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charles-louis de chateauneuf

De Limoges à Paris : les Catacombes au XIXe s... -1/2-

Publié le par Perceval

Au Collège Royal de Limoges, Charles-Louis de Chateauneuf a rencontré un camarade de son âge avec qui il peut partager l'une des ses passions: la découverte du Moyen-âge, et de plus :sur la trace de l'un de ses ancêtres : Roger de Laron, chevalier templier... Il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie a, de plus, le goût de l'écriture et tous deux notent sur des cahiers, des récits qui serviront de thèmes au futur romancier...

Elie Berthet

Et c'est précisément le cas, pour ce qui est des Catacombes...

En effet, à 16 ans, Elie Berthet monte à Paris soi-disant pour étudier le droit, mais en réalité pour se vouer à l'écriture. En 1835 il trouve un éditeur:''le Siècle'' qui publie ses premiers récits ''La Veilleuse'', sous le pseudonyme Élie Raymond.

Et précisément, il publie très tôt, un texte écrit au Collège de Limoges : c'est la première version de « Les Catacombes de Paris », un roman d’Élie Berthet, dans une première version de 1832 (in folio imp. L. Grimaux) qui ne comprend que 20 pages. (1)

 

Les souterrains urbains sont fascinants, et les histoires s'y rapportant, légion.

La cathédrale de Limoges, vue prise du clos Sainte-Marie, vue d'ensemble. XIXe s

Revenons à Limoges, avant 1832... Chaque maison de centre ville est reliée par des souterrains, même s'y certains s'en sont appropriés une partie en les cloisonnant; tous les jeunes gens y ont connu diverses aventures ou des soirées ''endiablées'' … !

On dit qu'ils existent depuis l'époque gallo-romaine. Caves creusées ou caves bâties ( façonnées) … Caves à plusieurs niveaux, puits, aqueducs, silos ont été construits au cours des siècles... Dès le Moyen Age, en ville, on recherche à étendre son domaine (commerces, stockage...) En tout, on estime entre 40 et 80 kilomètres la superficie des galeries qui parcourent le sous-sol de la ville.

A l'époque, le grand défi était de trouver le circuit qui permettait par les souterrains de traverser la Vienne ; ou selon Elie Berthet lui-même de joindre Limoges au château de Chalucet …

Elie Berthet et Charles-Louis de Chateauneuf racontent, qu'un moine aurait été enterré vivant et qu'il aurait réussi à traverser la ville par les souterrains. Avec ce moine errant dans les galeries, certains assurent avoir aussi reconnu le fantôme de Sainte Valérie - portant sa tête coupée - qui hanteraient encore les souterrains de Limoges...

Souterrains de Limoges

 

 

Lorsque ce sous-sol est voûté d'ogive, la croyance populaire y voit des lieux de culte : chapelles, églises ou même restes d'abbaye... ou encore Temple maçonnique.

Pour ce qui est du Temple : voici une autre histoire bien étrange...

Le grand-père de Charles-Louis de Chateauneuf, était sans-doute franc-maçon à l'Orient de Limoges... C'est lui qui avait remis à son petit-fils un ensemble de documents ( médiévaux précisait-il ! ) qu'il disait avoir reçu de Jean-Léonard de la Bermondie. Ces documents étaient composés de dossiers sur la philosophie, l'alchimie..., et divers témoignages ; et également quelques objets dont une croix métallique et une bague templière … ! Et il lui avait fait comprendre qu'à partir de ce ''trésor'' ; il devait accomplir sa propre quête et transmettre le ''Tout'' à un descendant qu'il aurait choisi …

Aussi, tout ce qui pouvait avoir un lien avec la Chevalerie, intéressait au plus haut point Charles-Louis...

