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1941- la Pierre du Graal -1

Publié le par Régis Vétillard

A Fléchigné, Anne-Laure remet à son fils, une carte du Tarot qu'elle lui confie... A méditer : Le Bateleur.

Le Bateleur a à sa disposition plusieurs instruments. Peut-être aussi, est-il nécessaire de bien garder à l'esprit, la nécessité de pouvoir discerner... Ce bateleur, est à l'image de Merlin et doit faire face à deux dragons : le dragon rouge et le dragon blanc ils paraissent entrelacés.

 

Retour rapide à Paris, où une personne, assez nocive, sans aucun doute ; pourrait peut-être en dire beaucoup plus... Il s'agit du nazi Gerhard Krüger, qui semble donner beaucoup d'importance à toutes les légendes germaniques, et que Lancelot a l'opportunité d'interroger.

Krüger s'étonne de l'intérêt d'un français pour Eschenbach; et le prévient que cet intérêt pour la Pierre du Graal pourrait le mener sur des espaces qu'un français – à son avis – est incapable d'appréhender...

Il ne s'agit pas, seulement, de littérature, insiste t-il... et insinue que son collègue Abetz, lui, s'imagine que français et allemands peuvent se comprendre précisément par ce biais, alors qu'il est bien trop superficiel... Ici, il s'agit des racines qui nourissent l'âme allemande... Cependant, Lancelot arrive à le convaincre de donner une chance à ce qu'un français puisse en connaître les rudiments.

Krüger le confie aux soins d'un collaborateur de l'institut allemand, Hans F., féru de ces thèmes ésotériques...

Quelques jours plus tard, Hans F. invite Lancelot à le rencontrer dans son bureau.

- Je me suis renseigné sur vous... Vous êtes franc-maçon...

Ne vous inquiétez pas.... Moi aussi; enfin, jusqu'en 1933. En effet, la Grande Loge nationale des Francs-Maçons d’Allemagne a cessé d’exister en tant qu’institution maçonnique et s'est transformée en Ordre germano-chrétien des Templiers [Deutsch-Christlicher Orden der Tempelritter] », avant lui-même de clore ses travaux, en 1935. Hitler se méfie des sociétés secrètes; et préfère que nous puissions travailler en toute lumière. Les adjoints du Führer, Himmler, Hess sont très intéressés par les travaux sur notre culture germanique.

Pierre Isaïs - D.H.v.S.S

Hans F. va prêter quelques documents allemands sur la société Thulé, par exemple, et même sur cet ordre, à l'origine de la société Thulé, ''Die Herren vom Schwarzen Stein'' (D.H.v.S.S) .

Je note ci-dessous la prise de notes, à partir de ces lectures, et de ces conversations.

 

La croix des Templiers est appelée la "croix marcioniste", la croix aux épine, insigne des adeptes de Marcion. Marcion, déclaré hérétique, professe - que Jésus n'est qu'un homme, en qui Dieu s'est incarné jusqu'à la mort pour les en libérer; et - que le Dieu d'amour chrétien ne peut pas correspondre au dieu de colère de l'Ancien Testament. On a fait de cette théologie, une croyance dualiste qui verrait dans le monde la confrontation de deux dieux, celui du mal et celui du bien … On y voit également une rupture entre le premier testament juif, et un nouveau testament chrétien.

Rudolf von Sebottendorff (1875-1945) suit cette voie, et va encore plus loin, déniant au Christ l'originalité de son enseignement, qui serait emprunté à une culture païenne beaucoup plus ancienne, et aryenne.... Il sera le fondateur de la Société Thulé, en 1918 à Munich, issu du courant völkisch. Rudolf Hess va devenir l'un des animateurs.

L'Untersberg - Barberousse

 

Hitler vient se détendre et réfléchir dans sa maison de campagne bavaroise, le Berghof, située à Obersalzberg, face à l’Untersberg. Cette montagne est un des endroits les plus légendaires d’Allemagne, lieu de grottes et souterrains qui cacheraient des nains, premiers habitants de la terre. Il serait le siège du dieu Wotan. De nombreuses personnes seraient ici disparues, les portes de souterrains emmenant vers d'autres dimensions, sortes de tunnels temporels...

Les traditions parle encore d'une commanderie de Templiers, d'une apparition de la déesse Isais, et du dépôt de puissantes reliques comme le Graal. Le Graal est vu comme une pierre tombée du ciel, de la couronne de Lucifer. Sur l’Untersberg, est évoqué le voyage d’Isais à travers l’enfer, déguisée en homme, pour récupérer le Graal; et qu'elle ramène sous la forme d'une pierre noire. Elle la remet aux Templiers allemands sur l’Untersberg.

