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De la mort à la Vie

Publié le par Perceval

Je reprends ici, à ma manière, un enseignement oral de Bertrand Vergely ( orthodoxe )

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Scientifiquement parlant, et même rationnellement parlant : on ne peut envisager la résurrection …

Pourtant, à entendre les témoins : Jésus est mort, et, ce qui n'empêche : la résurrection de Jésus est un fait !lazare-5.jpg

Une mort est physique et matérielle, et si le mort se réveille c'est qu'il n'était pas mort ! Ou encore : Lazare est revenu à cette vie ( matérielle et physique ), et Lazare est , ensuite, définitivement mort … !

 Alors, de quelle résurrection à la Vie, de Jésus, parle t-on ?

 L'anthropologie ( juive et chrétienne ) de l'humain est ternaire : corps, âme et esprit. Ce qui nous permet, nous chétiens, de distinguer la mort physique, la mort morale et derrière la mort spirituelle.

Coupé de nos racines divines, nous sommes dans le monde de la mort...

Et mort également, celui qui : «  quand il mange , il ne mange pas … quand il boit, il ne boit pas … » … On peut faire semblant de vivre … !

L’expérience de la résurrection nous la faisons quand nous sommes habités par le Christ... Elle nous annonce dans les profondeurs de la vie future …

La vie en Christ va de la mort à la vie... La vie du « monde » va de la vie à la mort …

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Ainsi que le rappelle Annick de Souzenelle, on ne rencontre son être intérieur que si l’on meure à son être extérieur. Nous avons tous en nous ce que la sagesse indienne et la psychanalyse de Jung appellent le Soi, qui est la pensée profonde et évoluée non seulement de nous-mêmes mais de l’humanité. Encore faut-il être mort au moi pour rencontrer le Soi. Passage douloureux. Le moi a du mal à accepter un autre que lui. Passage étonnant cependant. On est surpris quand, dans la nuit du moi à l’agonie, on voit surgir la lumière du Soi.

*****

Pour ce qui est de la mort de Lazare, et de l’importance de cet épisode pour comprendre le message de la résurrection :

Marthe a complètement changé d'attitude... Elle est allé dans la profondeur d'elle même.

Avant même, qu'il soit parvenu à la maison de Lazare, c'est Marthe qui accueille Jésus... Si tu avais été là … ! Une femme bouleversée … ! Tu crois qu'il va ressusciter ? Oui, mais quand ?

«  Non pas plus tard, mais maintenant ! Tu es déjà dans la résurrection sans le savoir … »

Marie dit la même chose … Si le Christ avait été là, Lazare ne serait pas mort … Marie pleure et le Christ pleure … Le Mystère est en train de faire accoucher … Le Christ reçoit du Père la capacité de ressusciter ( parallèle avec les noces de cana … )

 *****

 

Extraits : source : Bertrand Vergely.

« Les miracles de l'Évangile ne sont pas des prodiges, mais bien plutôt des retournements d'êtres. Nous ne soupçonnons pas ce qu'il est possible de faire dès lors que nous laissons parler l'Esprit en nous, ce souffle créateur. »

« Le but du Christ n'est pas d'arriver à un « happy end », mais de permettre aux êtres de revenir à eux-mêmes, de retrouver leurs forces pour qu'ils puissent continuer leur chemin dans la vie. Le miracle ouvre un avenir, l'horizon n'est plus limité par la mort et par l'essoufflement. »

 Maurice Zundel : « Le vrai problème n'est pas de savoir s'il y a une vie après la mort, mais s'il y a une vie avant la mort. »

« Dieu lui-même s'est risqué dans la Création, et Jésus a vécu la Passion : Dieu prend le risque de l'homme, et le risque de la croix. »

« Dieu lui-même s'est risqué dans la Création, et Jésus a vécu la Passion : Dieu prend le risque de l'homme, et le risque de la croix. le miracle, "c'est que l'esprit c'est du réel, et que le réel c'est du spirituel » B Vergely

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Des temps nouveaux ... -2-

Publié le par Perceval

Quel comportement d’Église, entraînent nos comportements nouveaux ? Manifestement, c'est la « peur » qui s'exprime... L'Eglise semble prendre à témoin chacun d'entre nous pour exprimer une condamnation de nouveaux comportements. Les a t-elle bien analysés, avant de les rejeter au nom d'une « morale », au risque malheureux de confondre - pour nos contemporains- "anthropologie chrétienne", et morale … ?

