Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

quete

La Question de la ''Quête du Graal'' – S. Weil.

Publié le par Régis Vétillard

Lorsque Lancelot lui parle de son intérêt pour la littérature et la spiritualité médiévale ; Simone Weil montre alors un enthousiasme rare chez les intellectuels du moment : elle parle même du « génie de la civilisation d'Oc », qui a su mêler « la chevalerie venue du Nord et les idées arabes, et qui ressemble à une petite réplique de la Grèce Antique »

Pour Simone Weil, le Christianisme a redonné vie à l'héritage grec ( contre Rome). Ensuite, la renaissance carolingienne s'ouvrait à une civilisation de liberté spirituelle, la seule tradition chrétienne vivante et libre... Puis, l'Europe a fait le choix de la force, contre l’esprit, de « l’alliance du trône et de l’autel ». Alliance impossible, puisque ce n'est pas la même logique !

Le catharisme s'opposait à cela, en pays d'Oc « Les richesses spirituelles affluaient de toutes parts sans obstacle. La marque nordique est assez visible dans une société avant tout chevaleresque ; l’influence arabe pénétrait facilement dans des pays étroitement liés à l’Aragon ; un prodige incompréhensible fit que le génie de la Perse prit racine dans cette terre et y fleurit, au temps même où il semble avoir pénétré jusqu’en Chine. »

La « civilisation chevaleresque » de l’Occitanie médiévale s'opposait à la centralisation ; elle estimait que, ce que les seigneurs « désignaient par patrie ; ils l’appelaient langage » : un langage commun.

Le roman et les gothique représentent deux options religieuses antithétiques au sein du monde chrétien.

L'art roman, comme l'amour courtois est inspiré par l'amour surnaturel, qui est attente et nécessite le consentement. Les troubadours appelaient cet amour : Merci.

L'art roman, n’a aucun souci de la puissance ni de la force, mais uniquement de l’équilibre ».

A l'inverse, « Le Moyen Âge gothique, qui apparut après la destruction de la patrie occitanienne, fut un essai de spiritualité totalitaire » 

Lancelot, aborde le conte du Graal ''Perceval '' de Chrétien de Troyes. Simone Weil semble mieux connaître le Parsifal de Wagner. Il parle de La Coupe, et elle voit plutôt une Pierre.

Je rappelle qu'au château du Graal, Munsalvaesche, le roi du Graal, Anfortas, souffre d’une blessure faite par une lance empoisonnée, et dépérit. Parzival observe dans le château maintes choses merveilleuses, avec le Graal ( pas défini), qui pourvoit toute la compagnie abondamment de mets et de boissons. Parzival se garde de poser quelque question que ce soit... Le lendemain matin, le château est vide.

Au livre XV, Parzival retourne au château du Graal et par la question salvatrice : « Mon oncle, quel est ton tourment ? », délivre Anfortas de son supplice. 

 

Pour Simone Weil, le sujet de cette histoire c'est la découverte de l'attention à l'autre, la charité.

« La plénitude de l’amour du prochain, c’est simplement d’être capable de lui demander « Quel est ton tourment ? ». C’est savoir que le malheureux existe, non pas comme unité dans une collection, non pas comme un exemplaire de la catégorie sociale étiquetée « malheureux », mais en tant qu’homme, exactement semblable à nous, qui a été un jour frappé et marqué d’une marque inimitable par le malheur. Pour cela il est suffisant, mais indispensable, de savoir poser sur lui un certain regard. »

Anfortas

 

Le Conte du Graal, met en question une énigme à deux niveaux... Il ne s'agit pas seulement, de trouver une réponse à une question... Il s'agit d'abord de trouver la Question. Et la question n'est pas forcément la même pour chacun...

Pour Simone Weil, sans-doute, sa question concerne le mal, le malheur précisément.

Pour Perceval, j'y vois une question en lien avec la culpabilité ( la mort de sa mère) ; et la réponse en lien avec la Grâce...

Lancelot, cherchait encore sa question : elle commence à résonner ( raisonner) en lui : '' Qu'est-ce que l'homme '' ( l'homme que je suis...) ?

Il faut préciser que '' La Question '' n'est pas Le Graal.

 

Simone Weil, prévient Lancelot :«  La quête du Graal, peut être un détournement, ou un dévoiement, de l’attention. Vouloir trouver le Graal, c’est privilégier la volonté au détriment de l’attention. » ( M.Zinc) L'exemple type, dans le conte, en est Gauvain.

Au début de la Quête, « Perceval ne sait pas que les êtres existent... », insiste Simone Weil.

Voir les commentaires

1930 - L'Allemagne - 9 - ''La Montagne Magique'' Thomas Mann (suite)

Publié le par Régis Vétillard

Thomas MANN, 1875-1955

Ensuite, Lancelot ose exposer à l'écrivain, la quête dont il est porteur depuis de nombreuses générations; et la lecture de son roman lui semble s'inscrire dans cette même recherche... Pense t-il qu'il est possible de faire le rapprochement...?

Thomas Mann, loin de se montrer sceptique, s'exclame qu'il s'agit tout à fait de cela ....

- Avec celui du temps, qui lui est lié, j'ai tenté d'aborder le thème de ce que l'on appelle en alchimie la '' sublimation '' . En effet, Hans Castorp est un héros ordinaire; pourtant dans l'atmosphère fébrile de sa réclusion hermétique, en haut de la montagne magique, cet homme simple connaît une sublimation qui le rend apte à des aventures morales, spirituelles, et sensuelles...

Le voyage long et sinueux qui conduit Hans Castorp ''là-haut'' est d'emblée comparé à celui d'Ulysse au royaume des ombres... Settembrini, le met en garde contre un séjour prolongé: " Evitez ce marécage, cet îlot de Circé, vous n'êtes pas assez Ulysse pour y séjourner impunément."

S'installe un rituel, au rythme des températures, des '' caprices du mercure ''... De nombreuses allusions parsèment le cours du récit, comme cet élévation de température qui annonce le processus de spiritualisation... Le médecin-chef est présenté comme un allié des puissances supérieures, le second officie en sous-sol, et ausculte les âmes...

Naphta qui s'identifie à Hermès, puis Settembrini délivrent à Castorp une véritable leçon d'alchimie. Clawdia Chauchat, initiatrice à Eros et Thanatos, est vue par Settembrini comme la ''Béatrice'' qui guide le ''chercheur''...

- Pourtant, à la lecture du roman, Joachim, Clavdia Chauchat, Peeperkorn, Settembrini, sont des personnages bien réels...

- Vous me rassurez... Le roman utilise les méthodes du roman réaliste, mais en fait il n’en est pas un. Il passe au-delà du réalisme par le symbolisme, et fait du réalisme un vecteur d’éléments intellectuels et idéaux.

- Les personnages apparaissent au lecteur comme des porteurs de plus qu’eux-mêmes

- C'est cela, en fait, ils ne sont rien d’autre que des représentants, des émissaires de mondes des domaines de l’esprit.

A la sortie du livre, certaines personnes, et beaucoup de gens encore aujourd’hui, le voient comme une satire sur la vie dans un sanatorium pour patients tuberculeux...! Il a même causé une petite tempête dans les revues médicales.

Mais la critique des méthodes thérapeutiques du sanatorium n’est qu’au premier plan du roman. Son actualité réside dans la qualité de ses arrière-plans. Settembrini, rationaliste et humaniste, relève ce qui peut y avoir de malsain dans un tel milieu ; il n’est cependant qu’une figure parmi tant d’autres , une figure sympathique, en effet, avec un côté humoristique; parfois un porte-parole pour l’auteur, mais en aucun cas l’auteur lui-même.

( Thomas Mann, parle de lui à la troisième personne... )

- Pour l’auteur, la maladie et la mort, et toutes les aventures macabres que son héros traverse, ne sont que l’instrument pédagogique utilisé pour l'aider à accomplir une sorte d'initiation, puis une évolution, à partir de ses propres compétences... Et, il semble que la méthode soit la bonne ; en effet, Hans Castorp, au cours de ses expériences, surmonte son attirance innée pour la mort et arrive à une compréhension d’une humanité qui n’ignore pas bien sûr la mort, qui ne méprise pas ce côté sombre et mystérieux de la vie ; mais en tient compte, sans la laisser prendre le contrôle de son esprit.