Cette pierre est un cristal de roche, qui permet, à travers lui, aux énergies spirituelles de se manifester. Hildegard von Bingen, a écrit que l’améthyste, qui procure maîtrise et sagesse, pouvait effrayer les serpents; que l’émeraude aide à garder le contrôle sur l’esprit et à rester vigilant.

Isaïs - Vril

 

On revient à l’Untersberg - considéré '' comme le siège des dieux et la montagne du destin'' - avec un templier Hubertus Koch, qui revient des croisades en 1221, et décide d'y construire le temple d'Isais. Les chevaliers l'atteignent par un passage souterrain.

Le ''D.H.v.S.S.'', c'est à dire ''les seigneurs de la pierre noire'', révèlent que Isais leur aurait apporté la Pierre du Graal.

Isais n’est pas une déesse, mais plutôt un être d’une autre dimension. Isais, comme la soeur d'Athéna, comme un des aspects d'Isis, ou l'enfant caché d'Isis et de Seth, comme la compagne de Mithra, comme la déesse de l'amour, Vénus, Aphrodite... Isais a ses adeptes, avec en particulier les femmes de la société du Vril, autour de Maria Orsic.

Nb/ Ci-dessous:

Extrait de '' L'Âne d'or ou les Métamorphoses'' d' APULEE - 13. Le livre d'Isis (XI, 1, 1 - XI, 30, 5)

Il s'agit, dans ce texte, de la prière de Lucius « Reine des cieux, qui que tu sois, (…) Vénus céleste, qui, dès les premiers jours du monde, donnas l'être à l'Amour pour faire cesser l'antagonisme des deux sexes, et perpétuer par la génération l'existence de la race humaine; » et l'apparition d'Isis : « la divine apparition daigna m'honorer de ces paroles (…)

Je viens à toi, Lucius, émue par tes prières. Je suis la Nature, mère de toutes choses, maîtresse des éléments, principe originel des siècles, divinité suprême, reine des Mânes, la première entre les habitants du ciel, type universel des dieux et des déesses. L'Empyrée et ses voûtes lumineuses, la mer et ses brises salubres, l'enfer et ses silencieux chaos, obéissent à mes lois: puissance unique adorée sous autant d'aspects, de formes, de cultes et de noms qu'il y a de peuples sur la terre. (2) Pour la race primitive des Phrygiens, je suis la déesse de Pessinonte et la mère des dieux; le peuple autochtone de l'Attique me nomme Minerve Cécropienne. Je suis Vénus Paphienne pour les insulaires de Chypre, Diane Dictynne pour les Crétois aux flèches inévitables. Dans les trois langues de Sicile, j'ai nom Proserpine Stygienne, Cérès Antique à Éleusis. (3) Les uns m'invoquent sous celui de Junon, les autres sous celui de Bellone. Je suis Hécate ici, là je suis Rhamnusie. Mais les peuples d'Éthiopie, de l'Ariane et de l'antique et docte Égypte, contrées que le soleil favorise de ses rayons naissants, seuls me rendent mon culte propre, et me donnent mon vrai nom de déesse Isis»

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1941 – L'Empereur

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot profite de sa proximité avec Ferdinand Lot, pour aller le voir et l'interroger sur l'histoire du Saint-Empire Romain germanique.

De juin à août 1940 , il a quitté Paris et, il ne craint pas de prendre nettement position contre la politique de Vichy. Proches de lui, son gendre Boris Vildé, Anatole Lewitsky s'engagent contre les occupants. Co-fondateurs du ''réseau'' du Musée de l’homme, les deux hommes sont arrêtés et seront fusillés au Mont-Valérien le 23 février 1942.

Six semaines après cette exécution, Ferdinand Lot sera emprisonné à Fresnes quelques jours par la Gestapo.

Ferdinand Lot se dit très attaché à sa patrie. Et, il le doit au ''petit peuple'', parce que contrairement à lui, les élites s'adaptent facilement au nouveau conquérant. C'est, je crois, dit-il un trait objectif.

 

Le professeur F. Lot est un spécialiste de l'histoire du Saint-Empire Romain germanique.

- L'histoire se continuerait-elle avec le IIIème Reich.. ? Le professeur semble horrifié... « l'Histoire c'est le Discontinu ! » - Que voudriez lire dans les faits historiques ? Une évolution ? Comprenez-bien que « nous sommes victimes d'une métaphore : l'évolution, au sens scientifique du terme, n'existe qu'en biologie ».

Charlemagne - Empereur

- Vous ne pensez pas que l'Histoire se répète ?