Le débat sur le « Mariage pour tous », révèle la difficulté de l'Eglise d'accueillir un monde dans lequel l'individu valorise son épanouissement dans des formes familiales qui - de fait - varient ( divorce, familles recomposées, monoparentales et marginalement homosexuelles …). Ce n'est qu'un exemple...

Tentons, d'analyser cette émergence d'une nouvelle sensibilité humaine et spirituelle ...

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Oeuvre de Thomas Mainardi qui dit s'inspirer de la complexité humaine

Que peut-on dire de notre modernité ?

  • « La modernité occidentale a mis l’individu au centre de tout ». Cela a commencé avec un processus d 'émancipation -vers la fin du XVIIème siècle- de la religion en particulier. « le processus d’émancipation s’inscrit dans un vaste mouvement de croyance au progrès… Malgré les déceptions, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la volonté de changer le monde galvanisait encore des millions d’individus… » Frédéric Lenoir : « La guérison du monde »Siegfried-Zademack-14.jpg

  • Cette accélération des libertés individuelles, légitime et si peu accompagnée par notre Eglise-Institution...!,  s'inscrit dans un vaste mouvement de croyance au progrès.... Le tout, ensuite, nous fait plonger dans un libéralisme qui valorise la consommation, pendant que l’Église se disqualifie en restant sur des positions passéistes...

  • A partir des années 70, les individus se centrent sur la satisfaction de leurs besoins...

Aussi, n'est-il pas si étrange - aujourd'hui - que l'humain tâtonne par de nouvelles initiatives, en vue de tenter un nouvel état d'esprit. Ainsi, notre époque est propice à une recherche de sens. Les deux quêtes «  travail sur soi » et « questionnement existentiel » sont liés.

Actuellement différentes enquêtes internationales sur les valeurs sont menées depuis plusieurs décennies par Ronald Inglehart sous le vocable de « World values survey », elles ont mis en évidence une évolution plus ou moins rapide des mentalités selon les pays.

Siegfried-Zademack-10.jpgJusqu'ici, l'opposition entre « les traditionnels » et les « modernes » -qui avait cours- est à présent remplacée par une indifférence des religions traditionnelles d'un côté, et par une attitude créative s'engageant pour l’écologie et le sauvetage de la planète, pour la qualité des relations, la paix et la justice sociale, et désireux de s'impliquer dans le développement personnel, la spiritualité et des valeurs comme l’authenticité et l’expression du vécu – de l'autre. Ainsi ce mouvement ne reconnaît pas l'opposition qu'il y aurait entre vie intérieure et activité sociale...

 

Ce monde, certes en crise, dans lequel nous vivons, mérite d'être considéré avec un goût de son avenir. Il s'agit de considérer la modernité avec empathie. Aujourd'hui à côté du « désir de vivre », et du « désir de vivre mieux », s'impose un désir « d'être »... Ce désir d'être est naturellement tendu vers un désir d ' « être toujours »... Et ce désir se lit au travers de la lecture des grands mythes ; par exemple, une représentation de « l'Energie » est évoquée, et en passant d'une tradition à une autre, sans difficulté …

Frédéric Lenoir évoque le concept d’ « individuo-globalisme » pour « une nouvelle figure de l’individu global » en quête de sa « vérité intérieure, du développement de son potentiel personnel, et, en même temps relié au Cosmos et citoyen engagé du monde »

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47% des français disent « avoir leur propre manière d’être en contact  avec le divin sans avoir besoin des églises ou des services religieux ».

Ils sont plus nombreux que ceux qui se disent catholiques ( 42%)

Siegfried-Zademack-13.jpgUne deuxième question mesure une « sensibilité à la spiritualité » identifiée à un « degré d’intérêt pour le sacré et le surnaturel ». 41% des français se disent très ou assez sensibles à la spiritualité et, là aussi, ils se répartissent dans un large éventail d’attitudes. Ces chiffres sont très élevés.

En Grande Bretagne, Michaël Moynagh ( Moynagh (Michaël). Church for every context. Introduction to theology and practice. SCM Press, 2012) met en évidence une évolution profonde des mentalités qui se manifeste dans une transformation des comportements. Une nouvelle culture apparaît. « Les gens se préoccupent avant tout de la vie quotidienne, la famille, les amis, les aspirations personnelles. La spiritualité s’établit en rapport avec ces préoccupations. La sociabilité est une valeur montante, elle inclut un intérêt croissant dans la spiritualité du bien être couplé avec le désir de faire bien en relation avec d'autres …"

Ce tournant éthique profond ne doit pas être discrédité par notre Eglise.

