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1900 – L'occultisme - Lady Caithness (2)

Publié le par Perceval

Le Jardin des Hespérides, décor de Ker-Xavier Roussel (1867-1944)

Le Jardin des Hespérides, décor de Ker-Xavier Roussel (1867-1944)

Examinons ''L'Ouverture des Sceaux (1893)''. Il s'agit de l'un des derniers ouvrages de Lady Caithness, qui mourra seulement deux ans après sa publication. Le noyau du livre consiste en un travail d'exégèse des trois premiers chapitres de la Genèse. Pour Lady Caithness, la Bible est un « ''livre scientifique '', dont les mystères peuvent être aussi facilement compris qu'une proposition en mathématique, en mécanique ou en chimie »... ( Ce livre semble s'apparenter à une série de communications avec des entités spirituelles... )

Dans un chapitre, il est question de la chute d'Adam et de sa punition, à savoir la sortie du jardin d'Eden : l'auteure commence à considérer la description du jardin et des quatre fleuves qui sont censés l'arroser, il ne s'agit pas d' un lieu géographique ; mais d'un lieu ''physiologique''. Selon Lady Caithness, le jardin d'Eden est en effet le corps humain même, et plus particulièrement le corps de la femme. Pour elle le corps humain est « le temple de Dieu », « la merveille, la couronne des œuvres magnifiques de Dieu; il est son image a Lui, et lorsqu'il sera devenu parfait ce sera le lieu ou Il habitera ». Et, il est intéressant de noter que, dans ce jardin qu'est le corps, une attention spéciale est attribuée aux organes de la reproduction. En effet Lady Caithness regrette que le corps soit aujourd'hui « considéré comme une chose honteuse, et ses parties les plus indispensables [soient] estimées les plus vulgaires, et méprisables ». Mais en réalité, « aux yeux du Créateur, la génération dans l'homme est ( ... ) une fonction supérieure et divine. Le système créateur est un sanctuaire dans lequel s'accomplissent ses intentions les plus élevées »

Si les organes sexuels ne représentent rien d'impur, c'est « l'usage pervers que l'homme en a fait» qui les a rabaissés.

Hilda Elisabeth Keyser (1851–1898)- L’expulsion du jardin d'Eden

Le chapitre se poursuit avec une exégèse originale, identifiant les quatre fleuves du jardin d'Eden aux quatre fonctions corporelles, liées à la circulation des fluides :

• Le premier fleuve, Pischon, est celui de la nutrition du corps par le biais du sang, qui circule dans tout le système. Ensuite il y a Guihon, le fleuve qui représente les excréments qui courent par la voie des intestins. Le troisième fleuve est Heddekel, qui « débarrasse le système d'une autre classe d’impuretés par le moyen des reins ». Il s'agit évidemment de l' urine. Finalement, le quatrième et dernier fleuve, l'Euphrate, est celui « qui rend fertile, qui coule a travers le système reproducteur ». Puisqu'il est question ici particulièrement du corps de la femme, il doit s' agir des eaux du ventre de la femme enceinte, mais aussi du sang de ses règles.

Mystère - Lucien Lévy-Dhurmer

 

Ensuite, les propos de Lady Caithness, restent obscurs : elle évoque un « baume en Galaad », et une « source d'eau vive » qui serait capable de régénérer les corps humain …

« Qui donc empêchera ceux qui savent ces choses de les proclamer? [ ... ]Qui dira aux vieillards [ ... ) qu'il y a un baume en Galaad capable de leur rendre la jeunesse et la force, et de les sauver de la mort en les introduisant dans le royaume des fils de Dieu? A la race malade et maudite, qu'il y a une source d' eau vive qui peut la guérir, si seulement elle veut en boire, qui apaisera l'enfer ardent dont elle souffre; qu'il y a un pays ou coule le lait et le miel, un arbre et une rivière de vie pour satisfaire tous les besoins humains? Qui osera dire cela? Et cependant ce sont justement ces choses que chaque âme vivante peut obtenir, car Dieu les a mises a sa portée. Le royaume des cieux est en tous, et il n'y a qu'à le chercher pour le trouver et en jouir. »

The lovers by Fidus (1868-1948)

Certains lecteurs font références à ces passages, pour parler de '' magie sexuelle''

« [ ... ] le mystère de Dieu qui est cache en Christ et scellé dans la Bible[ ... ) est le chemin par lequel les forces créatrices dans l'homme et dans la femme, forces qui furet perverties à l’époque de la Chute, doivent être utilisées et devenir l’élixir de la vie, au lieu d’être ce qu'elles sont maintenant, la malédiction de la mort. »

Ces « forces créatrices dans l'homme et dans la femme » pourraient être les forces de la sexualité?

 

Lady Caithness semble croire que le moment n' est pas encore venu pour révéler ouvertement au monde ce ''mystère''. Pour elle il semblerait que le sexe tel qu'il est pratiqué n'ait pas grand chose à voir avec celui-ci. La sexualité vécue alors est effectivement une souillure du corps, et, pour l'instant, il est nécessaire de souligner l'importance de « relations pures ». Malheureusement, Lady Caithness n' explique pas ce qu' elle entend par cette expression...