- Plus précisément, je dirais que, quand j'écris l'Histoire, je ne pense pas la destiner à éclairer l'avenir.

- L'avenir, je ne sais pas.... mais, le présent, si ...

- Faites attention; et c'est un historien qui vous parle: la relation que j'ai aux évènements est relative; sachant les efforts que je peux faire pour les saisir, dans un passé aboli.

- Et le Reich?

- Une volonté sans aucun doute de s'inscrire dans la suite des Empires allemands. Je note qu'ils le nomme ''Le Reich'' et mentionnent également sa durée de mille ans : das tausendjährige Reich.

- Et l'Empire Romain Germanique? - Etiez-vous au courant, que Hitler en 1938 - après l'Anschluss - a repris les insignes et ornements du souverain du Saint-Empire, couronne, spectre, orbe...etc déposés à Vienne, pour les ramener à Nuremberg?

- Oui. D'ailleurs, j'ai lu un article qui fait remonter les ''Regalia'', à Charlemagne. Sans doute pour joindre ces symboles au 1200ème anniversaire de Charlemagne ( 742-1942). Plus exactement, le premier Reich commence avec le couronnement d' Otton 1er, en 962. Il devient Empereur des romains par le pape Jean XII, et restaure l'empire de Charlemagne. L'Empereur accède à un statut sacré, symbolisé par la couronne octogonale.

La date de l'abandon par François II de sa qualité d'empereur des Romains - le 6 août 1806 - peut être considéré comme l'acte de décès légal de l'Empire romain.

Autre chose : N'oubliez pas qu'une des fonctions impériales est d'être le défenseur de la Papauté et de l'Église romaine.

Hitler pourrait plus facilement se rapprocher de Frédéric II, qui se voyait le successeur des empereurs de la Rome antique et a souhaité créer un empire universel et autorité suprême, en opposition au pape.Et si vous souhaitez que je fasse des rapprochements entre le passé et le présent, je pense aux chevaliers teutoniques qui portaient des croix noires, et rappellent les soldats de l'armée allemande. Le moyen-âge reste pour les tenants d'un empire germanique un élément identitaire.

Le Mythe Barbarossa

- Tenez, je pense encore à autre chose : Guillaume Ier, roi de Prusse, Ier empereur allemand, a fait édifier vers 1895 un monument, dont la base repose sur une statue de  l'empereur du Saint Empire Frédéric Barberousse qui se réveille d'un long sommeil. Ceci conformément à ce que dit la légende : Barberousse se serait, avec sa suite de fidèles, endormi dans une caverne au cœur du Kyffhäuser, d'où il se réveillera un jour pour rétablir l'empire germanique dans son unité et sa splendeur.

Cela ne vous fait pas penser au Roi Arthur, reçu blessé à mort dans l'île d'Avalon et qui d'après la prophétie reviendra pour défendre son pays ?

Barberousse meurt, au sommet de sa gloire, de façon inattendue pendant la croisade en 1190. Dès sa mort, de nombreuses prophéties apparaissent pour annoncer un empereur qui achèverait sa tâche ; à moins qu'il ne soit pas vraiment mort... ! 1190 est aussi la date de création lors du siège de Saint-Jean-d'Acre de l’ordre des chevaliers Teutoniques.

Lancelot, rappelle lui, que c'est aussi le temps de la croisade puis de la captivité de Richard Cœur de Lion en Allemagne.

Paris-Soir - 23 juin 1941 -

Les nazis réactivent la légende, avec l'expression ''troisième Reich'' qui serait le nom de l'empire gouverné par la race des seigneurs et qui doit durer mille ans

 

Hitler lance avec l'opération Barbarossa, la croisade contre le judéo-bolchévisme. Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie envahit l’Union soviétique et présente l'opération comme une grande croisade de l’Europe civilisée contre les hordes athées de la barbarie bolchevique.

 

Pour Lancelot, cette carte du Tarot de l'Empereur, est vraiment d'actualité. Mais quel lien pourrait-il exister entre l'Empereur, ou le Führer ; et la Pierre du Graal ?

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1941 – Fléchigné – la Sainte-Lance

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot et sa mère rejoignent Fléchigné. Trajet en train par Laval, puis Mayenne.

Ils apprennent que la Feldkommandantur de Laval a exigé du préfet « la création et la tenue d’un fichier des juifs en Mayenne ». « 147 fiches cartonnées sont établies, elles mêlent Français et étrangers »

Revenir à Fléchigné, entrer dans la cour, franchir le seuil de la maison, sentir l'odeur caractéristique qu'accompagne la respiration de l'horloge qui accueillaient déjà l'enfant qu'il était; c'est - davantage aujourd'hui - revenir à l'espoir d'un peu de sécurité. Par ici, on n'a encore vu aucun allemand ; par contre le village, à côté, s'est mis à l'heure du nouveau régime ; il faut rester prudent.

