legitimiste
Anne-Laure de Sallembier, légitimiste en 1920.
Sur ce que contient l'idée de monarchie orléaniste chez Anne-Laure de Sallembier, après la Grande Guerre, et qui va sans-doute motiver l'engagement de son fils Lancelot dans l'Action-Française, du moins pour un temps...
Pour Anne-Laure, la révolution française ayant détruit l'édifice ancien, il ne s'agit pas de revenir en arrière... Après les échecs de Louis XVIII et Charles X, explicables par une malheureuse nostalgie d'un ordre ancien et périmé ; le royalisme semblait être devenu une cause perdue...
De plus, l'affaire Dreyfus, semblait avoir perdu le ''Parti du Roi'', dans le marasme réactionnaire des anti-dreyfusards ; tandis que les républicains consolidaient le régime en place...
La République conduit à la guerre...
L'Etat-nation est né de la révolution française, le nationalisme en est son exaltation. Le citoyen est subordonné « aux intérêts exclusifs de la nation, de l'Etat-nation, à sa force, à sa puissance, à sa grandeur. » ( Winock).
Les révolutionnaires de la première république de 1792, s'opposaient à l’Europe des dynasties ; et rêvaient d'exporter la révolution pour construire – disaient-il, l'Europe des nations …
La République française ( et même l'empire des deux napoléons) devient hégémonique : « Cette tradition, c'est celle qui fait de l'histoire de France celle de l 'humanité. » Michelet
La commune de Paris, jusqu’au-boutiste – lors de la guerre avec la Prusse - reproche au gouvernement « d'avoir failli à sa mission de défense nationale » ( Winock).
L'esprit de revanche sur l'Allemagne, va participer à fonder la IIIème République
Ce nationalisme républicain, est pour la comtesse de Sallembier, une des causes des guerres de 1870, puis de 1914...
Mais, elle va regretter le syncrétisme de Maurice Barrès qui va intégrer sa vision nationale de la Révolution, au monarchisme sectaire de Maurras... !
Beaucoup de monarchistes, et en particulier dans la noblesse ancienne, ne vont jamais adhérer aux idées de Maurras...
Pour Maurras, les intérêts de la personne sont subordonnés à la nation, y compris la monarchie et L’Église... Pour cette raison, les amis de la comtesse- qui ne reconnaissent pas la Nation - se disent ''légitimistes'' pour se désolidariser des monarchistes maurassiens.
La dynastie royale se voue au royaume, et ce sont ses devoirs qui la rende légitime. Elle se doit humble, et reçoit sa vocation de Dieu. L'Eglise se porte garante ; de fait, elle ne peut être nationale ( gallicane).
Anne-Laure, condamne le colonialisme, conséquence de l’universalisme républicain...
L'individualisme relève des idées que portent la république, et qu'elle souhaite universelles...
La comtesse de Sallembier n'aime pas le mot ''aristocratie'' qui se prête aux ''privilégiés'' du régime en place, et qui possède la richesse... Il y a bien sûr, aussi, une aristocratie de la République …
Elle préfère le mot de '' noblesse '' qui évoque le devoir et l'honneur... La noblesse s'acquiert par la famille, et le mérite....
Pour les légitimistes, la Grande-Guerre est une guerre civile.
L'Europe des peuples existe. Elle s'est construite au travers de grands faits culturels qui ont traversé cette entité : les pierres levées ; les grands textes fondateurs grecs, germains, celtes qui ont nourri tout l'espace carolingien ; les grandes légendes de la Table Ronde ou des Nibelungen, le monachisme chrétien, la révolution gothique, la Renaissance, etc...
Le XXe siècle, commence avec l'emprise de cette idée ''nationaliste', et l'effondrement de trois empires. Se préparent alors l'avènement de régimes nouveaux, et l'éminence d'une nouvelle guerre que Bainville prévoit...
Chaque personne s'inscrit dans une lignée, une langue, une religion. La Tradition porte cette identité avec ses coutumes, son histoire ; elle s'inscrit dans un temps et un espace particuliers. La Tradition définit un peuple. Chaque peuple est singulier, aucun n'est supérieur à un autre...
