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experience chretienne

Café philo de Limoges - Un sens à la mort ?

Publié le par Perceval

Limoges : au café LE TRIANON (face au lycée Gay Lussac),je continue à participer au Café-Philo :

Débats philosophiques animés en alternance par Chantal Richard,Gérard Ducourtieux, Gilles Geirnaert et Mickaël Dubost. ( Grand Merci à eux .. ! )

Thème du N°4 - Lundi 12 novembre 2012 à 19h : "La mort rend-elle la vie absurde ?"Vanite-pietr-claez-1630.jpg

 

- Personnellement, je pense que l'humain a cette particularité d'exprimer qu'il a conscience de sa mort, de sa finitude ( Et peu m'importe, ici, ce qu'il en est des animaux... ) ; et je ne parle pas, ce qui est aussi dramatique ( sinon plus …) pour l’humain que je suis de la mort de mes proches... Je parle bien de ma propre mort.

NB/ J'ai entendu, l'idée exprimée ( depuis longtemps) que je ne puis être conscient de ma mort, puisque je ne la vivrai pas – Tant que je vis, je ne suis pas mort ; et quand je suis mort je ne suis plus conscient … Désolé ! Cela ne me satisfait pas... Peut-être cet argument conviendrait-il aux animaux .. ?

vanites-aux-portraits-bailly.jpg

J'ai la grande prétention, d'être conscient de ma finitude... Et c'est – du haut de cette conscience ..- que j'interroge la philosophie … !

Cette conscience s'accompagne d'une liberté existentielle : celle de choisir de me donner ma propre mort... C'est essentiel dans ma réflexion.

 

Un autre point – au cours de cette réflexion – me paraît essentiel …. et qui pourtant semble gêner les « vrais » philosophes :

- La conscience de la souffrance. Elle est même l’expérience primordiale du Bouddha et de la doctrine du Bouddhisme.job.jpg

Sur ce sujet : la réponse du philosophe ( et cela m'a beaucoup intéressé ) serait d'argumenter en la défaveur d'une tel postulat... En effet la philosophie, école de sagesse, considère la souffrance comme une aliénation de l'esprit. Souffrir , c'est ne plus être libre. Réagir à la souffrance, n'est pas une « action » d'un humain libre, mais une « réaction » d'un être aliéné. La philosophie prend le pré-supposé d'un humain sain.

 

Ce débat me semble primordial, parce qu'à mon avis, la question du « sens de la vie », peut difficilement s’abstraire de la conscience que l'on a de soi, de sa mort, et de la difficulté ( ou non ) à vivre... ?

Autrement dit : la philosophie peut-elle m'aider à vivre ; donc à trouver un sens à ma vie ? ( je dis bien à « ma vie », et non pas à « la vie » …) ?

 

La question : "La mort rend-elle la vie absurde ?" : attend un Oui, ou un Non. Un vrai « philosophe » devrait répondre « Non » … Comme si, l'envie de dire « Oui » signifierait un désir ou un manque d'une solution "irrationnelle". Trouver la vie absurde, ce serait succomber à l'émotion... ?

 Socrate-sagesse-comme-equanimite.jpeg

Thèmes du café-Philo : …. ( On va se régaler … ! )

N°1 - Lundi 24 septembre 2012 à 19h : "La télé, un danger pour la démocratie ?"

N°2 - Lundi 8 octobre 2012 à 19h : "En quoi l'oeuvre d'art est-elle un objet différent ?"

N°3 - Lundi 29 octobre 2012 à 19h : "Homosexualité et parentalié."

N°4 - Lundi 12 novembre 2012 à 19h : "La mort rend-elle la vie absurde ?"

N°5 - Lundi  26 novembre 2012 à 19h : "Le virtuel est-il réel ?" 

N°6 - Lundi 10 décembre 2012 à 19h : "Vouloir séduire est-il moral ?"

N°7 - Lundi 14 janvier 2013 à 19h : "Choisir est-ce renoncer ?" 

N°8 - Lundi 28 Janvier 2013 à 19h : "A quoi sert l'école ?"

N°9 - Lundi 11 février 2013 à 19h : "Comment penser la monnaie ?"

N°10 - Lundi 25 février 2013 à 19h : "En quoi une dette nous oblige-t-elle ?"

N°11 - Lundi 11 mars 2013 à 19h : "Comment distinguer ce qui est normal de ce qui ne l'est pas ?"