Ce qu’il comprend, c’est que l’on doit passer par l’expérience profonde de la maladie et de la mort pour arriver à une plus haute santé mentale, de la même manière qu’il faut avoir une connaissance du péché pour trouver la rédemption. « Il y a, dit Hans Castorp, deux modes de vie : l’un est le moyen régulier, direct et bon; l’autre est mauvais, il conduit par la mort, et c’est la voie du génie. » C’est cette notion de maladie et de mort comme voie nécessaire à la connaissance, à la santé et à la vie qui fait de La Montagne Magique un roman initiatique.

 

- Cela va vous intéresser.... C'est étrange que vous m'ayez parlé de ''Quête du Graal'' ...

J'ai reçu un manuscrit d’un jeune chercheur de l’Université Harvard, Howard Nemerov, intitulé « Le héros de la Quête, un Mythe comme symbole universel chez Thomas Mann », et il a considérablement rafraîchi la conscience que j'avais de mon travail... Nemerov place La Montagne Magique et son héros - un homme ordinaire - dans la lignée d’une grande tradition non seulement allemande mais universelle. Il s'agit de la légende de la Quête qui remonte très loin dans la tradition et le folklore. Faust est bien sûr le représentant allemand le plus célèbre de ce genre ; mais derrière Faust - l’éternel chercheur - se cache un groupe de compositions généralement connues sous le nom de Conte du Saint Graal ( ou Holy Grail romances) . Le héros, qu'il se nomme Gauvain, Perceval ou Galaad est ce héros en Quête qui parcourt le ciel et l’enfer, s'y accorde et conclut un pacte avec l’inconnu, avec la maladie et le mal, avec la mort et l’autre monde, avec le surnaturel, avec ce qui est nommé dans La Montagne Magique comme le «questionnable ». Le héros est toujours en quête du Graal, c’est-à-dire toujours ce qu'il y a de '' Plus Haut '': la connaissance, la sagesse, la consécration, la pierre philosophale, le ''aurum potabile '', l’élixir de vie.

Nemerov, et vous encore, déclarez que Hans Castorp est l’un de ces chercheurs. Peut-être avez-vous raison.

Hermann Hendrich, Parsifal

Le Questeur de la légende du Graal, au début de ses pérégrinations, est souvent traité d’imbécile, de grand imbécile, d’imbécile rusé. Cela correspond à la naïveté et à la simplicité de mon héros. C’est comme si une faible conscience de cette tradition m’avait fait insister sur sa qualité.

Le personnage de Wilhelm Meister, de Goethe, n’est-il pas lui aussi un imbécile rusé ? Dans une large mesure, il est identifié à son créateur; mais même ainsi, il est toujours l’objet de son ironie. On voit ici que le grand roman de Goethe, tombe lui aussi dans la catégorie des ''Quester''. Et après tout, qu’est-ce que le Bildungsroman allemand (roman éducatif) - une classification à laquelle appartiennent à la fois La Montagne Magique et Wilhelm Meister - sinon la sublimation et la spiritualisation du roman d’aventure ?

Le chercheur du Graal, avant d’arriver au Château Sacré, doit subir diverses épreuves effrayantes et mystérieuses, comme celle qui se passe dans une chapelle de bord de route appelée l’Âtre Périlleux. Probablement ces épreuves étaient-elles à l’origine des rites d’initiation, les conditions de pouvoir approcher un mystère caché... L’idée de la Connaissance, de la sagesse, est toujours liée à « l’autre monde », et donc du côté de la nuit et de la mort.

Dans La Montagne Magique, on parle beaucoup de pédagogie alchimiste et hermétique, de la transsubstantiation. Et moi-même, naïf comme le chercheur, j’ai été guidé par une tradition mystérieuse, car ce sont ces mots mêmes ( de transsubstantiation) qui sont toujours utilisés en relation avec les mystères du Graal.

Ce n’est pas pour rien que la franc-maçonnerie et ses rites jouent un rôle dans La Montagne Magique, car la franc-maçonnerie est la descendante directe des rites initiatiques. En un mot, la montagne magique est une variante du sanctuaire des rites initiatiques, un lieu d’investigation aventureuse sur le mystère de la vie. Et mon Hans Castorp, le Bildungsreisende, a une ascendance chevaleresque et mystique très distinguée : il est le néophyte curieux typique , curieux dans un sens élevé du terme , qui embrasse volontairement, trop volontairement, la maladie et la mort, parce que son tout premier contact avec eux promet une illumination extraordinaire et une avancée aventureuse, liées bien sûr, à de grands risques.

Ce qu'écrit ce jeune Nemerov, à ce propos est juste; et je viens de le reprendre pour m'aider à vous l'expliquer ... Il m'a beaucoup aidé moi-même à comprendre cette part inconsciente de mon écriture dans ce roman...

Gustav-Klimt-TodLeben- détail

Hans Castorp est un questeur du Saint Graal. Peut-être si on lit mon livre avec ce nouveau point de vue. Peut-être, est-il possible au lecteur de découvrir ce qu’est le Graal...? La connaissance et la sagesse...

Mais le livre lui-même cherche, il interroge... Regardez dans le chapitre intitulé « Neige », où Hans Castorp, perdu sur les hauteurs périlleuses, rêve de l'humanité. S’il ne trouve pas le Graal, il le devine, dans son rêve mortel, avant d’être arraché de ses hauteurs vers le gouffre de la catastrophe européenne.

Il y a l'idée de la conception d’une humanité future qui traverse et survit à l'épreuve terrible de la maladie et de la mort. Le Graal est un mystère, mais l’humanité est aussi un mystère. Car l’homme lui-même est un mystère, et toute l’humanité repose sur la révérence devant le mystère qu’est l’homme. »

Sources : - Thomas Mann, Introduction à la 'Zauberberg',1939 - Conférence à l'université de Princeton.


 

Lancelot retourne à Berlin, pour assister le 20 août 1931, à la succession de M. de Margerie, par André François-Poncet (1887-1978) comme nouvel ambassadeur qui siège à Berlin au 5 Pariser Platz, près de la porte de Brandebourg en haut de l'avenue Unter den Linden. Il a reçu pour mission de coordonner la coopération et le rapprochement économique entre l’Allemagne et la France...

Heinrich Brüning (1885-1970) devenu chancelier d’Allemagne en mars 1930 tente de sortir son pays de la tourmente dans laquelle l'a plongé la crise économique; il souhaite la suppression des conditions du Traité de Versailles.

Voir les commentaires

1900 – L'occultisme et la théosophie

Publié le par Perceval

Helena_Blavatsky

Revenons à la Théosophie, à ne pas lier forcément à la Société théosophique, fondée elle, en 1875, lors de la fondation en Amérique de la Société théosophique par Helena Petrovna Blavatsky et le colonel Olcott. Nous y reviendrons....

 

Le principe de la Théosophie chrétienne, pourrait remonter à Jacob Boehme ( allemand, XVIIe siècle)...

Mais ce que, Anne-Laure de Sallembier, en ces années 1900, retient : c'est l'enseignement d'une expérience de Dieu, intuitive, analogique ( le jeu des correspondances ) et symbolique. La théosophie aide à répondre aux questions existentielles ( pourquoi le monde, le mal, la mort … ?). L'idée de Nature, englobe le divin, l'humanité et l'univers... Tout le visible est le miroir de l'invisible, il peut être compris et vécu comme une expérience mystique...

L'aspect mythique de la révélation chrétienne est privilégié ; et les aspects dogmatique et clérical de la religion sont rejetés... L'aller-retour entre la raison, et l'expérience personnelle est privilégié. La science est valorisée, mais reste insuffisante pour modéliser la réalité...

Annie Besant

 

Pour ce qui est de la Société théosophique, la successeure de Mme Blavatski, Annie Besant (1847-1933), est une authentique militante socialiste féministe. Elle va tenter de promouvoir, dans l’esprit prophétique du début du siècle, un nouveau Messie instructeur de l’humanité... Ce rôle fut confié à un jeune Indien Jiddu Krishnamurti (1896-1986) qui rejeta finalement cette lourde charge comme l’avait fait Claire Bazard choisie par les saint-simoniens comme Femme-Messie en 1832.

 

En Allemagne, Franz Hartmann (1838-1912),un médecin allemand, franc-maçon, théosophe, martiniste, occultiste, géomancien, astrologue et auteur d'ouvrages ésotériques ; fonde une société théosophique allemande, et en 1906, est membre fondateur, de l'Ordo Templi Orientis (O.T.O.).

