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L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 1/.-

Publié le par Perceval

L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 1/.-

Wamba ( fou ou bouffon de Cédric) et Gurth (serf de ''Cedric le saxon'' et gardien de troupeau de porcs) sont dans la forêt. Ils rencontrent une cavalcade composée d’ecclésiastiques ( dont le prieur Aymer de l'abbaye de Jorvaulx) et de chevaliers dont un templier (hautain et violent, «  à la tête de Sarrasin... ») , qui demandent le chemin pour aller chez Cédric le saxon. Wamba leur indique une fausse route ...

Ivanhoé - Conisbrough Castle, home of Cedric the Saxon (1871 edition)

Les cavaliers, finalement conduits par un pèlerin, arrivent dans la demeure de Cédric... Le prieur Aymer de Jorvaulx et le chevalier templier Brian de Bois-Guilbert avec leur escorte demandent l'hospitalité pour une nuit. Cédric le saxon les accueille, bien que ''normands'', avec hospitalité et politesse et les convie à dîner à sa table... Le pèlerin, lui aussi prend place près d'une cheminée. Lady Rowena arrive avec majesté … De Bois-Guilbert est frappé par sa beauté: il la regarde avec audace, au grand dam de Cédric.

Rowena demande des nouvelles de la Palestine...

( Chap 5) Alors que les convives se régalent l’intendant les informe qu’un juif qui se nomme Isaac d'York est devant le porche, et qu’il demande asile. Cédric accepte et dit qu’il ouvre sa table à tout le monde. Mais le juif ne semble pas le bienvenu, seul le pèlerin lui offre une place ...

Durant le repas, les personnes autour de la table évoquent la Palestine et les templiers ce qui mènent à parler d’Ivanhoé, un personnage inconnu de tous.

Le pèlerin prend la parole pour défendre l'honneur des chevaliers anglais ; et de celui d'Ivanhoé que le templier dit souhaiter le provoquer en tournoi.

Le pèlerin est appelé par Lady Rowena qui espère des nouvelles de la santé d’Ivanhoé. Il ne sait que des ouï-dires, et qu'il devrait revenir... .

Le pèlerin entend les esclaves sarrasins de Bois-Guilbert en conversation; il parle leur langue et découvre que le templier a l'intention de dépouiller le juif de ses biens. Le pèlerin sauve le juif, avec la complicité de Gurth à qui le pèlerin a confié quelques mots cachés ... Le juif qui a reconnu chez le pèlerin les éperons d'or d'un chevalier, pour le remercier lui offre le moyen de récupérer un cheval et une armure pour le tournoi.

 

Bien que le Roi Richard soit absent et prisonnier du perfide duc d'Autriche. Bien que le prince Jean, ligué avec Philippe de France, use de tous les moyens pour prolonger la captivité de son frère …

C’est la journée de tournoi d'Ashby de la Zouche et un jour de fête. Cette passe d’armes attire des personnes de tous les rangs...

Le juif Isaac, vêtu avec richesse, est là avec sa fille, la belle Rebecca. Prince Jean, qui est en train de demander un prêt important à des Juifs, ne s'y oppose pas , alors que les Saxons, en particulier Cedric et Athelstane, insistent sur le fait que les incroyants ne devraient pas être autorisés à occuper les sièges, et que les Normands les narguent. Le Prince Jean est frappé de la beauté de Rebecca... et vexe le saxon Athelstane de Coningsburgh, le tout au détriment du juif Isaac... Le bouffon Wamba sauve la situation...

Dans une tribune est placé un trône réservé à la future ''reine d'Amour et de Beauté'' que le vainqueur du tournoi désignera...

Le prince Jean fait signe de commencer et ses chevaliers s’avancent lentement dans l’arène.

Après plusieurs combats, il semble que Brian de Bois-Guilbert puisse remporter le prix... Mais... Un chevalier inconnu provoque le templier ; sur son bouclier, un jeune chêne déraciné et un seul mot: '' Déshérité'' et gagne le tournoi. Il refuse d'enlever son casque et de montrer à tous son identité, et il choque les Normands assemblés en choisissant Lady Rowena, une Saxonne comme reine des Amours, qui ainsi doit présider la fête de demain... ( Chap 9)

 

Le chevalier inconnu refuse tous les honneurs et le festin du aux vainqueurs. L’écuyer de Bois-Guilbert vient lui donner de l’argent, une rançon et une armure telle la loi des armes. Il refuse mais prend la moitié de la rançon pour payer au juif son armure emprunté.

Il envoie Gurth, devenu l'écuyer du '' Déshérité'' , payer Isaac. Mais sa fille Rebecca rembourse tout en cachette. Gurth est heureux, il a bien gagné sa journée.... !

Si le chevalier refuse de dire son nom ; Prince Jean craint qu’il ne s’agisse de Richard, son frère, dont il a volé le royaume.

 

Le lendemain: la deuxième partie du tournoi a lieu. La foule acclame la Reine de Beauté...

Le Déshérité en difficulté, finalement gagne grâce à un chevalier Noir.... Et le Prince Jean décide de désigner le chevalier noir comme celui qui s'est le mieux conduit... Mais la foule et les hérauts le forcent à désigner le chevalier ''Deshérité''... Après ce combat ; faible, le chevalier ne peut empêcher qu'on lui enlève son casque : Rowena pousse un cri, elle reconnaît le chevalier Ivanhoé, il baise la main de la Reine de Beauté, et tombe évanoui... ( Fin du Chap 12)

A suivre ....

Sources des images: The Project Gutenberg EBook of Ivanhoe, by Walter Scott

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Ivanhoé de Walter Scott – Le Contexte et les personnages.

Publié le par Perceval

Ivanhoé de Walter Scott – Le Contexte et les personnages.

En l’an 1194 durant le règne de Richard 1er. (cœur de Lion) ; non loin de Sheffield....

Walter Scott ( ) décrit une période sombre de l'histoire anglaise... Quatre générations après la conquête normande de l'île, les tensions entre Saxons et Normands sont à leur comble. Les deux ''peuples'' refusent d'utiliser la langue l'un de l'autre. Le Roi Richard est dans une prison autrichienne, capturé alors qu'il rentrait chez lui après les croisades. Son frère, le prince John, s'est assis sur le trône et, laissent les nobles normands abuser de leur pouvoir. Les terres saxonnes sont récupérées de manière frauduleuse et de nombreux propriétaires saxons sont transformés en serfs. Ces pratiques ont enragé la noblesse saxonne, en particulier le fougueux Cédric de Rotherwood. Cédric est tellement fidèle à la cause saxonne qu'il a déshérité son fils...

Wilfrid a été renié et déshérité par son père, pour s'être mis au service de Richard Cœur de Lion, qui lui a accordé en fief le manoir d'Ivanhoé, et Wilfrid l'a accompagné en Terre sainte, pour participer à la croisade.

En outre, Ivanhoé et Rowena sont amoureux l'un de l'autre...

Cédric de Rotherwood, dit le Saxon est connu comme quelqu’un de fier et de susceptible, il est nostalgique de l'Angleterre saxonne vaincue en 1066, rêve de rétablir sur le trône de l'Angleterre un monarque autochtone en la personne d'Athelstane de Coningsburgh, un voisin, descendant des derniers rois saxons. Dans ce but, il envisage de l'unir avec sa pupille, Lady Rowena de Hargottstandstede ( de grande beauté ...), princesse saxonne descendant du roi Alfred.

 

Les personnages :

Wilfrid d’Ivanhoé

Wilfrid d'Ivanhoé, le chevalier dit ''Déshérité''. Il est le fils de Cédric le Saxon, mais déshérité par son père pour avoir suivi le Roi Richard aux Croisades, il a gagné une grande gloire dans les combats... Il représente la quintessence du code chevaleresque de la chevalerie, de l'héroïsme et de l'honneur.

Richard Cœur de Lion : il est de la lignée ''normande'' des Plantagenêts. Il était parti en croisade. C'est un aventurier, ce qu'Ivanhoé lui reproche … Cependant ici, il est de grande valeur, courageux au combat, et se souciant pour son peuple … Je n'en dit pas plus sur son apparition dans le cours de cette histoire …. A lire dans la suite …

Prince Jean : le frère de Richard, avide de pouvoir, qui occupe le trône d'Angleterre en l'absence de Richard. Jean (John) est un dirigeant faible qui se laisse influencer par ses puissants nobles normands. Son désir tenace de garder le trône cause beaucoup de problèmes à l'Angleterre; il aggrave les tensions entre les Saxons et les Normands et fait tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir Richard dans sa prison autrichienne. Son conseiller principal est Waldemar Fitzurse, et ses alliés sont Maurice de Bracy et Reginald Front-de-Boeuf.

