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Religion naturelle et religion révélée : Paul Tillich ( 1 )

Publié le par Perceval

Le christianisme se renie t-il et se dénature t-il  quand il s’écarte si peu que ce soit, dans sa réflexion sur lui-même et sur son message, d’une démarche fondée sur la seule révélation ?


eros-univers.jpgLa « religion naturelle » désignerait une religion où la « nature humaine » n’est pas « réceptrice », comme dans une religion révélée, mais « productrice ». Cette religion trouverait en l’être humain sa source et ses contenus. Ainsi, la réflexion autour de « la divinité », correspondrait à une catégorie de la raison humaine...


Dieu ne se révèle pas uniquement en un point : Jésus-Christ, mais en une ligne : l’histoire… Bien sûr, " l’Un " ne craint pas le paradoxe d’être point et droite… ! L’homme a accès à une dimension historique de la révélation.

L’humain découvre hors de lui, dans le cosmos, un Dieu étranger à son être propre ; et tout à la fois, il rencontre en lui, dans les profondeurs de son être, un Dieu qui ne lui est pas extérieur, mais intérieur et intime.Dieu-transcendant.jpg


Y aurait-il une sorte de « théologie naturelle » qui serait inférieure, ou ne serait-elle qu'une introduction à la théologie de la révélation ?

A l’inverse, un exemple chez Rousseau, la religion naturelle du vicaire savoyard affirme l’inutilité et la nocivité de toute référence à une révélation…

 

La première ne pourrait-elle pas être un point d’attache, un ancrage qui permet à la Parole de Dieu, de nous atteindre ?

 

 

  A suivre ....

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Lecture de l'épisode du Graal

Publié le par Perceval

L’épisode du Graal est une scène « unique », énigmatique et mystérieuse. Elle fera ensuite l’objet de trois commentaires : Graal-porte-demoiselle.jpgcelui de la cousine, celui de la demoiselle à la mule fauve et enfin celui de l’ermite. Ils font appel au « péché » de Perceval, il est chassé du château …

 

Cette scène a un caractère merveilleux, un peu comme s’il s’agissait d’un rêve… Elle n’a pas d’emblée un caractère chrétien. Même si elle se présente comme « liturgique » …Il s’agit de guérir le roi blessé ( entre les hanches ) et de redonner fécondité à sa terre. Perceval ne saura pas y prendre part.

 

S’il y a une procession avec des cierges, un calice… La lance saigne, ce ceux sont des jeunes filles qui portent deux des objets sacrés, et l’assistance  est celle d’un repas fastueux. L’explication de l’ermite invite à voir dans le Graal un ciboire dans lequel est portée l’hostie destinée au père du Roi pêcheur. Aussi, sommes-nous invité à donner une signification religieuse à la lance. Elle saigne, et accuse Perceval de son impiété ( Le christ est mort pour racheter les hommes ). Une partie du mystère du Graal, lui est révélée après sa conversion du vendredi saint.

 

Graal-culte-eucharistie.jpg

 

Le conte du Graal, offre dans cette scène un matériaux qui a subi d’autres influences que le christianisme.Graal-demoiselle.jpg Ce n’est que plus tard, vers l'an 1200, en particulier avec Robert de Boron, que le Graal est la coupe qui ramassa le sang de Jésus Christ sur la croix et la coupe qui se trouva à la Cène.

Un graal entre ses .2. meins

Une damoisele tenoit, (Perceval, 3158-3159)

 

- Dans la tradition médiévale, Il était absolument interdit aux femmes de prendre un tel rôle dans une procession de l’Eucharistie selon l’église catholique.

 

- La règle du silence, était de bonne éducation… Le récit, cependant en fait la critique, et Perceval ne peut s’empêcher de vouloir comprendre : Il cherche à savoir pourquoi « Tant sainte chose est li Graals » ou « Le Graal est chose si sainte » (Perceval, 6351), et à qui l’on fait son service. Mais, il se tait ! Le modèle religieux consistait, alors, à exiger la foi sans questionner…


Par ailleurs, on lit que les aventures de Perceval, vont consister en une exploration de soi :

Au début de sa quête : il savait peu à propos de sa famille jusqu’au moment où sa mère lui explique que son père et ses frères étaient des chevaliers : Perceval rencontre sa cousine à son départ du château du Graal qui lui donne son nom (nous découvrons le nom du Perceval pour la première fois (*)  ). Et, il apprend encore plus de sa famille chez l’ermite, qui lui explique qu’il est son neveu… Le Roi Pêcheur et celui qui est servi par le Graal sont des membres de sa famille.

