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Années 50 – Un parti chrétien a t-il du sens ?

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot a accepté l'opportunité de loger au Séminaire français de Rome, comme Maurice Maillard. Cela lui donne l'occasion de rencontres intéressantes.

L'ambassade au Vatican, est occupée par le comte Wladimir d’Ormesson ( oncle de l'écrivain et journaliste Jean d’Ormesson.) de 1948 à 1956, après l'avoir été par le philosophe Jacques Maritain.

De la fin de la guerre à 1968, Joseph Delos dominicain, à Rome, est le conseiller ecclésiastique de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège.

Thomas-Joseph Delos, « l’homme du bon conseil » est à la droite de l’ambassadeur, Wladimir d’Ormesson

Lancelot sera en contact régulier avec le père Delos très soucieux des liens entre l’Eglise de Rome et les catholiques de France. Le dominicain est un spécialiste de droit international, professeur la Faculté libre de droit de Lille de 1924 à 1940.

Il développe une thèse intéressante sur la distinction entre l'Etat et la Nation. L'un est une organisation politique, la seconde est une communauté culturelle.

Il est intéressant, de lire dans les contacts de Lancelot avec le père Delos, des développements sur un programme politique. Ainsi, cette proposition d'un état fédéral afin d'associer les diverses minorités nationales, basée sur le '' Bien Commun'' notion avancée par Thomas d'Aquin ( reprise d'Aristote), qui se formaliserait dans les institutions.

Si la politique internationale se fonde sur les nations, elle peut être « définitivement, complètement perturbée et menacée par le nationalisme » ; la nation n'étant qu'un prétexte au totalitarisme. Les nations – selon le principe thomiste de la « sociabilité naturelle » entre les hommes – doivent être protégées et régulées, afin d'établir entre elles des relations de « libre commerce ». Le ''commerce '' comprend les échanges économiques, culturels et de solidarité. Ceci, serait la base « d’une communauté internationale, protectrice de la civilisation, et du développement humain »

Lancelot et le père Maillard discutent de la question, en politique : un parti chrétien a t-il du sens ?

- Effectivement, Maritain, parle de ''nouvelle chrétienté''

- Un concept critiqué par Mounier, rappelle Lancelot, il relevait l'illusion d'une '' domination parfaite de la société par l’organisme chrétien '' ( conférence de 1949 : '' Foi chrétienne et civilisation ''). Il ne s'agit pas aux chrétiens de reconquérir mais de témoigner... Mounier ( mort en mars 1950) récusait l'idée que l'on puisse se dire « monarchiste parce que chrétien » ou « de gauche parce que chrétien ».

- Il y a chez le chrétien, cette image du ''Royaume'' : il n'est pas la fin de l'histoire, il a déjà commencé en nous, puis par nous...

- Lancelot reprend aussi cet optimisme teilhardien du sens de l'histoire. Et dans ce sens, Mounier, pense que  l’histoire et les civilisations sont « dans notre condition, des médiations nécessaires ».

- L’Église, travaille à l’avènement du Royaume. Mounier ajoute aussi, que la société ne doit pas rejeter, exclure ce qu'il nomme le ''surnaturel'' : L’ouverture au surnaturel « est la condition radicale de la sauvegarde des personnes et, par elles, de la civilisation tout entière »

 

En France, même, on s'interroge sur l'opportunité d'un parti '' Démocratie Chrétienne'' ( D.C.). Seulement, les français peuvent-ils accepter qu'un parti politique puisse s'affirmer lié à une Église ?

- Le MRP, le Mouvement républicain populaire créé en 1944, se situe dans cette tradition du catholicisme social, et renvoie dos à dos le libéralisme et le socialisme. Toujours cette recherche d'une ''troisième voie'', qui semble se pervertir devant la réalité de l'économie.

Hors de France, la D.C. ne veut pas être le ''bras politique'' des Eglises ; elle peut soutenir d'ailleurs, la séparation de l’Etat et de l’Eglise ; tout en reconnaissant partager les même valeurs.

- Qu'elles sont-elles ?

- La liberté, la justice et la solidarité ; basées sur une conception chrétienne de l'homme, ''personnaliste'', c'est à dire reconnaissant dans chaque humain la dignité inaliénable de l'être, unique, perfectible ( pour exprimer l'avènement d'un homme nouveau). Ces valeurs, aujourd'hui, ne peuvent développer que dans une démocratie, qui promeut une économie sociale de marché ( selon la doctrine sociale des Églises chrétiennes) et un état protecteur.

Dans l’éthique sociale chrétienne une notion est primordiale : la subsidiarité. Du latin 'subsidium' qui signifie, recours, appui ; ainsi l'Etat ne rentre en jeu que lorsque les plus petites unités n’arrivent plus à mener une vie autonome et responsable. Ce qui se traduit par la préférence d'une décentralisation administrative assez poussée.