Fidus. Peintre allemand. Époque Art Nouveau.

Elle ajoute qu'il ne faut pas craindre que cette nouvelle sexualité puisse être moins satisfaisante, même sur le plan strictement sensuel, que l'autre. A ce propos, elle aborde aussi explicitement, dans des termes seulement un peu voilés, mais évidemment courants a son époque, la question de l'orgasme:

« Nous n'avons pas l'intention de dire que la relation entre les sexes, telle qu' elle doit exister, priverait l'un ou l'autre du bonheur qui peut-être senti par le cœur dans l'union a travers les sens. Non! au contraire ce bonheur sera augmenté au delà de tout ce que l'on peut imaginer. » •

Puis, elle ajoute une remarque adressé plus particulièrement aux hommes, qui n'imaginent pas quelle sera la qualité des orgasmes après la venue du Jour Nouveau:

« Oh! si les hommes pouvaient comprendre cela, et voir que, même au point de vue matériel et égoïste, ils auraient tout intérêt a aspirer à la nouvelle naissance. »

 

Ce discours sur la sexualité, est d'autant plus étonnant, qu'il est porté – à cette époque – par une femme … Discours original, même dans la mouvance théosophique.

Une autre exception intéressante, de ce point de vue, est le point de vue d'Ida Craddock, contemporaine de Lady Caithness, qui développe une extraordinaire doctrine de sexualité mystique sur la base de communications qui lui auraient été faites par une entité angélique. Dans ces enseignements, peut-être influencés par les écrits de P.B. Randolph, Ida Craddock donne une grande importance a la question de la jouissance féminine comme clé du bonheur conjugal.

 

A noter, peut-être, que le fait d'envisager une source que l'on prétend autre que soi - ici des ''entités'' permet un discours sur la sexualité plus radical et qui transgresse des normes sociales...

 

Enfin, cette nouvelle vision du corps qui prend forme au sein de la mouvance occultiste, pourrait être rapprochée du courant allemand de la Lebensreform : un mouvement de réforme en Allemagne et en Suisse à la fin du XIXᵉ siècle et début du XXe.. principalement critique de l'urbanisation et de l'industrialisation avec son slogan du « retour à la nature ».

Sources : EXEGESE ET SEXUALITE: L'OCCULTISME OUBLIE DE LADY CAITHNESS par Marco PASI ( agrégé d'histoire de la philosophie hermétique et des courants associés à l'Université d'Amsterdam )

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1900 – L'occultisme - Lady Caithness (1)

Publié le par Perceval

Beaucoup de femmes trouvent de l'intérêt à la mouvance théosophique, quant à leur ''émancipation '' dans la société et aussi, pour celles qui y accèdent, pour leur sexualité.

En effet, ''On'' considérait que le corps féminin était un obstacle au développement spirituel .. ! Et des femmes, comme Lady Caithness, développent un discours différent...

María Estuardo duchesse de Pomar par Winterhalter

Lady Caithness, présidente de la société théosophique de Paris, est née Maria Mariategui en 1830 a Londres, de père espagnol et mère anglaise (catholique), les deux appartenant a des familles de la haute aristocratie... Elle se marie en 1853, avec le comte de Medina Pomar. Elle est veuve en 1868, et commence à s'intéresser au spiritisme...

En 1872 elle se marie en secondes noces avec James Sinclair, comte de Caithness, appartenant a l'une des familles les plus anciennes, et riches, de l'Ecosse. Elle publie alors '' Old Truths in a New Light,'' sa vision personnelle de la tradition occulte.

En 1877 se produit l’événement de de sa vie spirituelle: elle reçoit dans son domaine de Holyrood, en Ecosse, une révélation provenant de l'esprit désincarné de Mary Stuart (1542-1587). Elle reçoit alors des communications par la voie mediumnique – de Mary Stuart – des années durant...

Portée par les idées féministes qui circulent dans les milieux spiritualistes ; vers 1879, elle s'éloigne de son mari, et s'installe a Paris... Son mari meurt en 1881, la laissant héritière de son patrimoine : femme libre et riche …

Mary Stuart

 

Elle se lie en particulier avec Anna Kingsford ( 1846-1887) et Edward Maitland (1824-1897), qui font des longs séjours chez elle tant a Paris qu'a Nice. Des séances spirites se tiennent régulièrement chez elle ...

Entre 1883 et 1884 elle fonde la ''Société Théosophique d'Orient et d'Occident '', une branche française de la Société Théosophique de Mme Blavatsky.

Lady Caithness va mourir d' une crise d' asthme en 1895, a 1'âge de soixante-cinq ans. Son corps est inhumé avec des funérailles catholiques.

Ci-dessous: Un message de Marie, reine d'Écosse, avec son monogramme.

 

Examinons, à présent, quelques aspects de la pensée de Lady Caithness :

- Pointons l'importance pour elle du thème de la réincarnation ( alors qu'elle tient à rester dans le christianisme...)... Elle va tenter de contrecarrer l'aspect antichrétien de l’œuvre de Mme Blavatsky. A noter que, parmi les participants à ses soirées mondaines il y avait aussi un bon nombre de prélats et d'hommes d’Église...

