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Le Mythe arthurien du Graal -1/.-

Publié le par Perceval

Le Graal procède du Mythe Littéraire, même si l'objet de ce mythe est bien antérieur, à l'oeuvre littéraire … Le mythe du Graal se rattache à l'histoire du Christianisme, sachant qu'il est aussi une transformation, dans le sens chrétien, du Mythe breton, celte... Revoyons ce que l'on peut dire de son histoire, puisque cela en assoit - en quelque sorte - sa légitimité

A l'origine de cette histoire un peuple breton qui ne peut oublier qu'il a été dépouillé par les saxons ; et sans doute l'espoir du retour d'un chef prestigieux, le Roi Arthur : le seul qui ait infligé aux saxons des défaites... On se raconte une légende selon laquelle Arthur, après avoir été grièvement blessé, avait été emmené dans l'île d' Avalon où il était soigné par des fées. William de Malmesbury ( moine bénédictin (vers 1090/1095 – vers 1143)) le rapporte dans ses Gesta Regum Anglorum en 1125

Malmesbury Abbey en 1792

Après la bataille d'Hastings, Guillaume le Conquérant et ses barons deviennent les maîtres de l'île de Bretagne ; les normands considèrent les croyances ( redevenues) païennes des bretons comme des superstitions dangereuses théologiquement et politiquement …

 

Dans les quelques vies de saints gallois : saint Cadoc, saint Patern, saint Carantoc, que l'on estime avoir été écrites peu de temps après l'arrivée des Normands. On remarque qu'Arthur n'y est pas toujours présenté sous un jour favorable. Le moine normand William de Malmesbury reconnaît certes qu'Arthur a été un grand chef mais il ne cache pas son dédain pour les ''fables'' dont il est l'objet …

 

 

Geoffroy de Montmouth ( évêque et historien anglo-normand ( 1100-1155) au service du roi Henri Iᵉʳ d'Angleterre) , breton d'origine, écrit l'Historia Regum Britanniae, qui est dédiée à Robert comte de Gloucester.

Le roi Arthur In Geoffroy de Monmouth Prophetia ...

Dans son récit Arthur est un roi magnifique et un grand conquérant. Après la grandiose épopée arthurienne, il dépeint la Bretagne conformément à la tradition populaire dans un état de profonde déchéance. Les Saxons triomphent et toutes sortes de calamités : peste, famine, etc... s'abattent sur le pays. Cadwallader, son dernier roi, se réfugie en Bretagne armoricaine;. là un ange lui annonce que son peuple renaîtra un jour « par le mérite de sa foi », mais ces temps ne sont pas encore venus. Il ordonne à Cadwallader de se rendre à Rome auprès du pape Sergius et c'est là-bas, ajoute le messager, qu'il mourra en état de sainteté. Le jour où ses reliques seront rapportées en Bretagne verra la résurection de son pays

 

Dans la Vita Merlini qui date de 1148 environ, le rôle de messie est également refusé à Arthur par Merlin dans un colloque où Taliessin conseille d'envoyer des messagers vers l'île d'Avalon afin de ramener le grand roi pour chasser les Saxons. C'est Cadwallader ainsi que Conan qui, selon les prophéties de Merlin, doivent être plus tard les libérateurs du pays. Du retour d'Arthur, il n'en est pas question....

Bouclier Epée Plantagenets

 

L'année 1154 qui voit arriver les Plantagenets en Angleterre est aussi celle de la mort de Geoffroy de Monmouth. Dès 1155 paraît le Brut de Wace, première adaptation en français de L'Historia. Puis à partir de 1162 environ s'échelonnent les oeuvres arthuriennes de Chrétien de Troyes.

 

Enfin, pour en finir avec cette croyance au retour d'Arthur, c'est la prétendue découverte qui eut lieu en 1191 de la tombe du grand roi à Glastonbury. Dans ses Gesta Regum Anglorum William de Malmesbury raconte que l'on avait trouvé dans le Sud du Pays de Galles la tombe de Walwen ou Gauvain, neveu d'Arthur « Mais, ajoute-t-il, le tombeau d'Arthur ne se voit nulle part et c'est pourquoi de vieilles fables racontent qu'il reviendra ».

Pour mettre fin de manière définitive à ces croyances qui étaient un reste évident de paganisme, il n'y avait donc pas de meilleur moyen, semblait-il, que d'annoncer qu'on avait découvert les restes d'Arthur.

Glastonbury Abbey

On sait que Glastonbury, qui est situé entre la Cornouailles et le Pays de Galles et qui, de ce fait, se trouvait au moyen âge à proximité immédiate des populations celtiques, est considéré comme ayant été un foyer très ancien de christianisme en Angleterre. Primitivement, c'était un sanctuaire druidique important et il semble que dans les récits gallois et irlandais sa colline entourée de marais soit identifiée à l'île d'Avalon, le séjour d'Arthur.

C'est là que se seraient établis les premiers apôtres qui vinrent évangéliser le pays, c'est-à-dire selon la légende, Joseph d'Arimathie et ses compagnons apportant le Graal. Ils y fondèrent l'église appelée par la suite « Vetusta Ecclesia » qui fut intégrée dans la célèbre abbaye. A l'arrivée des normands celle-ci tomba sous leur influence et lors de la découverte de la tombe d'Arthur en 1191 son abbé était Henri de Sully apparenté de fort près au roi Henri II Plantagenet . Il y a là, il faut l'avouer, un ensemble de faits, qui, s'il ne suffit pas encore à établir un rapport entre le mythe arthurien et le thème du Graal, n'en n'est pas moins à remarquer.

 

D'autre part, au XIIe siècle, les Croisades vont modifier les conceptions religieuses chrétiennes...

Rappelons que la première croisade débuta en 1096, soit trente ans après l'arrivée des normands en Bretagne tandis que la seconde est de 1147 et la troisième de 1186. La fondation des grands ordres de chevalerie prend place entre la première et la seconde Croisade.

Sources : Daniel de Séchelles L'évolution et la transformation du mythe arthurien dans le thème du Graal.