Ensuite, certains thèmes sont privilégiés : - la primauté de la famille comme cellule de base de la société et premier lieu d'éducation, de responsabilité et de solidarité. - Un souci de l'environnement, très bien représenté par le mouvement scout, prisé dans ces années 50.

 

Pourtant, l’Église elle-même, a du mal à se réformer. Elle semble figée par la peur du modernisme et par la crainte d’une recherche intellectuelle qui ne conduirait qu'à l'éloignement de la foi. Un enseignement classique, fondé sur le thomisme traditionnel, s'oppose à l’approfondissent des grandes philosophies contemporaines.

Pour les conservateurs, un parti catholique devrait être le parti - en conformité avec les enseignements pontificaux - qui réagit au libéralisme accusé de désorganiser la société, et au socialisme qui la trompe.

Un parti catholique se confondrait donc avec le conservatisme ; il serait le garant de la survivance du passé dans un monde qui change et de plus, assurerait la sécurité de la patrie.

Ce parti serait celui de tous les chrétiens qui souhaitent mieux défendre l’Eglise dans une société libérale, contre le communisme.

 

Lancelot et Maurice, s'accordent à constater que la société se modernise et se déchristianise. Le Vatican, dans sa tour d'ivoire, ne voit pas la crise arriver, avec la baisse des vocations et des laïcs en mal de pouvoir se situer.

Des prêtres dénoncent l'écart entre la vie catholique et le monde ouvrier. La Mission de France, voulue par le cardinal Suhard ( archevêque de Paris) a donné naissance entre 1943 et 1947, aux ''prêtres-ouvriers''. Ils vont apporter la contradiction dans l'Eglise ; contradiction entre un ordre social chrétien et conservateur, opposé à la modernité et un catholicisme social progressiste fondé sur la JOC, et - il est vrai - proche du PC parfois.

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1953 - Le parti communiste et les Rosenberg.

Publié le par Régis Vétillard

Julius Rosenberg et sa femme, Ethel, mars 1951 - procès

Le 19 juin 1953, un homme et son épouse se sont succédé sur la chaise électrique, dans l'état de New-York, le couple Rosenberg.

Ils avaient été arrêtés au cours de l'été 1950, et jugés coupable le 5 avril 1951. Ils auraient divulgué à l'URSS, les secrets de la bombe atomique.

On n'a pas manqué de s'interroger, quand quatre années seulement après les Etats-Unis, le 29 août 1949,  l'Union soviétique procédait à son tour à l'essai d'une bombe de 22 kilotonnes sur le territoire du Kazakhstan, à la puissance à peu près comparable à celle utilisée par les Américains à Nagasaki en août 1945.

 

Le PC est le fer de lance du combat contre la condamnation du couple Rosenberg.

Pour Geneviève, Julius et Ethel Rosenberg « ont été les victimes innocentes, d'une machination policière montée par le FBI et le gouvernement américain en vue d'intimider le mouvement progressiste. » ( Le Monde, Déc 1952)

 

Un ancien du service des écoutes et du décryptage des SR devenu le SDECE en 45; ne craint pas de dévoiler à Lancelot, que dès 1943, nous savions qu'un programme américain de contre-espionnage visant à décrypter les communications avec les soviétiques, avait pris de l’ampleur avec la guerre froide. Il contribuait à découvrir les espions soviétiques parmi des scientifiques américains.

« Attention, l’Amérique a la rage (…) » Jean-Paul Sartre (« Les animaux malades de la rage », Libération, 22 juin 1953

 

Cependant, Lancelot doute du bien fondé de cette exécution ; cette décision judiciaire n'a t-elle pas été dicté par des considérations politiques ?

On mentionne que les accusés étaient communistes. Pour certains, puisqu'ils sont juifs, le tribunal est soupçonné d'antisémitisme...

Lancelot, comme beaucoup qui pensaient les Rosenberg, coupables ; comptaient sur la grâce du président Eisenhower. Le Monde écrivait le 11 décembre 1952 : « Aucune condamnation à mort n’a jusqu’à présent été prononcée aux États-Unis pour crime d’espionnage, même en temps de guerre. ».

L'ambassadeur américain en France, est incité à soumettre un rapport qui insiste sur le piège d'une manipulation communiste, et la sévérité de la peine serait en défaveur de l'image de l'Amérique.

Par deux fois - fin décembre et le 13 février - Pie XII intervient en faveur des époux Rosenberg.

Albert Béguin, Jean-Marie Domenach, François Mauriac, Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Gaston Gallimard, Jean Cocteau, Albert Camus, Jacques Prévert, Marguerite Duras, Michel Leiris, Gérard Philippe... s'associent aux communistes, pour demander la grâce.

