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montagne magique

1930 - L'Allemagne - 9 - ''La Montagne Magique'' Thomas Mann (suite)

Publié le par Régis Vétillard

Thomas MANN, 1875-1955

Ensuite, Lancelot ose exposer à l'écrivain, la quête dont il est porteur depuis de nombreuses générations; et la lecture de son roman lui semble s'inscrire dans cette même recherche... Pense t-il qu'il est possible de faire le rapprochement...?

Thomas Mann, loin de se montrer sceptique, s'exclame qu'il s'agit tout à fait de cela ....

- Avec celui du temps, qui lui est lié, j'ai tenté d'aborder le thème de ce que l'on appelle en alchimie la '' sublimation '' . En effet, Hans Castorp est un héros ordinaire; pourtant dans l'atmosphère fébrile de sa réclusion hermétique, en haut de la montagne magique, cet homme simple connaît une sublimation qui le rend apte à des aventures morales, spirituelles, et sensuelles...

Le voyage long et sinueux qui conduit Hans Castorp ''là-haut'' est d'emblée comparé à celui d'Ulysse au royaume des ombres... Settembrini, le met en garde contre un séjour prolongé: " Evitez ce marécage, cet îlot de Circé, vous n'êtes pas assez Ulysse pour y séjourner impunément."

S'installe un rituel, au rythme des températures, des '' caprices du mercure ''... De nombreuses allusions parsèment le cours du récit, comme cet élévation de température qui annonce le processus de spiritualisation... Le médecin-chef est présenté comme un allié des puissances supérieures, le second officie en sous-sol, et ausculte les âmes...

Naphta qui s'identifie à Hermès, puis Settembrini délivrent à Castorp une véritable leçon d'alchimie. Clawdia Chauchat, initiatrice à Eros et Thanatos, est vue par Settembrini comme la ''Béatrice'' qui guide le ''chercheur''...

- Pourtant, à la lecture du roman, Joachim, Clavdia Chauchat, Peeperkorn, Settembrini, sont des personnages bien réels...

- Vous me rassurez... Le roman utilise les méthodes du roman réaliste, mais en fait il n’en est pas un. Il passe au-delà du réalisme par le symbolisme, et fait du réalisme un vecteur d’éléments intellectuels et idéaux.

- Les personnages apparaissent au lecteur comme des porteurs de plus qu’eux-mêmes

- C'est cela, en fait, ils ne sont rien d’autre que des représentants, des émissaires de mondes des domaines de l’esprit.

A la sortie du livre, certaines personnes, et beaucoup de gens encore aujourd’hui, le voient comme une satire sur la vie dans un sanatorium pour patients tuberculeux...! Il a même causé une petite tempête dans les revues médicales.

Mais la critique des méthodes thérapeutiques du sanatorium n’est qu’au premier plan du roman. Son actualité réside dans la qualité de ses arrière-plans. Settembrini, rationaliste et humaniste, relève ce qui peut y avoir de malsain dans un tel milieu ; il n’est cependant qu’une figure parmi tant d’autres , une figure sympathique, en effet, avec un côté humoristique; parfois un porte-parole pour l’auteur, mais en aucun cas l’auteur lui-même.

( Thomas Mann, parle de lui à la troisième personne... )

- Pour l’auteur, la maladie et la mort, et toutes les aventures macabres que son héros traverse, ne sont que l’instrument pédagogique utilisé pour l'aider à accomplir une sorte d'initiation, puis une évolution, à partir de ses propres compétences... Et, il semble que la méthode soit la bonne ; en effet, Hans Castorp, au cours de ses expériences, surmonte son attirance innée pour la mort et arrive à une compréhension d’une humanité qui n’ignore pas bien sûr la mort, qui ne méprise pas ce côté sombre et mystérieux de la vie ; mais en tient compte, sans la laisser prendre le contrôle de son esprit.

