ruban de Möbius n'a qu'une face, les faces externe et interne de la bourse de Fortunatus sont confondues (on peut passer de l'une à l'autre sans franchir de bord), ou selon une interprétation plus symbolique, le monde au-dehors de la bourse étant aussi au-dedans, celle-ci contient le monde entier.

 

 

C’est dans les yeux des autres qu’il va s’apercevoir très rapidement de ce qu’il a perdu.

 

Cette nuit- là, Peter Schlemihl en s’endormant sur l’or puisé dans sa bourse, fait un rêve où il voit Chamisso, assis à sa table de travail, mort... !

Je dois préciser que le narrateur est Peter, lui-même, qui écrit à son ami Chamiso ( l'auteur, donc …)

 

Schlemihl, devenu fabuleusement riche, s'aperçoit que le fait de ne plus avoir d'ombre l'isole irrémédiablement de la communauté des hommes, qui éprouvent un violent dégoût vis-à-vis de celui qui est affligé d'une telle infirmité.

Il finit par quitter la ville en compagnie de son domestique Bendel ( serviteur honnête et entièrement dévoué à son maître et qui va être le seul à connaître son secret) et quelques autres dont le coquin Rascal qui fera courir le bruit que Schlemihl est le roi lui-même voyageant incognito. « J’étais flatté, fût-ce dans ces conditions, d’avoir été pris pour le souverain révéré. »

 

Schlemihl va essayer d’organiser sa nouvelle vie. Les dispendieuses largesses de Schlemihl lui gagnent le cœur d'une population à qui il s'est bien gardé de révéler son secret : ne sortant qu'à la nuit tombée, il donne chez lui de somptueuses réceptions...

Il quitte une femme (Fanny) dans les yeux de laquelle il a lu l’horreur devant l’absence d’ombre... Cependant, il tombe amoureux de Mina, la fille d'un notable local.... Elle « éclipse les autres femmes comme le soleil éclipse les astres de la nuit », et grâce à elle « la majesté, l’innocence et la grâce, unies à la beauté », règnent. Il se propose de l'épouser, dès lors qu'il aura revu l'homme en gris et qu'il lui aura racheté son ombre.

 

Une journée avant la date fatidique ( un an s'est passé …).. Rascal quitte avec fracas le service de son maître, dont il fait mine d'avoir récemment découvert ''le secret'', qu'il se hâte de répandre dans toute la ville.

Le père de Mina refuse de donner la main de sa fille à un homme dépourvu d'ombre, et chasse le jeune homme.

Schlemihl retrouve, donc, l'homme en gris... Mais, celui-ci ne lui rendra son ombre qu'en échange de la signature d'un contrat au libellé lapidaire :

« Je soussigné lègue au porteur du présent mon âme après sa séparation naturelle de mon corps. » Comprenant alors à qui il a affaire, Schlemihl refuse.

Le Diable lui montre alors ce qui se passe au même moment chez les parents de Mina : ceux-ci sont en train de négocier la main de leur fille à Rascal, qui s'est considérablement enrichi en volant consciencieusement son maître durant le temps qu'il le servait. Schlemihl est au désespoir, mais il résiste et ne signe toujours pas : la jeune fille est donc mariée contre son gré avec l'ancien domestique de Schlemihl.

 

Rascal épouse Mina, Bendel emporté par le désir de venger son maître poursuit l’homme en gris...

 

Les habitants, peu reconnaissants envers leur bienfaiteur, refusent de compter parmi eux un homme sans ombre. Schlemihl part seul, après avoir donné, la mort dans l'âme, son congé et beaucoup d'or à son fidèle Bendel.

Le diable apparaît sous différentes formes sans jamais être reconnu d’emblée par Schlemihl qui poursuit une ombre sans maître sur la lande.

 

« Une sueur d’angoisse coulait de mon front, de sourds gémissements déchiraient ma poitrine, la démence grondait en moi », dit Schlemihl.

 

Le Diable suit toujours Schlemihl, et lui propose d'être son serviteur, il lui laissera tout le temps qu'il restera à son service la jouissance de son ombre, en attendant que Schlemihl signe enfin le fameux contrat qui lui ferait échanger son ombre contre son âme, ce qui lui permet de retrouver – un temps - la compagnie de ses semblables.

Pourtant, il résiste... D'autant, qu'il voit ce qu'est devenu Thomas John : un fantôme livide et épouvanté que le diable sort de sa poche... Saisi d'horreur, Schlemihl jette la bourse de Fortunatus ( qui le lie au diable) dans un gouffre. Le Diable disparaît alors..

Peter Schlemihl, a tout perdu, la fortune et son ombre …

A suivre ...

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La Quête de Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges...

Publié le par Perceval

Résumé et rappels...