 

Que fait-on à l'Est ? - Lancelot, rappelle que lors du procès Slansky (Nov 1952), à Prague, onze dirigeants de Tchécoslovaquie ont été exécutés, dont huit étaient juifs.

L’exécution des Rosenberg, permet en outre, d'occulter les événements du 17 juin 1953 à Berlin Est. Au cours desquels, les communistes écrasent une révolte ouvrière, présentée comme l’œuvre de provocateurs fascistes...

 

Lancelot interroge à la revue Esprit, Jean-Marie Domenach, sur ce que lui inspire cette affaire : - Les américains, lui répond-il, comparent les Rosenberg – qui ne pèse pas lourd – à tous ceux qui meurent en Corée. Pour nous européens, avec le risque de guerre, ce couple devient les premiers qui pourraient mourir de la bombe atomique. « Nous nous imaginions que si leur vie était sauvée, celle de millions pourrait être sauvée du même coup. ». Nous voyons, nous, dans l'exécution du couple, « l'image d'une terreur mondiale et y avons opposé une incroyable mobilisation de la pitié. » ( Esprit, juil 53).

 

Aujourd'hui, nous savons que Julius Rosenberg était réellement coupable de trahison. Les plus hautes instances américaines le savaient sans vouloir le révéler ; les preuves de culpabilité, ayant été apporté par la cryptographie entrepris lors du projet Verona ( archives ouvertes en 1995).

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Paul Ricoeur

Publié le par Régis Vétillard

Paul Ricoeur

Paul Ricoeur (1913-2005) a commencé sa collaboration avec la revue Esprit en 1946. Après-guerre il va accompagner tous les engagements de la revue, notamment celui de l'anti-colonialisme.

Lancelot, sans le connaître personnellement, apprécie toutes ses interventions. Pour cela de nombreuses occasions sont produites par les groupes ''Esprit'', lors de congrès, de cessions, ou pour des textes de travail...

Ricoeur, philosophe et enseignant à l'Université de Strasbourg, apporte la rigueur de l'universitaire. C'est un éducateur. Lancelot se souvient de son intervention ''La parole est mon royaume'' reprise dans la revue en 1955. Ricoeur confiait que chaque année, il se donnait l'objectif de lire l’œuvre complète d'un grand philosophe.

Lancelot utilise, les propositions de Ricoeur, pour enrichir ses réflexions et ses discussions avec le père Maillard, en particulier:

Paul Ricoeur va s'élever contre cette ''facilité'' que nous avons de décider qu'il existe, d’un côté, le « monde libre » et, d’un autre côté, le « monde totalitaire » ; et que nous n'avons d'autre choix, que de décider de quel côté nous sommes...

Il s'inscrit dans cette recherche ''personnaliste'' d'une troisième voie, et nous interroge : ne pourrait-on pas conserver, « du libéralisme politique, le respect de l’autonomie de la personne humaine, et du communisme, l’idéal d’une communauté égale et fraternelle. » ?

- Sauf que la société soviétique, n'est pas une communauté égale et fraternelle !

- Je suis d'accord ; et de même : « Comment nos plus justes plaidoyers pour les plus légitimes libertés seraient-ils entendus quand nous appelons “homme libre” le pauvre planteur du Guatemala ou le chômeur des bidonvilles nord-africains ? ».

 

Acceptons, avec le marxisme, de nous situer au niveau idéologique ; avant de revenir à la pratique quotidienne, et donc aux faits..

- Ne peut-on pas échapper au pouvoir de l'idéologie... ?

- Pour un communiste, tout développement intellectuel est idéologique... A contrario, penses-tu que l'idéologie pourrait n'être que systématiquement mauvaise... ?

Pourrait-on se passer de théories pour penser le monde et agir sur lui ? L'idéologie – à la différence de la religion, peut-être – propose un destin collectif, et non un salut individuel.

Les vacances de Monsieur Hulot - Jacques Tati - 1953

Chacun a son analyse du bon fonctionnement d'une société.

Nous ne partons pas de rien, nous participons déjà à une certaine vie sociale. Si on étudie les faits socioculturels, Claude Levi-Strauss, affirme mettre en évidence une ''structure symbolique '', qui permet de comprendre “l’esprit humain”, car elle est le produit d’une “fonction symbolique”, commune à tous les hommes.

Cette '' fonction symbolique '' est tout simplement la capacité d’avoir des représentations mentales. Elle permet à tout individu d’habiter pleinement son humanité en transcendant la matérialité de son existence et en s’affranchissant du déterminisme de l’instinct. L'intérêt de mettre en valeur cette fonction permet de comprendre comment nous mettons du sens sur le monde, comment nous le vivons et comment nous communiquons à son sujet...

 

Paul Ricoeur reprend le concept de fonction symbolique comme une fonction de l’imagination qui permet de donner un sens à l’expérience humaine.