L'HISTOIRE DU MYTHE DU ROI ARTHUR -1/4 -

SUR LES PAS DU ROI ARTHUR -6/.- GLASTONBURY

SUR LES PAS DU ROI ARTHUR -7/.- GLASTONBURY TOR

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Les ''Lumières'', la raison et le Mythe.

Publié le par Perceval

Thor

Il est vrai que des mythes ont pu – à certaines époques – être considérées comme des croyances, voire des savoirs...On ne sait plus bien ce que nous entendons par ''mythe''. Sous-tend-il une religion qui y exprimerait ses croyances ? N'est-il qu'un conte ?

Au XVIIIe siècle, les mythes grecs avant les mythes égyptiens sont reconnus comme tels : on évoque alors les dieux païens, et on les rattache à un genre littéraire qu'on appelle ''fable ''...

 

On va dire que le mythe est un récit, explicatif sur le monde, nos origines … ( pas le conte...). La légende est, elle, rattachée à un lieu, et même à un temps historique...

En février 1616, Galilée est convoqué au Vatican

Pour ce qui concerne le mythe, il faut aller plus loin; en effet : « L’existence d’un monde invisible qui sous-tend le monde visible est l’objet même du mythe » (Joseph Campbell, puissance du mythe). C'est ce ''monde invisible '' qui nous rattache à la croyance, et à la religion... On ne peut dire si ce monde est vrai ou non …

Le mythe est une chose malléable, mouvante, qui explore des imaginaires et même s'il sous-tend une religion, il ne se fixe jamais définitivement en un dogme.

 

Le mythe est-il premier ? Non … Car, avant son énonciation en une histoire à transmettre, il n'est peut-être que le reflet d'un rite, ou d'une croyance plus ancienne … !

 

Peut-il y avoir un usage rationnel du mythe ? Même si le Mythe est considéré, comme un objet provenant de l'imagination, et n'en suppose pas la croyance...

Manifestement, les philosophes font usage eux-mêmes des mythes,

Les Noces de Thétis et de Pelée avec Apollon et le concert des Muses. - Hendrick van Balen.et Jean Brueghel

Leibniz note que la ''réminiscence'', « toute fabuleuse qu’elle est, n’a rien d’incompatible, du moins en partie, avec la vérité toute nue ». Nouveaux essais sur l’entendement humain, préface (dans certaines éditions, Avant-propos), GF édition Jacques Brunschwig p. 40.

En note, je signale que la ''réminiscence''dans la pensée de Platon, est le ressouvenir par l'âme de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps et qu'elle a perdu lors de sa réincorporation. 

Idée reprise par Descartes, dans sa cinquième Méditation : « …je conçois une infinité de particularités touchant les nombres, les figures, les mouvements, et autres choses semblables, dont la vérité se fait paraître avec tant d’évidence et s’accorde si bien avec ma nature, que lorsque je commence à les découvrir, il ne me semble pas que j’apprenne rien de nouveau, mais plutôt que je me ressouviens de ce que je savais déjà auparavant… ». Ce qui explique pourquoi la ''démonstration '' nous permet d'accéder à une connaissance... Et aussi, : comment l’accès au mythe, nous permet de réfléchir sur nous-mêmes …

Frida Kahlo & Diego Rivera

Aussi, même si, le récit biblique devient mythe ( pour le non-croyant), on peut en saisir un sens … Et pour aller plus loin ; je rajouterai que : Croire doit être reconnu comme une manière de penser, comme n'importe quelle autre pensée ! Donc, ''croire'' est aussi manière de raisonner, et la raison ne peut en être exclue ...

Et depuis Kant... Même la raison, je le rappelle, ne peut se faire qu'une idée approximative et fragmentaire de '' la chose ne soi ''. On ne se fait que l'idée ou la perception qu'on s'en fait, de "la chose perçue ou connue".

 

Jung ( pour en revenir au mythe), écrit que « Dans les 150 années écoulées depuis la critique kantienne de la raison pure, l'idée s'est progressivement imposée que la pensée, la raison, l'entendement, etc., ne sont pas des processus existant en soi, affranchis de toute relativité subjective et soumis seulement aux lois éternelles de la logique, mais des fonctions psychiques ... » (C. G. Jung, Correspondance, tome l, p. 1 72 )...

S'il reconnaît les limites de la raison humaine et son incapacité à appréhender l'essence ultime des choses. Comme nous le savons, il n'en accorde pas moins une importance fondamentale aux Mythes. Sur le chemin de l'individuation, chacun doit répondre à cette question : « Quel est ton mythe ? »

Je reviendrai donc la prochaine fois sur le Mythe du Graal...

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Ce que nous devons aux '' Lumières '' -2/.-

Publié le par Perceval

« Sapere aude » ! Ose penser par toi-même – telle est la maxime de Kant

« Sapere aude » ! Ose penser par toi-même – telle est la maxime de Kant

L'article précédent situant l'enjeu, énonce des des considérations générales, et subjectives … J'étudie de plus près ce que m'apporte les Lumières de ce XVIIIe siècle, et je fais le choix de choisir un point de vue plus convainquant – à mon avis – celles des penseurs allemands.

Même s'il ne s'agit pas de se passer des dogmes de la religion ( c'est mon avis …); les ''Lumières'' nous font passer de la tradition dogmatique à celle de la Raison.

« Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des lumières. » Kant (1724-1804)  - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit - 1784

 

La révolution de Kant, c'est de mettre hors de propos les preuves de l'existence de Dieu...

Cependant Kant reconnaît les besoins de la raison « d'admettre, pour l'existence en général, quelque chose de nécessaire : un ''idéal de la raison pure''. » La connaissance rationnelle de Dieu nous est impossible, pourtant il est l'objet d'un besoin universellement ressenti : l'idée du souverain Bien... Comme on ne peut démontrer cette reconnaissance ( plutôt que cette existence), on va l'admettre, à la manière d'un postulat.

 

J'apprécie cette porte ouverte, même si pour Kant, elle permet avant tout d'y adosser sa morale...