Pour tout dire, Anne-Laure de Sallembier, regrette l'engagement de son fils dans l'Action Française...
«Mieux qu’à restaurer la Monarchie, l’Action Française cherchait en fait à instaurer sa propre monarchie... » Colette Capitain, historienne - L’idéologie de l’Action Française.
3 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -
Mais, Marseille, ne bouge pas … Le sud de la France n’ayant pas répondu à l’appel, ce fiasco devrait alerter la duchesse, l’inciter à la prudence, il n’en est rien. … Puisque le sud ne vibre pas pour Henri V, la Vendée catholique relèverait l’affront.
Dans les premiers jours du mois de mai, elle séjourne chez le marquis de Dampierre au château de Plassac. C’est de là qu’elle fixe au 24 mai la date de la prise d’armes en rédigeant cette lettre :
« D’après les rapports qui m’ont été adressés sur les provinces de l’ouest et du midi, mes intentions sont qu’on prenne les armes le 24 de ce mois. J’ai fait connaître mes intentions à cet égard et je les transmets aujourd’hui à mes provinces de l’ouest. »
« Vendéens, Bretons, vous tous habitants des fidèles provinces de l’ouest. Ayant paru dans le midi, je n’ai pas craint de traverser la France au milieu des dangers pour accomplir une promesse sacrée, celle de venir parmi mes braves amis partager leurs périls et leurs travaux. Je suis enfin parmi ce peuple de héros : ouvrez à la fortune de la France. Henri V vous appelle ; sa mère régente de France se voue à votre bonheur .
Un jour, Henri V sera votre frère d’armes si l’ennemi menaçait nos fidèles pays. Répétons notre ancien et nouveau cri : Vive le roi ! »
Cependant, une majorité de chefs vendéens renonce alors à se soulever, considérant que, sans l’aide de troupes de ligne françaises ou étrangères, l’échec est assuré. De plus, le gouvernement de Louis-Philippe a suivi les mouvements de la duchesse et envoyé des renforts militaires dans la région.
De Paris, le comité légitimiste envoie près de la duchesse, l'avocat Berryer, pour la dissuader... « Ne m’avez-vous pas écrit vous-même à Massa » lui dit-elle « que si je ne me hâtais pas d’arriver en France, le soulèvement aurait lieu sans moi ? » Elle rappelle à son interlocuteur « les erreurs » de Charles X qui avait gagné l’île d’Yeu au lieu de rejoindre la Vendée et s’était refusé à combattre à Rambouillet quand il disposait encore des moyens de mâter la rébellion des parisiens.
Marie-Caroline ne renonce pas....
L’insurrection est déclenchée dans la nuit du 3 au 4 juin 1832: le tocsin sonne dans les villages de la Vendée, mais seulement une centaines d'hommes répondent à l'appel …
Ce n’est qu’un sanglant baroud d’honneur. L’insurrection est rapidement matée, les conjurés dispersés, mais la duchesse de Berry reste introuvable.
Marie-Caroline ne participe pas aux combats, mais elle partage la vie des Vendéens. Déguisée en jeune paysan, sous le nom de « Petit Pierre », elle passe de fermes en châteaux accompagnée de son écuyer le comte de Mesnard, d’Athanase de Charette ou encore d’Eulalie de Kersabiec.
Après la défaite, malgré les arguments de sa famille et de ses partisans, elle refuse de s’enfuir, espérant qu’une autre chance se présentera. Le 9 juin, elle arrive à Nantes et se cache chez les demoiselles de Guiny avec Stylite de Kersabiec, Mesnard, et l’avocat Achille Guibourg.
Grâce à la trahison d’un des agents de la duchesse, Simon Deutz, sa cachette finit par être découverte. Le 7 novembre, les gendarmes perquisitionnent la maison des demoiselles de Guiny. Marie-Caroline, Guibourg, Mesnard et Kersabiec ont juste le temps de se cacher derrière la cheminée. L’endroit est étroit et les gendarmes font du feu. Au bout d’un moment, la duchesse, manquant d’étouffer, décide de se rendre, mettant fin ainsi à la dernière guerre de Vendée.