N°12 - Lundi 25 mars 2013 à 19h : "Façon Marc Sautet : sujet libre choisi le soir même par les participants."

N°13 - Lundi 8 avril 2013 à 19h : "Je bande donc je suis. Le désir dans la condition humaine."

N°14 - Lundi 29 avril 2013 à 19h : "Faut-il faire confiance à la science ?"

N°15 - Lundi 13 mai 2013 à 19h : "Que gagne-t-on à travailler ?"

N°16 - Lundi 27 mai 2013 à 19h : "Que m'apporte autrui ?"

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Simone Weil, sur le Parvis... -1-

Publié le par Perceval

A l'heure d'une nouvelle évangélisation, Simone Weil illustre parfaitement et intelligemment, les difficultés à passer la porte de l'Eglise catholique ( en particulier )...

 

Le rejet de l'institution chez Simone Weil exprime une volonté d’accéder à l’universel en se dépouillant du « nous » institutionnel, à travers un parti pris pour l’exil, pour l’étrangeté.

La porte que S.W. veut franchir est celle qui permet l'entrée dans le transcendant, la spiritualité authentique et non l’autre, celle qu’elle pourrait traverser si elle le voulait, parce qu’elle est grande ouverte et qu’on l’y invite (je parle ici de celle de l’Église). La porte de l’Église comme institution, c’est justement celle qu’elle refusera de franchir jusqu’à la fin …

«  Il existe un milieu catholique prêt à accueillir chaleureusement quiconque y entre. Or je ne veux pas être adoptée dans un milieu, habiter dans un milieu où on dit « nous » et être une partie de ce « nous », me trouver chez moi dans un milieu humain quel qu’il soit. En disant que je ne veux pas je m’exprime mal, car je le voudrais bien ; tout cela est délicieux. »

 « Ce qui me fait peur, c’est l’Église en tant que chose sociale. Non pas seulement à cause de ses souillures, mais du fait même qu’elle est entre autres caractères une chose sociale. Non pas que je sois d’un tempérament très individualiste. J’ai peur pour la raison contraire. J’ai en moi un fort penchant grégaire. Je suis par disposition naturelle extrêmement influençable, influençable à l’excès, et surtout aux choses collectives. »

 « J’ai peur de ce patriotisme de l’Église qui existe dans les milieux catholiques. J’entends patriotisme au sens du sentiment qu’on accorde à une patrie terrestre.une-foule-impressionnante-est-venue-celebrer-la-messe-de_43.jpg J’en ai peur parce que j’ai peur de le contracter par contagion »

 

Je partage, avec Simone Weil, tout à fait le sentiment de malaise devant le « collectif »... Simone Weil interprète le « Partout où deux ou trois d'entre vous seront réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux » de l’Évangile : cela ne désigne pas le passage au collectif, mais l'existence d'une relation qui n'est possible justement qu'en comité restreint, et que le collectif vient détruire. «  Le Christ n'a pas dit deux cent, ou cinquante. Il a dit deux ou trois. Il a dit exactement qu'il est toujours en tiers dans l'intimité d'une amitié chrétienne, l'intimité du tête à tête » S.W.


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            Simone Weil à Londres en 1942

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Le temps décrit par la science.

Publié le par Perceval

Quand un chrétien parle de la mort, de l'éternité, de la résurrection... Il parle du Temps. Il parle du présent, de futur, et utilise une image : celle du « temps qui passe »... Or, cette évidence, n'est peut-être – scientifiquement – qu'une illusion... !le-temps-dali-klein_01.jpg

La réalité scientifique du temps, n'aurait-elle pas d'incidence sur la représentation religieuse de « mon avenir après la mort » … ?

 

La mort, perspective certaine, donne à ma vie, son sens … ( je raccourcis …). Chaque instant, elle prend de mon espace et de mon temps...

 

S'il y a bien une question sur laquelle la physique contemporaine a changé complètement sa représentation, c'est celle du temps. A notre échelle ( mais n'oublions pas que nous sommes plongés au cœur d'infinis …), nous évoluons « tous » ensemble, en même temps sur la ligne du temps... Ce qui est faux ! ( cf la relativité restreinte d’Einstein ).