- Un autre aspect important est celui du messianisme. Un messianisme féminin : les signes d'une ''fin des temps'' sont là : une nouvelle ère commence, et la femme jouer un rôle important...

Fujita - 1918

La société théosophique ouvre ses portes à de grandes figures féminines comme Emma Hardinge Britten, Mme Blavatsky , Anna Kingsford... Même si ces femmes se lient toujours à des personnalités masculines. Lady Caithness, elle, semble être en mesure d'affirmer son indépendance totale,surtout après la mort de son deuxième mari. A partir de ce moment elle est une femme déterminée, indépendante, riche, qui profite de sa position dans la haute société cosmopolite de son temps, et ne semble pas avoir besoin de l'appui d'un homme pour légitimer ses intérêts ou ses activités.

La Femme ou Principe féminin est au centre de sa pensée. Elle questionne l’idée que Dieu est Père et par là-même donne à la Femme une dimension spirituelle de premier ordre.

 

Le '' féminisme ' de Lady Caithness se manifeste surtout dans sa manière de lire les textes sacrés, et dans sa tentative de mettre en cause les interprétations théologiques traditionnelles, qui n'auraient pas attribué à la femme le rôle prééminent qui lui revenait. L'aspect féminin de la Divinité a été trop longtemps ignorés par les théologiens.

Alexandre Séon, "La Pensée", vers 1900

Pour ce qui est de la dimension sexuelle, certains membres de la mouvance ''occultiste'', y compris Mme Blavatsky et Anna Kingsford, défendent la valeur spirituelle de l'abstinence sexuelle, même à l'intérieur du mariage... Pour beaucoup de femmes, à cette époque, elles aspirent plus à une ''liberté du sexe', qu'à une ''liberté sexuelle'' … L'abstinence n'étant pas justifiée par des considérations de type moral, mais plus sur un discours qui porte sur la sublimation des énergies sexuelles, dirigée surtout sur le corps masculin...

 

Sa référence fondamentale reste la Bible. Son christianisme fait du Christ une figure universelle. Le Christ est l'un des grands maîtres de l’humanité, ainsi qu'un principe cosmique. Son lien avec le Jésus historique est de plus en plus tenu. La lecture et l’exégèse de la Bible sont de nature symbolique, et rappellent par bien des aspects l'approche de Swedenborg, qui reste une influence fondamentale de la mouvance spirite et de l’ésotérisme du XIXe siècle, particulièrement en France. Le sens littéral n'est que le sens exotérique du texte sacré, alors que son sens ésotérique n'est accessible qu'aux ''chercheurs'' ( volonté + grâce )...

La Bible n'est pas un livre d'Histoire ; dans le sens de la succession d’événements concrets qui mènent, de la chute d'Adam au pacte de l'Alliance de Dieu avec le peuple élu, puis a l'incarnation historiquement située de Dieu dans la chair d'un homme.

La Bible nous parle en revanche, par le biais de '' figures '', de l’évolution de l'âme sur son parcours vers l'illumination divine. Les personnages mêmes de la Bible représentent des stades, des passages, de ce chemin vers la perfection.

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1900 – L'occultisme -

Publié le par Perceval

Anne-Laure de Sallembier, comme dans la plupart des assemblées intimes bourgeoises, a fait ''tourner les tables''... Ces pratiques occultes semblaient faire le lien entre l'Esprit et la matière, entre la religion et la science...

 

Jusqu'à la Grande Guerre, de nombreux scientifiques ont accueillis les expériences occultes, et ont tenté d'ouvrir des territoires nouveaux de connaissance . Camille Flammarion, les Curie, Paul Langevin, Charles Richet, Édouard Branly ont touché à l’occulte... Papus ( Gérard d’Encausse, médecin). Arago de l'Académie des sciences, par exemple nomme une commission pour étudier les faits qui entourent '' la fille électrique '' Angélique Cottin ( déplacements de corps …). Camille Flammarion, s’engage dans l’étude du spiritisme dans le but précis de réconcilier la science et le spiritualisme.

Liane de Pougy par Nadar

Après le ''magnétisme'' ( au XVIIIe s. comme nous l'avons vu, ici même : ) , le ''spiritisme'' apparaît comme la nouvelle doctrine. La grande figure spirite en France est Allan Kardec (1804-1869) : Le livre des esprits 1862: sa tombe – il s'appelait réellement Hyppolite Léon Rivail - est un lieu de pèlerinage toujours fleuri (elle l’est encore de nos jours)... Depuis les ''salons'', des cérémonies mystérieuses pour parler aux morts ou profiter des visions d’un extralucide, fleurissent dans le tout Paris mondain.

Par exemple, Liane de Pougy, dans son appartement du Faubourg du Roule, reçoit nombre d’amis et de voyantes célèbres... On y fait régulièrement « tourner les tables » …

Nous sommes en 1908, et la France se remet à peine de l’affaire Dreyfus ; elle s'est officiellement séparée de l’Eglise catholique, apostolique et romaine. Des congrégations entières comme les Chartreux ont été chassés de leurs couvents entre deux gendarmes. Les relations avec la papauté sont au bord de la rupture. Les lieux de cultes sont propriété d’état et lors de leurs inventaires calotins et bouffeurs de curés font le coup de poing. Il y aura même des morts.