Initiation maçonnique. XIXe

Précisément, au Collège Royal de Limoges un jeune garçon, dont il s'est fait un ami, lui a laissé entendre que son grand-père est franc-maçon... Il se nomme Félix-Joseph de Verneilh (1820-1864), lui aussi, né au château de Puyraseau près de Nontron, fera carrière à Paris. Il deviendra historien et archéologue. Son grand-père – âgé à présent, ami de Maine de Biran, a rencontré des personnages comme le pape Pie VII, Napoléon... Il a raconté tout cela dans ses mémoires. Pour l'heure, il échange beaucoup avec son petit-fils... Et Félix de Verneilh assure Charles-Louis, qu'il existe dans les souterrains de Limoges, un Temple maçonnique là-même où existait au Moyen-age un sanctuaire templier. !

Temple dans souterrain à Limoges ( Le Populaire)

Bien sûr, Charles Louis et Elie vont se passionner pour toutes ces histoires autour des souterrains de Limoges ; et s'ils n'ont rien découvert de plus …. Sachez que :

En 2016, on vient de mettre à jour, une sorte de cathédrale cachée dans les sous-sols de l'ancienne bibliothèque municipale de Limoges. Ce serait le premier véritable temple maçonnique de la ville. Je lis dans le quotidien ''le Populaire du Centre'' une explication...

Les francs-maçons se seraient réunis à partir de 1750, rue Pisse-Vache dans le centre-ville de Limoges au sein de la loge Harmonie. Leur nombre grandissant, ils auraient déménagé en 1806 dans cet endroit en prenant le nom des ''Amis réunis''....

Effectivement, des embryons de loges sont connus dès 1750. Puis se constitue la loge « Harmonie » dont le vénérable maître est un fonctionnaire de préfecture nommé Jacquet. Les frères se réunissaient à la tour Pisse-Vache, au carrefour du boulevard Gambetta, de la rue Vigne-de-Fer et de la rue Dupuytren. Peu importante, placée sous la juridiction de la Grande Loge du Royaume de France, cette loge prend de l’ampleur à partir de 1767 sous un autre nom : elle est rebaptisée '' Les Frères unis ''. La loge reprend force et vigueur en 1806, et prend le nom d'Amis réunis.

 

Régulièrement, ces galeries se rappellent à nous, quand par exemple : en novembre 1649, l'écroulement de quatre maisons rue ''Elie Berthet'' (2) fit deux morts. En août 1860, l'effondrement de trois immeubles place du Poids Public provoqua le décès d'une femme de 55 ans.

 

L'intérêt d'Elie Berthet pour les souterrains, s'est déplacé sur Paris (3). Leur vogue dans la capitale, au XIXe siècle, crée des abus au point d'entraîner une fermeture de la visite publique en 1830... Si certains s'y égarent, d'autres y font la noce...

 

 

Note (1) : puis existent une édition en 4 volumes in 8° (éditions L. de Potter) en 1854, une édition in 8° de 140 pages (aux Bureaux du siècle) et une édition en 2 volumes in 16 (chez Hachette) en 1863. L’édition de 1856 va connaître 22 réimpressions entre sa première parution et 1877 !

Note (2) : … Oui, il s'agit du nom actuel de la rue … Bizarre.. ! précisément elle se nomme bien à propos... Dans les années 60, les fêtards se donnent rendez-vous dans des boîtes de nuit en sous-sol, rue Elie-Berthet, rue Rafilhoux ou sinon à la « Cave des templiers » rue du Temple. En 1996, la bijouterie Philipparie est victime d'un vol de bijoux. Les auteurs ont utilisé les cavités souterraines pour s'emparer de 2 millions de francs.

Note (3) : A lire chez les Ardents Editeurs : Les Souterrains de Limoges de Aug. M. ( roman ''gothique'' écrit sans doute par Auguste Maquet ( (1813-1888) et nègre d'Alex. Dumas)

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Les études de Charles-Louis de Chateauneuf au Collège Royal de Limoges.

Publié le par Perceval

Les études de Charles-Louis de Chateauneuf au Collège Royal de Limoges.