L'idéologie, nous dit-il, est cet ensemble cohérent « de médiations symboliques (mythes, légendes, récits historiques, valeurs structurantes…) par lesquelles se structure la réalité sociale et politique. »

« Si l’on n’accorde pas que la vie sociale a une structure symbolique, il n’y a aucun moyen de comprendre comment nous vivons, faisons des choses et projetons ces activités dans des idées, pas le moyen de comprendre comment la réalité peut devenir une idée ou comment la vie réelle peut produire des illusions ; elles ne seront toutes que des événements mystiques et incompréhensibles. » ( P. Ricœur, L’idéologie et l’utopie )

 

Le marxisme se méfie d'une idéologie qui serait une forme de ''fausse conscience'' qui cacherait la réalité, comme par exemple la domination de classe, l'exploitation sous l'apparence des institutions.

Le marxisme prétend accéder à une réalité cachée derrière les apparences. Cette réalité est considérée comme la véritable nature des choses et est souvent appelée la '' réalité à nu ''.

Un exemple de la «réalité à nu» pourrait être la relation entre les travailleurs et les propriétaires des moyens de production. Selon le marxisme, cette relation est cachée par les phénomènes qui sont visibles à la surface de la société, tels que les relations salariales et les contrats de travail. La «réalité à nu» est que les travailleurs sont exploités par les propriétaires des moyens de production qui tirent profit du travail des travailleurs.

 

Pourtant, Ricoeur, critique cette prétention à « accéder à une '' réalité à nu '', à une pure praxis désymbolisée.. » et le concept de ''fausse conscience'' du marxisme. Il affirme que la conscience n’est jamais complètement fausse ou vraie. Selon Ricoeur, la conscience est toujours en mouvement et est influencée par des facteurs tels que l’expérience personnelle et les relations sociales.

 

Toutefois, il est vrai que l'idéologie est souvent présentée de manière négative, parce qu'opposée au réel. L'idéologie peut amener à distordre le réel.

 

Marxiste ou libéral, nous devrions parler d'un système, qui aurait fait la preuve de la démocratie, et de la justice... Mais, entre communisme et capitalisme, existe-t-il ?

Ricoeur imagine un régime basé sur « les principes du libéralisme politique au cœur même de l’État planificateur »

 

Le piège du marxisme, et de sa notion de classes sociales, et de classe dominante, c'est de rester fasciné par le problème de la ''domination''.

Et en premier lieu, se demande Lancelot, peut-être celle de la domination de l'homme sur la nature...

Un deuxième piège est celui de s'ériger en science... Nous avons vu précédemment le problème que pose la ''science prolétarienne''. !

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1952 - Credo quia absurdum

Publié le par Régis Vétillard

Dans son groupe ''Esprit'' Lancelot porte le débat sur le pouvoir de l'idéologie, au point d'amener le condamné d'un procès stalinien à consentir à faire des ''aveux''. Certes ces aveux, sont à priori obtenus - comme le dénonce Koestler - '' par des semaines de tortures physiques et morales."... Mais certain n'excluent pas l'idée que le condamné n'abandonnant pas sa foi communiste, se sacrifierait, au profit de la vérité du parti omniscient, outil essentiel à la victoire contre le capitalisme...

Bien-sûr, Geneviève et Dominique Desanti ne veulent pas croire, les accusations de torture ; pour elles, le traître avoue devant un réquisitoire objectif, et pour soulager sa conscience.

 

Un peu plus tard, c'est Edgar Morin, qui revient sur le paradoxe de l'autocritique, outil disciplinaire chez les communistes.

Un bon communiste, d'autant plus s'il est cadre, « s’incline lorsque le Parti exige son autocritique. ».

Edgar Morin, explique, ce qu'il appelle son credo '' quia absurdum ''communiste, par cette formule : « on a raison, d’avoir tort avec le parti ; et on a tort, d’avoir raison contre le parti. ».

Tertullien (IIe s.), à qui on doit cette formule : « Credo quia absurdum » ( “Je crois parce que c’est absurde” ) voulait signifier que la foi n'était pas de l'ordre de la preuve et qu'il fallait bien le ''croire'' puisque ce n'était pas raisonnable ( ou absurde).

Pour ce qui est de la Foi religieuse, Lancelot répond que cette formule lui paraît paradoxale et inopérante, car elle dissocie foi et raison ; alors qu'elles sont intimement liées dans la théologie chrétienne.

Albert Camus aurait repris le ''credo quia absurdum'' ; en y reconnaissant le désir humain de donner un sens à ce qui est absurde... Alors « Il faut imaginer Sisyphe heureux. » (…) « Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l’homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. » ( Camus, '' Le mythe de Sisyphe '' 1942)

Sartre dans Libération 15 juillet 1954

 

Peut-être, des intellectuels communistes, ont pu ainsi adopter une attitude de foi aveugle envers le Parti et l’URSS, même face aux absurdités et aux horreurs du régime.