 

La quête de Perceval est provoquée par son silence qui lui a fait perdre les mystères du Graal, et c’est alors que commence réellement la quête du Graal…

 

(*) Il faut trouver, pour le chevalier, la brèche qui conduit d'un monde à un autre. Perceval l'a trouvée et son nom révèle cette découverte. N'est-il pas celui qui a percé le secret du Val ? En fait, il a su obéir au conseil du mystérieux Roi Pêcheur, à qui il rend visite dans le château du Graal :      « Grimpez le long de cette brèche, lui dit-il, qui est taillée dans le rocher, et, quand vous serez arrivé là-haut, vous verrez devant vous, dans une vallée, une maison où j'habite. Dans le roc, symbole de la densité, une brèche s'ouvre et monte : telle est la voie. »

 

depart-de-la-Quete.jpg

 

Pour le lecteur du Conte du Graal, il s’agit aussi d’une quête, et l’interprétation de l’histoire pourrait être celle-ci : ( à suivre ) :

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La procession du Graal au château du Roi Pêcheur

Publié le par Perceval

Episode du GRAAL, dans le château du Roi Pêcheur: Texte de Chrétien de Troyes

 

Parsifal quête

Et il s'en va, la lance haute, armé comme il était venu.

Il tient chemin toute la journée, sans faire rencontre de nulle créature terrienne qui lui sache indiquer sa voie. Sans cesse il fait prière à Dieu, le Père Souverain, Lui demandant, s'Il le veut bien, de trouver sa mère en bonne vie et en santé.

Il priait toujours quand, descendant d'une colline, il parvient à une rivière. L'eau en est rapide et profonde. Il n'ose s'y aventurer. "Seigneur, s'écrie-t-il, si je pouvais passer cette eau, je crois que je retrouverais ma mère si elle est encore en ce monde!"

Il a longé la rive. Approche d'un rocher entouré d'eau qui lui interdit le passage. À ce moment, il voit une barque qui descend au fil du courant. Deux hommes y sont assis. Sans bouger il les attend, espérant les voir au plus près. Mais ils s'arrêtent au milieu de l'eau, ancrent leur barque fortement. L'homme à l'avant de la barque pêche à la ligne, piquant à l'hameçon le leurre d'un petit poisson pas plus gros que menu vairon.

Le chevalier qui les regarde, ne sait comment il peut passer cette rivière. Il salue les gens. Il leur dit: "Seigneurs, me direz-vous où il est un pont ou un gué?"

Le pêcheur lui répond:

"Non, frère, vingt lieues en aval ou amont il n'est ni gué, ni pont, ni barque plus grande que celle-ci qui ne porterait pas cinq hommes. On ne peut passer un cheval. Il n'est ni bac, ni pont, ni gué.

-Par le nom de Dieu, dites-moi où je trouverai un logis pour cette nuit.

-Vous en aurez besoin, c'est vrai. De logis comme d'autre chose. C'est moi qui vous hébergerai pour cette nuit. Montez par cette brèche que vous voyez là dans la roche. Quand vous serez dessus le haut, vous apercevrez un vallon et une maison où j'habite près de la rivière et des bois."

Pousse son cheval par la brèche jusqu'au sommet de la colline. Il regarde au loin devant lui mais ne voit rien que ciel et terre. "Que suis-je ici venu chercher sinon niaiserie et sottise? Que Dieu couvre de male honte qui m'a enseigné mon chemin! Vraiment, je vois une maison à découvrir ici en haut! Pêcheur, tu m'as dit un beau conte! Tu as été trop déloyal si tu me l'as dit pour me suivre!"

À peine a-t-il ainsi parlé qu'il aperçoit en un vallon la pointe d'une tour. De ce lieu-ci jusqu'à Beyrouth on n'eût point trouvé une tour si bien plantée! Oui, c'était une tour carrée de pierre bise et deux tourelles. L'était en avant une salle et, devant la salle, des loges.

Le cavalier descend par là. "Celui qui m'enseigna la voie, il m'a bien conduit à bon port!" Maintenant se loue du pêcheur et, comme il sait où héberger, ne le traite plus de tricheur ou de félon ou de menteur. Joyeux il s'en va devers la porte. Trouve baissé le pont-levis.

Tout juste est-il dessus le pont qu'il rencontre quatre valets. Deux valets ôtent son armure, un autre emmène son cheval, lui donner avoine et fourrage; le dernier vient au cavalier et lui recouvre les épaules d'un manteau de fin écarlate neuf et brillant. Les valets le mènent aux loges. D'ici au moins jusqu'à Limoges on n'en eût trouvé de si belles. Le cavalier s'y attarde jusqu'au temps où viennent le quérir deux serviteurs. Il les suit. Au milieu d'une vaste salle carrée se trouve assis un prudhomme de belle mine, aux cheveux déjà presque blancs. Il est coiffé d'un chaperon de zibeline aussi noire que mûre. S'enroule autour du chaperon une étoffe de pourpre. De mêmes matières et couleurs est faite la robe du prudhomme. Penché, il s'appuie sur son coude. Au milieu de quatre colonnes, devant lui brûle un clair grand feu. Si grand que quatre cents hommes au moins auraient pu se chauffer autour sans que la place leur manquât. Les hautes et solides colonnes qui soutenaient la cheminée étaient oeuvres d'airain massif. le roi pêcheurAccompagné des deux valets, devant ledit seigneur paraît l'hôte qui s'entend saluer: "Ami, vous ne m'en voudrez point si pour vous faire honneur je ne puis me lever: mes mouvements sont malaisés."

