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politique

Anne-Laure de Sallembier, légitimiste en 1920.

Publié le par Régis Vétillard

Sur ce que contient l'idée de monarchie orléaniste chez Anne-Laure de Sallembier, après la Grande Guerre, et qui va sans-doute motiver l'engagement de son fils Lancelot dans l'Action-Française, du moins pour un temps...

Pour Anne-Laure, la révolution française ayant détruit l'édifice ancien, il ne s'agit pas de revenir en arrière... Après les échecs de Louis XVIII et Charles X, explicables par une malheureuse nostalgie d'un ordre ancien et périmé ; le royalisme semblait être devenu une cause perdue...

De plus, l'affaire Dreyfus, semblait avoir perdu le ''Parti du Roi'', dans le marasme réactionnaire des anti-dreyfusards ; tandis que les républicains consolidaient le régime en place...

Révolution_Valmy-Vive-la-nation

 

La République conduit à la guerre...

L'Etat-nation est né de la révolution française, le nationalisme en est son exaltation. Le citoyen est subordonné « aux intérêts exclusifs de la nation, de l'Etat-nation, à sa force, à sa puissance, à sa grandeur. » ( Winock).

Les révolutionnaires de la première république de 1792, s'opposaient à l’Europe des dynasties ; et rêvaient d'exporter la révolution pour construire – disaient-il, l'Europe des nations …

La République française ( et même l'empire des deux napoléons) devient hégémonique : « Cette tradition, c'est celle qui fait de l'histoire de France celle de l 'humanité. » Michelet

La commune de Paris, jusqu’au-boutiste – lors de la guerre avec la Prusse - reproche au gouvernement « d'avoir failli à sa mission de défense nationale » ( Winock).

L'esprit de revanche sur l'Allemagne, va participer à fonder la IIIème République

 

Ce nationalisme républicain, est pour la comtesse de Sallembier, une des causes des guerres de 1870, puis de 1914...

Mais, elle va regretter le syncrétisme de Maurice Barrès qui va intégrer sa vision nationale de la Révolution, au monarchisme sectaire de Maurras... !

Beaucoup de monarchistes, et en particulier dans la noblesse ancienne, ne vont jamais adhérer aux idées de Maurras...

Pour Maurras, les intérêts de la personne sont subordonnés à la nation, y compris la monarchie et L’Église... Pour cette raison, les amis de la comtesse- qui ne reconnaissent pas la Nation - se disent ''légitimistes'' pour se désolidariser des monarchistes maurassiens.

La dynastie royale se voue au royaume, et ce sont ses devoirs qui la rende légitime. Elle se doit humble, et reçoit sa vocation de Dieu. L'Eglise se porte garante ; de fait, elle ne peut être nationale ( gallicane).

Anne-Laure, condamne le colonialisme, conséquence de l’universalisme républicain...

L'individualisme relève des idées que portent la république, et qu'elle souhaite universelles...

 

La comtesse de Sallembier n'aime pas le mot ''aristocratie'' qui se prête aux ''privilégiés'' du régime en place, et qui possède la richesse... Il y a bien sûr, aussi, une aristocratie de la République …

Elle préfère le mot de '' noblesse '' qui évoque le devoir et l'honneur... La noblesse s'acquiert par la famille, et le mérite....

 

Pour les légitimistes, la Grande-Guerre est une guerre civile.

L'Europe des peuples existe. Elle s'est construite au travers de grands faits culturels qui ont traversé cette entité : les pierres levées ; les grands textes fondateurs grecs, germains, celtes qui ont nourri tout l'espace carolingien ; les grandes légendes de la Table Ronde ou des Nibelungen, le monachisme chrétien, la révolution gothique, la Renaissance, etc...

Le XXe siècle, commence avec l'emprise de cette idée ''nationaliste', et l'effondrement de trois empires. Se préparent alors l'avènement de régimes nouveaux, et l'éminence d'une nouvelle guerre que Bainville prévoit...

Chaque personne s'inscrit dans une lignée, une langue, une religion. La Tradition porte cette identité avec ses coutumes, son histoire ; elle s'inscrit dans un temps et un espace particuliers. La Tradition définit un peuple. Chaque peuple est singulier, aucun n'est supérieur à un autre...

 

Pour tout dire, Anne-Laure de Sallembier, regrette l'engagement de son fils dans l'Action Française...

«Mieux qu’à restaurer la Monarchie, l’Action Française cherchait en fait à instaurer sa propre monarchie... » Colette Capitain, historienne - L’idéologie de l’Action Française.

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Fin du siècle – La vie mondaine -1-

Publié le par Perceval

Élisabeth de Gramont en 1889. ( Nadar)

Dans le cercle restreint de cette géographie politique, Anne-Laure rencontre, celle qui deviendra l'une de ses amies : Élisabeth de Gramont (1875-1954)

En effet, Albert de Mun, a pour cousine, Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre. De plus, le frère d'Albert : Robert de Mun, a épousé le tante de la duchesse, Jeanne de Gramont.

Si Albert de Mun, joue le ''père la rigueur'', Élisabeth lui rappelle, qu'il ne fut pas toujours exemplaire, des études médiocres, puis après sa sortie de Saint-Cyr, il sert dans les cuirassiers en Algérie (1862-1867) ; il y mène dit-on joyeuse vie.... Lors de la guerre, il est capturé à Metz, et emmené en captivité à Aix-la-Chapelle avec son ami René de La Tour du Pin, rencontré sur le champ de bataille de Rezonville. Prisonniers sur parole, les deux hommes partagent le même désarroi devant la défaite...

