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Lionel RAY

Publié le par Perceval

Bignon La lettre Mutrecy 1923Seconde après seconde le soleil
entre dans la chambre, il est venu
de la proche montagne, a traversé
l’écroulement silencieux des nuages.

 

Temps jadis repassage rayons soleil

 

 

Puis l’haleine de la clarté toucha
les toits et les vitres, et de mouvantes
géométries sont apparues sur la table
et le papier, cheminant entre les doigts.

 

 

 

Bignon La lessive Mutrecy 1927

 

 

Entre les mots, dans les zones indécises
du silence, et tu te demandais
si cela qui vibre sur la page était

 

Bignon Confitures Mutrecy 1923

 

 

du temps, un temps très ancien,
visiteur furtif qui approche à pas feutrés
puis disparaît sans écho.

 

 

 

Ce poème est de Lionel Ray. Les photos de Fernand Bignon (1888-1969)

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L’attention et Perceval

Publié le par Perceval

Chez Chrétien de Troyes, Perceval échoue dans la première partie de sa quête, par son incapacité à questionner … et certains de lier cette faculté à une forme d’attention…

Je rapporte ci-dessous, des extraits d’une thèse de Christophe Imperiali : « En quête de Perceval. Étude sur un mythe littéraire »Complexe de Perceval oser la question

 

Il est à noter que Perceval, ne connaissait pas son nom ( non-connaissance de soi ). Et, pour comprendre les « signes », il est évidemment nécessaire de « se connaître ». ( cf Ricœur ).

Devant le cortège du Graal, deux questions s’entrechoquent : «  Qui l’on sert ?», «  A qui est-il parlé ?». «  Car si celui à qui on sert l’objet graal est peut-être un vieux roi « esperitaus », celui à qui on sert le signe graal, en revanche, est assurément le questionneur lui-même. Et s’il avait vraiment fallu que la question de Perceval restaure un ordre perturbé, sans doute est-il plus fondé de supposer que la réponse l’aurait concerné lui plutôt que le vieux roi, et que c’est de sa propre transformation que le geste rédempteur aurait pu venir. » Christophe Imperiali 

 

« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.

Il est donné à très peu d’esprits de découvrir que les choses et les êtres existent.

Depuis mon enfance je ne désire pas autre chose que d’en avoir reçu avant de mourir la révélation complète. […]

Cette découverte fait en somme le sujet de l’histoire du Graal. Seul un être prédestiné a la capacité de demander à un autre : « Quel est donc ton tourment ? » Et il ne l’a pas en entrant dans la vie. Il lui faut passer par des années de nuit obscure où il erre dans le malheur, loin de tout ce qu’il aime et avec le sentiment d’être maudit. Mais au bout de

questholygrail

tout cela il reçoit la capacité de poser une telle question, et du même coup la pierre de vie est à lui. Et il guérit la souffrance d’autrui. » SIMONE WEIL et JOË BOUSQUET, Correspondance, Lausanne: L'Age d'Homme, "Le Bruit du temps", 1982, pp. 18-9.

 

 


 

Perceval, en effet, ne prête que rarement attention aux autres,

 

« ni aux chevaliers qui l’interrogent dans la forêt et auxquels il ne répond pas ; ni au désespoir de sa mère et à l’histoire familiale qu’elle lui conte ; ni à cette mère, tombée devant le pont-levis ; ni aux larmes de la demoiselle de la tente ; ni à la mélancolie du roi Arthur ; ni à la détresse de Blanchefleur ; ni au regard que pose sur lui le Roi Pêcheur, à la langue et aux membres liés. Voilà la cause de son échec. » ZINK, "Le Graal, un mythe du salut", pp. 79-80.

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L’attention selon S. Weil

Publié le par Perceval

Simone Weil 3«Quand on fait vraiment attention à quelque chose, de toute son âme, cette chose se donne à vous».