Ce qu’il comprend, c’est que l’on doit passer par l’expérience profonde de la maladie et de la mort pour arriver à une plus haute santé mentale, de la même manière qu’il faut avoir une connaissance du péché pour trouver la rédemption. « Il y a, dit Hans Castorp, deux modes de vie : l’un est le moyen régulier, direct et bon; l’autre est mauvais, il conduit par la mort, et c’est la voie du génie. » C’est cette notion de maladie et de mort comme voie nécessaire à la connaissance, à la santé et à la vie qui fait de La Montagne Magique un roman initiatique.

 

- Cela va vous intéresser.... C'est étrange que vous m'ayez parlé de ''Quête du Graal'' ...

J'ai reçu un manuscrit d’un jeune chercheur de l’Université Harvard, Howard Nemerov, intitulé « Le héros de la Quête, un Mythe comme symbole universel chez Thomas Mann », et il a considérablement rafraîchi la conscience que j'avais de mon travail... Nemerov place La Montagne Magique et son héros - un homme ordinaire - dans la lignée d’une grande tradition non seulement allemande mais universelle. Il s'agit de la légende de la Quête qui remonte très loin dans la tradition et le folklore. Faust est bien sûr le représentant allemand le plus célèbre de ce genre ; mais derrière Faust - l’éternel chercheur - se cache un groupe de compositions généralement connues sous le nom de Conte du Saint Graal ( ou Holy Grail romances) . Le héros, qu'il se nomme Gauvain, Perceval ou Galaad est ce héros en Quête qui parcourt le ciel et l’enfer, s'y accorde et conclut un pacte avec l’inconnu, avec la maladie et le mal, avec la mort et l’autre monde, avec le surnaturel, avec ce qui est nommé dans La Montagne Magique comme le «questionnable ». Le héros est toujours en quête du Graal, c’est-à-dire toujours ce qu'il y a de '' Plus Haut '': la connaissance, la sagesse, la consécration, la pierre philosophale, le ''aurum potabile '', l’élixir de vie.

Nemerov, et vous encore, déclarez que Hans Castorp est l’un de ces chercheurs. Peut-être avez-vous raison.

Hermann Hendrich, Parsifal

Le Questeur de la légende du Graal, au début de ses pérégrinations, est souvent traité d’imbécile, de grand imbécile, d’imbécile rusé. Cela correspond à la naïveté et à la simplicité de mon héros. C’est comme si une faible conscience de cette tradition m’avait fait insister sur sa qualité.

Le personnage de Wilhelm Meister, de Goethe, n’est-il pas lui aussi un imbécile rusé ? Dans une large mesure, il est identifié à son créateur; mais même ainsi, il est toujours l’objet de son ironie. On voit ici que le grand roman de Goethe, tombe lui aussi dans la catégorie des ''Quester''. Et après tout, qu’est-ce que le Bildungsroman allemand (roman éducatif) - une classification à laquelle appartiennent à la fois La Montagne Magique et Wilhelm Meister - sinon la sublimation et la spiritualisation du roman d’aventure ?

Le chercheur du Graal, avant d’arriver au Château Sacré, doit subir diverses épreuves effrayantes et mystérieuses, comme celle qui se passe dans une chapelle de bord de route appelée l’Âtre Périlleux. Probablement ces épreuves étaient-elles à l’origine des rites d’initiation, les conditions de pouvoir approcher un mystère caché... L’idée de la Connaissance, de la sagesse, est toujours liée à « l’autre monde », et donc du côté de la nuit et de la mort.

Dans La Montagne Magique, on parle beaucoup de pédagogie alchimiste et hermétique, de la transsubstantiation. Et moi-même, naïf comme le chercheur, j’ai été guidé par une tradition mystérieuse, car ce sont ces mots mêmes ( de transsubstantiation) qui sont toujours utilisés en relation avec les mystères du Graal.

Ce n’est pas pour rien que la franc-maçonnerie et ses rites jouent un rôle dans La Montagne Magique, car la franc-maçonnerie est la descendante directe des rites initiatiques. En un mot, la montagne magique est une variante du sanctuaire des rites initiatiques, un lieu d’investigation aventureuse sur le mystère de la vie. Et mon Hans Castorp, le Bildungsreisende, a une ascendance chevaleresque et mystique très distinguée : il est le néophyte curieux typique , curieux dans un sens élevé du terme , qui embrasse volontairement, trop volontairement, la maladie et la mort, parce que son tout premier contact avec eux promet une illumination extraordinaire et une avancée aventureuse, liées bien sûr, à de grands risques.