A 26 ans, il épouse sa jolie cousine ( au troisième degré ) Mlle Simone d'Andlau... Son père était comte de Briouze, seigneur de Mesnil-Jean et de Sainte-Marie. Il avait conjoint à cet héritage celui de sa mère, héritière de la baronnie de Cuy, à l'âge de huit ans, toutes terres situées dans l'Orne....

Albert de Mun

Cependant, le couple n'hérite d'aucune terre, d'aucun château... Ils mènent une vie sage et bourgeoise... Albert de Mun, à la fin du siècle, se targue de l'élégance avec laquelle son épouse «vêtue d'une simple robe noire» et indifférente aux lorgnette des loges puisse aller s'asseoir au parterre de l'Opéra, ce que madame Verdurin n'aurait jamais imaginé.... !

Pourtant, depuis le second empire, on considère que les salons aristocratiques et même de la cour impériale, entretiennent une vie dissolue. C'est aussi en cela que voulait se distinguer le célèbre salon de Juliette Adam... Il était devenu l’un des principaux salons républicains de Paris et il a joué un rôle important dans la vie politique française. Au salon du boulevard Poissonnière se rencontraient hebdomadairement certains des plus importants hommes politiques républicains. L’hôte le plus influent fut sûrement Léon Gambetta, ami d’Edmond Adam, qui instaura aussi une relation très amicale avec Juliette Adam ; jusqu'à ce que Gambetta semblât montrer des signes de sympathie envers l’Allemagne de Bismarck... Ce fut l'un des éléments de la rupture entre le « tribun » et son ancienne « égérie ». Le ''mythe'' de Juliette Adam : '' la grande française'' n'a cessé de se développer...

 

Si Juliette Adam avait été très proche d’Émile Girardin (1802-1881)... ''La Revue des deux Mondes'', avait des sympathies orléanistes. Le Directeur de la revue est Ferdinand Brunetière (1849-1906). Antidreyfusard, mais non antisémite : il publie en 1886 une réfutation ferme de La France juive, de Drumont, il accuse, en 1898, les intellectuels dreyfusards de se dévoyer... Son amie Flore Singer - importante salonnière de Paris - dreyfusarde, tente à plusieurs reprises de lui faire changer de position...

Dans l'intimité des salons, et du cercle restreint de l'aristocratie ; parcourons le Paris mondain...

Si, Anne-Laure se dit l'amie d’Élisabeth de Gramont (1875-1954), Elisabeth est la fille d'Agénor et de sa première épouse, et la demi-sœur d' Armand de Gramont (1879-1962) duc de Guiche, ami de Marcel Proust (1871-1922), marié avec la fille d'Elisabeth de Caraman-Chimay Greffulhe qui règne sur le tout-Paris... D'ailleurs la duchesse publiera un livre en souvenir de son amitié avec Marcel Proust qu'elle a côtoyé jusqu'à la fin. Dans ses Mémoires, elle évoquera nombre de personnes qui inspirèrent Proust pour À la recherche du temps perdu.

acquise par la baronne de Poilly


 

Ainsi, Anne-Laure a connu la baronne de Poilly : Annette du Hallays-Coëtquen (1831-1905), une égérie du Second-Empire... A 14 ans le comte de Brigode l'avait demandée en mariage, qu'elle épousa trois ans plus tard... Elle devint vite veuve (1859), libre et sans frein d'aucune sorte … Elle s'investit dans son salon, au 50, avenue des Champs-Élysées...

Qui ne rêve de se rencontrer autour d'un foyer de vie et de beauté... ? Les plus habitués du salon, furent le docteur Albert Robin, le ''connétable '' Barbey d'Aurevilly, un jeune poète François Coppée, Edmond de Polignac, et Paul Bourget... Elle est une des meilleures amies de Judith Gautier ( la fille de Théophile). La belle se remarie avec le baron de Poilly (1860) qui décède deux plus tard...

chez la baronne de Poilly

On dit qu'elle aima l'amour sans fausse honte... Dame d'honneur de l'impératrice, on raconte qu'elle tenta de ''dégeler'' Louis II lors d'une fête aux Tuileries (1867), en vain … Dans son salon, on pouvait rencontrer les fameux docteurs Robin et Pozzi auréolés d'avoir connu bibliquement Sarah Bernhard (1844-1923), Guy de Maupassant en quête de documents vécus, et le jeune Paul Deschanel toujours admirablement bichonné et bourreau des cœurs et habitué des ruelles de la baronne de Poilly, de Mme Beer, de Mme de Loynes, de la comtesse Diane... et promis à devenir le président de la République tombé de son sleeping, errant pieds nus sur la voie ferrée du côté de Montargis...

 

Note : Affaire Dreyfus : Les intellectuels ont pris parti ; parmi les antidreyfusards se comptent Cézanne, Degas, Renoir, Lorrain, Valéry, Louÿs, Léautaud, Arthur Meyer, le propriétaire du Temps, Barrès, F. Brunetière, Lemaître, Coppée, et chez les femmes de lettres, Gyp alors fort en vogue à l'époque, Colette et Rachilde. Dans les rangs des dreyfusards, Zola bien sûr, mais aussi Anatole France, Lugné-Poe, Fénéon, Courteline, Monet, Tristan Bernard, Rostand, Martin du Gard, Jean Jaurès, Léon Blum...