A suivre ....

 Les illustrations sont des oeuvres de Siegfried Zademack, il est né à Bremen en Allemagne en 1952.
Ses maitres sont aussi bien issus de la Renaissance italienne que de l'école des Maniéristes ou encore des surréalistes.

 

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Des temps nouveaux... -1- La complexité

Publié le par Perceval

Nous sommes au XXIème siècle, et nous avons du mal à nous extirper du XXème … ! De plus, nos textes anciens occidentaux véhiculent cette idée de la dualité, qui de proche en proche nous illusionne sur un ordre binaire simple, aisément intelligible … C'est bien, c'est mal... C'est beau, c'est laid... J'aime ou j'aime pas …fractwin.jpg

Pourtant dès le XIXème siècle, le « désordre » apparaissait aux scientifiques, qui compensèrent en décelant une régularité dans... « les moyennes » ( courbe de Gauss …). Pourtant, déjà, Poincaré eu l'intuition de reconnaître une spécificité : «  Les faits à petit rendement, ce sont les faits complexes ».

Ensuite, au cours du XXème siècle, les mathématiques, en particulier, nous ont permis d'entrer dans l'ère de la « complexité ». Le « chaos », les fractales … sont des notions accessibles aux lycéens.

Notre raison procède toujours par analogies, le simple n'étant que du complexe simplifié.

Standardisation-de-la-culture.jpg hyperbolic_blogosphere.jpg
Exemple, D'une certaine standardisation de la culture  à l'hyperbolique blogosphère ...!

" Une pensée qui sépare, disjoint procède à des simplifications abusives en érigeant des oppositions abstraites, qui ne se rencontrent pas dans le réel. Une pensée ainsi compartimentée s'appauvrit... Elle se fige en doctrine, en idéologie... Percevoir la complexité, c'est assumer la contradiction, appréhender une unité qui ne nie pas les différences, mais s'en nourrit. Edgar Morin, aujourd'hui nous interroge : Comment pouvons-nous appréhender la complexité du réel sans la réduire ? "

( Voir le magnifique exposé sur cette page : http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/theorie5.htm )

 

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La crainte de la modernité de Pie IX s'exprime le 8 décembre 1864 dans le Syllabus, un court exposé des errements idéologiques de son époque.

Si je fais référence à cette problématique, c'est que le débat sur le «  mariage pour tous », nous fait entrer expérimentalement dans « la complexité » ; et il me semble que l’institution-Eglise - qui s'est résolument impliquée comme telle, avec un refus total d'envisager la contractualisation civile d'une manière de faire famille... - , donc que l'Eglise, encore une fois, a raté le coche de la modernité. Que ce soit clair, je ne critique pas ici, que les religions ne puissent pas participer à un débat national : évidemment, je pense que c'est l'humain-global qui est interpellé avec sa composante ternaire ( corps psyché esprit ), et de plus ma spiritualité me donne des outils pour discerner … Non, L'Eglise , manifeste là ( et dans la rue …) publiquement un refus d'envisager la complexité, et la réalité de la place des homosexuels avec nous ….

Je ne parle pas de la PMA, c'est une question posée à toutes les sortes de famille. Je ne parle pas du « désir d'enfant », car ce débat devrait éclairer toute personne qui souhaite donner la vie... Quant «  au droit à ... » : cela aussi est une question éthique qui interroge chacun de nous, homosexuel ou non … dans le cadre d'une société consumériste.complexite-dessin.jpg

Pourquoi vouloir ainsi stigmatiser l'homosexuel(le) ?  Pourquoi ne pas commencer par le respect, par l'accueil... ? Pourquoi refuser de prendre en compte ce qui se passe dans un couple -singulier – d'homosexuel(les) ? Pourquoi imposer un schéma binaire, 'religieux et symbolique' à une société civile qui décide d'appréhender ses marges.

Le symbolique n'est en rien remis en cause... ! Le mythe extraordinairement riche de l'humain « homme et femme », séparé ensuite en « un homme et une femme », peut rester sans crainte une très belle analogie pour exprimer l’anthropologie chrétienne … aucun souci !