 

Anne-Laure et Lancelot prennent le temps de parler. La bibliothèque, les ''trésors'' familiaux pieusement rangés mais disponibles, permettent à leur contact, d'approfondir un ''retour sur soi'' et de l'inscrire dans l'histoire familiale, Anne-Laure y tient beaucoup.

Que de rencontres riches d'hommes et de femmes, que d'idéaux passionnants et d'engagements contradictoires !

 

Lancelot pose les deux cartes de Tarot qui ne le quittent plus : le Fou et l'Empereur.

Anne-Laure les examine.

- C'est naturel de commencer avec le Fou. C'est le chercheur ; celui auquel il faut s'identifier. Il doit questionner et expérimenter. C'est le chevalier au départ de la Quête...

- L'empereur, c'est le pouvoir. L'apparence est importante ; en témoignent la valeur des symboles de pouvoir. Comme le roi Arthur, il tire son énergie créatrice du contact avec '' L'autre Monde''

Lancelot revient à cet homme, qui semble t-il, s'était présenté sous le nom de Lithargoël ( pierre brillante...). Que cherchait-il et pourquoi s'est-il volatilisé ?

Son souci était une pierre ; et la solution concernait une rose....

Anne-Laure continue : - Et cette pierre promise par l'ange Lithargoël, est du même ordre que la pierre du Graal de Wolfram von Eschenbach

- Wolfram, qui fait dire à Trevrizent pour Parcival « si lebent von einem steine :.» (…) « er heizet lapsit exillis... ( « ils vivent par la vertu d'une pierre :.. » « elle s'appelle lapsit exillîs... » : Il s'agit du Graal selon Wolfram, reprend Lancelot.

Lancelot s'interroge sur les liens de la '' lapsit exillîs'' avec la tradition du Graal qui lui semble plus celtique que germanique ?

Sa mère, Anne-Laure de Sallembier, connaît bien ce sujet et c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'elle reprend pour son fils le cadre des histoires qu'il a bien souvent entendues.

Elle fait état des légendes allemandes, rapportées par les plus illustres poètes, lors du ''Tournoi de la Wartburg'' ( vers 1200). On évoque alors qu'une pierre aurait sauté de la couronne de Lucifer lorsque Dieu le précipita du ciel.

- D'accord, pour la pierre du Graal, pour Parsival.... mais qu'en est-il de Merlin, du roi Arthur ?

- Merlin est représenté dans les Chroniques de Nuremberg, de Hartmann (1493), ainsi que « Arturus rex » (Roi Arthur). Cette œuvre - une histoire du monde illustrée – depuis la création, reprend une compilation d’histoires anciennes et de chroniques médiévales. Albrecht Dürer a fait son apprentissage auprès de l'illustrateur de la '' Chronique ''.

On y trouve le roi Arthur et Merlin, auprès de personnages comme Attila le Hun ou diverses têtes couronnées européennes, ou la papesse Jeanne ( on affirmait qu’une femme déguisée en homme avait été élue pape de l’Église catholique au IXe siècle ).

 

La Sainte-Lance, la relique chrétienne de la lance du romain Longinus qui transperça les flancs du Christ, est évoquée lors de la procession du Graal, décrite par Chrétien de Troyes. On la retrouve en Bavière en 955, tendue par Otton Ier pour donner confiance à ses soldats et lui donner la victoire. Charlemagne l’aurait reçue du pape Léon III. En 1938, c'est le chancelier du Reich qui la tient dans ses mains ; il l'avait déjà aperçue en 1912, derrière une vitre à la Hofburg.

 

Lancelot ne peut pas s'empêcher de faire la relation entre sa carte l'Empereur, et le souverain du Saint-Empire romain Germanique, et pourquoi pas Hitler, comme Führer du Troisième Reich?

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1941 – Paris -4- Avenue Victor-Hugo.

