Proust – Série sur les Salons parisiens - extraits
Marcel Proust publie au Figaro, en 1903-1904, une série de 6 chroniques intitulées “Salons parisiens” : salons artistiques, bourgeois et aristocratiques de Paris.
Ces chroniques de mondanités lui valurent une réputation de journaliste snob plutôt que d’écrivain et lui fut nuisible dans sa quête d’un éditeur ( Gide ne prit pas la peine de lire le manuscrit...) pour le premier volume de son roman, Du côté chez Swann.
Ces écrits dépassent largement la chronique mondaine ; Proust s'y livre sans retenue, sous les pseudonymes d'Horatio ou de Dominique ; son œil de journaliste observe les mœurs de la société avec beaucoup d'attention, en particulier à l'esthétique médiatique de la mondanité, à ses règles formelles, et à son inscription dans l'histoire … Ces écrits sont bien préparatoires à ''La Recherche'' et apparaissent ses goûts pour Saint-Simon et les mémorialistes...
Mais aujourd’hui encore c’est une des seules maisons de Paris où l’on soit invité à venir dîner à sept heures et demie.
Après le dîner, la princesse vint s’asseoir au petit salon, dans un grand fauteuil qu’on aperçoit à droite en venant du dehors, mais au fond de la pièce. En venant du grand hall, ce fauteuil serait au contraire à gauche, et fait face à la porte de la petite pièce, où, tout à l’heure, seront servis les rafraîchissements.
En ce moment, les invités du soir ne sont pas encore arrivés. Seules, les personnes qui ont dîné sont là. À côté de la princesse, une ou deux des habituées de ses dîners de la rue de Berri : la comtesse Benedetti, si spirituellement jolie et si joliment spirituelle ; Mlle Rasponi ; Mme Espinasse, dame d’honneur de la princesse ; Mme Ganderax, femme universellement aimée et appréciée de l’éminent directeur de la Revue de Paris.
(…)
Déjà la porte du salon de la princesse s’entr’ouvre, elle reste entrebâillée, pendant que la dame qui va entrer – personne ne sait encore qui c’est – ajuste une dernière fois sa toilette ; les messieurs ont quitté la table où ils feuilletaient les revues. La porte s’ouvre : c’est la princesse Jeanne Bonaparte suivie de son mari, le marquis de Villeneuve. Tout le monde se lève.
Quand la princesse Jeanne est à mi-chemin de la princesse, celle-ci se lève et accueille à la fois la princesse Jeanne et la duchesse de Trévise qui vient d’entrer avec la duchesse d’Albuféra.
Chaque dame qui entre fait la révérence, baise la main de la princesse, qui la relève et l’embrasse, ou lui rend sa révérence, si elle la connaît moins.
Voici M. Straus, l’avocat bien connu, et Mme Straus née Halévy, à qui son esprit et sa beauté donnent une puissance de séduction unique ; M. Louis Ganderax, le comte de Turenne, M. Pichot s’empressent autour d’elle, tandis que M. Straus regarde autour de lui d’un air malicieux.
La porte s’ouvre encore, c’est le duc et la duchesse de Gramont, puis la famille bonapartiste par excellence, la famille de tous les beaux titres d’empire, la famille Rivoli, c’est-à-dire : le prince et la princesse d’Essling, avec leurs enfants ; le prince et la princesse Eugène et Joachim Murat, le duc et la duchesse d’Elchingen, le prince et la princesse de la Moskowa.
Voici M. Gustave Schlumberger, M. Bapst, M. et Mme du Bos, le comte et la comtesse Paul de Pourtalès, le prince Giovanni Borghèse, un érudit, un philosophe, qui est aussi un brillant causeur ; M. Bourdeau, le marquis de La Borde, M. et Mme Georges de Porto-Riche.