Ivanhoé - Lady Rowena.

 

Lady Rowena : La pupille de Cédric le Saxon, une belle dame saxonne amoureuse d’Ivanhoé. Mais, Cédric préfère que Rowena soit mariée à Athelstane, afin de réveiller et honorer la lignée royale saxonne... Rowena représente l'idéal chevaleresque de la féminité: elle est la ''Dame'' juste, chaste, vertueuse, loyale et douce ; avec un grand courage, celui de défier son tuteur en refusant d'épouser Athelstane. « Douée des plus belles proportions de son sexe, Rowena avait une teint éblouissant de pureté, et la noblesse de  ses traits la préservait de la fadeur.» ( …) « Ses yeux bleus, grands et clair, enchâssés sous d'élégants sourcils d'un châtain assez prononcé pour faire valoir son front, pouvaient enflammer et attendrir, pour commander et supplier tour à tour. »

Cédric de Rotherwood : saxon et père d'Ivanhoé. Il est un puissant seigneur saxon qui a déshérité son fils pour avoir suivi Richard aux Croisades. Cédric est extrêmement fier de son héritage saxon et sa priorité est l’avenir de son peuple - d’où son désir de marier Rowena à Athelstane plutôt qu’à Ivanhoe. Les rudes manières de Cédric font de lui un sujet de plaisanteries parmi ses supérieurs normands, …

Athelstane de Coningsburgh

 

Athelstane de Coringsburg : un noble saxon que Cédric espère voir marié à Rowena, pensant que leur union pourrait rétablir la lignée royale saxonne.

Gurth : serf et gardien de porcs, il désire reprendre sa liberté . Il devient de facto, l’écuyer d’Ivanhoé. 

Wamba est le bouffon de Cédric, un clown saxon plein d’esprit et incisif, dont les commentaires acerbes masquent souvent des pépites de sagesse...

Oswald : serviteur valorisé par Cédric.

Reginald Front-de-Boeuf.

Reginald Front de Bœuf : personnage négatif, laid et brutal... Front-de-Boeuf est un chevalier normand allié au prince Jean. Il dirige la forteresse de Torquilstone, où de Bracy emmène ses prisonniers saxons....

Maurice De Bracy : Un chevalier normand allié au prince Jean. Jean envisage de marier de Bracy à Rowena, mais de Bracy s'impatiente... Il va enlever la jeune fille sur le chemin du retour d'Ashby, qu'il emprisonne dans le fief de Torquilstone...

Brian De Bois-Guilbert : Un chevalier de l'ordre des Templiers... Brian de Bois-Guilbert est un combattant redoutable, mais de peu de morale. Lui, le moine templier, se laisse submerger par ses tentations … Il est l'un des personnages complexes du roman : de Bois-Guilbert commence le roman comme un méchant conventionnel - lui et Ivanhoé sont des ennemis mortels - mais à mesure que le roman progresse, son amour pour Rebecca fait ressortir ses qualités …

Maurice de Bracy

 

Briand de Bois-Guilbert.

 

Rebecca est une belle jeune fille juive, la fille d'Isaac d'York. Rebecca ( formée comme guérisseuse) soigne Ivanhoé - blessé dans le tournoi à Ashby - et tombe amoureuse de lui malgré elle. L’amour de Rebecca pour Ivanhoé est en conflit avec son bon sens; elle sait qu'ils ne peuvent pas se marier (il est chrétien et elle est juive), mais elle reste attirée par lui. Pourtant, elle retient ses sentiments. Rebecca est une femme volontaire dotée d'une forte maîtrise de soi. Kidnappée par l’amoureux chevalier templier Bois-Guilbert, Rebecca doit se battre pour son honneur, puis pour sa vie. Elle est une sorte d'héroïne tragique, et compte parmi les personnages les plus sympathiques du livre.

Isaac d'York

 

Isaac d'York  - Le père de Rebecca, un riche Juif. Isaac représente ici le ''Juif littéraire'' profondément stéréotypé ( correspondant hélas à l'époque...!) , inspiré du modèle de Shylock dans Le marchand de Venise de Shakespeare ; un personnage avare, quelque peu chahuteur, mais au grand cœur, qui aime l'argent plus que tout au monde, à l'exception de sa fille. « Un air craintif et hésitant avec de profonds saluts, un vieillard maigre et de grande taille. »

Locksley, Robin Hood : Le chef d'une bande de hors-la-loi de la forêt qui volent les riches et donnent aux pauvres... Locksley se révèle n'être autre que Robin des Bois. Robin et ses hommes vont aider Richard à libérer les prisonniers saxons de Torquilstone et, plus tard, à sauver le roi de l'attaque perfide de Waldemar Fitzurse. Voleur galant, spirituel et héroïque, Robin Hood ajoute une touche supplémentaire d'aventure, d'enthousiasme et de familiarité à l'histoire d' Ivanhoé. Après tout, le personnage de Robin Hood était profondément enchâssé dans la légende anglaise bien avant que Scott écrive son roman.

Locksley.

 

Waldemar Fitzurse : le conseiller principal du prince Jean, qui n'a pas un grand amour pour le prince, mais qui a lié ses aspirations politiques au succès de Jean. Fitzurse est calculateur et perfide, qui sait réagir calmement aux nouvelles qui paniquent Jean. 

Le prieur Aymer : L'abbé d'un monastère, le prieur est néanmoins enclin à la bonne nourriture et au plaisir. Ici, il représente les hypocrisies de l'église médiévale, le prieur Aymer est un compagnon de Brian de Bois-Guilbert.

L’ermite de Copmanhurst  (The Friar ) : Un joyeux moine qui se lie d'amitié avec le roi Richard dans la forêt de Robin Hood. Il est en fait le légendaire Friar Tuck, membre du groupe des joyeux hommes de Robin Hood.

Dame Ulrique : Une vieille femme saxonne qui a souvent des mots odieux, mais se montre généreuse … Elle semble mépriser Rebecca, mais l'aide … À la fin de la bataille pour le château, elle le brûle, raillant Front-de-Boeuf et chantant un étrange chant de mort alors que les flammes l'engloutissent lentement.

Lucas de Beaumanoir est le Grand Maître, moraliste et sévère, des Chevaliers-Templiers.

Albert de Malvoisin est le chef de la forteresse des Templiers de Templestowe. Malvoisin exhorte Brian de Bois-Guilbert à mettre de côté son amour pour Rebecca et à rester fidèle à la règle des Templiers.

Le Pèlerin : un pèlerin religieux qui revient de pèlerinage en Terre sainte....

Le chevalier '' Deshérité'' : Le nom sous lequel Ivanhoé se bat lors du grand tournoi à Ashby...

Le chevalier noir ( et fainéant) : mystérieux Black Knight, qui combat avec Ivanhoé lors du tournoi, sauve les prisonniers saxons de Torquilstone et rencontre Robin Hood et ses hommes.

De Bigot est le sénéchal du prince Jean.

Le comte d'Essex est l'un des loyaux seigneurs du roi Richard Ier. Il arrive avec Richard pour chasser les Templiers d'Angleterre et pour réprimer officiellement la rébellion du prince Jean. 

Hugh de Grantmesnil est l’un des Normands locaux, hôte du tournoi Ashby-de-la-Zouche. Ivanhoé élimine Grantmesnil le premier jour du tournoi. Grantmesnil revient également combattre aux côtés de Bois-Guilbert et Front-de-Boeuf dans les batailles rangées de la deuxième journée du tournoi.

Herman de Goodalricke, est l'un des quatre dirigeants templiers présents au procès de Rebecca; les trois autres sont Albert Malvoisin, Conrade Mont-Fitchet et, bien sûr, Lucas Beaumanoir. Damian est un écuyer servant les Templiers à Templestowe.

Anwold est l'un des serviteurs de Cédric, son porteur de flambeau... Irritable, antisémite … Il y a également , Hugo le gardien et sa lance …

Seth, est un serviteur d'Isaac. Et Zareth est un des membres de la famille d'Isaac dans la ville voisine de Sheffield. Il aide à constituer l'équipement qu'Isaac prête à Ivanhoé pour son tournoi à Ashby.

Elgitha est l'une des femmes d'honneur de Rowena. Elle semble être la femme la plus digne de confiance de Rowena.

Balder est l'un des chiens préférés de Cedric, un lévrier âgé. Balder est le fils d'Odin, le chef des dieux. Le fait que Cédric ait nommé son chien préféré après lui témoigne à quel point il valorise son héritage germanique et saxon.

Fangs est le grand chien de Gurth.

A suivre: L'histoire ....

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Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 2

Publié le par Perceval

Comment appréhender le ''continu'' que nous offre la nature; jusqu'à en voir l'unité...? S'agit-il du même continu en mathématique ( une multiplicité d'éléments en nombre infini ) ...?