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Qui paye le plan de sauvetage des banques ? 

Publié le par Perceval

Les États européens se sont vus contraints les uns après les autres, moyennant des sommes astronomiques, de venir en aide aux banques pour compenser les pertes subies suite à des prêts pourris. Mais qui sont les bénéficiaires de telles opérations?

C’est en posant cette question très simple qu’Harald Schumann, essayiste en économie et  journaliste au Tagesspiegel, sillonne l’Europe. Et obtient des réponses pour le moins sidérantes. Car ceux qui ont été « sauvés » ne se trouvent pas – comme on tend à vouloir nous le faire croire – dans les pays en détresse, mais surtout en Allemagne et en France.

- En effet, une part importante des sommes débloquées finit dans les caisses des créanciers de ces banques sauvées. Quant aux financiers qui ont fait de mauvais investissements, ils se retrouvent protégés contre toute perte aux frais de la collectivité. Et ce contrairement aux règles de l’économie de marché. Pourquoi ? Qui encaisse l’argent ?

- 50 milliards d'euros en Grèce, 70 milliards en Irlande, 40 milliards en Espagne : au sein de la zone euro, les États se sont vus contraint les uns après les autres - moyennant des sommes astronomiques - de venir en aide aux banques pour compenser les pertes subies suite à des prêts pourris.

A voir donc, ce documentaire - "Quand l'Europe sauve ses Banques, qui paye ?" ARTE.

*****

Cette enquête met en valeur le caractère absolument scandaleux et antidémocratiquequi se déroule depuis le début de la crise avec le renflouage des banques... de plus, il est intéressant que le journaliste allemand constate lui-même que ce n'est pas l'Allemagne qui a sauvé l'Irlande, mais bien le contraire. La France et autres créanciers ne sont pas épargnés. Toute la classe politique européenne est visée.

docu-banques.jpgLe propos dans ce documentaire, n'est même pas une critique du capitalisme... En effet, la BCE a indirectement forcée l'Espagne et l'Irlande a rembourser les dettes de leur propres banques pour que celles ci remboursent les dettes qu'elles doivent aux banques françaises et allemandes. Il s'agit d'éviter que les banques françaises et Allemandes subissent les pertes conséquentes à un mauvais investissement, et on déroge ainsi à un principe fondamental du libéralisme qui est que celui qui investit doit être prêt à subir les pertes conséquentes à son investissement.

 La conclusion du reportage attire l'attention du téléspectateur sur l'un des aspects qui n'est pas le moindre, à savoir les tensions générées entre États Européens.

 Reste, une question en suspend qui serait d'évaluer les effets d'une chute de certaines banques irlandaises et espagnoles. Est ce qu'elles affecteraient véritablement d'autres banques, des entreprises, des particuliers de manière dramatique? et si c'est le cas, ne serait-il pas judicieux d'utiliser les investissement de la BCE et des Etats pour indemniser les autres acteurs qui sont vulnérables face à la chute de ces banques?

 On pourrait aussi discuter qui, du prêteur ou de l'investisseur ou du salarié ou du consommateur, doit supporter le risque inhérent aux activités économiques.. ?

 « Là où tous les autres ont renfloué les banques et laissé les citoyens en payer le prix, l’Islande a laissé les banques aller à la faillite et a, en fait, augmenté son filet de protection social »

Paul Krugman, prix Nobel d’économie dans le New York Times. 2011

Quand-l-Europe-sauve-les-banques--qui-paye.jpg

Si vous n'avez pas le temps de regarder toute la vidéo, en voici les grandes lignes :

- Les banques irlandaises ou espagnoles sont "sauvées" dans la plus grande opacité. Les listes de créanciers sont tenues secrètes, alors que des milliards d'argent public sont en jeu.

- Les créanciers sauvés sont en grande partie de grandes banques ou de grands assureurs allemands, français, ou d'autres pays considérés comme en meilleure santé que les autres au sein de l'UE. Lorsqu'un Wolfgang Schaüble (interviewé dans le documentaire) affirme qu'il est normal que les Irlandais paient pour leurs mauvaises dettes, il oublie juste de préciser qui était le dealer.

- Les pertes dans les bilans des banques espagnoles en cours de renflouage sont très sous-estimées. Les investissements immobiliers fantômes sont encore comptés à un pourcentage ridiculement élevé de leur valeur initiale au sein de leurs bilans : anticiper de nouvelles pertes serait sage.

- Les officiels interrogés (Schaüble, Almunia, Guindos...) manient la langue de bois comme personne, mais n'utilisent in fine que la rhétorique de la peur pour justifier l'absence totale de transparence de leurs opérations.

- Le transfert des pertes des banques irlandaises sur les contribuables irlandais a été imposé au gouvernement irlandais à la suite d'un véritable chantage.

- Au final, quand les États irlandais et espagnols seront rendus insolvables par ces transferts massifs de mauvaise dette, alors ce seront les contribuables d'Europe du Nord qui seront appelés en renfort... Et la pression sur la BCE pour annuler les créances qu'elle détient deviendra très forte.

faillite-des-banques.jpg- L'Europe reste une grande idée, mais l'Europe des "bailouts" pourrait aboutir à la fin de l'UE, ce qui serait dramatique.