Le petit salon est déjà si plein de monde que les plus anciens habitués montrent le chemin du hall où les moins intimes vont admirer avec une certaine timidité, comme écoliers sous l’œil du maître, les trésors d’art qui y sont rassemblés.
On s’arrête devant le portrait du prince impérial par Madeleine Lemaire, le portrait de la princesse par Doucet, le portrait de la princesse par Hébert, où elle a de si beaux yeux, de si douces perles. Bonnat le regarde de cet œil bon qui brille devant la belle peinture et échange des réflexions de technicien avec Charles Éphrussi, le directeur de la Gazette des Beaux-Arts, l’auteur du beau livre sur Albert Dürer, mais à voix si basse qu’on les entend mal.
La princesse ne s’assied plus. Elle va de l’un à l’autre, accueillant les nouveaux arrivés, se mêlant à chaque groupe, ayant pour chacun le mot particulier, personnel, qui tout à l’heure, quand il sera rentré chez lui, lui fera croire qu’il était le centre de la soirée.
Quand on pense que ce salon (nous prenons ici le mot de « salon » dans son sens abstrait, car matériellement le salon de la princesse était rue de Courcelles avant d’être rue de Berri) a été un des foyers littéraires de la seconde moitié du XIXe siècle ; que Mérimée, Flaubert, Goncourt, Sainte-Beuve sont venus là chaque jour dans une intimité vraie, ...(...)
DOMINIQUE. Le Figaro, 25 février 1903.
(…) dès qu’une soirée était sur le point d’avoir lieu, chaque ami de la maîtresse de maison venant en ambassade afin d’obtenir une invitation pour un de ses amis, Mme Lemaire en est arrivée à ce que tous les mardis de mai, la circulation des voitures est à peu près impossible dans les rues Monceau, Rembrandt, Courcelles, et qu’un certain nombre de ses invités restent inévitablement dans le jardin, sous les lilas fleurissants, dans l’impossibilité où ils sont de tenir tous dans l’atelier si vaste pourtant, où la soirée vient de commencer. La soirée vient de commencer au milieu du travail interrompu de l’aquarelliste, travail qui sera repris demain matin de bonne heure et dont la mise en scène délicieuse et simple, reste là, visible, les grandes roses vivantes « posant » encore dans les vases pleins d’eau, en face des roses peintes, et vivantes aussi, leurs copies, et déjà leurs rivales. À côté d’elles, un portrait commencé, déjà magnifique de jolie ressemblance, d’après Mme Kinen, et un autre qu’à la prière de Mme d’Haussonville Mme Lemaire peint d’après le fils de Mme de La Chevrelière née Séguier, attirent tous les regards. La soirée commence à peine et déjà Mme Lemaire jette à sa fille un regard inquiet en voyant qu’il ne reste plus une chaise ! Et pourtant ce serait le moment chez une autre d’avancer les fauteuils : voici qu’entrent successivement : M. Paul Deschanel, ancien président, et M. Léon Bourgeois, président actuel de la Chambre des députés, les ambassadeurs d’Italie, d’Allemagne et de Russie, la comtesse Greffulhe, M. Gaston Calmette, la grande-duchesse Vladimir avec la comtesse Adhéaume de Chevigné, le duc et la duchesse de Luynes, le comte et la comtesse de Lasteyrie, la duchesse d’Uzès douairière, le duc et la duchesse d’Uzès, le duc et la duchesse de Brissac, M. Anatole France, M. Jules Lemaître, le comte et la comtesse d’Haussonville, la comtesse Edmond de Pourtalès, M. Forain, M. Lavedan, MM. Robert de Fiers et Gaston de Caillavet, les brillants auteurs du triomphal Vergy, et leurs femmes exquises ; M. Vandal, M. Henri Rochefort, M. Frédéric de Madrazzo, la comtesse Jean de Castellane, la comtesse de Briey, la baronne de Saint-Joseph, la marquise de Casa-Fuerte, la duchesse Grazioli, le comte et la comtesse Boni de Castellane.
