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L’Art est révélation de l’Infini

Publié le par Perceval

Icone saint-lucRechercher le Beau, est sans doute une caractéristique humaine…

 

L’Art est une création pour faire percevoir le Beau…

- Si créer est de faire passer du non-être à de l’être, ce pouvoir est divin !

- Si créer est de travailler sur la forme, l’homme participe ainsi au pouvoir créateur.

L’art va bien au-delà de l’imitation de la nature, il ne s’agit pas seulement d’une « production ». L’Art mobilise la volonté, l’intelligence et l’amour…

 

Picasso : "Je peins les choses comme je les pense et non comme je les vois".

 

Dans sa Quête de l’Absolu, l’Art nous dit quelque chose de la vocation de l’Humain. Cet appel vers la Beauté, n’est pas forcément nommé et reconnu comme un appel vers le Divin.rembrandt les-pelerins-d-emmaus

 

L’Art ouvre les portes de l’âme ( la psyché ), vers ce qui la dépasse : l’Esprit.

 

Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez (Luc 10-23)

 

 

L’artiste continue la révélation accomplie en Jésus pour tenter de rendre visible le mystère de Dieu.

 

 

Autre exemple:

Les Psaumes sont des œuvres belles à lire, à entendre et qui éveillent à la prière.

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Le goût de l'absolu

Publié le par Perceval

"Il y a une passion si dévorante qu’elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s’en sont pris à elle s’y sont pris. On ne peut l’essayer, et se reprendre. On frémit de la nommer : c’est le goût de l’absolu. (....)


Soir AntiqueQui a le goût de l’absolu renonce par là même à tout bonheur. Quel bonheur résisterait à ce vertige, à cette exigence toujours renouvelée ? Cette machine critique des sentiments, cette vis a tergo du doute, attaque tout ce qui rend l’existence tolérable, tout ce qui fait le climat du cœur. Il faudrait donner des exemples pour être compris, et les choisir justement dans les formes basses, vulgaires de cette passion pour que par analogie on pût s’élever à la connaissance des malheurs héroïques qu’elle produit.


[…] Ce sera aussi, sans qu’on la reconnaisse, la maladie de ceux qui n’aiment rien, qui à toute beauté, toute folie opposent le non inhumain, qui vient de même du goût de l’absolu. […] Ils sont ceux pour qui rien n’est jamais assez quelque chose.


Le goût de l’absolu… Les formes cliniques de ce mal sont innombrables, ou trop nombreuses pour qu’on se jette à les dénombrer. […]James-Robertson-On-The-Run

Pourtant si divers que soient les déguisements du mal, il peut se dépister à un symptôme commun à toutes les formes, fût-ce aux plus alternantes. Ce symptôme est une incapacité totale pour le sujet d’être heureux. Celui qui a le goût de l’absolu peut le savoir ou l’ignorer, être porté par lui à la tête des peuples, au front des armées, ou en être paralysé dans la vie ordinaire, et réduit à un négativisme de quartier ; celui qui a le goût de l’absolu peut être un innocent, un fou, un ambitieux ou un pédant, mais il ne peut pas être heureux. De ce qui ferait son bonheur, il exige toujours davantage. Il détruit par une rage tournée sur elle-même ce qui serait son contentement. Il est dépourvu de la plus légère aptitude au bonheur. J’ajouterai qu’il se complaît dans ce qui le consume. Qu’il confond sa disgrâce avec je ne sais quelle idée de la dignité, de la grandeur, de la morale, suivant le Alex Amann 2009tour de son esprit, son éducation, les mœurs de son milieu. Que le goût de l’absolu en un mot ne va pas sans le vertige de l’absolu. Qu’il s’accompagne d’une certaine exaltation, à quoi on  le reconnaîtra d’abord, et qui s’exerçant toujours au point vif, au centre de la destruction, risque de faire prendre à des yeux non prévenus le goût de l’absolu pour le goût du malheur. C’est qu ’ils coïncident, mais le goût du malheur n’est ici qu’une conséquence. Il n’est que le goût d’un certain malheur. Tandis que l’absolu, même dans les petites choses, garde son caractère d’absolu."