Si l’on admet que les phénomènes naturels peuvent être représentés par des nombres et par conséquent par des fonctions mathématiques, on peut édicter des règles du calcul infinitésimal et les appliquer à ces fonctions... Dans le calcul différentiel, on appelle dx une très petite variation donnée à la variable x en plus ou en moins. On peut la prendre aussi petite que l’on veut...

Augustin-Louis Cauchy vers 1840

Le calcul différentiel, n'est pas une abstraction sans objet: sans le calcul différentiel, il n'y aurait pas de satellite en orbite, pas de théorie économique et les statistiques seraient complètement différente de ce qu'elles sont. Là où se produit du changement, on trouve du calcul différentiel...

Cauchy donne une définition de la continuité (uniforme sur un intervalle) ; « La fonction f(x) restera continue par rapport à x […] si un accroissement infiniment petit de la variable produit toujours un accroissement infiniment petit de la fonction elle-même ».

 

Cauchy, fait du concept de limite un concept algébrique, permettant de donner une base rigoureuse au calcul différentiel et intégral. Il est le premier, grâce à cette approche algébrique, à faire une étude rigoureuse des conditions de convergence et de divergence des séries et à donner une définition rigoureuse de l’intégrale. Il montre comment modifier la définition des intégrales définies lorsque la fonction à intégrer devient discontinue sur l’intervalle d’intégration ou si l’intervalle d’intégration s’étend à l’infini.

Le calcul intégral se trouve apparaître comme le problème inverse du calcul des dérivées grâce au théorème fondamental reliant intégrales et primitives.

 

La dérivation des fonctions permet la détermination des tangentes. La tangente étant la position limite d’une sécante à la courbe entre deux points de plus en plus proches.

Cauchy donne une définition de l’intégrale comme limite des sommes (dites de Cauchy), qui correspondent aux rectangles situés sous la courbe et qui approchent celle-ci en limite. À l’aide de cette limite de sommes, habilement calculées de plusieurs manières (sommes arithmétiques, géométriques), il retrouve les fonctions primitives d’un certain nombre de fonctions.

Cette appréhension toute abstraite, et pourtant si proche des objets naturels; nous interroge sur la Réalité... Comment les objets virtuels développés par notre intelligence, sont en parfaite harmonie avec ce qui arrange l'univers...? La raison ( développée par notre cerveau) est-elle inscrite dans la nature?

La méthode expérimentale et scientifique établit des liens entre notre intelligence et la marche du Monde... Expérimenter, raisonner permet-il de découvrir la finalité des choses...?

evariste_galois_by_teodimperio

 

Les mathématiques vont aussi étudier la place du hasard, mis en évidence seulement si se croisent des séries causales indépendantes... Le hasard ne serait donc pas seulement le reflet de notre ignorance, et la contingence ferait partie de l’ordre naturel...?

Cournot est persuadé que la contingence fait partie de la constitution du réel. ( la contingence désigne le fait qu’une chose soit de manière non nécessaire, autrement dit que cette chose existe alors qu’elle aurait pu ne pas exister. )

Cette question interroge également l'Histoire... Une dose d’imprévisible ne fait-il pas partie du destin des individus et des nations..? L’événement si important de la Révolution Française, interroge tous ceux qui à cette époque commence à se passionner pour l'Histoire ...

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Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 1

Publié le par Perceval

Charles-Louis de Chateauneuf hésitait entre les mathématiques, la religion et l'amour des femmes ...

Pourquoi – en 1833 - un jeune homme peut-il se passionner pour les mathématiques, alors qu'il est également attiré par l’irrationnel de la religion, et l'amour des femmes … ?

 

Charles-Louis est un enfant de ce siècle. Face à la mort demain, il y a la passion aujourd'hui. Si on exalte la sensibilité, l'imaginaire ; on reste dans un paysage réaliste : la nature, le corps, la beauté.

 

Victor Hugo en 1829

« le poète ne doit avoir qu'un seul modèle, la nature ; qu'un guide, la vérité » écrit Victor Hugo, en 1828, Préface de ''Odes et Ballades''.

« Il n’y a d’ailleurs aucune incompatibilité entre l’exact et le poétique. Le nombre est dans l’art comme dans la science. » V. Hugo

 

Le professeur de Charles-Louis, au collège royal de Limoges –-M. Gouré - l'avait initié au calcul différentiel ; en lui assurant que l'un de ses ''maîtres'' qu’était le professeur Augustin Cauchy (1789-1857), s'il était initié aux "Mathématiques transcendantes"...

Ce ''calcul différentiel '' - inventé par Newton et Leibnitz à la fin du XVII ème siècle - avait su fasciner l'imagination du jeune étudiant... Ce calcul correspondait alors à l’étude des dérivées, des tangentes aux courbes et des infiniment petits...

Son professeur avait excité sa curiosité avec des paradoxes comme ceux de Zénon:

- le héros Achille qui logiquement ne peut dépasser à la course, la tortue: car il devra avant tout atteindre le point de départ de cette dernière.

Si l’espace est continu, on peut diviser chaque grandeur en deux, indéfiniment. Un point de vue atomiste considère que l'atome ( ou l'instant...) est indivisible... ces deux hypothèses restent paradoxales ...

L'erreur, ici est d'affirmer que la somme d’une infinité d’événements de plus en plus brefs tend vers l’infini, c’est-à-dire qu’Achille n’arrive jamais (temps infini) à rattraper la tortue.

 

 

   

- la flèche: à chaque instant, la flèche se trouve à une position précise. Dans cet instant, la flèche n'a pas le temps de se déplacer elle reste immobile. Aux instants suivants, elle va rester immobile pour la même raison. Si le temps est une succession d'instants et que chaque instant est un moment où le temps est arrêté, le temps ne s'écoule donc pas. La flèche est donc toujours immobile à chaque instant et ne peut pas se déplacer. Considérant le temps comme une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible.

Qu'est-ce donc que le temps? Si le temps est une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible. S'il n’y a pas de temps entre deux instants consécutifs, alors la flèche devrait rester immobile ...!

A suivre ...

Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 1

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1832- Charles-Louis de Chateauneuf à Paris

Publié le par Perceval

Charles-Louis de Chateauneuf, bien que reconnu par son père ''adoptif'' qu'il a peu connu, a grandi sans la protection de parents aimants ... Cependant, il va être reçu dans une famille, qui a des liens avec ses propres aïeux : Charles de la Pomélie, propriétaire d'un château en Limousin et d'un hôtel particulier à Paris, va accepter d'héberger le jeune bachelier quand il décide de suivre son ami Elie Berthet, déjà établi dans la capitale et sensé faire son droit...

Charles-Louis, lui, a accepté le contrat proposé par le conseil de famille à Limoges : études à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique, selon les conseils de son professeur du Collège Royal…

Nous sommes fin de l'année 1832...

Charles-Louis de Chateauneuf vient de vivre - cet été 1832 - une série d’aventures à la suite des partisans de la Duchesse de Berry; et il est bien décidé à réussir '' quelque-chose '' en montant à Paris...

 

Ce ''quelque-chose'' n'est pas défini dans le désir de Charles-Louis... Une fidélité aux ''trois blancheurs'' : ''l'Hostie, le Pape et Marie'' et un contact avec un 'recruteur ' pour le juvénat jésuite, le questionnaient sur une vocation ecclésiastique …

La découverte de la Poésie, et sa manifestation romantique, son attrait pour la présence des belles femmes l’incitaient à se donner corps et âme à la Beauté ;

À l’âge de 15 ans, Victor Hugo est nommé chevalier du Lys grâce à l’intervention de sa mère. Ce titre honorifique lui est décerné par Louis XVIII. 

En 1820, Victor Hugo rédige deux odes très remarquées : la Mort du duc de Berry, assassiné par un homme qui voue une haine aux Bourbons, et la Naissance du duc de Bordeaux, héritier du précédent, celui que l’on appelle l’« enfant du miracle », le futur comte de Chambord. 

 

Et enfin la raison de ses proches lui proposait de réfléchir à une situation stable et bourgeoise, tout en se consacrant à son goût des mathématiques … Cette raison là, pour des raisons très pratiques alliée à la joie de vivre à Paris et sous la protection de la famille si joviale des La Pomélie, a rejoint la sienne.