Le spiritisme veut renouveler le christianisme, et ses nouveaux ''médiums'' sont souvent des femmes... Dans ce cadre elles prennent la parole, sont écoutées, et sont publiées... Elles promeuvent une solidarité nouvelle ( crèches, bibliothèques, maisons de retraite...). La Revue spirite met ainsi en question l’indissolubilité du mariage. Ces femmes spirites relativisent la filiation : un bébé n’est que le fruit de l’association d’un esprit qui vient d’ailleurs incarné dans un corps de chair au moment précis de la naissance. La Revue milite pour une réforme du Code civil afin que la femme trouve sa pleine et entière « personnalité morale et juridique. »

En juin 1908 se tient à Paris un Congrès spiritualiste assorti d'un Convent maçonnique des rites spiritualistes. L’événement est important pour les occultistes et pour le grand public, le dossier de presse en témoigne. On y remarque le jeune René Guénon, (le premier, au second rang en partant de la gauche, portant un sautoir maçonnique) ; à sa gauche, Amélie Gédalge (1865-1931) de la Maçonnerie mixte du « Droit humain » et à la gauche de celle-ci, Marie Martin (1848-1914), l’épouse du Dr Georges Martin...

 

Rufina Noeggerath (1821-1908) ( française et dite '' Bonne-Maman''), s’intéresse aux preuves de survie après la mort. Médium douée, elle crée alors son propre groupe spirite. Ses communications sont fortement marquées par la tolérance et l’anticléricalisme. Elle y défend tous les persécutés, les Juifs en particulier. Son livre La survie, sa réalité, sa manifestation, sa philosophie, est publié en 1897.

Claire Galichon, médium et écrivain, publie un certain nombre d’ouvrages où elle défend un « féminisme spiritualiste » et pour l'époque révolutionnaire … Figurez-vous qu'elle ose réclamer: une éducation et une instruction égales pour les deux sexes, un salaire égal lorsque le travail est égal, l’accès des femmes à toutes les carrières... ! Nous sommes en 1909...

Elle dénonce l’assujettissement de l’épouse et la violence du mari qui commence bien souvent lors de la nuit de noce. « Certaines nuits de noce sont des nuits de bataille. (…) Ce qui importe en face du désir d’amour, c’est qu’il soit réciproque. Quand il est partagé, il perd tout caractère répugnant. » 

Dans un contexte culturel largement anti-sémite (!) de cette époque, des théosophes comme St-Yves d’Alveydre (1842-1909); valorisent la « Mission des Juifs », tout autant que l'action civilisatrice des égyptiens, des hindous, des celtes ...etc.

Pour lui, la Fraternité du Temple, est l'héritière en Occident de la tradition ésotérique. Les occultistes du XIXe s. cherchent des liens entre les Templiers et l’Alchimie... On va même tenter de trouver des explications ( loin du diable) symboliques à la figure du Baphomet ( voir Eliphas Levi).

Les templiers purent recevoir des juifs : les secrets de la magie; et des arabes, les secrets de l'Alchimie …

 

N'oublions pas qu'au XIXème siècle, le mot ''occultisme'' est utilisé comme un synonyme d’ésotérisme...

L'ésotérisme désignait un espace de liberté pour la spéculation spirituelle hors du carcan des dogmes et des règles établies de l’exégèse religieuse...

J'ai déjà évoqué ici, qu'en cette fin de siècle, cette nouvelle spiritualité ne s'oppose pas aux idées nouvelles que sont le socialisme, ou le féminisme...

Annie Besant- Théosophes au Comité de grève

Au contraire :

Victor Hennequin, avocat, fouriériste, député de l’Assemblée législative en 1850, est à l'écoute de « l’esprit de l’âme de la Terre »... Jean Reynaud, publie également, '' Philosophie religieuse. Terre et ciel. (1854)'' Il souhaite un renouvellement des études théologiques et pour ce faire met en rapport sciences physiques, sciences morales, astronomie et théologie. Il a pour ambition de démontrer la vie dans l’univers, de poser le dogme de l’immortalité, de nier l’existence de l’enfer. Par ses souffrances et par son travail, l’homme participe à sa régénération et à celle de la planète.

Arthur Arnould ( directeur de la revue théosophique '' le Lotus Bleu'' est un ancien élu de la commune... La nouvelle génération née autour de 1865, de jeunes artistes et futurs voyageurs influencés par l’anarchisme sont théosophes dans les années 1890, comme Ivan Aguéli (1869-1917) ou Alexandra David-Néel (1868-1969) qui intègrent la loge Ananta d’Arnould. Et d'autres ….

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Camille Flammarion, Gabrielle et Anne-Laure

Publié le par Perceval

Camille Flammarion, le réputé et populaire scientifique, rencontre Julia-Gabrielle Renaudot...