Je reviens sur les études de Charles-Louis de Chateauneuf, au Collège Royal de Limoges, qu'il voudrait terminer avec le baccalauréat; il a 16 ans ... Le proviseur est Monsieur Lary.

Sous napoléon, le 17 mars 1808 est créé le baccalauréat. Les candidats doivent être âgés d'au moins 16 ans et l'examen ne comporte que des épreuves orales portant sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l'histoire, la géographie et la philosophie.

Si les collèges (ou lycée) préparent au bac, ce sont les facultés de lettres qui décernent le baccalauréat à des collégiens qui ont achevé leur rhétorique ou leur philosophie... Les facultés de sciences délivraient aussi un bac es-sciences, ou es-math.

Le Bac, est alors équivalent à un concours d'entrée: en 1815, on ne peut être admis au baccalauréat dans les facultés de droit et de médecine sans avoir au moins le grade de bachelier dans les celle des lettres.

Mais, il s'agit alors aussi de concurrence celui de l'entrée à l’Ecole polytechnique, aussi pour rendre l'épreuve plus difficile, on introduit la première épreuve écrite (composition française ou traduction d'un auteur classique).

La classe de première ou de rhétorique prépare à des épreuves orales d'explication de textes anciens, à des questions de Rhétorique, et de mathématiques ...

La deuxième année permet de préparer des épreuves au Concours général, et assure l'admission en licence à l'université ...

Versailles – Lycée Hoche – Une Étude


Intéressant aussi de se rappeler le « vécu » des collégiens, et celui des professeurs, à cette époque, à Limoges : ( Sources: Pierre Delage, Lycée Gay-Lussac : 5 siècles d'enseignement, Saint-Paul, Le Puy Fraud éd., 2010)

À cette époque, la journée d’un collégien est rythmée de la manière suivante :

5 h 30 : lever (au son du tambour) ; habillage ; prière

6 h 00 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

7 h 30 : déjeuner ; récréation

8 h 00 à 10 h 00 : enseignement des matières littéraires, dans lesquelles s'insèrent les cours de sciences et de mathématiques ...

10 h 00 à 12 h 00 : étude ou cours spéciaux (ex : dessin)

12 h 00 : dîner ; récréation

13 h 30 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

14 h 30 à 16 h 30 : enseignement des matières littéraires ( avec + ou – de sciences ...)

16 h 30 : goûter ; récréation

17 h 00 : étude ; vérification des devoirs ; récitation des leçons

19 h 30 : souper ; récréation

21 h 00 : coucher.

Elèves - collégiens

Les collégiens de cette époque sont habillés d’un costume civil, et non militaire, un « frac » en drap bleu foncé, avec col blanc; ils ont, pour se coiffer, un tricorne... Les enseignants portent la robe professorale; les professeurs donnent leurs cours de 8 h 00 à 10 h 00, et de 14 h 30 à 16 h 30, sauf le jeudi...

 

Charles-Louis de Chateauneuf est bon élève. Et, son professeur de mathématiques, Monsieur Gouré, qui se passionne à le faire progresser dans cette matière, tient à le présenter à l'entrée de l’École polytechnique... Nous avons vu précédemment que Charles-Louis préférerait des études de droit, bien plus attirantes et surtout, parce qu'elles sont un prétexte de vivre à Paris à la façon dont les jeunes gens de l'époque imagine une vie de bohème ...

Seulement... Sa famille ( peu présente ...) et surtout M. Gouré ont des arguments sérieux, financiers, et même spirituels et politiques ...!

 

Evariste Galois (1811-1832) mathématicien by_teodimperio - dessinateur italien

Charles-Louis aime le langage virtuel des mathématiques. C'est une manière d'entrer dans les secrets de l'esprit, une logique pour se promener dans les arcanes alchimiques de l'esprit... Monsieur Gouré l'a même initié à ce qui pourrait être à la source d'immenses progrès, l'appréhension de l'infiniment petit, pour de grandioses calculs ...!!! M. Gouré nomme cela: les "Mathématiques transcendantes", c'est à dire le calcul différentiel et intégral... Nous en reparlerons ...

