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actualite

Albert Rouet: diagnostic d'une institution ...

Publié le par Perceval

A l'occasion de Pâques, Mgr Rouet, Archevêque de Poitiers, livre ses réflexions sur l'actualité et son diagnostic sur l’Eglise, son institution, dans le quotidien " Le Monde ":

 

« Je voudrais d'abord préciser une chose : pour qu'il y ait pédophilie, il faut deux conditions, une perversion profonde et un pouvoir. Cela signifie que tout système clos, idéalisé, sacralisé est un danger. Dès lors qu'une institution, y compris l'Eglise, s'érige en position de droit privé, s'estime en position de force, les dérives financières et sexuelles deviennent possibles. C'est ce que révèle cette crise, et cela nous oblige à revenir à l'Evangile ; la faiblesse du Christ est constitutive de la manière d'être de l'Eglise.

Aujourd'hui, on y constate un certain gel de la parole. Désormais, le moindre questionnement sur l'exégèse ou la morale est jugé blasphématoire. Questionner ne va plus de soi, et c'est dommage. Parallèlement, règne dans l'Eglise un climat de suspicion malsain. L'institution fait face à un centralisme romain, qui s'appuie sur tout un réseau de dénonciations. Certains courants passent leur temps à dénoncer les positions de tel ou tel évêque, à faire des dossiers contre l'un, à garder des fiches contre l'autre. Ces comportements s'intensifient avec Internet.

 

Prenez mon diocèse : il y a soixante-dix ans, il comptait 800 prêtres. Aujourd'hui il en a 200, mais il compte aussi 45 diacres et 10 000 personnes impliquées dans les 320 communautés locales que nous avons créées il y a quinze ans. C'est mieux.

 

L'Eglise doit-elle s'appuyer sur ses clercs ou sur ses baptisés ? Pour ma part, je pense qu'il faut faire confiance aux laïques et arrêter de fonctionner sur la base d'un quadrillage médiéval.

… imaginez que demain je puisse ordonner dix hommes mariés, j'en connais, ce n'est pas ça qui manque. Je ne pourrais pas les payer. Ils devraient donc travailler et ne seraient disponibles que les week-ends pour les sacrements. On reviendrait alors à une image cultuelle du prêtre. Ce serait une fausse modernité.

Par contre, si on change la manière d'exercer le ministère, si son positionnement dans la communauté est autre, alors oui, on peut envisager l'ordination d'hommes mariés. Le prêtre ne doit plus être le patron de sa paroisse ; il doit soutenir les baptisés pour qu'ils deviennent des adultes dans la foi, les former, les empêcher de se replier sur eux-mêmes.

C'est souvent notre manière de parler qui ne fonctionne pas. Il faut descendre de la montagne et descendre dans la plaine, humblement. Pour cela il faut un énorme travail de formation. Car la foi était devenue ce dont on ne parlait pas entre chrétiens.

 

Aujourd'hui, le risque est que les chrétiens se durcissent entre eux, tout simplement parce qu'ils ont l'impression d'être face à un monde d'incompréhension. Mais ce n'est pas en accusant la société de tous les maux qu'on éclaire les gens. … C'est à nous d'apprivoiser le monde et c'est à nous de nous rendre aimables. »


http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/03/l-eglise-est-menacee-de-devenir-une-sous-culture_1328305_3224.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20100403-[zonea]&ens_id=1314763

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Benoît XVI, les prêtres pédophiles et l’antisémitisme…

Publié le par Perceval

A l’heure où l’opinion catholique est interpelée par le scandale de la pédophilie chez les prêtres, l’institution ne semble pas se résoudre à chercher les raisons d’un tel problème… Un peu comme si nous pourrions craindre ‘ la vérité ‘ ; ce qui est paradoxal pour des chrétiens, la ‘ Vérité ‘ étant au cœur du témoignage christique !

Sans doute, serait-il – enfin - le temps d’aborder franchement la place de la sexualité dans ce qui constitue l’humain et son lien avec la spiritualité du catholicisme. Bien sûr, la pédophilie est une perversion, et le célibat n’y est pour rien… Par contre, chaque homme ou chaque femme, se situe dans son être face à sa vie sexuelle ; rejeter cette réalité peut être une raison à cette perversion … ?