Le point commun qui semble les réunir, est non pas un objet scientifique ( du moins pour nous au XXIe s.), c'est l'intérêt pour l'occultisme... Même si, l’astronome Camille Flammarion, s’engage dans l’étude du spiritisme dans l'idée aussi de réconcilier la science et le spiritualisme.

L'occultisme semble d'ailleurs être l'un des fils rouges de ce qui a rempli la vie de Laure Sallembier... ( à suivre)... Au XIXe siècle, le mot ''occultisme'' vient d’apparaître : il concerne la théorie et la pratique des sciences occultes... Papus (1865-1916), explique que la méthode des ''sciences occultes'' est basée sur l'Analogie, et permet d'étudier la partie invisible, occulte de la nature et de l'Humain...

Gabrielle Flammarion

Julia-Gabrielle Renaudot, est née à Meudon ( près de l'Observatoire d'astronomie physique …!)  le 31 mai 1877, du sculpteur Jules Renaudot et de Maria Latini, peintre d'origine romaine et modèle de la Salomé peinte par Henri Regnault... Elle est morte à Juvisy-sur-Orge le 28 octobre 1962.

 

Gabrielle est l'une des ces premières femmes à atteindre cette maturité réservée alors aux hommes. Alors qu'elle suit une formation universitaire, elle s'essaie au journalisme, puis à la littérature...

Gabrielle, attirée par la science du ciel, est enthousiasmée par les livres de Camille Flammarion ; elle lui est présentée en 1893. A 18ans, elle commence à travailler pour lui.

Titulaire d'une licence, inscrite à la Société astronomique de France dès 1902, elle collabore à son bulletin à partir de 1910. Elle adhère alors à l'association des journalistes parisiens.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, elle s'engage comme infirmière ; mais elle a quelques problèmes de santé sur le 'front'. En 1915, Gabrielle remplace le secrétaire de l'association Emile Touchet, mobilisé... Elle est alors astronome adjointe à l'Observatoire de Juvisy et travaille à rédiger le tome 3 de la Planète Mars... Camille Flammarion est considéré à l'époque comme l'astronome le plus célèbre d'Europe. Entouré de nombreux collaborateurs Camille Flammarion, anime l'observatoire de Juvisy, qu'il a fait construire ( à domicile).

 

Devenu veuf, Camille Flammarion épouse Gabrielle Renaudot le 9 septembre 1919, à la mairie d'Ermont.

<-- Dans le parc de l’Institut Météorologique. En première ligne de gauche à droite , le directeur de l’Institut Météorologique, Gabrielle Renaudot, Camille Flammarion, Bernard Vermont et le Major C. Sclia

 

Le 3 juin 1925 cette union intellectuelle, d'une grande harmonie, est soudainement rompue. Le grand savant meurt dans les bras de sa femme,

Désignée par lui comme directrice de l'Observatoire de Juvisy, et chargée de la publication de ses ouvrages posthumes, Gabrielle Flammarion est, élue secrétaire générale de la Société Astronomique de France, en remplacement de son mari.

Camille Flammarion

Camille Flammarion (1842-1925), fort de ses livres de vulgarisation – a fait paraître de son vivant, 55 ouvrages qui furent presque tous traduits dans différentes les langues - et ses conférences ; le scientifique à beaucoup de succès auprès des femmes... Lui-même n'est pas insensible, à la vénération dont il est l'objet, de certaines d'entre elles...

 

Il semble que le grand homme eu un sérieux penchant pour sa belle lectrice, Anne Laure de Sallembier...

Ce devait être vers 1895... Camille Flammarion, est certainement passé par Fléchigné, sans-doute pour une séance spirite...

En 1861, Flammarion a découvert ''Le Livre des Esprits'' d’Allan Kardec (1804-1869), codificateur du spiritisme. Depuis, il associe complètement recherches astronomique, conférences, collaboration à de nombreuses revues, avec la fréquentation des milieux spirites et l'écriture de nombreux ouvrages sur les communications avec les morts...

Sylvie, Camille Flammarion et Gabrielle.

Camille Flammarion, s'intéresse aux femmes et a aussi écrit sur elles :

Rappelons qu'il eut deux épouses successives, Sylvie (1836-1919) et, précisément Gabrielle (1877-1962) sa collaboratrice, de trente-cinq ans sa cadette...

 

Dans un livre « Rêves étoilés » (1888), Camille Flammarion tient des propos qui collent à la mentalité de l'époque :

 

Uranie de Camille_Flammarion

En 1894, Camille Flammarion publie un roman d’anticipation '' La Fin du monde ''… En l'an 6000, la civilisation s'est bien améliorée :

« … On avait vu dans les resplendissantes cités une nouvelle race de femmes ramener sur le monde le charme caressant et lascif des voluptés orientales, raffinées encore par les progrès d’un luxe extravagant ».(p. 278-9)