Emmanuel-Kant et ses invités

Fichte (1762-1814 ) est un disciple de Kant. Il critique l'idéologie religieuse de l'institution ; et souhaite revenir à un ''christianisme originaire'' allié à l'oeuvre de la Liberté ( avec la révolution Française...). La Liberté étant, elle aussi, érigée en postulat. Finalement, avec le temps Fichte – d'ailleurs accusé d'athéisme – dit qu'il n'a plus besoin de religion, privilégiant la conscience du devoir moral, ce qui lui suffit … Il quitte également la franc-maçonnerie, considérant qu'elle est trop prise dans le particularisme de ses symboles... Fichte serait le dernier représentant de  l'Aufklärung...

 

L'Aufklärung est le synonyme de ''Lumières'', comme courant de pensée. « Elles revalorisent l’homme, le rendent conscient de ses potentialités et constituent un appel à l’émancipation. L’homme doit se libérer de toute tutelle, notamment celle des autres hommes, surtout celle d’un guide spirituel, ou d’un directeur de conscience comme c’était la mode à l’époque. Il ne doit pas compter sur un Dieu intervenant dans les actions humaines et auquel il faut s’en remettre pour toute décision. »  Aline Le Berre, Aufklärung 

Cette proclamation sera le point de départ de différents courants de pensée...

 

Plusieurs philosophes, vont à la suite de Kant, développer des pistes que Kant n'approuvera pas … Tous reçoivent de Kant, l'impulsion première de leur pensée...

Prendre acte, pour le philosophe Friedrich Heinrich Jacobi ( 1743-1819) , de l'innovation kantienne, c'est de désigner par raison, la source immédiate des connaissances.... la raison devenant ainsi, non pas ce qui nous fait comprendre le réel, mais ce qui signale notre adhésion à l'absolu. Elle devient l'intuition suprasensible de l'absolu.

«  J'exposai que,en soi, il était impossible de découvrir l'infini à partir du fini se présentant à nous, de concevoir leur rapport réciproque et de l'exprimer par une formule quelconque ; si donc on voulait en dire quelques chose, il fallait en parler à partir de la révélation. » Jacobi, Lettres à Moses Mendelssohn.

« la croyance n'est qu'une représentation plus forte, plus vivante, plus puissante, plus ferme, plus soutenue d'un objet, que celle que la seule imagination est capable d'atteindre. »

«  la croyance est quelque chose de senti par l'âme par quoi les affirmations du réel et sa représentation se distinguent des fictions de l'imagination. » Jacobi, David Hume et la croyance.

1750 Francois Boucher Le sommeil interrompu

 

* Exemple-argument du rêve et de l'éveil : Si le rêveur ne sait pas qu'il rêve, et donc peut croire percevoir en vérité.... l'homme éveillé sait toujours – d'un savoir immédiat et certain – qu'il ne rêve pas, et donc ne peut jamais croire, qu'éveillé il rêverait. La vie n'est pas un songe …

 

Pour Jacobi, encore : la croyance dans le réel, relève d'un « savoir de première main », alors que vérification et démonstration relèvent « d'une certitude de seconde main ».. « Si nous croyons ce que nous voyons, c'est avant toute vérification... »

 

Ce sens précieux de ''révélation '' Jacobi le tient de D. Hume : les objets se révèlent à nous par les sens … Sachant que nos sens peuvent nous tromper, et pourtant ( quel miracle!) nous n'avons communément pas d'autres preuves de l'existence …

«  Les représentations ne peuvent jamais refléter le réel comme tel. Elles renferment seulement des aspects des choses réelles et non le réel lui-même. » Jacobi, David Hume et la croyance.

«  L'élément de toute connaissance et de toute activité humaines est la foi » Jacobi, Lettres à Moses Mendelssohn.

Croire au réel, c'est avoir foi en Dieu... « Et la raison est une faculté supérieure qui révèle positivement à l'homme le vrai, le bon, le beau en soi » Jacobi, David Hume et la croyance

Kant fait partie de ces penseurs qui nous ouvre des portes. Avant lui, il y eut déjà le génial Descartes : '' Je pense, je suis, j'existe...'' Il nous permettait ainsi de continuer ; penser est légitime... ! ( je veux dire « penser seul » et non pas déléguer...)

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Ce que nous devons aux '' Lumières '' -1/.-

Publié le par Perceval

Ce que nous devons aux '' Lumières '' -1/.-

Nous allons revenir au Mythe du Graal ; mais avant nous chercherons des ''Lumières'' en philosophie...

L'enjeu de ma réflexion, résumée dans ces articles, c'est que nous puissions valider divers moyens de connaître le Monde.. Et avec la légitimité de la raison, puisque nous sommes là au ''siècle des Lumières''.

Tentons de montrer que le mythe, la religion, peuvent être des supports de connaissance aux mêmes titres que d'autres sciences … La raison, reste notre outil privilégié, et permet la ''dispute'', la ''conversation'', l'argumentation ; en fait les échanges pour affiner notre réflexion...

Au XXIe siècle, nous en sommes à retrouver le scepticisme de Hume : nous avons un doute sur l'objectivité même des sciences...

Rappel du XVIIIe siècle, - le point de vue de David Hume (1711-1776)  : toute connaissance est une accumulation d’expériences sensibles, de sensations, de passions et d’émotions. De là nous fondons des idées, associations de connaissances à base de mémoire et d’imagination. Autant dire que rien n’est objectif dans tout cela : pour Hume, la connaissance est équivalente à la croyance. Elle peut avoir une utilité pour l’action, mais ne dit rien du réel. La vérité nous échappe en tout.

 

Pour Kant (1724-1804):  nous n’avons accès qu’aux phénomènes, pas aux noumènes ; seulement aux choses telles qu’elles s’offrent à nous (et dans la limite de notre entendement), pas aux choses en soi.

Ne peut-on pas dire avec Kant, que l'homme est prisonnier de sa subjectivité et ne peut donc atteindre à la vérité ?

