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François Mauriac: Thérèse Desqueyroux, la chair et le désir

Publié le par Perceval

Francois-Mauriac-et-jeanne-lafon---mariage-1913--.jpgFrançois Mauriac et Jeanne Lafon ( Le mariage est célébré en 1913 )

 

François Mauriac: Souffrances et Bonheur du Chrétien:

Jeanne et François Mauriac paris 1932
Jeanne et François Mauriac paris 1932

Cet ouvrage édité en 1931 chez Grasset est la réunion de deux titres : Souffrance du chrétien paru à la NRF, qui était un " supplément au traité de la concupiscence de Bossuet ", et Bonheur du Chrétien, publié également à la NRF, où Mauriac se " réfute " lui-même.

 Dans le premier, Mauriac est au plus fort de sa crise personnelle et religieuse. Son œuvre est un cri de révolte contre l'inhumanité d'un certain catholicisme.

 Pour Mauriac, l'étreinte amoureuse est une "possession qui, l'espace de quelques minutes, ne nous leurre pas".

"Dans ce bref intervalle de l'union charnelle, nous avons cru n'être qu'un, et de nouveau nous sommes deux : ce corps, cet autre corps ; ce mur, cette poitrine fermée, monde clos de chair et de sang autour duquel nous tournons, satellite misérable."

 


francois Mauriac 2« 
Le christianisme ne fait pas sa part à la chair ; il la supprime »: ( Mauriac : Souffrance du Chrétien)... Mauriac, par chair, entend l'objet du désir sexuel. Il dénonce, la «  honteuse plaie de la concupiscence et l'attrait de la fragile et trompeuse beauté des corps. », «  la folie qui nous porte à sacrifier l'éternel au périssable ». La volupté, déclare Mauriac, « singe la mort », elle est une fausse agonie, «  la recherche des abords immédiats du Néant. »
 
Il n'est personne, écrivait Mauriac, qui, « livré à toutes les délices de la chair, demeure en union avec Dieu ». Si bien que la « vie charnelle » était à ses yeux peu compatible avec « la vie spirituelle » : «  une chair qui s'assouvit accompagne toujours un esprit incapable d’adhérer au surnaturel »
Henry-Fuseli-Nightmare-II.jpgHenry Fuseli Nightmare II

Le problème est autant celui de l'âme que celui du corps. « Combien le corps pèse à l'âme » ( Mauriac ) « Cette concupiscence qui lie l'âme au corps, par des liens si tendres et si violents, dont on a tant de peine à se déprendre, et qui cause, aussi, dans le genre humain, de si effroyables désordre ? » .. On pourrait vaincre le désir, renoncer à un corps qui ne serait qu'un corps. Mais c'est l'âme qui aime, c'est l'âme qui est aimée. »

jeanne Mauriac album paris18
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Raymonde Heudebert, artiste, avec Jeanne et François Mauriac. Portrait par Raymonde Heudebert

Il est certain que Souffrances exprime une pensée chrétienne du corps mais qui n’est pas tout à fait doctrinalement juste. C’est celle du corps coupable de se laisser conduire par ses passions.... Une compréhension authentiquement chrétienne du corps voudrait qu’on l’envisage d’abord « avec son sexe, sa masculinité et sa féminité, c’est-à-dire la faculté d’exprimer l’amour dans lequel l’homme-personne devient don et réalise le sens même de son être et de son ‘exister’ » ( Jean-Paul IIHomme et femme il les créa, Une spiritualité du corps, Cerf, 2004, p.83 )

 François Mauriac, pris dans l’étroitesse d’un système d’éducation et dans les aventures du cœur, ne pouvait penser un corps de don en relation avec la totalité de la personne et avec son destin. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’en avait pas l’intuition, de sorte qu’il puisse un jour écrire : « Le bonheur c’est d’être cerné de mille désirs, d’entendre autour de son corps craquer les feuilles » ( sources: fr. Joël-Marie Boudaroua, o.p.

Le-bonheur-de-vivre--Henri-Matisse--1905-06.jpgLe bonheur de vivre, Henri Matisse, 1905-06

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Thérèse Desqueyroux: que s'est-il passé ?