(…) … Les femmes avaient acquis une beauté parfaite, avec leurs tailles affinées, si différentes de l’ampleur hellénique, leur chair d’une translucide blancheur, leurs yeux illuminés de la lumière du rêve, leurs longues chevelures soyeuses, où les brunes et les blondes d’autrefois s’étaient fondues en un châtain roux, ensoleillé des tons fauves du soleil couchant, modulé de reflets harmonieux ; l’antique mâchoire bestiale avait disparu pour s’idéaliser en une bouche minuscule, et devant ces gracieux sourires, à l’aspect de ces perles éclatantes enchâssées dans la tendre chair des roses, on ne comprenait pas que les amants primitifs eussent pu embrasser avec ferveur les bouches des premières femmes. Toujours, dans l’âme féminine, le sentiment avait dominé le jugement, toujours les nerfs avaient conservé leur auto-excitabilité si curieuse, toujours la femme avait continué de penser un peu autrement que l’homme, gardant son indomptable ténacité d’impressions et d’idées ; mais l’être tout entier était si exquis, les qualités du cœur enveloppaient l’homme d’une atmosphère si douce et si pénétrante, il y avait tant d’abnégation, tant de dévouement et tant de bonté, que nul progrès n’était plus désirable et que le bonheur semblait en son apogée pour l’éternité.

Peut-être la jeune fille fut-elle une fleur trop vite ouverte ; mais les sensations étaient si vives, décuplées, centuplées par les délicatesses de la transformation nerveuse graduellement opérée, que la journée de la vie n’avait plus d’aurore ni de crépuscule. D’ailleurs l’esprit, la pensée, le rêve dominaient l’antique matière. La beauté régnait. C’était une ère d’idéale volupté ». 

En 1897, il publie « Stella », un roman où l’Amour et l’Astronomie s’unissent ; en relation avec sa passion pour Gabrielle, sa jeune collaboratrice... En même temps, sa femme Sylvie fonde la Ligue de la paix et du désarmement par les femmes... Dans ce roman, il idéalise une femme qui débarque dans la solitude d'un homme qui ne vivait que de l'observation du ciel. Le coup de foudre se concrétise par une sublime nuit d’amour avec de scintillantes étoiles pour témoins.

« Les deux amants connurent ce qu’ils n’avaient jamais connu, et oublieux de la terre obscure, se trouvèrent transportés en une région de délices où, baignés de clarté, ils crurent s’endormir dans une auréole d’éternelle lumière » (Stella, p. 304).

M et Mme Camille Flammarion, dans la bibliothèque de l'Observatoire de Juvisy

En 1903 ; dans son « Astronomie des Dames », s'adressant à des lectrices, il mesure son discours :

« La femme égale l’homme en facultés intellectuelles. Écrire pour elle spécialement serait l’humilier. Ne nous targuons pas de cette prétention. Qui sait même si, en y regardant de plus près, et en nous affranchissant de tout cet orgueil masculin qui a commis plus d’une sottise, nous ne trouverions pas la femme supérieure à l’homme en finesse et en tact, au moral comme au physique, en vivacité d’impression, en puissance d’assimilation, en ressources d’imagination ; et qui sait si elle ne comprend pas plus vite que les bacheliers aux moustaches naissantes, les problèmes de l’histoire naturelle, de la physique et de l’astronomie, lorsqu’elle veut se donner la peine d’y prêter attention ? Non, n’écrivons pas pour les femmes. Ce sont elles qui pourraient nous en apprendre, car sur bien des choses, sur nous-mêmes peut-être, elles en savent plus que nous, observent mieux, voient mieux, sont plus intuitives. A bas l’orgueil du sexe prétendu fort ».

Anne-Laure de Sallembier, comme dans la plupart des assemblées intimes bourgeoises, a fait ''tourner les tables''...

Et,- d'après ses notes - ce que, Anne-Laure de Sallembier, en ces années 1900, retient : c'est l'enseignement d'une expérience de Dieu, intuitive, analogique ( le jeu des correspondances ) et symbolique.

Elle lie ses expérience spirites à la théosophie, qui l'aide à répondre aux questions existentielles ( pourquoi le monde, le mal, la mort … ?). L'idée de Nature, englobe le divin, l'humanité et l'univers... Tout le visible est le miroir de l'invisible, il peut être compris et vécu comme une expérience mystique...

L'aspect mythique de la révélation chrétienne est privilégié ; et les aspects dogmatique et clérical de la religion sont rejetés... L'aller-retour entre la raison, et l'expérience personnelle est privilégié. La science est valorisée, mais reste insuffisante pour modéliser la réalité...

 

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Edouard Schuré - Marguerite Albana

Publié le par Perceval

Tristan und Isolde

Tristan und Isolde

A son retour d'Allemagne, Anne-Laure de Sallembier, éprouva la nécessité de rencontrer un personnage qu'elle connaissait déjà un peu... Edouard Schuré ( 1841-1929) avait fréquenté, avant qu'il ne cesse, le salon de madame Stern ; il était donc familier de Marcel Proust, José Maria de Heredia, Henri de Régnier, Paul Fort, Reynaldo Hahn, Paul Bourget, Gabriel Fauré, Camille Flammarion, Anna de Noailles, Yvette Guilbert, Réjane...