 

Cependant, si la science n'est pas plus légitime que la philosophie pour dire la Vérité ; il nous faut quand même, avancer avec notre raison ; et faire confiance... Nous continuons à prendre l'avion, et utiliser notre GPS... Et d'autre part, être totalement relativiste, nous amènerait à mettre sur le même plan toute théories : complotistes, négationnistes, populistes ...etc

Hume, l'avait déjà remarqué : au plan strictement logique le relativisme absolu est intenable : si je conclus qu’on ne peut rien savoir de façon certaine, alors je ne sais pas si cette conclusion est certaine !

 

La science, elle, ne peut parler que de ce qu'elle peut appréhender : ce qui est objectivable... Elle ne peut pas affirmer que ''seule la matière existe '', car ce n'est pas vérifiable … La science est agnostique ( et non athée)!

 

Alors... Comment peut-on connaître '' Le Monde'' … ?

Par l'intelligence, l'intuition, l'imagination … ?

J'admets que la voie scientifique, ne peut être le seul chemin... Ce serait faire comme ce personnage qui a perdu ses clefs, et, qui ne les cherche qu'en un seul endroit - sous le lampadaire -  : là où il y a de la lumière ( la science)...

Je peux également affirmer : qu'un médecin ( et sa science) seul, ne peut me connaître...

 

Par expérience, dans la vie quotidienne je sais aussi que « dans la vie d’un homme, les vérités simplement crues demeurent beaucoup plus nombreuses que celles qu’il acquiert par sa vérification personnelle » ( J.P. II, Fides et Ratio)... Nous croyons - souvent - par délégation...

Bref ! La science n'a pas le monopole de la connaissance du réel ….

Allégorie de la Logique

 

Kant, nous propose de faire usage de la raison théorique, et pratique … Je peux ( je dois...) réfléchir au Juste, au Beau, au Bien, et au Vrai .. Donc, sans faire uniquement de la science, et en utilisant ma raison ...

 

La religion (idéale...) admet l'usage de la raison ; à la différence de la superstition...

 

La science n'a pas la possibilité de parler d'un univers fini ou infini, de parler d'avant le premier instant... Et croire en Dieu, c'est refuser l'irrationnel dans l'apparition d'un chat noir, ou la conjonction du vendredi et du nombre 13... La superstition est bien souvent une sorte de matérialisme irrationnel... Comme dans la magie, il y a dans la superstition une sorte de ''toute-puissance'' de l'humain...

 

La religion s'inscrit dans la communauté humaine, elle exprime une culture. Les religions sont diverses, chacune a une histoire. Aucun peuple, aucune religion n'est supérieure à un(e) autre.. La religion tente d'apporter des réponses aux questions métaphysiques.

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -3/.-

Publié le par Perceval

David Hume (1711-1776) par Louis Carrogis

David Hume désire construire une " science de la nature humaine ", sur le modèle de la philosophie naturelle de Newton, et ne peut se passer de prendre en compte la différence qui partage cette nature en deux, hommes et femmes.

Cette science nouvelle, est définie par une critique intégrale du doute et du dogmatisme, avant même d'établir les bases d'une vraie métaphysique sur la nature humaine.

 

Que nous dit Hume ?

A l'origine de nos connaissances, sont nos perceptions. Hume appelle perception « tout ce qui peut être présent à l’esprit, que nous utilisions nos sens, que nous soyons mus par la passion ou que nous exercions notre pensée et notre réflexion » .Cette perception par les sens, donne des impressions et des idées ...

Que valent ces connaissances ?

Nous avons tendance à qualifier de ''lois'' ce que nous observons, par exemple :

- Nous constatons par ''expérience'' certaines répétitions constantes. Et bien l'importante loi de causalité dérive de l'expérience de successions répétées. Est-ce légitime … ?

« une boule de billard touche une autre boule de billard, celle-ci se met en mouvement, et la première arrête son mouvement. » Une fois, dix fois, cent fois … Oui, mais … Pourquoi cela serait-il toujours ainsi … ?

Hume - ''le sceptique'' - questionne cette '' relation de cause à effet '' qui fonde notre vision du monde...

Il nous semble que la véritable cause est toujours contiguë à l'effet. Mais contiguïté n'est pas causalité.. ! Un fait peut précéder un autre sans que nous le tenions pour sa cause.

La poule, constate, chaque matin, quand elle voit le fermière venir vers elle, que c'est pour lui donner à manger … La poule pourrait ainsi en établir une loi, et même se faire un jugement de bienveillance envers la fermière... Et, un jour, le seul... La fermière vient, non pour la nourrir, mais pour lui tordre le cou ...

 

Notre raison, attribue une nécessité logique, à des phénomènes qui se reproduisent … Il en ainsi est de sa nature, (ou de son éducation?): nous pouvons seulement dire qu'il s'agit d'une croyance..

Un chat qui voit passer devant lui une balle aura tendance à lui courir après ; un humain aura tendance à chercher d'où et comment vient-elle … ?

La raison, ne nous délivre pas de la croyance...

L'imagination est aussi une opération de l'esprit sur les objets de l'expérience ; même si nous parlons alors de fiction...

Le sentiment religieux se fonde aussi sur l'expérience humaine. La crainte et l'espérance, la joie et la douleur, le sublime...etc

En ce siècle, où tant de nouvelles questions émergent ; certains trouveront les biais pour valoriser la raison, d'autres ne craindront plus d'imaginer et de poser de nouvelles règles pour penser … Bien sûr, nous savons que la Raison s'imposera... Que se serait-il passé si tel n'avait pas été le cas .. ?

C'est la lecture de David Hume, qui permet à Kant de sortir de « son sommeil dogmatique » et de poser les bases de la philosophie contemporaine. :

Les lois qui régissent les choses et leurs événements, les causes et leurs effets, d'une réalité qui semble s'imposer à nous : la nature de l’espace et du temps. 

L'espace et le temps sont des formes à priori de notre sensibilité . L’espace et le temps n’existent pas réellement. Espace et temps ne relèvent pas des choses elles-mêmes, mais de l’esprit.

On ne peut connaître les choses en soi : on connaît seulement les phénomènes...