La doctrine de l’Eglise est très bavarde sur une vision idéale de la sexualité du couple, mais devient inopérante, pour tout ce qui est en dehors de cette relation privilégiée…

 

Notre pape et sa curie, semblent voguer sur une barque, dont le Maître est absent. Aujourd’hui, ils se comparent à des assiégés victimes d’un fléau qui serait équivalent à l’antisémitisme … ! Rien de moins .. ! On se demande ce qu’en pense les réelles victimes et les juifs… ! Vraiment, nos ‘ monseigneurs  ‘ vivent dans un autre monde … !

La peur remplace l’espérance, et Benoît cherche le soutien des plus conservateurs. Les signes envoyés sont en contradiction avec l’attente d’un humanisme interreligieux qu’espère aujourd’hui ‘ les chercheurs en spiritualité ‘: main tendue à la minorité intégriste et intransigeance vers les progressistes…Ces derniers n’entendant plus l’appel à l’unité, quittent les bancs paroissiaux . Difficile d’y rester, avec là, un curé appartenant à l’Opus dei ( Toulouse ), et ailleurs des ‘ légionnaires ‘ du Christ ,ou de Marie qui recrutent les plus jeunes pour une ‘ nouvelle évangélisation ‘… !

Autre signe : la volonté de béatifier les papes… ! Là aussi, quelle contradiction avec l’attente évangélique actuelle qui à l’image de la ‘ faiblesse de Dieu ‘ ( Varillon, Zundel ..) attend autre chose qu’une gloire bien singulière … !

Face à tous ces ‘ signes ‘ ; difficile de ne pas comparer Benoît avec un de ses contemporains : le Dalaï-lama ; à son propos je vais simplement citer Frédéric Lenoir :

 

 

"J’ai été témoin , en 2001, en Inde, dans la résidence du dalaï-lama, d’une rencontre entre le leader tibétain et un Anglais, accompagné de son jeune fils , qui venait de perdre sa femme dans des conditions dramatiques. Lorsqu’il a entendu le récit de cet homme, le dalaï-lama s’est levé et l’a serré dans ses bras, ainsi que  le fils, pleurant avec eux pendant de longues minutes. Puis, lorsque l’anglais lui a dit qu’il était de venu bouddhiste après avoir été trop longtemps déçu par le christianisme, le dalaï-lama a fait chercher une magnifique icône orthodoxe du Christ et de la vierge Marie qui était en sa possession. Il lui a remise en lui disant : «  Bouddha est ma voie, Jésus est ta voie. » l’homme en a été si bouleversé qu’il m’a affirmé ensuite avoir retrouvé le chemin de la foi chrétienne. Cette rencontre a eu lieu sans photographe ni caméras. Le leader tibétain n’avait rien à gagner à passer deux heures avec ce père et son fils qui étaient de parfaits anonymes et qu’il ne devait initialement rencontrer que quelques minutes. Il n’a adopté aucune posture. Il était lui-même : un être humain sincère et bon qui a développé, la vertu de compassion universelle prônée par le Bouddha."

P 289 Fréderic Lenoir «  Socrate Jésus Bouddha « 

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Les prêtres et la pédophilie.

Publié le par Perceval

Attention à nos réactions…

Par comparaison : … Sur la violence dans le système éducatif ; les quelques faits divers, inacceptables, n’en sont pas moins limités et malheureusement classiques… La riposte populiste est d’en faire les gros titres par des effets d’annonce et promettre par exemple :‘ de ‘sanctuariser’ tous les lycées de France ‘ : portiques, tolérance zéro… pour aucun effet, et l’abattement des acteurs de l’éducation…

pretre et diablePour ce qu’il est de ces cas nauséeux de prêtres pédophiles ( quel contre témoignage ! ), je me méfie de tous ceux qui sont très loin de l’Eglise, mais profitent de ces faits divers pour calomnier Benoit xvi ( il y a plus intelligent à faire, si on n’apprécie pas la fonction contemporaine …), et s’en prennent injustement à la plupart de ces hommes qui ont tout donné à un idéal. Cet engagement mérite le respect… !


