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franc-maconnerie

Elie Berthet, à Paris : les Catacombes et les templiers

Publié le par Perceval

Caricature Elie Berthet

Le narrateur du roman « Les Catacombes de Paris », par Elie Berthet (1815-1891), nous a fait part d'une catastrophe :

« Un jour du mois d'avril 1774, le quartier du Luxembourg était dans la consternation. Une maison de la rue d'Enfer venait de s'écrouler avec fracas, écrasant sous ses débris tous ses habitants. » A cette occasion « Les dames de la foire Saint-Germain soutenaient sérieusement qu'un esprit malfaisant, un antéchrist, peut-être le diable Vauvert, que les chartreux de la rue d'Enfer étaient parvenus à exorciser plusieurs siècles auparavant et qui s'était déchaîné de nouveau, jouait ces mauvais tours à la population parisienne. »

 

Cela fait référence à une légende populaire qui disait du château de Vauvert qu'il était habité par le diable. Les bruits provenaient en fait de brigands qui avaient élu domicile dans ces vieilles pierres. Mais les gens croyaient ferme au maléfice de ces souterrains.

Thérèse de Villeneuve a été enlevé par un habitué des carrières. Les galeries deviennent alors le théâtre de rencontres inattendues (faux monnayeurs, messes souterraines, bandits...) et d'événements multiples (éboulements, cloches de Fontis). L'accident de la rue d'Enfer du 17 décembre 1774 est présenté comme ayant été provoqué intentionnellement. La découverte par les protagonistes de traces de poudre dans les carrières est alors prétexte à un rebondissement de l'intrigue...

Elie Berthet nous conduit des faussaires des Catacombes, réfugiés dans une cave, où ils fondent leur monnaie à l'abri du regard de la police ; à un atelier de presse. Chavigny y voit le lieu idéal « pour y cacher notre presse, parbleu ! Pour y établir notre atelier, et pour y installer notre prote, nos ouvriers. Nous pourrons alors imprimer tous les pamphlets, tous les libelles, toutes les épigrammes qui nous passeront par la cervelle. ».

J'en viens particulièrement à une scène qui m'intéresse :

L’abbé Chavigny et Philippe de Lussan atteignent ce qui est le lieu de réunion de Templiers... !

« - Et cet Ordre, quel est-il? demanda Philippe.

- Quoi ! mon fils, ne le savez-vous pas? reprit l'abbé d'un air surpris; ce costume historique dont nous sommes revêtus, cette croix à huit pointes, ces symboles si connus ne vous l'ont-ils pas révélé?Vous voyez les descendants et héritiers de ces illustres chevaliers du Temple qui, après avoir versé leur sang pour la foi en guerroyant contre les infidèles, furent martyrisés et mis au ban des nations par un pape avide de leurs trésors et un roi sanguinaire.

Ces hommes vêtus de noir sont les écuyers ou servants qui aspirent au grade de chevalier ; ces personnages en manteau blanc sont les chevaliers-compagnons; les dignitaires qui siégeaient tout à l'heure au-dessous de moi, sous le dais, sont les précepteurs ou chefs des différentes loges que nous possédons chez toutes les nations de l'Europe; et moi, quoique serviteur indigne du saint Temple de Sion, je suis le chef de ce noble troupeau, je suis le grand maître de l'Ordre !

B.-R. Fabré-Palaprat en 1804 et l'Ordre du Temple

- Ah çà, il existe donc encore des templiers? Demanda Chavigny, qui s'était approché avec sa hardiesse ordinaire ; je l'avais entendu dire, mais je ne pouvais y croire. Je m'imaginais, comme le vulgaire, que Jacques de Molay, brûlé vif il y a cinq cents ans, au temps de Philippe le Bel, avait été le dernier grand maître du Temple, et que l'Ordre avait été aboli par une bulle du pape à la même époque.

- Monsieur l'abbé de Chavigny a dû longtemps étudier l'histoire et la théologie pour savoir cela, dit le grand maître avec ironie ; mais Jacques de Molay, avant de subir son martyre, avait transmis la grande maîtrise à Marc Larménius de Jérusalem, qui rallia les débris proscrits et dispersés de notre sainte compagnie. Depuis Larménius, le Temple compte une suite non interrompue de grands maîtres, parmi lesquels figurent des noms illustres en Europe, et notamment celui de Philippe d'Orléans, régent de France. (...) »

 

« Et se tournant vers un groupe de templiers qui se tenaient à quelque distance de l'estrade. « Qu'on dise à Salomon Hartmann de venir sur-le-champ, » commanda-t-il. Aussitôt ceux à qui il s'adressait se dispersèrent pour exécuter cet ordre. « Salomon Hartmann, dit le grand maître à Philippe, est un Allemand du cercle de Wesphalie. Il vint dans sa jeunesse s'établir en France, et exerça long temps la profession de carrier aux environs de Paris. Il paraît qu'il menait, à cette époque, une vie fort irrégulière, s'adonnant à l'intempérance... »

 

«  (...) Je vous demande si vous pouvez, oui ou non, nous servir de guide jusqu'au Val de- Grâce?

- Si notre révérend grand maître l'ordonne....

- Je vous l'ordonne, Salomon Hartmann ; mais cela ne suffit pas. Vous allez encore me promettre d'aider ces jeunes gens de tout votre pouvoir dans leur entreprise. » Et le chef des templiers apprit en deux mots à Hartmann de quoi il s'agissait. Cette fois l'Allemand manifesta une véritable terreur. « Ne me demandez pas cela, vénérable père, dit-il avec véhémence ; si cette jeune fille est tombée au pou voir de celui que j'imagine, je vous en conjure, ne vous mêlez pas de cette affaire. Vous ne savez pas com bien il est dangereux d'irriter cet « être, » combien il est implacable dans ses vengeances! Depuis plusieurs années il est venu sans doute bien des fois au seuil de ce temple, et il n'a jamais troublé nos saintes cérémonies; il ne s'est manifesté à nous par aucun acte d'agression. Si vous l'offensez, les plus grands malheurs nous menacent; je vous en supplie donc, sur la gloire de notre Ordre, sur votre précieuse vie, sur la vie de nos révérends frères du Temple, n'exigez pas que je mette en colère celui dont nous parlons ! »

« Pour un cheveu qui tomberait de cette noble tête, vous auriez à verser des larmes de sang, et s'il lui arrivait malheur par votre faute, vous seriez maudit et anathème septante fois sept fois.... A genoux, Salomon Hartmann ! »

Le vieillard se prosterna pieusement. Alors le grand maître abaissa vers lui son bâton de commandement, ce célèbre abacus, insigne de sa dignité ; il lui mit la boule d'or dans les mains, tandis qu'il tenait l'Abacus par l'autre extrémité. « Salomon Hartmann, reprit-il d'une voix vibrante, vous jurez par la loi du Dieu vivant, par votre salut éternel, par votre baptême, par notre Ordre auguste, de ramener ce jeune homme sain et sauf, fût-ce au péril de votre propre vie.

- Je le jure, répliqua le templier.

- Gloire à Dieu!... Allez en paix, Salomon Hartmann. » Le vieillard baisa la croix gravée sur l'abacus et sortit.

Notre vie est entre les mains des esprits.

- De quels esprits parlez-vous, l'ami ?

- Dans mon pays d'Allemagne, nous en connais sons de deux sortes : les esprits du bien ou de lumière, qui sont les anges ; les esprits du mal ou des ténèbres, qui sont les démons, les gnomes, les sylphes, les fardadets et les revenants.

Ici le grand maître de l'ordre du Temple s'arrêta pour juger de l'effet de ses paroles. Philippe l'avait écouté attentivement. «C'est là, dit-il d'un air de réflexion, de la politique un peu aventureuse. Mais ne vous exagérez -vous pas l'influence possible des sociétés secrètes, dans le cas où ces grands événements viendraient à se réaliser?

- Je n'exagère rien, mon fils. Vous ignorez sans doute quel accroissement considérable ont pris depuis quelques années les associations maçonniques sur le sol français. Pas de ville, grande ou petite, pas de modeste bourgade qui n'ait une loge, et souvent plusieurs, de francs-maçons, de rose -croix ou de templiers. Par tout existent des centres d'action qui communiquent entre eux, et vous verrez de quel poids pèsera, en temps et lieu, cette organisation redoutable. Le pouvoir ne s'en inquiète pas, car il croit nous tenir dans sa main. Il envoie ses espions dans nos assemblées, et il nous suppose uniquement occupés de cérémonies théâtrales et vides, bonnes tout au plus pour amuser les imaginations puériles. L'idée mère, le principe secret qui donne l'impulsion et la vie à ce grand corps, lui échappe, et il s'endort dans sa sécurité. Il y a pourtant un prince du sang royal qui voudrait bien jouer le rôle de ce roi de l'avenir dont je vous parlais tout à l'heure : c'est le duc d'Orléans qui vient de se faire nommer grand maître de toutes les loges maçonniques de France. Mais malgré ses caresses et ses protestations, il ne nous inspire aucune confiance, et bien peu parmi nous voudront appuyer ses projets ambitieux.