Le documentaire n'est pas parfait (j'aurais aimé qu'un banquier central hors union européenne, comme Mladjan Dinkic, nous explique que l'on peut parfaitement liquider des banques prétendument systémiques...), mais il dit l'essentiel de façon assez compréhensible même pour un non initié. Ceux qui avaient suivi mes papiers sur lacrise souveraine apprendront peu de choses nouvelles, mais c'est une bonne entrée en matière sur un sujet que peu comprennent.

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Sur le web.Lien raccourci: http://www.contrepoints.org/?p=116518


 

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Le mariage pour tous.

Publié le par Perceval

Je regrette que des questions de société ne soient pas différemment mises en débat, réfléchies et argumentées... ; aussi bien d'ailleurs ( même si ce n'est du même niveau ) au sein de notre république , qu'à « l'intérieur » de notre Eglise.. !Couples.jpg

Le référendum, eut été pour notre pays l'occasion d'être un peuple responsable ; et la confiscation de la parole des catholiques par la « conférence des évêques », ou par les manifestants..., augurent mal d'une nouvelle évangélisation que mériterait la France le XXIème siècle … !

 L'actualité, semble réduire l'église catholique au rôle d'opposant politique... Ce n'est bien sûr pas sa mission... Une parole évangélique peut s'exprimer mais différemment sur les relations sexuées entre personnes humaines, sur leur fécondité et leur prise en compte par la société … L'Eglise n'est pas un lobby parmi d'autres , qui doit peser sur nos choix politiques et sociétaux.

 A mon avis : cette question du « mariage pour tous » répond à une requête légitime de certains couples gays ou lesbiens qui souhaitent à la fois fonder une famille (ce que beaucoup ont déjà fait, qu'on le veuille ou non) et protéger leurs enfants. 

  •  « Fort heureusement, il y a bien longtemps que nous ne sommes plus en Chrétienté. Et il y a bien longtemps aussi que le mariage civil n'a plus le même sens que le mariage chrétien (auquel je crois de toutes mes forces). Depuis les lois sur le divorce qui, là encore, assurent la supériorité de l'individu et de son épanouissement sur celui du couple ou de la communauté, le mariage républicain n'est déjà plus qu'un ersatz du mariage religieux. Il s'en inspire, mais en a perdu le sens profond. » Laurent Grzybowski, journaliste société à La Vie.


  •  A noter l'avis de René Poujol ancien rédacteur en chef de Pèlerin magazine et qui analyse la prise de position de la Conférence des évêques de France :

 "Ce n‘est donc pas 'au nom de la foi en Jésus Christ', commune à tous les chrétiens, que les évêques se prononcent contre ce projet, mais pour des raisons de nature anthropologique, même si cette anthropologie trouve logiquement sa source, pour eux, dans le récit Biblique. Il se trouve que je souscris personnellement et à cette analyse, et à leur prise de position concernant le mariage pour tous." Mais … C'est, peut-être, parce que l'argument n'est pas d'ordre religieux que les chrétiens peuvent être d'avis divergents. poursuit René Poujol... "Je tire de leur propos (ceux des évêques) la conclusion, moins habituelle, que l’on peut donc être frères dans la foi… et diverger sur la question du mariage pour tous, dès lors qu’on ne fait pas tous la même analyse de ses conséquences sociétales possibles." 

caricature naquetEt, se souvenir....:


La 
loi autorisant le divorce en France fut adoptée le 20 septembre 1792 par l'Assemblée nationale et modifiée par des décrets de 1793 et 1794. Le divorce fut conservé par les rédacteurs du Code civil, puis abrogé sous la Restaurationpar la loi du 8 mai 1816. Il ne fut rétabli que sous la Troisième République, avec la loi du 27 juillet 1884.

Mgr_Freppel_3.jpg

 M. Freppel, évêque d'Angers déclare le 19 juillet 1884, au Sénat :  « Qui vous a demandé le divorce ? Quelques femmes écervelées, quelques romanciers qui se font un jeu des mœurs et des lois... et dans cette campagne antifrançaise, anticatholique, sur qui se sont-ils appuyés ? ... »

Le fait capital, aux yeux de l'Eglise, c'était qu'un mariage pût être rompu sans elle, malgré elle. Qu'elle le voulût ou qu'elle ne le voulût pas, la société civile et la famille rompaient ainsi en droit un des liens les plus forts dont elle les eût jamais enserrés....


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La domination du capitalisme est aussi spirituelle.

Publié le par Perceval

Jung Mo Sung (Docteur en théologie et économiste) : voir article « La Vie » , reprend un thème cher à la théologie de la libération :

Congrès Continental de Théologie du 7 au 11 octobre à Sa
Congrès Continental de Théologie du 7 au 11 octobre 2012 à Sao Leopoldo

Le capitalisme colonise l’espace, y compris dans le champ spirituel. Même les pays de tradition culturelle millénaire, qu’ils soient bouddhistes, hindouistes ou confucianistes en Extrême Orient, sont en train d’adopter des modes de vie occidentaux.

Un des concepts théologiques fondamentaux de la Bible est l’idolâtrie. Toutes les sociétés produisent des dieux qui sont l’oeuvre d’actions et d’interactions humaines qui ont été sacralisées. Les prophètes ont perçu et critiqué ce processus. L’idole fascine et attire. Le néolibéralisme présente une logique idolâtrique à travers la fascination de nos sociétés pour les lois du marché, un système qui serait censé imposer et réguler seul ses règles. Face à cette dimension fascinante du capitalisme global actuel, il ne suffit pas de critiquer. Il faut démontrer le processus sacrificiel qu’il engendre (perte de l’emploi, délitement de la vie de famille, voire mort des plus pauvres…) pour se défaire de cette fascination qui nous aveugle. La théologie a une mission importante à accomplir dans la société pour dénoncer cette nouvelle fascination. 