Hôtel de Melle Mars

Charles de la Pomélie, sa femme et ses deux enfants, viennent précisément de faire rénover un hôtel particulier dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, non loin de la rue de la Tour-des-Dames à Paris... En effet, la famille de la Pomélie, s'amuse à citer leurs voisins, les plus proches serait la comédienne mademoiselle Mars (1779-1847) qui a joué dans le fameux Hernani ( de V. Hugo) en 1830, tout près se trouve l'atelier du peintre Ary Scheffer (1795-1858) – n'oubliez pas - quand même - pas qu'il est le professeur de dessin de la princesse Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe, elle-même artiste et sculptrice de talent... ! Et encore, l'atelier de Félicie de Fauveau - à présent contrainte à l'exil - était voisin de celui du peintre Ary Scheffer… Également, la mère de Félicie tient un salon influent rue de La Rochefoucauld au cœur, donc de ce foyer artistique de la Nouvelle Athènes...

Paris 1830

Autre actrice, Marie Dorval (1798-1849) qui loge rue Saint-Lazare, est la maîtresse d'Alfred de Vigny ; et aussi une amie passionnée de George Sand... La grande poétesse Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) vit rue La Bruyère, avec son amant Henri de Latouche (1785-1851)... ? Vous savez bien … c'est lui qui a embauché George Sand au Figaro.

Nous sommes en 1832... Quelles sont les ''nouvelles'' … ?:

Louis-Philippe a fait mater un insurrection républicaine : 800 morts ou blessés entre émeutiers et police. Une épidémie par le choléra débute le 18 août1832 et se termine le 2 octobre de la même année. En 1832, la population de Paris est de 785 862 habitants, le choléra coûte à la capitale de la France, en tout 18 402 victimes, et plus de 100.000 en France

Chopin est à Paris, il joue aux salons Pleyel, et Aurore Dudevant publie, sous le pseudonyme de George Sand, le roman "Indiana" ; elle s'installe au 19, quai Malaquais à Paris, dans la "mansarde bleue"...

Le 31 mai, l'étudiant et génie en mathématiques Evariste Galois meurt, suite à un duel.

Le 21 sept 1832, Walter Scott meurt, à Abbotsford ( Ecosse)

Le 7 novembre, la duchesse du Berry, est arrêtée à Nantes.

En 1833 :

Liszt donne un concert chez la marquise Le Vayer à Paris. Adèle Hugo entame en 1830 une relation amoureuse avec Sainte-Beuve, ami de Victor, et Juliette Drouet devient la maîtresse de Victor Hugo. George Sand rompt avec Sandeau ; puis rencontre Alfred Musset...

Ecole Polytechnique

Charles-Louis de Chateauneuf, n'était pas sur Paris, pour fréquenter la jeunesse dissipée et artiste. Il avait pris l'engagement - tenu au moins deux ans … - de préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique... Ses proches, lui ont donné les moyens de faire cette préparation au mieux :

Charles-Louis est externe à l'institution Mayer - près du Val-de-Grâce - qui travaille en collaboration avec des professeurs des classes préparatoires de lycée. Elle envoie ses élèves au collège Louis-le-Grand. L’enseignement dans l'institution complète celui de la classe de lycée. Son travail consiste à répéter et à approfondir le cours magistral, sous forme de conférences et de classes intérieures régulières. Cette préparation peut durer trois ans ...

Charles-Louis peut ainsi répéter et approfondir le cours magistral donné au lycée et subir très régulièrement des interrogations orales, véritables répétitions de l'épreuve d'admission...

Le programme porte, presque exclusivement, sur les mathématiques.

L’épreuve dédoublée est essentiellement orale : il faut savoir répondre au tableau, tenir face à l’examinateur, ne pas s’affoler, connaître les questions de cours, plus encore, mener un calcul et traiter un problème.

A Louis-le-Grand, c'est Louis Richard (1795-1849) qui tient la classe de mathématiques spéciales... Louis Richard est connu aujourd’hui pour avoir éveillé et soutenu un autre jeune homme de cette époque : Evariste Galois (1811-1832)...

La classe de Richard, réputée, peut avoir jusqu'à une centaine d'élèves ; disons alors entre 80 et 90 élèves pour un enseignement magistral … S’il y a un bruit... c’est que le professeur a commis une légère erreur de calcul...

Les classes, ont lieu tous les matins de huit heures à dix heures, sauf le jeudi et le dimanche.

A suivre...

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L'Abacus : Walter Scott et les Templiers :

Publié le par Perceval

Retrouvons le roman d' Elie Berthet (1815-1891) : ''Les Catacombes de Paris ''.

« Alors le grand-maître use de son autorité en lui faisant prêter le serment sur son bâton de commandement, l’Abacus ». (…)

« Alors le grand-maître abaissa vers lui son bâton de commandement, ce célèbre ''Abacus '', insigne de sa dignité » (...)

« Le vieillard baisa la croix gravée sur l’Abacus et sortit. »

 

A t-on déjà rencontré un ''Abacus '' ? En existe-il ?

 

Charles-Louis de Chateauneuf et Elie Berthet s'étaient interrogés à propos de ce fameux bâton de Maître - l'Abacus - et, tous les deux avaient lu de Walter Scott, le roman ''Ivanhoé'', traduit de l’anglais par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret (1767-1843), et paru en 1820... Ils en avaient été enthousiasmés...

Un personnage du roman de Walter Scott est un templier, peu recommandable : Brian de Bois-Guilbert, un fier chevalier templier, revenu de Terre Sainte, tout comme Ivanohé.

Front-de-Bœuf et Bois-Guibert réussissent à s'emparer d'Ivanhoé blessé, de ses compagnons et de la belle juive Rebecca, emprisonnés au château de Torquilstone... Isaac, le père de Rebecca, se précipite dans la communauté des Templiers de Templestowe pour tenter de négocier la libération de sa fille. Il y rencontre Lucas Beaumanoir, le maître des Templiers... :

 

« Le grand maître était un homme d’un âge avancé, comme le prouvaient sa longue barbe blanche et ses sourcils déjà grisonnants. Ces sourcils, néanmoins, ombrageaient des yeux dont les années n’avaient pu éteindre le feu. Guerrier redoutable, bigot ascétique, ses traits maigres et sévères conservaient l’expression farouche du soldat, et ils étaient également remarquables par la maigreur, fruit de l’abstinence, et par l’orgueil religieux du dévot satisfait de lui-même. Cependant, malgré toute la sévérité de son aspect, on découvrait en Lucas de Beaumanoir quelque chose d’imposant et de noble, qui, sans doute, était dû aux fonctions que sa haute dignité l’appelait à remplir auprès des monarques et des princes, et à l’exercice habituel de l’autorité suprême sur les chevaliers vaillants et aristocratiques rangés sous la règle de l’ordre. Sa taille était élevée, et sa prestance, que l’âge et la fatigue avaient respectée, était droite et majestueuse. Son manteau blanc était d’un modèle régulier et sévère, et coupé selon la règle même de saint Bernard. Il était fait de ce qu’on appelait alors drap de bure, et collait exactement sur sa taille, laissant voir, cousue sur l’épaule gauche, la croix à huit branches en drap rouge, particulière à cet ordre. Ni vair ni hermine n’ornaient ce vêtement ; mais, en raison de son âge, le grand maître portait un pourpoint doublé et bordé de peau douce d’agneau, la laine en dehors, ainsi que la règle le permettait ; et c’était tout ce qu’elle autorisait en fait de fourrure, qui, à cette époque, était un objet de toilette du plus grand luxe. Il tenait à la main ce singulier abacus, ou bâton de commandement, avec lequel on représente souvent les templiers. Ce bâton avait à son extrémité supérieure une plaque circulaire sur laquelle était gravée la croix de l’ordre entourée d’un cercle ou orle, comme disaient les hérauts. » - Walter Scott, Ivanhoé

Dans ces années de 1830... Qui peut parler des sources de Walter Scott ?

Charles-Louis de Chateauneuf réussit à rencontrer Amédée Pichot, (1795- 1877) : romancier, historien et traducteur français. Il a traduit des œuvres de Scott, en particulier ses poèmes, tel La Dame du lac de Scott qui paraît en 1821, il ramène d'Écosse La Légende de Saint-Oran ( Saint Oran est l'ami et disciple de saint Columba ) et la publie en 1825. Pichot est un ami de Charles Nodier qui accueille - dans le salon de la bibliothèque de l'Arsenal - chaque dimanche soir, durant les dernières années de la Restauration et les premières années de la Monarchie de Juillet, toute l'élite littéraire et artistique.

Charles Nodier

Le "salon de l'Arsenal" est un des hauts lieux du romantisme, une "institution littéraire" ouverte à toutes les spécialités (littérature, théâtre, histoire, critique, peinture, musique, sculpture). Le Tout-Paris littéraire et mondain franchit au moins une fois son seuil, de Victor Hugo à Alfred de Musset en passant par Dumas, Balzac, Gautier, Nerval, Delacroix, Liszt... Mais surtout, là se rassemble, tous les acteurs de la chaîne du Livre ( poète, traducteur, illustrateur, graveur, éditeur, imprimeur, relieur, journaliste, directeur de revue) et devient aussi occasionnellement une fabrique de la littérature à travers la mise en œuvre de projets de collaboration.