Louis Aragon
Aurélien, extrait du chapitre XXXVI

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La douloureuse quête d’une beauté insaisissable

Publié le par Perceval

Comment la Quête de l’Absolu, après s’être désacralisée, a pu après Dieu, passer aux grandes utopies du XXème siècle… caspar-friedrich-sublime.jpgCependant, il est intéressant qu’un ouvrage de Tzvetan Todorov, regroupe trois personnalités sur « une quête de l’absolu plus personnelle, désidéologisée et porteuse d’interrogations profondes : Que signifie et comment être soi-même ? Comment révéler de la façon la plus éclatante les mille possibilités de l’être ? Comment, malgré notre condition d’être fini et matériel, atteindre l’infini et le sublime ? » C’est un article d’Amélie Neuve-Eglise, ( spécialiste de l’islam mystique ) qui écrit les mots ci-dessous, et qui me touchent ...

 

Oscar Wilde, nouvel apôtre d’une religion de la beauté :

Dans cette recherche de perfection esthétique et pour atteindre la réalité de son être, l’homme ne peut trouver de ressources qu’en lui-même et non au sein d’une société qui étoufferait le vrai moi. (…) Oscar-Wilde-portrait-wikipedia-Oscar-Wilde-a-New-York-1882-.jpgL’individualisme extrême impliqué par cette conception où le soi et son épanouissement sont érigés en valeurs centrales nie toute la dimension sociale de l’homme et ne mesure la valeur de l’autre qu’à l’aune de son apparence physique. Dès lors, certaines interrogations fondamentales surgissent : le beau est-il supérieur au bien ? …L’autre est instrumentalisé : support de l’art ou incarnation d’une certaine forme de beauté. Atomisé, dépourvu de véritable relation avec les autres, l’esthète de Wilde ne peut donc que constater l’inutilité de toute conscience ou morale.

 

La création artistique comme fin ultime de l’existence : Rainer Maria Rilke

rilke et LouRainer Maria Rilke ( ) , poète allemand de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, érige quant à lui la création artistique en but ultime et unique de l’existence.

Selon Rilke, "tout ce qui est infini réside à l’intérieur de l’homme isolé : là se produisent les miracles, les accomplissements, là se surmontent les épreuves". Rompant avec une conception commune, il va jusqu’à affirmer que même l’amour ne peut se développer et atteindre son sens le plus profond que dans la solitude, car tout amour est appelé à dépasser son attachement particulier envers l’être aimé pour s’ouvrir à la beauté du monde en général afin de la saisir dans son universalité : "Dans un poème qui me réussit il y a beaucoup plus de réalité que dans toute relation ou inclination que je vis ; où je créé je suis vrai, et je voudrais trouver la force de fonder ma vie intégralement sur cette vérité"

Rilke n’a cependant pas trouvé la joie et l’épanouissement escompté dans son art. Il éprouva ainsi à plusieurs reprises des déchirements profonds entre l’amour d’êtres particuliers et son désir ultime d’atteindre l’universel : si une personne en aime une autre, alors une partie d’elle-même lui échappe, une partie de son amour a été mobilisée sur un autre être, alors que son existence - ou du moins celle du poète telle qu’elle est envisagée par Rilke - doit être exclusivement et dans son intégralité consacrée à saisir toute l’intensité et la profondeur du réel au-delà de la diversité des apparences. L’amour de l’écriture n’aura donc pas suffit à calmer l’angoisse existentielle de ce perpétuel "exilé à l’intérieur de lui-même" qui, au prix de bien des souffrances, sacrifia son existence et ses sentiments personnels sur l’autel de l’art et du sublime.

 

Marina Tsvetaeva : l’art par et pour le monde

Marina Tsvetaeva 1L’œuvre de Marina Tsvetaeva, poétesse russe du XXe siècle qui, comme l’affirme Todorov, "Tout en aspirant à atteindre l’absolu […], refuse de privilégier l’existence au détriment de la création, comme le faisant Wilde, ou l’art au détriment de l’existence, comme Rilke, mais voudrait que les deux voies soient mesurées à la même aune" 

Ainsi, contrairement à Rilke, elle refuse d’opposer existence et création et n’érige pas cette dernière en absolu. Pour Tsvetaeva, l’art n’est que l’enfant du spirituel et du matériel, et l’artiste doit vivre dans et avec le monde pour chercher, au travers de la création artistique, à en révéler l’intensité et les dimensions invisibles. Il existe donc une symbiose profonde entre art et existence concrète. Aux antipodes de Rilke, elle puise donc dans sa vie quotidienne même les ressources d’une création poétique foisonnante : "Je ne vis pas pour écrire des vers, j’écris des vers pour vivre". Son état d’esprit rejoint donc en quelque sorte celui des humanistes contemporains, qui préfèrent les individus et êtres concrets aux abstractions et schémas de l’esprit. Ainsi, la poétesse russe cherchera à atteindre "son" absolu au travers de ses relations avec les autres, en faisant l’expérience de sentiments purs et extrêmes et d’amours fous bientôt suivis de profondes déceptions.