M. Meaudin ( Faculté de théologie, Université de Montréal,  ). établit une comparaison entre l'idéologie du néo-libéralisme et une religion de type sacrificielle.
conquistadorL'orientation néo-libérale actuelle de l'économie semble, en effet, la donnée fondamentale qui explique le remodelage de notre société. Or, loin d'être un domaine neutre et objectif et échappant à tout choix de valeur et de foi, l'économie de marché comporte un horizon métaphysique, une religion propre avec un discours interprétatif quasi théologique : M.M. entend détecter et qualifier ces aspects religieux, à savoir l'idolâtrie et le sacrifice qui caractérisent le néolibéralisme actuel


La question centrale aujourd'hui en Amérique Latine n'est pas la question de l'athéisme, le problème ontologique de l'existence ou non de Dieu [...]. La question centrale est l'idolâtrie, l'adoration des fausses divinités du système de domination. [...] La foi dans le Dieu libérateur, celui qui révèle son visage et son secret dans la lutte des pauvres contre l'oppression, s'accomplit nécessairement dans la négation des fausses divinités...La foi se tourne contre l'idolâtrie. (« La lutte des dieux. Les idoles de l'oppression et la recherche du Dieu libérateur», 1982)

Selon Hugo Assmann ( « L'idolatrie du marché. Essai sur l'économie et la théologie » 1989) , c'est dans la théologie implicite du paradigme économique lui-même, et dans la pratique dévotionnelle fétichiste quotidienne que se manifeste la "religion économique" capitaliste. Les concepts explicitement religieux qu'on trouve dans la littérature du "christianisme de marché" - par exemple, dans les discours de Ronald Reagan, dans les écrits des courants religieux néo-conservateurs, ou dans les oeuvres des "théologiens de l'entreprise" comme Michael Novack - n'ont qu'une fonction complémentaire. La théologie du marché, depuis Malthus jusqu'au dernier document de la Banque Mondiale, est une théologie férocement sacrificielle: elle exige des pauvres qu'ils offrent leur vie sur l'autel des idoles économiques. Sacrifices humains au nom de contraintes "objectives", "scientifiques", profanes, apparemment non-religieuses.

idolatrie-du-salut.jpg

Dans un ouvrage plus récent, « Ethique de la Vie » (2000), Leonardo Boff esquisse un parallèle entre l’injustice socio-économique et politique, conséquence de la violence contre les travailleurs et les classes subalternes, et l’injustice environnementale, qu’est la violence contre la nature, l’air, l’eau, qui menace de mort toute la biosphère. Leur origine commune est le paradigme capitaliste occidental, qui trouve son expression actuelle dans le néo-libéralisme et dans la « religion du capital », la religion du fétichisme de la marchandise, avec ses temples (les banques), son clergé (les financiers), ses dogmes et sa théologie (formulée par les économistes).

La mort d’espèces entières et de millions de personnes dans les pays pauvres sont, pour l’idéologie dominante, « les sacrifices nécessaires pour la croissance économique qui possibilité la réalisation du désir de consommation illimitée ». La tâche de la théologie c’est de critiquer l’idolâtrie du marché et le mythe du progrès, qui exigent et justifient les sacrifices de vies humaines et de l’environnement naturel. ( cf : SUNG, Jung Mo. Sementes de esperança. A fé em um mundo em crise. Petrópolis: Vozes, 2000. )

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Simone Weil, à l'usine. 1934-1935 -2-

Publié le par Perceval

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Mai-juin36, blocage haut fourneau

1934 «  Si la guerre éclate, socialistes et communistes nous enverront à la mort pour la «  patrie des travailleurs »...( …) Etant donné la situation, je suis bien décidée à ne plus prendre part à rien dans le domaine politique et social. ( …) Voici, brièvement, comment je vois l'avenir : nous sommes au début d'une période de dictature plus centralisée et plus oppressive que tout ce que nous connaissons dans l'histoire ( …) J'ai pris un congé d'un an pour travailler un peu pour moi et aussi pour entrer un peu en contact avec la fameuse « vie réelle » ( lettre )

 

travail-a-la-chaine.jpeg«  Après mon année en usine ( …) j'avais l'âme et le corps en morceaux. ..( …) Le malheur des autres est entré dans ma chair et dans mon âme. ( … ) J'ai reçu là pour toujours la marque de l'esclavage... » ( lettre à JM Perrin )

 

lumpen-proletariat.jpg

Au plan politique et historique, les leçons tirées de l'expérience s'avèrent tout aussi dures. Simone Weil confirme ce qu'elle avait pressenti : les conditions de travail imposées aux ouvriers engendrent, non pas la révolte, mais la soumission, réduisant à néant ou presque les chances d'une révolution prolétarienne. 

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L'anarchisme chrétien

Publié le par Perceval

C’est la chronique de Jean-Claude Guillebaud, enchanté par le livre : livre-anarchisme-chretien.jpg« L’anarchisme chrétien », qui a attiré mon attention vers ce courant que l’on imagine minoritaire :

 

"... l’anarchisme me paraît la conviction la plus proche, dans son domaine, de la pensée biblique." - Jacques Ellul.

 

Jacques Ellul a écrit un livre « Anarchie et christianisme ».