 

Plus généralement, Pour Camus, qui est athée, l’absurde, c’est la confrontation entre le désir humain d’ordre et de cohérence et le caractère irrationnel du monde. Pour Sartre, l’absurde, c’est avant tout la « contingence » de l’être-en-soi, l’injustifiabilité des objets du monde. La condition humaine apparaît également comme absurde dans la mesure où l’homme ne peut devenir le fondement objectif de sa propre existence, ne peut être à la fois « en-soi » et « pour-soi ».

Comment expliquer cette erreur de ''sens'' ?

 

Geneviève répond : « Toi, tu es chrétien, tu ne ressens pas l'absurdité du monde ; ta foi consiste aussi à te persuader d'un sens à l’aventure humaine ; alors que devant tes yeux, le capitalisme écrase la majorité de l'humanité, au profit d'une minorité capitaliste. »

 

C'est vrai, l'anti-communisme n'est pas une position évidente ; il ne s'agit pas de nier l'exploitation de l'homme par l'homme ; mais de s'opposer à un totalitarisme. Il est difficile de s'opposer au parti des ''100.000 fusillés'' et à une grande partie des intellectuels qui vénère le marxisme, comme étant la « philosophie indépassable » ( Sartre).

En 1950, Emmanuel Mounier - lui-même - avait craint que l'anti-communisme soit une « force de guerre, une reprise du fascisme.. » ( Esprit, février 1950). Jean-Paul Sartre le condamne fermement :  « Un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n’en sortirai plus jamais. (J.-P. Sartre, Situations IV )

1952

Et, d’autres intellectuels, comme Raymond Aron, Jean-François Revel ou Claude Lefort, vont reprocher à Sartre son aveuglement face aux crimes du stalinisme et son mépris pour les libertés individuelles.

Egalement, Camus dénonce, chez Sartre, la justification de la violence révolutionnaire, et l'accuse de sacrifier les valeurs humanistes au nom d’un idéal abstrait.

Mauriac, dans Le Figaro le 26 novembre 1952, exprime sa stupeur et son horreur face au procès Slánský, qu’il a qualifié de « sinistre farce » et de « spectacle abominable ».

 

A l'opposé de l'engagement de Geneviève, Lancelot rejette l'idée qu'un ''socialisme d'état '' - comme celui de l'URSS - puisse être une garantie de paix.

Même si la guerre de Corée alimentée par ce contexte de guerre froide fait craindre une troisième guerre mondiale ; ce Mouvement de la Paix, Lancelot en est convaincu, n'est qu'un élément de la stratégie de politique extérieure soviétique.

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Une science prolétarienne

Publié le par Régis Vétillard

Eugénie Cotton et M-C. Vaillant-Couturier

Geneviève par l'intermédiaire de son intérêt pour les sciences, se rapproche d'Eugénie Cotton, la présidente d’honneur de l'UFF qui vient de recevoir le prix Staline pour la Paix. Eugénie Cotton (1881-1967) est une scientifique française, physicienne et directrice de l’École normale supérieure de jeunes filles

Elle a publié plusieurs articles et contribué à la compréhension du paramagnétisme et à son application à la chimie analytique.

Geneviève est très fière de fréquenter quelques férus de science matérialiste ; certains lui auraient ''ouvert les yeux'', notamment, sur la Relativité et Einstein que personne n'ose critiquer.

Ainsi, Geneviève soutient à Lancelot que la Relativité avait été abordé avant Einstein, que c’est Lorentz qui l’a créée, et Poincaré qui l’a complétée et généralisée. Lancelot veut bien l'envisager ainsi, pour un début de réflexion ; mais - répond Lancelot - c'est quand même Einstein qui a éliminé l'hypothèse de l'éther, et affirmé que la vitesse de la lumière était constante, indépendamment de la vitesse de la source ou de l'observateur ! Et, surtout : c'est Einstein qui a généralisé sa théorie pour inclure une nouvelle proposition d'explication de la gravitation...

Geneviève répond que les deux hypothèses de la constance de la vitesse de la lumière, et aussi de l’équivalence entre la masse et l’énergie, sont arbitraires et sans fondement. Elles conduisent à des résultats absurdes et incompatibles avec les faits observés.

Lancelot s'étonne de ce genre de propos ; mais Geneviève insiste et prétend qu'Einstein n'a fait qu'obscurcir et déformer, ce que l'on avait découvert avant lui.