Ce qu'écrit ce jeune Nemerov, à ce propos est juste; et je viens de le reprendre pour m'aider à vous l'expliquer ... Il m'a beaucoup aidé moi-même à comprendre cette part inconsciente de mon écriture dans ce roman...

Gustav-Klimt-TodLeben- détail

Hans Castorp est un questeur du Saint Graal. Peut-être si on lit mon livre avec ce nouveau point de vue. Peut-être, est-il possible au lecteur de découvrir ce qu’est le Graal...? La connaissance et la sagesse...

Mais le livre lui-même cherche, il interroge... Regardez dans le chapitre intitulé « Neige », où Hans Castorp, perdu sur les hauteurs périlleuses, rêve de l'humanité. S’il ne trouve pas le Graal, il le devine, dans son rêve mortel, avant d’être arraché de ses hauteurs vers le gouffre de la catastrophe européenne.

Il y a l'idée de la conception d’une humanité future qui traverse et survit à l'épreuve terrible de la maladie et de la mort. Le Graal est un mystère, mais l’humanité est aussi un mystère. Car l’homme lui-même est un mystère, et toute l’humanité repose sur la révérence devant le mystère qu’est l’homme. »

Sources : - Thomas Mann, Introduction à la 'Zauberberg',1939 - Conférence à l'université de Princeton.


 

Lancelot retourne à Berlin, pour assister le 20 août 1931, à la succession de M. de Margerie, par André François-Poncet (1887-1978) comme nouvel ambassadeur qui siège à Berlin au 5 Pariser Platz, près de la porte de Brandebourg en haut de l'avenue Unter den Linden. Il a reçu pour mission de coordonner la coopération et le rapprochement économique entre l’Allemagne et la France...

Heinrich Brüning (1885-1970) devenu chancelier d’Allemagne en mars 1930 tente de sortir son pays de la tourmente dans laquelle l'a plongé la crise économique; il souhaite la suppression des conditions du Traité de Versailles.

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1931 - L'Allemagne - 8 – ''La Montagne Magique'' Th. Mann

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot rejoint ensuite Munich, pour rencontrer André d'Ormesson (1877-1957), ministre plénipotentiaire chargé de la légation de Munich entre 1925 et 1933.

Karlstor Munich 1931

L'actualité est à l’« incident Naviasky » survenu à la suite d'un cours de Hanz Nawiasky professeur de droit administratif sur « le Traité de Versailles et le traité de Brest-Litovsk ». Il défend la thèse de « la force qui crée le droit » ; c’est-à-dire l’idée que les vainqueurs imposent toujours les conditions de paix aux vaincu : « A Versailles, nous avons été traités de la même manière que nous avions employée envers les Russes à Brest-Litowsk ». Immédiatement, s'organisent de grandes manifestations patriotiques contre le Traité de Versailles et ses « défenseurs allemands ». Le recteur de l’université doit « appeler la police, pour évacuer les salles et les couloirs » et « suspendre les cours pendant 4 jours et procéder à une enquête contre le Professeur de droit international, M. Naviasky ».

En 1931 le parti nazi totalise environ deux cent mille adhérents, il s'implante assez vite, et les étudiants nazis de Munich ont réussi à devenir une force politique importante et représentent 35% des voix au conseil des étudiants de l’université.

 

Elaine et Lancelot retrouvent à Munich Jean Cavaillès qui parcourt aussi l'Allemagne pour ses recherches. Il a rendu visite à Husserl, suivi un cours d'Heidegger, et doit rencontrer le père jésuite Przywara, directeur spirituel d'Edith Stein...

Ils se rendent tous les trois dans une brasserie de la vieille ville, et le hasard les amènent à entendre Adolf Hitler encadré par sa garde en uniforme. Son visage retient l'attention, autant par sa mâchoire que par son regard qui fixe le vide, il mine ses slogans et s'en prend aux parlementaires...