 

Ayant passé le bac. ès-lettres, Charles-Louis prépare ensuite le bac. ès-sciences jury qui l'admet au grade avec deux boules blanches pour les mathématiques et une boule rouge pour les sciences physiques... Il suit avec M. Gouré les classes de Mathématiques élémentaires, puis la classe de Mathématiques spéciales... Enfin, il se prépare au concours d'entrée au concours de l'École polytechnique, il a vingt ans, mais il est refusé pour la session de l'été 1836...

Le pivot de la formation mathématique est, durant presque tout le XIXe siècle, l’École Polytechnique, centre à peu près unique de la culture scientifique... Stendhal, qui lui aussi, remportait les prix en mathématique, s'était préparé à entrer à l’École polytechnique, alors installée rue de l’Université...

Une autre raison qui compose l'ensemble des raisons qui vont permettre à Charles-Louis de monter à Paris, est d'une part l'attachement de M. Gouré au passé jésuite du Collège, et aux jésuites en général; et d'autre part les convictions légitimistes du professeur ....

M. Gouré assurait au jeune homme que Paris lui ouvrirait les bras, et en particulier ceux de l'un des maîtres du professeur limougeaud : Augustin Cauchy (1789-1857); s'il était initié aux "Mathématiques transcendantes"...

 

C'est ainsi, que Charles-Louis de Chateauneuf, pourra rejoindre son ami Elie Berthet à Paris... Et, ce sera pour entrer dans un monde des arcanes scientifiques promis par son professeur.. Egalement, il fera connaissance de sociétés, certaines secrètes, qui lui permettront de commencer une Quête personnelle, et continuer celle de ses ancêtres: Roger de Laron et Louis-Léonard de la Bermondie...

Cette quête commence: - par les mathématiques, - la société jésuite nommée '' la Congrégation'' et - la fidélité au roi ''Bourbon'' ...

A suivre ...

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Charles-Louis de Chateauneuf – Limoges au XIXe s.

Publié le par Perceval

Fils ou neveu : de M. Joseph Châteauneuf ( né en 1759) et de Marie-Catherine-Louise de la Bermondie d'Auberoche ( née en 1780) , mariés en 1803. Jean de Châteauneuf est mort en son château de La Villatte (cne de Saint-Junien-la Brégère, Cr.) vers 1820...

Marie Catherine de La Bermondie, née vers 1780, a pour parents: Jean Léonard de La Bermondie né le 16 avril 1739 et Jeanne de VILLOUTREYS née vers 1740 ou 1750...

Charles-Louis de Chateauneuf est né en 1816, sans doute enfant adultérin...

Il est placé en nourrice dans la campagne environnante, et grandit ainsi, avant d'intégrer le collège royal ( nom sous la restauration) de Limoges, en qualité d'interne...

De bonne heure, il se livre ainsi à la vie contemplative, à l'observation de la nature et l'écoute des contes et légendes qu'emplissent les veillées dont il est friand....

Puis, il parcourt les romans du dernier siècle, et autres miraculeux trésors qu'il peut arracher à sa famille, qu'il voit peu … Son goût pour la lecture va vite devenir impérieux... Ses loisirs en sortie du Collège se passe chez les bouquinistes de Limoges.

Le Collège Royal ( plus tard Lycée Gay-Lussac) a peu changé depuis ; si ce n'est en 1828, la chapelle ( abandonnée...) qui – réouverte au culte - est dotée à présent d'un plafond et d'une toiture ; et, la construction des quatre dortoirs des pensionnaires , dans une aile construite sous l'Empire...

Lycée Gay-Lussac

On a repris la désignation des classes des ex collèges des Jésuites : classes élémentaires (8e, 7e) jusqu'à la classe de philosophie...: De la 6e à la 3e les élèves doivent rendre chaque jour un thème (une traduction du français en latin). En seconde on ajoute des pièces de vers latins et en rhétorique des exercices de thèmes et de versions latines et grecques, des exercices de prose. On cherche à développer l’élocution écrite.

