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1951 - Teilhard de Chardin - Une vision du Monde – 2

Publié le par Régis Vétillard

Les intuitions du Père Teilhard de Chardin semblent sur le plan théologique véritablement révolutionnaires. Lancelot est fasciné par la cohérence qu'il pourrait ainsi exister entre matériel et spirituel. Et, précisément, le 25 mars 1951, Lancelot a l'opportunité d'assister à une conférence du père, son titre : '' Du cosmos à la cosmogénèse.''

Sans publicité, le public est composé de disciples acquis à la cause du maître. Les mots de passe pour entrer, pourraient être ''noosphère'' ou ''ultra-humain'' ; c'est que la connaissance d'un certain vocabulaire est effectivement nécessaire pour suivre l'exposé. Ce soir, il s'agit de '' cosmogénèse ''.

Le Père, spirituel et scientifique à la fois, semble inquiet de voir un public de plus en plus vaste, et enthousiaste. Il reste bienveillant, et ironique de sa popularité.

Teilhard reprend sa vision évolutive du monde : - nous pensions le Cosmos, comme un modèle statique d'Univers. Un monde qui serait donné à l'homme. - Non, le Cosmos se construit au fur et à mesure en un « mouvement d'ensemble vers l'unité , et où l’apparition de l’homme s’insère dans le développement du cosmos physique et comme son couronnement.

Le sens de l’évolution, vers l’Homme et jusque dans l’humanité encore en développement, se ferait selon une loi de complexité croissante des relations entre les éléments du cosmos.

La cosmologie devient cosmogenèse. L'Evolution devient un modèle pour penser ce qui s'est passé, de la formation de l'univers à l'émergence de la vie. Ce concept a le grand mérite de sortir le débat philosophique du dualisme stérile entre esprit ou matière dans lequel il se trouvait jusqu'alors enfermé. « D'un côté l'Esprit, de l'autre la Matière : et entre eux, rien d'autre chose que l'affirmation d'un accolement inexpliqué et inexplicable » constate Teilhard. « Atomes, électrons, corpuscules élémentaires, quels qu'ils soient… doivent avoir… une étincelle d'Esprit. ».

Le père, propose la loi de ''spiritualisation par union'', ou loi de ''complexité-conscience" : Chaque progrès dans la complexité s'accompagne d'une augmentation de conscience de l'organisme en cause.

« Laissée assez longtemps à elle-même, sous le jeu prolongé et universel des chances, la Matière manifeste la propriété de s'arranger en groupements de plus en plus complexes et en même temps de plus en plus sous-tendus de conscience; ce double mouvement conjugué d'enroulement physique et d'intériorisation (ou centration) psychique se poursuivant, s'accélérant et se poussant aussi loin que possible,-- une fois amorcé. Cette dérive de complexité/conscience (aboutissant parfois à la formation de corpuscules de plus en plus astronomiquement compliqués) est facilement reconnaissable dès l'Atomique,- et elle s'affirme dans le Moléculaire. Mais c'est évidemment chez le Vivant qu'elle se découvre avec toute sa clarté. » ( Teilhard de Chardin, L’apparition de l’homme, p 195 - 196 )

La présentation du père, est suivie de discussions entre les participants.

Une question revient souvent et concerne la part de liberté de l'homme, dans ce processus ?

La création est un processus dynamique toujours en action; mais l'homme en est responsable ; et Teilhard a foi en l'homme. Il exprime sa conviction optimiste et soutenue par sa foi, en un avenir divin. L'Evangile est une ''Bonne nouvelle '' et révèle à l’homme ce vers quoi l’évolution elle-même l’oriente.

Une autre question concerne le lien entre Science et Métaphysique. La physique peut remettre en cause la métaphysique, non pas dans sa nature, mais dans sa formulation ; par exemple, l'évolution appartient à la science pour ce qui est de l'observation ; cependant, quand celle-ci donne lieu à des hypothèses, elles peuvent déjà constituer une approche philosophique. Enfin, le philosophe peut proposer une interprétation. La science se doit de garder son domaine propre.

Enfin, à l'occasion d'un échange, Lancelot exprime le regret que le ''Dieu'' présenté par un scientifique, semble limité par sa transcendance en quelque sorte, et fait peu cas du Dieu intérieur de saint-Augustin, par exemple. Une personne cite, alors, un livre d'un prêtre, Maurice Zundel, qui avait déjà attiré l'attention de Lancelot. Dans, ''Recherche du Dieu inconnu'' (1949), Zundel écrit : « Dieu n'est pas une invention, mais une découverte ». Le lecteur est invité à découvrir en grande partie par lui-même un enseignement vivant et libérateur des vérités de la foi. C'est publié aux Editions Ouvrières, grâce à un père dominicain, ami de Zundel réticent: le Père Moos. Ce livre eut tout de suite un grand succès.

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