 

Quand nous nous demandons si le monde est fini ou infini, nous nous interrogeons sur un Tout dont nous ne formons qu'une infime partie.. Nous ne pouvons faire l'expérience de la totalité …

De même nous pouvons tout autant affirmer que ''l'univers'' a commencé un jour ou qu'il a toujours existé …

 

La foi est tout aussi légitime que la Raison ...

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -2/.-

Publié le par Perceval

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Je reviens à David Hume, qui va marquer de sa pensée, notre trio : de la Bermondie, d'Oisemont et Sinclair, toujours en recherche de nos fameux templiers, et à l’affût de ''nouveautés'' qui pourraient faire réapparaître le lien perdu et faire advenir une résurgence de l'Ordre disparu …

 

Le temps est aux ''nouveautés'' et David Hume est devenu l'idole des salons, en particulier celui de la très anglomane Comtesse de Boufflers (il parlait bien le français l'ayant étudié pendant trois ans à La Flèche). Hume est célèbre en France par ses ''Political Discourses'' aussitôt traduits en 1752, à la fois comme historien et comme philosophe. Quand il reviendra à Londres en 1766, il emmènera avec lui J.-J. Rousseau...

M.-Ch. H. de Boufflers peinte par Carmontelle

 

La Contesse de Boufflers (1724-1800) est la maîtresse du Prince de Conti : Femme brillante, spirituelle et sensuelle, elle est célèbre pour sa beauté et son esprit ; célèbre salonnière et femme de lettres française, elle est adulée et courtisée. Le comte de Tressan écrira sur elle cette épigramme : 

«Quand Boufflers parut à la Cour 
On crut voir la reine d'amour 
Chacun s'empressait de lui plaire 
Et chacun l'avait à son tour.
»

Et, son épitaphe ( par elle-même) est éloquente :

« Ci-gît dans une paix profonde,

Une dame de volupté
Qui, pour plus de sécurité,
Fit son paradis en ce monde.
»

 

On peut dire que la Révolution sera la fin d'un certain ''âge d'or'': celui du '' doux commerce des sexes'' – comme l'on disait - magnifié dans les «salons» où s'épanouissaient les personnalités féminines les plus fortes.

 

Je parlais d'anglomanie ; en effet les Anglais, avec Locke et Newton, se sont affirmés comme les maîtres à penser de l'Europe en ce XVIIIe siècle... De plus, politiquement: la théorie de la séparation des pouvoirs, invite à une réflexion sur la démocratie. Dès 1694, La Fontaine, lui-même eut la tentation de l'Angleterre : le Renard anglais, note comme une vérité incontestable : « Les Anglais pensent profondément, / Leur esprit, en cela, suit leur tempérament... »

 

Les salons sont « les Etats Généraux de l'esprit humain » c'est la définition que donne Hume du salon de madame Helvétius... Le salon donne à la monarchie civilisée française une harmonie intellectuelle et morale qui est l’œuvre même des femmes, fédératrices des opinions et dignes en cela, comme le voulait Morellet, d'une célébration publique ...

Portrait d’Anne-Catherine de Ligniville, Mme Helvétius

Anne-Catherine Helvétius ( 1722-1800) réunit d'abord rue Sainte-Anne puis, à partir de 1772, en son hôtel du 59, rue d’Auteuil, un cénacle appelé « société d'Auteuil » ; tous les écrivains, artistes et scientifiques ont fréquenté ce salon … Benjamin Franklin, lui fait sa cour en vain... et elle tient Cabanis comme son fils adoptif … On la dit affiliée à la loges des neuf sœurs..

 

David Hume, encore : « Les femmes étaient les souveraines du monde, de la conversation et de l’érudition. » Dans le même sens, Chantal Thomas, spécialiste du XVIIIe siècle, écrit : « Il y a quelque chose de fantastique, de surréel dans la représentation, soir après soir, et à heures fixes, en plusieurs hôtels parisiens, d’un spectacle centré sur l’art de la conversation. »

 

L'élite britannique se détourne à cette époque de l'université pour chercher son instruction dans '' la conversation ''qu'elle considère comme le ''grand livre du monde ''…

Jean-Jacques Rousseau fait la lecture devant Madame Dupin

Et la ''politesse '' : ingrédient nécessaire d'une culture civilisée est l’élément dans lequel se meut la pensée de David Hume ; en opposition à la manière scolastique... La ''politesse'' renvoie au raffinement des manières et au développement des arts, sciences et lettres … La politesse est essentiellement un art de la conversation qui inclut les règles de galanterie ( relation entre hommes et femmes)...

c'est ainsi qu'en 1798, Kant – lui-même écrit : « La nation française se caractérise entre toutes par son goût de la conversation ; elle est à ce point de vue un modèle pour les autres nations... »

Pour être validées, les productions de l'esprit ( sciences, arts et lettres) doivent passer par leur réception au sein de la société...

 

* Tout ça, pour arriver à la pensée de David Hume, que nous dévoilerons la prochaine fois …. - A suivre...

Benjamin Franklin à la cour de France

Benjamin Franklin à la cour de France

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

Publié le par Perceval

Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

Il ne sert à rien de philosopher sans les femmes ...

 

Selon Horace Walpole (1717-1797), trois choses sont à la mode « le whist, Clarisse Harlowe et David Hume »

 Horace Walpole, noble et homme politique anglais qui fut l'ami intime de Mme de Tencin, se fait ainsi construire un château de style médiéval sur la colline de Strawberry Hill. Le premier, Walpole va réunir les ingrédients du roman gothique historique dans ''le Château d'Otrante'' paru en 1764 : action située dans le passé mythique des croisades, décor médiéval, présence du surnaturel, personnages contemporains victimes des mystères du passé.

Clarisse Harlowe, est un roman épistolaire anglais de Samuel Richardson publié en 1748 ; l'héroïne fut une référence pour les écrivains du XVIIIe.. Lovelace, l’infâme séducteur précéda Valmont...