On y enseigne aussi : le français, les premiers principes de géographie, d’histoire et de mathématiques, puis se renforcent les sciences : le cours de sciences physiques (zoologie, botanique, minéralogie, chimie, physique) est commun aux classes de 3e/2de/Rhétorique …

Un professeur de philosophie ( pour la première fois il n'est pas prêtre) va les marquer : Charles Mallet (1807-1875) nommé en 1832, au collège royal de Limoges, en remplacement de l'abbé Garrigou. Ch. Mallet élève de l'Ecole normale a passé le concours de l'agrégation de philosophie sous la présidence de Victor Cousin (1792-1867), autre personnage que rencontrera C.-L. de Chateauneuf....

 

Charles-Louis rencontre un camarade de son âge avec qui partager sa passion, il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie, a, de plus, le goût de l'écriture et lui fait noter sur un cahier les récits du jeune romancier qu'il devient …

A la suite d'Elie Berthet, Charles-Louis devient excellent en rhétorique et en mathématiques ; tous deux se partageant les prix ...

 

Le père d'Elie Berthet est un négociant de Limoges, honorable mais peu riche... Il s'inquiète de l'avenir de son fils qui semble plus attiré par la passion littéraire que par une profession bourgeoise... A douze ans, il était passionné de botanique ; et possédait déjà une riche collection de papillons et d'insectes qui peuplaient alors le Limousin... Avec l'aide de Charles-Louis, ils vont enrichir cette collection ; le but secret entre eux est de ne jamais être à charge et de subvenir eux-mêmes à leurs besoins... Ainsi, ils vendront à des amateurs les collections d'histoire naturelle ainsi composées...

Leur rêve serait de ''monter'' à Paris, faire leur droit, vivre de ''bohème'' etc ...

Autographe - Elie Berthet

 

«L'étude la plus charmante pour une femme, et surtout pour une jeune fille, est celle de la botanique. Cette science s'apprend avec une extrême facilité par la pratique, et l'on se crée ainsi une source de jouissances intarissable, en même temps que l'on jette un peu de poésie dans l'existence, si dure et si brutale pour tous. J'aime beaucoup la botanique, et je m'efforce de communiquer ce goût à mes petits-enfants. Elie Bertet ». autographe

Limoges autour de 1830:

Le pont Saint-Etienne à Limoges vers 1838

En 1827, Limoges est soumise à une triade autoritaire :

- le préfet : le rigide baron de Coster

- l'évêque, Prosper de Tournefort, enfermé dans ses positions réactionnaires,

- le maire : Athanase Martin de la Bastide qui règne sur la ville de son château en campagne limousine ...

Louis-Philippe, roi des Français

 

 

Dès le 30 juillet 1830, après la fuite de Charles X, les républicains proposent au duc d’Orléans la lieutenance générale du royaume . Le 7 août 1830 après un vote favorable des Chambres il devient Louis-Philippe 1er. Il refuse le titre de roi de France qui l’aurait fait Philippe VII et se fait proclamer roi des Français. Ce nouveau titre, déjà porté par Louis XVI de 1789 à 1792, lie la monarchie au peuple et non plus au territoire. Comme autre symbole fort, la nouvelle monarchie adopte le drapeau tricolore pour remplacer le drapeau blanc de la Restauration.


 

A Limoges, la précarité de la condition des ouvriers, les a conduit à participer aux mouvements de révolte et de révolution. Pendant la révolution de 1830, de juillet à novembre, des grèves éclatent pour l'augmentation des salaires et la diminution de la journée de travail.

Tous les députés élus sont des libéraux... C'est la fin de trois décennies ''calmes''...

C'est véritablement alors l'heure de la bourgeoisie triomphante. Le nouveau Maire Fr. Alluaud entend insuffler modernité et progrès dans la gestion de la ville...