- L'Amérique veut nous faire croire qu'il s'agit là d'une révolution scientifique, « alors qu’il ne s’agit que d’une régression idéologique. Einstein a servi les intérêts de la bourgeoisie capitaliste, qui cherchait à discréditer la science classique et à imposer sa vision du monde. » 

Frederic Joliot-Curie

 

C'est ainsi, que la notion de ''science prolétarienne'' vient s'affronter à ce qu'elle nomme la ''science bourgeoise''

Étonnamment, Frédéric Joliot-Curie, lui-même, défend le concept dans la revue “Les Lettres françaises” en 1948.

  • « La science prolétarienne est une science qui se développe dans les pays socialistes, sous la direction du Parti communiste. Elle est fondée sur le matérialisme dialectique et historique, qui est la philosophie du marxisme-léninisme. Elle vise à découvrir les lois de la nature et à les utiliser pour transformer le monde en fonction des besoins du peuple et du progrès social. »

  • « La science prolétarienne est une science qui se distingue de la science bourgeoise par son contenu, sa méthode et son but. La science bourgeoise est une science qui reflète les intérêts de la classe dominante, qui s’appuie sur des dogmes et des préjugés, qui s’isole de la réalité concrète et qui sert à justifier l’exploitation et la guerre. La science prolétarienne est une science qui reflète les intérêts de la classe ouvrière, qui s’appuie sur l’expérience et la pratique, qui s’intègre à la réalité concrète et qui sert à libérer l’humanité de l’oppression et de la misère. »

  • « La science prolétarienne est une science qui se manifeste par des résultats concrets et révolutionnaires dans tous les domaines. Elle a permis à l’URSS de réaliser des exploits sans précédent dans l’industrie, l’agriculture, la médecine, la culture, la défense nationale et la conquête spatiale. Elle a permis aux pays socialistes de se développer rapidement et harmonieusement, en assurant le bien-être matériel et moral du peuple. Elle a permis aux pays coloniaux et semi-coloniaux de se libérer du joug impérialiste et de s’engager sur la voie du socialisme. »

 

Lancelot s’interroge : comment une vision politique peut-elle influer sur la science et ses découvertes, ou inversement ?

-La science communiste, qui s'affirme progressiste et matérialiste, s'enracine dans les enseignements de Mitchourine, qui soutenait lui-même : « C'est uniquement sur la base de la doctrine de Marx, d'Engels, de Lénine et de Staline qu'on peut réorganiser entièrement la science. »

La science bourgeoise, idéaliste et mystique, fondée par des biologistes réactionnaires , défendrait donc la « théorie de la mutation », et serait l’ennemie de toute la pensée rationnelle.

Lyssenko et Staline

 

Geneviève prend un exemple : la génétique. La science soviétique a bâti ses succès sur la théorie de Ivan Mitchourine, selon laquelle l’environnement peut modifier l’hérédité des organismes vivants. Aujourd'hui Trofim Lyssenko (1898-1976) enseigne, sur cette base l'idée selon laquelle les caractéristiques acquises par les plantes et les animaux peuvent être transmises à leur descendance.

La science bourgeoise, ne reconnaît toujours pas - appuyée sur Mendel, un religieux autrichien, et Morgan, un scientifique américain, opposée en cela aux '' lois de la dialectique '' - l'influence fondamentale du milieu extérieur... !

* Je note que Gregor Mendel (1822-1884), moine tchèque, découvre les prémices de la génétique et propose le concept de gène. Ces notions vont être reprises au début du XXe siècle, et Thomas Morgan (1866-1945), généticien américain, montre que les gènes sont localisés sur les chromosomes, structures présentes dans le noyau des cellules, mais dont on ne connaît pas encore nature chimique.

 

Lancelot ne connaît pas assez le sujet ; cependant, il s'est renseigné et fait part du scepticisme de la plupart des scientifiques et dénoncent même l'erreur de propositions comme, celle de dire qu'une espèce pouvait être transformée en une autre (par exemple, l’orge en seigle) ; et que l’obtention de caractères voulus pour un organisme provenait non pas de la sélection naturelle (une imposture bourgeoise), mais de la coopération entre individus. A croire que les plantes, pouvaient subir une '' rééducation socialiste '' et devaient être plantées en groupes pour que les éléments faibles puissent se sacrifier pour les forts... !

Bien-sûr, il n'est pas absurde de penser que l'environnement influence les informations héréditaires des organismes... Que la génétique n'est pas aussi déterministe qu'elle semble l'être...

 

En 1950, le manifeste du PCF affirme donc qu’il y a maintenant une science bourgeoise et une science prolétarienne, et que la science « est aussi affaire de lutte de classes, affaire du parti ».

Geneviève insiste encore et valorise la cohérence d'un intellectuel, un scientifique qui adhère au communisme et le fait, par la même rationalité qui le conduit dans ses recherches.

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1952 - Les Communistes et la Paix

Publié le par Régis Vétillard

Dans un premier temps, parrainé par Robert Schuman très lié à l'Eglise, Lancelot travaille au Ministère des Affaires étrangères, en relation avec le Vatican, et au plus près du cabinet du ministre pour l'informer.