L'homosexualité se situe à la marge, et a toujours existé. Elle n'est plus un délit, n'est-il pas bon que cela soit ainsi ? Chrétien, Jésus nous assène l'idée que nous ne serons pas « jugé » sur un comportement, mais sur l'amour ou l’intention qui le sous-tend...
L-homme-en-marcheA l'époque de Jésus, des explications morales tentaient de comprendre les comportements des personnes malades psychiques, par la possession de leur esprit par un « esprit mauvais » ...etc. Il me semble acquis, et un bien, que de reconnaître que «  la morale » évolue.

 

Je trouve extraordinaire que l'actualité ai pu, avec ce débat, nous permettre de poser cette question essentielle, de la lecture des « signes de temps ». J'ai vraiment le désir de continuer ce questionnement... A suivre, donc.

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Rencontre avec ' la personne... -2-

Publié le par Perceval

« Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie, c'est par la présence bien plus que par la langue et par la parole. La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c'est la présence. C'est elle qui est silencieusement agissante. » 

Christian Bobin (dans La grâce de solitude de Marie de Solemne, p.39, Éd. Dervy,1998)  

 

Merci de m’offrir l’impuissance
à te savoir vivre ou mourir
ainsi je peux me donner ta présence
dans le rien qui n’a pas de fin

Merci de faire de ton absence
le fidèle cadeau de mon désir
qui n’espère plus rien du tien
sinon le rêve où je veux m’endormir

Merci de me donner par ton silence
tant de mes paroles sans avenir
et si pures de n’attendre plus rien
que ton oubli dont seul je me souviens.

Robert Mallet (1915-2002)

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L’homme est seul en lui-même,
terriblement distant des autres,
malgré son envie de passer un peu dans tous les yeux
qui ne sont pas les siens.

Sentiment d’impuissance qui terrasse
au point où certains jours on n’éprouve presque
rien à dire, seulement une phrase pour témoigner
de cette souffrance…
« Dites seulement une parole et je serai guérie ».

Que les mots ne blessent pas l’expérience.

Comme si écrire pouvait donner plus de Présence à l’homme!

Raphaële George (1951-1985)

 

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Rencontre avec ' la personne...

Publié le par Perceval

Je viens de suivre une formation ( avec l'association « Traverses » ) sur la rencontre avec « la personne »... plus précisément: « la personne souffrante » … «Souffrante », c'est important, en particulier du regard de cette personne ; vis à vis de moi..(1). Mais, avant tout, il s'agit de la rencontre avec une personne. Et cette relation inter-personnelle est assez magique en soi, même si je la banalise dans les faits …

(1) ne pas se tromper : Dans le cadre d'une institution, la rencontre avec une personne souffrante est une relation asymétrique ( je suis ton égal, mais je ne suis pas dans la même situation …). C'est une relation mise en scène, organisée …

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- Dans la rencontre :

Qu'est-ce qui se passe ? Qui me demande ? Que me veut-on ? Qu'est-ce qui m'inspire ? Que puis-je oser ?

«  Qui es-tu, toi qui prétend m'aider ? » proteste un homme de la rue.

«  Vous commencerez par le respect » indique Maurice Bellet.

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Parmi ce que je retiens :

  •  L'histoire intéressante, de ce SDF ( toujours pieds nus ) qui chaque jour passe au CMPP, s'assoit ; puis s'en retourne. Il n'échange qu'un « salut »... Au bout de plusieurs mois, discussion avec lui sur sa présence, ce qu'il attend … ? «  Vous au moins, vous ne m'avez pas proposé de chaussures ! »

Nous pensons devoir combler un manque, un vide … !

« Chaque fois que tu donnes quelque chose à quelqu’un ; demandes-toi, ce que tu lui enlèves .. » L'Abbé Pierre.

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  • Les limites de notre action : Pouvoir et impuissance.

L'impuissance ( son sens 'religieux' est important …) laisse la place à l'Espérance.

 
Kénose et Resurrection.

 
Garder l'espérance, abandonner l'espoir...

 Dans « l'entre-deux », il y a La Présence.

 

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  Louis Rivier (1885-1963)


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Mars 1913: Du côté de chez Swann

Publié le par Perceval

Le 23 décembre 1912, la NRF fait connaître à son auteur son refus  de publication de ce qui est un premier état de la Recherche.