 


 

Jacques-Ellul.jpg

 

 

 

 

 

 

Ce courant social et politique est décrit dans ce livre au travers de la radicalité mise en avant par des têtes d'affiche que l'on connaît, superbement abordées dans le livre, comme Charles Péguy, Georges Bernanos ou Jacques Ellul, et cent autres avec Simone Weil, Dorothy Day, Pierre Kropotkine, Hugo Ball, Novalis, Peter Maurin, Tolstoï, Félix Ortt, ce contemporain de Péguy qui publia en 1903 un Manifeste anarchiste chrétien ou Joseph Proudhon dont – à tort – on n’interroge plus la pensée. Mentionnons encore Ernest Hello, ce sublime Breton amoureux de Dieu et qu’admirait tant Barbey d’Aurevilly. Ces anarchistes chrétiens, si méconnus, ont une « indélogeable conviction » : « Le message évangélique est dangereux, dérangeant, subversif, décisif ». Cathos-et-anar-last-supper.jpg

 

En 2012, ce qui nous menace de mort spirituelle, c’est le règne médiocre de la marchandise et tous les affairements de la technologie. Les auteurs citent en conclusion une phrase de saint Paul : « Ne vous conformez pas à ce monde présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit ». (Romains 12, 2).

 

Quel serait l'équivalent chrétien de "Ni Dieu, ni maître"? Matthieu 23, verset 8 dit: "ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères." On pourrait donc dire que le slogan équivalent serait "Dieu est mon seul maître"

 

Extraits d’un entretien avec Jacques de Guillebon et Falk van Gaver (Source :La Nef N°237 DE MAI 2012 )

L’anarchisme n’est-il pas l’attitude de celui qui refuse de « rendre à César ce qui est à César » ?

«  C’est tout à fait le contraire : l’anarchiste rend à César ce qui est à lui, c’est-à-dire pas grand chose. Quand le Christ règle la question de l’impôt, il la règle avec sa sprezzatura habituelle : c’est-à-dire que pour lui, ce n’est presque pas une question. César ne sait pas faire beaucoup plus que graver son visage sur une pièce : qu’on lui rende sa pièce. Il faut de plus mettre ce passage fameux de l’Evangile en parallèle avec un autre, moins étudié, où les Juifs pressent le Christ de payer son impôt au Temple : « Ce ne sont pas les hommes libres comme nous qui doivent payer, apprend-il à ses apôtres, mais pour éviter de scandaliser ces bons Sadducéens et Pharisiens nous le paierons ». Et comment s’y prend-il ? Il envoie Pierre pêcher un poisson dans le lac : « Dans sa bouche, tu trouveras une pièce de bronze, tu la porteras au Temple ». C’est dire en quelle estime le Christ tient le « sale argent » qui est à César, cet argent qu’on trouve dans la bouche du premier poisson venu. Qui donc est César, s’il ne possède rien de plus ? Il n’y a pas à avoir peur de César, ni à lui prêter plus d’importance qu’il n’en a. anarchiste et ChrétienL’anarchie permet justement de tempérer les liens temporels. »


( …)  le Christ oppose formellement le mode d’administration chrétienne et celui des rois païens : « Eux ont des esclaves à qui ils commandent en maîtres, parmi vous que le premier soit le dernier ».


( …) l’anarchie, la chrétienne particulièrement – qui est la seule logique, la seule qui tienne – repose sur une vision complète de l’homme qui ne le tronque pas et reconnaît sa double fin, temporelle et surnaturelle. Elle invite, notamment à travers la question de la non-violence qui lui est congénitale, à une révolution intérieure, et à une révolte contre ses propres égoïsmes pour commencer. Naturellement, elle déborde ce cadre et inonde le monde temporel : en ce sens, elle n’est nullement contradictoire avec la vision du politique de l’Eglise, qui s’exprime particulièrement dans la doctrine sociale de nos jours, au contraire elle l’accompagne parfaitement : subsidiarité, c’est-à-dire organisation naturelle à la base ; option préférentielle pour les pauvres ; destination universelle des biens, tout cela sont ses maîtres-mots. »

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Et si la Culture sauvait l’Education ?

Publié le par Perceval

J’ai participé à quelques ateliers des Journées d’été d’EELV (1), et s’ils m’ont passionné, j’ai rapidement compris qu’au moins en matière d’Education,geluck ecole pour tous il était difficile de débattre inlassablement à propos d’une réforme de l’Education Nationale … Il est presque déprimant d’entendre toujours les mêmes débats sur les programmes, les obligations de service des enseignants … et, ainsi, de nous enfermer dans un carcan institutionnel ; qu’il serait salutaire de faire exploser .. !

 

Déjà, je ne comprends pas cette coupure institutionnelle entre l’Education et la Culture … Sans doute que Malraux, n’y est pas pour rien, lui qui estimait, que l’Art devait s’approcher «  sans médiation » …

L’Education, aurait beaucoup à gagner, si elle se présentait d’abord comme un «  bien culturel ». Un bien qui ne relève pas de la consommation marchande, puisqu’il s’enrichit quand il se partage… Un bien, qui se déploie, «  avec peu d’effet, et beaucoup de sens … » ; alors que le bien marchand, à vendre donc, se présente avec « beaucoup d’effets et peu de sens » …

L’expression artistique, aujourd’hui, est à la charnière des deux institutions… et, a du mal à s’intégrer dans l’Ecole. La culture, ne peut pas s’intégrer dans le schéma scolaire : « 1 cours, 1heure, un prof, 1 contrôle, 1 note et 1 passage dans la classe supérieure… »

 

Education pop-ba589Aujourd’hui, l’Education est prête à devenir un « bien marchand »… Le productivisme et le consumérisme scolaires en sont les meilleures preuves, le tout régulé par un «  tri sélectif des élèves » !