Le gouvernement fait interner la princesse dans la citadelle de Blaye, sur l’estuaire de la Gironde.
En janvier 1833, le bruit court que la duchesse de Berry est enceinte.
Le 26 février 1833, coup de théâtre. Dans « Le Moniteur », organe officiel du gouvernement, on lit, signé de la duchesse de Berry : « Pressée par les circonstances [...] je crois devoir à moi-même, ainsi qu’à mes enfants, de déclarer m’être mariée secrètement pendant mon séjour en Italie. » Dans son entourage, la colère succède à la stupéfaction. « Elle a fait son parti cocu », dit-on dans les salons. Personne ne croit en ce mariage secret. Le nom de l’élu n’est d’ailleurs pas révélé. « Comment voulez-vous qu’on le dise, elle-même ne le sait pas », aurait lâché le légitimiste Chateaubriand déboussolé.
Pour Louis-Philippe la déclaration est tombée à pic : celle qui se voulait régente de France ne sera donc qu’une aventurière.
Le 10 mai 1833, la duchesse de Berry donne naissance à une fille, qu’elle déclare née de son époux secret, le comte Lucchesi-Palli, second fils du prince de Campo-Franco, vice-roi de Sicile, que toute la France ne tarde pas à appeler ironiquement « saint Joseph ».
Le 8 juin, la princesse, complètement déconsidérée, est embarquée sur l’Agathe et transportée à Palerme. Elle se voit alors tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refuse la direction de l'éducation de son fils qui est confiée à sa belle-sœur, la dauphine.
Lorsque le passage à l'action est décidé, dans la nuit du 3 au 4 juin 1832 ; Félicie de La Rochejaquelein fait de Landebaudière, son quartier général et passe, dans les bois, ses troupes en revue. Elle mène les combats pendant les deux jours de l'insurrection.
Le 5 juin en raison du manque de coordination des insurgés et de l'insuffisante mobilisation des paysans vendéens , l'insurrection échoue... Mais Félicie refuse de capituler... Mme de La Rochejaquelein et son aide de camp, Mlle Félicie de Fauveau, passent leurs nuits dans les champs, enveloppées dans un manteau militaire; toujours déguisées en hommes, elles courent d'une ferme à l'autre, prodiguant leur argent sans le moindre résultat, s'exposant, elles et les leurs, au danger d'être pris et assassinés par les paysans ou les gardes nationaux qui s’exaspèrent contre les chouans.
Après l'arrestation de la duchesse de Berry, à Nantes, le 8 novembre 1832, Félicie, et Auguste enfin arrivés en Vendée, se cachent. Jugés par contumace (peine de mort pour Auguste, peine de déportation pour Félicie) au début de l'année 1833, ils parviennent à gagner l'étranger. Ils séjournent à Lausanne et à Genève, en Suisse, et à Annecy, en Savoie (qui alors appartient au Piémont), sous le nom de Laremont, jusqu'à leur acquittement en 1835 et 1836 par les cours d'assises de Versailles et d'Orléans.
A suivre … avec Félicie de Fauveau
2 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -
1832
C'est une femme : Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883) qui revendique un rôle de premier plan dans la préparation du soulèvement. Convaincue de la force de la fidélité royaliste dans les campagnes de l'Ouest, fière de renouer avec l'épopée militaire de la Vendée catholique et royale, elle organise elle-même la résistance.
Félicie est âgée de trente-deux ans, ardente, intrépide, infatigable, toujours accompagnée d'une amie, Félicie de Fauveau (1799-1886) - sculpteur romantique, proche d'Ary Scheffer, passionnée pour le Moyen Âge, ayant exposé au Salon de 1827 des groupes inspirés de Walter Scott -
elle « va partout annonçant l'aurore des temps nouveaux », n'hésitant pas à s'associer à des réunions d'hommes.
Dès 1831, elle parcourt en amazone toute la rive gauche de la Loire ; elle excite ceux qui hésitent, rassemble des fonds et des munitions, collecte des informations, tandis que Mlle de Fauveau dessine «des modèles d'uniformes pittoresques pour les troupes». Elle envoie des lettres, écrites au citron et en partie chiffrées à son mari - qu'elle désigne sous le nom de code de « Godefroy » M, symbole du rôle chevaleresque dont elle rêve pour lui -, au maréchal de Bourmont, ancien chef chouan, qui devient en 1831 chef suprême des insurgés auxquels il apporte son expérience et son prestige de la récente victoire d'Alger, et surtout à la duchesse de Berry.