 

François II Alluaud s’attelle à poursuivre l'œuvre de son père et implante une usine de porcelaine aux Casseaux en 1816, en bord de Vienne, à une époque où celle-ci était une authentique route du bois. Il est également Maire de Limoges (1830-1833), et va participer à l'amélioration de la qualité de fabrication, de cuisson, et va franchir les barrières esthétiques en terme de création. Sous son influence, l'industrie porcelainière de Limoges va devenir une véritable industrie d'art.

Bord de Vienne - Limoges

 

Après les 3 glorieuses (1830) , les naveteaux armés de leur interminable lancis figurent dans les rangs de la garde nationale.

A noter en 1835, une très grave inondation des bords de Vienne...

 

Après six siècles de durée, le pont Saint-Martial et le pont Saint-Étienne servent encore aux communications de deux pauvres faubourgs, et heureusement ils ont tout juste assez d'utilité pour qu'on les entretienne...

Entre 1833 et 1839, le Pont-Neuf est construit puis livré à la circulation le 29 juillet 1839. La première pierre de ce pont a été posée le 17 juillet 1832. Cette pierre renferme une plaque en porcelaine portant les noms des officiels. Appelé pont ''Louis Philippe'' , il fut baptisé ''Pont Neuf'' après la révolution de 1848. Les emplacements prévus pour de grandes assiettes en porcelaine évoquant l'importance de la profession et sa vocation à réaliser des chefs d'oeuvre , sont hélas demeurés vides.

Le champ de juillet fut établi en 1830 pour permettre les charges d’entraînement des régiments de cavalerie, dont le XXème dragon. L'armée refuse le lieu qui devient un espace de promenade... L'oeuvre des frères Bühler, célèbres paysagistes du XIXe siècle, en 1858 a disparu, et est malheureusement oubliée. (Le jardin a été entièrement reconstruit dans sa partie basse vers 1928.)

 

1840, voit le Théâtre, place Royale ( de la République )

1846, le Palais de justice

1852, une halle sur la Place de la Motte

1856, la gare d'Orléans

1861, la Caserne de la Visitation...

 

La Porcelaine :

Vers 1830, la grande industrie de Limoges, reste la production de textiles. En 1837, la ville compte 25 manufactures de flanelles établies au bord de Vienne. Le déclin est du à la concurrence des tissus du nord de la France ; et il est contrebalancé par le développement de la porcelaine...

Sous la Restauration, l’augmentation de la production de porcelaine, sans doute liée à une augmentation de la consommation, est notable. Elle est due à deux facteurs : l’abondance des matières premières – kaolin et bois – dans la région et la présence d’une main-d’œuvre nombreuse et habile. En 1830, on inventorie seize fabriques, puis vingt-quatre en 1836-1837, soit quarante fours. Onze d’entre elles sont établies à Limoges et les autres en Haute-Vienne. Au niveau des effectifs, l’enquête industrielle de 1840-1844 recense 3198 personnes travaillant dans l’industrie porcelainière, qui est ainsi la première de la région. La production est alors majoritairement constituée de porcelaine blanche. Les décors sont principalement exécutés par des artistes qualifiés à Paris ou Toulouse, principaux centres de vente de cette porcelaine. Cependant, des ouvriers porcelainiers limousins décorent également la porcelaine. Quant aux exportations, elles se font en direction des marchés allemand, italien, espagnol et américain, mais encore modestement.

 

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Charles-Louis de Chateauneuf – Un enfant du siècle : le XIXe

Publié le par Perceval

Jean-Léonard de la Bermondie, naît en 1739, en Limousin... Ancien page du Roi, officier dans les Gardes Françaises ; il y rencontre le marquis de Lusignan, avec qui il emprunte le chemin de la Franc-maçonnerie... Fort de l'héritage de son ancêtre Roger de Laron, templier...; il découvre diverses routes qui conduiraient au Graal; et comme émigré (pendant la révolution ), la pilosophie...