 

 

Todorov nous présente en filigrane l’une des facettes de l’évolution des sociétés occidentales qui, de façon croissante, se sont faits les hérauts d’une certaine "humanisation" de la transcendance en la situant non pas dans un au-delà incertain, mais en l’ancrant au sein de l’existence même. Dans ce contexte, il appartient à l’artiste de la révéler dans les détails les plus infimes de la vie.

Albert-Joseph-A-Summer-Night--1890.jpgSource des élans les plus vifs et des crises existentielles les plus profondes, la quête de l’absolu ne doit donc pas être vécue de façon manichéenne en opposition avec l’existence terrestre, mais doit être recherchée en son propre sein sans en négliger aucun aspect, la beauté se trouvant parfois là où l’on pourrait s’y attendre le moins. Loin d’être en opposition avec la trivialité de la vie, la quête du beau lui est intimement liée, et, comme Baudelaire l’a magnifiquement exprimé, il appartient au poète d’en révéler les mille facettes insoupçonnées : Goya-Christ-croix.jpg

 

Ô vous ! Soyez témoins que j’ai fait mon devoir

Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,


Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or 

 

Baudelaire )

 

Situé à la frontière entre spiritualisme pur et matérialisme excessif, l’art demeure donc une des matrices essentielles de cette quête du beau en tant que moyen permettant de, pour reprendre une expression de Schelling, "représenter l’infini de façon finie". Au-delà de cela, l’ouvrage de Todorov nous invite à une réflexion sur l’être humain et son constant déchirement entre ciel et terre, entre vie concrète et perpétuel désir d’évasion au-delà de lamatérialité de l’existence.

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De Maurois à Proust, en passant par Simone de Cavaillet

Publié le par Perceval

simone caillavet mauroisAndré Maurois nous ouvre les portes d’un imaginaire selon Marcel Proust. Pour ce faire, il va jusqu’à épouser l’un des personnages de «  la Recherche … » !…André Maurois, by Philip Alexius de László, 1934

 

Ainsi, d’écrivains en personnage de fiction ; nous nous mêlons à ce petit monde bourgeois , gentiment décadent …

Son ouvrage "A la recherche de Marcel Proust" d’André Maurois est Dédicacée à Madame Gérard Mante-Proust et publiée en 1949. Pour cette recherche-là, « André Maurois a bénéficié des papiers personnels de Madame Mante-Proust pour se plonger au cœur du roman et de l'analyse qu'il allait entreprendre. Lui-même n'a garde d'oublier le monde qui était définitivement devenu le sien depuis qu'il avait épousé en secondes noces Simone de Caillavet, fille de Jeanne Pouquet, souvenir d'une des "Jeunes filles en fleurs". Très tôt, Maurois se laisse infuser par Proust. Sous le couvert de la découpe, du commentaire et du récit relayés par les citations, il murmure sa propre vie, sa sensibilité d'écrivain, son monde littéraire, ses affres et ses doutes masqués car marqués par sa discrétion élégante. »

domergue-jean-gabriel-1889-196-portrait-de-simone-de-cailla

 

« Maurois a fait son entrée dans le monde de Proust comme celui-ci fit la sienne chez les Caillavet. Soif de relations mondaines et intellectuelles; excitations passagères si follement spirituelles…: le faubourg Saint Germain aime sa propre élégance jusqu'au moment de l'affaire Dreyfus où les membres d'une même famille en viennent à se déchirer. Anti-dreyfusarde notoire, Jeanne Pouquet, épouse Caillavet et mère de Simone, sera indirectement responsable de la mise sous le boisseau d'André Maurois au moment de la seconde guerre mondiale. Lui qui quitta une France séduite par Vichy; qui s'exila aux Etats-Unis avec son épouse; qui s'impliqua dans radio Londres, se vit injurier comme collabo: l'affaire Dreyfus, où sa belle-mère prit le parti du mensonge, l'amena dans un sas générateur d'erreurs. »