- Mais alors, mon père, demanda Philippe avec étonnement, où trouverez-vous un prince qui remplisse toutes les conditions bizarres que vous exigez?

- Il est trouvé! *> répliqua le grand maître d'une voix sourde. Il se leva pour aller s'assurer encore que personne ne pouvait écouter; puis, revenant à Philippe, il dit avec un accent de respect : » Et c'est vous, monseigneur ! » Philippe eut comme un éblouissement; puis un éclair de colère brilla dans ses yeux. « Monsieur, dit-il avec énergie, je croyais ce sujet de conversation assez sérieux pour rendre inexcusables de pareilles plaisanteries

- Regardez-moi, répliqua le grand maître avec douceur; voyez ces rides creusées sur mon front par les méditations et l'insomnie, voyez ces cheveux blancs, ce costume austère ; ai-je donc l'air d'un bouffon ? Je vous le répète, monseigneur, vous êtes de sang royal, car vous êtes authentiquement le fils du feu roi Louis XV.

- Louis XV ! mon » Tout à coup il s'élança vers l'abbé de la Croix et lui saisit le bras avec une force surhumaine. »

Pour résumer :

Arrivés en pleine réunion des templiers, les jeunes gens sont identifiés par le grand-maître, qui se porte garant de leur discrétion et leur fait prêter serment de soutenir l’ordre. Puis il fait venir un vieux templier allemand, carrier de son état, pour les conduire dans d’autres parties des catacombes, où est peut-être enfermée la jeune fille. Le vieux carrier nommé Salomon Hartmann, est réticent : un être méchant et dangereux réside dans ces lieux de ténèbres… Alors le grand-maître use de son autorité en lui faisant prêter le serment sur son bâton de commandement, l’abacus ...

 

Le diable, ce génie, habile possesseur de la connaissance universelle, à qui nuls secrets ne lui résistent, pas même les murs.... Ce diable est le jeune Médard, sauvage et nyctalope qui hante les Catacombes de Paris ; il a le don surnaturel de pouvoir se déplacer dans la nuit, celui d'apparaître et de disparaître tout aussi rapidement, et celui de ne jamais se perdre. Autant d'atouts qui ont quelque chose de diabolique. L'abbé de Chavigny ne peut réprimer cette exclamation : « Mais cette homme est possédé du démon ! »... Médard - nous dit E. Berthet - est un « loup affamé », « avec la légèreté d'un chat » et doué du « rugissement d'un lion ». Mais surtout, « ses yeux, fauves et ronds comme ceux d'un oiseau de nuit, paraissaient avoir aussi la faculté de voir dans les ténèbres, et la faible clarté de la lampe suffisait pour les offenser d'une manière sensible. ».

«  Le Val-de-Grâce allait sauter, et, selon toute apparence, la plupart des grands édifices publics construits sur les vides auraient prochainement le même sort que le magnifique couvent d'Anne d'Autriche. ». Le lecteur, après avoir suivi les déambulations du sauvage dans les souterrains minés « Les mines étaient multipliées en cet endroit d'une manière effrayante. « Le Luxembourg » murmura Médard », comprend clairement, si ce n'était déjà fait, ses intentions : « Quelques secondes plus tard et un immense désastre allait désoler Paris. ».

 

Philippe de Lussan, assisté de son ami l'abbé de Chavigny, tue Médard et, libère par la même occasion la belle Thérèse...

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De Limoges à Paris : les Catacombes au XIXe s... -1/2-

Publié le par Perceval

Au Collège Royal de Limoges, Charles-Louis de Chateauneuf a rencontré un camarade de son âge avec qui il peut partager l'une des ses passions: la découverte du Moyen-âge, et de plus :sur la trace de l'un de ses ancêtres : Roger de Laron, chevalier templier... Il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie a, de plus, le goût de l'écriture et tous deux notent sur des cahiers, des récits qui serviront de thèmes au futur romancier...

Elie Berthet

Et c'est précisément le cas, pour ce qui est des Catacombes...

En effet, à 16 ans, Elie Berthet monte à Paris soi-disant pour étudier le droit, mais en réalité pour se vouer à l'écriture. En 1835 il trouve un éditeur:''le Siècle'' qui publie ses premiers récits ''La Veilleuse'', sous le pseudonyme Élie Raymond.

Et précisément, il publie très tôt, un texte écrit au Collège de Limoges : c'est la première version de « Les Catacombes de Paris », un roman d’Élie Berthet, dans une première version de 1832 (in folio imp. L. Grimaux) qui ne comprend que 20 pages. (1)

 

Les souterrains urbains sont fascinants, et les histoires s'y rapportant, légion.

La cathédrale de Limoges, vue prise du clos Sainte-Marie, vue d'ensemble. XIXe s

Revenons à Limoges, avant 1832... Chaque maison de centre ville est reliée par des souterrains, même s'y certains s'en sont appropriés une partie en les cloisonnant; tous les jeunes gens y ont connu diverses aventures ou des soirées ''endiablées'' … !

On dit qu'ils existent depuis l'époque gallo-romaine. Caves creusées ou caves bâties ( façonnées) … Caves à plusieurs niveaux, puits, aqueducs, silos ont été construits au cours des siècles... Dès le Moyen Age, en ville, on recherche à étendre son domaine (commerces, stockage...) En tout, on estime entre 40 et 80 kilomètres la superficie des galeries qui parcourent le sous-sol de la ville.

A l'époque, le grand défi était de trouver le circuit qui permettait par les souterrains de traverser la Vienne ; ou selon Elie Berthet lui-même de joindre Limoges au château de Chalucet …

Elie Berthet et Charles-Louis de Chateauneuf racontent, qu'un moine aurait été enterré vivant et qu'il aurait réussi à traverser la ville par les souterrains. Avec ce moine errant dans les galeries, certains assurent avoir aussi reconnu le fantôme de Sainte Valérie - portant sa tête coupée - qui hanteraient encore les souterrains de Limoges...

Souterrains de Limoges

 

 

Lorsque ce sous-sol est voûté d'ogive, la croyance populaire y voit des lieux de culte : chapelles, églises ou même restes d'abbaye... ou encore Temple maçonnique.

Pour ce qui est du Temple : voici une autre histoire bien étrange...

Le grand-père de Charles-Louis de Chateauneuf, était sans-doute franc-maçon à l'Orient de Limoges... C'est lui qui avait remis à son petit-fils un ensemble de documents ( médiévaux précisait-il ! ) qu'il disait avoir reçu de Jean-Léonard de la Bermondie. Ces documents étaient composés de dossiers sur la philosophie, l'alchimie..., et divers témoignages ; et également quelques objets dont une croix métallique et une bague templière … ! Et il lui avait fait comprendre qu'à partir de ce ''trésor'' ; il devait accomplir sa propre quête et transmettre le ''Tout'' à un descendant qu'il aurait choisi …

Aussi, tout ce qui pouvait avoir un lien avec la Chevalerie, intéressait au plus haut point Charles-Louis...

Initiation maçonnique. XIXe

Précisément, au Collège Royal de Limoges un jeune garçon, dont il s'est fait un ami, lui a laissé entendre que son grand-père est franc-maçon... Il se nomme Félix-Joseph de Verneilh (1820-1864), lui aussi, né au château de Puyraseau près de Nontron, fera carrière à Paris. Il deviendra historien et archéologue. Son grand-père – âgé à présent, ami de Maine de Biran, a rencontré des personnages comme le pape Pie VII, Napoléon... Il a raconté tout cela dans ses mémoires. Pour l'heure, il échange beaucoup avec son petit-fils... Et Félix de Verneilh assure Charles-Louis, qu'il existe dans les souterrains de Limoges, un Temple maçonnique là-même où existait au Moyen-age un sanctuaire templier. !

Temple dans souterrain à Limoges ( Le Populaire)

Bien sûr, Charles Louis et Elie vont se passionner pour toutes ces histoires autour des souterrains de Limoges ; et s'ils n'ont rien découvert de plus …. Sachez que :

En 2016, on vient de mettre à jour, une sorte de cathédrale cachée dans les sous-sols de l'ancienne bibliothèque municipale de Limoges. Ce serait le premier véritable temple maçonnique de la ville. Je lis dans le quotidien ''le Populaire du Centre'' une explication...

Les francs-maçons se seraient réunis à partir de 1750, rue Pisse-Vache dans le centre-ville de Limoges au sein de la loge Harmonie. Leur nombre grandissant, ils auraient déménagé en 1806 dans cet endroit en prenant le nom des ''Amis réunis''....