L’Education a besoin, de manière urgente, de Culture… La culture est ce qui libère et ce qui lie… !

Aussi, l’Education mériterait, non pas une énième réforme, mais une vision si différente, qu’elle ne s’inscrirait que dans un véritable changement de société, et qu’à mon avis, Europe écologie est seule à proposer dans un cadre négocié de gouvernement.

 

En attendant ces temps meilleurs, sans doute sera-t-il nécessaire de proposer des aménagements structurels afin de limiter les dégâts d’une société résolument libérale, peu soucieuse de partager équitablement ses biens…

 

(1):EELV= Europe Ecologie Les Verts

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Pour l’humain et son environnement.

Publié le par Perceval

Je participe à l’université d’été d’Europe Ecologie Les Verts. Il me semble urgent, face à l’oligarchie libérale qui nous entraine de crises en crises, de réfléchir et de s’engager politiquement…

europe écologie 2010 051

Je compte sur ces quelques jours pour approfondir ma réflexion sur le crise monétaire actuelle, sur la dépense publique et les moyens de maintenir les services publics, sur les propositions politiques d’un partage des richesses, sur la croissance, la sobriété …etc

 

 

« En 50 ans, le volume de l’économie mondiale a quintuplé… et 60 % des écosystèmes de la planète auraient été dégradés. »  Tim Jackson, professeur en développement durable à l’université de Surrey, in Le Courrier International n°994

 

 

 

Egalement, il est urgent que l’occident religieux, admette le pluralisme et produise des « théologies inédites qui, pour défendre l'homme des atteintes qui le défigurent, le libèrent des absolutismes usurpant la place du Divin (note 1)… qui seul est absolu ». Il s’agit de travailler, à l’écoute de la parole, dans l’optique de « croître autrement » en remettant l’homme au coeur des préoccupations.

profit CAC 40Surendettement, croissance, possession … Nous ne pouvons plus continuer ainsi… !

 

Accepter des limites : c’est vivre libre.

 

Je reprends ci-dessous : des réflexions et une initiative des églises protestantes :

«  Il y a, pour l’humanité sur terre, un principe absolu qui est celui de l’intérêt général, et celui-ci inclut la prise en considération des trois parties prenantes indissociables que sont la nature, l’économie et l’homme. Toute unilatéralité, toute absolutisation de l’une au détriment des autres est destructrice pour l’ensemble.

Le respect de la nature décide de la survie de la nature et de la survie de l’homme, de l’humanité. »  Gérard Siegwalt Théologien… Pour reprendre son idée :  « …nous devons nous éloigner de la notion de domaine à exploiter, selon Genèse 1, et adopter celle de patrimoine : jardin à cultiver et à soigner, selon le 2e chapitre du même livre. »babel moderne

 

« Dans notre foi en l'amour de Dieu, le créateur, nous reconnaissons avec gratitude le cadeau de la création, la valeur et la beauté de la nature.

Mais nous voyons avec effroi que les biens de la terre sont surexploités sans considération de leur valeur propre, sans tenir compte de leur caractère limité et sans égards pour le bien des générations futures.

Nous voulons coopérer ensemble à créer des conditions de vie durables pour l'ensemble de la création. Responsables devant Dieu, nous devons dégager et développer des critères communs pour déterminer ce que les hommes peuvent sans doute faire d'un point de vue scientifique et technologique, mais ne doivent pas faire d'un point de vue éthique. En tout cas, la dignité unique de chaque homme doit garder sa priorité par rapport à ce qui peut être fait par la technique.

Nous recommandons d'instituer une journée oecuménique de prière pour la sauvegarde de la création dans les Églises européennes.

loi-du-liberalisme-darwinisme-socialNous nous engageons : à promouvoir le développement d'un style de vie, selon lequel, à l'encontre des pressions économiques et consuméristes, nous mettons l'accent sur une qualité de vie responsable et durable ; à soutenir les organisations ecclésiales agissant pour l'environnement et les réseaux oecuméniques dans leur responsabilité pour la sauvegarde de la création. »

Charte OEcuménique , Conseil des Églises européennes (KEK) & Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE), signée en 2001 à Strasbourg (§ 9, Sauvegarder la création).

 

Références : CASPE Commission des affaires sociales, politiques et économiques 67081 Strasbourg Cedex : Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorrain.