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 Chambre de Marcel Proust

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Le 28 mars 1913, Céleste Gineste épouse Odilon Albaret, chauffeur de taxi dont Marcel Proust est un client régulier. En 1914, par l’entremise de son mari, elle devient la toute jeune servante de l’écrivain. Accompagnant ses horaires étranges, ses lubies vestimentaires, alimentaires et sociales, son épuisement physique, elle lui restera fidèle jusqu’à sa mort, en 1922

 

 

Du côté de chez Swann,  initialement imprimé à mille sept cent cinquante exemplaires chez Grasset en 1913, a été vendu à un million et demi d’exemplaires entre 1913 et 1987.

Marcel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs.

Après le Côté de Guermantes, qui date de 1920, est publié en 1922 Sodome et Gomorrhe. En cette même année, le 18 novembre, Proust succombe à une pneumonie.


En mars 1913, après avoir essuyé le refus de trois éditeurs, Proust passe un contrat à compte d'auteur avec Bernard Grasset pour la publication de son roman. Il reçoit quatre-vingt-quinze placards du livre, alors intitulé Les Intermittences du cœur, Le Temps perdu et divisé initialement en trois parties. Jugeant le texte trop long pour être publié en un seul volume, Grasset l'oblige à abréger son texte. Proust doit supprimer les vingt cinq derniers placards. Il reprend donc sa troisième partie, Noms de pays, qu'il écourte, et réutilisera le reste dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs.

L'étape des placards est décisive dans la genèse de l'œuvre : Proust remanie son texte, fixe les noms, corrige, améliore, hésite encore sur le fameux incipit... C'est à partir de cette nouvelle version que sera établie l'édition originale de Du côté de chez Swann, achevée d'imprimer le 8 novembre 1913.

La première chose qu’on peut observer, sur ces placards, c’est le titre : Les Intermittences du cœur. Proust, à cette étape, n’appelle pas encore son livre À la recherche du temps perdu. Mais Le Temps perdu est le titre de la première partie de ce qui est alors un diptyque : Le Temps perdu, Le Temps retrouvé. En dessous on distingue « première partie », puis « Cambray ». « Cambray » est bien sûr une coquille, Proust ayant déjà appelé le lieu « Combray » dans la dactylographie. On voit combien à cette étape tout est encore mobile. C’est dans le jeu d’épreuves qui se trouve à Genève, au Musée Bodmer, que Les Intermittences du cœur sont transformées en À la recherche du temps perdu, que Le Temps perdu devient Charles Swann, puisque c’est le titre que Proust a d’abord envisagé, puis, enfin, Du côté de chez Swann.
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Cette célèbre première phrase qui était déjà dans la dactylographie, « Longtemps, je me suis couché de bonne heure », est barrée par Proust sur les premières épreuves de son roman, comme s’il n’en était pas définitivement satisfait. À la place, il écrit : « Pendant bien des années le soir, quand je venais de me coucher, je lisais quelques pages d’un traité d’archéologie monumentale qui était à côté de mon lit ». Mais il n’est finalement pas satisfait de ce changement, il le biffe et réécrit : « Longtemps je me suis couché de bonne heure ». Puis il recopie sur une paperole : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». On voit combien cette phrase si célèbre est finalement le résultat d’un choix qui semble un peu aléatoire.
Autre remarque importante que l’on peut faire sur ce tout début du roman, c’est à propos de la deuxième phrase, qui est aussi très célèbre : « Il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage ». Cette phrase, Proust l’avait déjà essayée dans les marges de la dactylographie, mais après le départ vers la composition. Il la réécrit donc dans la marge gauche de cette page d’épreuves. C’est une phrase très importante, où le narrateur se prend pour la matière du livre qu’il lisait avant de s’endormir. Cette phrase a laissé beaucoup de lecteurs perplexes. Comment peut-on se prendre, non pour le personnage, mais pour la matière d’un livre ?
Proust a beaucoup retravaillé cette page, qui concerne la visite de Swann dans la famille. Il l’a beaucoup retravaillée parce que l’accent est progressivement mis sur ce personnage. Alors que le titre était encore Le Temps perdu, Swann n’était pas encore un personnage aussi central. Il était simplement un voisin qui rendait visite à la famille. Dans cette campagne de corrections, très tard dans la genèse du livre, Proust revoit toute cette introduction de Swann dans le milieu familial, d’où toutes ces additions marginales et interlinéaires dans cette page d’épreuves.
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Critique de  Louis Gillet (1876-1943) Membre de l'Académie française, il occupa une position privilégiée dans la vie culturelle française de l'entre-deux-guerres.  « Vraiment illisible faute de plan et par fourmillement du détail. Jamais absence plus complète de composition : on ne sait jamais de quoi l'auteur parle, où on en est, tout est sur le même plan. Pas de succession, peu d'ordre ni de récit. P. 55 et suiv. : mécanisme de la mémoire, à propos d'une madeleine détrempée dans le thé.(...) 