David Hume

David Hume (1711-1776), le grand philosophe écossais est francophile, ce qui ( pour un anglais) double sa faute d'être écossais …

De plus, il est ''sceptique''... et l'université bigote lui refusera un poste de professeur …

Auparavant, en conclusion d'une jeunesse studieuse, mais rétive, il part en France... A La Flèche, de 1735 à1737, il rédige le Traité de la nature humaine, dont les deux premiers livres sont publiés en 1739. C'est un échec. Il rentre à Ninewells. Portant, il vient d'écrire – très jeune - un chef-d’œuvre : il y a peu d’exemples d’une telle précocité en philosophie et, à ce degré de génie, peut-être aucun.

En 1745, il trouve un emploi d' "homme de compagnie" auprès du jeune marquis d'Annandale dont l'état mental se dégrade peu à peu.

De 1746 à 1749, il est secrétaire particulier du général Saint-Clair, qu'il accompagne dans ses voyages.

Le Général James Saint-Clair (1688-1762) ( de Sinclair, Fife et Balblair, Sutherland.) appartient bien-sûr au clan ''Sinclair'', et en 1735, St Clair achète le château de Rosslyn , qu'hériteront plus tard les héritiers masculins de ses sœurs. À la mort de son frère aîné John St Clair en 1750, il lui succède en tant que lord Sinclair , mais n'assumera jamais le titre, préférant conserver son siège à la Chambre des communes.

C'est sans-doute, lors de son passage à Paris que ''notre ''Sinclair et ami de J. L. de la Bremontie, rencontre le général Saint-Clair, et David Hume...

David Hume, rencontrera à nouveau, nos amis lors d'un séjour beaucoup plus long, alors qu'il est au ''sommet'' de sa renommée d’historien et d’essayiste, de 1763 à 1766. À l’époque, c’est en France qu’il est le mieux accueilli : « ici je ne bois que du nectar et marche sur des fleurs », confie t-il.

En effet, Hume accompagne alors en France Lord Hertford, nouvel ambassadeur dont il est le secrétaire.

« La France est le pays des femmes. » dit David Hume.

Les voyageurs étrangers, quand ils arrivent en France, sont frappés par la ''facilité'' des relations entre les deux sexes. Cet art de vie ensemble, est appelée alors la galanterie. On considère qu'en France hommes et femmes sont '' activement mêlés''...

En Italie, la présence de chevaliers servants, les fameux sigisbées, empêchent d'avoir accès aux Florentines de la bonne société, ce dont les voyageurs français se plaignent …

Parmi les règles de galanterie de ce XVIIIe siècle, et c'est Mme de Genlis qui le souligne: c'est celle de ne jamais placer les gens à dîner. Sauf chez quelques bourgeois cérémonieux ou dans les réceptions officielles de la Cour, on laisse, dans la société, celle des salons, les convives s'asseoir en toute liberté afin que les deux sexes puissent se fréquenter selon leur humeur.

 

Le célèbre salon bouton d'or de Madame du Deffand est un salon où seul l'esprit le plus raffiné a ses droits, et où se mêle harmonieusement le savoir-vivre aristocratique et le goût littéraire.

Des écrivains célèbres, Voltaire, Montesquieu, Marmontel, La Harpe, Marivaux, Sedaine et Condorcet peuvent y rencontrer les Anglais de passage à Paris comme Gibbon, Hume, Lord Shelburne et Horace Walpole. Une femme de lettres britannique, comme la vertueuse Hannah More, est choquée de savoir qu'en France une Mme Deffand, séparée de son mari, et affichant paisiblement ses liaisons, est cependant reçue dans la meilleure société parisienne...

Et, Hume regrette qu'à Londres, on claquemure les femmes, et dans cette société ''convenable'' on n'y trouve ni plaisir ni politesse, et pas davantage le sel de la raison … ( cf Les Mots des femmes: Essai sur la singularité française, Par Mona Ozouf )

A suivre ...

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Les Lumières et ''les Mondes Possibles''

Publié le par Perceval

Les ''Lumières '' du XVIIIe siècle, ouvrent des portes... Même si les grands esprits de l'époque n'ont prévu ni la Révolution, ni ses conséquences, ni le romantisme, ni les idéologies du XIXe s., ni leur application au XXe s...etc ; malgré cela, ces portes ouvertes permettent de rejoindre les questions essentielles sans la censure catholique romaine ou française …

- Pourquoi y a t-il quelque chose, plutôt que rien ? Pourquoi ce monde existe ?

 

Ce monde a été possible. Mais, est-ce le seul ? Est-il le meilleur des mondes possibles ?

Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 1716)

Pour Leibniz, Dieu crée en fonction du Bien, du Beau, du Vrai... Donc, il crée le meilleur des mondes possibles. Notre vison du Monde doit donc satisfaire les nécessités d'une physique mathématisée ( et déterministe) et la présence du Mal ( métaphysique)...

Bien sûr, nous savons avec Kant, qu'il faut distinguer le monde observé du ''monde en soi'' … Limitons notre connaissance à ce qui connaissable … !

Note : Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 1716) est un philosophe, métaphysicien hors pair, esprit baroque, fin diplomate, polyglotte (il écrit aussi bien en français qu'en latin ou en allemand), et bien sûr scientifique, mathématicien en particulier : il invente le calcul infinitésimal (calcul différentiel et calcul intégral) .. Leibniz a marqué son siècle.

 

Mon objectif serait de faire le lien entre cette possibilité d'autres ''mondes possibles'' ; et la tradition féérique d'un '' autre Monde'' que la mythologie littéraire a décrit dans les contes et la légende arthurienne...

de Nicolas Bion (1652-1733)

« […] la subcréation féerique promeut à l’existence des mondes possibles qui ne sont pas celui où nous vivons, et que pense la philosophie – mais […] ces mondes manifestent de troublantes affinités avec notre monde, pour peu que nous percevions en celui-ci la suspension de son sens au problème eschatologique. […] la poétique de la féerie autorise […] une herméneutique des dernières choses.

Extrait de « Anges et hobbits : le sens des mondes possibles », par le Père Jean-Yves Lacoste ( agrégé, docteur en philosophie et théologie.). On peut s'interroger :

- Le réel (notre monde) pourrait-il abriter du mythe devenu fait ? Réciproquement, peut-on réécrire sur un mode mythique ou féerique ce qui a eu lieu dans notre monde seul réel ?