Rudolf Steiner-Berlin-1900

En France, c'est Lady Caithness (1830-1895), amie de H.P. Blavatski ( qui était plutôt ouverte aux spiritualités orientales), qui prend la tête d’une théosophie chrétienne, et donc scissionnaire, en profitant du passage par son salon de la quasi-totalité du monde occultiste parisien. La question du christianisme provoquera également la rupture de Rudolph Steiner (1861-1925) dans le monde germanophone à la veille de la guerre, soucieux d’intégrer l’acquis traditionnel occidental dans sa démarche d’acculturation de l’ésotérisme au monde moderne.

Même problématique :

Joséphin Péladan (1858-1918) affirme rester catholique, et s'oppose à Stanislas de Guaita (1861-1897 à 36ans) chrétien, mais à l'esprit éclectique ( christianisme, bouddhisme, spiritisme …) Tous deux avaient fondé l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix, dont fit aussitôt partie Papus ( passé pat la Théosophie) … Tous les jeudis soirs, les ''gnostiques'' se réunissent avenue Trudaine chez Stanislas de Guaïta. En collaboration avec son secrétaire et ami Oswald Wirth, Stanislas de Guaita réalise un Tarot...

René Guénon - le premier, au second rang en partant de la gauche, portant un sautoir maçonnique, à sa gauche, Amélie Gédalge (1865-1931) de la Maçonnerie mixte du « Droit humain » et à la gauche de celle-ci, Marie Martin (1848-1914), l’épouse du Dr Georges Martin, le fondateur du « Droit Humain. » À l’autre extrémité du second rang, en noir, Victor Blanchard (1877-1953). Au premier rang, en partant de la gauche : Albert Jounet (1863-1923), Theodor Reuss (Peregrinus) (1879-1923), Dr Gérard Encausse (Papus ; 1865-1916) et Charles Détré (Téder) (1855-1918). Debout, l’orateur est Georges Descormier (Phaneg) (1866-1945) et à sa gauche se trouve le Dr Fernand Rozier (1839-1922). (Le Monde illustré, juin 1908)

Gérard Encausse, dit Papus, (1866-1916) est l'un des grands animateurs de la vie occultiste parisienne pendant la Belle Epoque. Papus avait fait des études de médecine et comptait nombre de médecins dans ses proches amis et disciples. il décédera en 1916, ''victime d'un envoûtement''... ou d'une tuberculose … Les amis de Papus se réunissaient au siège de la Librairie du Merveilleux, 29 rue de Trévise.

En 1909, la '' Librairie du Merveilleux'' est au 76, rue de Rennes, à Paris, et elle est tenue par Pierre Dujols (1862-1926) et sa conjointe Mademoiselle Charton ( bretonne, née en 1868) , devenue son épouse en 1887... Elle aime à faire sa prière le soir en regardant le coucher du soleil. Elle est décrite par Mme Dubois comme ayant des dons de clairvoyance, faisant des rêves prémonitoires, lisant les lignes de la main et dans les cartes.

Ici, Anne-Laure de Sallembier, a pu croiser: Joris-Karl Huysmans, l'abbé Mugnier, l'artisan de la conversion de J. K. Huysmans, la cantatrice Emma Calvé, Paul Sédir, Paul Adam, Victor-Emile Michelet, Stanislas de Guaïta, Josephin Péladan, Charles Maurras, Villiers de l'Isle-Adam, Maurice Barrès, Catulle Mendès ( l'ex-mari de Judith Gautier) , Augusta Holmès ( maîtresse et compagne de Catulle M.), Victorien Sardou, et même le sceptique Anatole France... Et aussi, anecdotiquement, Mademoiselle Sarah Bernhardt...

Beaucoup de ces personnes, peuvent aussi se retrouver à ''La librairie de l'Art indépendant'', d'Edouard Bailly... Haut lieu de l'ésotérisme parisien...

Même si, Huysmans et Jules Bois vont s’opposer fermement à Papus et à Guaïta.

Emma Calvé

Judith Gautier, regrette et s'écarte des excès de Péladan, Guaïta, Papus, Paul Adam, Léon Bloy, Jules Bois, Huysmans, l'abbé Boullanet quelques autres, luttant à grand renfort d'anathèmes, de maléfices fluidiques, envoûtements, exorcismes, jusqu'au duel à l'épée ou au pistolet … !

Parmi les femmes plus rares dans ce monde d'hommes ; on remarque :

Emma Calvé, cantatrice, maîtresse de Jules Bois qui fut le grand ami de Maurice Leblanc. Emma Calvé était la meilleure amie de Georgette Leblanc...

''On'' dit, comme la légende ..., qu'elle aurait été en relation avec le fameux abbé Saunière, curé de Rennes-le-Château qui dépensa une fortune, d'origine inconnue...

 

G Leblanc et Maurice MAETERLINCK 1909
Augusta Holmès

 

 

 

 

 

Augusta Holmès (1847-1903), égérie et véritable compagne de Catulle Mendès, est compositrice.

Vers 1869 elle devient la compagne de Catulle Mendès (1841-1919), écrivain prolifique très en vogue, directeur de journaux littéraires, actif dans le mouvement poétique dit du «Parnasse». Catule Mendès est marié avec Judith Gautier (la fille du poète Théophile Gautier) depuis 1866... Raphaël, le premier enfant d'Augusta Holmès et de Catulle Mendès naît en mai 1870.

Augusta Holmès dans son salon, 52 rue de Rome.

Elle gagne les milieux parisiens vers 1870, se distingue par la ferveur qu'elle porte à la musique de Wagner, fait une forte impression et devient rapidement une célébrité. Pougin la décrit comme une jeune femme d'une beauté rayonnante, à l'opulente chevelure blonde, au regard clair, perçant et assuré, à l'allure fière et décidée. Elle fera l'admiration de Liszt, Wagner, Gounod et de Saint-Saëns dont elle repousse une demande en mariage tout en liant avec lui une amitié durable.

En 1899, elle prend le parti réactionnaire de Déroulèdes et prend cause pour les «anti-dreyfusards».

Son salon est témoin d'étonnantes expériences occultes: racontées dans ''L'au-delà et les forces inconnues'' de Jules Bois... Enfin, elle se convertit au catholicisme et prend pour prénom Patricia.

Sources : de Agnès de Noblet : ''UN UNIVERS D'ARTISTES Autour de Théophile et de Judith Gautier'' - dictionnaire – L'Harmattan 2003

Laure de Sallembier, par l’influence de Rudolf Steiner , s'est démarquée de « l'occultisme non scientifique » ; et garde du mot ''occulte'' un synonyme à ''initiatique''. Pour elle l'anthroposophie est une connaissance spirituelle de l’Évolution, qui relie l'être humain aux autres êtres vivants...

Voir les commentaires

1900 – L'occultisme - Lady Caithness (3)

Publié le par Perceval

Anne-Laure de Sallembier, n'a pas pu rencontrer Lady Caithness ; mais elle en a entendu beaucoup parler; et en particulier par Judith Gautier et par Camille Flammarion...

Son grand-père, Charles-Louis avait rencontré chez Balzac, la toute jeune épouse du Comte de Medina Pomar ; elle évoquait déjà certaines expériences occultes …

Son hôtel particulier, au 124 rue de Wagram

C'est ICI 

http://perceval.over-blog.net/2019/05/balzac-et-catherine-de-medicis.html

 

Bien plus tard, à Paris, Lady Caithness reçoit chez elle - tous les mercredis du printemps à l'automne - et invite des intervenants sous forme de conférences, comme le médecin Charles Richet (1850-1935), élève de Charcot et analyste des phénomènes parapsychologiques ( futur lauréat du prix Nobel) , l'astronome Camille Flammarion (1842-1925), le spirite Léon Denis (1846-1927) ou Annie Besant (1847-1933), future présidente de la Société théosophique.

Lady Caithness, duchesse de Pomar.

«Réunion des plus élégantes hier, chez la duchesse de Pomar, pour entendre la conférence de Léon Denis sur la doctrine spirite. D'une éloquence très littéraire, l'orateur a su charmer son nombreux auditoire en lui parlant de la destinée de l'âme qui peut, dit-il, se réincarner ici-bas jusqu'à épuration parfaite.(...) » 7 juin 1893 - Article de Journal...