Avant de tourner cette page, il laisse à sa descendance les traces de ce chemin de vie. Le relais va être assuré par Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges...

 

Il y a tout juste 200 ans, naissait une génération qui s'est fait appeler ''enfant du siècle''...

 

L'une des meilleures illustration de ce type d'homme et de femme, est le roman d'Alfred de Musset (1810-1857): '' La Confession d'un Enfant du Siècle '', roman autobiographique publié en 1936...

En 1833, Musset rencontre George Sand...

Cette histoire est inspirée de la passion réelle vécue par Alfred de Musset et George Sand entre juillet 1833 et Mars 1835. Ces amours cohabitent avec la vie de débauche dont Musset ne parvient pas à se défaire et avec la liaison que Sand a avec le docteur Pietro Piagello à Venise. Dans le roman, tout y est romancé et rien ne s'est réellement passé comme le décrit Musset. Le procédé sera repris par George Sand (1804-1876) elle-même dans son texte '' Elle et Lui'' (en 1859), où tout et rien ne sont vrais … !

 

''Enfant du Siècle '': désigne les temps nouveaux, placés sous le signe du héros fondateur ( « Ce siècle avait deux ans. Rome remplaçait Sparte »), à présent déchu ; mais signifie encore : gloire, énergie, espoir, avenir, jeunesse.

P.-N. Guerin - Rochejaquelin (1817)

« C'est à nous jeunes gens, enfants du siècle et de la Liberté, à favoriser l'aurore du bonheur des nations, à faire accorder la sûreté des trônes avec la liberté des peuple... » écrit le jeune Balzac (1799-1850) (Sténie : roman inachevé commencé en 1819) ).

 

Victor Hugo (1802-0885) , se reconnaît lui-même dans ''Feuilles d'automne '' : « Je suis fils de ce siècle !... »

 

E. P. de Senancour (1770 - 1846), écrivain du premier romantisme français. Dans ses Rêveries, il décrits les enfants du siècle, comme des « esprits légers et insouciants, enivrés d'esprit et privés d'âme, qui voient dans le monde comme il va, le monde comme il doit aller.»

Ce siècle est nourrit des nostalgies de la noblesse mais aussi des mécomptes de la liberté puis des humiliations de la défaite. On y retrouve mêlés : vocabulaire passéiste, et attitude aristocratique, avec une inquiétude métaphysique ou sa crispation en révolte.

Benjamin Constant dans son roman autobiographique paru en 1817 : ''Adolphe'', met en scène les relations amoureuses entre Adolphe, un jeune homme de bonne famille, et Ellénore ( inspirée de plusieurs femmes, mais surtout de Germaine de Staël )... cette œuvre exprime ce mal du siècle; l'auteur affirme en effet : « J'ai voulu peindre dans Adolphe une des principales maladies morales de notre siècle : cette fatigue, cette incertitude, cette absence de force, cette analyse perpétuelle, qui place une arrière-pensée de tous les sentiments, et qui les corrompt dès leur naissance ». 

 

Je reviens à la Confession d'un enfant du siècle (1836), ; avec le film de Diane Kurys, on entend Musset prononcer ces paroles ( et qui est en fait un résumé du Chap II de la Confession.):

« Le monde était en ruines, et nous venions au monde. La guerre était finie, nous arrivions après la gloire, après l’idéal, il nous restait le désespoir pour seule religion et pour toutes passions et mépris.  Les femmes s’habillaient de blanc comme les fiancées, et nous les enfants du siècle, vêtus de noir comme les orphelins, nous les regardions, blasphème à la bouche et le cœur vide. J’allais dans ce désert, serré dans le manteau des égoïstes… quand soudain, je la rencontrai… »

Voilà ce qui en est de cette génération : '' Enfant du Siècle''.

 

Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges, tentera lui, de se défaire de cet atavisme, en retrouvant des racines bien plus anciennes...

A suivre ...

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