Cela n’arrête pas une minute, et déjà les nouveaux arrivants désespérant de trouver de la place font le tour par le jardin et prennent position sur les marches de la salle à manger ou se perchent carrément debout sur des chaises dans l’antichambre. La baronne Gustave de Rothschild, habituée à être mieux assise au spectacle, se penche désespérément d’un tabouret sur lequel elle a grimpé pour apercevoir Reynaldo Hahn qui s’assied au piano. Le comte de Castellane, autre millionnaire habitué à plus d’aises, est debout sur un canapé bien inconfortable.
Il semblerait que Mme Lemaire ait pris pour devise – comme dans l’Évangile : « Ici les premiers sont les derniers », ou plutôt les derniers sont les derniers arrivés, fussent-ils académiciens ou duchesses. Mais Mme Lemaire par une mimique que ses beaux yeux et son beau sourire rendent tout à fait expressive fait comprendre de loin à M. de Castellane son regret de le voir si mal placé. Car elle a comme tout le monde un faible pour lui. « Jeune, charmant, traînant tous les cœurs après soi », brave, bon, fastueux sans morgue et raffiné sans prétention, il ravit ses partisans et dé-
(...)
La grande-duchesse Vladimir s’est assise au premier rang, entre la comtesse Greffulhe et la comtesse de Chevigné. Elle n’est séparée que par un mince intervalle de la petite scène élevée au fond de l’atelier, et tous les hommes, soit qu’ils viennent successivement la saluer, soit que pour rejoindre leur place, ils aient à passer devant elle, le comte Alexandre de Gabriac, le duc d’Uzès, le marquis Vitelleschi et le prince Borghèse montrent à la fois leur savoir-vivre et leur agileté en longeant les banquettes face à Son Altesse, et reculent vers la scène pour la saluer plus profondément, sans jeter le plus petit coup d’œil derrière eux pour calculer l’espace dont ils disposent.
(…) Reynaldo Hahn fait entendre les premières notes du Cimetière (…) Dès les premières notes du Cimetière, le public le plus frivole, l’auditoire le plus rebelle est dompté. Jamais, depuis Schumann, la musique pour peindre la douleur, la tendresse, l’apaisement devant la nature, n’eut des traits d’une vérité aussi humaine, d’une beauté aussi absolue. Chaque note est une parole – ou un cri ! La tête légèrement renversée en arrière, la bouche mélancolique, un peu dédaigneuse, laissant s’échapper le flot rythmé de la voix la plus belle, la plus triste et la plus chaude qui fut jamais, cet « instrument de musique de génie » qui s’appelle Reynaldo Hahn étreint tous les cœurs, mouille tous les yeux, dans le frisson d’admiration qu’il propage au loin et qui nous fait trembler, nous courbe tous l’un après l’autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation des blés, sous le vent.
(…) « Puis, tout s’éteint, flambeaux et musique de fête », et Mme Lemaire dit à ses amis : « Venez de bonne heure mardi prochain, j’ai Taomagno et Reszké. » Elle peut être tranquille. On viendra de bonne heure.
DOMINIQUE. Le Figaro, 11 mai 1903.
(...) Souvent données dans la journée, ces fêtes étincelaient des mille lueurs que les rayons du soleil, à travers le prisme des vitrages, allumaient dans l’atelier, et c’était une chose charmante que de voir le prince conduire à sa place, qui était celle du bon juge et du soutien fervent, celle de la beauté-reine, la comtesse Greffulhe, splendide et rieuse. Au bras du prince alerte et courtois elle traversait l’atelier dans le sillage murmurant et charmé que son apparition éveillait derrière elle et, dès que la musique commençait, écoutait attentive, l’air à la fois impérieux et docile, ses beaux yeux fixés sur la mélodie entendue, pareille à « … un grand oiseau d’or qui guette au loin sa proie. »
D’une politesse exacte et charmante avec tous ses invités, on voyait la figure du prince (la plus fine que nous ayons connue) s’animer d’une joie et d’une tendresse paternelles quand entraient les deux incomparables jeunes femmes que nous ne voulons que nommer aujourd’hui, nous réservant d’en parler plus tard, devant le magnifique et naissant génie desquelles il s’émerveillait déjà : la comtesse Mathieu de Noailles et la princesse Alexandre de Caraman-Chimay. Ces deux noms, qui ont la première place dans l’admiration de tout ce qui pense aujourd’hui, riches du double prestige de la gloire littéraire et de la beauté.