Extrait d’un article de Claire Bondy, Séfarad.org

 


 


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De Proust à Simone de Caillavet

Publié le par Perceval

MADAME-ARMAN-DE-CAILLAVET.jpgLéontine Lippmann (1844-1910), par son mariage Madame Arman, dite Madame Arman de Caillavet, amante et égérie d’Anatole France ( 1844 1924 )…

 

MADAME ARMAN DE CAILLAVET (1855-1910) —, née Léontine Lippmann, d'une intelligence supérieure, belle-soeur d'Alexandre Dumas…

Vers 1878, au 12, Avenue Hoche, près de l'actuelle place Charles de Gaulle, elle reçut dans son salon, le gratin parisien, l'élite de la société intellectuelle française dont plusieurs dreyfusards. Son mari, l'homme de lettres, Gaston Arman de Caillavet veillait à la qualité gastronomique des réceptions.

 

Elle a un fils : Gaston Arman de Caillavet ( 1869 1915 ): 

caillavet 2Marcel Proust, dont il était proche, emprunte certains de ses traits de caractère et des faits de sa vie, pour son personnage de Robert de Saint-Loup de La Recherche. Il fait sa connaissance à la fin de son service militaire en 1889 et Proust croit tomber amoureux de la fiancée de Gaston, Jeanne Pouquet (1874 1962 ), dont il s'inspire pour le personnage de Gilberte de La Recherche.Marcel Proust aux pieds de Jeanne Pouquet en 1892

 

Gaston se marie avec Jeanne Pouquet en mai 1893. Proust refusera d'être garçon d'honneur. Anatole France et Madame Arman de Caillavet accompagnèrent les jeunes époux pendant leur voyage de noces en Italie. Proust leur rendit visite des années plus tard dans leur appartement du 40 rue de Courcelles et s'intéressa à leur petite fille Simone , Il reporte sur la fille son affection pour la mère, rêvant à la destinée d'une fille de Saint-Loup et de Gilberte.

simone caillavet maurois 2De cet amour de jeunesse, il fera la mademoiselle de Saint-Loup d’À la recherche du temps perdu, tandis que Jeanne Pouquet, la mère, lui inspirera le personnage de Gilberte Swann.

 

Jeanne Simone de Caillavet est une femme de lettres et mannequin française, née en 1894 et morte en 1968 à l'âge de 74 ans.

 

En 1910, Proust écrit à Simone : « Vous me feriez très plaisir si vous me donniez votre photographie. Je penserai à vous même sans photographie, mais ma mémoire fatiguée par les stupéfiants a de telles défaillances que les photographies me sont bien précieuses. Je les garde comme renfort et ne les regarde pas trop pour ne pas épuiser leur vertu. »

 Il finit par obtenir aussi la photographie de la mère, ainsi que celle, fameuse, prise au tennis du Boulevard Bineau et sur laquelle il joue de la guitare avec une raquette


Gaston Arman de Caillavet mourut d'une maladie qu'il avait contractée pendant l'été 1914. Sa famille et Proust en furent accablés. Jeanne Arman de Caillavet rendit visite à l'écrivain au 102 boulevard Haussmann en voiles de deuil et Proust ne pouvait retenir ses larmes : « Marcel, je vous fais beaucoup de peine, laissez-moi partir ! » s'écria-t-elle à la fin. Jeanne se remaria plus tard avec son cousin, Maurice Pouquet.

 


Simone a le goût du « monde » et celui des lettres. A vingt-quatre ans, elle publie un recueil de poèmes, que préface Anatole France ( photo, à droite ). Anatole-France

 

Elle épouse en premières noces George Stoïcescu, diplomate roumain. Le ménage ne dure pas. En 1924, elle fait la connaissance à Paris de l'écrivain André Maurois ( 1885 1967 ) entre autres biographe de Proust... ; veuf d'un premier mariage. Elle l'épouse en 1926, à Saint-Médard-d'Excideuil où les parents de Simone sont propriétaires du château d'Essendiéras.Cette propriété acheté par son ancêtre Antoine Pouquet (1757-1833) qui avait épousé Marguerite Gay sera du temps des Pouquet et des Maurois un haut lieu de la culture littéraire et de la culture agricole. Bien que se sachant moins aimée que Jeanine, la première épouse, elle se dévoue à l’homme qu’elle aime et à l'écrivain qu'elle admire.

