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1941

1941 – L'Angleterre – Merlin – Dora Russell - Vanessa Bell, Quentin

Publié le par Régis Vétillard

Merlin dictant un poème à l’historien Blaise

Lancelot n'hésite pas à interroger W. J. Stein sur Merlin, personnage auquel il s'est attaché depuis qu'il est en Grande-Bretagne, et sur lequel il prépare un livre.

Stein a étudié les origines de cette figure dans la mythologie et dans le christianisme primitif. Il tente de rapprocher la Quête du Graal, de la recherche de la Pierre philosophale des alchimistes médiévaux.

- Pourquoi vous êtes-vous intéressés à Merlin ?

- A Merlin et à la Tradition Arthurienne... Parce que ces histoires sont un « code populaire » pour une transmission alchimique des mystères de la Sagesse des Anciens. Des anciens qui ont compris que le but de tels ''mystères'' étaient de transformer la Société, et de préparer l'humanité au Monde moderne...

- Une tradition un peu paradoxale... ?

- Exactement, puisqu'elle invite à ne pas s'attacher au confort d'une mentalité reçue... Il s'agit de découvrir sa propre originalité. C'est une Quête personnelle, pour un projet global...

- Et la Pierre philosophale ?

- C'est l'être humain, l'être en devenir.

Saint Kentigern convertit Merlin (Myrddin) à la foi chrétienne, d'après un vitrail à Stobo Kirk en Écosse

La transmission d’une telle connaissance est toujours codée. En anthroposophie, nous disons que « le chevalier qui rayonne de toutes les couleurs » est finalement victorieux. Nous tirons cela de la science des couleurs... Les couleurs sont en rapport avec la nature des forces qui agissent sur notre corps psychique... Bref !

La pratique, l'immersion dans les contes et légendes de la chevalerie et de l’histoire d’Arthur.. Une telle connaissance nous permet de guérir d’un état de déséquilibre (maladie) à un état d’équilibre (santé). Nous retrouvons là le travail des alchimistes, qui étaient aussi des médecins.

En homéopathie, je travaille sur le même concept, celui du principe de similitude. Je m'égare peut-être, revenons à ce qui vous intéresse, le Graal ...

- Tenez... J'aime bien l'idée de '' l'épée brisée ''. Vous savez que Chrétien de Troyes est mort en laissant son œuvre principale inachevée. D’autres ont repris le travail pour le terminer... Dans les continuations de Manessier, ou de Gerbert, ils partent tous deux de l’endroit où Perceval tente, réussit presque de réunir l'épée... Cette épée ( spirituelle) sera à nouveau rendue entière (opérante) à partir des fragments de la tradition.

L'épée brisée est une énigme, et l'épée ressoudée est la clef. Et, il s'agit aussi, à mon avis, de la continuation, aujourd'hui, de la tradition arthurienne...

Dora and Bertrand Russell

Lancelot retrouve Dora Russell (1894-1986) , qui l'avait accompagné dans sa visite de Cambridge, en 1920, et en particulier l'avait intéressé aux nombreuses sociétés qui fleurissent ici. Actuellement, elle a quitté l'éducation pour travailler pour le ministère de l’Information. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle travaille à la publication d'un journal en Union Soviétique, Britansky Soyuznik (The British Ally), porte parole des britanniques sur la guerre. Dora a beaucoup voyagé, elle a visité l'Union Soviétique. L'année suivante elle est allé avec Bertrand Russell en Chine et au Japon. Malade, B. Russell avait même été annoncé mort dans la presse japonaise.

Dora a eut deux enfants, avec Russell, mais aussi deux autres avec un journaliste américain, Griffin Barry. Elle s'est séparée de Russell en 1932.

Dora est féministe ; avec Russell ils ont exprimé des opinions peu conventionnelles sur la fidélité dans le couple, l'égalité hommes-femmes et sur l'éducation des enfants.

A la fin des années 1920, Bertrand et Dora ont eu des aventures amoureuses avec d'autres personnes ; mais chacun souffrait d’amertume et de jalousie. C'est en 1928, lors de ses conférences aux Etats-Unis, que Dora a rencontré Griffin Barry. Il l’a rejointe en Angleterre peu de temps après... Bertie ( B. Russell) lui était en relation avec Ottoline Morrell et l’actrice Constance Malleson.

Dora, ne regrette rien de ces douze années passées avec Bertie, elles ont été incroyablement fructueuses. Dora a eu quatre enfants, a publié quatre livres, a fondé une école, s’est présentée au Parlement.

Actuellement, Dora s'occupe de ( materne..?) Pat Grace, un marginal, qu'elle a pris comme secrétaire à Beacon Hill, l'école fondée par elle et Bertrand Russell, et qu'on ne remarque que de sa présence sombre et muette. Elle va cependant l'épouser.

Quand la guerre s'est déclarée en Europe, B. Russell était aux États-Unis, et il y est encore; et donne des conférences à l’Université de Chicago, de Los Angeles. On lui a proposé un poste à New York, mais a du démissionner, en raison du scandale provoqué par ses opinions progressistes, en particulier sur la sexualité.

Vanessa Bell 1932

Vanessa Bell (1879-1961), est la sœur de Virginia Woolf et une figure du groupe de Bloomsbury, Lancelot l'a fréquentée lors de son séjour en Angleterre l'été 1920. Elle connaît bien Anne-Laure de Sallembier avec qui elle entretient une correspondance régulière.

Beaucoup, du fameux groupe sont morts, Lytton Strachey, Carrington, Roger Fry ; Julian Bell, fils aîné de Clive et de Vanessa, mort à la guerre d'Espagne. Et tout récemment, Virginia Woolf s'est suicidée ce 28 mars 1941, dépressive elle s'est remplit les poches de cailloux puis est entrée dans une rivière derrière Monk's House, sa résidence. Elle a écrit une belle lettre à son mari, Leonard.

Quentin Stephen Bell ( 1910-1996) est un artiste et historien de l'art, neveu de Virginia Woolf, fils de Clive et Vanessa Bell. Lancelot, accompagné de Quentin et de son amie Anne Olivier Popham, qui travaille aussi au ministère de l'Information, vont rejoindre Vanessa à Charleston Farmhouse dans le Sussex. Une maison très à l'écart qui avait appartenu à un domaine fermier. Vanessa, ses deux fils, son amant Ducan Grant, emménagent en 1916. Au début, il s'agissait plutôt d'une maison de vacances. On y voit de belles cheminées des passages étroits en pierre entre de nombreuses petites pièces. A l'époque, ils se couchaient à la lueur des bougies. Là, Quentin montre, le papier peint au pochoir – une idée de Duncan Grant – qu'il a aidé à réaliser en 1939. Des rideaux de leur création, des portes peintes, placard de cuisine décoré et des tableaux de Vanessa... « Ça sent la térébenthine et les vieux livres ».

Quentin Bell

Quentin se souvient des rires qui ponctuaient leur étrange vie de famille. « Ma mère est le génie de cet endroit et sa main est partout. ». Cet entourage de cheminée est peint par elle. Beaucoup de faïences conçues par Ducan Grant, et des bols par Quentin. Une pièce est devenue le salon d'étude de Clive, quand il est venu les rejoindre ici, au début de la guerre. Quentin décrit son père comme un libertin, un hédoniste, un esthète intellectuel... et le couple de ses parents comme « un modèle d’infidélité conjugale ». Malheureusement, le pacifisme intégral de Clive, fait que d'après Quentin, il a finit par justifier le fascisme. Insupportable !