A Limoges:
Pendant ce temps, Charles-Louis de Chateauneuf, s'émeut du sort du jeune duc de Bordeaux... En effet, avec lui, un petit groupe de ''chevaliers du Roi'' rêve de gloire et d'honneur. En effet, ce groupe de jeunes hommes a été très tôt sensibilisé à cette mélancolie d'une époque qui, avec la Restauration, ployait sous l'ennui... Quelques-uns se font royalistes ultras, (en attendant de devenir républicain..!) comme si l'utopie d'un retour à une féodalité romanesque et à une foi violente pouvait leur remplacer leurs ambitions de gloire militaire ( disparue depuis la chute de l'Empire...) ou autre: littéraire par exemple ...
A partir de 1831, et à l'initiative de la comtesse de La Rochejaquelein, chez elle, des nobles organisent des réunions afin de préparer une nouvelle insurrection contre le gouvernement de Louis-Philippe.
« Le 9 novembre 1831, après une perquisition dans une métairie dépendante de Landebaudière, au cours de laquelle ont été découverts de la poudre, une presse lithographique et 20000 pierres à fusil, Félicie et sa fidèle amie, cachées dans un four, tombent aux mains de la police.
Toutes deux sont astreintes à résidence à Landebaudière, cerné par un bataillon d'infanterie. Déguisée en fille de cuisine, Félicie parvient à s'échapper.
Pendant quinze mois, à partir de novembre 1831, elle réussit à se cacher sans jamais être capturée. Rejointe quelque temps plus tard par Mlle de Fauveau qui a été libérée, elle poursuit la lutte et devient le véritable chef politique du bocage vendéen. Toutes deux assurent la coordination des mouvements entre les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, intensifient la propagande, excitent les défaitistes et recrutent toute « une compagnie d'amazones » : Chacune de ces dames avait son casque, sa petite cuirasse, ses armes défensives et offensives. La plupart avait choisi un chevalier, lequel portait un bracelet de fer rivé et avait juré de ne le quitter qu'au retour d'Henri V. » (*)
(*) Sources : Mension-Rigau Éric. L'aventure au féminin : le destin de Félicie de Duras, comtesse Auguste de La Rochejaquelein (1798-1883). In: Histoire, économie et société, 1999,
Cette année d'étude 1832, de Charles-Louis de Chateauneuf, est fortement perturbée... Si on ne sait ce qu'il fait ; il se pourrait bien qu'il soit parti en Vendée soutenir la rébellion légitimiste. On l'imagine bien se faire chevalier de l'une de ces ''amazones'' après lui avoir promis allégeance dans une déclaration d'amour courtois ...
Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883), presse la duchesse de Berry de venir en France : «Voilà, Madame, ce qui est digne de vous, dussiez-vous succomber» lui écrit-elle...
La duchesse de Berry (1798-1870) est la veuve du Duc de Berry (1778-1820) : deuxième fils de Charles X. Il est le seul prince royal susceptible de perpétuer la dynastie des Bourbons. Il émigra dès les débuts de la Révolution et servit dans l’armée de Condé, puis passa en Angleterre. De retour en France au moment de la Première Restauration, il suivit son oncle, Louis XVIII, à Gand pendant les Cent-Jours et il épousera, en 1816, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, originaire de Palerme.. Mais le duc est assassiné par Louvel, en février 1820. Cependant, sa veuve, la duchesse de Berry, donne naissance sept mois après à un fils. Le jeune enfant : Henri, Duc de Bordeaux, perpétuait donc la lignée des Bourbons et sera considéré comme « l'enfant du miracle » par les royalistes car il devient le successeur potentiel de la lignée (sous le nom de Henri V).
Le 10 Avril 1832, le gouvernement de Louis-Philippe va voter une loi qui condamne au "bannissement perpétuel" les membres de la famille de Charles X (Bourbon).