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17 janvier  : Poincaré devient président de la République.

Le 10 mars 1913, Camille Claudel (1864-1943) est envoyée par sa famille dans une maison de santé. Durant 30 ans, elle vivra au milieu des fous.

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3 avril: En France, la durée du service militaire passe à 3 ans.

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La leçon de tango Journal L'Illustration du 29 Mars 1913 - Dessin de J.Simon

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29 mai: Scandale mémorable lors de la première du "Sacre du Printemps" d'Igor Stravinsky.Stravinski-en-compagnie-de-Nijinski-interprete-de-Petrouch.jpg

1er juillet : deuxième guerre balkanique. À la suite de l’entrée des troupes bulgares en Macédoine, la Grèce et la Serbie déclarent la guerre à la Bulgarie.

1er Septembre: A Paris, la créatrice de mode Coco Chanel réinvente la marinière.

14 Novembre: R. Tagore devient prix Nobel de littérature.

21 novembre: A Saint-Pétersbourg, la censure tsariste ordonne la destruction de manuscrits de l'écrivain Léon Tolstoï.

27 novembre: Parution du roman de M. Proust "Du Côté de chez Swann".

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Jake Baddeley

Publié le par Perceval

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Jake Baddeley est un britannique né en 1964 à Nottingham. Après des études d'art à Londres, Jake a voyagé à travers l'Europe et s'est installé en Hollande.

Il semble avoir regretté que les écoles d'art de sa génération refusent d'enseigner les techniques, et préfèrent se consacrer à l' abstrait et à la "liberté" personnelle.

Les maîtres anciens tels que Rembrandt et Vermeer, l'ont guidé et après avoir découvert à partit des anciens leurs techniques de peinture, il les applique à des thèmes modernes et ses propres centres d'intérêt, faisant ainsi une synthèse de l'ancien et du nouveau. Il a commencé à s'intéresser aux idées de C. G. Jung, et au rôle de l'inconscient en général. Ceci va se retrouver dans son travail qui prend une orientation surréaliste.

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Peintre symboliste inspiré des grands maîtres, il s'intéresse à la philosophie et à mythologie. Léonard de Vinci a eu une grande influence sur son travail de par la profondeur du contenu de son univers. Ainsi, il se plaît à appliquer ses connaissances de la géométrie et des proportions humaines en essayant de pénétrer ses recherches

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On retrouve dans les tableaux de Jake Baddeley des thèmes se rapportant aux connaissances des écoles philosophiques à mystères, traitées avec sa propre imagination... La connaissance qui peut s'en dégager est une lumière émotionnelle et transmet une émotion, une idée ou un concept...

Certains diront que ses travaux sont ceux d'un chaman, qu'il explore le noyau de l'âme...

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Jake Baddeley expose dans toute l'Europe, toujours avec beaucoup de succès. De grands collectionneurs et les musées sont en lice pour acquérir ses œuvres. On dit, qu'il est l'un des 50 plus importants artistes contemporains de ce siècle.

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La plupart de ses tableaux sont peints avec la lumière de l'aube ou du crépuscule. Il a tenté de représenter le temps entre le jour et la nuit, entre le sommeil et l'éveil, et d'en décrire la réalité par la fantaisy et l'imagination... En même temps, ne peut-on pas dire que tous ses tableaux présentent les réalités de la vie ?

 

Jake Berkeley dit qu'il y a deux sortes de Lumière, celle du soleil ou de la salle et celle qui est dans votre cœur... Ses tableaux sont éclairés par celle de la vraie lumière, celle de l'imagination ; ils sont les produits de ses rêves... C'est une lumière de nostalgie, d'un souvenir lointain, la lumière du jardin magique de l'enfance.

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Croyance et crédulité. -2-

Publié le par Perceval

Pour certains, l'espoir des « siècles des lumières », était d'éradiquer l'expression des croyances, ce fut l'espoir en une sorte de dictature de la raison. Ensuite, comme Lord Kelvin, on a même pensé que la connaissance humaine arrivait à son terme... !

astrologie.jpgAujourd’hui, notre vision de la naissance du monde ( par exemple ) reste une « croyance », même si nous préférons l'exprimer par une métaphore à base du « big-bang », plutôt que par un récit sur le combat de deux grands serpents titanesques …

Le progrès de la connaissance entraîne l'augmentation de la connaissance ( ou croyance...) par délégation.