Voici un programme, joint avec une carte de visite...

18 Avril 1894 - M. Camille Flammarion : Les étoiles et l'infini. 
26 Avril - M. le Professeur Bonnet-Maury : Le Congrès des religions à Chicago. 
2 Mai - Mme Hardinge Britten : Le spiritualisme moderne (en anglais). 
9 Mai - M. le Professeur Ch. Richet : La Paix internationale. 
18 Mai - M. Victor du Bled : La femme au XVIII° siècle. 
23 Mai - M. Léon Denis : Le Problème de la vie et de la destinée. 
30 Mai - M. l'abbé Petit : L'Esprit nouveau. 

Camille Flammarion

Le Journal parisien l’Événement, du 21 mars 1895 : «Orateur littéraire, armé d'une ardente conviction, Léon Denis a su vite conquérir l'auditoire mondain qui se pressait dans la salle des fêtes de l'hôtel de Pomar, et c'était un plaisir de voir cet essaim de belles dames de l'aristocratie parisienne, amusées au début par quelques pensées frivoles, modifiant peu à peu l'expression de leurs regards pour devenir graves et montrer une attentive fixité »

Lady Caithness soutient financièrement la branche française de la Society for Psychical Research Society chargée d'étudier les phénomènes paranormaux... Elle compte parmi ses membres des personnalités aussi diverses qu'Arthur Conan Doyle, Henri Bergson, Camille Flammarion, le chimiste William Crookes et le naturaliste Alfred Russel Wallace.

Voici le témoignage de la jeune Alexandra David-Néel :

«Elle habitait un très vaste et somptueux hôtel, remarquable par un escalier monumental en marbre rose. La maîtresse du logis recevait dans une chambre à coucher dont le plafond peint représentait le Cercle de l'étoile, c'est à dire plusieurs centaines de figures de bienheureux et d'anges disposés en rangées concentriques autour d'une étoile d'or.(...) Le jour de la maîtresse de maison l'on discutait dans cette chambre de théories occultes et de recettes d'alchimie mais, surtout de l'évocation des Esprits. La duchesse et ceux qu'elle recevait étaient tous des adeptes du spiritisme.» 

Le salon de Camille Flammarion lors d’une séance de spiritisme, à Paris en 1898.

Lors de ces séances, l'exploratrice croise Camille Flammarion, attablé avec une douzaine d'autres personnes dans la chapelle faiblement éclairée. « Les Esprits qui se manifestent dans des séances des spirites sont des élémentaires, des âmes désincarnées plus ou moins longtemps conscientes. Elles sont plus ou moins intelligentes, souvent hébétées aussi, par l'état inconfortable que leur créent leur manque d'enveloppe matérielle et l'impossibilité où elles se trouvent, faute d'organes sensoriels, de participer encore à l'activité du monde auquel elles ont appartenu. Ces élémentaires cherchent activement les occasions de se réincarner et de nouer avec les vivants des relations propres à leur faciliter cette réincarnation. Or, à défaut de celle-ci, ces entités tendent à occuper temporairement les individus incapables de s'opposer à leur emprise ou ceux qui la subissent volontairement. De là, les phénomènes de possession et de médiumnité...»

James Sinclair, 14ème comte de Caithness

 

L’intérêt d'Anne-Laure s'est portée, également, sur la période où elle vécut en Ecosse... Elle a épousé James Sinclair, le 14ème comte de Caithness, le 6 mars 1872.

Une nuit, alors qu'elle dormait dans un château de Caithness (le château de Thurso) , elle eut un songe qui lui enjoignait de se rendre immédiatement à la chapelle du château royal de Holyrood... Ce qu'elle fit... Elle vécut cette nuit là, une expérience médiumnique avec Mary Stuart... Expériences qui se reproduiront...

 

Holyrood Abbey, a été envisagée en 1906, comme chapelle pour les Chevaliers du Chardon -

Un 24 juin 1314, à Bannockburn, Robert Bruce roi d'Ecosse battait Edouard II roi d'Angleterre, gendre de Philippe IV le Bel. En ce jour de victoire il institua l'Ordre de Saint-André du Chardon d'Ecosse, en l'honneur du saint patron de l'Ecosse, en y insérant les Templiers écossais qui avaient participé à la bataille et qui n'avaient plus de nom depuis la destruction de leur Ordre. Il cessa d'exister après la mort de Marie Stuart: tombé dans le silence, le secret, cet Ordre fut réveillé par Jacques VI d'Ecosse, fils de la reine Marie Stuart et de son époux et cousin Henri Stuart de Lennox, seigneur de Darnley. De nouveau tombé dans l'oubli, le secret et le silence, il fut réveillé une troisième fois (1687) à Saint-Germain-en-Laye par son petit-fils Jacques VII d'Ecosse, roi d'Angleterre ( sous le nom de Jacques II), d'Ecosse et d'Irlande... La reine Anne le reconstitua en 1703, et, vingt ans plus tard, le roi Georges 1er le confirma solennellement et en modifia les statuts.

Ordre du Chardon

Cet ordre se compose aujourd'hui d'une seule classe de membres, portant tous le titre de chevaliers. Il est destiné à récompenser le mérite et les services de la noblesse d'Ecosse.

“Qui s’y frotte, s’y pique''...

Une superstition populaire voyait en lui un don du Diable. Néanmoins, le chardon évoque aussi l'amour et le labeur qui résistent aux épreuves et aux souffrances. Il est associé aux amours terrestres d'Aphrodite ainsi qu'à l'amour miséricordieux de la Vierge Marie. On lui a également attribué des vertus curatives, de purification et de longévité. En Écosse, dont il est l'emblème national, le chardon est célébré dans une légende du Xe siècle : espérant attaquer furtivement le château de Staines, les envahisseurs vikings ôtèrent leurs bottes ; les Écossais avaient rempli les douves asséchés de chardons et furent avertis par les cris de douleur de l'ennemi (Heilmeyer). Faisant jaillir une belle fleur hors d'une tige rêche, les racines du chardon auraient la propriété de dissiper la mélancolie."

 

Le peintre ''allemand'' Albrecht Dürer, peintre, mais aussi féru de mathématiques, représente dans ses tableaux de nombreux symboles : compas, la pierre taillée, le sablier, l’échelle, le triangle lumineux. Dans un célèbre autoportrait, Dürer se représente tenant à la main un chardon, selon les uns il représente la fidélité : le chardon gage de son amour pour sa femme ( que l'on dira ensuite très revêche...!) et pour d'autres ce serait le symbole de l’initiation. Le chardon est la fleur du soleil, c’est l’image de la vertu cachée protégée par ses piquants....

 

Selon les légendes qui courent ici, il y aurait un lien entre l'abbaye de Holyrood et la chapelle de Rosslyn... Nous sommes alors en 1545-46, la régente d'Ecosse et Sir William Sinclair de Roslin (petit-fils du fondateur de la chapelle Rosslyn), signent un accord dans lequel il est écrit : « et le secret confié à nous, nous le garderons... ». Cela concernerait un ''trésor'', celui de Holyrood, caché par les Sinclair sous les voûtes souterraines de la célèbre chapelle Rosslyn...

Holyrood abbey inside

Ce trésor contenait sans doute des reliques : '' le fragment de la Vraie Croix, dans son reliquaire en argent, en or et en bijoux; le Crucifix sacré ou noir de l'Écosse, qui a été maintenu pendant cinq siècles comme le symbole sacré le plus précieux de la nation par le premier saint-clair-écossais, l'échanson de la reine Marguerite et de la famille St. Clair. "

 

La chapelle de Rosslyn nécessita quarante années de travaux, et fut achevée en 1486, soit 6 ans après le décès de son créateur William Sinclair (11th baron), qui y fut enterré.

Son père, Sir Oliver St Clair, douzième baron de Rosslyn, avait poursuivi les travaux de construction de la chapelle Rosslyn et avait quatre enfants, dont deux évêques - Henry et John -, qui officièrent lors du mariage entre Marie, reine d'Écosse, et Henry Stuart, lord Darnley, dans l'église de Holyrood le 29 juillet 1565. Il convient également de noter que le XIVe baron de Rosslyn, également appelé William, fut nommé président de la Cour suprême d'Écosse par la reine Marie en 1559.