 



« Le poète produit le beau par l'attention fixée sur du réel. »mandala tibetain


 

 

 

« Il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention beaucoup plus violemment que la chair ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C’est pourquoi, toutes les fois qu’on fait vraiment attention, on détruit du mal en soi. »

 

 

« L’attention absolument pure est prière. »

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L'amour divin, n'est pas celui d'une mère.

Publié le par Perceval

Intéressant, la remarque d’André Conte-Sponville :

« J’ai vécu la perte de la foi comme une libération plutôt que comme un deuil. .. « Enfin, seul ! » (Jules Renard )… : Quelle liberté soudain, quelle légèreté ! Quoi de plus pesant qu’un regard omniscient ?

C’est un regard d’amour. Raison de plus ! Qui voudrait vivre toujours sous le regard de sa mère ?... »

 

Morale amourParler de l’expérience de dieu, c’est revoir constamment nos définitions, nos images, un peu paresseuses..., que nous reprenons sur Dieu, mais aussi sur la Vérité, ou comme ici, sur l ‘Amour divin.

Pour évoquer la relation que Dieu entretient avec l'Homme; nos Textes évoquent l’amour d’une mère ... mais ce ne peut être qu'une "analogie", évidemment ...

Cet Amour divin, n'est entaché d'aucun désir de possession... Souvent il s'en démarque, ainsi l'attitude même de Jésus, qui s'écarte volontairement de sa famille et appelle à quitter père et mère… pour plus grand...  Le Dieu d'Abraham, est un Dieu inattendu qui demande de tout quitter, de ne s'attacher ni à sa femme, ni à son fils ( Isaac )... C'est un dieu qui fustige toute idole, même éventuellement la sienne...

 

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Qui est Jésus ?

Publié le par Perceval

Question bien différente que celle qui est posée par Jésus lui-même …

« Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Marc 8,29


JésusEn effet, cette question sous-tend, que Jésus se serait, par exemple, lui-même défini ainsi : « je suis Dieu », ou « je suis l’égal de Dieu » : ce qui eut été, à mon avis, contraire à la pédagogie même de Jésus ! Et de plus ... je pense que Jésus  a eu la divine intuition de ne rien en dire ....!

Aucune trace de tels propos dans les synoptiques… L’Evangile de Jean, ( rédigé entre 80 et 100) est déjà une réflexion théologique sur ce qui s’est passé... Ensuite, affirmer « être Dieu » ne conduit-il pas naturellement vers l’hôpital psychiatrique !


Chez Paul, Jésus est « l’image du Dieu invisible »( Col 1,15). Il est le Christ, le Seigneur, le fils de Dieu … Paul et les apôtres, premiers théologiens, tentent de traduire en langage théologique la réalité de l’expérience vécue ( et qu’ils continuent de vivre …). C’est ainsi, que l’Evangile de Jean, me semble comme un extraordinaire témoignage de la Présence de Dieu et de sa Révélation. Samaritaine icone


Répondre à cette question : « Pour vous qui suis-je » est une invitation à se construire soi-même une réponse.

Je serais, éternellement, redevable que cette réponse, puisse s’élaborer au sein d’une Tradition - riche de plusieurs siècles de débats théologiques, de prières et de témoignages – qui n’a pas craint de relever dans l’extrême humanité de Jésus, la totalité du Divin … Quel génie d’avoir ainsi fait descendre la toute puissance du dieu jupitérien, dans ce galiléen mort dans l’infamie du supplice de la croix !!!


« Au cœur de la foi chrétienne, il y a cette conviction que le Christ est le visage de Dieu. A travers lui, nous sommes en communion avec Dieu » Bernard Sesboüé.