En cette nouvelle année 2019, je rappelle mon propos :

Blason: R. de Laron

Il s'agit d'une quête, commencée - en des temps immémoriaux, mais néanmoins transcrits dans la mythologie Arthurienne – et continuée au XIVe siècle par Roger de Laron, puis au XVIIIe siècle par Jean-Léonard de la Bermondie, et au XIXe, par Charles-Louis de Chateauneuf... Tous trois originaires du Limousin, près de Limoges...

Leur quête personnelle, recoupe – immergée dans la culture de l'époque – la '' Quête du Graal '' contée dans la légende arthurienne ...

Jean-Léonard de la Bermondie, naît en 1739, en Limousin... Ancien page du Roi, officier dans les Gardes Françaises ; il y rencontre le marquis de Lusignan, avec qui il emprunte le chemin de la Franc-maçonnerie... Fort de l'héritage de son ancêtre Roger de Laron, templier...; il découvre diverses routes qui conduiraient au Graal; et comme émigré (pendant la révolution ), la pilosophie... Avant de tourner cette page, il laisse à sa descendance les traces de ce chemin de vie. Le relais va être assuré par Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges... ( Voir note en fin d'article ...)

 

Le grand-père de Charles-Louis de Chateauneuf, était sans-doute franc-maçon à l'Orient de Limoges... C'est lui qui avait remis à son petit-fils un ensemble de documents ( médiévaux précisait-il ! ) qu'il disait avoir reçu de Jean-Léonard de la Bermondie. Ces documents étaient composés de dossiers sur la philosophie, l'alchimie..., et divers témoignages ; et également quelques objets dont une croix métallique et une bague templière … ! Et il lui avait fait comprendre qu'à partir de ce ''trésor'' ; il devait accomplir sa propre quête et transmettre le ''Tout'' à un descendant qu'il aurait choisi …

 

Le chemin emprunté par C.-L. de Chateauneuf, lui permet de faire des rencontres décisives... Je les résume, en citant quelques-une de ces personnes... ( Ces rencontres sont détaillées dans les articles précédents ...)

- Elie Berthet (1815-1891) , originaire de Limoges, est romancier. Il publie très tôt, un texte écrit au Collège de Limoges : c'est la première version de '' Les Catacombes de Paris ''...

- Charles de la Pomélie ( de sa famille...)

- Louis Richard (1795-1849), professeur de Mathématiques

- Walter Scott, auteur d'Ivanhoé, que Charles-Louis n'a pas vu; mais – comme beaucoup – s'est passionné pour l'Histoire à la lecture de ses récits ... On peut citer encore, pour ce qui est des lectures, celles de Germaine de Staël, Benjamin Constant, E.P. De Senancour et Alfred de Musset ...

- par ses frères de loge, il remonte jusqu'aux templiers, par Emmanuel Swedenborg (1688-1772), Cagliostro, et Wolfram von Eschenbach avec son '' Parzival''...

- des légitimistes, et en particulier: Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883), et Félicie de Fauveau (1799-1886)

- Charles Nodier ( 1780-1844) et tous ceux qui fréquentent son salon, et le Cénacle...

- Prosper Mérimée

- Victor Hugo (1802-1885)

- Les ami(e)s de Madame d'A. qui tient un salon du faubourg Saint-Germain...

- Delphine de Girardin (1804-1855)

- L'historien Augustin Thierry, Jules de Rovère (1797-1864), puis Alphonse-Louis Constant (1810-1875).

- ''L'abbé'' Alphonse-Louis Constant (1810-1875)

Et, ....

Quel rapport entretenez-vous avec votre ombre... ?

Je parle de l'ombre que vous traînez sur le sol... Et, dont on se soucie peu... Quelle valeur lui donnez-vous … ?

Pour vous aider à y réfléchir ; je vous parlerai après-demain d'un livre qui, dès sa parution eut un succès immédiat... On ne compte pas moins de 80 éditions allemandes entre 1814 et 1919... !

Le livre fut aussitôt publié en France... La première édition française fut suivie de 33 rééditions …

Il faut dire que l'auteur est français...

Adalbert Chamisso est né au château de Boncourt en Champagne, le 30 janvier 1781....

 

Il a écrit l'un des récits les plus étranges que le romantisme allemand ait engendré : l'histoire étrange de Peter Schlemilh : l'homme qui a perdu son ombre...

Et, d'autant plus étrange : Peter Schlemilh ressemble comme son double, à Adalbert von Chamisso (1781-1838) … !

Je tiens à vous en parler …. C'est un livre contemporain et fétiche de Charles-Louis de Chateauneuf

A suivre ….

 

Note en fin d'article ...

Roger de Laron, Jean-Léonard de la Bermondie, Charles-Louis de Chateauneuf; sont des personnages – en partie - fictifs; mais qui se rattachent à des témoignages qui ont la grande valeur de ces histoires que l'on se racontait autrefois à la veillée ... Par contre, les personnalités rencontrées, les oeuvres culturelles analysées, ont bien participé à cette réalité historique qui ne décrit qu'une partie de la vérité...

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