- La littérature féerique parle à l'imaginaire. Elle peut aussi avoir la force de structurer l'imaginaire.

Elle peut introduire un travail sur l'imaginaire qui le prépare à faire sien le monde de la Bible...

Ce sont les questions que se posent  Jean-Yves Lacoste , aussi professeur invité à l'Université de Chicago...

la Théodicée de Leibniz ( 1710)

Il faudrait continuer la réflexion, avec les philosophes du XVIIIe...

Comme nous l'avons vu, en ce siècle, la limite entre imagination et réalité n'est plus sûre... Et l'on attend pas qu'un gendarme ( l'Eglise) nous la définisse... Aussi, les ''faux sorciers ( mages) '' sont une caractéristique de ce siècle des ''Lumières''.

 

Malgré tout, je tente de prendre une porte ouverte par ''les Lumières'' qu'elles ont semble t-il refermée bien vite... C'est d'ailleurs ce que leur reproche Régis Debray dans ''Aveuglantes lumières'' (2006) :

Fontenelle. Entretiens sur la pluralité des mondes

« les Lumières, en dépit de notre triomphalisme et de notre ethnocentrisme glorieux, ont des zones d'ombre capitales : le religieux, l'imaginaire, le sentiment du collectif, notre rapport à la mort, à l'animalité… » «  je crois, avec Merleau-Ponty, qu'il faut inventer un nouveau rationalisme qui permette de penser l'irrationnel, qui donne raison de la déraison »

Irait-il jusqu'à dire que la "raison" est peu de chose, comparée au "mythe" et aux "facteurs émotionnels" de l’action ?: « Ce n’est pas la science, mais une croyance fût-ce en la science elle-même qui soude une communauté de destin. » ?

 

Pour conclure, provisoirement :

Je passe allégrement du XVIIIe au XXe siècle :

Le Conte fait appel d'abord à notre sensibilité, puis à notre intelligence...

« On voit d’abord le Graal, puis on le cherche »  Simone Weil, Cahiers, tome 3, Paris, Gallimard, 1975, p. 282.

« Toutes les légendes sont vraies. Ce ne sont point des faits, ce sont des pensées » d' Alain, Propos, v. 2. ' la Pléiade' 1970), #555, p. 816.

 

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La Raison et la Gnose - Du Moyen-âge aux Lumières du XVIIIe s

Publié le par Perceval

Le Corpus hermeticum constitué au XIe siècle, et qui rassemble des textes grecs, écrits au cours du IIe  et du IIIe siècle, met en scène Hermès Trismégiste et/ou ses disciples et propose une voie de sagesse mêlant traditions grecque et égyptienne. Le premier livre d'Hermès s'appelle Poïmandrès

« que veux-tu entendre et voir, que veux-tu apprendre et connaître ? Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu »

 

La gnose c'est d’abord une recherche de la connaissance des êtres, de Dieu, de l'univers, de la compréhension du monde, qui s'adresse à tous, pas seulement aux clercs, pas seulement aux intellectuels, mais à tout le monde. Elle ne propose pas, et n'a jamais proposé dans toute son histoire millénaire, de réponses toutes faites et des révélations. Elle fonde la compréhension de ce que nous vivons, entendons ou lisons sur le symbole, l’expression symbolique. Enfin et surtout c'est une quête de l'unité, l’Un et le Tout, on l'appellera comme on voudra, quête de ce qui nous transcende, l'Univers, le Divin, quelque fois on ne trouvera aucun nom, dans la plus grande liberté.

 

La gnose est ici ( et la plupart du temps, l'Eglise a préféré entretenir l’ambiguïté...) à différencier du dualisme de certains gnostiques qui considèrent deux divinités en conflit, le dieu du bien face au dieu du mal ...etc)

La gnose rejoint au XVIIIe siècle, ce que les francs-maçons écossais nomment la Vérité... Elle est cette connaissance qui va au-delà du voile de la matière et qui nous fait passer de la matière à l'esprit, de l’équerre au compas, qui cherche à voir avec l'œil de l'esprit ( du cœur, de l'âme et de l'esprit) au lieu de voir simplement avec les yeux physiques.

 

Cette Vérité est inaccessible dans sa totalité... Dans cette quête, doit-on quitter le domaine de la raison ? Non pas, si nous regardons derrière le voile du matériel, qui fait partie du réel, et répond donc à une logique.

Au XVIIIe Kant choisit de s'en tenir à la pensée logique, et qui peut s’appliquer à toutes sortes de réalités...

Emmanuel Kant (1724-1804)

La condition essentielle pour partir en quête de la Vérité, est de conquérir notre liberté. Si nous ne sommes pas libres de voir, de discerner, de connaître, comment pourrons-nous nous approcher de la Vérité ? Emmanuel Kant le dit en 1784 dans un raccourci magnifique : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières », et il ajoute « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage…».

 

Si le XVIIIe siècle, se verra le témoin de la victoire des ''Lumières'' contre l’obscurantisme religieux... Une tendance de ces Lumières, continuera à se considérer comme religieuse...

Partons sur cette voie:

Depuis 1700, pas moins de 15 volumes sur l'histoire des ordres religieux, monastiques militaires et chevaleresques sont édités en Europe, plus de la moitié des écrits alchimistes ont été écrits dans la 2ème partie du 17e siècle.«Pierre Dupuis (1700) :Traité concernant l’histoire de la France, l’Ordre du Temple. Gurtler (1703) : Historia templarorium. P.Heylot (1714) : Histoire des Ordres religieux monastiques et religieux, 8 vol. Honoré de Ste Marie (1718) : Dissertation historique et critique sur la chevalerie ancienne et moderne, séculière et régulière. Basnage (1721) : Histoire des ordres Militaires ou des Chevaleries, des milices séculières et régulières, Abbé Roux  (1725): Histoire des 3 Ordres réguliers et militaires des Templiers, des Teutons, Hospitaliers ou Chevaliers de malte. Abbé Vertot (1726) Histoire des Chevaliers Hospitaliers de St jean de Jérusalem. 1.5 vol sur 4. )

 

En 1728 : le chevalier Ramsay (1686-1743), l’ami de Fénelon et le protégé de Madame Guyon, crée les hauts grades écossais. Il fait provenir la dénomination « Loge de St Jean » de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, dénomination tardive de l’Ordre de l’Hôpital, héritier des bien temporels des Templiers, et il associe les 3 degrés de la Maçonnerie aux 3 rangs des Ordres Religieux comme l’Ordre du temple.