La frontière entre croyances et connaissances n’est pas toujours simple à tracer, G Bronner envisage de montrer que les deux relèvent de la rationalité. Cependant, il ne faudrait pas en conclure qu’il aboutit à un relativisme extrême où l’on considère que « tout vaut tout »

  • Il nuance la thèse du désenchantement du monde. Il n’est pas vrai que chaque avancée de la connaissance entraîne un recul des croyances ; bien au contraire, les deux progressent de conserve, d’une part parce que certaines croyances restent utiles dans la vie de tous les jours, d’autre part parce que chaque progrès des connaissances ouvre le domaine des possibles et génère de nouvelles croyances.

A côté de la « croyance » ordinaire et pratique, se répand la « crédulité »... Il serait intéressant d'en connaître la limite entre l'une et l'autre.


ceci-n-est-pas-un-adulte.jpg

Dans « La démocratie des crédules », G Bronner (*)  décrit le phénomène du groupe qui a tendance à se ranger derrière une personne qui semble en savoir plus qu'eux... Et là, la connaissance pourrait rompre cette unanimité …La production gigantesque et sans cesse croissante d’informations invérifiables sur l’Internet et leur accès immédiat et universel permettent aux croyances, les plus bizarres parfois, de se répandre en épidémie et de s’ancrer dans bien des esprits.

Bronner voit «le faux» et «le douteux» s’immiscer partout dans l’espace public, comme si nous vivions déjà et, sans le savoir, sous le régime décadent de «la démocratie des crédules» Partout, les explications simples ou plutôt simplistes - «mono-causales» - s’imposent devant l’irruption du réel, comme si nos esprits se laissaient gouverner par des formules rassurantes : «il n’y a pas de fumée sans feu», «tout est lié», «rien n’arrive au hasard», ou encore «cela cache quelque chose»… La théorie du complot – ce «nihilisme mental» - semble régner en maître et avilir nos intelligences. Nul n’est à l’abri, aucune couche sociale, pas même les plus éduquées :«Il n’y a pas corrélation claire, explique Bronner, entre niveau d’études et vision perspicace du monde.»

(*) Gérald Bronner est Professeur de sociologie à l'université de Paris Diderot (Paris 7) et membre de l'Institut Universitaire de France.

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Prier ...: de la crédulité à la Foi. -1-

Publié le par Perceval

J'ai entendu récemment, sur les « matins » de France-Culture, un échange avec un sociologue : Gérald Bronner (*), dont le travail sur nos « croyances » en général, a rejoint les questions et le malaise qu'il m'arrive de ressentir, quand l'une ou l'autre personne qui m'entourent s'expriment du genre : « Nous allons demander au Seigneur …. », ou « nous allons prier pour untel, qui ... »

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Ma première réaction est de penser : - Je ne peux pas demander, tranquillement au Seigneur de combler l'un ou l'autre de ces soucis... Non, je ne peux pas... Impossible … !

Je peux crier dans la détresse..., et prier... Ça, je peux. Je peux - dans certaines circonstances – abandonner toute raison, m'emplir entièrement de la souffrance... Crier, prier.

«  Que ta volonté soit faite ! » … Non pas, que les souffrances dont on me parle, sont provoquées ou voulues par Dieu ( Horrible … ! ..), bien sûr ! Je détesterai ce dieu ! qui n'existe pas...! ( heureusement, c'est " hérétique " ..!)

Mais, à l'échelle de l'univers et de l'éternité, je ne sais rien de ce qui est bon ou mal pour moi.... Je ne sais rien de mon destin …, et donc au mieux, ma prière peut consister à ce que Dieu m'accompagne sur ce chemin... Et, que je sois, moi, capable - d'accompagner la personne qui souffre, et de soutenir " le divin " pour qu'il puisse continuer à vivre en moi … C'est tout ! Ce que je sais, c'est : quand l'humain souffre, Dieu souffre...

 

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 Autour du témoignage tout personnel que je viens d'émettre, il y a la question de la croyance – je préférerais le mot «  Foi » ( qui inclue le doute ) , et de la crédulité … Et bien souvent, dans l'univers d'une religion, il est difficile de faire la part de l'une et de l'autre ….