Ainsi, très très très loin, un être pourrait être en coïncidence avec mon passé ou mon avenir. Autrement dit, le passé n'est pas « définitivement » mort. Scientifiquement, je peux exprimer que passé, présent et avenir existent simultanément ( si cela a du sens de parler du temps avec des concepts de « temps qui passe » … ! ) .le-temps-klein_02.jpg

 

Compliqué.. ? J'ai un peu mieux saisi l'étendue du mystère avec un documentaire que l'on peut revoir sur Arte : « La magie du cosmos : ep 1 ». La perception du flux continu du temps n’est rien d’autre qu’une illusion. C’est Albert Einstein qui, le premier, fait voler en éclats l’hypothèse d’Isaac Newton d’un temps universel et montre que l’écoulement du temps est relatif. Pourquoi ? « Simplement » parce que le mouvement dans l’espace affecte son écoulement. Einstein révèle ainsi la connexion fondamentale entre espace et temps, induisant au passage que passé, présent et futur existent de la même manière et sans distinction ! ... À force d’images, de comparaisons et d’animations, Brian Greene parvient pourtant à remettre les pendules (de notre ignorance) à l’heure. 

 

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Étudiante en philosophie: Edith Stein (1891-1942) -2-

Publié le par Perceval

Edith oriente sa recherche vers la notion d’empathie (Einfühlung), c'est-à-dire la perception intuitive de l'autre par sympathie afin qu'une rencontre interpersonnelle puisse se réaliser en profondeur. Edith-stein-1891-1942.jpgMais Edith connaît une crise, sa thèse stagne, la jeune étudiante tombe dans une profonde dépression : « Peu à peu je m'enfonçais dans un véritable désespoir... Je ne pouvais plus traverser la route sans souhaiter qu'une voiture m'écrasât. Lors des excursions une seule idée me hantait : disparaître dans l'abîme, c'en serait fait de ma vie » (Leben ... ), Elle va sortir de cette mauvaise passe grâce à l'amitié d'Adolf Reinach qui l'encourage et l'aide dans sa recherche.

Avec Grete Ortmann, elles abordent des sujets religieux, motivés par la conversion de leur professeur Adolf Reinach au christianisme, et qui avait fait part dans des notes, qu'il ne ferait plus de la philosophie que « pour montrer aux hommes le chemin de la Foi ».

Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, les amphithéâtres se vident...

Edith-Stein-1914-Croix-rouge.jpg
Edith-Stein 1914 Croix rouge

Elle désire répondre à la haine par un « service d’amour ». Et elle est infirmière volontaire de la Croix Rouge dans un hôpital militaire pour maladies infectieuses, dans une petite ville de la Moravie. Elle mesure la difficulté de communiquer avec l'autre car elle se trouve en présence de malades slovaques, ruthènes, hongrois, polonais, tchèques, etc. Elle y fait l'expé­rience douloureuse de la souffrance et de la mort. Forte de cette expérience concrète, elle pourra contester, quinze ans plus tard, les analyses de Martin Heidegger en affirmant : « Quiconque a assisté à une agonie ne pourra plus croire à un anonyme 'on meurt' » ( Edith Stein, Phénoménologie et philosophie chrétienne, Éd. du Cerf, 1987, p. 101.)

En 1915, Edith passe son Certificat d'Aptitude au Professorat, tout en gardant des liens particuliers avec ses camarades au combat, comme Hans Lipps, à qui elle envoie des objets très divers : tantôt une gravure japonaise sur bois, tantôt quelques traités concernant la théorie de la relation, souvent de bonnes pralines ou autres sucreries ...

Ensuite, elle revient à la philosophie avec une attitude nouvelle: « la vie a le dernier mot! ». Le 3 août 1916, Edith Stein obtient son doctorat

Malgré ses réserves sur la pensée philosophique de Husserl, Edith reste près de lui, et en 1916, elle le suit comme maître assistant à l’Université de Fribourg. Elle prend la succession d'Adolf Reinach, tombé en Flandres en novembre 1917, un an après avoir été baptisé avec son épouse dans la religion protestante.

«  L'attitude d'Anna Reinach m'a fait rencontrer pour la première fois la Croix et la force de Dieu, que'elle donne à ceux qui la portent ; j'ai pu voir concrètement devant moi le corps de l'Eglise, née de la souffrance rédemptrice, victorieuse … A ce moment-là, le Christ a rayonné en moi, dans le mystère de la Croix, balayant mon incroyance et effaçant mon judaïsme. »

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Groupe de göttingen en 1922 tous élèves de Husserl

A Fribourg, Édith donne aux étudiants les aptitudes requises pour suivre les cours magistraux de Husserl, tâche particulièrement difficile à une époque où les milieux élitistes ne comprennent guère que les cours soient dispensés par une femme … et Edith Stein ne peut admettre cette confusion … Edith rencontre d'autres personnalités, comme le philosophe Martin Heidegger...