Publié le par Régis Vétillard

Paris-Soir - Drieu_la_Rochelle, Robert_Brasillach, Abel_Bonnard

Alors que les anciens ministres Édouard Daladier, Léon Blum, Paul Reynaud et Georges Mandel sont inculpés à la détention à vie dans une enceinte fortifiée par le maréchal Pétain pour avoir « trahi les devoirs de leur charge » ; au même moment Goebbels, ministre de la propagande, organise à Weimar un congrès international des écrivains pour discuter de la littérature dans l'Europe à venir : la délégation française est la plus importante : Drieu la Rochelle, Ramon Fernandez, André Fraigneau, Marcel Jouhandeau, Abel Bonnard, Robert Brasillach, et Jacques Chardonne. Ce train pour Weimar, symbolise ce que l'on appelle '' la collaboration''. Drieu le reconnaît : l'intellectuel ne peut être qu'aveugle aux dessous de l'action à laquelle le politique veut le mêler. Bergery en conclue: « Drieu ne comprend rien à la politique. Il croit toujours que les politiques vont faire des choses merveilleuses, accomplir des miracles... » Et, Drieu d'en rajouter : « Oui, je suis d'intelligence avec l'ennemi. J'apporte l'intelligence française à l'ennemi. » ( cf Exordre )

 

Le long de l'avenue Victor-Hugo, et dès que Lancelot est sorti de son appartement, à partir même de l'escalier qui le conduit dans le grand hall du rez-de chaussée, devant la porte de la concierge, la collaboration, la politique, sont là: celle de Vichy ou des allemands. Il y a cet appartement qui appartient à un homme politique qui s'est embarqué pour Londres avec ses enfants, et qui fait l’objet d’une réquisition officielle par les autorités d’Occupation.

Il y a cet étranger, peut-être un homme d'affaire russe, aux manières de prince qui vient d'acheter, à côté, un hôtel particulier. Il mange souvent au Traktir, au N°16, ce restaurant très fréquenté par les officiers allemands comme par leurs amis. Pourtant, y travaille comme maître d'hôtel, Maurice Rossi, très bon observateur qui renseigne efficacement Gilbert Ranault dit ''Raymond'' puis, ''colonel Rémy''. C'est de là, que Louis de La Bardonnie (1902- ) et sa femme Denise organise des points de passage à la ligne de démarcation; et peut abriter éventuellement ensuite en son château de la Roque. C'est du château, d'ailleurs, le 17 mars 1941, qu'eut lieu d'un poste émetteur, la première liaison radio avec Londres.

 

Le deuxième bureau de l'armée de l'armistice signale à Lancelot, l'organisation de résistance appelée OCM, chez Jacques Arthuys (1894-1943), en son domicile, 72 avenue Victor Hugo. Avocat, puis industriel, il est un ancien militant de l'Action Française. Il travaille, là , avec une princesse russe Véra Obolensky, à créer des filières de passage en zone libre, à monter un service de renseignements; c'est à ce propos qu'il rencontre le frère Roger Souchère, par ailleurs, quelqu'un de profondément attaché à la maçonnerie traditionnelle. Lancelot n'aura pas longtemps les moyens de le connaître davantage, Souchère va être arrêté et déporté par les allemands.

Au domicile de Georges Mandel - 67 avenue Victor-Hugo - arrêté donc le 8 août 1940 au Maroc, le commando Künsberg s'empare de sa collection d'oeuvres d'art.

 

Dans un hôtel du 6 avenue Victor-Hugo, vit Walter Schubert ( né le 18 août 1923) à Vienne, avec sa mère. Il est arrivé en France fin 1933, accompagnés de ses parents ; sa profession : mécanicien sur machine à écrire. Il parle, lit et écrit parfaitement le français. Il est de confession juive, son père a été déporté vers l'est par les autorités allemandes.

14 mai 1941 - La « rafle du billet vert »

Le 13 mai 1941, apporté par un agent de police français, Walter reçoit une ''invitation'' verte pour le lendemain, pour un ''examen de situation ''. Il décide de ne pas s'y rendre. Lancelot fait sa connaissance le lendemain, chez sa concierge ; il l'invite chez lui, et lui propose de le cacher.

Le 14 mai à Paris, 3700 juifs se rendent à la convocation. Ils ne savent pas qu'ils vont être arrêtés, déportés, supprimés.

Walter Schubert franchira la ligne de démarcation près de Chalons sur Saône, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942. Il sera arrêté à Claix par la gendarmerie française, lors de la rafle du 26 août 1942 ( zone libre), et déporté. Il va décéder le 7 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne).

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1941 – Paris -3- Boris Vildé

Publié le par Régis Vétillard

Boris Vildé

C'est l'abbé Degoué ( Fléchigné) qui avait permis que Lancelot rencontre Myrrha Borodine ; c'était au sujet du '' Lancelot-Graal'' dont elle est une spécialiste. Depuis, sa mère continuait de fréquenter la tribu de Ferdinand Lot. Elaine avait sympathisé avec Irène, l’aînée des filles Lot, Irène, mariée avec Boris Vildé (1908-1942). Elaine avait été séduite par la spiritualité orthodoxe.