Edouard Schuré
« Il est blond, grand et beau. Ses traits sont menus et mobiles. Son front est large et blanc ; le galbe de son visage est délicat et charmant. Ses yeux brillent d'une lumière chaude. Le corps est souple et fort comme celui d'une panthère dont il a parfois le mouvement onduleux. Tour à tour indolent et fougueux, doux et violent, il a la colère léonine, et le regard serein d'un ange d'amour dans ses moments d'inspiration. Toujours à l'affût des impressions, dévoré par sa passion de vivre, assoiffé d'émotions, il se laisse parfois entraîner par le délire des sens. C'est alors l'incarnation du jeune Bacchus, c'est Dionysos qui brûle en lui de toutes ses flammes et de tous ses délires. Ces états sont suivis, en lui de longs et cruels désespoirs ». selon Marguerite Albana...
 

Édouard Schuré est philosophe, et grand admirateur de Richard Wagner...

Sa notoriété est partagée autant par sa culture que par son aventure érotico-mystique avec une femme mystérieuse, Marguerite Albana Mignaty (1821-1887), du moins autant que peut l'être une très belle femme, qui vit entre l'Italie, la Grèce et l'Italie et la société cosmopolite de Florence...

Selon les propres termes d'E. Schuré : elle apparaît en cette fin de siècle, comme la Femme-Muse, l'éveilleuse et amante des âmes... «  Bachante révoltée » pour le morose Proudhon ; « Amante passionnée et douloureuse » selon Mme Desbordes de Valmore, mais aussi femme de lettre et philosophe comme Mme de Staël.

L'occultisme, complète ses goûts vers l'art, l'histoire, la science... Elle cherche le Beau à travers l 'Amour... Cette beauté immatérielle qu'elle adore est la splendeur du Vrai … Enfin, voici un extrait du livre qu' E. Schuré fit publier, avec un récit de sa rencontre avec Marguerite (1900).

 

Extrait de Essai sur la vie et l'oeuvre de

Marguerite Albana par E Schuré

C'est sous son inspiration que Schuré écrit son livre le plus connu Les Grands Initiés, Esquisse de l'histoire secrète des religions (1889), consacré notamment à Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon et Jésus, qui n'a plus cessé depuis d'être réédité dans de nombreuses langues.

Tristan_und_Isolde

En 1865, le jeune étudiant alsacien entendit Tristan et Isolde à Munich, Schuré se prit de passion pour Wagner .Après plusieurs lettres, le Maître l'invita à venir le voir à Tribschen. Ils prolongèrent cette amitié naissante par une correspondance qui s'établit entre eux. En 1869, Schuré publiait dans La Revue des deux mondes sa première étude sur Wagner qui est considérée comme l'événement fondateur du Wagnérisme en France.

« Comme artiste, Wagner ressemblait à un puissant magicien capable d’évoquer toutes les passions par les incantations de sa musique et le ressort du drame. Comme penseur, il avait quelque chose du démon qui cherche à concevoir l’ange par la force de l’intellect et qui, malgré ses étonnantes facultés, souffre sous le poids de sa nature et aspire à la délivrance. Ce désir est le fil qui relie toutes ses oeuvres. »

Le_Gaulois___Edouard Schuré 24 janv 1908

Quand Anne-Laure rencontre Edouard Schuré, Marguerite est décédée depuis une vingtaine d'années. Elle le félicite pour la légion d'honneur qu'il vient de recevoir... Elle vient l'entendre lui parler de Wagner... Ce qu'il fait avec passion ; et aussi de la mythologie celte, de l'occultisme et de la théosophie...

En 1906, sa traductrice en allemand ( Marie von Sivers) lui fait rencontrer Rudolf Steiner, venu faire une conférence à Paris... Schuré est emballé, il devient membre de la société théosophique en 1907 et fréquente désormais Steiner devenu son maître spirituel.

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A propos d'Anne-Laure de Sallembier

Publié le par Perceval

Anne Laure de Sallembier (1875-1951), la petite-fille de Charles Louis de Chateauneuf, a effectivement pris la suite de ''la Quête''... En particulier, depuis le lien qu'elle a pu faire entre son "trésor" qu'elle tient de ses aïeux et ses expérience spirituelles, ses rencontres, ses voyages... Je rappelle ses origines...

Anne-Laure, unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle, épouse le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre...

La généalogie indiquerait en amont de ces négociants en toile une Mlle Adélaïde Haton de la Goupillière devenue Mme Vétillard, morte à Pontlieue le 30 décembre 1800 ; et dont le mari faisait commerce de toiles....

* A noter: un peu plus tard, nous retrouverons Julien Napoléon Haton de La Goupillière (1833-1927) qui est un savant français, directeur de l'École des mines de Paris de 1887 à 1900, président de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de 1888 à 1892 et de la Société mathématique de France en 1890, et vice-président du conseil général des mines de 1900 à 1903. Il était doyen de l'Académie des sciences.

Toile Mayenne

La première génération – en Mayenne - négocie la toile de lin.. Puis, le coton va se substituer au lin. La famille ne s'occupe pas à cette époque de tissage mais seulement de négoce et de finition des tissus. Une autre génération ajoute la fabrication de coutils et calicots, puis intervient en tissant et assurant sa totale finition. Le négoce est ainsi doublé d'une réelle activité industrielle.