A présent, Vanessa a décidé de rénover toute l’extrémité nord de la maison à l’étage pour son logement, sa chambre, sa nouvelle salle de bain et sa bibliothèque.

Quentin a pris la chambre de Maynard Keynes, après que sa mère en ait épuré sa décoration et l’ait peinte en blanc et en gris pâle. Le pare-feu de la cheminée a été décoré par Duncan Grant, et au-dessus se trouve une peinture de la maison, par Vanessa Bell.

En 1937, Julian, le frère aîné de Quentin, a été tué pendant la guerre civile espagnole à l’âge de 29 ans, alors qu’il conduisait une ambulance. « Charleston semblait être devenu l’endroit le plus triste du monde ».

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1941 – L'Angleterre – La guerre

Publié le par Régis Vétillard

En Bretagne, Lancelot devait prendre contact avec une personne du cabinet du Préfet, le seul avec qui il pouvait faire part de son passage et de sa mission en Angleterre ; éviter absolument tout échange avec le préfet, le pétainiste Feschotte.

Ernest Sibiril a fait de son chantier naval de Carantec un centre d’évasion vers l’Angleterre, dès 1940

Un départ est prévu de Carantec lors de la prochaine nuit sans lune. Le réseau d'évasion est organisé par Ernest Sibiril, avec son chantier de construction navale, qui permet de construire et remplacer les bateaux partis en Angleterre sans éveiller les soupçons des Allemands.

Les bretons, ont très tôt exprimé leur esprit de résistance. Les enterrements de pilotes ( anglais) abattus ou de marins dont le corps est rejeté par la mer donnent lieu à des manifestations publiques importantes. On signale une tombe particulièrement visitée, qui disparaît sous les fleurs.

Ils sont huit, sur un petit voilier peint en noir. Ils ont de la chance, la brume tombe et les cache des avions de chasse. Après 23 h de traversée, il arrivent, transis de froid, dans le port anglais de Fowey.

Lancelot, sans qu'il en est été averti, est pris en main, dès son arrivée par les services de l’Intelligence Service... Sachant son appartenance à la franc-maçonnerie et son intérêt pour le Graal, disent-ils, ils le mettent entre les mains de W. J. Stein.

Avec son accord, il signe une charte qui le contraint à ne rien divulguer , sinon à ses supérieurs, de ce qu'il va apprendre, et de faire valider ses rapports pour Vichy, par l'IS.

W. J. Stein

Walter Johannes Stein (1891-1957), est un philosophe autrichien, professeur d’école Waldorf, et c'est vrai, ''chercheur du Graal'', et surtout l’un des pionniers de l’anthroposophie - la science de l’esprit - fondée par le philosophe autrichien Rudolf Steiner.

C'est en en 1910, alors qu'il étudiait le Parzival de Wolfram von Eschenbach ( XIIIe s.), que Walter Johannes Stein est tombé sur les écrits de Rudolf Steiner. Il a ensuite régulièrement enseigné et donné des conférences à l’école Waldorf de Stuttgart.

Stein est juif, et résolument anti-nazi. En 1939, il est naturalisé britannique, il divorce et se remarie avec Johanna Lungen. Cependant, il vit chez elle, ou dans la maison de Rachel Carr, une femme riche de la bonne société londonienne et celle-ci estima que Lancelot de Sallembier devait vivre chez un lord. Elle le confie à Lord Dhuston, freemason.

La Grande Loge se réunissait encore, après une hésitation due à la guerre, les premiers mercredis du mois, mais dans l'après-midi, au lieu du soir.

Pendant le Blitz, les habitants de Londres s'abritent dans le métro la nuit. Les travailleurs du marché de Covent Garden et les occupants des bâtiments autour préfèrent, à la station de métro Holborn, les sous-sol de Freemasons' Hall, débarrassés de toutes les archives. C'est aussi, sans-doute, parce que chaque matin, le grand secrétaire de l’époque, Sydney White, et sa secrétaire, Mlle Haigh, leur fournissent le thé et les sandwichs.

Métro pendant le Blitz

Stein a plusieurs cordes à son arc ; il s'intéresse à la médecine et pour pallier le manque de remèdes, il propose, selon les indications de Rudolf Steiner, différentes solutions homéopathiques. Il travaille également la question économique, en particulier le domaine monétaire, la libre circulation du commerce et la formation d'une banque mondiale. Il lui arrive de rencontrer Churchill, et confie à Lancelot, qu'un jour le premier ministre l'a interrogé sur l'occultisme nazi, qu'il connaît bien...

Je reviens sur cette idée de ''Gouvernement mondial'' au cœur des discussions sur l'après guerre. Le seul objectif est enfin, la Paix ! L'Indien Tagore vient de publier ses réflexions dans un recueil intitulé '' Vers l'Homme universel''. Klaus Mann (un fils de Thomas Mann) écrit : « Je crois à la civilisation universelle et indivisible à laquelle ce siècle aspire . » ( Le Tournant) ; il discute avec H.G. Wells de « la nécessité d’une “République mondiale” après la guerre ».

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1941 - L'Angleterre – Les Windsor - Rudolf Hess

Publié le par Régis Vétillard

Le régime de Vichy, vient d'être gêné par la visite ''officielle'' du colonel Groussard à Winston Churchill en vue d'accords secrets ; il devra le désavouer et même l'arrêter ( 15 juillet 1941)...

Lancelot est envoyé en Angleterre, sans aucun mandat cette fois-ci, et avec l'objectif principal d'en ramener de l'information sur les quelques rumeurs d'une possible entente entre le Royaume-Uni et l'Allemagne.

De plus le Service de Renseignements de Louis Rivet, sans habilitation officielle, cherche à être reconnu comme tel et comme partenaire par l’Intelligence Service. Lancelot, doit transmettre oralement certaines informations, préparées par Gustave Bertrand, à propos de travaux sur les codes allemands , un travail de cryptanalyse qui s'opère clandestinement avec les britanniques ; ainsi que ce livre de Brentano qui occupe ses pensées tant qu'il ne l'a pas remis...

 

Le 22 juin 1941, Hitler a lancé l'opération Barbarossa : l'attaque contre l'Union Soviétique.

Si pour Vichy, cela représente un tournant positif, attendu; avec chez la plupart des dirigeants de l'Etat français, la possibilité de favoriser l'esprit de collaboration, au nom de l’anticommunisme ; Vichy s'interroge des raisons qui ont conforté l'Allemagne dans la décision d'ouvrir un front à l'est, et si cela pouvait signifier l'abandon des hostilités contre le Royaume-Uni...

 

Eté 1941, que savons-nous, pour l'instant ?

Si Hitler, dans Mein Kampf, annonce ses projets; il n'y manifeste aucun désir d'entrer en conflit avec la Grande-Bretagne.

L'Angleterre, se montrait beaucoup plus soucieuse de nos entreprises coloniales; qui préparaient la fondation d'un magnifique empire, que de l'accroissement de la puissance germanique.

Edward VIII

Au cours des années trente, une partie de l’aristocratie anglaise semblait fascinée par Hitler et le nazisme, seuls remparts, selon elle, contre le communisme.

Les origines hanovriennes de la dynastie anglaise créaient un lien très fort avec l'Allemagne.

Au cours de la Première Guerre mondiale en 1917, le roi George V, alors que le Royaume-Uni se bat contre l'Empire allemand, choisit le nom de Windsor, pour effacer la consonance germanique des souverains Saxe-Cobourg-Gotha.