 

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Étudiante en philosophie: Edith Stein (1891-1942) -1-

Publié le par Perceval

Une femme philosophe en quête de vérité, (les années: 1910-1922).

edith-Stein-2.jpgEn 1910, Edith s'inscrit à l’Université de Bergzabern, seule femme à suivre, cette année-là, les cours de philosophie.

Elle découvre la pensée d’Edmund Husserl, Edmund Husserlprofesseur à l’université de Göttingen. Elle s’enthousiasme pour l’auteur, initiateur de la phénoménologie, qui lui apparaît comme "le philosophe" de son temps. Elle s’établit à l’Université de Göttingen et est présentée tout de suite au philosophe Husserl.

Edith a 21 ans. Elle rencontre Hedwig Martius qui devient sa meilleure amie. Elle fait la connaissance d'Adolf Reinach, bras droit de Husserl, et se lie d'amitié avec lui et sa femme. Tous deux sont d'origine juive, comme elle.

Puis, quand Husserl passe avec "Idées pour une phénoménologie pure" du réalisme de l’étude des phénomènes à l’idéalisme transcendantal, elle adopte une attitude plus critique … Elle rencontre également, Max Scheler, juif converti, très différent de Husserl, et qui provoque l’auditoire par des intuitions originales et qui en enflamme l’esprit. Scheler réussit à éveiller en elle, qui se déclarait athée, le besoin religieux, apaisé plutôt qu’éteint. Depuis peu, Scheler est revenu à la foi catholique et il expose son credo d’une manière fascinante.

« Jamais par la suite, dit-elle, je n'ai eu affaire à un si grand génie. Il avait de grands yeux bleus d'où rayonnaient la lueur d'un monde plus élevé...  C'est grâce à lui que j'ai eu mon premier contact avec un monde que j'ignorais totalement jusque-là ; s'il ne me dirigeait pas encore vers la Foi, il m'ouvrait un champ de «  phénomènes » sur lesquels je ne pouvais plus fermer les yeux. Les mises en garde constantes contre toutes les œillères, les barrières de préjugés rationalistes dans lesquels mes condisciples et moi-même avions grandi sans en avoir conscience, n'étaient pas inutiles : en m'en débarrassant, je pouvais entrevoir, proche de moi, le monde de la foi, où vivaient des personnes que j'admirais et vis à vis desquelles une réflexion approfondie était nécessaire. »

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edith-Stein-1913.jpg
 Gottingen : 1911 (left to right) Reinach, Neumann, Lipps, Scheler, Koyre, Hering, Ms. Martius, Hamburger, Conrad, Huebener, v. Sybel, Clemens Edith Stein en 1913


Edith n’arrive pas encore à la foi, mais elle voit s’ouvrir un nouveau monde de phénomènes devant lesquels elle ne peut rester insensible. A l’école de Husserl, elle avait appris, en effet, à contempler quoi que ce soit sans préjugés et maintenant, en écoutant Scheler, les barrières des préjugés rationalistes parmi lesquels elle avait grandi sans le savoir, tombent. Elle-même dit: "Le monde de la foi s’ouvrait tout à coup devant moi".

Husserl-Scheler-Reinach-Heidegger.jpg

Edith Stein vit dans un groupe où autour d'Husserl, mais aussi d'Adolf Reinach, Theodor Conrad, Max Scheler... gravitent des jeunes gens comme Hedwig Martius , Roman Ingarden, Hans Lipps … Ces jeunes philosophes vivent sans contrainte, discutent phénoménologie, le jour la nuit, et nouent entre eux amitiés et amours... Edith qui se voulait, semble t-il, au-delà des servitudes et complications de l'amour, tombe amoureuse de deux de ses condisciples... et qui refusent l'un et l'autre de l'épouser !

Edith avait rencontré Roman Ingarden ( polonais ) à Fribourg en 1916, ils discutaient philosophie et se fréquentent 6 mois... jusqu'au jour où Roman lui avoue qu'il va se fiancer … «  Chaque fois que je revois ce temps passé surgit en moi l'état désespéré où je me trouvais alors fait de confusion indicible et de ténèbres. ».