Je suis favorable au mariage des prêtres, et j’admets, aussi, que :

        Par son mode de vie, le prêtre manifeste que Dieu est capable de combler pleinement quelqu’un, bien que l’homme soit naturellement fait pour vivre avec une femme. Symboliquement, il anticipe ainsi ce que nous serons dans « la vie éternelle » où il n’y aura plus ni mari ni femmes, mais la plénitude de l’union à Dieu.

          Le prêtre se donne tellement pour les autres qu’il peut difficilement en même temps s’occuper d’une famille.

         

Enfin, le ‘ dogme ‘ admet que le célibat n’est pas un élément constitutif du sacerdoce….

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Un ministère ordonné féminin.

Publié le par Perceval

Journee internationale de la femmeLundi 8 mars : journée de la femme.
Que dire de l’Eglise à ce propos. Sinon, que son organisation ( et non pas sa doctrine ) nous coupe depuis trop longtemps, de la féminité. Quelle que soit l’institution, la réelle mixité - offre une panoplie d’effets positifs. Au contraire, de certains grands maîtres, Jésus était proche des femmes. Elles étaient là au plus près de la croix. Elles sont les messagères des grandes intuitions de Jésus : de la samaritaine à Marie Madeleine.


Dans l’histoire de l’Eglise, ensuite, elles ne le sont restées que trop peu. Cantonnées au rôle de ‘ vierge ‘ pour espérer avoir droit au chapitre ! « La femme est quelque chose de défectueux »  écrit par ex. Thomas d’Aquin, Somme Théologique, Ia, Q.92, a.1, s.1 


Auparavant, la tradition des hébreux a reconnu le rôle maternel divin ; d’ailleurs, chaque fois Prêtre anglicaneque Dieu est appelé " Shaddaï " dans la Bible, il est toujours question de fécondité, de tendresse et de salut comme dans la bénédiction de Jacob : Voici l'œuvre du Dieu Shaddaï, il te bénira : Des bénédictions des cieux en haut, Des bénédictions des eaux en bas, Des bénédictions des mamelles et du ventre maternel. (Gen 49 :25).


Jésus – le Vivant- Que ton Esprit (le mot « esprit » est féminin en hébreu : ruah) qui déjà appelle l’une ou l’autre à l’ordination, soit entendu par notre communanuté pour définir rapidement le sens d’un ‘ministère féminin’…


D'autant, que la situation actuelle, dans l'Eglise de France 
n'est pas rassurante:
Je vous invite à consulter:
La situation des femmes et des petites filles régresse en France dans l’Église Catholique

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2010, la spiritualité à sa place, au musée!

Publié le par Perceval

Spanish-Ambassador-Jorge-Dezcallar2010 … La spiritualité serait-elle plus acceptable, derrière une vitrine, dans un musée ?

 La comparaison est frappante. Ces messieurs, ne rayonnent-ils pas ?
 De par leur position, ils nous montrent que la civilisation ne mélange pas les torchons et les serviettes. En 2010, la ‘ vraie vie ‘ n’a que faire du ‘ spirituel ‘…

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Pasteur athée... Paradoxal...?

Publié le par Perceval

L'Eglise protestante des Pays-Bas (PKN) vient d'autoriser le pasteur Klaas Hendrikse, célèbre pour son athéisme, à prêcher chaque dimanche dans sa paroisse. Plus encore, la PKN, qui recense plusieurs millions de fidèles, projette de lancer un débat sur la question de la nature de Dieu.

«Ce que j’entends par Dieu, c’est une expérience humaine», déclare Klaas Hendrikse, lors d'une interview accordée à la Radio Nederland Wereldomroep. «Dieu n'est pas pour moi un être, mais un mot désignant ce qui peut exister entre des personnes. Si, par exemple, une personne vous dit : ‘’Je ne t'abandonnerai pas’’ et qu'elle réalise cette affirmation, il serait tout à fait convenable d'appeler (cette relation) Dieu», explique-t-il encore.