Publié le par Perceval

Thérèse repense à ce temps qu'elle n'imaginait pas ressentir à présent, comme un temps de paix :  « Jamais Thérèse ne connut une telle paix – ce qu'elle croyait être la paix et qui n'était que le demi-sommeil, l'engourdissement de ce reptile dans son sein. » ( fin chap III)

« Tout ce qui précède mon mariage prend dans mon souvenir cet aspect de pureté ; contraste, sans doute avec cette ineffaçable salissure des noces » 

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Edgar Degas: l'Interieur (1868 or 1869)

« Le jour étouffant des noces, (…) ce fut ce jour-là que Thérèse se sentit perdue. »
Qu'est ce donc, ce qui a été assassiné, ce soir de la nuit des noces... ? : « ce que son corps innocent allait subir d'irrémédiable. » ? ( …) Thérèse, songeant à la nuit qui vint ensuite, murmure : << Ce fut horrible... >> !

Thérèse est horrifié par le désir de cet homme, comment « cet homme pudique » peut-il être le même que celui, qui « Un soir, à Paris quitta ostensiblement un music-hall dont le spectacle l'avait choqué :  « Dire que les étrangers voient ça ! Quelle honte ! Et c'est là-dessus qu'on nous juge... » (…) « dont il lui faudrait subir, dans moins d'une heure, les patientes inventions de l'ombre. » 

Henry-Fuseli--1741-1825---The-Nightmare.jpg
Henry Fuseli (1741-1825), The Nightmare

Est-il pire qu'un autre ? « Mais le désir transforme l'être qui nous approche en un monstre qui ne lui ressemble pas. Rien ne nous sépare plus de notre complice que son délire: j'ai toujours vu Bernard s'enfoncer dans le plaisir et moi, je faisais la morte, comme si ce fou, cet épileptique, au moindre geste eût risqué de m'étrangler. Le plus souvent, au bord de sa dernière joie, il découvrait soudain sa solitude ; le morne acharnement s'interrompait. Bernard revenait sur ses pas et me retrouvait comme sur une plage où j'eusse été rejetée, les dents serrées, froide. » ( extrait de Thérèse Desqueyroux de Fr Mauriac )

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Le mariage pour tous.

Publié le par Perceval

Je regrette que des questions de société ne soient pas différemment mises en débat, réfléchies et argumentées... ; aussi bien d'ailleurs ( même si ce n'est du même niveau ) au sein de notre république , qu'à « l'intérieur » de notre Eglise.. !Couples.jpg

Le référendum, eut été pour notre pays l'occasion d'être un peuple responsable ; et la confiscation de la parole des catholiques par la « conférence des évêques », ou par les manifestants..., augurent mal d'une nouvelle évangélisation que mériterait la France le XXIème siècle … !

 L'actualité, semble réduire l'église catholique au rôle d'opposant politique... Ce n'est bien sûr pas sa mission... Une parole évangélique peut s'exprimer mais différemment sur les relations sexuées entre personnes humaines, sur leur fécondité et leur prise en compte par la société … L'Eglise n'est pas un lobby parmi d'autres , qui doit peser sur nos choix politiques et sociétaux.

 A mon avis : cette question du « mariage pour tous » répond à une requête légitime de certains couples gays ou lesbiens qui souhaitent à la fois fonder une famille (ce que beaucoup ont déjà fait, qu'on le veuille ou non) et protéger leurs enfants. 

  •  « Fort heureusement, il y a bien longtemps que nous ne sommes plus en Chrétienté. Et il y a bien longtemps aussi que le mariage civil n'a plus le même sens que le mariage chrétien (auquel je crois de toutes mes forces). Depuis les lois sur le divorce qui, là encore, assurent la supériorité de l'individu et de son épanouissement sur celui du couple ou de la communauté, le mariage républicain n'est déjà plus qu'un ersatz du mariage religieux. Il s'en inspire, mais en a perdu le sens profond. » Laurent Grzybowski, journaliste société à La Vie.