 

 

Amédée Pichot a voyagé en Ecosse, il a rencontré Walter Scott et a cheminé sur les terres de Rob Roy (1). Il publie en 1825 son Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Écosse où il nous fait revivre sa rencontre avec Scott et sa découverte de la poésie de Burns.

(1) Robert Roy Mac Gregor ( roy signifie roux) est un ''robin des bois'' écossais, un brigand des Highlands, mort en 1734. Il a inspiré W. Scott pour un roman.

 

« Il était trois heures de l’après-midi lorsque je partis de l’auberge de Georges , à Melrose , pour me rendre à Abbotsford. L’horizon avait été pur depuis le matin, et l’air doux, comme au mois de mai en France, quoique éclairé par le soleil du mois d’août. Depuis midi, un vent léger soufflait par intervalles, poursuivant quelques nuages diaphanes dans l’azur du ciel. Les montagnes du Roxburghshire, élégamment découpées, étaient dorées par une vive lumière, depuis leurs extrêmes sommets jusqu’à la plaine; puis, tout à coup, de grandes ombres en descendaient rapidement , et semblaient aller se perdre dans les eaux de la Tweed. » A Pichot - Voyage en Ecosse

 

Et, pour en revenir à l'Abacus, décrit dans Ivanhoé de W. Scott... A. Pichot pense se rappeler d'avoir vu dans les immenses collections de l'écrivain écossais, à côté de plusieurs objets, des armes en particulier ayant appartenu à Rob-Roy (1) , l'épée du marquis de Montrose…etc il pense avoir vu un bâton de Maître templier … W. Scott possède une mèche de cheveux du Prince Charles Edward Stewart (1766-1788), (Bonnie Prince Charlie) héritier de la dynastie des Stuart et grand maître écossais templier qui défendit la cause des Stuarts...

 

Ce serait peu étonnant, insiste t-il ; que le maître templier possède un emblème particulier, à la fois bâton de commandement spirituel et temporel, proche de la crosse pastorale de l'évêque... '' abactio '' en latin signifie l'action d'éloigner, tenir à distance ..

D'autres personnes, bien renseignées, affirment que devant ce symbole, tous les Templiers doivent se tenir à trois pas et s'incliner, et ils ne doivent jamais le toucher. Il s'apparente au sceptre, bâton ou canne que les rois, prêtres, juges et chefs militaires de l'Antiquité portaient comme symbole de leur autorité et de leur puissance.

On peut citer d'autres exemples : chez le prince des Druides, les guerriers Francs, et même l'enchanteur Merlin...

Charles-Louis de Chateauneuf se dit que chercher cet '' abacus '' ne pourrait être qu'une raison supplémentaire de se rendre en Ecosse, et visiter le maître ( et le fr :.) Walter Scott..

 

A suivre ...

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Elie Berthet, à Paris : les Catacombes et les templiers

Publié le par Perceval

Caricature Elie Berthet

Le narrateur du roman « Les Catacombes de Paris », par Elie Berthet (1815-1891), nous a fait part d'une catastrophe :

« Un jour du mois d'avril 1774, le quartier du Luxembourg était dans la consternation. Une maison de la rue d'Enfer venait de s'écrouler avec fracas, écrasant sous ses débris tous ses habitants. » A cette occasion « Les dames de la foire Saint-Germain soutenaient sérieusement qu'un esprit malfaisant, un antéchrist, peut-être le diable Vauvert, que les chartreux de la rue d'Enfer étaient parvenus à exorciser plusieurs siècles auparavant et qui s'était déchaîné de nouveau, jouait ces mauvais tours à la population parisienne. »

 

Cela fait référence à une légende populaire qui disait du château de Vauvert qu'il était habité par le diable. Les bruits provenaient en fait de brigands qui avaient élu domicile dans ces vieilles pierres. Mais les gens croyaient ferme au maléfice de ces souterrains.

Thérèse de Villeneuve a été enlevé par un habitué des carrières. Les galeries deviennent alors le théâtre de rencontres inattendues (faux monnayeurs, messes souterraines, bandits...) et d'événements multiples (éboulements, cloches de Fontis). L'accident de la rue d'Enfer du 17 décembre 1774 est présenté comme ayant été provoqué intentionnellement. La découverte par les protagonistes de traces de poudre dans les carrières est alors prétexte à un rebondissement de l'intrigue...

Elie Berthet nous conduit des faussaires des Catacombes, réfugiés dans une cave, où ils fondent leur monnaie à l'abri du regard de la police ; à un atelier de presse. Chavigny y voit le lieu idéal « pour y cacher notre presse, parbleu ! Pour y établir notre atelier, et pour y installer notre prote, nos ouvriers. Nous pourrons alors imprimer tous les pamphlets, tous les libelles, toutes les épigrammes qui nous passeront par la cervelle. ».

J'en viens particulièrement à une scène qui m'intéresse :

L’abbé Chavigny et Philippe de Lussan atteignent ce qui est le lieu de réunion de Templiers... !

« - Et cet Ordre, quel est-il? demanda Philippe.

- Quoi ! mon fils, ne le savez-vous pas? reprit l'abbé d'un air surpris; ce costume historique dont nous sommes revêtus, cette croix à huit pointes, ces symboles si connus ne vous l'ont-ils pas révélé?Vous voyez les descendants et héritiers de ces illustres chevaliers du Temple qui, après avoir versé leur sang pour la foi en guerroyant contre les infidèles, furent martyrisés et mis au ban des nations par un pape avide de leurs trésors et un roi sanguinaire.

Ces hommes vêtus de noir sont les écuyers ou servants qui aspirent au grade de chevalier ; ces personnages en manteau blanc sont les chevaliers-compagnons; les dignitaires qui siégeaient tout à l'heure au-dessous de moi, sous le dais, sont les précepteurs ou chefs des différentes loges que nous possédons chez toutes les nations de l'Europe; et moi, quoique serviteur indigne du saint Temple de Sion, je suis le chef de ce noble troupeau, je suis le grand maître de l'Ordre !

B.-R. Fabré-Palaprat en 1804 et l'Ordre du Temple

- Ah çà, il existe donc encore des templiers? Demanda Chavigny, qui s'était approché avec sa hardiesse ordinaire ; je l'avais entendu dire, mais je ne pouvais y croire. Je m'imaginais, comme le vulgaire, que Jacques de Molay, brûlé vif il y a cinq cents ans, au temps de Philippe le Bel, avait été le dernier grand maître du Temple, et que l'Ordre avait été aboli par une bulle du pape à la même époque.

- Monsieur l'abbé de Chavigny a dû longtemps étudier l'histoire et la théologie pour savoir cela, dit le grand maître avec ironie ; mais Jacques de Molay, avant de subir son martyre, avait transmis la grande maîtrise à Marc Larménius de Jérusalem, qui rallia les débris proscrits et dispersés de notre sainte compagnie. Depuis Larménius, le Temple compte une suite non interrompue de grands maîtres, parmi lesquels figurent des noms illustres en Europe, et notamment celui de Philippe d'Orléans, régent de France. (...) »

 

« Et se tournant vers un groupe de templiers qui se tenaient à quelque distance de l'estrade. « Qu'on dise à Salomon Hartmann de venir sur-le-champ, » commanda-t-il. Aussitôt ceux à qui il s'adressait se dispersèrent pour exécuter cet ordre. « Salomon Hartmann, dit le grand maître à Philippe, est un Allemand du cercle de Wesphalie. Il vint dans sa jeunesse s'établir en France, et exerça long temps la profession de carrier aux environs de Paris. Il paraît qu'il menait, à cette époque, une vie fort irrégulière, s'adonnant à l'intempérance... »

 

«  (...) Je vous demande si vous pouvez, oui ou non, nous servir de guide jusqu'au Val de- Grâce?

- Si notre révérend grand maître l'ordonne....