Plusieurs Sinclair ont été enterrés dans l'abbaye …

A Lire : sur la chapelle de Rosslyn : ICI :

http://perceval.over-blog.net/2018/03/comment-j.l.de-la-bermondie-retrouve-les-templiers-au-xviiie-siecle.7.html

 

Lady Caithness a décrit son expérience avec Mary Stuart dans une brochure intitulée A midnight visit to Holyrood (1884) .. A la suite de quoi Lady Caithness a décidé de vouer sa vie à la spiritualité, comme il le lui avait été demandé : « (…) tu as été choisie (…) parce que tu as une nature complète et bien équilibrée qui te permet de voir et de comprendre tous les côtés de la vérité. » .

Lady Caithness décède à Paris le 2 novembre 1895. Elle sera inhumée à Holyrood..

Voir les commentaires

1900 – L'occultisme -

Publié le par Perceval

Anne-Laure de Sallembier, comme dans la plupart des assemblées intimes bourgeoises, a fait ''tourner les tables''... Ces pratiques occultes semblaient faire le lien entre l'Esprit et la matière, entre la religion et la science...

 

Jusqu'à la Grande Guerre, de nombreux scientifiques ont accueillis les expériences occultes, et ont tenté d'ouvrir des territoires nouveaux de connaissance . Camille Flammarion, les Curie, Paul Langevin, Charles Richet, Édouard Branly ont touché à l’occulte... Papus ( Gérard d’Encausse, médecin). Arago de l'Académie des sciences, par exemple nomme une commission pour étudier les faits qui entourent '' la fille électrique '' Angélique Cottin ( déplacements de corps …). Camille Flammarion, s’engage dans l’étude du spiritisme dans le but précis de réconcilier la science et le spiritualisme.

Liane de Pougy par Nadar

Après le ''magnétisme'' ( au XVIIIe s. comme nous l'avons vu, ici même : ) , le ''spiritisme'' apparaît comme la nouvelle doctrine. La grande figure spirite en France est Allan Kardec (1804-1869) : Le livre des esprits 1862: sa tombe – il s'appelait réellement Hyppolite Léon Rivail - est un lieu de pèlerinage toujours fleuri (elle l’est encore de nos jours)... Depuis les ''salons'', des cérémonies mystérieuses pour parler aux morts ou profiter des visions d’un extralucide, fleurissent dans le tout Paris mondain.

Par exemple, Liane de Pougy, dans son appartement du Faubourg du Roule, reçoit nombre d’amis et de voyantes célèbres... On y fait régulièrement « tourner les tables » …

Nous sommes en 1908, et la France se remet à peine de l’affaire Dreyfus ; elle s'est officiellement séparée de l’Eglise catholique, apostolique et romaine. Des congrégations entières comme les Chartreux ont été chassés de leurs couvents entre deux gendarmes. Les relations avec la papauté sont au bord de la rupture. Les lieux de cultes sont propriété d’état et lors de leurs inventaires calotins et bouffeurs de curés font le coup de poing. Il y aura même des morts.

Le spiritisme veut renouveler le christianisme, et ses nouveaux ''médiums'' sont souvent des femmes... Dans ce cadre elles prennent la parole, sont écoutées, et sont publiées... Elles promeuvent une solidarité nouvelle ( crèches, bibliothèques, maisons de retraite...). La Revue spirite met ainsi en question l’indissolubilité du mariage. Ces femmes spirites relativisent la filiation : un bébé n’est que le fruit de l’association d’un esprit qui vient d’ailleurs incarné dans un corps de chair au moment précis de la naissance. La Revue milite pour une réforme du Code civil afin que la femme trouve sa pleine et entière « personnalité morale et juridique. »

En juin 1908 se tient à Paris un Congrès spiritualiste assorti d'un Convent maçonnique des rites spiritualistes. L’événement est important pour les occultistes et pour le grand public, le dossier de presse en témoigne. On y remarque le jeune René Guénon, (le premier, au second rang en partant de la gauche, portant un sautoir maçonnique) ; à sa gauche, Amélie Gédalge (1865-1931) de la Maçonnerie mixte du « Droit humain » et à la gauche de celle-ci, Marie Martin (1848-1914), l’épouse du Dr Georges Martin...

 

Rufina Noeggerath (1821-1908) ( française et dite '' Bonne-Maman''), s’intéresse aux preuves de survie après la mort. Médium douée, elle crée alors son propre groupe spirite. Ses communications sont fortement marquées par la tolérance et l’anticléricalisme. Elle y défend tous les persécutés, les Juifs en particulier. Son livre La survie, sa réalité, sa manifestation, sa philosophie, est publié en 1897.

Claire Galichon, médium et écrivain, publie un certain nombre d’ouvrages où elle défend un « féminisme spiritualiste » et pour l'époque révolutionnaire … Figurez-vous qu'elle ose réclamer: une éducation et une instruction égales pour les deux sexes, un salaire égal lorsque le travail est égal, l’accès des femmes à toutes les carrières... ! Nous sommes en 1909...

Elle dénonce l’assujettissement de l’épouse et la violence du mari qui commence bien souvent lors de la nuit de noce. « Certaines nuits de noce sont des nuits de bataille. (…) Ce qui importe en face du désir d’amour, c’est qu’il soit réciproque. Quand il est partagé, il perd tout caractère répugnant. » 

Dans un contexte culturel largement anti-sémite (!) de cette époque, des théosophes comme St-Yves d’Alveydre (1842-1909); valorisent la « Mission des Juifs », tout autant que l'action civilisatrice des égyptiens, des hindous, des celtes ...etc.

Pour lui, la Fraternité du Temple, est l'héritière en Occident de la tradition ésotérique. Les occultistes du XIXe s. cherchent des liens entre les Templiers et l’Alchimie... On va même tenter de trouver des explications ( loin du diable) symboliques à la figure du Baphomet ( voir Eliphas Levi).

Les templiers purent recevoir des juifs : les secrets de la magie; et des arabes, les secrets de l'Alchimie …

 

N'oublions pas qu'au XIXème siècle, le mot ''occultisme'' est utilisé comme un synonyme d’ésotérisme...

L'ésotérisme désignait un espace de liberté pour la spéculation spirituelle hors du carcan des dogmes et des règles établies de l’exégèse religieuse...

J'ai déjà évoqué ici, qu'en cette fin de siècle, cette nouvelle spiritualité ne s'oppose pas aux idées nouvelles que sont le socialisme, ou le féminisme...

Annie Besant- Théosophes au Comité de grève

Au contraire :

Victor Hennequin, avocat, fouriériste, député de l’Assemblée législative en 1850, est à l'écoute de « l’esprit de l’âme de la Terre »... Jean Reynaud, publie également, '' Philosophie religieuse. Terre et ciel. (1854)'' Il souhaite un renouvellement des études théologiques et pour ce faire met en rapport sciences physiques, sciences morales, astronomie et théologie. Il a pour ambition de démontrer la vie dans l’univers, de poser le dogme de l’immortalité, de nier l’existence de l’enfer. Par ses souffrances et par son travail, l’homme participe à sa régénération et à celle de la planète.

Arthur Arnould ( directeur de la revue théosophique '' le Lotus Bleu'' est un ancien élu de la commune... La nouvelle génération née autour de 1865, de jeunes artistes et futurs voyageurs influencés par l’anarchisme sont théosophes dans les années 1890, comme Ivan Aguéli (1869-1917) ou Alexandra David-Néel (1868-1969) qui intègrent la loge Ananta d’Arnould. Et d'autres ….

Voir les commentaires

A propos d'Anne-Laure de Sallembier

Publié le par Perceval

Anne Laure de Sallembier (1875-1951), la petite-fille de Charles Louis de Chateauneuf, a effectivement pris la suite de ''la Quête''... En particulier, depuis le lien qu'elle a pu faire entre son "trésor" qu'elle tient de ses aïeux et ses expérience spirituelles, ses rencontres, ses voyages... Je rappelle ses origines...

Anne-Laure, unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle, épouse le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre...

La généalogie indiquerait en amont de ces négociants en toile une Mlle Adélaïde Haton de la Goupillière devenue Mme Vétillard, morte à Pontlieue le 30 décembre 1800 ; et dont le mari faisait commerce de toiles....

* A noter: un peu plus tard, nous retrouverons Julien Napoléon Haton de La Goupillière (1833-1927) qui est un savant français, directeur de l'École des mines de Paris de 1887 à 1900, président de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de 1888 à 1892 et de la Société mathématique de France en 1890, et vice-président du conseil général des mines de 1900 à 1903. Il était doyen de l'Académie des sciences.