Après l’armistice de 1940, Myrrha, a écrit une lettre indignée au cardinal Baudrillart qui incline, dit-elle, à la sympathie envers Hitler !

Nous savons ( à présent) que Boris a créé l'un des premiers réseaux de Résistance, appelé plus tard le « Réseau du Musée de l’Homme ». En septembre 1940, Irène et Boris rencontrent le physicien Robert Debré, et une amie à lui, Mme de la Bordonnaye... Ils évoquent l'idée de créer un journal, pour contrer Radio-Paris et la presse autorisée. Vildé avec son ami Anatole Levitsky, et Yvonne Oddon, bibliothécaire du Musée, rédigent des tracts... Bientôt le groupe s'étoffe, et le premier numéro de ''Résistance'' va paraître le 15 décembre 1940.

Boris et Irène, à la suite d'un séjour en Bretagne, mettent au point des moyens pour exfiltrer des personnes vers l'Angleterre.

Le 6 janvier 1941, Boris et Irène font la connaissance de Jean Paulhan, la tête pensante des éditions Gallimard et le fondateur de la NRF ; il accepte de rejoindre le comité de rédaction de Résistance ; (c'est grâce à l'intervention de Drieu la Rochelle, qu'il ne sera pas arrêté.). Paulhan avait déjà manifesté beaucoup d'intérêt aux conférences de Lewitsky ( Collège de sociologie) sur le chamanisme.

Le n° 3 de ''Résistance'' reproduit un discours de Churchill: " Nous ne capitulerons jamais ". Une longue notice est consacrée à Henri Bergson qui vient de mourir... Enfin, le n° 5, le dernier, sera confié à Pierre Brossolette...

Le 26 mars 1941, Boris Vildé est arrêté par la Gestapo, trahi par un agent de liaison qui était en fait indicateur à la solde des allemands.

Le nom et les coordonnées de Lancelot, vont être dévoilés à partir des tableaux de loge saisi par les allemands. A partir d’août 1941, des listes de noms sont diffusés ; et Lancelot reçoit de la part de l'administration à laquelle il est attachée, un courrier qui stipule sa démission d'office.

Albert Lantoine, que Lancelot visite, chez lui, au 24 rue de Navarin lui conseille de quitter Paris. Lui-même, a déjà reçu la visite peu amicale d'officiers allemands ; au mois de février ils lui ont saisi tous ses livres, et même ses manuscrits, dont celui sur Lafayette en cours de travail, et sur la duchesse de Lamballe qu'il venait d'achever. Lantoine est l'un des créateurs de la loge ''le Portique'' dans laquelle Lancelot a été initié, et où selon ses propres mots : « les questions philosophiques provoqueront notre intelligence. » ; il insistait souvent sur le fait que la vie politique - avant la guerre - prenait « une place trop grande dans les préoccupations journalières ; en loge nous voulons considérer les choses au seul point de vue philosophique et critique – avec calme, avec douceur – et disons le mot : avec sérénité »

Albert Lantoine, est un passionné d'histoire, il connaît bien Oswald Wirth, apôtre de la maçonnerie écossaise spirituelle, qui a été le secrétaire de Stanislas de Guaita.

Wirth, en 1927, a publié un ouvrage sur les 22 arcanes du Tarot, qui lui servent de balises sur un chemin initiatique nourri aux traditions de l'alchimie, des bâtisseurs de cathédrales...

 

Lancelot raconte son histoire avec Lithargoël, au château d'Uriage et ses cartes du tarot, qu'il lui a transmises : l'Empereur, et le Mat ( le Fou) .... Albert Lantoine commente : l'Empereur fait référence au Créateur, au concret... Wirth qui a dessiné les arcanes majeurs, fait asseoir l'Empereur sur un cube, la pierre cubique du maçon ( un idéal); mais aussi, avec la représentation d'un aigle noir, comme une incarnation obscure , on peut voir ici une image d'oppression, d'orgueil … Le Fou, nous met en garde contre des divagations de notre esprit « dès qu'il prétend dépasser les limites du réel ». Le lynx qui nous mord le mollet, nous contraint d'avancer vers notre destinée...

Actuellement, Wirth, handicapé et cloué sur un fauteuil, a été accueilli au château de la Rochère par les arrière-neveux de Stanislas de Guaita. Lui aussi, s'est fait enlevé sa bibliothèque à Paris ; et reçut au château certains visiteurs allemands qui s'en sont allés avec tous ses dossiers.