Cette année-là, André Maurois lui fait un envoi sur son ouvrage Ariel ou la Vie de Shelley: « À Madame Simone de Caillavet qui aime les poètes et qui mérite de les aimer.  »

Simone pose dans les magazines pour Lucien Lelong, le couturier chez qui elle s'habille, comme le font d’autres femmes très en vue : la danseuse Georgia Grave, la comtesse de Chabannes, la princesse Galitzine, Natalie Paley, Baba de Faucigny-Lucinge.

Les relations de Simone facilitent l'élection de son mari à l'Académie française, le 23 juin 1938.

M et Me André Maurois dans leur chateau d'Essendieras

Pendant la guerre, le couple s'exile aux États-Unis. Jeanne Pouquet reste seule au château d'Essendiéras. Son antidreyfusisme cause quelques ennuis à son gendre, accusé d'avoir été collaborationniste malgré ses contributions à Radio Londres.

En 1947, elle laisse André partir seul pour un voyage de conférences en Amérique du Sud. Il s'enflamme pour Marita, une de ses admiratrices péruviennes. La liaison se scelle de cinquante-quatre lettres d’amour fou. Simone apprend, et pardonne. Neuf ans plus tard, pour prouver à André qu’il s'est trompé sur cette femme, elle l’invite à Paris. Elle-même ne s’est pas trompée : il est déçu. Simone peut exiger et obtenir la restitution des lettres péruviennes. Marita les lui vend et repart seule pour le Pérou.

Simone meurt en 1968, un an après son mari. ( Source Wikipedia )

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La "vérité" de Proust

Publié le par Perceval

Proust photoEntrer dans l'univers de Proust, c'est comprendre ceci:

 

«  Il ne s'agissait pas pour Marcel Proust de reconstituer l'histoire de son enfance, de son adolescence et de sa jeunesse avec tous les détails et les péripéties qui en avaient déterminé le développement, ni même de redonner vigueur à ce qui avaient été ses premières émotions et ses premières espérances, mais de découvrir enfin cette part de lui-même qui, aussi loin qu’il remontait et jusqu’au jour présent, avait noté sans y prendre garde la permanence de ses impressions, et lui avait révélé la vérité du monde. Car cette vérité, l’écrivain pouvait la recréer, en marche, à partir des jours enfuis. » Jérôme Picon ( Passion Proust )

 


 

Longtemps je me suis couché de bonne heure 

 

 

«Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n'eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci.»

 

(A la Recherche du temps perdu. Le Temps retrouvé, Pléiade, tome IV).

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Proust dans "La Pléiade"

Publié le par Perceval

Voyager, c’est s’autoriser à se perdre… Partir en recherche d’ « on ne sait quoi », guidé par la seule sensation d’un souvenir, d’une image …Paul Bowles Voyages

 

"Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux".  (Marcel Proust)

 

J’ouvre un livre. Ce n’est pas n’importe quel livre… Il tient - ouvert - dans la main, je feuillette les pages de papier bible.


Proust, dans la Pléiade.

 

papier Bible la PleiadeJe le caresse, plonge mon visage dans sa chair. Tourne la page, glisse mon doigt sur sa face légère.

 

Une littérature qui transcende les futilités d'une société bourgeoise

 

Et Dieu ... dans tout ça ?

 

“ Dieu est terriblement absent de l’œuvre de Marcel Proust.
« Du point de vue littéraire, c’est sa faiblesse et sa limite (...) le défaut de préoccupation morale appauvrit l’humanité créée par Proust, rétrécit son univers ... ». Fr. Mauriac

 

 

 

 

 

« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent Albertine disparue, Marcel Proust, Livre de Poche, Gallimarréellement vécue, c’est la littérature ; cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. » Le Temps Retrouvé

 

Sans doute suis-je autant attiré par les phrases de Proust, que par ces hommes et ces femmes perdus dans leur languissante frivolité.