Effectivement, des embryons de loges sont connus dès 1750. Puis se constitue la loge « Harmonie » dont le vénérable maître est un fonctionnaire de préfecture nommé Jacquet. Les frères se réunissaient à la tour Pisse-Vache, au carrefour du boulevard Gambetta, de la rue Vigne-de-Fer et de la rue Dupuytren. Peu importante, placée sous la juridiction de la Grande Loge du Royaume de France, cette loge prend de l’ampleur à partir de 1767 sous un autre nom : elle est rebaptisée '' Les Frères unis ''. La loge reprend force et vigueur en 1806, et prend le nom d'Amis réunis.

 

Régulièrement, ces galeries se rappellent à nous, quand par exemple : en novembre 1649, l'écroulement de quatre maisons rue ''Elie Berthet'' (2) fit deux morts. En août 1860, l'effondrement de trois immeubles place du Poids Public provoqua le décès d'une femme de 55 ans.

 

L'intérêt d'Elie Berthet pour les souterrains, s'est déplacé sur Paris (3). Leur vogue dans la capitale, au XIXe siècle, crée des abus au point d'entraîner une fermeture de la visite publique en 1830... Si certains s'y égarent, d'autres y font la noce...

 

 

Note (1) : puis existent une édition en 4 volumes in 8° (éditions L. de Potter) en 1854, une édition in 8° de 140 pages (aux Bureaux du siècle) et une édition en 2 volumes in 16 (chez Hachette) en 1863. L’édition de 1856 va connaître 22 réimpressions entre sa première parution et 1877 !

Note (2) : … Oui, il s'agit du nom actuel de la rue … Bizarre.. ! précisément elle se nomme bien à propos... Dans les années 60, les fêtards se donnent rendez-vous dans des boîtes de nuit en sous-sol, rue Elie-Berthet, rue Rafilhoux ou sinon à la « Cave des templiers » rue du Temple. En 1996, la bijouterie Philipparie est victime d'un vol de bijoux. Les auteurs ont utilisé les cavités souterraines pour s'emparer de 2 millions de francs.

Note (3) : A lire chez les Ardents Editeurs : Les Souterrains de Limoges de Aug. M. ( roman ''gothique'' écrit sans doute par Auguste Maquet ( (1813-1888) et nègre d'Alex. Dumas)

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La Révolution Française et les avantages de l'émigration

Publié le par Perceval

Emigration: Les nobles fuient la France pour l'Angleterre.

Emigration: Les nobles fuient la France pour l'Angleterre.

Les liens que J. L. de la Bermondie va tisser à la veille de la Révolution, puis tout au long de celle-ci, et en partie dans l'émigration ; permet un regard différent sur cette période exceptionnelle...

Emigrés par Ferdinand Bac

 

Rencontre d'un noble français avec l’idéalisme allemand.

Mon aventure est de vivre à travers un personnage infiltré dans l'Histoire, les événements qui amènent à mieux comprendre le sens de la vie. Et, la philosophie n'est-elle pas le support essentiel pour questionner le Réel, avec intelligence … ?

 

L'esprit du temps, semble souffler sur deux pays ; en France de manière effective, en action ( c'est la Révolution!) ; et en Allemagne, il souffle aussi , mais en tant que pensée... Ce qui va étonner un noble émigré français, comme J. L. de La Bermondie ; c'est cette effervescence animée par la révolution française...

Le jeune Hegel

Dans ce que l'on va appeler '' l'idéalisme allemand'', on peut croiser plusieurs courants : des ''romantiques'' ou des '' matérialistes'' ( je ne sais pas comment les appeler...?)... Et, entre les deux, je dirais que commence à poindre, la pensée complexe de Hegel (1770-1831)... Hegel n'est alors que l'humble chercheur, qui vers 1792, accepte, de se faire le disciple de ses amis; de Schelling (1775-1854) en particulier...

 

Tübingen de 1788 à 1793 : Hegel, Hölderlin et Schelling partagent la même chambre au séminaire protestant de Tübingen. Les trois amis rêvent d'une révolution dans les Allemagnes.

Refusant d'être pasteur, Hegel devient précepteur à Berne... Là, sa réflexion critique porte sur la religion chrétienne. Hegel critique la ''positivité'' de la religion chrétienne, il reprend une opposition héritée de Lessing et très remendue à l'époque entre le ''rationnel '' et le ''positif'', le ''naturel'' et '' l'historique''. Comme Lessing, mais aussi comme Kant après celui-ci, il semble caractériser comme '' positive '' toute doctrine, toute croyance qui nous serait imposée par une autorité extérieure: par la Révélation ou l'Eglise, par les institutions politiques, ou même par nos pernets, c'est à dire les éducateurs en la parole desquels nous attacherions foi, sans pourtant être capables de determiner s'ils sont ou non dans le vrai.

La couverture du tome 1 de "Fraternités", de Camus et Rosanas, édité chez Delcour

 

Ce que Hegel oppose alors à la religion positive, c'est une religion qui serait fondée sur la raison. Il développe un idéal moral de liberté qui semble inspiré par Kant.

En ces temps troublés et révolutionnaires, il faut bien reconnaître que l'entraide maçonnique a son intérêt pratique. J. L. de La Bermondie, trouve de proche en proche, un milieu accueillant et sympathique. Mais, plus que tout autre chose, c'est l'agitation intellectuelle qui va le marquer.

Il n'est pas absurde de penser que J. L. de La Bermondie puisse rencontrer Hegel, dans une soirée, un atelier ...

Il faut dire que les plus grands penseurs de l'époque, même s'ils sont encore pour certains inconnus, se rencontrent dans des ateliers qui sont véritablement des lieux de réflexion ; un peu comme si chaque frère cherchait là, quelque chose qu’il désespère de trouver ailleurs... ( ailleurs, notamment dans la religion)... Si, un Goethe ou un Fichte, fréquentent ces lieux, ce n'est pas pour banqueter, faire du commerce, ou manifester quelque générosité dans une bonne œuvre...

Goethe (1749-1832)

Est-ce un hasard, si le Grand-duché de Saxe-Weimar ( régi par des maçons) ; reçoit les écrivains et les philosophes les plus novateurs, comme Goethe, Herder, Fichte, Hegel, Schelling, et tant d'autres.. ?

Bien sûr, et heureusement, on s'aperçoit bien vite qu'il faut tenir compte des divisions idéologiques qui se déploient ici : on y croise les ''Lumières'' , et aussi les '' Illuminés de Bavière'' ( de nombreux intellectuels "progressistes" comme : Niethammer, Schelling, Jacobi, seront accusés par leurs ennemis d'appartenir à l'Ordre des Illumines de Bavière) , et même les ''mystiques'' ; un peu comme en France ( dans une moindre mesure).

 

Auparavant, du fait de la réputation des ''Illuminés de Bavière'', nous ne pouvons pas ne pas parler encore de la Franc-maçonnnerie...

La Franc-Maçonnerie, et la Révolution :

Le fameux ''serment du jeu de Paume'' (20 juin 1789), a un caractère maçonnique... Le Duc d'Aiguillon, qui fait partie depuis 1786 de la Société Olympique ( qui ne compte que des francs-maçons), avec le Vicomte de Noailles, proposent le 4 août 1789, la suppression des privilèges. Et, quand l'Assemblée Nationale va ensuite déclarer les Droits de l'Homme, inspirée par la déclaration américaine de 1776 ; on y reconnaît l’œuvre des maçons...

L'union des trois ordres

A la veille de la Révolution, le Grand Orient de France a 629 Loges et 30 000 Maçons. Même si on rencontre les opinions les plus variées parmi les députés maçons. On peut noter que, c'est dans la députation de la noblesse que la proportion de maçons est la plus éle­vée : 81 Francs-Maçons sur 285 députés, soit 28 % ; 6 % pour le Clergé et 17 ou 19 % pour le Tiers-Etat, 107 ou 121 sur 619 élus. Sur la base que l'assemblée était composée de 1165 membres, à l'ouverture le 5 mai 1789.

( Sources : M. Pierre Lamarque)

<- Ce tableau, très probablement peint au début de la Révolution Française, en 1789, symbolise la réconciliation de l'Église, de la Noblesse et du Tiers État en France devant l'entrée d'un temple maçonnique. Peint par Nicolas Perceval (1745-1837)

 

Si les maçons sont nombreux parmi les Girondins de la Convention, les grands ténors n'appartiennent pas à la Franc-Maçonnerie, à l'exception de Marat. Et Robespierre lui-même, contrairement à la légende, n'est pas maçon. La Terreur va arrêter les travaux maçonniques. Le Grand Maître Philippe d'Orléans, se fait désormais appeler Egalité, et déclare ne plus vouloir se mêler en rien des affaires du Grand Orient ni des Assemblées de francs-maçons.

Le Duc de Luxembourg, bras droit du grand maître et initiateur de la fondation du Grand Orient de France, émigre dès juillet 1789.

 

La thèse de l'abbé Barruel, selon laquelle la Révolution française résulte d'un complot fomenté contre l'Église et la royauté par les philosophes athées, les francs-maçons avec les ''illuminés'' et les jacobins, est sans fondement... !

 

La plupart des loges maçonniques de France font de la monarchie leur clef de voûte et chaque frère prête serment au Roi.