Le pasteur Hendrikse s'est fait connaître par un livre publié en novembre 2007, dans lequel il prétend que pour croire en "Dieu", il n'est pas nécessaire de croire en l'existence de Dieu. Le titre en néerlandais de l'ouvrage se traduit par "Croire en un Dieu qui n'existe pas : manifeste d'un pasteur athée".Dans son ouvrage, le pasteur Hendrikse explique que sa conviction, selon laquelle Dieu n'existe pas, s'est renforcée. "L'inexistence de Dieu n'est pas pour moi un obstacle, mais une condition préalable pour croire en Dieu. Je suis un croyant athée", explique-t-il dans son livre.


Selon la commission de l’Eglise, les propos de Klaas Hendrikse «n’ont pas une portée suffisante pour porter préjudice aux fondations de l’Eglise», affirmant par ailleurs que la vision du pasteur ne différait pas fondamentalement de celle d’autres théologiens libéraux de l’Eglise protestante.

C'est ... paradoxal... donc, intéressant à suivre...

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L'expérience de la limite - Christianisme et Ecologie -

Publié le par Perceval

Le texte ci-dessous, est composé d'extraits d'une conférence donnée par Eléna LASIDA: économiste, chargée de mission à Justice et Paix, chrétienne donc, qui relève la problématique actuelle inscrite dans le développement durable pour questionner notre christianisme .... Lumineux !Développement durable

"Le développement durable est une chance pour notre foi chrétienne d’abord parce qu’il renvoie à des questions essentielles de la vie humaine. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les conditions matérielles de la vie nous font prendre conscience d’autres dimensions de l’existence qui ont été sous-évaluées dans nos sociétés très industrialisées : la dimension spirituelle de la vie, mais également sa dimension relationnelle....


C’est une chance aussi pour nous chrétiens, accusés d’avoir réagi tardivement face à cette menace majeure qui pèse aujourd’hui sur notre planète, et, plus encore, d’avoir soutenu et cautionné l’exploitation de la nature en raison de l’appel à “ dominer la terre ” selon le Livre de la Genèse. Je pense en effet que cette accusation offre la chance de nous interroger sur notre rapport à la vérité et sur notre manière d’être présents dans le monde. Comme chrétiens, nous nous sentons habités d’une Bonne Nouvelle que nous voudrions transmettre au monde. Mais nous l’avons peut-être trop limitée à une déclaration de principes, ou à une liste de valeurs à défendre, en privilégiant la forme doctrinaire qu’elle a prise au cours de l’histoire. Nous avons aujourd’hui la chance de retrouver le sens dynamique, relationnel, vital de la Bonne Nouvelle, définie plutôt que par une vérité connue d’avance, par une vérité toujours à découvrir à travers et en dialogue avec le monde. Une Bonne Nouvelle qui ne nous appartient pas, que nous ne possédons pas, mais qui se révèle à travers toute parole capable de susciter la vie là où la mort semble l’emporter....


Je crois que nous sommes ici renvoyés au fondement même de la foi chrétienne et de la vie humaine. Nous nous trouvons en effet aujourd’hui face à des limites qui bloquent notre avenir. Or la limite est sans doute l’une des expériences les plus humaines qu’on puisse vivre. Nous sommes tout au long de la vie confrontés à des limites : des difficultés pour réaliser nos projets, des échecs, des pertes de capacités. Face à la limite, nous avons deux attitudes possibles : soit une approche négative qui regarde surtout ce qu’elle empêche, ce qu’elle entrave, ce qu’elle bloque ; soit une approche positive, qui essaye de voir ce qu’elle rend possible, ce qu’elle met en mouvement, ce qu’elle libère. Dans le premier cas, nous vivons la limite par le moins ; dans le deuxième, la limite par le plus....