- Je vous l'ordonne, Salomon Hartmann ; mais cela ne suffit pas. Vous allez encore me promettre d'aider ces jeunes gens de tout votre pouvoir dans leur entreprise. » Et le chef des templiers apprit en deux mots à Hartmann de quoi il s'agissait. Cette fois l'Allemand manifesta une véritable terreur. « Ne me demandez pas cela, vénérable père, dit-il avec véhémence ; si cette jeune fille est tombée au pou voir de celui que j'imagine, je vous en conjure, ne vous mêlez pas de cette affaire. Vous ne savez pas com bien il est dangereux d'irriter cet « être, » combien il est implacable dans ses vengeances! Depuis plusieurs années il est venu sans doute bien des fois au seuil de ce temple, et il n'a jamais troublé nos saintes cérémonies; il ne s'est manifesté à nous par aucun acte d'agression. Si vous l'offensez, les plus grands malheurs nous menacent; je vous en supplie donc, sur la gloire de notre Ordre, sur votre précieuse vie, sur la vie de nos révérends frères du Temple, n'exigez pas que je mette en colère celui dont nous parlons ! »

« Pour un cheveu qui tomberait de cette noble tête, vous auriez à verser des larmes de sang, et s'il lui arrivait malheur par votre faute, vous seriez maudit et anathème septante fois sept fois.... A genoux, Salomon Hartmann ! »

Le vieillard se prosterna pieusement. Alors le grand maître abaissa vers lui son bâton de commandement, ce célèbre abacus, insigne de sa dignité ; il lui mit la boule d'or dans les mains, tandis qu'il tenait l'Abacus par l'autre extrémité. « Salomon Hartmann, reprit-il d'une voix vibrante, vous jurez par la loi du Dieu vivant, par votre salut éternel, par votre baptême, par notre Ordre auguste, de ramener ce jeune homme sain et sauf, fût-ce au péril de votre propre vie.

- Je le jure, répliqua le templier.

- Gloire à Dieu!... Allez en paix, Salomon Hartmann. » Le vieillard baisa la croix gravée sur l'abacus et sortit.

Notre vie est entre les mains des esprits.

- De quels esprits parlez-vous, l'ami ?

- Dans mon pays d'Allemagne, nous en connais sons de deux sortes : les esprits du bien ou de lumière, qui sont les anges ; les esprits du mal ou des ténèbres, qui sont les démons, les gnomes, les sylphes, les fardadets et les revenants.

Ici le grand maître de l'ordre du Temple s'arrêta pour juger de l'effet de ses paroles. Philippe l'avait écouté attentivement. «C'est là, dit-il d'un air de réflexion, de la politique un peu aventureuse. Mais ne vous exagérez -vous pas l'influence possible des sociétés secrètes, dans le cas où ces grands événements viendraient à se réaliser?

- Je n'exagère rien, mon fils. Vous ignorez sans doute quel accroissement considérable ont pris depuis quelques années les associations maçonniques sur le sol français. Pas de ville, grande ou petite, pas de modeste bourgade qui n'ait une loge, et souvent plusieurs, de francs-maçons, de rose -croix ou de templiers. Par tout existent des centres d'action qui communiquent entre eux, et vous verrez de quel poids pèsera, en temps et lieu, cette organisation redoutable. Le pouvoir ne s'en inquiète pas, car il croit nous tenir dans sa main. Il envoie ses espions dans nos assemblées, et il nous suppose uniquement occupés de cérémonies théâtrales et vides, bonnes tout au plus pour amuser les imaginations puériles. L'idée mère, le principe secret qui donne l'impulsion et la vie à ce grand corps, lui échappe, et il s'endort dans sa sécurité. Il y a pourtant un prince du sang royal qui voudrait bien jouer le rôle de ce roi de l'avenir dont je vous parlais tout à l'heure : c'est le duc d'Orléans qui vient de se faire nommer grand maître de toutes les loges maçonniques de France. Mais malgré ses caresses et ses protestations, il ne nous inspire aucune confiance, et bien peu parmi nous voudront appuyer ses projets ambitieux.

- Mais alors, mon père, demanda Philippe avec étonnement, où trouverez-vous un prince qui remplisse toutes les conditions bizarres que vous exigez?

- Il est trouvé! *> répliqua le grand maître d'une voix sourde. Il se leva pour aller s'assurer encore que personne ne pouvait écouter; puis, revenant à Philippe, il dit avec un accent de respect : » Et c'est vous, monseigneur ! » Philippe eut comme un éblouissement; puis un éclair de colère brilla dans ses yeux. « Monsieur, dit-il avec énergie, je croyais ce sujet de conversation assez sérieux pour rendre inexcusables de pareilles plaisanteries

- Regardez-moi, répliqua le grand maître avec douceur; voyez ces rides creusées sur mon front par les méditations et l'insomnie, voyez ces cheveux blancs, ce costume austère ; ai-je donc l'air d'un bouffon ? Je vous le répète, monseigneur, vous êtes de sang royal, car vous êtes authentiquement le fils du feu roi Louis XV.

- Louis XV ! mon » Tout à coup il s'élança vers l'abbé de la Croix et lui saisit le bras avec une force surhumaine. »

Pour résumer :

Arrivés en pleine réunion des templiers, les jeunes gens sont identifiés par le grand-maître, qui se porte garant de leur discrétion et leur fait prêter serment de soutenir l’ordre. Puis il fait venir un vieux templier allemand, carrier de son état, pour les conduire dans d’autres parties des catacombes, où est peut-être enfermée la jeune fille. Le vieux carrier nommé Salomon Hartmann, est réticent : un être méchant et dangereux réside dans ces lieux de ténèbres… Alors le grand-maître use de son autorité en lui faisant prêter le serment sur son bâton de commandement, l’abacus ...

 

Le diable, ce génie, habile possesseur de la connaissance universelle, à qui nuls secrets ne lui résistent, pas même les murs.... Ce diable est le jeune Médard, sauvage et nyctalope qui hante les Catacombes de Paris ; il a le don surnaturel de pouvoir se déplacer dans la nuit, celui d'apparaître et de disparaître tout aussi rapidement, et celui de ne jamais se perdre. Autant d'atouts qui ont quelque chose de diabolique. L'abbé de Chavigny ne peut réprimer cette exclamation : « Mais cette homme est possédé du démon ! »... Médard - nous dit E. Berthet - est un « loup affamé », « avec la légèreté d'un chat » et doué du « rugissement d'un lion ». Mais surtout, « ses yeux, fauves et ronds comme ceux d'un oiseau de nuit, paraissaient avoir aussi la faculté de voir dans les ténèbres, et la faible clarté de la lampe suffisait pour les offenser d'une manière sensible. ».

«  Le Val-de-Grâce allait sauter, et, selon toute apparence, la plupart des grands édifices publics construits sur les vides auraient prochainement le même sort que le magnifique couvent d'Anne d'Autriche. ». Le lecteur, après avoir suivi les déambulations du sauvage dans les souterrains minés « Les mines étaient multipliées en cet endroit d'une manière effrayante. « Le Luxembourg » murmura Médard », comprend clairement, si ce n'était déjà fait, ses intentions : « Quelques secondes plus tard et un immense désastre allait désoler Paris. ».

 

Philippe de Lussan, assisté de son ami l'abbé de Chavigny, tue Médard et, libère par la même occasion la belle Thérèse...

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Elie Berthet, à Paris : les Catacombes au XIXe s... -2/-

Publié le par Perceval

Elie Berthet, à Paris : les Catacombes au XIXe s... -2/-

Le roman « Les Catacombes de Paris », par Elie Berthet (1815-1891), après sa parution, paraît également en feuilleton dans des hebdomadaires, comme « Le Voleur ».

Les souterrains de Paris sont à la mode …

Sous Louis XV, Philibert Aspairt, était carrier ( Payés à la pièce, les carriers sont des ouvriers spécialisés dans l'extraction de la pierre à bâtir.  ). A la Révolution il est portier du couvent du Val-de-Grâce. Le dimanche 3 novembre 1793, il décide de visiter les carrières, poussé dit-on par l’espoir de trouver du vin ou des liqueurs dans la cave du couvent des Chartreux.

Il accède aux soubassements du couvent par un escalier construit au dix-septième siècle dans l’intérieur du Val -de-Grâce. Il descend seul, sans prévenir personne et ne remonte jamais !

Onze ans plus tard le lundi trente avril 1804, des ouvriers découvrent un squelette décharné dans une galerie de la rue d’ Enfer,  près de l’actuelle rue de l’Abbé-de-l’Epée, à quelques mètres des souterrains des Chartreux.

Quelques débris de vêtements, une ceinture en cuir et un trousseau de clés trouvés près de lui, permettent d’identifier l’ancien portier du Val-de-Grâce. On fait inhumer ses restes à cet endroit même et on élève même une tombe, encore visible aujourd’hui. 


 

Cette histoire – dont la lecture a passionné Charles-Louis de Chateauneuf ( et qui lui rappelait bien de discussions...) nous ramène au Roman d'Elie Berthet :

L'histoire se passe sous Louis XV. Nous faisons connaissance de deux jeunes gens, l’abbé Chavigny, neveu de l'évêque de Bayeux et Philippe de Lussan avocat au Châtelet.