Favorables à une monarchie constitutionnelle, les maçons ne résistent pas au choc révolutionnaire... En 1800, seulement 75 loges seront en mesure de reprendre leurs travaux...

 

Necker n'a jamais été franc-maçon. Germaine de Staël, sera familière d'une certaine tendance maçonnique aux côtés de son mari, le baron suédois de Staël-Holstein, franc-maçon versé dans l’ésotérisme et fréquentant les cercles ''d’illuminés''... Mme de Staël dit ne pas apprécier ces sectes secrètes, qui veulent se distinguer par vanité.

Évoquant les ''illuminés de Bavière'', Mme de Staël écrit: « Un secret, quel qu'il soit, flatte l'amour-propre des hommes ; et quand on leur dit qu'ils sont de quelque chose dont leurs pareils ne sont pas, on acquiert toujours de l'emprise sur eux. »

Elle leur reconnaît une indépendance d'esprit, et observe cette fraternité qui permet de dépasser les différentes barrières sociales. En Écosse et en Allemagne, où se trouvent ses origines, la franc-maçonnerie est selon Madame de Staël une institution plus « sérieuse » qu’en France... !

 

Les ''Illuminés de Bavière'' ont formé une société secrète, sous l’impulsion d' Adam Weishaupt (1748-1811) en 1176, en Bavière où régnait une sorte de monarchie absolue, bastion de la Contre-réforme catholique et à l'écart du vent nouveau ( l’Aufklärung ) qui soufflait en Allemagne... L'ordre des illuminés se rallia à la franc-maçonnerie avec A. de Knigge (1781) pour devenir un cénacle où se retrouvait tout ce que la Bavière comptait d’esprits ouverts, adeptes du changement. L’Électeur sévit et promulgua plusieurs édits de 1784 à 1787: dissous, pourchassés, les Illuminés disparurent … Mais, la réputation de la secte ne cessa ensuite de hanter l'imaginaire ...

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La Raison et la Gnose - Du Moyen-âge aux Lumières du XVIIIe s

Publié le par Perceval

Le Corpus hermeticum constitué au XIe siècle, et qui rassemble des textes grecs, écrits au cours du IIe  et du IIIe siècle, met en scène Hermès Trismégiste et/ou ses disciples et propose une voie de sagesse mêlant traditions grecque et égyptienne. Le premier livre d'Hermès s'appelle Poïmandrès

« que veux-tu entendre et voir, que veux-tu apprendre et connaître ? Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu »

 

La gnose c'est d’abord une recherche de la connaissance des êtres, de Dieu, de l'univers, de la compréhension du monde, qui s'adresse à tous, pas seulement aux clercs, pas seulement aux intellectuels, mais à tout le monde. Elle ne propose pas, et n'a jamais proposé dans toute son histoire millénaire, de réponses toutes faites et des révélations. Elle fonde la compréhension de ce que nous vivons, entendons ou lisons sur le symbole, l’expression symbolique. Enfin et surtout c'est une quête de l'unité, l’Un et le Tout, on l'appellera comme on voudra, quête de ce qui nous transcende, l'Univers, le Divin, quelque fois on ne trouvera aucun nom, dans la plus grande liberté.

 

La gnose est ici ( et la plupart du temps, l'Eglise a préféré entretenir l’ambiguïté...) à différencier du dualisme de certains gnostiques qui considèrent deux divinités en conflit, le dieu du bien face au dieu du mal ...etc)

La gnose rejoint au XVIIIe siècle, ce que les francs-maçons écossais nomment la Vérité... Elle est cette connaissance qui va au-delà du voile de la matière et qui nous fait passer de la matière à l'esprit, de l’équerre au compas, qui cherche à voir avec l'œil de l'esprit ( du cœur, de l'âme et de l'esprit) au lieu de voir simplement avec les yeux physiques.

 

Cette Vérité est inaccessible dans sa totalité... Dans cette quête, doit-on quitter le domaine de la raison ? Non pas, si nous regardons derrière le voile du matériel, qui fait partie du réel, et répond donc à une logique.

Au XVIIIe Kant choisit de s'en tenir à la pensée logique, et qui peut s’appliquer à toutes sortes de réalités...

Emmanuel Kant (1724-1804)

La condition essentielle pour partir en quête de la Vérité, est de conquérir notre liberté. Si nous ne sommes pas libres de voir, de discerner, de connaître, comment pourrons-nous nous approcher de la Vérité ? Emmanuel Kant le dit en 1784 dans un raccourci magnifique : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières », et il ajoute « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage…».

 

Si le XVIIIe siècle, se verra le témoin de la victoire des ''Lumières'' contre l’obscurantisme religieux... Une tendance de ces Lumières, continuera à se considérer comme religieuse...

Partons sur cette voie:

Depuis 1700, pas moins de 15 volumes sur l'histoire des ordres religieux, monastiques militaires et chevaleresques sont édités en Europe, plus de la moitié des écrits alchimistes ont été écrits dans la 2ème partie du 17e siècle.«Pierre Dupuis (1700) :Traité concernant l’histoire de la France, l’Ordre du Temple. Gurtler (1703) : Historia templarorium. P.Heylot (1714) : Histoire des Ordres religieux monastiques et religieux, 8 vol. Honoré de Ste Marie (1718) : Dissertation historique et critique sur la chevalerie ancienne et moderne, séculière et régulière. Basnage (1721) : Histoire des ordres Militaires ou des Chevaleries, des milices séculières et régulières, Abbé Roux  (1725): Histoire des 3 Ordres réguliers et militaires des Templiers, des Teutons, Hospitaliers ou Chevaliers de malte. Abbé Vertot (1726) Histoire des Chevaliers Hospitaliers de St jean de Jérusalem. 1.5 vol sur 4. )

 

En 1728 : le chevalier Ramsay (1686-1743), l’ami de Fénelon et le protégé de Madame Guyon, crée les hauts grades écossais. Il fait provenir la dénomination « Loge de St Jean » de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, dénomination tardive de l’Ordre de l’Hôpital, héritier des bien temporels des Templiers, et il associe les 3 degrés de la Maçonnerie aux 3 rangs des Ordres Religieux comme l’Ordre du temple.

Après un millénaire ( au moins...) d'ignorances et d'interdits théologiques ; on n'hésite pas à s'interroger sur tout, et sans trop de méthodes : sur la réalité des sirènes, ou sur la possibilité des cailloux de se reproduire … mais aussi sur l'électricité, les observations au microscope, les études systématiques des animaux et leur classification...

L’organisation des savoirs n'était pas celle d'aujourd'hui, ni celle que vont tenter d'organiser les ''Lumières'' du XVIIIe. Au début du XVIIe siècle, l’approche mathématique du mouvement des planètes peutt bien s’accompagner, chez Kepler, de la croyance en une âme du monde.

Si la gnose est censée, par ses détracteurs, être ésotérique donc réservée qu'aux initiés.... Sachons, que le mot Ésotérisme est récent … Au XVIIIe siècle était appelé ' ésotérique ' l’enseignement philosophique oral de Pythagore ou de Platon supposé destiné à un groupe restreint de disciples.

« la connaissance est ce qui permet de s’assimiler autant qu’il est possible à Dieu, ce qui implique d’être juste et saint avec l’aide de l’intelligence » Platon (Timée 72b).

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

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Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 3/-

Publié le par Perceval

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 3/-
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Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 3/-

Avant la révolution française, un groupe de femmes aristocrates, la plupart membres de loges maçonniques, organisent avec enthousiasme une vie culturelle... Elles imaginent les premiers musées ( le terme musée vient du grec Mouseîon, temple et lieu consacré aux Muses, divinités des arts....), organisent des rencontres comme celles près de Marly par les poètes libertins de la ''Caserne '', Evariste de Parny, Antoine Bertin, Michel de Cubieres

Rosalie Duthé (1792) par Henri-Pierre Danloux

Parmi les premières, citons Mme de Rochechouart ou Mme de Kolly... Elles revendiquent un raffinement de vie, un goût marqué pour les beaux-arts et l’esthétique... Elles protègent les artistes, organisent le mécénat, et contribuent à faire connaître pastellistes, joailliers, ébénistes, paysagistes ou musiciens.

Mme Thilorier crée des places gratuites à l'Ecole royale de dessin, Mlle Dervieux s'efforce d'imposer l'architecte Belanger, tandis que Julie Carreau, future Mme Talma, soutient Brongniart. Les musiciens Hermann, Paisiello, Saint-Georges, Martini, Steibelt sont attirés dans les salons libertins de Sophie Arnould ou de Mme de Chambonas, laquelle vit séparée de son mari absorbé par un mystérieux Ordre Hermaphrodite, dit de la Sublime Félicité.