 

D'Ormesson est un ami de Thomas Mann, qui est installé avec sa famille dans une villa de la Poschingerstrasse à Munich. Lancelot s'arrange pour accompagner le ministre chez le prix Nobel de littérature ( depuis 1929); il n'en espérait pas tant...!

Thomas Mann habite avec sa grande famille dans une maison dont le style correspond au goût de l’époque wilhelminienne et au climat culturel au temps de  Guillaume II...

Le beau temps permet une visite du jardin ; et la présence d’un groupe de frênes sur le gazon devant sa maison, permet à l'écrivain de signaler à ses visiteurs français que c'est cet arbre qui fournit à Wotan la hampe de sa lance, et son bois desséché va permettre d’embraser le Walhalla; lui a son arbre préféré, et c'est un bouleau. Ils ont emménagé dans cette maison, qu'il a fait construire et entourée de deux cours d'eau, en 1914. Le matin, Thomas Mann, s'enferme dans son bureau pour travailler; et le laisse ouvert l'après-midi pendant lequel le couple lit, ou reçoit des amis,

D’Ormesson évoque les troubles particulièrement violents des jeunes nazis à l’université...

Ces jeune nazis - pour désavouer l’humanisme et restaurer la barbarie en politique - brandissent les notions philosophiques à la mode du sang, de l’instinct, de la pulsion et de la violence. Ils le font contre les pensées prétendument abolies, les pensées de liberté et de démocratie. Ces jeunes, incapables de toute vie spirituelle, se fabriquent un culte romantique brutal du passé, un mélange de révolution et de réaction qui se donne des airs d’un avenir juvénile et s’entend ainsi à séduire. »

Thomas Mann s'inquiète des résultats des élections du Reichstag de septembre 1930... Effectivement, le parti national-socialiste remportera une spectaculaire victoire électorale : près de six millions et demi de voix contre 800 000 deux ans plus tôt, cent sept députés au Reichstag au lieu de douze.

Un mois plus tard, à Berlin, Thomas Mann va s'engager contre le national-socialisme dans un discours qu'il nomme « Un appel à la Raison » ; il appelle à s'unir autour de la social-démocratie, pour faire barrage au nazisme...

 

Lancelot réussit à revenir le lendemain, avec Elaine, à Poschingerstrasse pour interroger Thomas Mann sur le livre qu'il classe parmi ses dix essentiels: ''La Montagne Magique'':

- « En 1912, ma femme souffrait d’une maladie pulmonaire, heureusement pas très grave; pourtant, il lui fallait passer six mois en haute altitude, dans un sanatorium de Davos. En mai et juin, j’ai donc rendu visite à ma femme pendant quelques semaines à Davos. Il y a un chapitre dans La Montagne Magique, intitulé « Arrivée », où Hans Castorp dîne avec son cousin Joachim dans le restaurant du sanatorium, et goûte non seulement l’excellente cuisine Berghof, mais aussi l’atmosphère du lieu et la vie « bei uns hier oben. » Si vous lisez ce chapitre, vous aurez une image assez précise de ma rencontre avec ce lieu étrange, et de mes propres impressions à ce sujet. Ces impressions sont devenues de plus en plus fortes au cours des trois semaines que j’ai passées à Davos... Ce sont les trois mêmes semaines que Hans Castorp devait à l’origine passer à Davos, bien que pour lui ils se soient transformés en sept années de conte ''magique''. Je peux même dire qu’elles auraient pu annoncer la même chose pour moi. L'une de ses expériences est un transfert assez exact à mon héros de ce qui m’est presque arrivé; je veux parler de l’examen médical du visiteur insouciant, et de la nouvelle qui en résulte, à savoir qu'il devient lui-même, un patient!

En effet, j'étais là , au Berghof, depuis dix jours, et assis sur le balcon par un temps froid et humide, quand j’ai pris un coup de froid bronchique assez gênant. Deux spécialistes étaient dans la maison, le médecin en chef et son assistant, alors j’ai pris la décision de les consulter. J’ai accompagné ma femme au bureau, elle-même ayant été convoquée à l’un de ses examens réguliers. Le médecin en chef, qui ressemblait bien sûr un peu à Hofrat Behrens, m’a examiné et a découvert tout de suite un endroit soi-disant suspect dans mon poumon.