L'hôte répond: "Au nom de Dieu n'ayez souci! Toutes choses sont bien ainsi."

Le prudhomme s'en soucie si fort qu'il fait effort pour se soulever de son lit. Il dit: "Ami, ne craignez point! Approchez-vous! Asseyez-vous tout près de moi. Je vous l'ordonne."

L'hôte s'assoit. Et le prudhomme lui demande:

"Ami, d'où venez-vous aujourd'hui?

-Sire, ce matin j'ai quitté un château nommé Beaurepaire.

-Dieu me garde! Vous avez eu longue journée! Ce matin vous étiez en route avant que le guetteur ait corné l'aube!

-Non sire. C'était déjà prime sonnée, je vous assure."

perceval-recoit-l-epee-du-roi.jpg

Pendant qu'ils parlent entre un valet, une épée pendue à son cou. Il l'offre au seigneur qui la sort un peu du fourreau et voit clair où l'épée fut faite car c'est écrit dessus l'épée. Il la voit d'un acier si dur qu'en aucun cas elle ne se brise sauf un seul. Et seul le savait qui l'avait forgée et trempée.

Le valet, qui l'avait portée, dit: "Sire, la blonde pucelle, votre nièce la belle, vous fait présent de cette épée. Jamais n'avez tenu arme plus légère pour sa taille. La donnerez à qui vous plaira, mais ma dame en serait contente si cette épée était remise aux mains de qui serait habile au jeu des armes. Qui la forgea n'en fit que trois. Comme il mourra, n'en pourra jamais forger d'autre."

Sitôt le seigneur la remet au jeune hôte, la présentant par les attaches valeureuses telle un trésor. Car le pommeau était en or, de l'or le plus fin d'Arabie ou bien de Grèce, le fourreau d'orfroi de Venise. Si précieuse, il lui en fait don: "Beau sire, cette épée fut faite pour vous. Et je veux qu'elle soit à vous. Ceignez-la et dégainez-la."

Ainsi fait le jeune homme en remerciant. Et, la ceignant, laisse un peu libre le baudrier. Tire l'épée hors du fourreau et, quand il l'a un peu tenue, il la remet. Elle lui convient à merveille, au baudrier comme au poing. Et il paraît bien être l'homme à en jouer en vrai baron.

Il confie l'épée au valet gardant ses armes, qui se tient debout près des autres autour du grand feu vif et clair. Puis volontiers vient se rasseoir auprès du généreux seigneur. Telle clarté font dans la salle les flambeaux qu'on ne pourrait trouver au monde un hôtel plus illuminé!

perceval-cortege-du-saint-graal-mini.jpg

Comme ils parlaient de choses et d'autres, un valet d'une chambre vint, qui lance brillante tenait, empoignée par le milieu. Il passa à côté du feu et de ceux qui étaient assis. Coulait une goutte de sang de la pointe du fer de lance et jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille. Le jeune hôte voit la merveille et se roidit pour n'en point demander le sens. C'est qu'il se souvient des paroles de son maître en chevalerie. Ne lui a-t-il pas enseigné que jamais ne faut trop parler? Poser question c'est vilenie. Il ne dit mot.

Deux valets s'en viennent alors, tenant en main des chandeliers d'or fin oeuvré en nielle. Très beaux hommes étaient ces valets qui portaient les chandeliers. En chaque chandelier brûlaient dix chandelles à tout le moins. Une demoiselle très belle, et élancée et bien parée qui avec les valets venait, tenait un graal entre ses mains. Quand en la salle elle fut entrée avec le Graal qu'elle tenait, une si grande lumière en vint que les chandelles en perdirent leur clarté comme les étoiles quand se lève soleil ou lune. Derrière elle une autre pucelle qui apportait un plat d'argent. SangrealLe Graal qui allait devant était fait de l'or le plus pur. Des pierres y étaient serties, pierres de maintes espèces, des plus riches et des plus précieuses qui soient en la mer ou sur terre. Nulle autre ne pourrait se comparer aux pierres sertissant le Graal. Ainsi qu'avait passé la lance, devant lui les pierres passèrent. D'une chambre en une autre allèrent. Le jeune homme les vit passer, mais à nul n'osa demander à qui l'on présentait ce Graal dans l'autre chambre, car toujours il avait au coeur les paroles de l'homme sage, son maître en chevalerie.

Je crains que les choses ne se gâtent car il m'est arrivé d'entendre que trop se taire ne vaut parfois guère mieux que trop parler. Donc, qu'il en sorte heur ou malheur, l'hôte ne pose nulle question.