Cet ''ordre de la Sublime félicité '' servira d'ailleurs à décrédibiliser le mouvement d'un nouvel ordre amoureux... Chambonas fondateur de l'Ordre est – dit-on - perclus de dettes, violent et une réputation fort équivoque. (Voir Journal des inspecteurs, de M. DE SARTINES, ...) Leurs assemblées sont plus que galantes... On distingue quatre grades au sein de la Félicité : « mousse », « patron », « patron salé » et « chef d’escadre », et ses membres se qualifient entre eux de chevaliers et de chevalières.

Ces femmes reçoivent dans leurs hôtels, des quartiers : la Chaussée d'Antin, la Grange-Bateliere... La liberté de ton règne dans leurs salons... Et, on y veille a respecter les opinions et les choix de vie de chacun.

 

Ces salons royalistes, d'esprit ''libertin'', ont quelque chose de moins empesé que chez Mmes Necker ou de Gramont.

Ces salons ne sont pas – certes - tous dédiés aux arts ; certains le sont aux jeux, par exemple...

Mme de Sabran - Buste par Houdon

Des dames comme la belle Mme de Sabran immortalisée par le ciseau de Houdon, et connue pour sa longue liaison avec le chevalier de Bousiers, tout comme sa fille Mme de Custine, sont représentatives de l'esprit libertin et frondeur qui souffle a cette époque.

Ensemble, hommes et femmes suivent des réunions littéraires et scientifiques, avec Pilatre de Rozier - plutôt scientifique -, ou Jean-François de la Harpe (1739-1803) qui donne des cours de littérature.

 

Les pamphletaires vont dévaloriser pendant et après la révolution, ces femmes qui se disent ''libertines'', c'est à dire ''affranchies'' et qui ne craignent pas de parler culture, et même d'amour au sens du plaisir sexuel...

J. B. Elie de Beaumont et son épouse Anne-Louise

Mme Elie de Beaumont (1729-1783, née Morin du Mesnil) femme affranchie, et à l'avant-garde sur les questions de la place de la femme dans la société, ouvre avec son mari un salon ouvert à de nombreux avocats. Elle-même est journaliste, rédactrice en chef d'un journal politique, et elle est aussi la présidente du Lycée des femmes qui ouvre ses portes en 1790 au Palais-Royal. Le salon libéral de Mme de Montesson à Romainville est assez brillant , et il est doté d'un théâtre de société …

 

Mlle Sophie Goury de Champgrand - fille naturelle de Sophie Arnould - aux arcades du Palais-Royal, no 9, anime sous la houlette de son père un brillant salon essentiellement tourné vers le jeu et la musique, où afflue la société libertine du Palais-Royal. Ce salon, comme beaucoup d'autres du Palais-Royal, devient une officine contre-révolutionnaire et plusieurs de ses habitués monteront à l'échafaud, en particulier le jeune Jules Guétennoc de Rohan-Rochefort, soupirant de Mlle Goury de Champgrand.

Louise-Julie_Carreau

Un autre salon très à la mode à la veille de la Révolution est celui de la spirituelle Julie Carreau, rue Chantereine, dans un hôtel qui sera acquis par Mme Bonaparte sous le Directoire. Cette jeune femme qui a commencé une carrière de danseuse à l'Opéra s'est fait remarquer dans la haute galanterie par son charme et sa beauté, ( comme en témoigne un portrait en miniature d'après Vigée-Lebrun), mais aussi par son esprit et sa culture.

Louise-Julie Careau (Talma) danseuse

Cette courtisane partie de rien est doublée d'une femme d'affaires avisée qui sait investir dans la pierre les revenus de l'amour que le prince de Soubise lui a voué et, lorsqu'en 1789 elle épouse le grand comédien Talma, elle a acquis une petite fortune. Leur salon, entre libertinage et politique, fréquenté par les Condorcet, Olympe de Gouges, Vergniaud, Julie Candeille..., est un des plus intéressants de Paris à l'époque de la Révolution.

 

Nicolas-Marie Dalayrac (1753-1809) est membre de la loge maçonnique des « neuf sœurs » et compose en 1778 la musique pour la réception de Voltaire et celle de la fête en l'honneur de Franklin chez Madame Helvétius.

Pour clore cette liste des salons connus et appréciés des libertins on peut encore citer celui de Paul Savalette de Lange, qui demeure dans un vaste hôtel particulier situé rue saint-Honoré. Garde du Trésor royal comme son père Savalette de Magnanville - dont les origines roturières ont inspirè la pièce de Mercier intitulée ''La Brouette du vinaigrier'' -, Paul Savalette de Lange est un libre penseur, libertin, et l'un des animateurs les plus en vue de la franc-maçonnerie parisienne, « modèle de bonnes manières, de politesse élégante, de respect des usages établis » il attire dans son salon les mélomanes de Laris, et la loge maçonnique qu'il dirige - la loge Olympique - est connue pour ses concerts et son soutien à l'art musical et aux artistes...

 

Les sources, de cette présentation courte et partielle, proviennent essentiellement des ouvrages très documentés de Olivier Blanc, en particulier : '' L'amour à Paris au temps de Louis XVI ''

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Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -7/.-

Publié le par Perceval

 

1835 Blason Rosslyn

En 1736, le Général James Sinclair récupère la chapelle de Rosslyn ( le château, lui, fut détruit en 1650 par les troupes de Cromwell ), et commence sa restauration. Je rappelle que sur les terres du clan Sinclair, la chapelle de Roslyn est édifiée en 1446 par Sir William Saint-Clair, sur des vestiges que l'on date de 1304...

Les sculptures énigmatiques de la chapelle de Rosslyn comportent des images dans une langue médiévale, on peut y lire à la fois des symboles templiers et maçonniques...

Les piliers et les arcs sont couverts de centaines de feuilles, de fruits, d'animaux et de figures joliment sculptés. On dit que quelques sculptures curieuses représentent le cactus et le maïs doux, sculptés avant que Christophe Colomb ait mis le pied en Amérique en 1492...

En ce lieu, se rejoignent des légendes qui remonteraient à l’antique temple de Jérusalem, que l'on retrouve ici, dans ses dimensions … Un labyrinthe de souterrains ( qui reste à découvrir…) , construit par des templiers, est réputé contenir des dizaines de saintes reliques, y compris les premiers évangiles, l'Arche de l'Alliance, le légendaire Saint Graal... et même la tête momifiée du Christ. On prétend que la décoration maçonnée de l'église contiendrait un code, qui s'il était déchiffré permettrait d'accéder à ces trésors …

J'ai lu, que le Saint-Graal, pourrait être sous l'une des colonnes connue sous le nom de pilier d'apprenti, dans un cercueil en plomb ...

Ce ''pilier de l'apprenti '' attire toutes les attentions...

Dans un document du XVIIIe siècle, il est appelé ''pilier du Prince '' ; son nom a changé avec la légende qui lui est attribué : le maître maçon en charge de la taille de pierre soutenait que son apprenti n'était pas capable de sculpter la colonne – selon un dessin et sans voir l'original …

Alors que le maître maçon est lui-même parti visiter le modèle original , à son retour il constate que l'apprenti est parvenu à terminer la colonne par lui-même. Dans un accès de colère jalouse, le maître maçon prit son maillet et frappa l'apprenti sur la tête, le tuant. 

La légende conclut qu'en guise de punition pour son crime, le visage du maître maçon a été sculpté dans le coin opposé pour regarder, pour toujours, le pilier de son apprenti.

Sur la poutre qui joint le pilier il y a une inscription : '' Forte est vinum fortior est rex fortiores sunt mulieres super omnia vincit veritas : «Le vin est fort, un roi est plus fort, les femmes sont encore plus fortes, mais la vérité conquiert tout » ( 1 Esdras , chap. 3 et 4).

La mythologie nordique et celtique, semble très présente dans la décoration : il y a plus de 110 sculptures de " Green Men " dans et autour de la chapelle. Les hommes verts sont des sculptures de visages humains entourés de verdure, qui sortent souvent de leur bouche. On les trouve dans toutes les parties de la chapelle, avec un exemple dans la chapelle de la Dame, entre les deux autels du mur est.

La chapelle de la crypte est le lieu de sépulture de plusieurs générations de Sinclairs. La crypte était autrefois accessible par un escalier descendant à l'arrière de la chapelle. Cette crypte a été scellée et fermée pendant de nombreuses années... Ceci peut expliquer les nombreuses légendes locales qui entourent les possibles souterrains et les trésors qui y seraient cachés …

Le '' Da Vinci Code '' de Dan Brown (2003), renforcé par le film du même nom (2006) a réactivé la magie du lieu...

Rosslyn_Chapel dans le '' Da Vinci code "

 

Ce pastel, intitulé ''Templar Knight à Roslyn Chapel'', et réalisé par Robert Turnbull McPherson, en 1836, représente un Grand Commandeur des Templiers orné d'un manteau blanc, tenant une épée rituelle, debout dans la chapelle de Rosslyn. L'image est composée de nombreux objets symboliques , qui peuvent être liés aux rituels franc-maçonniques et néo-templiers.

 

Voilà, ce que l'on peut dire sur le lien des Templiers avec la Franc-Maçonnerie.