Si j’avais été Hans Castorp, la découverte aurait pu changer tout le cours de ma vie. Le médecin m’a assuré que je devrais agir sagement, c'est à dire rester ici six mois et suivre la cure. Si j’avais suivi ses conseils, qui sait, je serais peut-être encore là-bas! J’ai écrit Der Zauberberg à la place.

« Le récit que j’ai planifié - et que j'ai immédiatement intitulé ''La Montagne Magique '' - ne devait être qu’un équivalent humoristique de la « Mort à Venise », un équivalent par son ampleur, c’est-à-dire une longue nouvelle... Son atmosphère devait être un mélange de mort et d’heureuse villégiature que j’avais éprouvé dans cet endroit étrange...

Quand je suis revenu à Munich, je me suis mis à travailler sur les premiers chapitres.

Puis, la Première Guerre mondiale éclata.

Il en a résulté deux choses : - cela a mis un terme immédiat à mon travail sur le livre, et - ce temps a incalculablement enrichi son contenu en même temps. Je n’y ai pas travaillé pendant des années.

Au cours de ces années, j’ai écrit Les Considérations d'un apolitique , une œuvre d’introspection douloureuse, dans laquelle j’ai cherché la lumière sur mes propres vues à propos du conflit. En fait, c'est devenu une préparation pour mon livre lui-même; une préparation qui a grandi énormément et consommé de grandes quantités de temps. Goethe a appelé un jour son Faust « cette plaisanterie très grave. » Eh bien, ma préparation concernait ce livre qui ne pouvait plus devenir une plaisanterie, ou une plaisanterie très grave...

 

- Je comprends bien ce que Hans a pu ressentir... Il entre dans une nouvelle existence ; et, en relativement peu de temps, il se coupe de sa vie '' d'en-bas''.

- Exactement... Bien sûr, ce que j'ai décrit y compris la conception du temps, je l'ai faite à échelle réduite... Le traitement est long, sur plusieurs années; mais après les six premiers mois, le jeune homme n’a plus d'autre idée en tête que le flirt et le thermomètre sous sa langue. Après, encore six mois, il a même perdu la capacité de toute autre idée; il devient complètement incapable de vivre '' en-bas ''.

Des institutions comme le Berghof étaient un phénomène typique d’avant-guerre. Elles n’étaient possibles que dans une économie avantageuse pour les grandes fortunes qui fonctionnait alors. Ce n’est que dans ce cadre qu'il était possible pour des patients d’y rester année après année aux frais de la famille. La Montagne Magique est devenue le chant du cygne de cette forme d'existence.

- Ce qui frappe le lecteur dès le début du livre, c'est que ''là-haut'', la notion de temps, change ... Joachim prévient Hans que tout ici devient étrange, en rapport avec la vie d'en bas... Le climat, et surtout le temps... Que sont trois semaines?: "trois mois sont pour eux ici, comme un jour"

- Oui, parlons du mystère de l’élément temps, traité de diverses façons dans le livre. C’est dans un double sens un temps romancé. D’abord dans un sens historique, en ce sens qu’il cherche à présenter la signification intérieure d’une époque, la période d’avant-guerre. Et deuxièmement, parce que le temps est l’un des thèmes du livre: le temps, traité non seulement comme une partie de l’expérience du héros, mais aussi en soi et à travers lui-même. Le livre lui-même est la substance de ce qu’il relate: il dépeint l’enchantement mystérieux de son jeune héros dans l’intemporel... Il essaie, en d’autres termes, d’établir un ''nunc stans'' magique ( un éternel-présent) pour utiliser une formule de la scolastique. Il prétend donner une parfaite cohérence au contenu et à la forme, à l’apparent et à l’essentiel; son but est toujours et constamment d’être celui dont il parle. »

- C'est tout à fait ça...! Le fond et la forme. C'est un livre '' magique ''!

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