Toile Mayenne

La première génération – en Mayenne - négocie la toile de lin.. Puis, le coton va se substituer au lin. La famille ne s'occupe pas à cette époque de tissage mais seulement de négoce et de finition des tissus. Une autre génération ajoute la fabrication de coutils et calicots, puis intervient en tissant et assurant sa totale finition. Le négoce est ainsi doublé d'une réelle activité industrielle.

Autour de 1850, le grand-père est membre de la Chambre consultative, lieutenant de la Garde Nationale. Un peu plus tard juge de commerce... Avant, enfin, de monter à Paris...

Louis-Ferdinand Vétillard, devient un notable commerçant de Paris. Il fut juge du Tribunal de commerce de Paris et membre de la Légion d'Honneur...

Il est propriétaire de biens immobiliers ( la moitié de son patrimoine...) , et d'une propriété à Villeneuve le Roi. Ce domaine a environ 110 ha, comporte une belle demeure et divers bâtiments d'habitation et d'exploitation, ainsi qu'un parc composé de bois et faisanderie. La succession montre également qu'elle est composée de rentes 3 et 4,5 % et divers chemins de fer ; elle est située dans les 1 % des plus grosses successions parisiennes.

Louis-Ferdinand Vétillard, le père d'Anne-Laure, va épouser Cécile-Joséphine J. (la fille de Charles-Louis de Chateauneuf et de Mme J. .. Ils auront donc une fille : Anne Laure ....

 

En cette fin du XIXe siècle, Anna Laure a su rénover et moderniser le château de Fléchigné, propriété de sa mère…..

 

Le Blason de Fléchigné : d'argent, à la bande de gueules, et deux trèfles de sinople...

Ce château se situe dans le ' Passais ' ( le passage, la marche...) à la croisée de trois règions historiques, au sud du duché de Normandie, contre la Bretagne et le Maine. Non loin de la place forte de Domfront et de Lassay les Châteaux ... Nous trouvons, non loin également, Barenton, le site de la Fosse Arthour, Sept-Forges, Saint-Fraimbault...

 

Alors qu'Anne-Laure est jolie, et riche...; elle repousse tous les prétendants qui se pressent...

Enfin; à la grande surprise de ses proches, elle accepte l'hyménée avec un vieil homme: le comte de Sallembier.

Anne-Laure, unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle, épouse donc le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre … Le 10 Décembre 1900, elle met au monde un fils, qu'elle appelle Lancelot... Quelques années après son mariage, Georges de Sallembier, meurt subitement d’une fièvre typhoïde, à Paris...

Lorsque Anne-Laure et ses parents résidaient à Paris, elle eut la chance de vivre de nombreux moments privilégiés avec son grand-père Charles-Louis... C'était comme s'il vivait déjà dans un autre monde, et qu'il le lui faisait découvrir en le parcourant au moyen d'histoires... Ces histoires ne ressemblaient pas à celles que l'on raconte aux enfants pour les endormir... Non, celles-ci provenaient d'un temps parallèle au nôtre, qui avait eu son existence et la continuait... Il avait laissé des traces, des signes au-travers d'objets que l'on pouvait encore découvrir ci-ou-là dans des maisons, des églises, des châteaux, des musées ...etc ... Ces histoires réveillaient l'esprit, l'envie de connaître ; elles enchantaient l'âme en lui faisant découvrir son véritable lieu d'épanouissement …

Quand Charles-Louis parlait de l'Autre Monde, Anne-Laure entendait le Vrai-monde ; celui d'où elle venait, et où elle allait …

Son grand-père lui contait d'étranges histoires où se côtoyaient des fées, et des humains ; des gobelins et des paysans, des diables, des sorcières, des prêtres, des seigneurs .... L'histoire devenait bien plus qu'un conte ou une légende. Le ton, le réalisme déployé, en faisaient un enseignement de plus en plus sérieux, avec l'aide d'ouvrages, de gravures pour finalement – toujours - aborder le sujet essentiel de la Quête ; celle qu'animait secrètement les plus exemplaires de ses personnages... Cela commençait toujours au plus près de sa vie, en '' Passais'' ; ou souvent en Limousin – quand il était enfant – le relief était plus tourmenté, les routes carrossables inexistantes, des ''chemins creux'' entre forêts et tourbières, des villages isolés surmontés d'un château …

Une chapelle abandonnée gardait un secret. Seule une croix gravée rappelait qu'ici s'établissait une commanderie... Alors, le grand-père Charles, sortait l'anneau , ou une croix de fer... qui prouvaient que ceci n'était pas qu'une histoire ….

En grandissant, la petite Anne-Laure fut initiée à la légende arthurienne... Légende, signifiait qu'il ne servait à rien de consulter certaines personnes à son sujet ; il s'agissait d'une Histoire pour ''initiés''... cela se passait souvent en Bretagne ( la grande...) ou de l'autre côté du Rhin, en province allemande. Il n'était pas question alors de petite Bretagne, et encore moins de Brocéliande ( ou si peu …)

Elle se souvenait de noms: Lancelot, Viviane, Morgane... qui aujourd'hui encore la transporte dans un ''outre-monde'', un monde parallèle qui pour ceux qui sont attentifs croise parfois le nôtre...

Et puis, bien sûr, il y Parsifal; qui en ce début du siècle évoque davantage le personnage de Wagner et de Eschenbach... comme nous venons de le voir...

 

Voir les commentaires

Parsifal de Wagner - Kundrie

Publié le par Perceval

Parsifal est l'histoire de la quête spirituelle du héros et le combat du bien et du mal sur fond d’exaltation de l’idéal chevaleresque.

La ''Kundry'' créée par Wagner, apparaît tour à tour comme la servante passionnément dévouée des chevaliers du Graal quand elle est livrée à sa propre nature, et comme leur ennemie acharnée, l’instrument de leur déchéance, lorsque, subissant malgré elle le magique ascendant de Klingsor, elle se transforme en une femme « effroyablement belle » et devient le moyen de séduction le plus irrésistible des jardins enchantés.

Lola Montes 1852

Les pieux chevaliers ignorent cette double nature et ne voient en elle qu’un être bizarre, malade, indompté, dont les fréquentes et longues absences, précédées d’un profond sommeil, correspondent toujours à un nouveau malheur venant fondre sur eux ; mais c’est elle qui a séduit, et perdu Amfortas, et c’est sur elle encore que compte le sorcier pour faire sombrer la vertu du ''chaste fou'' promis. Effroyables missions contre lesquelles l’infortunée se révolte ; aussi la voit-on sombre et angoissée chaque fois qu’elle sent s’appesantir sur ses yeux le lourd sommeil hypnotique dans lequel la plonge Klingsor lorsqu’il veut la soumettre à son odieuse puissance.

Perceval le gallois - Rohmer

 

Finalement, c'est Kundry, qui éclaire Parsifal sur sa propre histoire, et qui lui permet d’accomplir son destin.

Si Parsifal ne se perd pas dans le jardin maléfique des ''filles-fleurs'' de Klingsor ; il est soudain pris par une voix d’une irrésistible beauté qui s’adresse à lui : « Parsifal ! » A quoi le jeune garçon étonné répond: « Est-ce moi que tu as appelé, moi qui n’ai pas de nom? » Kundry, sait que lui, Parsifal, est bien le rédempteur annoncé par la prophétie... Kundry cherche désespérément à se libérer de sa propre malédiction ( celle d’avoir ri autrefois du Sauveur souffrant ), ce qui - pense t-elle – ne pourra se faire qu’en se faisant aimer totalement d’un être pur et innocent comme l’était le Sauveur dont le souvenir l’obsède... Elle entreprend de séduire ce chevalier simple et transparent qui l’attire irrésistiblement.