 

note(1): C’est Riccardo Petrella (économiste, politologue et professeur à Louvain) qui écrivait : « La différence entre le Dieu d’Abraham et le dieu du Marché, c’est que pour le premier, nous sommes tous ses fils et nous avons une valeur tandis que pour le dieu du Marché, beaucoup d’entre nous, dès qu’ils ne sont plus rentables pour le capital, deviennent un surplus qui coûte et doit donc être éliminé. Dans cette optique, si quelqu’un vient à être éliminé, c’est seulement de sa faute. » (1)

 

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Démocratie, pouvoir et pluralisme

Publié le par Perceval

Un auteur, rencontré au détour de différents articles, a rendu cohérent quelques pensées personnelles éparses, que j’avais du mal à organiser. méduseIl s’agit de Philippe Ségur, à propos d’un livre : « Le pouvoir monstrueux, Buchet-Chastel, 2010 »

J’ai retenu pour ma part, ceci : Le pouvoir est « monstrueux », parce qu’il doit se montrer ( lat :monstrare ). Le pouvoir est ce qui sort de la nature et tente d’imposer sa propre nature, une nature ‘ augmentée ‘… En effet, il doit l’excéder dans la manière de se montrer… Aussi, chacun se retrouve avec sa faculté de décider, sa liberté :  ôtée …

La question de la domination est posée, puisque la démocratie impose que le petit nombre décide, et le grand nombre obéit …

Qui est titulaire du pouvoir à la source ? Le peuple, nous dit-on : « Dans le discours public, la sacralisation de la nation et du peuple ( conçus à l’image de l’homme et ne cessant de le magnifier ) participe de cette mystique républicaine…. Mais ce discours présentant la nation comme une fiction unifiée fait abstraction de la diversité du peuple. » Philippe Ségur : P.S.( 1)

Rien de nouveau, certes, depuis les différentes Révolutions ( confisquées ou non …)

Democratie couronne le peuple
 La démocratie couronnant le peuple


 

« La démocratie réclame un peuple de dieux ! ou, s’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait qu’il ne convient pas aux hommes. » J-J Rousseau


« Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise des bourgeois. Le rêve est en partie accompli. »    Gustave Flaubert (Correspondance)


Et même : « Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner naissance à la tyrannie que la démocratie : de la liberté extrême naît la servitude la plus complète et la plus terrible.» ! C'est de Platon (la République)


Aujourd’hui, la démocratie « ne vise qu’à empêcher les antagonismes sociaux de s’exprimer …… Le pluralisme est l’illusion qui permet à la démocratie de perdurer… Ce système juridique est de plus en plus technicien et indifférent aux valeurs. … Quand les spécialistes se désintéressent des valeurs, on tombe dans le nihilisme.» P.S. (1)( dans le journal ‘ La Croix ‘ du ven 7 janvier 2011 )

Dans un monde de plus en plus complexe, technique … Nous sommes réduits à nous en remettre à la compétence des autres.

Une société peut-elle exister si elle ne partage pas un certain nombre de valeurs communes qui donnent un sens aux échanges entre ses membres ?

 

« La Démocratie, plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. » Saint-John Perse (Discours sur Briand)

Qui bafoue l’autorité en démocratie ? En mode libéral, ce pourrait être la finance, pilotée par la statistique et le technicien…

Pour parler politique, je pense que notre démocratie s’enlise... Pour la régénérer, ATTAC propose une réforme constitutionnelle :

-          Le référendum révocatoire d’initiative populaire ( remise du mandat d’assemblées ou d’élus..)

-          La chambre des citoyens ( en lieu et place du Sénat ) composée de citoyens tirés au sort ( mandat court et non professionnel … )

-          Les conférences ou conventions de citoyens sur un problème de société particulier …

-          …Etc ... cf Dans quelle démocratie vivons-nous ?

-           

Sur le plan religieux, et c’était le but de mon propos, je reprendrais bien cette réflexion, avec l’assurance de ma foi et de mon espérance… L’institution, pourrait dans son organisation et non dans sa théologie, bénéficier d’une telle réforme constitutionnelle ( les « élus », étant les responsables de communautés et les évêques …)..

 

Pour en revenir, à la ‘ démocratie ‘ ; Il me semble que le pouvoir,-  ainsi symbolisé par une prétendue ‘ représentativité ‘ du peuple, est une idole … Et là, s’exprime ainsi, le plus clairement, « le péché religieux » qui tente de corrompre la notion même de «  pluralisme ».

 

christ-lave-les-piedsLe pluralisme n’est pas le résultat du seul droit de s’exprimer, une sorte de tolérance polie à la cohabitation d’opinion diverses…

Le pluralisme est le mouvement perpétuel de l’Esprit ( qui ne peut, même « tradition oblige » se figer ! ) qui se nourrit de la diversité… C’est une sorte de ‘révolution permanente’, que la religion seule peut ( mais doit …) supporter.

Les Evangiles, et la Bible entière, reprennent sur différents modes littéraires ce déplacement continuel des représentations du pouvoir, du bien , du mal … jusque dans l’incarnation même du divin, qui passe de la puissance du pouvoir ( ou prétendue telle…) à l’humilité extrême, en Jésus, pour la glorification de l’Humain…

religionsdumonde

 

Les institutions politiques, et religieuses aussi, essaient de fixer ce processus ( pourtant, naturellement Humain, ou Divin…) par des élections politiques , ou pour le religieux par une dogmatique ( très juridique… et pharisienne à l’excès, au détriment de sa propre valeur …).

Pour ce qui est de nos institutions politiques, peut-être n’est t-il pas ‘ raisonnable ‘ de vivre dans une ‘ anarchie ‘ positive et vertueuse. Mais au moins soyons conscients, et combattons les rejetons oppressifs causés par l’individualisme,

 

De même que « la femme est l’avenir de l’Eglise » ( J Moingt)… Je me risquerais bien à dire que l’avenir de l’Humain, est religieux… Une religion sans idole !

 

Actuellement, je lis Hans Kung ; et découvre une partie de son œuvre et son «  Projet d’éthique planétaire : 

 

C’est ICI http://global-ethic-now.de/index-fra.php

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