  •  A noter l'avis de René Poujol ancien rédacteur en chef de Pèlerin magazine et qui analyse la prise de position de la Conférence des évêques de France :

 "Ce n‘est donc pas 'au nom de la foi en Jésus Christ', commune à tous les chrétiens, que les évêques se prononcent contre ce projet, mais pour des raisons de nature anthropologique, même si cette anthropologie trouve logiquement sa source, pour eux, dans le récit Biblique. Il se trouve que je souscris personnellement et à cette analyse, et à leur prise de position concernant le mariage pour tous." Mais … C'est, peut-être, parce que l'argument n'est pas d'ordre religieux que les chrétiens peuvent être d'avis divergents. poursuit René Poujol... "Je tire de leur propos (ceux des évêques) la conclusion, moins habituelle, que l’on peut donc être frères dans la foi… et diverger sur la question du mariage pour tous, dès lors qu’on ne fait pas tous la même analyse de ses conséquences sociétales possibles." 

caricature naquetEt, se souvenir....:


La 
loi autorisant le divorce en France fut adoptée le 20 septembre 1792 par l'Assemblée nationale et modifiée par des décrets de 1793 et 1794. Le divorce fut conservé par les rédacteurs du Code civil, puis abrogé sous la Restaurationpar la loi du 8 mai 1816. Il ne fut rétabli que sous la Troisième République, avec la loi du 27 juillet 1884.

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 M. Freppel, évêque d'Angers déclare le 19 juillet 1884, au Sénat :  « Qui vous a demandé le divorce ? Quelques femmes écervelées, quelques romanciers qui se font un jeu des mœurs et des lois... et dans cette campagne antifrançaise, anticatholique, sur qui se sont-ils appuyés ? ... »

Le fait capital, aux yeux de l'Eglise, c'était qu'un mariage pût être rompu sans elle, malgré elle. Qu'elle le voulût ou qu'elle ne le voulût pas, la société civile et la famille rompaient ainsi en droit un des liens les plus forts dont elle les eût jamais enserrés....


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"Dissemblance" : peinture flamande et théologie

Publié le par Perceval

Les images sont « faites pour signifier une chose différente de ce qu’on voit avec les yeux », affirmait Cesare Ripa:  (Cesare Ripa (1555 - 1622 , est un auteur italien du xvie siècle, un amateur d'art, un érudit et l'auteur de l'Iconologie (Iconologia overo Descrittione dell'Imagini universali) (Rome, 1593), livre extrêmement influent à son époque.)

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Suiveur de Jérôme Bosch (vers 1450-1516) Le_paradis vers 1539

Michel Weemans : « le tableau ne se contente pas d’illustrer un récit (hagiographique ou biblique), mais en donne une interprétation visuelle. » (*).

Cette tendance picturale est liée au développement de la Devotio moderna, mouvement spirituel qui naît aux Pays-Bas à la fin du XIVe siècle et favorise la prière personnelle, l’introspection, en bref une piété tout intérieure à laquelle les peintres offrent un support de méditation.

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Pieter Huys (vers 1519-1581) La tentation de saint Antoine

« le monde fantastique, la part du diable et les lieux de dissemblance », de dissonance aussi. L’artiste de proue dans cette section est bien sûr Jérôme Bosch (et ses suiveurs) (ill. 6) et le sujet le plus favorable au brouhaha de figures effroyables, au déploiement de folies et de diableries est évidemment la tentation de saint Antoine largement représentée par Jan Mandyn, Pieter Huys ou Jan Wellensz de Cock. On pénètre l’univers du bizarre et des apparences trompeuses, des anamorphoses et des paysages anthropomorphiques, de l’Enfer et des châtiments. Mais, comme le souligne Reindert L. Falkenburg (*), tous ces démons, ces monstres et ces figures hybrides n’ont pas pour vocation d’offrir au spectateur une « terreur récréative ».

Ils incarnent plutôt la « région de dissemblance », notion formulée par saint Augustin pour suggérer que l’Homme, fait à l’image de Dieu, s’est éloigné de lui après la Chute. Saint Bernard, utilise cette expression dans le sens de la nature déchue. Pour Maître Eckhart, elle signifie la distance ontologique et noétique, qui sépare Dieu « innommable » dans son immensité, des ses œuvres extérieures à partir desquelles Il se fait connaître et nommer.

Cette région « de dissemblance » privée de vérité, « doit être opposée à celle de l'intellect, où règnent l'identité et tout ce qui l'accompagne, rendant possible la connaissance des choses crées non en elles-mêmes, mais dans leurs principes... cependant, pour connaître Dieu autrement que par ses effets créés, la faculté intellectuelle de l’homme ne saurait lui suffire sans la grâce. » ( V. Lossky, Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, p 177)

( *) de Bénédicte Bonnet Saint-Georges: Fables du paysage flamand. Bosch, Bles, Brueghel, Bril. : Lille, Palais des Beaux-Arts, du 6 octobre 2012 au 14 janvier 2013: cf le Catalogue de l’exposition p.57. Reindert Leonard Falkenburg, « Régions de dissemblance », pp. 57-63

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Simone Weil: le Beau, le Bien , et le surréalisme.