Le 20 janvier 1936, Edouard VIII devient roi, et se présente à la fenêtre du palais avec sa maîtresse Wallis Simpson. Des rapports évoquent la visite du cousin du roi, Charles-Edouard de Saxe-Cobourg-Gotha, au nazisme affiché, et sa mission de convaincre Edouard VIII de signer un traité d’alliance avec Hitler. En mars, alors que l’Allemagne, en dépit du traité de Versailles, envahit la Rhénanie, Edouard VIII s’oppose à toute intervention militaire franco-britannique.

Oswald Mosley and Diana Mitford

Le Premier ministre Stanley Baldwin estime que le souverain sort trop souvent de sa réserve et affiche un peu trop ses affinités avec l’Allemagne hitlérienne. Outré, il commence à évoquer déjà l’abdication du roi ; il lui aurait offert le moyen de le faire, avec l'avantage de pouvoir épouser Wallis, alors réfugiée en France.

Lorsque l’abdication est annoncée, le fasciste Oswald Mosley, menace avec ses ''chemises noires'' de prendre d’assaut le palais et sauver le roi.

En France, Charles Bedaux ( homme d'affaire franco-américain), en 1937, accueille le duc de Windsor et Wallis Simpson pour leur mariage au château de Candé. Il leur organise un voyage en Allemagne, et leur fait rencontrer Hitler.

 

Le 10 mai 1941, 22 h 34 – L'adjoint du Führer Rudolf Hess fait un atterrissage surprise en Écosse à Floors Farm, près d’Eaglesham. Il annonce être en relation avec le jeune duc d'Hamilton, aviateur écossais.

Effectivement Hess et Hamilton se sont rencontrés, pendant les Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin ; auxquels Douglas Hamilton participaient. Il fut présenté à Hitler, invité par Goering... Il avait déjà rencontré l'ambassadeur à Londres, Ribbentrop, à la Cour de St James’s, et connaissait le géopoliticien Albrecht Haushofer, conseiller de Hess.

Actuellement, Hamilton est responsable de la défense aérienne en Écosse.

Je rappelle que Churchill, tout juste premier ministre, s'était opposé à l'avis de son Secrétaire d'État des Affaires étrangères qui proposait une réponse favorable à la ''paix'' d'Hitler, celle de la non-agression contre l'Empire Britannique...

On peut imaginer que le duc Lord Hamilton puisse être le lien avec lord Halifax et les allemands, si Halifax venait à succéder à Churchill ?

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1941 – la Gnose et le Graal - 2 Les totalitarismes

Publié le par Régis Vétillard

Passons à présent aux totalitarismes :

Myrrha décrit ces idéologies ainsi : - L'homme moderne se veut l'auteur de sa propre loi, et l'Infini est sécularisé : '' Dieu est mort''. La sphère théologique avec Dieu ''puissance souveraine'' est remplacée par l'Etat, le Reich, et à sa tête : le Chef.

Ne croyons pas alors que nous sommes affranchis du religieux; non, nous avons sécularisé le religieux. Le résultat, c'est que le XXe siècle, sera appelé le siècle de la barbarie !

L'idéologie totalitaire apparaît comme gnostique, en ce sens que ce monde est livré au Mal, que le salut dépend d'un homme providentiel qui a la connaissance du Bien. Ce manichéisme élabore un racisme de race ou de classe. Ce monde est mauvais, parce qu'il est aux mains des Juifs ; cette connaissance cachée n'est dispensée qu'à une minorité ( le parti, les nazis). Le salut final s'exprime dans un futur totalitaire : une société égalitaire ou celle de la race pure.


 

Enfin, observons comment une influence gnostique pourrait manipuler la voie du Graal.

- Reconnaissons que l'Eucharistie présentée chez Chrétien de Troyes n'est pas vraiment orthodoxe. Il s'agit bien d'une eucharistie, selon l’explication de l’ermite à la fin du Conte du Graal : « Le saint homme, d’une simple hostie / qu’on lui apporte dans ce graal / soutient et fortifie sa vie / Le graal est chose si sainte / et lui si pur esprit / qu’il ne lui faut pas autre chose / que l’hostie qui vient dans le Graal.. ». Et nous ne sommes pas habitué à ce que l'eucharistie soit tenue par une femme, sauf chez les gnostiques.

C'est encore une femme, la cousine de Perceval, qui va mettre l'accent sur la ''connaissance'' qu'il n'a pas. Perceval a échoué parce qu'il est ignorant. L’éducation qui lui a été rapidement délivrée par sa mère avant de partir, et par le gentilhomme qui veut lui enseigner les principes de la chevalerie, se voulait ''orthodoxe'', et s'avère insuffisante... Bien sûr, il ne s'agit pas de la Quête d'un objet, mais de la recherche de la connaissance autour du Graal.

 

Un certain gnosticisme, comme mouvement religieux, pourrait entraîner ses adeptes à cette conviction qu'ils sont les initiés, possesseurs d'un secret - c'est à dire d'une connaissance strictement ésotérique – fondé sur une révélation mystérieuse.

Il y a une volonté gnostique de couper le lien théologique et métaphysique qui existe entre christianisme et judaïsme.

Wagner essaie de créer, avec Parsifal, un christianisme gnostique, où le mythe du Graal est détaché de son arrière-plan évangélique, et ouvre la voie à un « Christ aryen ». Bien sûr, on ne passe pas naturellement de Bayreuth à Auschwitz ; mais on ne peut pas empêcher Hitler d'aller nourrir sa passion destructrice dans l’esthétique wagnérienne.

 

Toute religion, et même toute idéologie, n'aurait-elle pas affaire à son ''agnosticisme'', sorte de maladie. ?

Nous en viendrons à la diagnostiquer, et à la déclarer ''gnostique, selon : son rapport à la connaissance, à la contradiction que vit le groupe entre collectif et individuel, à sa manière de traiter ceux qui sont en-dehors du groupe, selon comme elle traite ce qu'elle juge pur et impur ; ce qu'elle veut réserver à un petit nombre ; ce qu'elle justifie seulement par ''révélation'' ; ce qu'elle rejette parce que trop ''incarné'' ; à sa manière dualiste de juger, de se représenter le monde ; à son obsession de revenir aux origines.... etc...

 

Merlin, représente cette problématique parce qu'il est confronté au passage d'un monde païen, partie prenante de la nature, à un monde nouveau, chrétien, qui valorise l'humain ( la personne).

Cette carte renvoie pour Lancelot à son souci actuel de ne pas tomber dans cette maladie gnostique...

Myrrha Lot-Borodine conseille à Lancelot, la lecture de La Queste del Saint Graal traduite par Albert Pauphilet (1923).

Albert Pauphilet, lors du vote de l’assemblée des professeurs de la Sorbonne en 1940, s’est opposé à l’application des mesures prévues par le statut des juifs. ( Il sera emprisonné pour fait de résistance).

Galaad

Vous savez que La "Queste del Saint Graal" est un roman qui forme la quatrième partie du cycle de la Vulgate et a été écrit dans les années 1225-1230.

Pourquoi cette version de la Quête ? Parce que selon les mots de Pauphilet, ce n'est pas un roman, mais une forêt de symboles, que chaque ligne renferme une intention morale ou édifiante.

