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L'émigration – le Romantisme, la philosophie et les Mythes. 1/2

Publié le par Perceval

L'émigré, J. L. de la Bermondie, arrive donc en Allemagne ; avec sa principale question qui concerne le Graal, le Mythe... Des articles précédents ont fait référence à Roger de Laron, chevalier templier, dont il est l'héritier …

Et précisément, il se rend compte qu'ici, des intellectuels en ont fait un problème philosophique ...

Quel est ce problème ? Tout simplement, celui de savoir ce qu'est un mythe, ce qu'il signifie, comment il faut le comprendre et l'apprécier. Quel est le sens du mythe, quelle est sa fonction dans la vie humaine, quelle valeur doit-on lui reconnaître ?

 

August_Wilhelm_von_Schlegel

Auguste Schlegel (1767-1845) écrivain, philosophe ; en 1798 professeur à Iéna, fonde avec son frère la revue Athenaüm; il y a là également Ludwig Tieck, Wackenroder, Novalis … D'abord marié avec l'étonnante Caroline Michaelis... En 1804, il devient l'un des amants de Madame de Staël... Il lui restera fidèle jusqu'à sa mort ( à elle en 1817). Il écrit :

« Le mythe est un produit universel et nécessaire de la faculté poétique des hommes: c'est en quelque sorte une poésie originelle du genre humain »... Schlegel définit la mythologie comme « langage imagé de la raison et de l’imagination, sa sœur : ici, chaque corps se voit attribuer une âme, et tout ce qui est invisible est rendu visible »

Ces formules indiquent clairement que la mythologie n'est pas le produit d'un passé lointain ou d'une époque primitive de l’humanité. Comme le langage, elle constitue au contraire un phénomène indissociable du fait d'être homme, un principe structurel de son esprit.

Thor

L'homme appréhende le Monde par le mythe. Le peuple s'approprie le mythe et lui donne vie. Les allusions symboliques du mythe font qu'il est parfaitement reconnu par notre imagination... « Le premier mouvement de notre imagination est celui par lequel notre existence et le monde extérieur deviennent réels pour nous », écrit Schlegel...

« L'homme donne une forme humaine à toutes les forces de la nature qu'il perçoit. La personnification est la figure universelle de son langage naturel. » A. Schl.


 

« Le langage n'est pas un produit de la nature, mais une reproduction de l'esprit humain, qui y consigne l'apparition et les affinités de sa pensée, et tout le mécanisme de ses opérations.

Dans la poésie, quelque chose de déjà formé est donc à nouveau formé; et la capacité de son organe à prendre forme est aussi illimitée que la capacité de l’esprit à revenir sur lui-même par des réflexions toujours portées à la puissance supérieure. Il n'est donc pas surprenant que la manifestation de la nature humaine puisse en poésie plus que dans les autres arts se spiritualiser et se transfigurer, et qu'elle sache s'y frayer une voie jusqu'à de secrètes régions mystiques » A. Schl.

 

Critique de la philosophie des ''Lumières'' dans les leçons de Berlin d' August W. Schlegel :

 

L'âme humaine, écrit Schlegel, est divisée, comme l'est le monde extérieur, entre « lumière et ténèbres », et « la succession du jour et de la nuit est une image très pertinente de notre existence spirituelle ». Tandis que la lumière de la raison nous enchaîne aux « conditions de la réalité », celles-ci sont abolies la nuit, entourées d'un « voile bienfaisant », et c'est ainsi que s'ouvrent « des perspectives sur les espaces du possible ».

En ce sens, la raison et l'imagination représentent les forces fondamentales de notre nature : la raison « toujours à la recherche de l’unité », l'imagination « produisant sens cesse une variété illimitée ».

 

Schlegel illustre l’indépendance de l'imagination face à la raison, en évoquant les rêves où l'imagination « s'adonne à ses jeux sans connaître aucune contrainte ».

 

Le philosophe Friedrich Wilhelm Joseph (von) Schelling (1775-1854) fera également de la mythologie, au fil des années, sa préoccupation principale...

En 1790, il rentre au Stift (séminaire) de Tübingen où il rencontre Hölderlin et Hegel.

En 1798, Schelling arrive à Jena. Comme Novalis et Ludwig Tieck , il fréquente également Schlegel. Il s'engage, même, dans une histoire d'amour avec Caroline Michaelis-Schlegel (1763-1809), qui est tolérée par son mari ; elle a créé autour d'elle un cercle d'écrivains qui est le creuset de toutes ces nouvelles idées …

F. W. Schelling en 1800

En 1800, August Schlegel part à Berlin ; il va se séparer de Caroline qui va se marier en 1803 à Schelling...

 

À cette époque, l'idée la plus répandue sur les mythes était la suivante : ceux-ci seraient, ou bien le résultat de l'imagination des hommes, ou bien des vérités déguisées, traduisant la réalité par des allégories ou des métaphores.

Schelling s'oppose radicalement à cette interprétation du mythe. Pour lui, le mythe ne peut être d'aucune manière le résultat de l'imagination de l'homme, c'est au contraire la conscience de l'homme qui est le résultat des mythes. Les mythes ne sont ni des vérités cachées, encore moins des allégories ou des métaphores.

Les mythes sont des tautégories ( définition : les figures mythologiques signifient ce qu'elles sont et sont ce qu'elles signifient. ): ils ne disent rien d'autre que ce qu'ils disent. La question n'est pas de savoir s'ils sont vrais ou faux. Ils existent et ne signifient que ce qu'ils sont.

Quand j'écris ( voir:  St-Augustin, Zundel … Secrétan...)  « en moi habite quelqu’un de plus grand que moi », je suggère que la transcendance ne m'est pas externe, mais interne ; ce qui dépasse mon moi, est en moi...

 

« En nous tous est présente une faculté mystérieuse et merveilleuse, celle de nous retirer dans la partie la plus intime de nous-mêmes (...) afin d'intuitionner l'éternel en nous, sous la figure de l'immutabilité. Cette intuition est l'expérience la plus intime, la plus proche, celle dont dépend tout ce que nous savons et croyons quant au monde suprasensible » ( A. Schelling. Lettres sur le dogmatisme ..).

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