Publié le par Perceval

Simone Weil s'interroge constamment sur le rapport du bien, et du beau, du vrai … Sa conception sur la littérature, et l'Art, pense le Bien comme critère spécifique .

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Ensuite, la réalité, la nécessité … s'exprime par le fait que le monde est soumis au règne de la matière ; monde sans Dieu (éventuellement ), dans lequel l'homme trouve des « divertissements »... Pour Simone Weil le divertissement est toute occupation humaine qui refuse de se confronter à la réalité.

Le Bien, est ce pôle vers lequel s'oriente nécessairement l'esprit humain, dans l'action, mais aussi dans l'effort intellectuel... le respect de la notion de « valeur » est ce qui apporte un ordre, une stabilité … ( Platon, Descartes ...)Olga-Suvorova----2-.jpg

 

Simone Weil, porte sur le surréalisme, un jugement négatif. Il exprime l'ivresse de la licence totale, en rejetant toute considération de valeur... Elle parle de « l'ivresse de l'esprit » qui s'échappe du règne de la raison. La raison s'oppose aux instincts.

 

Le surréalisme se rangeait derrière l'idée de «  Révolution » en réaction contre l'art officiel qui ne tolérait pas l'idée de changement ; et comme ils refusaient de séparer le domaine de l'art et du social, ils rejoignaient le discours politique révolutionnaire... Mais, le souci de Simone Weil est d'un ordre différent. Pourtant, elle se méfie de la morale ...

«  Les écrivains n'ont pas à être des professeurs de morale, mais ils ont à exprimer la condition humaine. Or rien n'est essentiel à la vie humaine, pour tous les hommes et à tous les instants, que le bien et le mal. » ( S. Wiel : Cahiers du Sud N°310 )

 

Olga-Suvorova----19-.jpgPourtant Breton, semble exprimer la même réaction, dans le manifeste du surréalisme :  «  l'attitude réaliste, inspirée du positivisme, … se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science , à l'art, en s'appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas; la clarté confinant a la sottise, la vie des chiens. » ( …) « Il faudra bien alors qu’une morale nouvelle se substitue a la morale en cours, cause de tous nos maux. » ( M S )

 

Cependant S. Weil tient à définir le Bien ( esthétique ..etc ) par un critère moral, alors que les surréalistes se plient au fonctionnement de la psyché ( le hasard objectif …), sans critère moral … « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut dire. » ( M S )Breton veut tout détruire pour construire quelque chose de neuf ; et Simone Weil se tourne vers les sources classiques telles que l’antiquité pour trouver une nouvelle interprétation possible.

Olga-Suvorova----9-.jpg Olga-Suvorova----5-.jpg

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Les peintures sont de Olga Suvorova:

OLGA-SUVOROVA---BIOGRAPHY.jpg Olga Suvorova est né à Saint-Pétersbourg en 1966 et a étudié la composition monumentale à l'Institut célèbres Repin des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg. Elle est influencée par Gustav Klimt, Piero della Francesca, et par les traditionnelles icônes russes.
  
Olga peint des paysages, des représentations historiques et les femmes dans des scènes de jardin, souvent avec un chat ou d'autres animaux.

Son style peut être plus réaliste dans les représentations historiques, mais est fortement impressionniste, dans  d'autres. Elle expose régulièrement à Paris et à Londres. Ses œuvres sont dans des collections à travers le monde.


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Stanislas SUGINTAS: Intrigue

Publié le par Perceval

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Stanislas SUGINTAS est un jeune artiste prodigue Lithuanien, né en 1969. Stas SUGINTAS a déjà un grand parcours de peintre professionnel avec de nombreuses expostion en France, aux Etats Unis, en Espagne, et bien évidement dans l'ensemble des Pays de l'Est. Ses thèmes pictureaux abordés sont variés passant de la musique à Venise, à la mythologie, son inspiration et sa sensibilité extrême sont omniprésente dans son oeuvre.

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18 novembre 1952, Paul Eluard ...

Publié le par Perceval


paul EluardIl y a 60 ans... L
18 novembre 1952, à neuf heures du matin, 
le poète Paul Éluard (1895-1952) succombe à une crise cardiaque, à l’âge de 57 ans, à son domicile de Charenton.