Le seigneur commande alors d'apporter l'eau, mettre les nappes. Et font ainsi les serviteurs. Lors le seigneur comme son hôte lave ses mains, dans une eau chauffée tout à point. Deux valets apportent une large tour d'ivoire faite d'une pièce, la tiennent devant le seigneur et son hôte. D'autres valets mettent en place deux tréteaux doublement précieux: de par leur bois d'ébène ils dureront un très long temps; nul danger qu'ils brûlent ou pourrissent. Rien de tel ne saurait leur advenir. Sur ces tréteaux les valets ont posé la table; sur la table étendu la nappe. Que dirai-je de cette nappe? Jamais légat ni cardinal ni pape ne mangera sur nappe plus blanche! Le premier plat est une hanche de cerf, bien poivrée et cuite dans sa graisse. Boivent vin clair et vin râpé servi dedans des coupes d'or. C'est sur un tailloir en argent que le valet tranche la hanche et en dispose chaque pièce sur un large gâteau.

Alors, devant les deux convives une autre fois passe le Graal, mais le jeune homme ne demande à qui l'on en sert. Toujours se souvient du prudhomme l'engageant à ne trop parler. Mais il se tait plus qu'il ne faudrait.

À chaque mets que l'on servait, il voit repasser le Graal par-devant lui tout découvert. Mais ne sait à qui l'on en sert. Point n'a désir de le savoir. Il sera temps de demander à l'un des valets de la cour le lendemain dès le matin quand il quittera le seigneur et tous ses gens.

On lui sert à profusion viandes et vins les plus choisis, les plus plaisants qui sont d'ordinaire sur la table des rois, des comtes, des empereurs.

Quand le repas fut terminé, le prudhomme retint son hôte à veiller pendant que les valets apprêtaient les lits et les fruits. On leur offrit dates, figues et noix-muscades, grenades, girofles, électuaire pour terminer et encore pâte au gingembre d'Alexandrie et gelée d'aromates.

Ils burent ensuite de plusieurs breuvages: vin au piment sans miel ni poivre, bon vin de mûre et clair sirop.

Le Gallois s'émerveille de tant de bonnes choses qu'il n'avait jamais goûtées.

Enfin le prudhomme lui dit: "Ami, c'est l'heure du coucher. Si vous me permettez je vais retrouver mon lit dedans ma chambre. Hélas, je n'ai nul pouvoir sur mon corps! Il faut que l'on m'emporte."

Entrent alors quatre serviteurs très robustes qui saisissent la courtepointe où le seigneur demeure couché et l'emportent dedans sa chambre.

Le jeune homme reste là, seul avec valets pour le servir et prendre bien soin de lui. Puis quand le sommeil le gagne, ils le déchaussent, le dévêtent et le couchent dans un lit garni de draps de lin très fins. Jusqu'au matin il y dormit.

Dès le point du jour s'éveilla. Toute la maison était déjà levée mais personne ne se trouvait auprès de lui. Il lui faudra donc s'habiller seul, qu'il le veuille ou non. N'attend une aide de quiconque, se lève et se chausse, va prendre ses armes posées là sur la table proche. Dès qu'il est prêt, il va de porte en porte qui étaient ouvertes la veille. Mais c'est en vain: portes fermées et bien fermées! Il appelle, il frappe très fort et encore plus, mais personne ne lui répond.

Il en est là, va à la porte de la salle. Elle est ouverte. Il en descend tous les degrés jusqu'en bas. Il trouve son cheval sellé, sa lance auprès de là et son écu contre le mur. Il monte et va partout cherchant mais il ne rencontre personne: sergent, écuyer ni valet. Le pont-levis est abaissé vers la campagne. Nul n'a donc voulu le retenir, quelle que soit l'heure, quand il voudrait quitter ce lieu! Mais il pense bien autrement: ce sont les valets, se dit-il, qui sont partis sur le chemin de la forêt relever des pièges et des cordes. Va donc aller de ce côté pour en trouver quelqu'un, peut-être, qui dise où l'on porte ce Graal et pourquoi cette lance saigne. Passe le pont pensant ainsi, mais quand il est dessus la planche il sent bien que les pattes de son cheval bondissent d'un coup. Par bonheur elles sautent à merveille, sinon cheval et cavalier auraient pu s'en tirer très mal! Il tourne la tête en arrière et voit qu'on a levé le pont sans que nul se soit montré. Il appelle, mais point de réponse.

Il crie: "Dis-moi, toi qui as levé le pont: Réponds-moi! Où te caches-tu? Montre-toi, car j'ai quelque chose à te dire!"

Vaines paroles! Nul ne lui répondra.

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Paul Tillich: Religion et Culture. (2)

Publié le par Perceval

L’idée de Tillich, de corréler Culture et Théologie, m’intéresse, en particulier par ce que le Mythe fait partie fondamentalement d’une culture, et le mythe résonne en chaque être comme peut le faire un message spirituel …

indioordenador1.jpg« La religion, c’est ce qui nous concerne de manière inconditionnée » (ou absolue, ou ultime) TILLICH

Culture et religion sont intriquées l’une dans l’autre :

-         inhérence de la religion dans la culture

-         transcendance de la religion par rapport à la culture.

