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Paul Ricoeur

Publié le par Régis Vétillard

Paul Ricoeur

Paul Ricoeur (1913-2005) a commencé sa collaboration avec la revue Esprit en 1946. Après-guerre il va accompagner tous les engagements de la revue, notamment celui de l'anti-colonialisme.

Lancelot, sans le connaître personnellement, apprécie toutes ses interventions. Pour cela de nombreuses occasions sont produites par les groupes ''Esprit'', lors de congrès, de cessions, ou pour des textes de travail...

Ricoeur, philosophe et enseignant à l'Université de Strasbourg, apporte la rigueur de l'universitaire. C'est un éducateur. Lancelot se souvient de son intervention ''La parole est mon royaume'' reprise dans la revue en 1955. Ricoeur confiait que chaque année, il se donnait l'objectif de lire l’œuvre complète d'un grand philosophe.

Lancelot utilise, les propositions de Ricoeur, pour enrichir ses réflexions et ses discussions avec le père Maillard, en particulier:

Paul Ricoeur va s'élever contre cette ''facilité'' que nous avons de décider qu'il existe, d’un côté, le « monde libre » et, d’un autre côté, le « monde totalitaire » ; et que nous n'avons d'autre choix, que de décider de quel côté nous sommes...

Il s'inscrit dans cette recherche ''personnaliste'' d'une troisième voie, et nous interroge : ne pourrait-on pas conserver, « du libéralisme politique, le respect de l’autonomie de la personne humaine, et du communisme, l’idéal d’une communauté égale et fraternelle. » ?

- Sauf que la société soviétique, n'est pas une communauté égale et fraternelle !

- Je suis d'accord ; et de même : « Comment nos plus justes plaidoyers pour les plus légitimes libertés seraient-ils entendus quand nous appelons “homme libre” le pauvre planteur du Guatemala ou le chômeur des bidonvilles nord-africains ? ».

 

Acceptons, avec le marxisme, de nous situer au niveau idéologique ; avant de revenir à la pratique quotidienne, et donc aux faits..

- Ne peut-on pas échapper au pouvoir de l'idéologie... ?

- Pour un communiste, tout développement intellectuel est idéologique... A contrario, penses-tu que l'idéologie pourrait n'être que systématiquement mauvaise... ?

Pourrait-on se passer de théories pour penser le monde et agir sur lui ? L'idéologie – à la différence de la religion, peut-être – propose un destin collectif, et non un salut individuel.

Les vacances de Monsieur Hulot - Jacques Tati - 1953

Chacun a son analyse du bon fonctionnement d'une société.

Nous ne partons pas de rien, nous participons déjà à une certaine vie sociale. Si on étudie les faits socioculturels, Claude Levi-Strauss, affirme mettre en évidence une ''structure symbolique '', qui permet de comprendre “l’esprit humain”, car elle est le produit d’une “fonction symbolique”, commune à tous les hommes.

Cette '' fonction symbolique '' est tout simplement la capacité d’avoir des représentations mentales. Elle permet à tout individu d’habiter pleinement son humanité en transcendant la matérialité de son existence et en s’affranchissant du déterminisme de l’instinct. L'intérêt de mettre en valeur cette fonction permet de comprendre comment nous mettons du sens sur le monde, comment nous le vivons et comment nous communiquons à son sujet...

 

Paul Ricoeur reprend le concept de fonction symbolique comme une fonction de l’imagination qui permet de donner un sens à l’expérience humaine.

L'idéologie, nous dit-il, est cet ensemble cohérent « de médiations symboliques (mythes, légendes, récits historiques, valeurs structurantes…) par lesquelles se structure la réalité sociale et politique. »

« Si l’on n’accorde pas que la vie sociale a une structure symbolique, il n’y a aucun moyen de comprendre comment nous vivons, faisons des choses et projetons ces activités dans des idées, pas le moyen de comprendre comment la réalité peut devenir une idée ou comment la vie réelle peut produire des illusions ; elles ne seront toutes que des événements mystiques et incompréhensibles. » ( P. Ricœur, L’idéologie et l’utopie )

 

Le marxisme se méfie d'une idéologie qui serait une forme de ''fausse conscience'' qui cacherait la réalité, comme par exemple la domination de classe, l'exploitation sous l'apparence des institutions.

Le marxisme prétend accéder à une réalité cachée derrière les apparences. Cette réalité est considérée comme la véritable nature des choses et est souvent appelée la '' réalité à nu ''.

Un exemple de la «réalité à nu» pourrait être la relation entre les travailleurs et les propriétaires des moyens de production. Selon le marxisme, cette relation est cachée par les phénomènes qui sont visibles à la surface de la société, tels que les relations salariales et les contrats de travail. La «réalité à nu» est que les travailleurs sont exploités par les propriétaires des moyens de production qui tirent profit du travail des travailleurs.

 

Pourtant, Ricoeur, critique cette prétention à « accéder à une '' réalité à nu '', à une pure praxis désymbolisée.. » et le concept de ''fausse conscience'' du marxisme. Il affirme que la conscience n’est jamais complètement fausse ou vraie. Selon Ricoeur, la conscience est toujours en mouvement et est influencée par des facteurs tels que l’expérience personnelle et les relations sociales.

 

Toutefois, il est vrai que l'idéologie est souvent présentée de manière négative, parce qu'opposée au réel. L'idéologie peut amener à distordre le réel.

 

Marxiste ou libéral, nous devrions parler d'un système, qui aurait fait la preuve de la démocratie, et de la justice... Mais, entre communisme et capitalisme, existe-t-il ?

Ricoeur imagine un régime basé sur « les principes du libéralisme politique au cœur même de l’État planificateur »

 

Le piège du marxisme, et de sa notion de classes sociales, et de classe dominante, c'est de rester fasciné par le problème de la ''domination''.

Et en premier lieu, se demande Lancelot, peut-être celle de la domination de l'homme sur la nature...

Un deuxième piège est celui de s'ériger en science... Nous avons vu précédemment le problème que pose la ''science prolétarienne''. !

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