 

Lancelot, par l'intermédiaire de Pierre d'Harcourt, reçoit de Louis Rivet ( le SR de Vichy) une mission en Angleterre qui nécessite une certaine préparation.  Ainsi, même licencié du ministère, Lancelot reste opérationnel dans le cadre de l'armée de Vichy. On lui procure même les papiers nécessaires, qui lui permettent de se réclamer de l'Entreprise générale des travaux ruraux (TR), dépendant du ministère de l'agriculture de Vichy.

Pour le moment, il s'agit de faire passer un maximum de renseignements vers Londres. Près du métro Censier, le café '' Le Mirbel '' sert de boîte aux lettres ( une case derrière la caissière permet d'y déposer du courrier).

Malheureusement, Pierre est repéré ; le 9 juillet 1941, il est arrêté à la station de métro de la Porte Maillot ; il tente de fuir, mais est blessé par balle ; puis hospitalisé et incarcéré à Fresnes.

Anne-Laure de Sallembier connaît Robert d'Harcourt, le père de Pierre et dont la mère Ghislaine est une Caraman-Chinay et sœur de la comtesse Greffulhe. Robert d'Harcourt va multiplier les démarches pour sauver son fils, à Vichy et jusqu'en Hongrie d'où la femme du ministre Kallay intervient auprès d'Hitler... Sa condamnation à mort sera commuée en déportation.

 

Lancelot revoit Brossolette qui s'est établi libraire, mais, il n'arrive pas à gagner sa confiance, peut-être du fait de sa dépendance, jusqu'à présent, de Vichy. Il est vrai qu'il est de venu difficile de se fier, même à quelqu'un que l'on connaît...

 

A Paris, depuis fin 1941, l'opinion publique a changé de camp.... « le pays tout entier a désormais le sentiment de sa servitude... Il ne sait pas encore ce qu'il veut, il sait du moins ce qu'il ne veut pas : tout ce qu'il subit. » Jean Guéhenno.

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1941 – Paris -2- Drieu la Rochelle

Publié le par Régis Vétillard

Le 13 novembre 1941, Drieu la Rochelle fait paraître ses ''Notes pour comprendre le siècle''. Ce livre a intéressé Lancelot pour sa manière intelligente et courageuse de comprendre les raisons qui ont conduit les français à ce désastre actuel. Il est courant de mettre en avant des responsabilités superficielles et institutionnelles ; Drieu préfère ici étudier la question culturelle du déclin et la renvoie à chacun : ne s'agit-il pas d'un déséquilibre du corps et de l’esprit ? Il en fait une lecture historique.

 

A la Renaissance :  « Dans les villes commence à se former la conception bourgeoise de la vie, la conception intellectuelle et rationaliste de l’homme sans corps, de l’homme assis » (p. 43). Il présente la Réforme comme une déviation du christianisme dans un humanisme rationaliste.

Un premier romantisme détache l'esprit de l'homme de son corps, dans une mystique matérialiste exaltant une vision dégradée du corps. Cependant Drieu analyse, dans le mouvement symboliste, une reprise du romantisme vers cette fois une mystique de la force par un retour au corps. Drieu apprécie – dans ce sens – Claudel ; « le cercle est bouclé, l’homme s’est reconstruit, l’âme et le corps après une si longue séparation se sont rejoints » (p. 87).

Le prophète Nietzsche, « jette un anathème écrasant et bientôt définitif sur tout le rationalisme » (p. 105).

Drieu pense que le national-socialisme peut retrouver l'harmonie médiévale : « L’homme nouveau a réuni les vertus qui étaient depuis longtemps dissociées et souvent opposées les unes aux autres : les propriétés de l’athlète et du moine, du soldat et du militant » (p. 120).

- Cette notion de force, n'est-elle pas pour le fascisme un moyen d'embrigader... ? Après tout les universités anglaises utilisent, avec plus de naturel, le culte de l'esprit dans un corps sain ; répond Lancelot.

- Et Nietzche, lui-même, n'est-il pas éloigné de cette folie raciste du nazisme ? Il fait l'éloge du cosmopolitisme européen et de ses différentes cultures grecque, romaine, chrétienne et juive. Le surhomme n’appartient pas à une race : il est un esprit libre, dégagé de la morale religieuse.

- Le fascisme au contraire du symbolisme qui vous va bien, s’absorbe totalement dans l'action. Le symbolisme s'oppose à l'idée de collectivisme... Non ?

Vous voyez le fascisme en esthète, en décadent... Vous êtes paradoxal.

A Paris, la population se sent abandonnée par Vichy... En zone occupée, Vichy semble loin, décalé, soumis.