La rupture fut plus rude encore avec Hans Lipps  (1889-1941) , autre disciple de Husserl. Elle l'a rencontré à Göttingen en 1913. La guerre éclate et Hans est mobilisé ; ils ne se revoient qu'épisodiquement... Un jour, à son tour, Hans annonce ses fiançailles … Après la mort de sa femme, Hans envisagera d'épouser Edith... Mais, en 1933, Edith entre au Carmel...

à suivre ...

Gottingen-marketplatz-1920.JPG entrée principale de l’université de Göttingen début
Gottingen marketplatz 1920

Entrée principale de l’université de Göttingen

début XXe

 

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Amour ou zen...?

Publié le par Perceval

L’Amour, dans notre culture, c’est une expérience. Chacun peut reconnaître que ce phénomène a lieu. L’amour c’est l’heureuse expérience de l’altérité.troubadours.jpg


Vivre cette expérience n’est pas si simple… Et si je n’en fait pas l’expérience dans ma vie - Suffirait-il de se convaincre que le véritable Amour, celui de Dieu, m’est donné, pour parler de l'Amour ...?

Un peu, comme si la religion de l’Amour, m’épargnerait d’aimer et d’être aimé par l’autre.

 

Et c’est d’ailleurs, dans l’appréhension de l’altérité ( l’autre étant « celui que je peux aimer » ) que s’exprime les véritables différences entre le bouddhisme et le christianisme…


Chrétien : mon problème est celui de la relation; ce sont mes relations qui sont blessées et qui me font souffrir; donc, ce que je voudrais restaurer c'est l'amour. Et, bien sûr... ( je ne sais pas très bien comment ...) je crois au don de l’Amour , aujourd’hui ( le Royaume c’est ici et maintenant …)

Pour le bouddhiste, la souffrance est due à l’illusion de la permanence dessin-illusion.jpg; et bouddhiste, je cherche - en priorité - à me libérer des illusions… Le Royaume n’est pas là, il est une promesse de l’expérience de la non-dualité…

 

L'altérité chrétienne s’oppose t-elle à la non dualité ?

Non, si c'était le cas, nous ferions de l'altérité - une dualité conflictuelle - … l’Amour est aussi l’expérience de l’Unité … ! Moi aussi, chrétien, j’aspire à être sauvé de cette dualité.

 

La personne est un « mystère » : quelque chose que l'on ne cesse jamais de découvrir. Dès qu'on le définit, on le tue.

Dans le bouddhisme, « la personne » est l’humain qui a renoncé à être soi et à se saisir lui-même; quelqu'un qui renonce au soi. C'est donc d'une certaine manière un mystère sans cesse à découvrir.


Le christianisme peut aider le bouddhisme, pour découvrir qu'il y a quelque chose au-delà de la vacuité;  et le bouddhisme nous aide à découvrir qu'il y a une personne au-delà de l'individu, même quand on parle de Dieu, c'est à dire qu'il faut bien se garder de réduire la personne et son mystère à l'idée qu'on en a, l'individu.

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Amour et zen...?

Publié le par Perceval

Aujourd’hui, la question religieuse ( existentielle); se pose à partir de l’expérience humaine.

God-is-love.jpg

La véritable religion ...

serait celle de «  l’Amour ».. ! …Point !

Au diable les doctrines… !

 

 etre-zen.jpg

Sauf… qu’à cette « religion là », je n’y crois pas … du tout !


Mon expérience: C’est un peu plus compliqué que cela …

Cet «  amour là », c’est du même ordre que … ce «  Zen là »…

 

Le christianisme, et le bouddhisme d’ailleurs, n’ont pas de produits à vendre sur un marché du «  bien être ». Ces marchandises alimentent le matérialisme spirituel attaché au corps et à la psyché:


«  Lorsque la spiritualité vise à créer une situation de plus grand confort, à nous préserver de la vilolence et des difficultés prpores à toute existence humaine, elle n’est que du matérialisme. » Fabrice Midal, bouddhiste ( lettre IV à Dennis Gira )

 

Claudel écrivait déjà : "Le chrétien ne vit pas comme le sage antique à l’état d’équilibre mais à l’état de conflit."