De son vrai nom Eugène Grindel, publie ses premiers poèmes à l’âge de 18 ans ; cette même année il rencontre une jeune russe prénommée Héléna et qu’il surnomme Gala. Elle deviendra sa muse et il l’épousera en 1917 (avant qu’elle ne devienne ensuite la femme de Dali). Il lui dédie le recueil Capitale de la douleur.
E
n 1917 à l’âge de vingt et un ans il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme ( de Tristan Tzara) et devient vite l’un des éléments fondateurs du surréalisme avec André Breton et Philippe Soupault en 1922.

Carta-de-amor-de-Paul-Eluard-a-Gala1.jpg

En 1924 il connaît une crise personnelle et entame un voyage autour du monde.

En 1927 il adhère au PCF dont il sera exclu en 1931. Il est fortement engagé politique. En 1929 il quitte Gala pour Nusch qu’il épouse en 1934. Elle est l’incarnation de la femme sensuelle et sensible.

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Eluard et Nusch

Durant la guerre son engagement ne faiblit, notamment aux côtés de la Résistance. Son poème intitulé « Liberté » sera parachuté au dessus des terres françaises par des avions anglais à des milliers d’exemplaires.

La mort brutale de Nusch en 1946 le plonge dans le désespoir. Son œuvre alterne poésie amoureuse et poésie engagée, politique.

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L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

E crit entre  1914 et 1921 - Ce poème provient du recueil intitulé " Capitale de la douleur "

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Man-Ray_-Groupe-de-dadaistes-en-1921.jpg

Man Ray_ Groupe de dadaïstes en 1921

 

La Courbe de tes yeux ( Ecrit pour Gala )

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,Kees-van-Dongen-1.jpeg
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Ecrit  entre Oct. 1924 et aout 1926 -;          
Ce poème provient du recueil intitulé " Capitale de la douleur "


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Café philo de Limoges - Un sens à la mort ?

Publié le par Perceval

Limoges : au café LE TRIANON (face au lycée Gay Lussac),je continue à participer au Café-Philo :

Débats philosophiques animés en alternance par Chantal Richard,Gérard Ducourtieux, Gilles Geirnaert et Mickaël Dubost. ( Grand Merci à eux .. ! )

Thème du N°4 - Lundi 12 novembre 2012 à 19h : "La mort rend-elle la vie absurde ?"Vanite-pietr-claez-1630.jpg

 

- Personnellement, je pense que l'humain a cette particularité d'exprimer qu'il a conscience de sa mort, de sa finitude ( Et peu m'importe, ici, ce qu'il en est des animaux... ) ; et je ne parle pas, ce qui est aussi dramatique ( sinon plus …) pour l’humain que je suis de la mort de mes proches... Je parle bien de ma propre mort.

NB/ J'ai entendu, l'idée exprimée ( depuis longtemps) que je ne puis être conscient de ma mort, puisque je ne la vivrai pas – Tant que je vis, je ne suis pas mort ; et quand je suis mort je ne suis plus conscient … Désolé ! Cela ne me satisfait pas... Peut-être cet argument conviendrait-il aux animaux .. ?

vanites-aux-portraits-bailly.jpg

J'ai la grande prétention, d'être conscient de ma finitude... Et c'est – du haut de cette conscience ..- que j'interroge la philosophie … !

Cette conscience s'accompagne d'une liberté existentielle : celle de choisir de me donner ma propre mort... C'est essentiel dans ma réflexion.

 

Un autre point – au cours de cette réflexion – me paraît essentiel …. et qui pourtant semble gêner les « vrais » philosophes :

- La conscience de la souffrance. Elle est même l’expérience primordiale du Bouddha et de la doctrine du Bouddhisme.job.jpg

Sur ce sujet : la réponse du philosophe ( et cela m'a beaucoup intéressé ) serait d'argumenter en la défaveur d'une tel postulat... En effet la philosophie, école de sagesse, considère la souffrance comme une aliénation de l'esprit. Souffrir , c'est ne plus être libre. Réagir à la souffrance, n'est pas une « action » d'un humain libre, mais une « réaction » d'un être aliéné. La philosophie prend le pré-supposé d'un humain sain.