Et à ce propos, je lis un billet de Rémi Brague dans « le Monde des religions N° 45», qui cite un une petite tragédie de Pouchkine : Mozart et Salieri. Ce qui amènera Salieri à tuer Mozart s’explique par cette scène où Mozart laisse massacrer un air des Noces de Figaro par un violoneux rencontré dans la rue … Alors que Mozart s’esclaffe et donne un pourboire au mendiant, Salieri est indigné par ce qu’il considère comme un sacrilège : « Mozart, tu n’est pas digne de toi-même ! ». Puis, « Mozart, tu es un dieu, et toi-même tu ne la sais pas ; moi, je le sais, moi. » (…)
- Savoir mieux que Dieu lui-même ce que Dieu devrait être !
La mort de Dieu, ou Dieu mis à mort … Cette fable de Pouchkine, illustre bien, à mon avis, les anathèmes contre ceux qui ne disent pas précisément la définition, que l’on a donnée de Dieu…

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La croyance religieuse

Publié le par Perceval

Croire, est le propre de notre vie : Effectivement, nous vivons sur un réseau de certitudes que nous ne remettons pas en question …
Augustin-dHipponeToute croyance , propose un horizon d’interprétation globale de ce qui peut-être tenu pour vrai avec de bonnes raisons … Il y a toujours un arrière fond de croyances fondamentales à laquelle aucune pratique de connaissance ne peut échapper …

Si « Croire », c’est tenir pour vrai : je reconnais la difficulté de ne pouvoir partager cette connaissance, à la manière d’un « savoir »… C’est un peu comme si « croire » était un « mode déficitaire » du savoir, une conviction mal fondée, puisque je ne peux pas « obliger » quelqu’un à partager cette connaissance.
Cependant, je souhaite comprendre, expliquer et justifier cette démarche croyante…

Croire, c’est trouver dans la « Tradition », des discours à partir desquels je peux donner un sens à mon existence… Je peux ainsi interpréter ma vie, (comme un texte..). Trouver « un sens à sa vie » est une démarche volontariste… Un travail d’interprétation.


Mohammed--Jesus-et-BouddhaAussi, je reconnais en ce monde, qu’un « croire » ne peut pas être universel, qu’il est propre à une tradition, à un temps donné … Il est facilement reconnaissable, que nous voyons, chacun, le monde de manière différente : Mon croire, n ‘est en rien transposable au monde musulman, au mode bouddhiste ou hindouiste …
Ainsi, pour moi « Croire en Dieu », c’est me comprendre face à un Dieu, dont je suis « à l’image », et c’est quelque chose de spécifiquement judéo-chrétien…
Peut-être, est-il universel, de dire que : La religion a toujours à voir avec l’interprétation de soi dans son existence ; parce que nous sommes des êtres conscients de soi …


Pour ce qui est d’une spiritualité occidentale, n’y aurait-il pas à en fondement, la nécessité de devoir déterminer un point de vue extérieur à soi ( un point de vue transcendant ), face auquel on peut penser l’intégralité de son existence ?

Le religieux chrétien s’intègre dans un « existentialisme » et n’a pas à voir directement avec le « bien être » de l’individu… Il contraint l’homme à articuler sa question du sens autour de son mal être, constitutif de son être… Il y a une tension en lui, une non-adéquation à soi et c’est uniquement face à Dieu, qu’elle peut être articulée … Cette conception n’est pas développée ainsi par d’autres religions … C’est une vision très réaliste de ce qu’est être un homme, cette vision peut être à validité universelle, ce qui ne veut pas dire qu’elle est universelle …

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La Beauté et les mots des poètes

Publié le par Perceval

A une passante

 

 

La rue assourdissante autour de moi hurlait.blanchewallet

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d'une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

 

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

 

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté

Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

 

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !

Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

 

Charles Baudelaire (les fleurs du mal)

 

DOROTHEA TANNING room202


"...Ah! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil! L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu..." 