Pour caricaturer, par quelques exemples, la signification qu'il veut donner : disons que les couleurs blanche et rouge, ce sont les couleurs du Christ, le Château des pucelles c'est l'enfer, la Table ronde est le monde, la vie séculière. Gauvain, c'est le pécheur endurci ; Lancelot c'est le pécheur repentant. Bohort, un « saint laborieux », par opposition, Perceval est le type de ceux qui se justifient par la foi, je dirais ou plutôt qui sont justifiés par la grâce, car, au fond, il est plus coupable que Bohort. Galaad, c'est le ministre du Christ, ou pour dire vrai, c'est le Christ lui-même. La « nef de Salomon » c'est le Temple, c'est l'Église; le lit, le dais, les trois fuseaux qu'elle transporte, figurent l'autel et la croix. L'épée de David c'est la sainte Ecriture. La femme de Salomon c'est « Ancienne loi », la Synagogue. La soeur de Perceval c'est la « Nouvelle loi », c'est l'Église chrétienne. Enfin le Graal, c'est Dieu et la Queste del saint Graal c'est la représentation de l'âme à la recherche de Dieu. Le prétendu roman se révèle sous sa vraie figure, c'est une « Imitation de Jésus-Christ ».

Le ''Lancelot '' se fait un devoir de présenter le récit sous la forme d'une chronique, la Queste commet s'affranchit des règles. La chronologie n'existe pas, parce qu'elle n'a que faire ici : la recherche du royaume de Dieu n'est pas soumise aux lois du temps.

L'auteur de la Queste, sans-doute un religieux cistercien, se soucie peu de la matière de Bretagne ; et beaucoup plus de l'Evangile..

L’œuvre se veut débarrassée de tout agnosticisme. Galaad, c'est le Christ revenant sur la terre sous la forme d'un chevalier errant. A la fin toute différence disparaît entre le Graal et le calice eucharistique. La morale, l'ascétisme, est celle de l'Église chrétienne, et la dogmatique est tout orthodoxe. La Queste est complètement opposée à ceux (tel Amaury de Chartres) qui nient la présence réelle.

Le mysticisme de la Quête peut séduire une âme moderne.

1941 – la Gnose et le Graal - 2 Les totalitarismes

Je reviens sur l'actualité récente :

Anne-Laure de Sallembier a été très touchée par la mort d' Henri Bergson, ce samedi 4 janvier 1941. Comme beaucoup d'autres, elle s'était rendu récemment dans son vaste cabinet du boulevard Beauséjour, désorientée par notre actualité, espérant un conseil, de cet homme immobilisé qui n'avait pas peur. Elle le savait affaibli, mais le départ fut brusque.

Jacques et Raïssa Maritain, se souviennent en quoi la pensée d'Henri Bergson les a véritablement libérés. A l'heure où nous étions bloqués par « les préjugés antimétaphysiques du positivisme pseudo-scientifique» qui correspondait à l'esprit de cette époque, Bergson, nous a bousculé, ramenant «l’esprit à sa fonction réelle, à son essentielle liberté».

«Nous partions pour les cours de Bergson émus d’une curiosité bouleversante. Nous en revenions portant notre cueillette de vérités ou de promesses, comme vivifiés d’un air salubre». « Nous n’étions pas les seuls, sans doute, à qui Bergson rendait la joie de l’esprit en rétablissant la métaphysique dans ses droits (…) Il nous assurait que nous sommes capables de connaître vraiment le réel, que par l’intuition nous atteignons l’absolu.» ( Raïssa Maritain)

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1941 – la Gnose et le Graal - 1

Publié le par Régis Vétillard

Myrrha Lot-Borodine

Lors de ses visites à Fontenay-aux-Roses, Lancelot eut le privilège d'échanger avec Ferdinand Lot, et aussi avec son épouse, Myrrha Lot-Borodine, au sujet du Graal et du contexte politique actuel... Myrrha avec beaucoup de sollicitude interrogeait Lancelot sur sa vison du Graal et craignait peut-être qu'un mauvais gnosticisme l’amenât à défendre le pire....

Myrrha, dès novembre 1940, s'était autorisée à écrire au cardinal Baudrillart sur sa position concernant le nazisme : « La peur est mauvaise conseillère. Un chrétien, un prêtre surtout, ne doit rien craindre — pas même l'atroce guerre civile pour son peuple — rien sauf le jugement de Dieu, révélé à chaque membre du Corps mystique, par sa conscience profonde. Dans cette conscience, la vérité prime tout (...) » écrivait-elle , et lui demandait s'il avait oublié « la grande voix de Rome qui a définitivement condamné une certaine doctrine raciste, antisémite au premier chef, comme néo-païenne et impie ».

Lancelot, précisément, s'interrogeait sur la question gnostique qui aurait pu rapprocher la voie du Graal, à une religion païenne, comme pouvait le laisser paraître, le national-socialisme aryen.

Avant de parler du Graal, la question concerne un certain ésotérisme gnostique, qui pourrait être le fondement d'un occultisme nazi ?

- Le nazisme a l'objectif d'élaborer une religion raciale, en revenant au paganisme germanique issu des indo-européens ( aryens). Il s'agit donc de renoncer aux croyances étrangères comme celles issues du christianisme. La société de Thulé de Sebottendorff, est dédiée au dieu Wotan. Cependant, on peut reconnaître une influence du romantisme allemand et de la théosophie, en un syncrétisme pas toujours évident.

Lancelot aurait tout d'abord, envie - c'est vrai - de défendre une idée de la '' Gnose '', telle qu'il l'a compris au cours de la lecture de Hans Leisegang (1890-1951). Hans Leisegang, fait partie de ces philosophes, peu nombreux, qui se sont opposés au régime nazi, avec Theodor Litt, Eduard Spranger par exemple.

Hans Leisegang est un philosophe, et aussi un physicien, spécialiste de ''La Gnose'' et de la question du ''Mal''... Que dit-il de la Gnose ?

Le gnosticisme est le moyen d’atteindre le salut, et ce salut s’obtient par la connaissance. « La gnose, c’est la connaissance de ceci que la connaissance nous sauve. »

«  C’est la connaissance de ce que nous sommes et de ce que nous sommes devenus, du lieu dont nous venons et celui dans lequel nous sommes tombés ; du but vers lequel nous nous hâtons et de ce dont nous sommes rachetés ; de la nature de notre naissance et de celle de notre renaissance » Hans Leisegang, La gnose, p. 7 ( Leipsig, 1924).

La connaissance libère et sauve tandis que le mal et l’esclavage viennent de l’ignorance et de l’erreur. Le gnosticisme consiste à ne pas séparer la liberté de la vérité, c’est à-dire de la connaissance. On ne peut être libre que si l’on possède la vérité (la connaissance) ; celui qui est dans l’erreur (l’ignorance) n’est pas libre. Saint Jean affirme que c’est la vérité (connaissance) qui libère : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous délivrera » (Jean 8, 32).

C'est Platon qui le premier parle de gnôstikos dans le Politique (258e), pour désigner un type de savoir pur ou spéculatif qui concerne « l’action de connaître », par opposition à la connaissance pratique d’un art ou d’une action.

C'est avec le développement d’une orthodoxie chrétienne, que le terme gnostique est devenu synonyme d’hérétique...

La connaissance gnostique est une connaissance qui permet au gnostique de retrouver son essence originelle, de rejoindre le Dieu véritable, le Dieu sauveur. Mais, paradoxalement, ce Dieu est inaccessible, il est caché et inconnaissable.

- Bien, bien … conclue Myrrha... A présent, continuons avec Leisegang et observons ce qui se passe dans un monde gnostique... Ce Dieu, bon, a commencé par créer, par son Logos, le monde pur de l’Esprit. Le monde est alors rempli de puissances spirituelles qui, à leur tour, créent le ciel visible, la terre et l’homme à l’image de Dieu.