Robert Schuman ( 1886-1963) ministre pendant la Quatrième République, notamment aux Affaires étrangères, puis président du Conseil des ministres à deux reprises

Il est considéré comme l'un des pères fondateurs de la construction européenne.

Schuman est ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952; et doit son départ à la question coloniale alors qu'il est soupçonné de céder sur le démembrement de l'Empire ( nos colonies), au profit de la construction européenne.

 

Maurice Maillard est un prêtre jésuite qui a été autorisé par le provincial d'accompagner Lancelot dans sa mission ''politique''. De plus, le prêtre donne régulièrement des cours sur les rapports entre l'Eglise et l'Etat en France, aux étudiants de l' Académie pontificale ecclésiastique, institution fondée par Clément XI en 1701 ayant pour but de former le corps diplomatique du Saint-Siège.

Le père Maillard permit à Lancelot de s'initier au fonctionnement du Vatican, et très vite une véritable amitié va naître entre les deux hommes, fruit sans doute des longs voyages qu'ils firent ensemble sur le ''Rome-express'', qui leur permettait de partir de Paris en soirée et d'arriver avant la fin de matinée à Rome.

Lancelot, en particulier, va pour la première fois peut-être, interroger son questionnement sur une tradition religieuse qui l'habite, et à laquelle il tient ; mais finalement envers laquelle il n'est pas engagé; c'est ce que lui fait remarquer Maurice, plus âgé de quelques années.

La pratique religieuse de Lancelot, est étroitement liée aux événements qui l'obligent d'être présent dans une église. La raison de sa présence à ces cérémonies, relève plus de l'aspect social traditionnel, que de la spiritualité. Elle émerge cependant lors d'une plage silencieuse ou musicale, et au cours de ces instants où les yeux parcourent la beauté des lieux, environnée d'encens et d'une vague psalmodie latine, et rappelle un mystère qui dépasse de beaucoup la raison de sa présence.

Finalement, quelle différence entre une tenue en Loge, et une messe ; sinon que la première, en plus petit comité, satisfait mieux la raison et la fraternité; et que l'autre, marque culturelle et religieuse d'un territoire, satisfait l'entre-soi ?

Maurice, comme ancien ordonné accompagne de jeunes jésuites dans leur vocation. Il partage régulièrement avec Lancelot, les nouvelles problématiques que ces jeunes prêtres doivent parcourir.

En particulier, l'un d'entre eux, je l’appellerai Edmond, se rebelle et se déclare solidaire d'un ami prêtre-ouvrier à qui la hiérarchie demande de quitter son travail. Maurice note de plus en plus de conflits entre la conscience et l'institution ; les jeunes prêtres interrogent la réception dans l’Église de tout '' tout ce qui se fait d’important, le développement des sciences, de la critique historique, de la philosophie, de l'économie...''

 

Lancelot retrouve Geneviève, de plus en plus affiliée au Communisme. Cette situation - d'abord une originalité de leur couple - devient de plus en plus difficile.

 

Il ne s'agit plus seulement d'un engagement intellectuel ; Geneviève consent à la discipline rigoureuse du parti. En plus de participer aux réunions de cellule, distribuer la presse du parti, elle accepte des taches administratives quotidiennes au sein de l'Union des femmes françaises ( UFF), tout en y faisant des dons financiers réguliers.

Lancelot devient moins tolérant à ce qui lui semble n'être qu'une intolérable pression idéologique ; comme, soutenir sans condition l’Union soviétique et ses alliés, dénoncer les ennemis du communisme...etc. Il lui rappelle comment Edgar Morin , il y a moins d'une année, a été exclu du parti.

 

De plus, mais Lancelot ne le saura que plus tard ; ses amis communistes incitent Geneviève à se séparer de lui, qui la maintiendrait dans une culture bourgeoise et toxique.

Pour Lancelot, son épouse s'efforce de refouler sa culpabilité de son attitude pendant la guerre, jusqu'à désirer oublier l'existence de sa fille ; même si avec mauvaise foi, elle reproche à Lancelot et sa mère de la lui retirer, et alors qu'elle répète à chacun, qu'il est bien mieux pour Elaine de vivre à Fléchigné.

Depuis peu de temps, un homme Jean F. qui se présente comme cheminot, et aujourd'hui l'un des 3000 permanents du PC, futur député, accompagne et va jusqu'à venir chercher Geneviève dans leur appartement. Jean, manifestement, s'emploie à provoquer Lancelot, sur ses liens professionnels avec le Vatican, ses idées, et même ses goûts, comme si son seul intérêt était la dispute...

- Staline construit aujourd'hui une société qui donne du sens. C'est du concret, pas de la théologie ; dit-il. Et si le bonheur, pour tous et pas seulement pour les bourgeois, n'était pas au ciel, mais dans ce bas monde ?