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Religion naturelle et religion révélée : Paul Tillich ( 1 )

Publié le par Perceval

Le christianisme se renie t-il et se dénature t-il  quand il s’écarte si peu que ce soit, dans sa réflexion sur lui-même et sur son message, d’une démarche fondée sur la seule révélation ?


eros-univers.jpgLa « religion naturelle » désignerait une religion où la « nature humaine » n’est pas « réceptrice », comme dans une religion révélée, mais « productrice ». Cette religion trouverait en l’être humain sa source et ses contenus. Ainsi, la réflexion autour de « la divinité », correspondrait à une catégorie de la raison humaine...


Dieu ne se révèle pas uniquement en un point : Jésus-Christ, mais en une ligne : l’histoire… Bien sûr, " l’Un " ne craint pas le paradoxe d’être point et droite… ! L’homme a accès à une dimension historique de la révélation.

L’humain découvre hors de lui, dans le cosmos, un Dieu étranger à son être propre ; et tout à la fois, il rencontre en lui, dans les profondeurs de son être, un Dieu qui ne lui est pas extérieur, mais intérieur et intime.Dieu-transcendant.jpg


Y aurait-il une sorte de « théologie naturelle » qui serait inférieure, ou ne serait-elle qu'une introduction à la théologie de la révélation ?

A l’inverse, un exemple chez Rousseau, la religion naturelle du vicaire savoyard affirme l’inutilité et la nocivité de toute référence à une révélation…

 

La première ne pourrait-elle pas être un point d’attache, un ancrage qui permet à la Parole de Dieu, de nous atteindre ?

 

 

  A suivre ....

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Paul Tillich: Religion et culture (1)

Publié le par Perceval

Paul Tillich (1886-1965), plus qu’un théologien, est un penseur ( philosophe ) religieux du 20e siècle.Paul-Tillich.jpeg

Dire Dieu aujourd’hui, de manière actuelle et critique, ne peut s’accomplir qu’en dialogue …

Pour Tillich la plus grande majorité des formulations de la tradition exprime avec exactitude le contenu de la révélation, mais le langage utilisé n'est plus compris de nos contemporains. Il faut donc mettre en corrélation la vérité énoncée avec la situation existentielle des hommes et des femmes d'aujourd'hui.

Pour arriver à cette mise en corrélation, il faut dans un premier temps relire la tradition biblique comme dogmatique, et dans un second temps, analyser l'essence de la culture humaine pour décrypter au travers de ses manifestations (art, politique, philosophie, religion, mythes, etc ..), les questions fondamentales qui agitent l'être humain et qui justement constituent son humanité

La théologie se doit selon Tillich, d'éviter deux écueils dans lesquelles elle est souvent tombée. D'un côté le supranaturalisme ou la totale altérité entre Dieu et le Monde, et de l'autre, le naturalisme qui identifie Dieu à la structure, ou à la substance du monde.Caspar_David_Friedrich_032.jpg

 

Fils d’un pasteur luthérien, Paul Tillich naquit en 1886. Il fit de brillantes études. Il étudia la théologie et la philosophie à Berlin, puis à Halle et à Tübingen et enseigna ces deux matières dans les universités de Berlin et de Marburg, où il rencontra Bultmann et Heidegger.

L'horreur de la guerre 1914-1918 va le marquer très profondément. Il est aumônier sur le front français. L'inadéquation entre les formes traditionnelles de l'annonce du message chrétien et les drames vécus par les êtres humains l'amène, tant pendant la Grande Guerre que pour l'arrivée d'Hitler au pouvoir, à une réflexion poussée sur les causes pouvant entraîner un homme, une communauté, un peuple à " [vouloir] effacer [ses frontières] en anéantissant tout ce qui lui est étranger ". Dès 1924 il est professeur de théologie, puis il enseigne aussi la philosophie, la sociologie et l'histoire des religions. En 1933, il condamne les actes d'agression d'étudiants nazis contre des étudiants juifs, il adhère au parti socialiste et il est alors révoqué, accusé de militer pour un " socialisme religieux ".

Il s'exile alors aux Etats Unis. Il poursuit son œuvre tant philosophique que théologique. Contemporain de Bultmann, il partage avec lui la préoccupation d'exprimer le message chrétien de telle sorte que l'homme d'aujourd'hui le reçoive dans la culture de son temps.

Voir vidéo : ICI : http://vimeo.com/35570283

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Jean Bottéro: en toute conscience ...