Le jeune abbé, s'est réfugié chez son ami à Paris. Chavigny fréquente de galantes jeunes femmes : « Abbé in minoribus! ( ordres mineurs) note bien ceci, in minoribus, ce qui change diablement la thèse et m'autorise à mener une vie fort indépendante.. » (…) « comme M. de Retz, « j'ai l'âme la moins ecclésiastique de l'univers. » ...

« Philippe avait plusieurs années de plus que Chavigny, mais celui-ci, malgré son étourderie et sa gaieté, se montrait si bon, si franc, si affectueux, son âme était si aimante,si généreuse, que Philippe avait peu à peu conçu pour lui une tendresse toute fraternelle. De son côté, le jeune Chavigny éprouvait pour Lussan une admiration sans bornes : à ses yeux rien n'était beau, sage, parfait en tous points comme son cher Philippe. »

 

Nous rencontrons Thérèse de Villeneuve « d'une beauté ravissante » , une jeune fille qu'aime Philippe de Lussan... Thérèse est obligée par ses parents d'épouser le duc de Beausset.

 

« Mais aujourd'hui des événements nouveaux se sont produits; on a reconnu que ce M. de Lussan était un ennemi du roi et de la cour, un abominable libelliste, un infâme gazetier, et on l'a enfermé à la Bastille, d'où, selon toute apparence, il ne sortira plus. Il n'épousera donc personne, et les engagements pris à son égard sont nuls de plein droit. D'un autre côté, ces faveurs royales dont M. de Lussan père, on ne sait par quels moyens, honteux peut-être, avait extorqué la promesse, peuvent encore se réaliser par le crédit de la famille de Beausset.

Tout à l'heure l'abbesse du Val-de-Grâce nous en donnait l'assurance. Vous n'avez plus aucune raison pour vous refuser à ce mariage qui doit élever votre famille au comble des honneurs, vous assurer à vous-même un haut rang dans le monde. Les deux jours que vous venez de passer dans une solitude absolue ont dû suffire à vos réflexions , aussi vous allez nous donner une réponse catégorique à l'instant même; et si vous vous obstiniez dans vos refus déraisonnables... »

Et alors qu'elle est couvent du Val-de-Grâce sous la surveillance de l'abbesse Mme de Mérignac; et alors que l'abbé de Chavigy a conçu un plan pour enlever Thérèse …

Thérèse de Villeneuve disparaît, dans les souterrains ......

« Ma soeur, courez bien vite annoncer à notre révérente mère qu'un grand scandale vient d'arriver... On ne peut trouver nulle pari le sacristain , et Mlle de Villeneuve a disparu de sa cellule. »

Chavigny et de Lussan partent - dans les souterrains de Paris - à la recherche de Mlle de Villeneuve.

Nous y sommes.. !

« A droite et à gauche s'alignaient, dans un bel ordre symétrique, des assises d'ossements humains dont la teinte noirâtre annonçait la vétusté. Cette lugubre décoration se laissait voir encore à l'extrême lueur de la lampe, par des carrefours infernaux, sous des voûtes de galeries, qui paraissaient devoir prolonger à l'infini le double soubassement de la mort. »

« Au fond de l'entonnoir, de grandes spirales prouvaient la violence des courants et des tourbillons ; les roches elles-mêmes témoignaient par leur désordre et leurs formes bizarres de la puissances du choc qu'elles avaient dû supporter dans ce cataclysme mystérieux, accompli loin du regard des hommes. »

Le souterrain apparaît comme un espace maudit, où dieu absent, est remplacé par le diable...  L'abbé de Chavigny récite les fleuves des enfers mythiques : « Je te suivrais à travers les sept fleuves de l'enfer, qui sont : Le Styx, le Léthé, le Ténare, l'Averne, le Cocyte, le Phlégéton  et... et... ma foi ! j'ai oublié le septième. »

Philippe de Lussan, affrontant les dangers des catacombes à la recherche de sa Thérèse fait penser à Orphée affrontant les enfers pour venir y chercher son Eurydice...

L'abbé se décide à suivre Philippe, et il dit : « Je n'oublie rien. Mais quand Thésée descendit aux enfers, Pirithoüs était inexcusable de ne pas l'y suivre pour l'aider à frotter Pluton et à enlever Proserpine. C'est décidé : si le diable nous tord le cou, il nous le tordra de compagnie... » 

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De Limoges à Paris : les Catacombes au XIXe s... -1/2-

Publié le par Perceval

Au Collège Royal de Limoges, Charles-Louis de Chateauneuf a rencontré un camarade de son âge avec qui il peut partager l'une des ses passions: la découverte du Moyen-âge, et de plus :sur la trace de l'un de ses ancêtres : Roger de Laron, chevalier templier... Il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie a, de plus, le goût de l'écriture et tous deux notent sur des cahiers, des récits qui serviront de thèmes au futur romancier...

Elie Berthet

Et c'est précisément le cas, pour ce qui est des Catacombes...

En effet, à 16 ans, Elie Berthet monte à Paris soi-disant pour étudier le droit, mais en réalité pour se vouer à l'écriture. En 1835 il trouve un éditeur:''le Siècle'' qui publie ses premiers récits ''La Veilleuse'', sous le pseudonyme Élie Raymond.

Et précisément, il publie très tôt, un texte écrit au Collège de Limoges : c'est la première version de « Les Catacombes de Paris », un roman d’Élie Berthet, dans une première version de 1832 (in folio imp. L. Grimaux) qui ne comprend que 20 pages. (1)

 

Les souterrains urbains sont fascinants, et les histoires s'y rapportant, légion.

La cathédrale de Limoges, vue prise du clos Sainte-Marie, vue d'ensemble. XIXe s

Revenons à Limoges, avant 1832... Chaque maison de centre ville est reliée par des souterrains, même s'y certains s'en sont appropriés une partie en les cloisonnant; tous les jeunes gens y ont connu diverses aventures ou des soirées ''endiablées'' … !

On dit qu'ils existent depuis l'époque gallo-romaine. Caves creusées ou caves bâties ( façonnées) … Caves à plusieurs niveaux, puits, aqueducs, silos ont été construits au cours des siècles... Dès le Moyen Age, en ville, on recherche à étendre son domaine (commerces, stockage...) En tout, on estime entre 40 et 80 kilomètres la superficie des galeries qui parcourent le sous-sol de la ville.

A l'époque, le grand défi était de trouver le circuit qui permettait par les souterrains de traverser la Vienne ; ou selon Elie Berthet lui-même de joindre Limoges au château de Chalucet …

Elie Berthet et Charles-Louis de Chateauneuf racontent, qu'un moine aurait été enterré vivant et qu'il aurait réussi à traverser la ville par les souterrains. Avec ce moine errant dans les galeries, certains assurent avoir aussi reconnu le fantôme de Sainte Valérie - portant sa tête coupée - qui hanteraient encore les souterrains de Limoges...

Souterrains de Limoges

 

 

Lorsque ce sous-sol est voûté d'ogive, la croyance populaire y voit des lieux de culte : chapelles, églises ou même restes d'abbaye... ou encore Temple maçonnique.

Pour ce qui est du Temple : voici une autre histoire bien étrange...

Le grand-père de Charles-Louis de Chateauneuf, était sans-doute franc-maçon à l'Orient de Limoges... C'est lui qui avait remis à son petit-fils un ensemble de documents ( médiévaux précisait-il ! ) qu'il disait avoir reçu de Jean-Léonard de la Bermondie. Ces documents étaient composés de dossiers sur la philosophie, l'alchimie..., et divers témoignages ; et également quelques objets dont une croix métallique et une bague templière … ! Et il lui avait fait comprendre qu'à partir de ce ''trésor'' ; il devait accomplir sa propre quête et transmettre le ''Tout'' à un descendant qu'il aurait choisi …

Aussi, tout ce qui pouvait avoir un lien avec la Chevalerie, intéressait au plus haut point Charles-Louis...

Initiation maçonnique. XIXe

Précisément, au Collège Royal de Limoges un jeune garçon, dont il s'est fait un ami, lui a laissé entendre que son grand-père est franc-maçon... Il se nomme Félix-Joseph de Verneilh (1820-1864), lui aussi, né au château de Puyraseau près de Nontron, fera carrière à Paris. Il deviendra historien et archéologue. Son grand-père – âgé à présent, ami de Maine de Biran, a rencontré des personnages comme le pape Pie VII, Napoléon... Il a raconté tout cela dans ses mémoires. Pour l'heure, il échange beaucoup avec son petit-fils... Et Félix de Verneilh assure Charles-Louis, qu'il existe dans les souterrains de Limoges, un Temple maçonnique là-même où existait au Moyen-age un sanctuaire templier. !