Le procès-de-Prague 1952

 

Seulement, nous sommes en décembre 1952. Un ''procès'' vient d'écarter du bureau politique du PC, des personnalités comme André Marty, et Charles Tillon que Lancelot a côtoyé un peu au ministère des armées, sont accusés de déviationnisme, de fractionnisme et de manque de discipline. Cela renvoie aux nombreux procès en Union Soviétique, et actuellement au procès Slánský à Prague.

- Jean le reconnaît : cette décision envers Marty et Tillon, est aussi ''la manifestation de l’unité et de la fidélité au marxisme-léninisme et à l’Union soviétique.''

La presse française du Figaro, à La Croix et Combat, dénoncent le caractère arbitraire et antidémocratique de cette exclusion et la soumission du parti communiste à Moscou.

Pour ce qui est du procès Slánský, la presse française souligne l’antisémitisme du procès, qui frappe surtout des militants juifs ; et pour la plupart d’anciens résistants et antifascistes. Ils seraient accusés de crimes imaginaires et de complots invraisemblables.

- Pourtant, réplique Jean, un article de Sartre, intitulé « Les communistes et la paix », publié dans Les Temps modernes ( décembre 1952), défend la position du PCF sur la question de la guerre et de la paix, en s’opposant à la politique américaine et à la menace nucléaire. Il y critique aussi les intellectuels qui se réclament du socialisme mais qui refusent de soutenir le PCF. Sartre considère qu'il est le seul parti capable de représenter les intérêts des travailleurs et des opprimés. Il y affirme que le communisme est la seule voie pour réaliser une société sans classes et sans exploitation.

 

Geneviève est très impliquée par l'entremise de Dominique Desanti, à l'UFF. Autour de la revue ''Femmes françaises'', l'association féministe revendique 500.000 adhérentes. Il s'agit d'organiser des manifestations, des pétitions, des conférences, des cours du soir, des colonies de vacances et des activités culturelles et sportives pour les femmes.

La revue Esprit, tient à se mobiliser en faveur de la Paix, mais exprime des réserves de s'associer avec les communistes. Domenach l'avait déjà exprimé lors du congrès de la Paix, salle Pleyel en avril 1949, refusant de s'y associer. Si le socialisme démocratique pourrait constituer une garantie de paix, ils rejettent que ce puisse l'être avec un ''socialisme d’État'' tel qu’il est pratiqué en URSS.

Jean-Marie Domenach fait l'éloge de la Yougoslavie et s'élève contre l'idée que le régime de l’Union soviétique aime la paix.

Lancelot participe aux réunions des groupes ''Esprit '', et suit leur actualité grâce au ''Journal Intérieur'' qui est l'organe de communication du mouvement relancé en 1947, et animé par Paul Fraisse. Pour ce qui est de la revue Esprit , elle se veut une revue-carrefour, une revue de rencontres, une revue qui intègre d’autres courants de pensées que le seul courant de pensées de ses fondateurs. Chaque année un congrès se réunit en banlieue parisienne. Les groupes de Lyon ( Jean Lacroix), Grenoble ( Henri Bartoli), Strasbourg, Rennes...etc sont très actifs. On peut ainsi échanger avec Paul Ricoeur, Jean Lacroix, Jean-Marie Aubert, Georges Izard, André Déléage ou encore Louis-Émile Galey.

D'actualité, toujours de nombreux débats sur la Laïcité ; en effet la société catholique considère encore la laïcité comme un pis-aller. Pis-aller, ce qui signifierait que l'idéal de l'Etat terrestre serait l'Etat chrétien. L'état laïc, est une situation de fait, il garantit la liberté religieuse, mais reste en dessous de l'idéal chrétien....

Esprit prend part également à la réflexion sur les questions sociales comme l'humanisme au travail à laquelle prennent part des théologiens comme le dominicain Chenu, et le jésuite Calvez.

Carte satirique de l'Europe en 1952 - David Low

Ce qui intéresse Lancelot de Sallembier, ce sont les différentes visions de l'Europe qui s'affrontent, au sein même des participants aux débats conduits par ''Esprit''. La plupart s'opposent au fédéralisme, alors qu'un Marc Alexandre va le défendre.

Depuis la fin de la guerre, l'Europe suscite la méfiance du totalitarisme. N'est-ce pas tout simplement un mythe réactionnaire ? Les États-Unis, qui tiennent à l'idée, ne veulent-ils pas constituer un bastion stratégique dirigé contre l’URSS ?

Lancelot soutient le plan Schuman, d'une Europe construite autour d'une France neutre, avec pour objectif de constituer une troisième force mondiale. Elle pourrait commencer rapidement avec l'Allemagne et l'Italie ; et concurrencer les États-Unis et l’URSS.

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