Du point de vue de la religion : « La culture est la forme de la religion, et la religion est la substance de la culture ».TILLICH

 

Peut-on envisager une « révélation » à l’état pur, sans traduction dans un langage particulier. ?

L’évangile (au sens de parole divine exprimée et annoncée) est toujours culturel et contextuel ; « la révélation et la réception de la révélation forment un tout indissociable » ; le divin se manifeste toujours dans une chair…Chretiente-0.JPG


Cependant, la lecture de TILLICH, m’amène à différencier Religion et Culture, en ce que le défi assurément mal réussi par la culture, serait de ne pas se fermer sur elle-même. On voit aujourd’hui, la culture, mise en avant pour s’opposer, se différencier et s’affirmer face à une autre culture … ! Une religion qui se voudrait universelle, à moins de se contredire, ne peut tomber dans ce piège.

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Paul Tillich: Religion et culture (1)

Publié le par Perceval

Paul Tillich (1886-1965), plus qu’un théologien, est un penseur ( philosophe ) religieux du 20e siècle.Paul-Tillich.jpeg

Dire Dieu aujourd’hui, de manière actuelle et critique, ne peut s’accomplir qu’en dialogue …

Pour Tillich la plus grande majorité des formulations de la tradition exprime avec exactitude le contenu de la révélation, mais le langage utilisé n'est plus compris de nos contemporains. Il faut donc mettre en corrélation la vérité énoncée avec la situation existentielle des hommes et des femmes d'aujourd'hui.

Pour arriver à cette mise en corrélation, il faut dans un premier temps relire la tradition biblique comme dogmatique, et dans un second temps, analyser l'essence de la culture humaine pour décrypter au travers de ses manifestations (art, politique, philosophie, religion, mythes, etc ..), les questions fondamentales qui agitent l'être humain et qui justement constituent son humanité

La théologie se doit selon Tillich, d'éviter deux écueils dans lesquelles elle est souvent tombée. D'un côté le supranaturalisme ou la totale altérité entre Dieu et le Monde, et de l'autre, le naturalisme qui identifie Dieu à la structure, ou à la substance du monde.Caspar_David_Friedrich_032.jpg

 

Fils d’un pasteur luthérien, Paul Tillich naquit en 1886. Il fit de brillantes études. Il étudia la théologie et la philosophie à Berlin, puis à Halle et à Tübingen et enseigna ces deux matières dans les universités de Berlin et de Marburg, où il rencontra Bultmann et Heidegger.

L'horreur de la guerre 1914-1918 va le marquer très profondément. Il est aumônier sur le front français. L'inadéquation entre les formes traditionnelles de l'annonce du message chrétien et les drames vécus par les êtres humains l'amène, tant pendant la Grande Guerre que pour l'arrivée d'Hitler au pouvoir, à une réflexion poussée sur les causes pouvant entraîner un homme, une communauté, un peuple à " [vouloir] effacer [ses frontières] en anéantissant tout ce qui lui est étranger ". Dès 1924 il est professeur de théologie, puis il enseigne aussi la philosophie, la sociologie et l'histoire des religions. En 1933, il condamne les actes d'agression d'étudiants nazis contre des étudiants juifs, il adhère au parti socialiste et il est alors révoqué, accusé de militer pour un " socialisme religieux ".

Il s'exile alors aux Etats Unis. Il poursuit son œuvre tant philosophique que théologique. Contemporain de Bultmann, il partage avec lui la préoccupation d'exprimer le message chrétien de telle sorte que l'homme d'aujourd'hui le reçoive dans la culture de son temps.

Voir vidéo : ICI : http://vimeo.com/35570283

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Retraite ...

Publié le par Perceval

« La paresse est le refus de faire non seulement ce qui vous ennuie, mais encore cette multitude d'actes - tissu de la vie, qui sans être à proprement ennuyeux, sont tous inutiles; alors la paresse doit être tenue pour une des manifestations les plus sûres de l'intelligence. »  (Henry de Montherlant)

 

american beauty ennui

***

 

J’atteins l’âge heureux du « retrait ».

Conte-de-Noel-Desplechin.jpgSoixante années qui devaient feindre d’accomplir l’objectif de "réussir sa vie"… Et bien, elles n’étaient qu’une préparation à la vie : une vie à présent lucide, et j’espère remplie …


J’aspire enfin à la paresse, jusqu’à en croiser l’ennui… Friser le « néant » pour être aspirer par la plénitude de l’instant du sans-souci.la-voie-du-Tao.jpg


Je voudrai connaître ( je l’ai déjà pressenti …) le plaisir de ne pas désirer « faire », mais désirer vivre : exister sans rien faire … ! Approcher dangereusement le moment ou l’ennui exprimerait le désir de désirer (Schopenhauer ). L’ennui ne doit pas survenir de soi-même .( quand plus rien, et même vivre, ne nous fait envie …) ...