Cependant, le caractère historique de la filiation templière a été rejeté lors du convent maçonnique de Wilhemsbad en 1782, pour devenir "symbolique" et "spirituel" au sein du ''Rite Écossais Rectifié'' fondé par le lyonnais Jean-Baptiste Willermoz.

 

Ceci dit, l'influence des Templiers se savoure, encore aujourd'hui ( et bien avant le ''Da Vinci Code '').

Henry Corbin (1903-1978 ), philosophe, traducteur et et surtout orientaliste passionné français. Il est entré en franc-maçonnerie à la GLNF-Opéra, puis intègre la GLNF-Bineau., en 1962. En 1968, il entre dans l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et introduit la notion de « Chevalerie spirituelle ».

En 1736, Sir William St Clair

Henry Corbin écrivait : « Je suis persuadé de l'origine templière de la F:.M :. Elle m'apparaît comme étant essentiellement le seul foyer permettant à la tradition spirituelle ésotérique de l’Occident de survivre en notre monde, et d'en faire pénétrer le levain au cœur d'une humanité désorientée. Aucun œcuménisme ne m'apparaît possible sinon sur les bases de l'ésotérisme. Poursuite de l’Ordre du Temple, origine, nature et but de la F:.M:. m’apparaissent comme liés à une tradition englobant les « communautés du Livre ». Temple de Salomon, Temple du Graal, Temple de la Jérusalem céleste m'apparaissent comme des symboles indissociables l'un de l'autre. ».

«(...) ma conviction intime est que l'initiation des trois premiers grades doit s'achever dans ceux de la chevalerie templière, telle que l'a conçue Willermoz. Désir et besoin spirituels s'identifiant ici pour tendre à ce but, en aspirant à la réalisation, réorientation ou achèvement de ce qui fut conçu au XVIIIe siècle par nos prédécesseurs. ».

 

Jean Léonard de la Bermondie, n'a pu être que fort intéressé, par cette ''Histoire'' qui était en train de s'écrire devant lui... Et sans doute rejoint-il l'avis de Casanova qui explique ainsi dans ses Mémoires :

« Tout jeune homme qui voyage, qui veut connaître le grand monde, qui ne veut pas se trouver inférieur à un autre et exclu de la compagnie de ses égaux dans le temps ou nous sommes, doit se faire initier dans ce qu’on appelle la Franc-maçonnerie ».

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Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -6/.-

Publié le par Perceval

James Sinclair, né à Edinburgh, entré dans la ''Garde Écossaise'', soutient que l'origine de sa famille remonte aux chevaliers Normands de Saint-Clair.

Trois membres Sinclair étaient présents, avec Bruce, sur le champ de bataille de Bannockburn ( dont nous avons parlé précédemment) …

Sur le continent, les Ecossais furent toujours les bienvenus à la Cour de France. Il s’est même constitué une ''garde'' mise au service personnel du roi. En 1445, la nouvelle armée française créée par Charles VII comporte une compagnie de gendarmes écossais issus de troupes qui avaient combattu avec Jeanne d’Arc. Elle deviendra une unité d’élite, la fameuse ''Garde Ecossaise'' dont les officiers appartiennent aux familles les plus illustres d’Ecosse : les Sinclair, Stuarts, Montgomery...

Les gardes du corps, appelés anciennement archers de la garde, sont définis par Guyot comme un «corps d'officiers établis pour garder jour et nuit la personne du Roi et la défendre contre quiconque formeroit le dessein d'attenter à sa sûreté». Il y avait quatre compagnies sous autant de capitaines qui servaient par quartier. La première, la ''Garde Ecossaise'' est la plus ancienne et la plus illustre, créée par le roi Charles VII donc, avait formé un corps de farouches et vaillants archers écossais, entrés dans la légende avec le roman de Walter Scott, Quentin Durward.

Au XVIIIe siècle, les gardes d'origine écossaise, sont minoritaires... Les gardes sont en général cooptés ; dans la généralité de Limoges, nous en trouvons 22 sur 72, Limoges où  il y existe une puissante tradition de service dans la compagnie de génération en génération . D'ailleurs, la généralité de Limoges tient la première place avec 117 gardes, soit 9,5% de l'ensemble. Tous sont gentilshommes, ou bourgeois ''vivant noblement''...

Exemple : «  (…) les David de Lastours(31) donnent neuf gardes à la compagnie écossaise : le premier, Henry de David de Lastours, est présenté, à l'âge de vingt-deux ans, le 28 janvier 1724, par un garde d'origine limousine, M. de Nantiac, sans doute uni par des liens de parenté à la famille de David. Henry présente à son tour, le 27 septembre 1728, son jeune frère âgé de vingt-deux ans, Germain, dit M. de Laborie, qui lui-même présente de 1750 à 1756 cinq de leurs neveux (…) Le groupe familial des Martin et des Chancel ne fournit pas moins de douze gardes à la compagnie écossaise »  etc … ( de J.-F. Labourdette – Article Persée)

Maison du Roi -  Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''
Maison du Roi -  Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''
Maison du Roi -  Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''
Maison du Roi -  Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''
Maison du Roi -  Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''

Maison du Roi - Garde Ecossaise - Garde '' de la Manche ''

Et, figurez-vous, que La Garde Ecossaise, se dit héritière des chevaliers du Temple....

William de Saint-Clair, fut l’un des chefs de la révolte écossaise contre Edouard 1er d’Angleterre et compagnon de William Wallace à la fin du XIIIème siècle. Son fils, Sir Henry Saint-Clair ( 7ème baron de Rosslyn, 1297-1331), mort en Andalousie, était en chemin pour la Terre Sainte, afin d'y enterrer le coeur de Robert Le Bruce. Finalement, le cœur de Bruce fut retrouvé et ramené en Écosse ou il fut enterré à l’Abbaye de Melrose dans le Roxburghshire.

C'est William Sinclair, chancelier et régent d’Ecosse au XVe siècle, qui fut le dessinateur des plans de la célèbre Rosslyn Chapel, l’un des symboles historiques de la Francs-Maçonnerie, dont nous parlerons dans le prochain article ..

 

La tradition dit « Qu’en 1441, Jacques II d’Ecosse, nomma Saint-Clair patron et protecteur des maçons Ecossais (entendons ici maçons opératifs et pas encore Francs-Maçons), que la fonction était héréditaire, qu’après sa mort en 1484, ses descendants tinrent des réunions annuelles à Kilwinning». Kilwinning étant le nom d’une ville écossaise, mais aussi le nom de la première loge maçonnique du monde.

Cette loge opérative, date de la construction de l'abbaye 1140. Jusqu'en 1560 les maçons se sont rencontrés dans la Maison du Chapitre, dans l'Abbaye de Kilwinning.

La légende fait se tenir la probable première 'Tenue maçonnique' dans la Salle Capitulaire, la "Chapter house" du monastère. La taille de cette salle est :11,4m x 5,7m ; en pieds, cela donne 19x38 et en fait un un carré long ( ou rectangle d'or : forme symbolique de la loge maçonnique...) ... Donc, la première Lug (ou Luge), dû se tenir là, en raison des nombreuses marques de maçons qui y ont été retrouvées... Ces loges étaient aussi les salles d'instructions ou d'examen des moines-apprentis, qui étaient appelés à devenir des ouvriers qualifiés tels que sculpteurs de pierre, mais aussi de bois, charpentiers, forgerons, orfèvres, maçons architectes et autres horticulteurs...

Un chevalier Rose-Croix de Kilwinning

''La légende '' dit aussi que Robert Bruce aurait fondé l'Ordre Maçonnique d'Hérédom de Kilwinning en 1314 après la Bataille de Banockburn, se "réservant" la place de Grand Maître pour lui et ses descendants et successeurs sur le Trône d'Ecosse.

Cependant après la réforme, quand l'abbaye a été détruite, ils se sont rencontrés dans les maisons locales, la plus célèbre étant connue sous le nom de " The Masons Howf ", situé à la vieille croix à Kilwinning.

Autour de 1600, alors que se constituaient les toutes premières loges de la franc-maçonnerie, les maçons d'Écosse reconnurent, dans la première des Chartes dites « Saint Clair », Sir William Sinclair of Rosslyn comme mécène et protecteur. Il est également écrit dans ce document que les Sinclair détenaient ce titre depuis « longtemps »...

''La Légende '' encore, soutient que William Saint-Clair, le premier "patron et protecteur" des maçons d'Écosse, était aussi Chevalier Templier et, de ce fait, que ce titre de chevalerie devait pouvoir être accessible aux descendant, comme celui de "patron des maçons". Ce qui apparaît sur une inscription sous la pierre tombale originale de William (de) St. Clair, décédé vers 1480. Cette inscription dit : “William de St. Clair, Knight Templar”.