Je sais … Attirance ambiguë, d’entre « la beauté des femmes »  et «  le corps : objet « mécanique » ou «  de souffrance » et de l’ennui


A ce propos : Lire le passage dans lequel Saint–Loup apparait accompagné de sa maîtresseRACHEL louisa-de-mornand

 

« Rachel quand du Seigneur »( !)…

 

Ce moment de rêverie autour d’une anecdote passée ( voir : A l’ombre des jeunes filles en fleurs ), typique de la réflexion proustienne me renvoie à la rêverie de Perceval, devant les gouttes de sang - dans la neige - qui lui rappelle Blanchefleur ….

 

 

Photo de Louisa de Mornand ( Rachel du Seigneur )


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La Guerre Sainte - René Daumal -

Publié le par Perceval

daumal

" Je vais faire un poème sur la guerre. Ce ne sera peut-être pas un vrai poème, mais ce sera sur une vraie guerre.


Cocteau - le sand d'un poete 16Ce ne sera pas un vrai poème, parce que le vrai poète, s'il était ici, et si le bruit se répandait parmi la foule qu'il allât parler — alors un grand silence se ferait, un lourd silence d'abord se gonflerait, un silence gros de mille tonnerres.

Visible, nous le verrions, le poète; voyant, il nous verrait; et nous pâlirions dans nos pauvres ombres, nous lui en voudrions d'être si réel, nous les malingres, nous les gênés, nous les tout-chose.Le-cauchemar-definition-personnelle


Il serait ici, plein à craquer des mille tonnerres de la multitude des ennemis qu'il contient — car il les contient, et les contente quand il veut — incandescent de douleur et de sacrée colère, et pourtant tranquille comme un artificier, dans le grand silence il ouvrirait un petit robinet, le tout petit robinet du moulin à paroles, et par là nous lâcherait un poème, un tel poème qu'on en deviendrait vert.
Ce que je vais faire ne sera pas un vrai poème poétique de poète, car si le mot « guerre » était dit dans un vrai poème — alors la guerre, la vraie guerre dont parlerait le vrai poète, la guerre sans merci, la guerre sans compromis s'allumerait définitivement dans le dedans de nos coeurs. "

Elle René daumal

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Voyageur immobile

Publié le par Perceval

Il n’est pas nécessaire de partir, pour voyager… C’est essentiel.

Il suffit de tourner les pages des quelques sensations enfouies après d’anciennes lectures ou d’aventures enfantines…

A moins que ce ne soient que des souvenirs de vies ou de rêves passés… Aujourd’hui, la moindre image, même pensée, crée la rêverie … Cela me suffit.

 

 

Il ne se considérait pas comme un touriste, mais comme un voyageur… Paul Bowles

 

hopper-nighthawks 


Nous débarquâmes avec une quantité de bagages telle qu’il fallut une petite armée de porteurs pour s’en charger. (Mémoires d’un nomade – Paul Bowles)

Bagages 1


 

 

Alors que le touriste se hâte, en général, (…) le voyageur, toujours étranger à ses lieux de séjour successifs, se déplace lentement, sur des périodes de plusieurs années, d’une contrée de la terre à une autre. (Un thé au Sahara – Paul  Bowles)

 


Je sais qu’il ne sert plus à rien de partir.

 

"Il y a une certaine saveur de liberté, de simplicité, … une certaine fascination de l'horizon sans limites, du trajet sans détour, des nuits sans toit, de la vie sans superflu." Théodore Monod, Méharées

 


Bagages paquebot

"La halte méridienne est torride ? L’ombre de cette épine est maigrelette ? Ce sable brûlant ? Ces cailloutis croulants et coupants ? Cette eau nauséabonde ? Ce vent diabolique ? Cette nuit glacée ? Ne te plains pas. Il n’y a personne pour t’entendre et s’apitoyer sur tes petites misères. Supporte. Patiente. Serre les dents. La revanche, tôt ou tard, viendra. D’ailleurs, je te connais bien. Quand elle sera venue, cette vengeance tant espérée, quand tu te coucheras, rassasié de mets délicats qui n’auront pas craqué sous la dent, désaltéré d’une eau incolore, sans poils de bouc, dans un lit de sybarite, sous un toit, au chaud, alors, au lieu de savourer durablement ta félicité, très vite, dès que la grosse fatigue de tes marches solitaires sera oubliée, alors tu te prendras à regretter tes rudes étapes, tes pieds écorchés, tes lèvres éclatées, tes sommeils, recroquevillé sous les étoiles. Et a la premiere occasion, comme moi, tu repartiras..." Théodore Monod