Après un millénaire ( au moins...) d'ignorances et d'interdits théologiques ; on n'hésite pas à s'interroger sur tout, et sans trop de méthodes : sur la réalité des sirènes, ou sur la possibilité des cailloux de se reproduire … mais aussi sur l'électricité, les observations au microscope, les études systématiques des animaux et leur classification...

L’organisation des savoirs n'était pas celle d'aujourd'hui, ni celle que vont tenter d'organiser les ''Lumières'' du XVIIIe. Au début du XVIIe siècle, l’approche mathématique du mouvement des planètes peutt bien s’accompagner, chez Kepler, de la croyance en une âme du monde.

Si la gnose est censée, par ses détracteurs, être ésotérique donc réservée qu'aux initiés.... Sachons, que le mot Ésotérisme est récent … Au XVIIIe siècle était appelé ' ésotérique ' l’enseignement philosophique oral de Pythagore ou de Platon supposé destiné à un groupe restreint de disciples.

« la connaissance est ce qui permet de s’assimiler autant qu’il est possible à Dieu, ce qui implique d’être juste et saint avec l’aide de l’intelligence » Platon (Timée 72b).

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

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Le monde de la magie au Moyen-âge : -3/.-

Publié le par Perceval

Dans le roman ''Yvain '', le merveilleux accroît son pouvoir magique...

John William Waterhouse - Morgane

Morgane, la fée, fait administrer à Yvain un onguent qui lui vaudra le surnom de 'la sage'. C’est un véritable médicament, capable de guérir la fièvre : «[...] d’un oignemant me sovient/ Que me dona Morgue la sage ;/ Et si me dist que si grant rage / N’est an teste, qu’il ne l’en ost. »

Morgane est savante chez Geoffroy de Monmouth (Historia Regum Britanniae) ; chez Wace (le Roman de Brut) et dans La Mort le roi Arthur, Morgane emmène Arthur sur l’île d’Avalon pour le soigner de ses blessures (épisode déjà présent dans l’Historia Regum Britanniae).

« Une fée est tout simplement une femme plus instruite que la moyenne » (Anne Berthelot, « Magiciens et enchanteurs : Comment apprivoiser l’autre “faé” ).

 

La magie est un art, c’est-à-dire une discipline, un savoir … mystérieux.

Yvain est le héros de l'aventure de la ''fontaine merveilleuse'' ...

Yvain va entrer dans un monde régi par l'enchantement, il se sacrifie pour une Dame ''qui fait la pluie et le beau temps'' et devient le nouveau gardien de la Fontaine... Mais, il partira de chez sa dame, en quête d’aventure, il oubliera qu’il est dans un pays hors du temps et ne respectera pas le rendez-vous avec sa dame, avec la fée...

Voir ici, le détail de cette histoire :

LA FONTAINE MAGIQUE DE BARENTON, OU, LAUDINE ET YVAIN.

Yvain, The Knight of the Lion (ca. 1177)

L’épisode de la fontaine concerne les quatre états de la matière … La pierre est d'émeraude, l'eau, le feu de la foudre et l'air du vent …

L’émeraude creusée qui compose le perron est semblable au fourneau de l’alchimiste et le creuset intérieur équivaut à l’espace que l’alchimie permet de découvrir en soi-même.

Les pierres sont enchâssées dans le sceau d’un anneau... Les anneaux constituent des dons de fées aux chevaliers. Le premier est donné par Lunete, suivante de Laudine, à Yvain. Il lui procure le don d'invisibilité... Différent est l’anneau qu’Yvain reçoit de Laudine, anneau qu’elle remet à son époux lorsqu’il part pour un an à l’aventure. Il a le double pouvoir de le protéger et de lui prouver la fidélité de sa dame.

Lancelot subit une épreuve d’initiation, avec le ''Lit périlleux''. La magie, dans ce cas, ajoute un élément de mystère au merveilleux

Cette valeur initiatique est aussi présente dans l’épreuve du Lit de la Merveille soutenue par Gauvain dans le Palais des Reines, royaume des mères et monde des morts...

Perceval et le cortège du Graal détail

Perceval, pourrait bien, lui, ''percer'' l'enchantement de ces aventures... Il est soumis à la vison d'un cortège – est-ce là un prodige ou un miracle ? - et son ''péché'' est de ne pas poser de question. La queste est bien avant tout une question. Ici, on passe de la ''merveille'' au symbole ; les continuateurs en christianisant l'aventure, vont proposer une mystique du Graal …

En conclusion,  la magie constitue une menace pour l’intégrité et le bonheur de la société et seule la rupture des enchantements peut aboutir à la Joie de la Cour.

Sources : un article de Cristina Noacco ( Université de Toulouse)

 

La magie savante au Moyen-âge, préoccupe l'Eglise ; elle est une forme de l'activité scientifique, et même philosophique : elle a pour objet, la connaissance, la gnose... Le seul fait d'explorer les lois de la nature menace le dogme...

Un bon exemple de cette magie savante est le ' Picatrix ', ouvrage du XIIIe siècle présentée en sa version latine : il s'agit d'un traité de magie et d'hermétisme médiéval,  inspiré par l'alchimiste Jabir Ibn Hayyan (721-815)...

 

L'activité de chercher à connaître, expérimenter … peut fournir une illumination extérieure, qui renvoie à une illumination intérieure de la connaissance de Dieu ; mais cette étude par la gnose, et non par la foi ( cad le ''catéchisme'' encadrée par les clercs...) est suspecte. Les philosophes ( ceux des ''Lumières'') du XVIIIe siècle, devant tant de malhonnêteté intellectuelle, jetteront le bébé avec l'eau du bain …

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