 

Ce débat me semble primordial, parce qu'à mon avis, la question du « sens de la vie », peut difficilement s’abstraire de la conscience que l'on a de soi, de sa mort, et de la difficulté ( ou non ) à vivre... ?

Autrement dit : la philosophie peut-elle m'aider à vivre ; donc à trouver un sens à ma vie ? ( je dis bien à « ma vie », et non pas à « la vie » …) ?

 

La question : "La mort rend-elle la vie absurde ?" : attend un Oui, ou un Non. Un vrai « philosophe » devrait répondre « Non » … Comme si, l'envie de dire « Oui » signifierait un désir ou un manque d'une solution "irrationnelle". Trouver la vie absurde, ce serait succomber à l'émotion... ?

 Socrate-sagesse-comme-equanimite.jpeg

Thèmes du café-Philo : …. ( On va se régaler … ! )

N°1 - Lundi 24 septembre 2012 à 19h : "La télé, un danger pour la démocratie ?"

N°2 - Lundi 8 octobre 2012 à 19h : "En quoi l'oeuvre d'art est-elle un objet différent ?"

N°3 - Lundi 29 octobre 2012 à 19h : "Homosexualité et parentalié."

N°4 - Lundi 12 novembre 2012 à 19h : "La mort rend-elle la vie absurde ?"

N°5 - Lundi  26 novembre 2012 à 19h : "Le virtuel est-il réel ?" 

N°6 - Lundi 10 décembre 2012 à 19h : "Vouloir séduire est-il moral ?"

N°7 - Lundi 14 janvier 2013 à 19h : "Choisir est-ce renoncer ?" 

N°8 - Lundi 28 Janvier 2013 à 19h : "A quoi sert l'école ?"

N°9 - Lundi 11 février 2013 à 19h : "Comment penser la monnaie ?"

N°10 - Lundi 25 février 2013 à 19h : "En quoi une dette nous oblige-t-elle ?"

N°11 - Lundi 11 mars 2013 à 19h : "Comment distinguer ce qui est normal de ce qui ne l'est pas ?"

N°12 - Lundi 25 mars 2013 à 19h : "Façon Marc Sautet : sujet libre choisi le soir même par les participants."

N°13 - Lundi 8 avril 2013 à 19h : "Je bande donc je suis. Le désir dans la condition humaine."

N°14 - Lundi 29 avril 2013 à 19h : "Faut-il faire confiance à la science ?"

N°15 - Lundi 13 mai 2013 à 19h : "Que gagne-t-on à travailler ?"

N°16 - Lundi 27 mai 2013 à 19h : "Que m'apporte autrui ?"

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Le genre, entre nature et culture.

Publié le par Perceval

«  On ne naît pas femme, on le devient » ( S. de Beauvoir : le deuxième siècle) signifie que la « féminité » est un concept culturel, au même titre que les croyances, le langage ou la politesse...

Evelyn-Williams_faceinthecrowd.jpgPar « nature », on entend ce qui constitue les caractères propres : il est dans la nature du gland de devenir chêne...

La nature contient en germe les virtualités qui sont appelées à se réaliser...

La « nature » cependant, ne serait pas une sorte d'esprit interne à la chose ( animisme), mais un ensemble de propriétés ( biologiques, génétiques, …) que la science synthétise .

Ce qui est naturel, c'est l'inné et le corps ( en particulier, mais, est-ce le seul … ? ) en est le support. L'acquis, est ce qui est culturel …

Le sexe est une donnée naturelle; qu'en est-il du genre ( féminin ou masculin ) ?

 

La féminité, pourrait s'apprécier comme un « artifice », qui a trait à la manière de vivre, à la morale et au désir... L'érotisme est éminemment culturel .

Evelyn-Williams_question6.jpgÊtre une femme, un homme, ce serait donc s'identifier à tel ou tel stéréotype... aussi, la valeur du féminisme est d'avoir combattu l'idée d'une femme à l'image du désir de l'homme ( la femme-objet ), et d'avoir initié un mouvement d'émancipation... N'est-il pas scandaleux d'avoir attendu si tard pour que les femmes obtiennent le droit de vote ?! Et, si la « guerre des sexes » n'a aucun sens … il faut bien reconnaître qu'elle fut compréhensible...

Aujourd'hui, et dans l'avenir ; il n'est pas évident de penser la pornographie, l'érotisme, et encore moins la mode, au travers de l'idée récurrente de la « femme-victime » …

 

L'essence de la féminité... ?