(…) Ces belles heures, ces fêtes de l’élégance et de l’art reviendront. Et dans l’assistance, rien ne sera changé. Les familles La Rochefoucauld, Luynes, Ligne, Croy, Polignac, Mailly-Nesles, Noailles, Olliamson, entourent la princesse de Polignac d’une affection à laquelle la mort du prince n’a rien changé, qui s’est accrue, si l’on peut dire, d’une reconnaissance profonde pour les années de bonheur qu’elle a données au prince, lui qu’elle a si bien compris, dont elle a si affectueusement de son vivant, si pieusement depuis sa mort, réalisé les rêves artistiques.
HORATIO. Le Figaro, 6 septembre 1903.
(…)
En dehors des personnes que nous avons déjà nommées, on voit souvent à Coppet quelques-uns des meilleurs amis de M. et Mme d’Haussonville, leurs enfants le comte et la comtesse Le Marois, la comtesse de Maillé, le comte et la comtesse de Bonneval, leurs beaux-frères et cousins Harcourt, Fitz-James et Broglie. La princesse de Beauvau et la comtesse de Briey y venaient l’autre jour de Lausanne, ainsi que la comtesse de Pourtalès et la comtesse de Talleyrand. De temps en temps, le duc de Chartres y fait des séjours. La princesse de Brancovan, la comtesse Mathieu de Noailles, la princesse de Caraman-Chimay, la princesse de Polignac, y viennent d’Amphion. Mme de Gontaut y vient de Montreux ; la baronne Adolphe de Rothschild de Prégny. On y applaudit quelquefois la comtesse de Guerne, née Ségur. La comtesse Greffulhe s’y arrête en allant à Lucerne.
Tout le monde y admire la comtesse d’Haussonville, le merveilleux essor d’un port incomparable, que surmonte, que couronne, que « crête » pour ainsi dire, une admirable tête hautaine et douce, aux yeux bruns d’intelligence et de bonté. Chacun admire le salut magnificient dont elle accueille, plein à la fois d’affabilité et de réserve, qui penche en avant tout son corps dans un geste d’amabilité souveraine, et par une gymnastique harmonieuse dont beaucoup sont déçus, le rejette en arrière aussi loin exactement qu’il avait été projeté en avant.
HORATIO. Le Figaro, 4 janvier 1904.
(…) Tous ses fidèles, la duchesse de Luynes douairière, Mme de Brantes, la marquise de Lubersac, la marquise de Castellane, la comtesse de Guerne, la grande cantatrice que je ne fais que citer aujourd’hui, la marquise de Ganay, la comtesse de Béarn, la comtesse de Kersaint, M. Dubois de l’Estang, le marquis du Lau, un de ces hommes de premier ordre, que les vicissitudes de la politique ont seules empêché de servir au premier rang et de briller aux premières places, le charmant duc de Luynes, le comte Mathieu de Noailles, dont le duc de Guiche vient d’exposer au Salon un portrait superbe de distinction et de vie ; le comte de Castellane (dont nous avons déjà parlé à propos du salon de Mme Madeleine Lemaire et dont nous aurons à reparler bientôt), le marquis Vittelleschi, M. Widor, enfin M. Jean Béraud dont nous avons déjà dit dans ce même salon de Mme Madeleine Lemaire la gloire, le talent, le prestige, le charme, le cœur, l’esprit – tous iraient jusqu'au bout du monde pour la retrouver parce qu’ils ne peuvent se passer d’elle.