Autour de 1850, le grand-père est membre de la Chambre consultative, lieutenant de la Garde Nationale. Un peu plus tard juge de commerce... Avant, enfin, de monter à Paris...

Louis-Ferdinand Vétillard, devient un notable commerçant de Paris. Il fut juge du Tribunal de commerce de Paris et membre de la Légion d'Honneur...

Il est propriétaire de biens immobiliers ( la moitié de son patrimoine...) , et d'une propriété à Villeneuve le Roi. Ce domaine a environ 110 ha, comporte une belle demeure et divers bâtiments d'habitation et d'exploitation, ainsi qu'un parc composé de bois et faisanderie. La succession montre également qu'elle est composée de rentes 3 et 4,5 % et divers chemins de fer ; elle est située dans les 1 % des plus grosses successions parisiennes.

Louis-Ferdinand Vétillard, le père d'Anne-Laure, va épouser Cécile-Joséphine J. (la fille de Charles-Louis de Chateauneuf et de Mme J. .. Ils auront donc une fille : Anne Laure ....

 

En cette fin du XIXe siècle, Anna Laure a su rénover et moderniser le château de Fléchigné, propriété de sa mère…..

 

Le Blason de Fléchigné : d'argent, à la bande de gueules, et deux trèfles de sinople...

Ce château se situe dans le ' Passais ' ( le passage, la marche...) à la croisée de trois règions historiques, au sud du duché de Normandie, contre la Bretagne et le Maine. Non loin de la place forte de Domfront et de Lassay les Châteaux ... Nous trouvons, non loin également, Barenton, le site de la Fosse Arthour, Sept-Forges, Saint-Fraimbault...

 

Alors qu'Anne-Laure est jolie, et riche...; elle repousse tous les prétendants qui se pressent...

Enfin; à la grande surprise de ses proches, elle accepte l'hyménée avec un vieil homme: le comte de Sallembier.

Anne-Laure, unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle, épouse donc le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre … Le 10 Décembre 1900, elle met au monde un fils, qu'elle appelle Lancelot... Quelques années après son mariage, Georges de Sallembier, meurt subitement d’une fièvre typhoïde, à Paris...

Lorsque Anne-Laure et ses parents résidaient à Paris, elle eut la chance de vivre de nombreux moments privilégiés avec son grand-père Charles-Louis... C'était comme s'il vivait déjà dans un autre monde, et qu'il le lui faisait découvrir en le parcourant au moyen d'histoires... Ces histoires ne ressemblaient pas à celles que l'on raconte aux enfants pour les endormir... Non, celles-ci provenaient d'un temps parallèle au nôtre, qui avait eu son existence et la continuait... Il avait laissé des traces, des signes au-travers d'objets que l'on pouvait encore découvrir ci-ou-là dans des maisons, des églises, des châteaux, des musées ...etc ... Ces histoires réveillaient l'esprit, l'envie de connaître ; elles enchantaient l'âme en lui faisant découvrir son véritable lieu d'épanouissement …

Quand Charles-Louis parlait de l'Autre Monde, Anne-Laure entendait le Vrai-monde ; celui d'où elle venait, et où elle allait …

Son grand-père lui contait d'étranges histoires où se côtoyaient des fées, et des humains ; des gobelins et des paysans, des diables, des sorcières, des prêtres, des seigneurs .... L'histoire devenait bien plus qu'un conte ou une légende. Le ton, le réalisme déployé, en faisaient un enseignement de plus en plus sérieux, avec l'aide d'ouvrages, de gravures pour finalement – toujours - aborder le sujet essentiel de la Quête ; celle qu'animait secrètement les plus exemplaires de ses personnages... Cela commençait toujours au plus près de sa vie, en '' Passais'' ; ou souvent en Limousin – quand il était enfant – le relief était plus tourmenté, les routes carrossables inexistantes, des ''chemins creux'' entre forêts et tourbières, des villages isolés surmontés d'un château …

Une chapelle abandonnée gardait un secret. Seule une croix gravée rappelait qu'ici s'établissait une commanderie... Alors, le grand-père Charles, sortait l'anneau , ou une croix de fer... qui prouvaient que ceci n'était pas qu'une histoire ….

En grandissant, la petite Anne-Laure fut initiée à la légende arthurienne... Légende, signifiait qu'il ne servait à rien de consulter certaines personnes à son sujet ; il s'agissait d'une Histoire pour ''initiés''... cela se passait souvent en Bretagne ( la grande...) ou de l'autre côté du Rhin, en province allemande. Il n'était pas question alors de petite Bretagne, et encore moins de Brocéliande ( ou si peu …)

Elle se souvenait de noms: Lancelot, Viviane, Morgane... qui aujourd'hui encore la transporte dans un ''outre-monde'', un monde parallèle qui pour ceux qui sont attentifs croise parfois le nôtre...

Et puis, bien sûr, il y Parsifal; qui en ce début du siècle évoque davantage le personnage de Wagner et de Eschenbach... comme nous venons de le voir...

 

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