Klingsor verflucht Kundry (Franz Stassen)

Au moment où Parsifal s'apprête à sombrer délicieusement : il rejette brutalement la séductrice, se redresse et se précipite loin d’elle en criant de toutes ses forces: « Amfortas – la blessure !- la blessure! -elle brûle dans mon cœur- oh, plainte, plainte, terrible plainte, j’ai vu saigner la plaie. Voilà qu’elle saigne en moi maintenant ! »

Wagner dans une lettre à Louis II explique le sens de cette réaction inattendue: « Le baiser qui fait succomber Amfortas au péché éveille en Parsifal qui lui est innocent la conscience de la faute commise par le malheureux dont il n’a auparavant ressenti que confusément la plainte désolée. La cause du péché d’Amfortas lui apparaît en toute clarté à travers son propre sentiment de la compassion. C’est avec la rapidité de l’éclair qu’il reconnaît le poison. Ainsi le savoir de Parsifal est plus grand que celui de toute la chevalerie de Graal qui a toujours pensé qu’Amfortas ne souffrait que de la blessure infligée par la lance. »

Kundry répond: « Si tu es rédempteur, quel pouvoir méchant t’interdit de t’unir à moi pour mon salut (…) Une heure seulement m’unir à toi, qu’en toi je sois absoute et sauvée! » Parsifal: « Le baume qui guérit ta peine vient d’autre source que ton mal. » 

Bien plus tard, Kundry, à genoux aux pieds de Parsifal, lui lave les pieds et les essuie de ses cheveux, telle Marie-Madeleine autrefois avec le Christ.

Lors de la dernière représentation de Parsifal en présence de Wagner, il monte au pupitre pour diriger la fin de l’opéra. Il va mourir six mois plus tard à Venise, le 13 février 1883.

Nietzche va accuser son ancien ami de s’être « effondré soudain, éperdu et brisé, au pied de la croix des chrétiens » ; cependant il admire l'oeuvre : « Parsifal  conservera éternellement son rang dans l’art de la séduction, comme le ‘coup de génie’ de la séduction… J’admire cette œuvre, j’aurais aimé l’avoir faite. »

Voir les commentaires

Voyage en Allemagne – Nuremberg – Dürer 2

Publié le par Perceval

Nurnberg - um 1510-20, von Hans Wurm

Nurnberg - um 1510-20, von Hans Wurm

''Melencolia I'', est une gravure au burin sur cuivre d’Albrecht Dürer (1471-1528), qui représente un personnage (un ange) ailé au visage soucieux de femme, avec un coude replié appuyé sur la joue.  Pensif, le regard tourné vers le lointain, elle tient, sur ses genoux un livre, avec un compas à la main, une bourse et des clés pendent de sa ceinture. 

Le carré est magique parce que l’addition des nombres de chaque ligne, chaque colonne et chaque diagonale donne le même résultat qui est 34.

La date 1514 qui apparaît à côte du monogramme de Dürer, figure aussi dans le carré magique. Elle n'est probablement pas anodine... Dürer aurait été membre d'une de ces nombreuses confréries d'hermétisme chrétien, ramifiées en un nombre indéterminé de sociétés secrètes, reliées aux ''Fidèles d'Amour ''dont Dante aurait fait partie, à la suite de la destruction de l'Ordre du Temple; destruction qui se produisit, en 1314, c'est-à-dire 200 ans avant la date de réalisation de la gravure.

 Melencolia I , est peut-être un autoportrait spirituel de Dürer; celui d’un artiste adepte, disciple ou du moins fortement contaminé par l’air du temps... De plus, à l'époque de Dürer, certains dénoncent l'Alchimie, comme un retour au paganisme...

Paul Einbringung_1883

 

Mélancolie est dans un état d'inaction découragée ; dans son environnement, un désordre hétéroclite, des objets-symboles expriment que la Nature répond à des lois mathématiques... Cet être ailé, réunit ici la puissance intellectuelle et les techniques de l'Art; sa bourse ( les richesses) traîne à terre, et les clés ( le pouvoir) pendent emmêlées... La comète et l'arc en ciel annoncent des temps difficiles...

La Mélancolie est une forme aggravée de l'acédie ( apathie spirituelle) ; une sorte de maladie de l'âme … Cette passivité la rend vulnérable au diable...

Cette figure ailée, n'est pas dans un état de somnolence mais bien en éveil. Son visage sombre et son regard fixe expriment une quête intellectuelle, intense mais stérile. Mélancolie, ne renonce t-elle pas à ce qu’elle pourrait atteindre, parce qu’elle (Dürer) ne peut atteindre ce à quoi il aspire ?

A l'époque de Anne-Laure, beaucoup pensent que cette Mélancolie, pourrait être l’essence même d’une grave maladie culturelle dont souffre encore le monde: le romantisme. !

Voir les commentaires

Voyage en Allemagne – Nuremberg - Dürer

Publié le par Perceval

Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...
Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...
Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...
Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...
Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...
Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...

Nuremberg - Autour de la Maison d'Albrecht Dürer - Cet été ...

Lors de cette soirée, Anne-Laure a donc sympathisé avec Emmy Noether... Elles ont parlé de Nuremberg, et Emmy a attiré l'attention d'Anne-Laure sur la maison de Albrecht Dürer (1471-1528) ; la discussion s'est porté sur une œuvre particulière du peintre ''Melancolia'' avec son ''carré magique''... Pour Anne-Laure, cette évocation lui a causé une forte émotion, la ramenant aux histoires que lui racontaient son grand-père...

Ici, sur Anne-Laure et son grand-père :

Je rappelle que Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816, tout en fréquentant les salons, et diverses ''société'' discrètes, continuant ses recherches sur le Graal; s'était engagé dans une carrière scientifique et astronomique... Charles-Louis – en suivant les méthodes mathématiques développées par Legendre - a travaillé au sein d'équipes de l'observatoire de Paris...

Le grand-père d'Anne-Laure lui avait en effet parlé de ''carré magique''; elle ne se souvenait plus exactement de quelle ''magie'' il s'agissait...mais cela l'avait fort intrigué...

Ici, sur le Carré Magique: 

Le lendemain Emmy Noether, fit porter à l'hotel d'Anne-Laure , un courrier qui contenait une reproduction de la gravure de Dürer....

On trouve la maison d’Albrecht Dürer, aux pieds du château de Nuremberg, donnant sur la petite place, la Tiergärtnerplatz. C’est là que les gens s’installent avec leur verre (de bière) à même le sol, ce qui crée une ambiance conviviale, et paisible, à l'abri d'un peintre allemand et importante figure locale... .

On y trouve aussi la sculpture d’un gros lièvre réalisée par Jürgen Goertz, un hommage à Dürer. Et, si on lève la tête, une magnifique petite statue de St George sur la « Maison Pilate » (Pilatushaus). Elle fait partie des plus vieilles maisons de Nuremberg (construite au 15e siècle)...

Nuremberg, en 1500 est une ville riche de 50 000 âmes et attire, tel un aimant, tous les talents d’Allemagne et d’Europe. L'imprimerie y est en plein essor... Anton Koberger (v. 1445-1516) y fait tourner jusqu’à 24 presses à lui seul avec une centaine de compagnons. Friedrich Peypus, imprimeur des humanistes, y publie le grand platonicien Erasme de Rotterdam (1469-1536).

On produit des écrits ésotériques et des bibles, les écrits scientifiques de Nicolas de Cuse (1401-1464)... Martin Behaim (1459-1509), dont la maison familiale avoisine celle de Dürer, y fabrique les premiers globes terrestres.

En 1471, année de naissance de Dürer, le géographe, mathématicien et astronome Johannes Müller (1436-1476), dit Regiomontanus, décide d’élire domicile à Nuremberg. Après le décès de ce dernier en 1476, c’est son disciple Walther qui hérite de sa riche bibliothèque et poursuit les recherches. En 1501 Walther achète la maison de Regiomontanus, et en 1509 Dürer l'acquiert à son tour, devenu membre du Grand Conseil de Nuremberg - et aménage le pignon sud en plate-forme d’observations astronomiques.


Durer a peint de nombreux ''auto-portraits'' comme s'il s’agissait d'apporter la preuve - à lui-même - qu'il a vraiment existé ; et à nous ( cinq siècles plus tard)... car nous nous sentons questionné par ce regard …

Si ce regard date de cinq siècles, peut-être nous faudrait-il revenir en arrière pour le comprendre un peu mieux...

Dürer admire Luther pour des raisons morales et intellectuelles - il voyait en Luther un « instrument de Dieu ». - , mais il est incapable de rompre avec l’église catholique. Profondément chrétien, : il voudrait signifier : « Par la souffrance dont j’ai fait l’expérience, je m’efforce de suivre la voie du Christ ».