 * Je reviens à G Bronner : déjà il y a dix ans il avait ausculté la genèse intime de nos croyances et expliqué pourquoi les progrès de la science n’avaient nullement domestiqué notre «rationalité subjective»(l’Empire des croyances, PUF)

 « Croire » est connoté négativement : Qualifier de croyance une opinion, une idée ou une thèse, c'est en général vouloir lui ôter toute crédibilité et présupposer l'incertitude voire le manque de sérieux. La croyance interroge la Vérité, parce qu'elle n'est pas « garantie », Nous croyons faute de savoir... Parait-il ...?

la-terre-est-plate.jpgLes croyances ne disparaissent pas avec les progrès de la science. Les sociétés contemporaines ne croient pas moins qu'hier. Certaines croyances perdent du terrain et parfois meurent, mais d'autres naissent.

« La science alimente la croyance », souligne la sociologue Romy Sauvayre, auteur de Croire à l’incroyable (Puf). Chaque découverte ne faisant que nourrir de nouvelles questions et ouvrir le champs des possibles. « Je me souviens, raconte-t-elle, d’un reportage télévisé lors de l’ouverture de l’accélérateur de particules en Suisse. Le journaliste parlait de la possibilité de découvrir une 9e dimension (sic) ! ». Autre exemple, la recherche sur le clonage, qui a fait le bonheur de la science-fiction et de la secte des raëliens pour qui cette technique conduirait à l’immortalité. Pas moins. Les incertitudes, la crise économique et sa cohorte d’effets anxiogènes profitent aussi aux croyances qui rassurent, d’autant qu’elles assènent des vérités là où règne le doute » article sur ' La Vie ' 06/03/201

( à suivre ...)

(*) Gérald Bronner est Professeur de sociologie à l'université de Paris Diderot (Paris 7) et membre de l'Institut Universitaire de France.


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Ne suis-je qu'une "illusion" qui doute?

Publié le par Perceval

Michael-Cheval-14.jpgJe pars d'une « sentence » envoyée par Orion gps :

"Je ne doute de rien sur l'existence d'un Jésus,
Il m'a même rencontré une foi ;
par contre, moi, je ne suis qu'une illusion"
-auteur inconnu-

Je ne touche pas à cette citation, même si elle me semble provenir d'une traduction imparfaite …

 

 

 

  • Dire « je ne doute pas de l'existence de Jésus », est une « croyance par délégation », comme la plupart de ce que je pense parfois être du « savoir » : par exemple la théorie du Big-bang... entre savoir et croyance la limite est tenue !

Ces évidences, j'ai parfois, la nécessité de les poser comme telles, pour tenter de construire autre chose … d'aller plus loin ...Michael-Cheval-12.jpg

 

J'ai besoin de questionner, comme un gamin irritant «  Oui, mais pourquoi..., et pourquoi …, etc …)

Je pense qu'il est nécessaire de tout interroger, jusqu'à -même- déstabiliser … ... Commencer par un acte qui pose la Foi, comme une certitude globale, n'est pas – pour moi – le meilleur moyen d'accéder à la foi. Ce n'est qu'une pétition de principe qui tente de supprimer La question.... Or, la question est fondamentale !

 

Au regard du passé, notre époque est formidable pour cela ! Aujourd'hui, qui ne craint d'être « athée » ? Nous avons, même, la chance, d'avoir dépassé le temps du scientisme, et ses tentations de la dictature de la raison...

Et après avoir questionné le divin, nous questionnons avec la même force, grâce sans doute à l'influence des spiritualités orientales, notre « moi », l'égo … et cette remise en question me semble passionnante, et à découvrir …

 

  • «  par contre, moi, je ne suis qu'une illusion. »

Michael-Cheval-30.jpgJe reconnais qu'il existe en moi, un « égo » qui s'observe, se juge, se compare, se blesse, souffre... sur des critères qui n'ont rien d'absolu, mais au contraire relatifs à mes occupations du moment, à mes appartenances. Ils n'ont d'autres valeurs que celles du moment, et que je me donne … et qu'il convient d'interroger .

Cet « égo », ne pourrait être qu'une construction, que moi, avec le regard des autres, décidons de sa réalité, puisqu'il me permet d'être reconnu... Une sorte de convention, qui ne résiste pas ( il me semble...) si on décidait réellement de la relativiser ...

 

 

Les illustrations sont les reproductions d'oeuvres de Michael Cheval, artiste contemporain né en 1966 en Russie.

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