Evelyn-Williams-the-garden-of-love.jpgDans tout acte courageux, il y a l'essence du Courage... Dans toute femme réside -t-il l'essence de la féminité ? Existe -t-il une dimension intérieure de la féminité ? ( un éternel féminin ?).

Pour Jung, dans les profondeurs de l'âme, naissent les archétypes universels : « anima » et « animus » sont présents en chacun de nous comme formes archaïques. L'âme porte en elle du masculin et du féminin.

La féminité s'exprimerait au travers de manifestations de l'âme qui réside dans les profondeurs de la conscience et ne constitue en rien le moi de surface ; et les expression de surface en sont des interprétations culturelles... ( vierge noire, Sita …).

 

Dans une optique spiritualiste, nous pourrions reconnaître dans l'essence même de la féminité ou du masculin, une part du Sacré : c'est à dire cette part divine qui s'incarne …

Les peintures sont de l'artiste: Evelyn Williams

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Vierge noire St Romain d'Ay Sita  dans le Ramayana

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Enseignement bouddhiste, et chrétien ...

Publié le par Perceval

Oeil-bouddha.jpgAlors que je suivais, l’enseignement de Roland Rech,- moine zen, thérapeute et directeur du dojo zen de Nice - , au travers de l’émission « sagesses Bouddhiste » ; je traduisais ses propos dans le langage de ma tradition chrétienne …

Le sujet, ce dimanche, se porte sur la notion de «bodaishin» ou bodhicitta , ce que l'on désigne encore par «Voie d'éveil», ou encore «Esprit d'éveil» dans la tradition zen sôtô.

 On ne continue pas le « zazen » pour ses bienfaits, son « bien être » …etc, sans retomber alors , par l'esprit avide, dans ses illusions …

Il ne s'agit pas non plus, d'avoir comme but de se sortir de nos souffrances et de nos attachements, oubliant du même coup les êtres sensibles et qui souffrent eux aussi. 

En effet : « Si l’on voit clairement que non seulement tout ce qui constitue notre personnalité est sans substance, mais que nous n’existons que dans des relations d’interdépendance avec tous les êtres, alors il n’est plus possible d’être indifférent à la souffrance des autres. »R Rech

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Il y a trois sortes d’esprit : l’esprit de discernement, l’esprit universel et l’esprit embrassant l’essentiel.

  • Citta : L'esprit qui discrimine : le mental ou l’intellect, qui n'est pas à rejeter puisque c’est par l’esprit de discernement que nous nous éveillons à bodaishin. Mais cet esprit est différent de bodaishin...

  • Hridaya : l'esprit universel, qui anime tous les êtres, l'essence de toutes les existences

  • Irita : l'esprit qui ne crée pas de séparation, l'esprit qui permet de s'harmoniser avec cet esprit universel, et qui résulte de la pratique de la méditation, dans le lâcher prise

 

Ste-Trinite-anonyme.jpgLa bodhicitta correspond donc à l'aspiration que nous avons à atteindre l'état d'éveil... elle a deux aspects, puisque au cours de cette vie, nous aspirons à une attitude ouverte, chaleureuse et bienveillante à l'égard d'autrui... C'est la bodhicitta relative.

Et, la bodhicitta ultime, ou absolue ; elle désigne le dépassement des illusions qui entretiennent la fiction du soi et la saisie dualiste...

De même, dans les Evangiles, la voie de l'amour , ne consiste pas à trouver dans le service du prochain, un moyen pour gagner le Royaume. La voie évangélique, est de nature supérieure à la recherche, de la guérison, ou d'un meilleur sort matériel … ( c'est évident … ! ) et même de la recherche de notre propre salut ...! 

 Les trois sortes d'Esprit, relevée par Roland Reich, m'éclairent également, sur la manière trinitaire qu'a l'Esprit de Dieu pour animer ma recherche spirituelle. 1- Jésus, par son incarnation a partagé l'esprit de Dieu, dans le discernement de la réalité quotidienne, jusqu'à la souffrance et la mort. 2- Cependant, Jésus le Christ nous envoie l'Esprit de Dieu, l'esprit universel et essence même de notre existence réelle … 3 -Alors que, l'Esprit de Dieu, est Celui qui unifie, ce qui est séparé ; et représente Le divin, l'amour, l'unique …

 

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