Les Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) ont pris de court la duchesse... Elle serait prête à emmener elle-même le duc de Bordeaux, âgé d’à peine 10 ans, à l’Hôtel de ville pour le faire acclamer par la foule parisienne... Mais elle comprend que Paris est perdue... Alors, elle pense à animer la résistance depuis la Vendée ; mais pour l'heure, elle suit la famille royale dans sa piteuse retraite...
Charles X finit par donner l'autorisation à Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (devenue en 1816 duchesse de Berry), avec le comte de Bourmont, maréchal de France et ancien chouan, de diriger l’insurrection destinée à renverser Louis-Philippe.
Elle traverse l’Allemagne du sud, se rend à Gênes, puis à Turin, à Rome et à Naples. Le banquier Ouvrard, les rois de Sardaigne et de Hollande, le duc de Brunswick et des grands propriétaires terriens l’assurent de leur aide financière.
Depuis, les États du duc de Modène, seul souverain à n’avoir pas reconnu Louis-Philippe, elle parvient à prendre - elle-même- la tête de la mouvance légitimiste en congédiant le duc de Blacas ( qui devait contrôler le conseil de régence), ce qui consomme la rupture avec le reste de la famille royale.
La duchesse de Berry, considère, que la régence lui revient de droit. Elle décide de passer à l’action.
Mr. De Ferrari, de l'une des plus puissantes familles de Gènes, met à la disposition de la duchesse un navire à vapeur le «Carlo Alberto» pour son expédition hasardeuse. Le 24 avril 1832, le départ de Livourne a lieu à onze heures du soir et la duchesse s'embarque avec une poignée de fidèles. Elle est déguisée en bourgeois et est accompagnée du Maréchal de Bourmont..
Pendant le voyage, elle rédige une proclamation – qui devait être diffusée dans Marseille... afin d'exalter les cœurs :
« Soldats, une funeste révolution a violemment séparé la France de la famille de ses rois ; cette révolution s’est faites sans vous ; elle s’est faite contre vous. La petite fille de Henri IV vient vous demander votre appui. (…) C’est à votre amour, à celui de tous les bons français, des français seuls, que Henri V veut devoir sa couronne. Française et mère, je vous confie l’avenir de la France et les droits de mon fils. »
Elle débarque à l’aube du 29 avril 1832, dans une calanque proche de Marseille, à Séon-St-Henri. Le «Carlo Alberto» retourne ensuite en rade de La Ciotat, le 3 mai 1832, en plein jour, afin de donner le change et de permettre à la duchesse de fuir. Elle attend les résultats du soulèvement provençal prévu le lendemain.
A suivre ….
1 - Les légitimistes et les Trois glorieuses – 1830 -
1830, comme 1827 et 1828 avant elle, est une année de médiocres récoltes impliquant des prix élevés pour les denrées et un report du pouvoir d'achat sur le pain. L'économie est morose.
La période est à l'agitation ministérielle, parlementaire et journalistique...
Le roi Charles X (1757-1836), menace l’opposition de gouverner par ordonnances en cas de blocage des institutions …
''On'' suggère que le « parti prêtre » pourrait pousser le roi à légiférer par ordonnances sur le fondement de l’article 14 de la Charte pour imposer des « élections jésuitiques »... !
Le 16 mai 1830, Charles X dissout la Chambre des députés... Des élections sont une déroute pour le roi : l’opposition passe de 221 à 270 députés...
Le 25 juillet, le roi Charles X tente par un coup de force constitutionnel de freiner les ardeurs des députés libéraux par ses ordonnances de Saint-Cloud... qui, en particulier, suppriment la liberté de la presse et enlèvent le droit de vote aux commerçants et aux industriels.
A Paris, éclate alors une insurrection de trois jours, les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses), qui s’achève par le départ du roi pour l’exil.
Le 30 juillet, les députés, les journalistes veulent éviter à la révolution d'aller plus loin … Ils récupèrent la révolution populaire au profit de la bourgeoisie. Après quelques jours d’hésitation entre république et solution orléaniste, la monarchie de Juillet est finalement instituée. La bourgeoisie parisienne dame le pion aux républicains désorganisés.