Mais il s’est produit chez les esprits une révolte contre Dieu. Elle a eu lieu sous la conduite d’un premier ange révolté qui a entraîné une partie des anges à s’incliner vers la sphère terrestre et à tomber dans les liens de la matière. C’est par ces anges révoltés que le péché est entré dans le monde. L’homme est alors entièrement coupé de Dieu.

Naturellement, cette Gnose personnifie le Mal et le Bien, en opposition, et naturellement, avec un dieu du Mal et un dieu du Bien...

Ce dualisme va servir un antijudaïsme, puisque ce monde étant imparfait, on pourrait en déduire un créateur imparfait, le dieu d'un ancien Testament, le dieu des juifs...

 

Lancelot reconnaît le danger. Pourtant, il ressent comme juste, l'idée d'un Dieu absolument transcendant, et qu'il faut nous méfier de tout anthropomorphisme. Ne peut-on penser que Dieu ne régit pas ce monde, qu'Il n'intervient pas ; sinon – avec le Christ - pour le sauver ?

 

Lancelot exprime sa difficulté à '' Croire ''. Il aime se rappeler ce que lui disait Simone Weil, professeur de philosophie : pour ce qui est des grandes questions, philosophiques, existentielles, il suffit de « les contempler sans plus, fixement, inlassablement, pendant des années, sans aucun espoir, dans l’attente. »

Mais enfin... Le mal s'abat indifféremment sur les bons et sur les méchants, sur les forts ou les faibles etc... Dieu est absent ! Enfin, du moins, ce monde ne semble t-il pas privé de Dieu ?

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1941- la Pierre du Graal -2

Publié le par Régis Vétillard

Himmler - Ahnenerbe - la tapisserie de Bayeux

Hans F. a rencontré Herbert Jankuhn (1905 – 1990), un archéologue allemand spécialisé dans l’archéologie des peuples germaniques, qui travaille dans le cadre de l'Ahnenerbe, pour Himmler. En France, son intérêt se porte en particulier sur la tapisserie de Bayeux, que les allemands considèrent comme un « chef-d’œuvre aryen ». Jankuhn, était présent à Nuremberg quand Hitler et Himmler ont reçu les Regalia, il a raconté combien Himmler fut déçu d'apprendre que la fameuse pierre ''noire'' nommée Orphanus n'ornait plus la couronne impériale...

Il est étonnant que si Himmler savait que cette pierre était censée être une pierre taillée dans la ''lapsit exillis'', tout comme la coupe du Graal ; il ne savait pas que cette pierre connue sous le nom de Orphanus était manquante ; à moins que cette déception exprimait sa volonté impérieuse de la retrouver, la couronne étant ''privée de'' ( sens du latin orphanus), privée de ses pouvoirs.

 

La ''Lapis Exilis'' aurait servi à façonner le Graal; et un gros éclat taillé aurait ainsi orné la couronne de l'Empereur. Cette pierre noire est parfois présentée comme une pierre de météorite, ou une pierre précieuse de couleur vin, ou rouge, ou noire, et qui peut briller dans l'obscurité; cette pierre était plus que l'honneur de l'Empire; elle signifiait certains pouvoirs, particulièrement en présence de la Sainte-Lance. Il n'est donc pas étonnant, que Himmler, fasciné par les objets magiques, ait voulu accaparer la Sainte-Lance et la Pierre du Graal au profit du nazisme.

Pour Hitler le Saint-Empire est le modèle de la suprématie allemande et, lui, se présente comme celui qui restaurerait l'Empire... Si Hitler ne s’intéresse que peu à l'ésotérisme, et même s'en méfie ; il est très sensible à la symbolique que lui développe Heinrich Himmler, pour asseoir sa légitimité et le succès d'un troisième Reich, promis à durer mille ans.

Couronne du Saint-Empire

 

Que sait-on de cette pierre, l'Orphanus ? Nous avons un témoignage d'Albert le Grand ( 1200-1280), dominicain, théologien, naturaliste, chimiste... « L'Orphanus est une pierre précieuse de la couronne de l'empereur des Romains. On l'appelle ainsi car on n'en a jamais vu de semblable. Elle est couleur de vin, d'un vin rouge clair comme si l'éclat de la neige l’imprégnait, mais où pourtant le rouge reste dominant. Cette gemme brille vivement et l'on dit qu'elle aurait même naguère brillé dans l'obscurité ; cependant elle ne le fait plus aujourd'hui. Mais on affirme qu'elle concentre en elle l'honneur de l'Empire. » Albert le Grand, De mineralibus. (1262)

Elle est mentionnée pour la dernière fois dans l'inventaire de succession de l'empereur Charles IV qu'il reçut en 1350. Elle fut ensuite remplacée sur la plaque frontale, par un étroit saphir.

 

Actuellement, où se trouve l'Orphanus?

D'après Hans F., Jankuhn et le duc de Windsor sont persuadés que cette pierre fait partie du trésor britannique, après avoir été en possession de la maison de Hanovre.

En effet, en 1796, les troupes françaises traversent le Rhin,  les insignes impériaux, joyaux de la couronne du Saint-Empire romain germanique, conservés à Nuremberg depuis 1424 sont transportés à Ratisbonne, puis à Vienne : là est constaté que des parties du trésor sont manquantes. Le roi de la Grande-Bretagne, depuis Georges 1er, est de la Maison de Hanovre. Sous Georges III, également prince-électeur de Hanovre au sein du Saint-Empire romain germanique, en 1806, le Saint-Empire romain disparaît face à la Confédération du Rhin supervisée par Napoléon. Ce serait dans ces circonstances que le joyau principal de la Couronne impériale aurait été mis en sécurité en Angleterre, puis en Ecosse.

les Windsor- (Edouard-VIII) et Hitler

 

Le duc de Windsor n'est rien de moins que l'ancien Roi britannique Edouard VIII, qui a abdiqué en 1936, un souverain qui aurait pu trahir son propre pays s'il était demeuré sur le trône; en effet, le monarque avait beaucoup de sympathie pour l’Allemagne nazie. Wallis Simpson qui était devenue sa maîtresse alors qu'il était l'héritier de la Couronne, avait noué d'étroites relations avec de nombreux hauts dignitaires nazis alors qu'ils arrivaient au pouvoir, en 1933.

La famille royale anglaise est d'ascendance allemande. Le roi George V ( né de Saxe-Cobourg et Gotha) prit la décision de renoncer au nom germanique de sa famille pour le remplacer par celui de Windsor. L'oncle d'Edward VIII est le Kaiser Guillaume. La peur du bolchévisme, les progrès de l'Italie mussolinienne, pousse Edouard à admirer les nazis et souhaiter que les élites politiques, reconnaissent et valident la popularité des dictatures. Alfred Rosenberg, ami personnel d’Hitler, est reçu en 1931 par de nombreuses personnalités britanniques comme Lord Hailsham (secrétaire d’Etat à la guerre), Lord Lloyd, Sir Henry Deterding et Montague Norman, gouverneur de la Banque d’Angleterre

Les services secrets britanniques disent posséder un dossier sur Mrs Wallis Simpson, ses liens personnels avec Von Ribbentrop (ambassadeur d’Hitler à Londres), son passé dans des bordels chinois, ses deux mariages, son goût pour les pierres précieuses...