Tout au plus, au début, lui laissèrent-ils sentir, comme elle ne paraissait pas le remarquer, qu’ils faisaient pour la voir un voyage assez difficile. « C’est très joli, lui dit le comte de La Rochefoucauld la première fois qu’il entreprit le pèlerinage. Est-ce qu’il y a quelque chose de curieux à visiter dans les environs ? » Parmi les visiteurs habituels de la comtesse, il en est un dont le nom est particulièrement aimé des lecteurs de ce journal, habitués à trouver dans ses chroniques une sorte d’opportunité philosophique, des applications saisissantes, comme dans cet article sur la manie d’écrire qui atteignait s’il ne les visait pas tant de jeunes gens du monde en mal de vocation littéraire. C’est le comte Gabriel de La Rochefoucauld. Vous avez tous vu ce grand jeune homme qui porte au front, comme deux pierres précieuses héréditaires, les clairs yeux de sa mère. Mais plutôt que de vous en parler moi-même, car ce n’est pas l’habitude ici que nos collaborateurs se louent les uns les autres, j’aime mieux citer à son sujet l’opinion d’un juge autorisé. « Il aura un extraordinaire talent, disait dernièrement M. Eugène Dufeuille ; il sera la gloire de son monde et il en sera aussi le scandale. »
(...)
Elle (la comtesse Potocka ) a connu tous les plus curieux artistes de la fin du siècle. Maupassant allait tous les jours chez elle. Barrés, Bourget, Robert de Montesquiou, Forain, Fauré, Reynaldo Hahn, Widor y vont encore. Elle fut aussi l’amie d’un philosophe connu, et si elle fut toujours bonne et fidèle à l’homme, en lui elle aimait à humilier le philosophe. Là encore je retrouve la petite nièce des Papes, voulant humilier la superbe de la raison.
(…) On comprend qu’elle puisse être bien séduisante avec sa beauté antique, sa majesté romaine, sa grâce florentine, sa politesse française et son esprit parisien.
HORATIO. Le Figaro, 13 mai 1904.
(…) il y a longtemps que la comtesse de Guerne a reçu ses lettres de plus grande naturalisation artistique ; et pour personne, pas plus pour les artistes que pour les gens du monde, elle n’est à aucun degré un amateur, mais une des deux ou trois plus grandes chanteuses vivantes.
L'article sur le salon de la comtesse Greffulhe, par Marcel Proust, hélas, n'est pas paru … Il a longtemps été considéré comme perdu...
Puis, redécouvert par Laure Hillerin lors de ses recherches pour sa biographie: ''La Comtesse de Greffulhe. L'Ombre des Guermantes ''. En explorant les archives « Je suis descendu sur une petite enveloppe bleue. Sur le recto, écrit au crayon: "article sur le suivi de Calmette". Au verso, au crayon bleu 'Soirée chez ctesse G.'. À l’intérieur, huit feuilles imprimées réunies au moyen d’un trombone, numérotées au crayon bleu. A la fin, une signature: Dominique. Mon cœur battait à tout rompre: j'avais découvert l'article inédit de Proust. »
Calmette du Figaro avait envoyé les épreuves à la Comtesse pour approbation. Apparemment, Mme Greffulhe a refusé la permission d'imprimer l'article.
Mme Greffulhe a écrit vers la fin de sa vie: « Il [Proust] m'a envoyé un portrait de moi qu'il a composé après m'avoir vu, ce qui était l'un des grands désirs de sa vie. Il m'a demandé de le lui retourner si je le trouvais bien. Mais, ayant très peur de la publicité à cause de mon mari, je l'ai caché à Bois-Boudran. Hélas! Est-il perdu? »