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Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -5/.-

Publié le par Perceval

Pour continuer avec les sources '' templières'' de la Franc Maçonnerie : Voici un texte extrait de ''Acta Latomorum; ou, Chronologie de l'histoire de la franche-maçonnerie …'', Par Claude-Antoine Thory (1815)

«  Ordre de la Stricte Observance : - Il fut organisé en Prusse par le baron de Hund qui en avait conçu la première idée, à Paris, dans le Chapitre de Clermont dont il était membre. Il réforma les grades de ce Chapitre, et y en ajouta encore d'autres.

Les FF. de la Stricte-Observance se disent les successeurs des Templiers , et leur doctrine consiste à perpétuer l'existence de l'Ordre sous le voile de la F.-M. Voici l'Histoire de l'Institution, selon le baron de Hund:

Dans l'année 1303, deux Chevaliers , nommés Noffodoi et Florian, furent punis pour crimes. Tous deux perdirent leurs commanderies et particulièrement, le dernier, celle de Montfaucon. Ils en demandèrent de nouvelles au Gr.-Maître provincial de Mont-Carmel; et comme il les leur refusa , ils l'assassinèrent dans sa maison de campagne, près de Milan , et cachèrent son corps , dans le jardin, sous des arbrisseaux. Ils se réfugièrent ensuite à Paris , où ils accusèrent l'Ordre des crimes les plus horribles , ce qui entraîna sa perte , et par suite le supplice de J. Molay.

Après l’exécution de Jacques de Molay, Pierre d’Aumont, commandeur d’Auvergne, et sept autres chevaliers déguisés en maçons auraient récupéré les cendres du grand maître en jurant de venger l’ordre. Pierre d'Aumont, s'enfuit avec deux Commandeurs et cinq Chevaliers. Pour n'être point reconnus , ils se déguisèrent en ouvriers maçons, et se réfugièrent dans une île écossaise, où ils trouvèrent le Grand-Commandeur Hauptoncourt, Georges de Hasris, et plusieurs autres Frères avec lesquels ils résolurent de continuer l'Ordre.

Ils tinrent, le jour de St.-Jean 1313 , un Chapitre dans lequel Aumont, premier du nom, fut nommé Grand-Maître. Pour se soustraire aux persécutions , ils empruntèrent des symboles pris dans l'art de la Maçonnerie , et se dénommèrent Maçons libres.... En 1361 , le Grand-Maître du Temple transporta son siège à Aberdeen , et par suite l'Ordre se répandit, sous le voile de la Fr. Maçonnerie , en Italie, en Allemagne , en France , en Portugal, en Espagne et ailleurs. (Der Signatstern, etc.)


S'il est dit que Pierre d'Aumont, précepteur d'Auvergne, et quelques compagnons (le nombre varie) trouvent refuge en Écosse, il est aussi précisé que les Templiers s'établirent sur l'île de Mull, auprès des "Chevaliers de Saint-André du Chardon"... . C'est le 24 juin 1314, que Robert Bruce (1274-1329), roi d'Écosse, avait constitué l'Ordre de Saint André du Chardon, créé en faveur des Templiers, pour les protéger et récompenser leurs services signalés.

En effet, après sept ans d’exil, les templiers s’acquittèrent de leur dette en fournissant à Bruce un appoint décisif lors de la bataille de Bannockburn. C’était le jour de la saint Jean d’été 1314. Bruce combattait les anglais ( les troupes d'Edouard II) et l’issue de la bataille était incertaine. C’est alors qu’une troupe fraîche, composée dit-on de Templiers et d’ouvriers maçons, entra dans la mêlée, et les Anglais s’embourbèrent dans le marais. Cette bataille offrit à l’Ecosse trois siècles d’indépendance, chèrement gagnée.

En Écosse, l’Ordre a possédé deux grandes commanderies : Maryculter près d’Aberdeen et Balantrodoch près d’Édimbourg.

L’Ecosse est le seul pays de l’époque ou les persécutions envers les Templiers n’eurent pas lieu. le Pape, lui-même, n’avait plus d’autorité en Ecosse après avoir excommunié Le Bruce ( meurtre d'un prétendant à la couronne dans une église …!) quelques temps auparavant.

 

 

 

 

Ensuite, les templiers furent assimilés à la population locale. La plupart reçurent des terres et devinrent des notables écossais. Beaucoup tentèrent néanmoins de perpétuer les principes et le modèle templier par le biais d’organisations néo-templières, qui pullulèrent à cette époque, de manière clandestine ou non.

Parmi elles, on peut relever le célèbre Ordre de la Jarretière, fondé en 1348 par Edouard III d’Angleterre et qui prévaut encore de nos jours. Ou encore l’Ordre de la Toison d’or et l’Ordre de Saint Michel, en France, dont furent membres certains des plus éminents sujets de l’époque, tel Charles de Bourbon.

Tous ces ordres n’avaient bien évidemment ni la taille ni l’aura du Temple. Ce n’était pas non plus des ordres militaires, mais plutôt des organisations à fortes connotation symbolique, regroupant un certaine élite. Néanmoins un seul ordre à fonction militaire de cette époque peut apparaître, après une minutieuse observation, comme le descendant direct du Temple sur bon nombre de points: il s’agit de la Garde Ecossaise.


 

Ainsi, J. L. de la Bermondie rencontre un officier de la Garde Ecossaise, qui connaissait son intérêt pour les Templiers... Cet homme se dit descendant du '' clan Sinclair'' ; et son ancêtre un proche de Robert le Bruce...

 

A suivre ...

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Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -4/.-

Publié le par Perceval

Comme lors du Convent ( Assemblée législative des députés des loges) des Philalèthes ( chercheurs de la Vérité) ) ; J.L. De la Brémontie, s'il en a eu l'occasion, aurait pu entendre que:

« La Maçonnerie doit sa puissance à l’extinction des Templiers : ceux-ci puisèrent leurs connaissances dans l’Orient. L’ordre, fondé par neuf gentilshommes dans le XIIe siècle, s’établit là où avait été le Temple de Salomon et surtout dans le voisinage des deux colonnes ; ils avaient plusieurs grades : leurs réceptions se faisaient de nuit et avant le lever du jour ; leurs assemblées étaient dans un lieu fermé; ils s’appelaient Frères. » ''L’Histoire véritable de la condamnation des Templiers'' de Pierre Dupuy, qui en 1654, réhabilitait les Templiers et était convaincu que les Templiers dispensait une connaissance ésotérique...

Lors du convent, le frère continue ainsi, appuyant la filiation entre l’Ordre illustre et la Franc-maçonnerie : « Quelques passages de Dupuis prouvent qu’on était reçu, n’ayant que la chemise et la culotte, et qu’on faisait un grand détour pour arriver dans le lieu secret de la maison, que la porte était gardée par deux guerriers, épée en main et gardant les clefs ; ils avaient des signes et des mots, lors de leur persécution en France, plusieurs passèrent en Angleterre. »

Jean Baptiste Willermoz écrit que dans sa propre Loge dès 1752 on faisait référence au lien avec la chevalerie dans la transmission du 4em grade pour présider la loge. « J’apprenais mystérieusement à ceux auxquels je conférais le 4em grade de la Loge, qu’ils devenaient successeurs des Chevaliers (Templiers) et de leurs connaissances, je l’ai ainsi répété pendant dix ans comme je l’avais appris de mon prédécesseur, qui l’avait appris lui-même par une ancienne tradition, dont il ne connaissait pas l’origine. »

Parmi les hauts-grades, l'un des plus anciens est dénommé '' Chevalier d'Orient et de l'Épée '', sa légende symbolique visite le thème de la reconstruction du Temple de Jérusalem, avec l'image du franc-maçon, la truelle du maçon dans une main et l'épée du chevalier dans l'autre... Un peu plus tard apparaît celui du '' Sublime Chevalier Elu'' un grade de vengeance ( du fait des morts injustes de Hiram, et de Molay …)

La légende qui appuie cet héritage d'architecte et de chevalier, décrit les Templiers comme ayant encouragé et protégé les meilleurs bâtisseurs de leur époque. Ils leur auraient commandé la construction d'édifices réclamant à la fois une maîtrise parfaite de l'architecture et un degré supérieur de connaissance mythique...

Au lendemain du supplice de leur grand maître, ils se seraient cachés dans quelques châteaux ou monastères isolés ; et, loin d'abandonner cette culture, ils se seraient au contraire attachés à l'entretenir, à l'affiner. Sur quoi, il aurait fallu attendre le XVIIIe siècle, pour que cette tradition puisse se dévoiler au coeur des loges maçonniques.

 

Lorsque J.L. De la Brémontie, présente certains documents qui lui viennent de son ancêtre Roger de Laron, et encore assez bien conservés, les mystérieux graphiques et propos consignés évoquent à chaque fois chez son interlocuteur avisé, des propos relevant de connaissances alchimiques...