La vie est passionnante, parce qu’elle est tragique. philosophe.jpgEt l’ennui nous le fait ressentir : aucune voix pour nous divertir, nous interpeler, nous commander.

 

Cette perspective pourrait sembler insupportable.. attachée au néant ; comme si mes chaines d’hier ( soucis ..) étaient remplacées par celles du néant … Fausse perspective, si nous découvrons alors, non pas seulement la passion joyeuse de la paresse, mais la destinée spirituelle de ce qui me fait Humain…

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Mythes et « Religion naturelle »

Publié le par Perceval

Hyppolyte-Flandrin-man_sea.jpg- Il n’existe pas de culture humaine où nous ne puissions trouver des récits mythiques. A la différence de l’animal, l’homme se pose la question du « Pourquoi ? » … Pourquoi l’existence de ce monde, pourquoi l’homme et la femme, pourquoi le mal, pourquoi la mort … ?

 

- Nous avons décidé de juger « les mythes » à l’aune du « progrès », et comme ils viennent du fond de notre histoire, d’un temps non civilisé, archaïque.. , nous avons conclu que la langue mythique ne pouvait que représenter une forme infantile du développement de la pensée humaine !

Le rationalisme, depuis la Grèce antique jusqu'au 19ème siècle, a ainsi considéré les mythes comme des fables, voire comme une opinion fausse, une divagation de l'esprit, un récit populaire, irrationnel. Est mythique ce qui est illusoire, intuitif, prélogique !

 

- Le mythe n'est pas seulement une parole de l'homme sur lui-même et sur le monde.Odin.jpg Il est aussi un mode de connaissance et c'est pour cette raison qu'il est tenu pour « vrai ». Car la vérité du mythe réside dans le fait que les hommes y trouvent des connaissances dans le cadre culturel qui leur est familier, sur le monde, les êtres et les choses qui y vivent.

Dans le langage mythique, ce qui s'est passé « jadis » , signifie l'essence même des choses… «  Au commencement … »

 

- Le mythe porte les interrogations existentielles de l’homme. Il n’en possède pas vraiment les réponses, mais il se heurte à une « réalité supérieure », qu’il appelle le divin… Mais, que peut-il en savoir ?

Cette lumière que les mythes projettent sur la condition humaine est toujours un regard de l'homme sur lui-même. Le mythe crée t-il le dieu à son image ?

Lorsque les mythes parlent de puissances supérieures à l'homme, d'êtres divins, génies, loas ( vaudou ), dieux avec lesquels il faut nouer des relations - ce qui est le fondement de toute religion -, les mythes partent toujours de l'homme.

 

Offrandes.jpg Dans cet environnement , la religion devient : l'accomplissement scrupuleux des observances rituelles, dans le respect et la piété, pietas, dus aux puissances divines. C'est ce que dit Cicéron en reliant le mot religio au verbe relegere qui connote l'accomplissement attentif des observances rituelles selon la coutume des ancêtres, le mos majorum. L’homme s’attire les bienfaits des dieux, il négocie, « marchande » .. !

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"Perceval ou le Conte du Graal ", est-il un mythe ?

Publié le par Perceval

Citer «  Perceval » ( et la quête du Graal ), comme un mythe, est peut-être un raccourci, que des spécialistes pourraient contester… ? Cette histoire étant rattachée à une œuvre littéraire, peut-être est-il plus exact de parler de «  mythe littéraire » .. ? L’histoire est de plus relativement récente …

  Parsifal-Odilon-Redon.jpg

Revenons donc à la définition du Mythe et, j’en retiens de la part de spécialiste, quelques unes qui vont dans le sens de ce que j’entrevois…, comme :

- Mircéa Eliade :  « Le mythe raconte une histoire sacrée : il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements »

- Gilbert Durand « Nous entendons par mythe un système dynamique de symboles, d’archétypes et de schèmes, système dynamique qui, sous l’impulsion d’un schème, tend à se constituer en récit ».

- Marc Eigeldinger « Le mythe n’est pas uniquement récit, mais aussi discours du désir et de l’affectivité. Il ne s’exprime pas à l’aide d’idées ou de concepts et se développe en marge de la rationalité ; il se consacre à dire la vérité psychique […], à suggérer l’affleurement de l’irrationnel et de l’inconscient, à traduire le contenu du désir et ses relations avec le sentiment »

- Jean-Pierre Vernant : le mythe ne se réfère pas à un genre particulier… Il serait « l’envers, l’autre du discours vrai, du logos »

Le mythe, serait ou aurait été retenu pour « vrai », je préfèrerai dire avec

- Campbell : "Non, le mythe n'est pas un mensonge. Une mythologie complète est constituée d'une organisation d'images symboliques et narratives, métaphoriques des potentialités de l'expérience humaine, et de l'accomplissement d'une culture donnée à un moment donné."

parsifal_Odilon-Redon.jpgEt forcément, je dirai que le mythe littéraire, contrairement peut-être au mythe ethno-religieux, ne fonde ni n’instaure plus rien. Les oeuvres qui l’illustrent sont d’abord écrites, signées par une (ou quelques) personnalité singulière. Évidemment, le mythe littéraire n’est pas tenu pour vrai.