Baudelaire  Le Spleen de Paris

 


 

" ...Il y a plus puissant que les actes et le mots. Ceux-ci ne sont finalement que ce qui nous sert à participer au quotidien commun, ce sont des échelles qui partent de notre fenêtre pour atteindre à la maison du voisin. Nous n'en aurions guère eu besoin si nous étions restés des solitaires, chacun sur une étoile, et de fait nous n'en usons point dans les instants où nous nous sentons tellement solitaires. Nous sommes alors tout pleins d'une expérience moins bruyante, nous sommes de retour dans un pays aux usages sacrés et secrets, en toute inactivité nous créons, et nous sommes au-delà des mots. " Rainer Maria Rilke, extrait de La valeur du monologue (1898) Cuisine pie-baking

 

 

 

Ils appellent mystique toute expérience sensible quand elle est réfléchie.
Ainsi une pomme devient mystique quand j'y goûte
l'été et les neiges, le sauvage désordre de la terre
et l'insistance du soleil.

Autant de choses que je puis sans faute goûter dans une bonne pomme
Bien que certaines pommes aient surtout un goût d'eau, humides et acides
et d'autres le goût de trop de soleil, douceur croupie
d'une eau de lagune recuite au soleil.

Si je dis que je goûte ces choses dans une pomme, on me dit mystique et cela signifie menteur.
La seule façon de manger une pomme, c'est de la bouffer comme un cochon
et de ne rien goûter
de ce qui est réel.

Mais si je mange une pomme, j'aime la manger avec tous mes sens éveillés.
La bouffer comme un cochon, j'appelle ça nourrir les cadavres.

D.H. Lawrence, 'Derniers poèmes' ('Last poems'), traduits par Lorand Gaspar et Sarah Clair, Gallimard, Paris, 1996.

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Voir la Beauté

Publié le par Perceval

« Regarder une chose et la voir sont deux actes très différents. On ne voit quelque chose que si l'on en voit la beauté. Alors, et alors seulement, elle vient à l'existence. VanGoghCielEtoile1À présent, les gens voient des brouillards, non parce qu'il y en a, mais parce que des poètes et des peintres leur ont enseigné la mystérieuse beauté de ces effets. Des brouillards ont pu exister pendant des siècles à Londres. J'ose même dire qu'il y en eut. Mais personne ne les a vus et, ainsi, nous ne savons rien d'eux. Ils n'existèrent qu'au jour où l'art les inventa. » Oscar Wilde, Le Déclin du mensonge (1928)

 

Il me semble, que l’on pourrait – par analogie et, pour ceux qui ne comprennent pas l’engagement dans une démarche spirituelle - remplacer Beauté par Divin, remplacer poètes par apôtres, saints, ou maîtres spirituels… Quant au terme invention, je le prends dans le sens de la recherche scientifique : une étoile est inventée par celui qui la découvre …

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Van Gogh

Publié le par Perceval

Eglise-Auvers-sur-Oise-Van-Gogh-HommageL'art est sacré lorsqu'il ne me laisse pas intact, lorsqu'il me fait participer à une vie plus grande: l'Eglise d'Auvers existe toujours, et nous passons aujourd'hui devant elle comme devant n'importe quel édifice. Mais lorsque Van Gogh la transfigure, elle nous fait revivre une agonie et une résurrection. les murs de pierre grise et les toits de brique sont devenus chair et sang, sous la poussée d'un ciel d'un bleu torride et noirci de serpents de couleur. Mes muscles se tendent pour résister à cet écrasement, ils sont parcourus par toutes les tensions de ces murs gémissants, de ces tuiles sanglantes, de

eglise-d-auvers-sur-Oise-Van-Gogh

cette église arc-boutée au sol pour résister à la tenaille des chemins reptiles qui l'enserrent déjà et à la pesée du ciel. Je participe tout entier à cet effort vers une impossible victoire.


Roger Garaudy. Avons-nous besoin de Dieu ? DDB, 1993, page 200

 

 

 

 

" Cette église semble craquer sous les poussées du ciel et de la terre. Elle n'est pas un paysage mais un portrait de l'âme de Van Gogh, que l'angoisse de la fin du XIXe siècle conduisit à la folie et au suicide".