YinYang terreFace aux limites environnementales auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés, de nombreuses voix s’élèvent en faveur du moins : moins de consommation, moins de production, moins de croissance, moins de mobilité. Mais s’agit-il d’abord de freiner la marche pour pouvoir durer plus longtemps ? Ou ces limites nous donnent-elles aujourd’hui la possibilité de penser nos modes de développement d’une manière radicalement nouvelle ? Si nous focalisons l’attention uniquement sur le moins, c’est-à-dire sur ce que nous avons à réduire et à perdre, cela signifie que nous croyons qu’il y a un seul modèle de développement possible et qu’il s’agit de le ralentir pour le faire durer. Mettre l’accent uniquement sur le moins signifie qu’il n’y a pas d’avenir nouveau devant nous, juste du déjà connu qu’il faut faire durer. Les limites auxquelles nous sommes confrontés nous permettent-elles d’imaginer un avenir différent ? Libèrent-elles des capacités nouvelles ? Nous permettent-elles de dire autrement la vie et ce qui fait vivre ?

....
Je crois qu’il existe aujourd’hui une multiplicité d’initiatives liées au développement durable qui révèle les différents plus qu’on pourrait gagner avec un mode de vie différent : moins de rapidité mais plus de relation ; moins de mobilité mais plus d’enracinement ; moins de productivité mais plus de proximité. Ces initiatives multiples disent la vie autrement : à travers l’attente et la surprise plutôt qu’à travers l’immédiateté et le contrôle ; à travers la liberté conçue comme responsabilité partagée plutôt que comme indépendance ; à travers la manière d’être présent et d’habiter l’espace plutôt qu’à travers la mobilité permanente.

Je crois que des mots comme frugalité, sobriété, ascèse ou sacrifice, que nous employons souvent dans le domaine religieux pour dire que l’essentiel de la vie n’est pas dans la consommation ou dans l’accès aux biens, disent encore le moins plutôt que le plus. Comment nommer le plus qui est en jeu, sans pour autant nier le moins ? Car la perte sera bien entendu inévitable : rien de nouveau ne peut naître si on ne lui fait pas de la place. Mais c’est le fait de croire qu’il y a un nouveau possible devant nous, même si nous ne connaissons pas lequel, qui inscrit la perte dans une dynamique positive et créative et fait de la traversée du désert une marche vers la terre promise.


Le développement durable nous invite donc à revisiter notre représentation de l’avenir : comment transformer la menace en promesse, la limite en nouveau possible ? Il nous faut développer pour cela une éthique de la limite. Or l’éthique de la limite résonne très fortement avec l’un des principaux mystères de la foi chrétienne : la résurrection. La résurrection n’est pas simplement la vie après la mort, ou la vie contre la mort, mais plutôt la vie qui traverse la mort, la vie qui se fraie un passage et qui émerge là où l’on ne l’attend pas. Et en ce sens la résurrection renvoie à une expérience profondément humaine, voire la plus humaine qui puisse exister : celle de l’échec qui ouvre au radicalement nouveau, celle de la limite qui libère une capacité nouvelle, celle du vide qui se met à désirer la vie.

 ....

Cette représentation de l’homme comme prédateur a souvent été associée au commandement du Livre de la Genèse de dominer la terre (Gn 1, 28), créant parfois une certaine culpabilité chez les chrétiens en raison des effets néfastes produits par une exploitation exacerbée de la nature. Pourtant, cet appel à dominer la terre s’inscrit bien dans un souci de désacralisation de la nature et de non-confusion entre Dieu et les phénomènes naturels. Il faut prendre ce texte dans son contexte et surtout en liaison avec le deuxième récit de la Création qui invite l’homme à cultiver et garder la terre (Gn 2, 15).

 ....

Mais dans le second récit de la Création, Dieu appelle l’homme pas seulement à garder, au sens de conserver, mais également à cultiver la terre. De ce fait l’homme n’est pas considéré seulement comme gardien mais également comme co-créateur. Il ne s’agit pas seulement de préserver ce qui a été créé, mais également de le faire fructifier. La création n’a pas été achevée, elle a été confiée à l’homme qui devient également responsable de la continuer.