Oswald Mosley and Diana Mitford

Le 10 décembre 1936, après en avoir discuté avec ses proches, Edward abdique, et se marie avec Wallis le 3 juin 1937, au château de l'homme d'affaires Charles Bedaux, lui-même en forte sympathie avec le Troisième Reich. ( Il possède une maison, voisine du Berghof, la résidence d'Hitler.)

Sir Oswald Mosley, fasciste, se marie à Berlin avec sa maîtresse Diana Mitford, dans la résidence de Goebbels en présence d’Hitler (1936). Mrs Wallis envoie ses félicitations. Pendant la guerre, il se veut pacifiste, mais sert les renseignements allemands.

 

Lancelot conclue que cette Pierre, que Lithargoël décrit comme en danger, pourrait être cet ''Orphanus ''. Elle fait le lien entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne.

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1941 – L'Empereur

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot profite de sa proximité avec Ferdinand Lot, pour aller le voir et l'interroger sur l'histoire du Saint-Empire Romain germanique.

De juin à août 1940 , il a quitté Paris et, il ne craint pas de prendre nettement position contre la politique de Vichy. Proches de lui, son gendre Boris Vildé, Anatole Lewitsky s'engagent contre les occupants. Co-fondateurs du ''réseau'' du Musée de l’homme, les deux hommes sont arrêtés et seront fusillés au Mont-Valérien le 23 février 1942.

Six semaines après cette exécution, Ferdinand Lot sera emprisonné à Fresnes quelques jours par la Gestapo.

Ferdinand Lot se dit très attaché à sa patrie. Et, il le doit au ''petit peuple'', parce que contrairement à lui, les élites s'adaptent facilement au nouveau conquérant. C'est, je crois, dit-il un trait objectif.

 

Le professeur F. Lot est un spécialiste de l'histoire du Saint-Empire Romain germanique.

- L'histoire se continuerait-elle avec le IIIème Reich.. ? Le professeur semble horrifié... « l'Histoire c'est le Discontinu ! » - Que voudriez lire dans les faits historiques ? Une évolution ? Comprenez-bien que « nous sommes victimes d'une métaphore : l'évolution, au sens scientifique du terme, n'existe qu'en biologie ».

Charlemagne - Empereur

- Vous ne pensez pas que l'Histoire se répète ?

- Plus précisément, je dirais que, quand j'écris l'Histoire, je ne pense pas la destiner à éclairer l'avenir.

- L'avenir, je ne sais pas.... mais, le présent, si ...

- Faites attention; et c'est un historien qui vous parle: la relation que j'ai aux évènements est relative; sachant les efforts que je peux faire pour les saisir, dans un passé aboli.

- Et le Reich?

- Une volonté sans aucun doute de s'inscrire dans la suite des Empires allemands. Je note qu'ils le nomme ''Le Reich'' et mentionnent également sa durée de mille ans : das tausendjährige Reich.

- Et l'Empire Romain Germanique? - Etiez-vous au courant, que Hitler en 1938 - après l'Anschluss - a repris les insignes et ornements du souverain du Saint-Empire, couronne, spectre, orbe...etc déposés à Vienne, pour les ramener à Nuremberg?

- Oui. D'ailleurs, j'ai lu un article qui fait remonter les ''Regalia'', à Charlemagne. Sans doute pour joindre ces symboles au 1200ème anniversaire de Charlemagne ( 742-1942). Plus exactement, le premier Reich commence avec le couronnement d' Otton 1er, en 962. Il devient Empereur des romains par le pape Jean XII, et restaure l'empire de Charlemagne. L'Empereur accède à un statut sacré, symbolisé par la couronne octogonale.

La date de l'abandon par François II de sa qualité d'empereur des Romains - le 6 août 1806 - peut être considéré comme l'acte de décès légal de l'Empire romain.

Autre chose : N'oubliez pas qu'une des fonctions impériales est d'être le défenseur de la Papauté et de l'Église romaine.

Hitler pourrait plus facilement se rapprocher de Frédéric II, qui se voyait le successeur des empereurs de la Rome antique et a souhaité créer un empire universel et autorité suprême, en opposition au pape.Et si vous souhaitez que je fasse des rapprochements entre le passé et le présent, je pense aux chevaliers teutoniques qui portaient des croix noires, et rappellent les soldats de l'armée allemande. Le moyen-âge reste pour les tenants d'un empire germanique un élément identitaire.

Le Mythe Barbarossa

- Tenez, je pense encore à autre chose : Guillaume Ier, roi de Prusse, Ier empereur allemand, a fait édifier vers 1895 un monument, dont la base repose sur une statue de  l'empereur du Saint Empire Frédéric Barberousse qui se réveille d'un long sommeil. Ceci conformément à ce que dit la légende : Barberousse se serait, avec sa suite de fidèles, endormi dans une caverne au cœur du Kyffhäuser, d'où il se réveillera un jour pour rétablir l'empire germanique dans son unité et sa splendeur.

Cela ne vous fait pas penser au Roi Arthur, reçu blessé à mort dans l'île d'Avalon et qui d'après la prophétie reviendra pour défendre son pays ?

Barberousse meurt, au sommet de sa gloire, de façon inattendue pendant la croisade en 1190. Dès sa mort, de nombreuses prophéties apparaissent pour annoncer un empereur qui achèverait sa tâche ; à moins qu'il ne soit pas vraiment mort... ! 1190 est aussi la date de création lors du siège de Saint-Jean-d'Acre de l’ordre des chevaliers Teutoniques.

Lancelot, rappelle lui, que c'est aussi le temps de la croisade puis de la captivité de Richard Cœur de Lion en Allemagne.

Paris-Soir - 23 juin 1941 -

Les nazis réactivent la légende, avec l'expression ''troisième Reich'' qui serait le nom de l'empire gouverné par la race des seigneurs et qui doit durer mille ans

 

Hitler lance avec l'opération Barbarossa, la croisade contre le judéo-bolchévisme. Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie envahit l’Union soviétique et présente l'opération comme une grande croisade de l’Europe civilisée contre les hordes athées de la barbarie bolchevique.

 

Pour Lancelot, cette carte du Tarot de l'Empereur, est vraiment d'actualité. Mais quel lien pourrait-il exister entre l'Empereur, ou le Führer ; et la Pierre du Graal ?

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1941 – Fléchigné – la Sainte-Lance

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot et sa mère rejoignent Fléchigné. Trajet en train par Laval, puis Mayenne.

Ils apprennent que la Feldkommandantur de Laval a exigé du préfet « la création et la tenue d’un fichier des juifs en Mayenne ». « 147 fiches cartonnées sont établies, elles mêlent Français et étrangers »

Revenir à Fléchigné, entrer dans la cour, franchir le seuil de la maison, sentir l'odeur caractéristique qu'accompagne la respiration de l'horloge qui accueillaient déjà l'enfant qu'il était; c'est - davantage aujourd'hui - revenir à l'espoir d'un peu de sécurité. Par ici, on n'a encore vu aucun allemand ; par contre le village, à côté, s'est mis à l'heure du nouveau régime ; il faut rester prudent.

 

Anne-Laure et Lancelot prennent le temps de parler. La bibliothèque, les ''trésors'' familiaux pieusement rangés mais disponibles, permettent à leur contact, d'approfondir un ''retour sur soi'' et de l'inscrire dans l'histoire familiale, Anne-Laure y tient beaucoup.

Que de rencontres riches d'hommes et de femmes, que d'idéaux passionnants et d'engagements contradictoires !

 

Lancelot pose les deux cartes de Tarot qui ne le quittent plus : le Fou et l'Empereur.

Anne-Laure les examine.