 

 

Hôtel Tanger 1948

 

 

Les rêveurs de grands chemins ne se nourrissent de rien,le goût du voyage sinon de miettes hasardeuses, tombées du ciel, d'un livre, de semis de lumière, oubliés dans l'épaisseur de l'encre: de quoi réjouir les cigales et charmer le silence.
[Le colporteur de Christian Bobin]

 

 

 

Dans Le Livre de l’intranquillité, Fernando Pessoa met dans la bouche de son aide-comptable Soares:

 “Seule une extrême faiblesse de l’imagination justifie le voyage. Pour voyager, il suffit d’exister.”

 

rêveur… j’étais content d’avoir son avis, de ne pas aller en Bretagne, parce que c’était malsain pour un esprit déjà porté au rêve.
Proust, A L’Ombre Des Jeunes Filles en Fleur, Volume 3

 

Fragments d'un voyage immobile Fernando PESSOA Lisbonne, 1888-1935.


Je ne dors pas. J'entresuis.


Je n'évolue pas : JE VOYAGE.


Il est nécessaire de naviguer, vivre n'est pas nécessaire...


Vivre n'est pas nécessaire : ce qui est nécessaire, c'est créer.

 

 

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 “ La réalité n’a pas besoin de moi.”

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Que cache la réalité ?

Publié le par Perceval

« Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel. »    Mondrian

  Vladimir Kush 90

 

Que cache la réalité ?

 


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Celle qui n’est accessible que par les sens et la raison… ?

 

Dans la nuit, un homme s’éveille pour découvrir qu’un serpent se trouve dans sa chambre. La présence de ce reptile le fige sur place. Mais pour le mental, il en va tout autrement: frappé de panique, il s’agite, se démène, s’affole. Le serpent va-t-il s’approcher et bondir? Ne vient-il pas de bouger?... Plus le temps passe, plus le mental de cet homme s’échauffe. La nuit lui paraît interminable. Mais au petit matin, il découvre qu’il s’agissait... d’une corde. Rob Gonsalves AstralProjections

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« L'enfer est du néant qui a de la prétention et donne l'illusion d'être. »  Simone Weil   La Pesanteur et la Grâce, Pocket collection Agora, p. 112 

 


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Je crains de m’égarer, sur des chemins d’illusion …

 

 

 

 

 

 

 

 

La réalité semble s’imposer par sa non-contradiction interne … En rester là, me semble un peu trop simple, pour être vrai … Le Vrai, est si souvent paradoxal, que j’y verrai bien là une partie de sa définition ….

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La réalité n’est-elle pas une construction sociale et culturelle qui met en place des principes de vie qui finissent par s’imposer à tous, comme étant ‘ le réel ‘, la vraie vie … ?

 

 

 

 

"L'artiste qui renonce à une heure de travail pour une heure de causerie avec un ami sait qu'il sacrifie une réalité pour quelque chose qui n'existe pas."   Marcel Proust  Extrait de ‘Le temps retrouvé’

 

 

 

 

« L'illusion est la première apparence de la vérité. »   Rabindranàth Tagore Extrait de Chitra

 

 

 

 

Aussi, ne faudrait-il pas s’interroger … sur ce qu’autour de moi, on prendra pour la réalité …?

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« Toute la création est fiction et illusion. La matière est une illusion pour la pensée ; la pensée est une illusion pour l'intuition ; l'intuition est une illusion pour l'idée pure ; l'idée pure est une illusion pour l'être. Dieu est le mensonge suprême.Fernando Pessoa   Extrait de Traité de la négation

 

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« Pour trouver Dieu en réalité, il faut descendre jusqu'à cette profondeur de soi où l'homme n'est plus qu'image de Dieu ; là même où au jaillissement de soi, il ne se trouve plus que Dieu. »   Henri Le Saux  Extra

it de Sagesse hindoue, mystique chrétienne

 

 

 

 

 

 

 

 


 

vladimir kush sea

"Ce qui est étonnant, ce n'est pas que Dieu existe en réalité mais que cette idée de la nécessité de Dieu soit venue à l'esprit d'un animal féroce et méchant comme l'homme, tant elle est sainte, touchante, sage, tant elle fait honneur à l'homme."   Fiodor Dostoïevski      Extrait de Les Frères Karamazov

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