 

homme à l'image de dieuCette idée de l’homme co-créateur permet de penser une relation entre l’homme et la nature autre que la relation de domination, en l’inscrivant à l’intérieur de l’alliance nouée entre le Créateur et sa création, avec en son centre l’humanité . La notion d’alliance résonne fortement avec la représentation de l’homme co-créateur. L’alliance suppose en effet la co-responsabilité dans un projet commun, l’interdépendance des partenaires, la relation de confiance pour prendre des risques ensemble. La nature a été donnée aux hommes pour devenir ensemble une source de vie

 ....

Troisième et dernière dimension interrogée par le développement durable : notre représentation de la transcendance. Nous vivons dans un monde où les catastrophes naturelles nous confrontent plus que jamais à l’emprise de l’imprévisible ; en même temps, nous disposons plus que jamais des moyens pour le maîtriser, le contrôler et nous sécuriser face aux imprévus. Comment dire Dieu, entre la représentation d’une transcendance qui fait peur et provoque la mort et le déni de toute transcendance ?

 ....

débat: – La co-création ne risque-t-elle pas de conduire à une absence de limite ? La co-création peut-elle autoriser les OGM, les manipulations génétiques ?


Non bien sûr, co-création ne veut pas dire faire n’importe quoi. Il y a des limites. Mais j’ai voulu différencier les notions de co-création et de sauvegarde. La sauvegarde induit l’idée qu’il s’agit uniquement de préserver pour que cela dure. L’enjeu aujourd’hui est plutôt de créer autrement, c’est-à-dire en respectant les équilibres de la nature et les équilibres humains. Il faut des limites, mais ces limites sont à décider ensemble, en concertation.

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Agora, Hypatie et les chrétiens

Publié le par Perceval

Les chrétiens parlent peu du film « Agora ».. !
agora 2Sans doute, préfèrent-ils ne pas accorder de crédit à un ‘ péplum historique ‘ qui ne peut que caricaturer les chrétiens.. Hum, je suis sceptique… Je crains plutôt que ce ne soit la peur de se confronter à des opinions désagréables à entendre; à moins que ce ne soit la paresse de se justifier, ou le peu d’intérêt pour l’histoire … ?


C’est l’histoire d’une femme ‘ Hypatie’ ( au IVème siècle à Alexandrie ) qui préfère à tout amour, celui de la philosophie…

Au fil de son récit, Agora pose deux questions fondamentales : d'abord celle de la place des sciences dans un espace religieux. Puis celle, corrélative, de l'expansion du christianisme dans l'Empire romain comme obstacle au développement scientifique dans une cité profondément marquée par la culture hellénistique.Hypathie enseignant


« Mais Agora ne tente pas de nous convaincre du contraire ; voilà un film qui, avec l'immense talent de conteur de son réalisateur, souligne ce fait indiscutable que l'expansion du christianisme a pu être un frein pour les sciences astronomiques, du fait que la présence d'un dieu unique ne s'accorde nullement à la reconnaissance de modèles cosmiques inédits qui ne mettraient pas le monde des humains au cœur de l'univers. » Eric Nuevo docteur à l’université de Picardie dans ‘ le Monde ‘



L'historien chrétien Socrate le Scolastique
rapporte dans son Histoire ecclésiastique (vers 440) :


« Il y avait à Alexandrie une femme du nom d’Hypatie ; c’était la fille du philosophe Théon ; elle était parvenue à un tel degré de culture qu’elle surpassait sur ce point les philosophes, qu’elle prit la succession de l’école platonicienne à la suite de Plotin, et qu’elle dispensait toutes les connaissances philosophiques à qui voulait ; c’est pourquoi ceux qui, partout, voulaient faire de la philosophie, accouraient auprès d’elle. La fière franchise qu’elle avait en outre du fait de son éducation faisait qu’elle affrontait en face à face avec sang-froid même les gouvernants. Et elle n’avait pas la moindre honte à se trouver au milieu des hommes ; car du fait de sa maîtrise supérieure, c’étaient plutôt eux qui étaient saisis de honte et de crainte face à elle"



En mars 415, à 45 ans, elle meurt lapidée par des chrétiens fanatiques.