Dürer, a toujours été préoccupé par l’idée d’une mort prochaine... En 1500, l'idée de fin du monde est dans les esprits, la faim, la peste, la syphilis, les conflits sociaux marquent l'ambiance... Durer étudie, voyage et peint : comme artiste il pense pouvoir percer les secrets de l'univers...

Voyage en Allemagne – Nuremberg - Dürer

Voir les commentaires

Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus

Publié le par Perceval

Hortus Palatinus - Heidelberg

Hortus Palatinus - Heidelberg

Le père de Frédéric avait contribué à faire de l'Université de Heidelberg l'un des centres d'apprentissage de l'Europe... Et, après que la ligue catholique ait chassé les protestants d'Heidelberg, en 1622... Le trésor inestimable – des milliers de manuscrits et d'imprimés patiemment réunis au siècle précédent par le prince Ottheinrich von der Pfalz : la Palatine, va être pillée sous les ordres du pape Grégoire XV... ! Une partie seulement des ouvrages de la Palatine regagnera Heidelberg, après un accord signé au congrès de Vienne, en 1815.

 

Amoureux de sa femme, plus conscient que jamais de la fragilité de la vie, Frédéric chercha des moyens de plaire à Élisabeth ; tout en tentant de répondre à ses questions existentielles  Malgré son luxe, le château de Heidelberg, en raison de son emplacement sur une falaise rocheuse, n’avait pas de jardin. Élisabeth était nostalgique des jardins anglais, déjà célèbres...

Frédéric V fait construire l'un des plus important jardin baroque au nord des Alpes et est considéré comme l'un des plus célèbre d'Allemagne... Le jardin est construit en terrasses par l'ingénieur et paysagiste français Salomon de Caus (1576-1626) , venu spécialement d'Angleterre pour l'occasion. 

Il aménagé le jardin en 4 terrasses thématiques, ponctuées de bassins, de jeux d'eau et de pavillons. Il construit notamment de nombreuses grottes qui contiennent des décors étonnants agrémentés d'une musique provenant de fontaines mécaniques représentant des personnages mythologiques...

Chacun des parterres a son propre motif. Au fond se trouve la ''Grande Grotte'' ; devant elle se trouve des bassins d'eau, dont l'une d'entre elle comporte une statue du Rhenus (dieu du Rhin) allongé. La noblesse peut s'y reposer durant les heures chaudes de l'été et admirer les jeux d'eau actionnés par des mécanismes secrets.  

Inspiré du jardin botanique de Padoue, la roseraie (Rosenrondell ou Monatsblumengarten) se situe à l'extrémité nord de la terrasse.

L' Hortus Palatinus , ou jardin du Palatinat a été interprété de différentes manières Il pourrait s'agir d’un jardin «magique» ou «hermétique». Dans ce modèle, les jardins complexes deviennent une allégorie de la pensée rosicrucienne, une « botanique du cosmos », contenant un profond ''secret'' , codé selon leur conception. Dans cette interprétation, les jardins sont destinés à capturer "une vision universelle, basée sur une union des arts, de la science et de la religion", combinée à "une ancienne tradition de sagesse secrète transmise à travers les âges". 

Le jardin d’Heidelberg est devenu la huitième merveille du monde, même si les propagandistes catholiques le décrivent comme une porte d'accès à l'enfer. Elisabeth, contemplant la rivière tranquille du Nekar couler au-dessous, écoutant les théories astro-théologiques d'Abraham Scultet, l'aumônier de Frédéric, projetant d'écrire l'histoire des cent premières années de la Réforme, écoutant peut-être les mystérieux oracles de Jetha Behel, qui vécut là, dans la vieille tour … Elisabeth aimait s'entourer de savants... Ce qui ne l’empêchait pas de s'adonner à la chasse dans les collines environnantes où ses compétences en a fait, dit-on aussi, la plus célèbre chasseuse de son temps.

Mais les réalités politiques sous-jacentes à ce paradis terrestre étaient aussi laides que le jardin était magnifique.

Le jardin n'a jamais été fini. Au lieu de cela, il a été détruit par l'artillerie catholique qui l'a ensuite utilisé comme base pour la destruction de la ville. Lorsque le fils de Frédéric a été restauré à la seigneurie du Bas-Palatinat, la région était en ruine. Le jardin n'a jamais été reconstruit. Il reste une ruine pittoresque à ce jour.

Les catholiques allemands, bien qu’ils aient échoué pendant cent ans à réprimer la réforme de Luther, ont continué à planifier et à faire la guerre à cette fin. Chez les protestants, un mouvement est né qui espérait couronner un dirigeant des États calvinistes et luthériens unis pour s'opposer à l'empereur du Saint-Empire...

 

Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus

Les ''Rose-Croix''

France Yates (1899-1981) a mis en évidence la relation entre la mythique confrérie de la Rose-Croix, et le monde politique calviniste qui gravite autour du jeune couple Frédéric et Elisabeth... Les ''manifestes Rose-Croix'' qui vont suivre reflètent ces projets politiques et religieux, influencés par l'anglais John Dee (1527-1608)...

Michael Maier (1568- 1622) est un médecin et alchimiste allemand, Luthérien, il est l'un des principaux commentateurs des manifestes Rose-Croix, publiés en Allemagne de 1614 à 1616.

La connaissance du mouvement ''Rose-Croix'' a commencé avec ces ''manifestes'', trois petits livres: La Fama Fraternitatis (1614) , La Confessio Fraternitatis (1615)  et Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz (1616) . 

Johann Valentin Andreae

Johann Valentin Andreæ (1586-1654) pourrait être l'auteur des Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz paru en 1616 à Strasbourg ; et peu-être l'inspirateur des autres manifestes...

Andreæ étudia au séminaire de Tubingen. Il acquit une rare culture dans les langues anciennes et modernes, les mathématiques, les sciences naturelles, l'histoire, la géographie, la généalogie et la théologie. Il laissa une œuvre considérable.

Un cénacle s'est constitué à Tübingen, ils furent les inspirateurs du rosicrucianisme, prêchant, contre le dogmatisme et le ritualisme de l'Église...

Le titre complet de la Fama commence par: «Réforme universelle et générale du monde entier…». 

Lors de l'arrivée de la princesse Elizabeth, Andreae utilise la bibliothèque de Heidelberg, il s'est lié d'amitié avec l'un des bibliothécaires de Frederick... Il semble avoir été touché par la qualité du mariage royal qui semblait préfigurer la réalité d'un futur empereur romain germanique protestant...

L'apothicairerie qui se trouve à côté du château d’Heidelberg fut tenue par la mère de Johann Valentin Andreae pendant sept années. Elle nous donne de précieuses indications sur les préparations spagyriques voire alchimiques de l’époque. Aujourd'hui, le musée se visite …

 

Mais, Frédéric fut vaincu à la bataille de la montagne blanche et le rêve alchimique mourut !

Ce rêve alchimique pourrait se rapprocher aujourd'hui avec la tentative écologique de décrire la terre comme le lieu du ''vivant'', ou de dire que le monde est vivant... C'est ce que les alchimistes ou les occultistes de la Renaissance tentaient de décrire … Avant que la science moderne considère tout cela comme anathème ( « la nature est muette... »)

Pour Anne-Laure de Sallembier, le couple Frédéric-Elisabeth, décrit un mythe : le mythe du mariage alchimique, un mythe qui exige de l'innocence, de la naïveté et de la conviction du pouvoir des idées, de créer un monde nouveau.

Elisabeth est morte à Londres à 65 ans. Elle est inhumée à l'abbaye de Westminster, à côté de son frère Henry.

René Descartes (1596-1650), en 1617 s'engage dans l'armée. Sa carrière militaire va le conduire en Hollande et en Allemagne. Il rencontre des savants, comme Johann Faulhabert ( mathématicien, alchimiste..), Isaac Beeckmann ( médecin, philosophe...).. Il prend alors connaissance d'une confrérie de savants établie en Allemagne sous le nom de Frères de la Rose-Croix... Intrigué, il part pour la Bohème, et arrive en août 1619... Il passe par Heidelberg, et admire les automates aquatiques construits par Salomon de Caus dans les jardins du château...

La fille aînée d'Elisabeth et Frédéric - également nommée Elisabeth - fut une étudiante assidue en philosophie. Descartes l'a honorée de son amitié. Pendant de nombreuses années, elle a correspondu avec le grand philosophe. Ses critiques du dualisme métaphysique de Descartes sont précurseuses.

 

Voir les commentaires

1 2 3 > >>