- C'est naturel de commencer avec le Fou. C'est le chercheur ; celui auquel il faut s'identifier. Il doit questionner et expérimenter. C'est le chevalier au départ de la Quête...

- L'empereur, c'est le pouvoir. L'apparence est importante ; en témoignent la valeur des symboles de pouvoir. Comme le roi Arthur, il tire son énergie créatrice du contact avec '' L'autre Monde''

Lancelot revient à cet homme, qui semble t-il, s'était présenté sous le nom de Lithargoël ( pierre brillante...). Que cherchait-il et pourquoi s'est-il volatilisé ?

Son souci était une pierre ; et la solution concernait une rose....

Anne-Laure continue : - Et cette pierre promise par l'ange Lithargoël, est du même ordre que la pierre du Graal de Wolfram von Eschenbach

- Wolfram, qui fait dire à Trevrizent pour Parcival « si lebent von einem steine :.» (…) « er heizet lapsit exillis... ( « ils vivent par la vertu d'une pierre :.. » « elle s'appelle lapsit exillîs... » : Il s'agit du Graal selon Wolfram, reprend Lancelot.

Lancelot s'interroge sur les liens de la '' lapsit exillîs'' avec la tradition du Graal qui lui semble plus celtique que germanique ?

Sa mère, Anne-Laure de Sallembier, connaît bien ce sujet et c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'elle reprend pour son fils le cadre des histoires qu'il a bien souvent entendues.

Elle fait état des légendes allemandes, rapportées par les plus illustres poètes, lors du ''Tournoi de la Wartburg'' ( vers 1200). On évoque alors qu'une pierre aurait sauté de la couronne de Lucifer lorsque Dieu le précipita du ciel.

- D'accord, pour la pierre du Graal, pour Parsival.... mais qu'en est-il de Merlin, du roi Arthur ?

- Merlin est représenté dans les Chroniques de Nuremberg, de Hartmann (1493), ainsi que « Arturus rex » (Roi Arthur). Cette œuvre - une histoire du monde illustrée – depuis la création, reprend une compilation d’histoires anciennes et de chroniques médiévales. Albrecht Dürer a fait son apprentissage auprès de l'illustrateur de la '' Chronique ''.

On y trouve le roi Arthur et Merlin, auprès de personnages comme Attila le Hun ou diverses têtes couronnées européennes, ou la papesse Jeanne ( on affirmait qu’une femme déguisée en homme avait été élue pape de l’Église catholique au IXe siècle ).

 

La Sainte-Lance, la relique chrétienne de la lance du romain Longinus qui transperça les flancs du Christ, est évoquée lors de la procession du Graal, décrite par Chrétien de Troyes. On la retrouve en Bavière en 955, tendue par Otton Ier pour donner confiance à ses soldats et lui donner la victoire. Charlemagne l’aurait reçue du pape Léon III. En 1938, c'est le chancelier du Reich qui la tient dans ses mains ; il l'avait déjà aperçue en 1912, derrière une vitre à la Hofburg.

 

Lancelot ne peut pas s'empêcher de faire la relation entre sa carte l'Empereur, et le souverain du Saint-Empire romain Germanique, et pourquoi pas Hitler, comme Führer du Troisième Reich?

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1941 – Paris -4- Avenue Victor-Hugo.

Publié le par Régis Vétillard

Paris-Soir - Drieu_la_Rochelle, Robert_Brasillach, Abel_Bonnard

Alors que les anciens ministres Édouard Daladier, Léon Blum, Paul Reynaud et Georges Mandel sont inculpés à la détention à vie dans une enceinte fortifiée par le maréchal Pétain pour avoir « trahi les devoirs de leur charge » ; au même moment Goebbels, ministre de la propagande, organise à Weimar un congrès international des écrivains pour discuter de la littérature dans l'Europe à venir : la délégation française est la plus importante : Drieu la Rochelle, Ramon Fernandez, André Fraigneau, Marcel Jouhandeau, Abel Bonnard, Robert Brasillach, et Jacques Chardonne. Ce train pour Weimar, symbolise ce que l'on appelle '' la collaboration''. Drieu le reconnaît : l'intellectuel ne peut être qu'aveugle aux dessous de l'action à laquelle le politique veut le mêler. Bergery en conclue: « Drieu ne comprend rien à la politique. Il croit toujours que les politiques vont faire des choses merveilleuses, accomplir des miracles... » Et, Drieu d'en rajouter : « Oui, je suis d'intelligence avec l'ennemi. J'apporte l'intelligence française à l'ennemi. » ( cf Exordre )

 

Le long de l'avenue Victor-Hugo, et dès que Lancelot est sorti de son appartement, à partir même de l'escalier qui le conduit dans le grand hall du rez-de chaussée, devant la porte de la concierge, la collaboration, la politique, sont là: celle de Vichy ou des allemands. Il y a cet appartement qui appartient à un homme politique qui s'est embarqué pour Londres avec ses enfants, et qui fait l’objet d’une réquisition officielle par les autorités d’Occupation.

Il y a cet étranger, peut-être un homme d'affaire russe, aux manières de prince qui vient d'acheter, à côté, un hôtel particulier. Il mange souvent au Traktir, au N°16, ce restaurant très fréquenté par les officiers allemands comme par leurs amis. Pourtant, y travaille comme maître d'hôtel, Maurice Rossi, très bon observateur qui renseigne efficacement Gilbert Ranault dit ''Raymond'' puis, ''colonel Rémy''. C'est de là, que Louis de La Bardonnie (1902- ) et sa femme Denise organise des points de passage à la ligne de démarcation; et peut abriter éventuellement ensuite en son château de la Roque. C'est du château, d'ailleurs, le 17 mars 1941, qu'eut lieu d'un poste émetteur, la première liaison radio avec Londres.

 

Le deuxième bureau de l'armée de l'armistice signale à Lancelot, l'organisation de résistance appelée OCM, chez Jacques Arthuys (1894-1943), en son domicile, 72 avenue Victor Hugo. Avocat, puis industriel, il est un ancien militant de l'Action Française. Il travaille, là , avec une princesse russe Véra Obolensky, à créer des filières de passage en zone libre, à monter un service de renseignements; c'est à ce propos qu'il rencontre le frère Roger Souchère, par ailleurs, quelqu'un de profondément attaché à la maçonnerie traditionnelle. Lancelot n'aura pas longtemps les moyens de le connaître davantage, Souchère va être arrêté et déporté par les allemands.

Au domicile de Georges Mandel - 67 avenue Victor-Hugo - arrêté donc le 8 août 1940 au Maroc, le commando Künsberg s'empare de sa collection d'oeuvres d'art.

 

Dans un hôtel du 6 avenue Victor-Hugo, vit Walter Schubert ( né le 18 août 1923) à Vienne, avec sa mère. Il est arrivé en France fin 1933, accompagnés de ses parents ; sa profession : mécanicien sur machine à écrire. Il parle, lit et écrit parfaitement le français. Il est de confession juive, son père a été déporté vers l'est par les autorités allemandes.

14 mai 1941 - La « rafle du billet vert »

Le 13 mai 1941, apporté par un agent de police français, Walter reçoit une ''invitation'' verte pour le lendemain, pour un ''examen de situation ''. Il décide de ne pas s'y rendre. Lancelot fait sa connaissance le lendemain, chez sa concierge ; il l'invite chez lui, et lui propose de le cacher.

Le 14 mai à Paris, 3700 juifs se rendent à la convocation. Ils ne savent pas qu'ils vont être arrêtés, déportés, supprimés.