 

D'après Socrate le Scolastique:


« Contre elle alors s’arma la jalousie ; comme en effet elle commençait à rencontrer assez souvent Oreste, cela déclencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens, selon laquelle elle était bien celle qui empêchait des relations amicales entre Oreste et l’évêque. Et donc des hommes excités, à la tête desquels se trouvait un certain Pierre le lecteur, montent un complot contre elle et guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu. Ce qui ne fut pas sans porter atteinte à l’image de Cyrille et de l’Église d’Alexandrie ; car c’était tout à fait gênant, de la part de ceux qui se réclamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables soient cautionnés par le patriarche. Et cela eut lieu la quatrième année de l’épiscopat de Cyrille, la dixième année du règne d’Honorius, la sixième du règne de Théodose II, au mois de mars, pendant le Carême »


Femme enseignant géométrieD'après Jean de Nikiou (Nicée), au VIIème siècle :


« En ces temps apparut une femme philosophe, une païenne nommée Hypatie, et elle se consacrait à plein temps à la magie [théurgie, selon Michel Tardieu], aux astrolabes et aux instruments de musique, et elle ensorcela beaucoup de gens par ses dons sataniques. Et le gouverneur de la cité l'honorait excessivement; en effet, elle l'avait ensorcelé par sa magie. Et il cessa d'aller à l'église comme c'était son habitude.... Une multitude de croyants s'assembla guidée par Pierre le magistrat – lequel était sous tous aspects un parfait croyant en Jésus-Christ – et ils entreprirent de trouver cette femme païenne qui avait ensorcelé le peuple de la cité et le préfet par ses sortilèges. Et quand ils apprirent où elle était, ils la trouvèrent assise et l'ayant arrachée à son siège, ils la trainèrent jusqu'à la grande église appelée Césarion. On était dans les jours de jeûne. Et ils déchirèrent ses vêtements et la firent traîner (derrière un char) dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'elle mourût. Et ils la transportèrent à un endroit nommé Cinaron où ils brûlèrent son corps. Et tous les gens autour du patriarche Cyrille l'appelèrent « le nouveau Théophile », car il avait détruit les derniers restes d'idolâtrie dans la cité. »

 

Bien sûr ce film, est au même titre, que n’importe quel roman historique, tissé de dialogues et de rencontres imaginaires, mais l’occasion est pour nous d’ouvrir un débat, autour d’une période qui fonde le canon et les rites de notre Eglise-institution, ce qui est loin d’être anodin … !

 

« Il faut dire que le héros de cette vaste fresque n'est pas un guerrier bas du front, mais une femme, la belle Hypatie, philosophe, astronome, mathématicienne, qui a vraiment existé. Alejandro Amenábar (Mar adentro, Les Autres) en fait le symbole d'une époque charnière. Celle où le christianisme dogmatique est en passe de dominer le monde occidental. Et où l'obscurantisme menace la science et la raison. Toute ressemblance ou similitude avec le monde d'aujourd'hui est évidemment volontaire et délibérée. Amenábar use du péplum comme d'un prétexte pour condamner avec virulence tous les fanatismes. Ces chrétiens, qui, en brûlant les livres, en saccageant la bibliothèque, commettent un véritable viol de la culture, rappellent des ravages plus contemporains, commis au nom de la religion. » Cecile Mury pour Télérama.


En conclusion, j’ai aimé ce film et l’interprétation de la comédienne. Je suis intéressé par les questions posées et j’espère pouvoir approfondir la connaissance de cette période, et le rôle des chrétiens. Je ne crains pas de débattre, au contraire... Nous avons le devoir de savoir ce que les chrétiens ont fait de leur religion, et dans quelles circonstances nous avons trahi le message de Jésus-Christ. Il est indéniable aujourd'hui de reconnaitre que 'le pouvoir' pervertit ' le spirituel '!

 

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Haïti .... Malédiction... Dieu...

Publié le par Perceval

Nous risquons d’entendre , de la part de certains ‘ croyants ‘, des énormités :
- C’est Dieu qui punit !   ou,
- tel le télévangéliste américain Pat Robertson: « il y a très longtemps, les Haïtiens auraient conclu un pacte avec le diable pour se débarrasser des forces oppressantes qui occupaient le pays. Et voilà qui expliquerait la catastrophe! »…! Certes, déjà au lendemain du 11 septembre, le télévangéliste était d'avis que les attentats tenaient au fait que « les Américains approuvent l'avortement, l'homosexualité et la séparation de l'Église et de l'État ». 
 