Ce fut le cas, lorsque l'abbé Pernéty - connu pour avoir accompagné comme aumônier l'expédition de Bougainville – de passage à Paris à l'automne 1766, et qui l'entretient de la '' Rose-Croix''

Pernety traduira plus tard des écrits de Swedenborg, et se passionne pour l'alchimie. Il tentera en Avignon, aidé du marquis de Vaucroze, de fonder une société ''Rose-Croix'', que l'on nommera les '' illuminés d'Avignon''

 

Au cours de sa recherche J.L. De la Brémontie, ne rencontrera la ''Rose-Croix'' que par l’intermédiaire des hauts-grades...

A noter : un manuscrit rosicrucien de 1760 trouvé à Strasbourg, intitulé ''Deuxième Section, de la Maçonnerie parmi les Chrétiens'' qui relie Templiers, Rose-Croix et Francs-Maçons dans une tradition immémoriale d'une société secrète, hermétiste et occultiste... Les Grands Maîtres secrets, se seraient succédé depuis ce temps-là.

 

 


 

Quant à l'alchimie ; ce ne sera que vers 1778 que le Rite Ecossais Rectifié reprendra explicitement le symbolisme alchimique: on y retrouve dans les voyages du récipiendaire les trois éléments: le feu ( associé au soufre) , l'eau ( le sel) et la terre ( le mercure) , qui lui apprennent la structure ternaire de Tout...

 

A noter que la plupart du temps, les travaux aux grades ''Rose-Croix'', sont mixtes …

Dailleurs, par l’intermédiaire du ''martinisme'' plusieurs femmes se sont distinguées:

- La soeur de Jean-Baptiste Willermoz : Claudine Thérèse Provensal , à Lyon ;

- Mme de Vallière ( la comtesse  Marie-Louise de Monspey, dite Églé de Vallière (1733-1813) a plusieurs identités …!) est une mystique ardente ; elle devient chanoinesse de Remiremont, et, médium, se fait appeler ''l'agent inconnu'' . .. Son frère aîné, Alexandre de Monspey, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’Ordre de Malte, s’engage dans la franc-maçonnerie spiritualiste.

- Chez la duchesse de Bourbon, sœur de Philippe Egalité, élevée Maçonne Parfaite par Bacon de la Chevalerie, Grande Maîtresse de toutes les Loges d'Adoption, passionnée d'ésotérisme, se côtoient mystiques, exaltées, prophètes et prophétesses, astrologues, pythonisses...

- On dit la marquise de La Croix, voyante, guérisseuse, et de plus ... jolie de sa personne ; son renom a franchi les frontières. On dit qu'elle entretient des « relations » avec des esprits incarnés, ses extases se succèdent. Elle offre l'hospitalité à Saint-Martin qui se trouve dans la gêne... Elle l'admire, elle s'est plongée dans son ouvrage des « Erreurs et de la Vérité. » et il a opéré dans l'esprit de la marquise une grande révolution dans ses idées. » Les ébats intimes entre la marquise et le philosophe ne tardent pas à alimenter les conversations...

Saint-Martin a déjà exprimé, aussi, son grand amour sans retenu pour sa « chèrissime » Madame de Böecklin...

- Mesdames de Bry, de Saint-Dicher, de Brissac, de Polomieu, et d'autres dont nous avons déjà parlé ...

A suivre...

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Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -3/.-

Publié le par Perceval

Revenons en arrière, pour comprendre que dans l'idée de J.L. de La Bremontie, ce lien de la maçonnerie avec les templiers peut se justifier.

D'abord, il nous faut remonter jusqu'à Roger de Laron, ( bien connu sur ce site …), ancien templier et qui a laissé à ses descendants localisés à Saint-Julien le Petit ( château de Laron) un ''trésor'' contenant divers documents, dont les armoiries du seigneur de Laron, qui sont '' Une escarbouche à six raies pommetées ''. Un lettré du même bourg, le sieur Chaumény, expliqua à Jean-Léonard, la signification particulière de ce blason...

Jean-Léonard ( élève des jésuites …) sait déjà que le ''meuble héraldique'' qu'est l'escarboucle, vient du latin 'carbunculus' qui signifie ' petit charbon ', sous-entendu charbon ardent, rougeoyant.

Selon les légendes médiévales, l’escarboucle est la pierre que portent au milieu du front les dragons , les vouivres, et les Licornes ( sous leur corne).. Elle est aussi l'émeraude tombée du front de Lucifer. De cette Émeraude, on fit le vase du Graal ( voir Parzival de Wolfram von Eschenbach). La licorne ( avec sa pierre) attirée par les vierges, ou la vierge portant le Graal : c'est le même schéma … Avec l'escarboucle de couleur vermeille, rouge sang, déposée au fond du Graal, on a le but de la Quête …

En alchimie, l'escarboucle évoque la ''rubification'' alchimique, équivalent de la Pierre philosophale puisque doté de propriétés régénératrices.

Enfin, l'escarboucle est un symbole templier ; et il est intéressant de l'observer sur l'écu des Gémeaux ( à voir avec les 2 templiers sur un cheval …) sur la façade occidentale de la cathédrale de Chartres...

 

Le chevalier de Ramsay (1686-1743), né en Ecosse, se convertit au catholicisme en 1709, auprès de Fènelon et de Madame Guyon.. Ecrivain, philosophe, il est initié franc-maçon à la Horn Lodge le 16 mars 1730.

Le 26 décembre 1736 à la loge de Saint-Jean, Ramsay, comme « grand orateur de l'ordre », prononce un discours qui devient l’un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie française.

Il y fait la maçonnerie héritière des ordres chevaleresques de l'époque des croisades.

Au coeur du siècle des Lumières, une fois arrimée à la franc-maçonnerie, l’idée templière va se déployer dans l’univers des loges. La plupart des Rites maçonniques font de l’ordre du Temple la clef de voûte de leur système symbolique.

Par ailleurs, beaucoup de frères des Loges maçonniques affirment que quelques chevaliers avaient échappé à la persécution et s’étaient réfugiés dans la lointaine Écosse..

Karl Gotthelf von Hund, un noble saxon, fondateur du mouvement de la « stricte observance » raconte qu'après l’exécution de Jacques de Molay, Pierre d’Aumont, commandeur d’Auvergne, et sept autres chevaliers déguisés en maçons auraient récupéré les cendres du grand maître en jurant de venger l’ordre. Aumont se serait ensuite réfugié sur l’île écossaise de Mull, avant d’être désigné comme grand maître le 24 juin 1315, de la loge Heredom qu'il aurait fondé..


Les Templiers auraient survécu jusqu’au XVIIIe siècle sous le voile de la franc-maçonnerie. Le mythe de la survivance secrète des Templiers est né. C’est ainsi que quelques siècles après sa disparition, l’ordre des Chevaliers du Temple va connaître un destin aussi légendaire que fabuleux, et le mythe de la survivance secrète des Templiers, d’origine exclusivement maçonnique, a connu en trois siècles une diffusion dépassant largement l’univers des Loges.

Ainsi, dès 1737, on peut lire dans un gazetin : « Il s’est établi à Paris un nouvel Ordre qui vient d’Angleterre et qu’on nomme […] Francs-Maçons. C’est un serment de fidélité que se font ceux de cet Ordre […] et qui est à peu près comme l’Ordre des Templiers ». En 1746, L’Examen de la Société des francs-maçons… explique que « Les francs-maçons ont, comme les Templiers, des points tellement essentiels et secrets parmi eux qu’ils aimeraient mieux perdre la vie que de les découvrir ».

Réception maçonnico-templière en 1775


 

En France, le Rite Ecossais Rectifié, est une version de la la Stricte Observance Templière, née en Allemagne..

Lors du Convent de Wilhelmsbad (16 juillet – 29 août 1782), la légende d'un ''conseil suprême de Supérieurs Inconnus'' des Rose-Croix, n'est pas retenue; mais, il se forme à la place d'un ordre du Temple reconstitué : le Régime Écossais Rectifié dont les prieurés sont calqués sur l’organisation médiévale, et son degré terminal Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS) est un grade plus chevaleresque que maçonnique.

Le « Discours inaugural » des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte commence ainsi : « Trois de nos ancêtres, possédant le grand secret, trouvèrent le moyen d’échapper aux recherches générales et particulières que l’on fit contre eux. Ils errèrent dans les bois et les montagnes, de royaume en royaume ; enfin ils se retirèrent dans des cavernes proches de Herdown en Écosse où ils vécurent, servis et secourus par les chevaliers de Saint-André du Chardon, les anciens amis et alliés des Templiers. Ces trois Templiers firent une nouvelle alliance avec les chevaliers de Saint-André… ».

 

Une reliure maçonnique du marquis de Paulmy de 1777

 

.Tout ceci est dans l'air du temps ; un air que respire J.L. De la Brémontie, dans sa bibliothèque – celle de l'honnête homme – avec des ouvrages comme l’Amadis de Gaule, l’Histoire du Chevalier du Soleil, l’Histoire de Bertrand du Guesquelin, mais aussi l’Histoire de Malte de l’abbé Vertot… Chacun se consacrant en grande partie aux Templiers … Nous en reparlerons ...

A suivre ...

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