- Jean Pouillon ajoute, que « ni l’opposition du vrai et du faux, ni celle du croire et du ne pas croire ne sont pertinentes pour situer le mythe ».. !

 

Sans doute, pouvons nous admettre que la littérature, si elle ne le crée pas, et un « conservatoire des mythes ». De plus, comme le dit Véronique Gély, « la littérature n’est pas seulement le conservatoire des mythes, elle est leur laboratoire, et le lieu de leur épiphanie »

 

Pour ce qui est du « mythe de Perceval », il nous est donc parvenu tout enrobé de littérature », il ne nous est accessible qu’en tant que « mythe littéraire ». Il a cette particularité que sa première rédaction est caractérisée, par l’absence de clôture. Le « Conte du graal » de Chrétien de Troyes est inachevé… !

 

Odilon-Redon-17.jpgEnsuite, ce corpus est à l’image d’un arbre dont le tronc serait constitué de la tradition médiévale, à partir de laquelle les multiples ramifications modernes s’élanceraient vers le ciel, toujours plus éloignées de la souche première, mais puisant leur sève dans un réseau de canaux toujours plus vaste et plus complexe….

 

Effectivement, si le mythe de Perceval est extrêmement présent dans le demi-siècle qui suit son entrée en littérature, c’est le silence presque total du début de la Renaissance à la fin du siècle des Lumières. Après un timide renouveau au tournant des XVIIIème et XIXème siècles, c’est le drame wagnérien qui le ramène sur le devant de la scène artistico-littéraire. Au cours du XXème siècle également, la fortune de ce mythe varie considérablement : après avoir connu une certaine vogue jusqu’à la seconde guerre mondiale, il se fait beaucoup plus discret pendant les années qui suivent, pour resurgir avec une vigueur inattendue dans les années 1980.

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Sources: en partie Thèse de doctorat présentée par Christophe Imperiali " En quête de Perceval - Étude sur un mythe littéraire ", et le peintures sont d'Odilon Redon.

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Mythe et religions

Publié le par Perceval

A mon avis, la religion est tombée dans le piège que lui tendaient ses adversaires… Indiens-guaranis.jpgCeux-ci ont reproché à la religion de véhiculer des mythes au détriment de l’expression rationnelle. Aussi, pour répondre et convenir à la rationalité du monde, les Pères de l’Eglise, déjà, ont souligné l'historicité de Jésus-Christ et se sont efforcés de donner une forme grecque, c'est-à-dire rationnelle aux dogmes fondateurs de la foi. L’Eglise elle-même s’est efforcée de démythologiser le substrat religieux, en luttant contre les religions populaires et en remplaçant, par exemple, un tueur de dragons par un Saint-Georges soi-disant historique … !

Le mythe est rapporté aux peuples primitifs et aux enfants…

- Les mythes païens sont dénoncés et considérés comme de l’idolâtrie. (De idolatria de Tertullien )

-  Du côté des philosophes, le Traité théologico-politique de Spinoza, exprime que toute expression de la foi incapable de résister à l'interrogation de la raison est qualifiée de « fable », c'est le cas du Coran plein de « superstitions aliénantes » (cf. Pensées métaphysiques, II, VIII). Centre-espace-temps-Guarani.jpgC'est pourquoi Spinoza se refuse à cautionner les miracles. A titre d'exemple, il explique le franchissement de la Mer Rouge par « un fort vent d'est » (cf. Pensées métaphysiques, II, VIII). Il « feint » d’admettre que les fables, mythes et miracles sont nécessaires pour « émouvoir les âmes et les disposer à l'obéissance et à la dévotion » (Traité théologico-politique, p. 690 in Pléiade)…etc

De fait aujourd’hui, certaines « spiritualités » cherchent à tout prix à rendre scientifique leur message quitte à s’enfermer dans un « matérialisme spirituel »

 

Le mythe est-il porteur d’une sagesse, d’un enseignement, ou n’est-il que le signe de l’archaïsme et de la crédulité.. ?

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Le caractère « mythique » de Genèse 2 et 3, par Jean-Paul II

Publié le par Perceval

Très interessant cet enseignement de Jean-Paul II, lors de l'Audience du 19 Septembre 1979 ( C'est ICI )jean_paul_3.jpg

 

«  .. nous devons constater que tout le texte, lorsqu’il exprime la vérité sur l’homme, nous étonne par sa profondeur caractéristique, différente de celle du premier chapitre de la Genèse. On peut dire que cette profondeur est de nature avant tout subjective et donc, en un certain sens, psychologique."