Dans l’observation d’une catastrophe naturelle, il n’y a ni sacrifice, ni épreuve … L’Humain, et donc le divin n’est que dans le cœur de ceux qui vivent un « fait naturel ». Le chrétien n’est pas idolâtre et ne met dans le fait naturel, ni bien ni mal …
La notion de mal, ne se débusque pas si facilement, ainsi dans un Etat, ‘le bien et le mal’, sont souvent synonymes de ‘légal et d’illégal’… sans plus!

Dans une telle occasion, la religion est une aide, parce qu’elle soutient les ‘ cœurs ‘, elle nous rappelle que nous ne sommes ni maudits, ni responsables. Face au mal, si je peux choisir la suite, si je suis capable d’en faire mon épreuve; je peux retrouver appui sur ce qui échappe à l’impermanence du naturel.

 

ClimatIl faut lire ce que disait l’ingénieur géologue Claude Prepetit, il y a un mois, lors d’une entrevue au Nouvelliste, un journal haïtien:

La région métropolitaine de Port-au-Prince a connu des séismes dévastateurs, de magnitude supérieure à 7 , en 1751 et 1770. Depuis lors, nous sommes entrés dans une période d’apparente quiétude pendant laquelle l’énergie continue de s’accumuler dans le sol. Le jour où les contraintes vont se relâcher avec fracas, les conséquences seront catastrophiques pour la région métropolitaine.

Dans un rapport publié quelques mois plus tôt pour le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics d’Haïti, le même M. Prepetit déplorait l’«impréparation» d’Haïti à un tel séisme, l’attribuant à la «méconnaissance  de la réalité de la menace sismique en Haïti» et aux croyances religieuses «instituant un ‘Bon Dieu bon’ préservant (Haïti) de tous les risques et désastres naturels.»


Ne rejetons pas non plus notre responsabilité ( au-delà de ce séisme ), puisqu’aujourd’hui l’homme contrôle ou le plus souvent détraque son espace naturel, au risque des plus grandes catastrophes … !


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Bonne Année 2010: Que pourrait nous souhaiter Jésus ?

Publié le par Perceval

Que signifient, ces "voeux", ces "souhaits" ?
Un désir de Bonheur, sans aucun doute, qui passerait par: la santé, la réussite, la famille, l'argent ...?

Dans l'espace spirituel .... N'y a t-il pas également un désir, pour l'expéditeur, d'une volonté de transmission..?
Yvan Amar ecrivait: " Dans le cadre de la transmission de conscience, le paradoxe est qu’il faut transmettre à quelqu’un un état d’être qui se trouve déjà en lui : il suffit d’éveiller cela. On ne doit rien donner, l’autre n’a rien à recevoir, mais pourtant il se passe quelque chose..."
Je ne sais pas pourquoi, mais j'y vois une similitude avec notre tradition des voeux ... ?

" Que la Paix soit avec vous " ( Jean 20, 19 ): Porter la paix au fond du coeur...
La " Bonne Nouvelle" n'est-elle pas, la transcription, d'une réalisation du voeu le plus sincère du Divin: Le Bonheur !


Le Bohneur selon Jésus, s'exprime parmi les Béatitudes (Matthieu 5.3, 8-10): choisissons les trois préférées de François d'Assise:
-Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux !
-Heureux ceux qui sont purs en leur cœur, car ils verront Dieu !
-Heureux ceux qui créent la paix autour d'eux, car Dieu les appellera ses fils !
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C'est pour aujourd'hui! : " Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez" Jean 13, 17.

Alors, partons vers 2010: Bonne route!

 Où est mon chemin ? Où est mon coeur ?
"Où est ton trésor, là aussi sera ton cœur "
Je ne suis qu'au début d'une Quête, et je me souhaite, je vous souhaite de ne pas craindre les questions...

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