Temple dans souterrain à Limoges ( Le Populaire)

Bien sûr, Charles Louis et Elie vont se passionner pour toutes ces histoires autour des souterrains de Limoges ; et s'ils n'ont rien découvert de plus …. Sachez que :

En 2016, on vient de mettre à jour, une sorte de cathédrale cachée dans les sous-sols de l'ancienne bibliothèque municipale de Limoges. Ce serait le premier véritable temple maçonnique de la ville. Je lis dans le quotidien ''le Populaire du Centre'' une explication...

Les francs-maçons se seraient réunis à partir de 1750, rue Pisse-Vache dans le centre-ville de Limoges au sein de la loge Harmonie. Leur nombre grandissant, ils auraient déménagé en 1806 dans cet endroit en prenant le nom des ''Amis réunis''....

Effectivement, des embryons de loges sont connus dès 1750. Puis se constitue la loge « Harmonie » dont le vénérable maître est un fonctionnaire de préfecture nommé Jacquet. Les frères se réunissaient à la tour Pisse-Vache, au carrefour du boulevard Gambetta, de la rue Vigne-de-Fer et de la rue Dupuytren. Peu importante, placée sous la juridiction de la Grande Loge du Royaume de France, cette loge prend de l’ampleur à partir de 1767 sous un autre nom : elle est rebaptisée '' Les Frères unis ''. La loge reprend force et vigueur en 1806, et prend le nom d'Amis réunis.

 

Régulièrement, ces galeries se rappellent à nous, quand par exemple : en novembre 1649, l'écroulement de quatre maisons rue ''Elie Berthet'' (2) fit deux morts. En août 1860, l'effondrement de trois immeubles place du Poids Public provoqua le décès d'une femme de 55 ans.

 

L'intérêt d'Elie Berthet pour les souterrains, s'est déplacé sur Paris (3). Leur vogue dans la capitale, au XIXe siècle, crée des abus au point d'entraîner une fermeture de la visite publique en 1830... Si certains s'y égarent, d'autres y font la noce...

 

 

Note (1) : puis existent une édition en 4 volumes in 8° (éditions L. de Potter) en 1854, une édition in 8° de 140 pages (aux Bureaux du siècle) et une édition en 2 volumes in 16 (chez Hachette) en 1863. L’édition de 1856 va connaître 22 réimpressions entre sa première parution et 1877 !

Note (2) : … Oui, il s'agit du nom actuel de la rue … Bizarre.. ! précisément elle se nomme bien à propos... Dans les années 60, les fêtards se donnent rendez-vous dans des boîtes de nuit en sous-sol, rue Elie-Berthet, rue Rafilhoux ou sinon à la « Cave des templiers » rue du Temple. En 1996, la bijouterie Philipparie est victime d'un vol de bijoux. Les auteurs ont utilisé les cavités souterraines pour s'emparer de 2 millions de francs.

Note (3) : A lire chez les Ardents Editeurs : Les Souterrains de Limoges de Aug. M. ( roman ''gothique'' écrit sans doute par Auguste Maquet ( (1813-1888) et nègre d'Alex. Dumas)

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Au XIXe siècle, le retour du Moyen-âge. -2/.-

Publié le par Perceval

La bataille de Courtras, par Paul Lehugeur, XIX° siècle. détail

La bataille de Courtras, par Paul Lehugeur, XIX° siècle. détail

Dans les années 1820-1830, l'auteur romanesque le plus populaire en France est indubitablement Walter Scott (1776-1832). Ses romans font partie des livres les plus lus dans les cabinets de lecture...

On lit dans la revue '' Le Globe '', datée du 23 juillet 1825, cette constatation: « on n'écrit plus aujourd'hui que des romans historiques. »

« On a peine à se figurer aujourd'hui l'effet que produisirent en France les romans de W. Scott. Ce fut comme une révélation : un Moyen Age inconnu sortait du tombeau, armé de pied en cap. » (Louis Maigron (1866-1954) )


 

Walter Scott bouleverse radicalement les codes établis du XVIIIe s. en mettant à l'avant-scène des héros fictifs issus de toutes les couches sociales et en prônant dans l'écriture la redécouverte d'un authentique passé national. Avec la Révolution, l'Histoire entre dans la vie de chacun... Et si chacun peut en devenir acteur, il y a la volonté de la comprendre, de lui donner un sens...

L'Histoire ne prend plus pour seuls héros, des grandes figures monarchiques ou des personnages mythiques de l'Antiquité gréco-latine (référence historique obligée depuis le XVIIe siècle).

 

W Scott a le souci de faire revivre le passé des nations, avec le désir de retrouver ses racines.. L’itinéraire des héros est fonction de l’Histoire... L'éclairage est romanesque, et vrai : avec des descriptions très développées...

Victor Hugo – dans ''Quentin Durward'' loue l’œuvre d’un écrivain qui « a senti [ce] qu’il fallait [...] à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines ». Victor Hugo, ' Quentin Durward ou l’Écossais à la cour de Louis XI, par sir Walter Scott ', La Muse française, n° 1, juillet 1823.

 

1819-1820 : - Le jeune homme Balzac s’oriente alors vers le roman historique dans la veine de Walter Scott,... ''Les Chouans'', 1826 est un roman ''scottien'' ...

- Victor Hugo à 17 ans, s'est pris de passion pour Scott : « Walter Scott est un homme de génie ». Avant le drame romantique Hernani ; Hugo lorsqu'il écrit '' Cromwell '' (1827), se place sous les figures tutélaires de Shakespeare et de Walter Scott. '' Notre-Dame de Paris '' (1831). décrit le passage d’une civilisation à l’autre. Une vision pessimiste, puisque l’imprimé a tué le livre de pierre ; et l'Histoire écrase les Grands comme le peuple...

- Alfred de Vigny  - ''Cinq-Mars'' - en 1825, est souvent considéré comme le Walter Scott français...

Cinq-Mars donne l'image d'une noblesse contre un pouvoir centralisateur, et conte la disparition de l’ancienne société féodale.

Vigny publie d’ailleurs sa théorie du roman historique dans la troisième édition de Cinq-Mars en 1827, dans une préface intitulée « Réflexions sur la vérité dans l’art ». Il défend l’idée d’un récit qui « perfectionne l’événement pour lui donner une grande signification morale ». Il affirme que la liberté qu’il prend avec l’histoire est « la liberté que les Anciens portaient dans l’histoire même », car « à leurs yeux l’histoire était aussi une œuvre d’art ».

- Alexandre Dumas, ''pilote'' la rédaction entre 1842-1848 de 11 grands romans historiques. Infidèle à l'Histoire, il s'en sert comme d’un prétexte.

Peu de romans du XIXème siècle échappent à l’Histoire jusqu’au dernier roman historique romantique (Quatre-vingt treize, Hugo)

 

L'historien Augustin Thierry (1795-1856) s'est nourri aussi des romans de Walter Scott. 

Il lui rend un vibrant hommage, et particulièrement à '' Ivanhoé '', un livre dont Thierry prend connaissance alors qu'il travaille depuis quelques années déjà à son opus magnum : « II a fallu qu'un romancier, homme de génie, vint, dans ces derniers temps révéler au peuple anglais que ses aïeux n'avaient pas tous été vaincus dans un même combat. » Plus tard, il devait reparler de l'influence exercée sur lui par l'illustre écrivain écossais : « Simple romancier, il a porté sur l'histoire de son pays un coup d' œil plus ferme et plus pénétrant que ceux des historiens eux-mêmes. »

 

Enfin, je rappelle parmi les acteurs même de notre Histoire : ..- Rêvant elle-même d'aventures, la duchesse de Berry dévorait les romans médiévaux de chevalerie, comme la légende des chevaliers de la Table Ronde, la tête farcie disait-on des œuvres de Walter Scott.

F. de Fauveau, bénitier de Saint Louis - 1840

Souvenez-vous de Félicie de Fauveau qui délaisse sa carrière prometteuse de sculptrice pour s’opposer à Louis-Philippe Ier, après l’abdication de Charles X en 1830. Elle entre en résistance au côté de la comtesse de La Rochejaquelein qui mène l’insurrection royaliste pour la duchesse de Berry depuis son château de Landebaudière, en Vendée.

 

« Dans son âme, il y avait quelque chose de plus inspirateur qu’une impulsion politique, écrira l’historien Jacques Crétineau-Joly. C’était un rêve de Moyen Âge qui se réalisait pour elle, une sorte de chevalerie en gros sabots et en veste de bure qu’elle évoquait du fond de son cœur. » Le soulèvement tourne au fiasco du 3 au 7 juin 1832. La duchesse de Berry est arrêtée. Condamnée à la déportation, Félicie de Fauveau gagne clandestinement Paris et se réfugie à Florence au printemps 1833, où elle demeurera. « Faites pendre Walter Scott, car c’est lui le vrai coupable », s’exclamera Chateaubriand pour résumer cette aventure.

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