 

(Roger Garaudy, "Comment l'homme devint humain", Editions J.A, 1979)

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Proust et la religion

Publié le par Perceval

Proust ( juif par sa mère ) est élevé dans la religion catholique.

S’il est agnostique, il semble gêné par une laïcité qui désaffecterait les églises ( article 1919 :  « La Mort des cathédrales » ).Monet Rouen

 

« On peut dire que grâce à la persistance dans l’Eglise catholique des mêmes rites et, d’autre part, de la croyance catholique dans le  cœur des Français, les cathédrales ne sont pas seulement les plus beaux monuments de notre art, mais les seuls qui vivent encore leur vie intégrale, qui soient restés en rapport avec le but pour lequel ils furent construits » et encore « Quand le sacrifice de la chair et du sang du Christ ne sera plus célébré dans les églises, il n’y aura plus de vie en elles ».


Dans  « La Recherche … » Le narrateur n’est ni juif ni homosexuel. Albert Bloch est l’écrivain israélite assimilé et honteux de ses origines. Charles Swann est le prince des élégances mondaines, juif et dreyfusiste. La religion catholique est rattachée à une France profonde et superstitieuse …

 

  • La religion de la beauté ?

proust-by-pericoliLa seule religion célébrée par Proust n’est pas seulement, celle de la Beauté, celle-ci n’étant pas sans ambigüité …( nous en reparlerons ... )

 

 

Il semble que Proust affectionnait une certaine « religiosité » :

Voici deux passages:


- Celui-ci est situé juste après le célèbre épisode de la madeleine :

« Je trouve très raisonnable la croyance celtique que les âmes de ceux que nous avons perdus sont captives dans quelque être inférieur, dans une bête, un végétal, une chose inanimée, perdues en effet pour nous jusqu’au jour, qui pour beaucoup ne vient jamais, où nous nous trouvons passer près de l’arbre, entrer en possession de l’objet qui est leur prison. Alors elles tressaillent, nous appellent, et sitôt que nous les avons reconnues, l’enchantement est brisé. Délivrées par nous, elles ont vaincu la mort et reviennent vivre avec nous. »


- L’autre est consacré à la mort de Bergotte ( La prisonnière ):  ci-dessous Anatole FranceAnatole France-copie-1

« Certes les expériences spirites pas plus que les dogmes religieux n'apportent de preuve que l'âme subsiste. Ce qu'on peut dire c'est que tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d'obligations contractées dans une vie antérieure; il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre pour que nous nous croyions obligés à faire le bien, à être délicats, même à être polis, ni pour l'artiste athée à ce qu'ils se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Ver Meer. Toutes ces obligations qui n'ont pas leur sanction dans la vie présente semblent appartenir à un monde différent, fondé sur la bonté, le scrupule, le sacrifice, un monde entièrement différent de celui-ci, et sont nous sortons pour naître à cette terre, avant peut-être d'y retourner, revivre sous l'empire de ces lois inconnues auxquelles nous avons obéi parce que nous en portions l'enseignement en nous, sans savoir qui les y avait tracées, ces lois dont tout travail profond de l'intelligence nous rapproche et qui sont invisibles seulement - et encore ! - pour les sots. De sorte que l'idée que Bergotte n'était pas mort à jamais est sans invraisemblance. » 


La religion de Proust est empreinte de religiosité païenne et chrétienne, elle est dénuée de morale. L’art est son moyen ( médium ) d’expression …

 

Proust mort

 

 

 

 

 

" Je suis allé le voir sur son lit de mort rue Hamelin ... un homme qui donnait vraiment l'impression d'un dépouillement total ... on peut dire que c'était ce qui restait de quelqu'un qui avait laissé son oeuvre le dévorer  jour après jour ". François MAURIAC

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