Publié le par Perceval

Je ne connaissais que très peu Jean Bottéro, et ma curiosité de ce qui est écrit sur le mythe, m'a conduit à découvrir cet universitaire et chercheur... Outre son oeuvre, sa biographie témoigne encore une fois de l'aveuglement que la religion peut produire chez ceux qui sont censés la représenter. Quand il s’agit de ma religion, j’en suis d’autant plus blessé !

J-Bottero.jpgCombien de savants ( Theilhard de chardin … ), de maitres ( Zundel … ) ont souffert de cette obstruction à l’Esprit … ? Voici : cette fois, il s’agit de Jean Bottéro ( 1914-2007).

 

Jean Bottéro nait à Vallauris (06) le 30 aout 1914. Enfant précoce, il entre, à 11 ans au séminaire de Nice, où il s'initie au latin, puis au grec. Après le noviciat en 1931, il prend l’habit de dominicain, au prieuré de Saint-Maximin, à la Noël 1932.Peche-originel.png

Distingué par le père Lagrange, fondateur de l'Ecole biblique de Jérusalem, il est choisi pour reprendre le flambeau et interroger in situ le texte testamentaire.

Pendant le conflit mondial, il est bloqué à Saint-Maximin : il y enseigne la philosophie grecque, puis l'exégèse biblique, qu'il inaugure par l'étude de Job et de l'Ecclésiaste pour interroger la question du mal.

 

Cependant, lorsqu`il aborde avec la Genèse le récit du péché originel, son refus de le créditer d`un certificat d`historicité conduit à la rupture. Il est alors suspendu. À ce moment-là, il s`installe dans un couvent dominicain à Paris. Ne pouvant renoncer à l`étude, il reprend le projet du père Garrigou-Lagrange d`établissement au Proche-Orient. Apprenant seul l`akkadien (langue sémitique ancienne parlée en Mésopotamie), il traduit, avec l`appui de René Labat, professeur de philologie et d`histoire à l`École pratique des hautes études, le « Code de Hammurabi »

Poussé par Labat, Bottéro intègre le CNRS en 1947.

 

En 1950, il est contraint à demander sa « réduction à l`état laïque ». En effet, ses supérieurs religieux lui interdisent tout retour à Saint-Maximin car sa présence y étant tenue comme « un danger pour les jeunes ». Il quitte donc l`ordre des prêcheurs et le sacerdoce. (1 )

L’Eglise a perdu un “ bibliste ”, la science gagne un «  assyriologue ».

 

  tablette-Cuneiforme-deluge.jpg
Le mythe sumérien de l’Atrahasis ou Supersage
Texte sumérien (XVIIIème s. avant JC). à comparer avec le ' déluge biblique ' ..!
Travaux de Jean Bottéro.

Dans son livre ' Babylone et la Bible ' Jean Bottéro évoque l’influence décisive du maître  Père Lagrange:

 « C’est en effet au cours de ma dernière année de philosophie que j’ai fait la connaissance du P. Lagrange, qui avait quatre-vingts ans. Un des deux seuls hommes vraiment et totalement grands que j’ai rencontrés dans ma vie, pourtant longue, et qui en a vu défiler beaucoup – l’autre, c’est le P. Chenu. ( …)

Je n’étais pas tellement tourné vers l’exégèse – mais tout le monde avait un grand respect et une vive admiration pour cet homme. Il aimait qu’on lui pose des questions. Comme je redécouvrais Platon, à l’époque – je le lisais dans la collection Firmin-Didot –, je lui ai demandé si, selon lui, il fallait lire Platon. Il m’a répondu d’abord que la question avait quelque chose d’insidieux dans une maison où régnait Aristote ! Puis il a ajouté : “ Ce que je peux vous dire, c’est que Platon est le premier à avoir enseigné qu’il faut aller à la vérité de toute son âme. ” […] Le Père Lagrange m’a dit : “Apprenez d’abord l’allemand –c’est la première des langues sémitiques. »



 (1)

De charactere historico trium priorum capitum Geneseos, sur le caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse (30 juin 1909) [AAS 1 (1909) 567-569]

Il est interdit de dire que les premiers chapitres de Genèse sont un mythe de la Création. Pour l'avoir dit, en 1954, dans un cours de formation biblique au séminaire dominicain d'Aix-en Provence, Jean Bottero sera interdit d'enseignement. Il quittera l'ordre et rejoindra une chaire d'assyriologie au CNRS. (Commission biblique pontificale)

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