Jusqu’en fin 1940, les parisiens pensaient voir le Maréchal revenir dans la capitale. De plus en plus de gens pensent que Pétain décide sous l'influence de son entourage ou de l'occupant. Personne ne connaît le nom des ministres, seul celui de Laval est cité, en mal.

A Paris, le préfet gère, sous les ordres des autorités d'occupation ; et l'occupant se sert, abondamment, sans restriction... Des tracts, des affichettes circulent, et imaginent toutes sortes de petites résistances. La manifestation du 11 novembre 1940, initiée par des jeunes a marqué les esprits.

Chaque parisien passe de nombreuses heures à faire la queue. Aussi, ceux qui ont les moyens, paient des coursiers pour effectuer certains achats ; ceux-ci utilisent éventuellement leur carte de priorité ( de blessé de guerre, par exemple).

Lancelot a la chance de profiter des soins d'une bonne, qui s'occupe avec beaucoup de succès de fournir l'essentiel, avec l'aide de la concierge également - personne clé où sa loge sert de lieu d'information, d'échange et de solidarité - le tout grâce aux moyens financiers de la comtesse de Sallembier et de son fils ; et des ressources alimentaires que procurent Fléchigné. Une chose est très difficile à dompter, c'est le froid.

 

Par ce froid février 1941, la proposition faite à la France occupée, est la ''nouvelle Europe'' et à l'appui une Exposition : « La France européenne » inaugurée le 6 juin 1941 à Paris au Grand Palais ; avec réception pour le grand monde. Anne-Laure de Sallembier est invitée avec les personnalités féminines que sont la princesse de Polignac, la comtesse de Chambure ou la duchesse de Noailles qui se pressent également aux galas organisés par Otto Abetz. Fernand de Brinon qui représente le gouvernement français auprès des allemands mène la grande vie, et retrouve régulièrement Josée de Chambrun, la fille de Pierre Laval. Que ce soit lors de premières au théâtre et à l'opéra, ou de grands dîners, les habitués peuvent croiser Otto Abetz et sa femme, Gerard Heller, Ernst Jünger, de nombreux militaires allemands avec les Cossé-Brissac, la duchesse d'Harcourt, le prince de Beauvau-Craon, les Dubonnet, les Morand, le couple Brinon, Jean Luchaire et sa fille Corinne, Arletty, Cocteau, Sacha Guitry...

 

Par exemple, Lancelot put retrouver Jean Luchaire au faite de sa gloire, lors d'une grande soirée en l'honneur du 100ème numéro de son journal ''Les Nouveaux Temps'' et où fut conviée la haute société parisienne ainsi que des personnalités allemandes comme son ami Otto Abetz, ou Ernst Achenbach, le Dr Schleier et le Dr Michel.

 

Lancelot s'est entretenu avec Gerhard Krüger (1908-1994), personnage assez antipathique qui ne tient à parler qu'allemand. Il se présente comme historien, adhérent du NSDAP, et qui défend une spiritualité païenne face à un christianisme qui pour '' l'être allemand'' serait une aliénation. Plus intéressant, il relate comment Hitler a ordonné - après l’Anschluss de l’Autriche au Reich nazi en 1938 – que les insignes impériaux (Regalia) soient rendus au Reich à Nuremberg. Ces '' Reichskleinodien'' sont composés en particulier de la couronne impériale qui a peut-être été portée par Otton Ier ( Xe s.), et de la Sainte-Lance ( de Longinus) obtenue par Henri Ier de Germanie ( père d'Otton, et grand-père d'Hugues Capet...!). "Ce sont les reliques du Reich..."

Hitler devant les Regalia - 1938

Himmler avec la lance de Longin

 

Il est possible également de se retrouver lors de la réouverture de la saison hippique de Longchamps ; vous y croiserez certainement Geneviève Fath, la comtesse d'Oncieu de Chaffardon, la baronne de Beaufort, ou la comtesse de Monjout... Enfin, vous serez peut-être sur la liste des invités de la réception organisée par la Comtesse de Beaumont dans son magnifique jardin parisien.

Si on accepte de se tenir éveillé, de partager un tant soit peu le quotidien des français ; on sent que l'hiver 1940-1941 est dur. Il fait très froid et il n'y a plus le chauffage central, Lancelot a la chance que Louise puisse lui préparer de l'eau chaude dans un pichet de faïence. Chacun vit la difficulté pour se chauffer, mais aussi pour se nourrir... Avec de la chance, sans ticket, on peut avoir des sardines salées de Tunisie, des légumes au vinaigre, des abricots sucrés... On dit que les poils du lupin peuvent remplacer le café...

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