Charles X passe la nuit du 30 au 31 juillet 1830 au château de Saint-Cloud... Il fuit Paris... le lendemain, à Rambouillet, on lui dit qu'il courre le risque de se faire arrêter par La Fayette et ses troupes qui veulent s'emparer de lui dès le lendemain. Ses proches lui conseillent de résister … Mais Charles X prend tout le monde à contre-pied en annonçant qu'il décide de nommer le duc d'Orléans ( le prochain Roi Louis-Philippe...!), lieutenant général du royaume...
Le duc d'Orléans préfère prendre cette charge directement des députés ; et organise l'exil de Charles X.
Le 2 août 1830, le roi tente une dernière manœuvre en abdiquant au profit de son petit-fils – le duc de Bordeaux, fils de la duchesse de Berry - pour essayer de sauver la dynastie.
Les légitimistes considèrent que Charles X est toujours roi et que son abdication est nulle, Louis-Philippe, son cousin, étant considéré comme un usurpateur.
Dans la monarchie traditionnelle, le roi tient son autorité de Dieu et l’exerce pour le bien commun, l’usurpateur Louis-Philippe ne peut invoquer cette transcendance, aussi se réclame-t-il de la Révolution dont il revendique l’héritage...
Ils n'oublient pas, non plus, que Louis-Philippe est le fils de ''Philippe-Egalité'' qui a voté la mort de Louis XVI.
Louis-Philippe prend le pouvoir, La religion catholique n'est plus religion d'État, la censure de la presse est abolie, le drapeau tricolore rétabli.
Alors que les légitimistes reconnaissent Charles X ( de 1824 à 1836) et son fils - Louis-Antoine d’Artois - comte de Marnes, appelé Louis XIX ( de 1836-1844), puis le roi Henri V ( Comte de Chambord, petit-fils de Charles X) ( 1844-1883)...
Un mot sur ''Louis XIX'' : Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême est le fils aîné de Charles X. Le 2 août 1830, à la suite de la Révolution de Juillet, le duc d'Angoulême a renoncé au trône de France en faveur de son neveu, le jeune duc Henri de Bordeaux, futur comte de Chambord.. Louis XIX aura été Roi 20 minutes : le temps de renoncer .... Cependant, à la mort de son père Charles X (nov 1936) , il prend provisoirement le nom symbolique de "Louis XIX". « Je prends le titre de roi, bien résolu à ne faire usage du pouvoir qu'il me donne que pendant la durée des malheurs de la France, et à remettre à mon neveu, le duc de Bordeaux, la couronne le jour où, par la grâce de Dieu, la monarchie légitime sera rétablie », a-t-il écrit aux royalistes légitimistes... Le duc d'Angoulême veille à l'éducation du duc de Bordeaux, fils posthume de son frère cadet, le duc Charles Ferdinand de Berry, qu'il considère et aime comme l'enfant qu'il n'a pas eu de son mariage avec la duchesse Marie Thérèse.
Revenons au moment où, la révolution gronde à Paris, Louis-Philippe accepte le trône que lui présentent Laffitte, Perier et Thiers. D’abord lieutenant-général du royaume, il devient roi des Français le 7 août ; et commence une nouvelle dynastie (la monarchie orléaniste) : '' bien que Bourbon, et parce que Bourbon...'' !
Au début de la monarchie de Juillet, on assiste à une vague de démissions ( 53 députés, 83 préfets …). Le pouvoir est ouvertement anti-légitimistes et même anticléricale, ce qui crée chez les légitimistes un sentiment de persécution, qui atteint un pic en 1831, avec le lancement d'un mandat par le préfet de police Baude contre l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, suivi de toute une série de brutales perquisitions policières dans toute la France.
Les légitimistes considèrent que la monarchie de juillet va promouvoir les persécutions contre l’Église et tous les fidèles de la France traditionnelle. Subversion, conscription, assassinats, barbaries, viols des sépultures et autres crimes planifiés par le nouveau pouvoir politique placent alors la population en état de légitime défense et suscitent l’insurrection contre-révolutionnaire de 1832.
A suivre …. avec ''Les légitimistes préparent l'insurrection''