Walter Schubert franchira la ligne de démarcation près de Chalons sur Saône, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942. Il sera arrêté à Claix par la gendarmerie française, lors de la rafle du 26 août 1942 ( zone libre), et déporté. Il va décéder le 7 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne).

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1941 – Paris -2- Drieu la Rochelle

Publié le par Régis Vétillard

Le 13 novembre 1941, Drieu la Rochelle fait paraître ses ''Notes pour comprendre le siècle''. Ce livre a intéressé Lancelot pour sa manière intelligente et courageuse de comprendre les raisons qui ont conduit les français à ce désastre actuel. Il est courant de mettre en avant des responsabilités superficielles et institutionnelles ; Drieu préfère ici étudier la question culturelle du déclin et la renvoie à chacun : ne s'agit-il pas d'un déséquilibre du corps et de l’esprit ? Il en fait une lecture historique.

 

A la Renaissance :  « Dans les villes commence à se former la conception bourgeoise de la vie, la conception intellectuelle et rationaliste de l’homme sans corps, de l’homme assis » (p. 43). Il présente la Réforme comme une déviation du christianisme dans un humanisme rationaliste.

Un premier romantisme détache l'esprit de l'homme de son corps, dans une mystique matérialiste exaltant une vision dégradée du corps. Cependant Drieu analyse, dans le mouvement symboliste, une reprise du romantisme vers cette fois une mystique de la force par un retour au corps. Drieu apprécie – dans ce sens – Claudel ; « le cercle est bouclé, l’homme s’est reconstruit, l’âme et le corps après une si longue séparation se sont rejoints » (p. 87).

Le prophète Nietzsche, « jette un anathème écrasant et bientôt définitif sur tout le rationalisme » (p. 105).

Drieu pense que le national-socialisme peut retrouver l'harmonie médiévale : « L’homme nouveau a réuni les vertus qui étaient depuis longtemps dissociées et souvent opposées les unes aux autres : les propriétés de l’athlète et du moine, du soldat et du militant » (p. 120).

- Cette notion de force, n'est-elle pas pour le fascisme un moyen d'embrigader... ? Après tout les universités anglaises utilisent, avec plus de naturel, le culte de l'esprit dans un corps sain ; répond Lancelot.

- Et Nietzche, lui-même, n'est-il pas éloigné de cette folie raciste du nazisme ? Il fait l'éloge du cosmopolitisme européen et de ses différentes cultures grecque, romaine, chrétienne et juive. Le surhomme n’appartient pas à une race : il est un esprit libre, dégagé de la morale religieuse.

- Le fascisme au contraire du symbolisme qui vous va bien, s’absorbe totalement dans l'action. Le symbolisme s'oppose à l'idée de collectivisme... Non ?

Vous voyez le fascisme en esthète, en décadent... Vous êtes paradoxal.

A Paris, la population se sent abandonnée par Vichy... En zone occupée, Vichy semble loin, décalé, soumis.

Jusqu’en fin 1940, les parisiens pensaient voir le Maréchal revenir dans la capitale. De plus en plus de gens pensent que Pétain décide sous l'influence de son entourage ou de l'occupant. Personne ne connaît le nom des ministres, seul celui de Laval est cité, en mal.

A Paris, le préfet gère, sous les ordres des autorités d'occupation ; et l'occupant se sert, abondamment, sans restriction... Des tracts, des affichettes circulent, et imaginent toutes sortes de petites résistances. La manifestation du 11 novembre 1940, initiée par des jeunes a marqué les esprits.

Chaque parisien passe de nombreuses heures à faire la queue. Aussi, ceux qui ont les moyens, paient des coursiers pour effectuer certains achats ; ceux-ci utilisent éventuellement leur carte de priorité ( de blessé de guerre, par exemple).

Lancelot a la chance de profiter des soins d'une bonne, qui s'occupe avec beaucoup de succès de fournir l'essentiel, avec l'aide de la concierge également - personne clé où sa loge sert de lieu d'information, d'échange et de solidarité - le tout grâce aux moyens financiers de la comtesse de Sallembier et de son fils ; et des ressources alimentaires que procurent Fléchigné. Une chose est très difficile à dompter, c'est le froid.

 

Par ce froid février 1941, la proposition faite à la France occupée, est la ''nouvelle Europe'' et à l'appui une Exposition : « La France européenne » inaugurée le 6 juin 1941 à Paris au Grand Palais ; avec réception pour le grand monde. Anne-Laure de Sallembier est invitée avec les personnalités féminines que sont la princesse de Polignac, la comtesse de Chambure ou la duchesse de Noailles qui se pressent également aux galas organisés par Otto Abetz. Fernand de Brinon qui représente le gouvernement français auprès des allemands mène la grande vie, et retrouve régulièrement Josée de Chambrun, la fille de Pierre Laval. Que ce soit lors de premières au théâtre et à l'opéra, ou de grands dîners, les habitués peuvent croiser Otto Abetz et sa femme, Gerard Heller, Ernst Jünger, de nombreux militaires allemands avec les Cossé-Brissac, la duchesse d'Harcourt, le prince de Beauvau-Craon, les Dubonnet, les Morand, le couple Brinon, Jean Luchaire et sa fille Corinne, Arletty, Cocteau, Sacha Guitry...

 

Par exemple, Lancelot put retrouver Jean Luchaire au faite de sa gloire, lors d'une grande soirée en l'honneur du 100ème numéro de son journal ''Les Nouveaux Temps'' et où fut conviée la haute société parisienne ainsi que des personnalités allemandes comme son ami Otto Abetz, ou Ernst Achenbach, le Dr Schleier et le Dr Michel.

 

Lancelot s'est entretenu avec Gerhard Krüger (1908-1994), personnage assez antipathique qui ne tient à parler qu'allemand. Il se présente comme historien, adhérent du NSDAP, et qui défend une spiritualité païenne face à un christianisme qui pour '' l'être allemand'' serait une aliénation. Plus intéressant, il relate comment Hitler a ordonné - après l’Anschluss de l’Autriche au Reich nazi en 1938 – que les insignes impériaux (Regalia) soient rendus au Reich à Nuremberg. Ces '' Reichskleinodien'' sont composés en particulier de la couronne impériale qui a peut-être été portée par Otton Ier ( Xe s.), et de la Sainte-Lance ( de Longinus) obtenue par Henri Ier de Germanie ( père d'Otton, et grand-père d'Hugues Capet...!). "Ce sont les reliques du Reich..."

Hitler devant les Regalia - 1938

Himmler avec la lance de Longin

 

Il est possible également de se retrouver lors de la réouverture de la saison hippique de Longchamps ; vous y croiserez certainement Geneviève Fath, la comtesse d'Oncieu de Chaffardon, la baronne de Beaufort, ou la comtesse de Monjout... Enfin, vous serez peut-être sur la liste des invités de la réception organisée par la Comtesse de Beaumont dans son magnifique jardin parisien.

Si on accepte de se tenir éveillé, de partager un tant soit peu le quotidien des français ; on sent que l'hiver 1940-1941 est dur. Il fait très froid et il n'y a plus le chauffage central, Lancelot a la chance que Louise puisse lui préparer de l'eau chaude dans un pichet de faïence. Chacun vit la difficulté pour se chauffer, mais aussi pour se nourrir... Avec de la chance, sans ticket, on peut avoir des sardines salées de Tunisie, des légumes au vinaigre, des abricots sucrés... On dit que les poils du lupin peuvent remplacer le café...

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