"On peut dire, suivant la philosophie contemporaine de la religion et celle du langage, qu’il s’agit d’un langage mythique. Dans ce cas, en fait, le terme ‘mythe’ ne désigne pas un contenu fabuleux, mais simplement une façon archaïque d’exprimer un contenu plus profond." Jean Paul II 

creation-jardin-d-eden.jpg" Le chapitre 2 (de Genèse) constitue en quelque sorte la plus ancienne description, le plus ancien enregistrement de la manière dont l’homme se comprend et, avec le chapitre 3, il forme le premier témoignage de la conscience humaine. Une réflexion approfondi sur ce texte—à travers toute la forme archaïque du récit qui rend évident son caractère mythique primitif (Note 1) —permet d’y trouver ‘en germe’ à peu près tous les éléments de l’analyse de l’homme auxquels est sensible l’anthropologie philosophique moderne et principalement, contemporaine.

 

Note 1 : Si dans le langage du rationalisme du XIXe siècle le terme mythe indiquait ce qui n’entrait pas dans la réalité, le produit de l’imagination (Wundt) ou ce qui est irrationnel (Lévy-Bruhl), le XXe siècle a modifié la manière de concevoir le mythe.

L. Walk voit dans le mythe la philosophie naturelle, primitive et a-religieuse ; adam-et-eve.jpg

R. Otto le considère comme un instrument de connaissance religieuse ;

pour C. G. Jung, par contre, le mythe est une manifestation des archétypes et l’expression de l’inconscient collectif’, symbole des processus intérieurs.

M. Eliade découvre dans le mythe la structure de la réalité qui est inaccessible à l’enquête rationnelle, empirique : le mythe transforme, en effet, l’événement en catégorie et rend capable de percevoir la réalité transcendante ; il n’est pas seulement un symbole des processus intérieurs, comme l’affirme Jung, mais un acte autonome de l’esprit humain au moyen duquel se réalise la révélation (cf. Traite d’histoire des religions, Paris 1949, p. 363 ; Images et symboles, Paris 1952, pp. 199-235).

Selon P. Tillich le mythe est un symbole, constitué par les éléments de la réalité, qui sert à représenter l’absolu et la transcendance de l’être auxquels tend l’acte religieux.

H. Schlier souligne que le mythe ne connaît pas les facteurs historiques et n’en a pas besoin en ce sens qu’il décrit ce qui est destin cosmique de l’homme qui est toujours tel quel. Le mythe, en fin, tend à connaître ce qui est inconnaissable.

 

Paul-Ricoeur.jpgSelon P. Ricœur : « Le mythe est autre chose qu’une explication du monde, de l’histoire et de la destinée ; il exprime, en terme de monde, voire d’outre monde ou de second monde, la compréhension que l’homme prend de lui-même par rapport au fondement et à la limite de son existence. (. . .) Il exprime dans un langage objectif le sens que l’homme prend de sa dépendance à l’égard de cela qui se tient à la limite et à l’origine de son monde » (P. Ricœur, Le conflit des interprétations, Paris, Seuil, 1969, p. 383).

« Le mythe adamique est par excellence le mythe anthropologique. Adam veut dire Homme ; mais tout mythe de l’ ‘homme primordial’ n’est pas ‘mythe adamique’, qui . . . est seul proprement anthropologique ; par là trois traits sont désignés :

« Le mythe étiologique rapporte l’origine du mal à un ancêtre de l’humanité actuelle dont la condition est homogène à la notre (. . .) ;

« Le mythe étiologique est la tentative la plus extrême pour dédoubler l’origine du mal et du bien. L’intention de ce mythe est de donner consistance à une origine radicale du mal distincte de l’origine plus « originaire de l’être-bon des choses (. . .). Cette distinction du radical et de l’originaire est essentielle au caractère anthropologique du mythe adamique, c’est elle qui fait de l’homme un commencement du mal au sein d’une création qui à déjà son commencement absolu dans l’acte créateur de Dieu ;

« Le mythe adamique subordonne à la figure central de l’homme primordial d’autres figures qui tendent à décentrer le récit, sans pourtant supprimer le primat de la figure adamique. (. . .) Le mythe en nommant Adam, l’home, explicite l’universalité concrète du mal humain ; l’esprit de pénitence se donne dans le mythe adamique le symbole de cette universalité. Nous retrouvons ainsi (. . .) la fonction universalisant du mythe. Mais en même temps nous retrouvons les deux autres fonctions, également suscitées par l’expérience pénitentielle (. . .). Le mythe protohistorique servit ainsi non seulement à généraliser l’expérience d’Israël à l’humanité de tous les temps et de tous les lieux, mais à étendre à celle-ci la grande tension de la condamnation et de la miséricorde que les prophètes avaient enseigné à discerner dans le propre destin d’Israël. Enfin, dernière fonction du mythe, motivée dans la foi d’Israël : le mythe prépare la spéculation en explorant le point de rupture de l’ontologique et e l’historique »

(Paul Ricœur, Finitude et culpabilité : II. Symbolique du mal Paris, Aubier, 1960, pp. 218-227).

Jean Paul II, Audience du 19 septembre 1979

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