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jerusalem

Voyage en Orient

Publié le par Perceval

Vue de Jérusalem

Vue de Jérusalem

Charles-Louis de Chateauneuf a la grande chance d'avoir rencontré le comte de l'X. conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal, et membre de plusieurs sociétés savantes, en particulier président de la Société des antiquaires de France …

Ce savant est passionné par le Moyen-âge, et il va entreprendre un voyage en Terre Sainte, et au retour traverse - d'Italie où il débarque – l'empire d'Autriche-Hongrie, jusqu'en Bohème pour revenir à Paris par les états allemands...

Voyage dont il va rendre compte à Charles-Louis, d'autant que le comte a gardé avec lui ses questions sur les Templiers... Des questions que partagent fort le Comte de l'X. qui a pour objectif d'aller à Jérusalem pour se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce qu'il obtenir le 21 juillet 1837, en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre ».. Et, autre objectif : acquérir des objets palestiniens les plus anciens possibles, pour ses propres collections; et pourquoi pas de ''saintes reliques '' … !

Le Voyage en Orient, est pour le riche voyageur romantique un incontournable … pour reprendre la formule de Gérard de Nerval, '' Orient '' signifie « la terre maternelle », la matrice originelle, le fantasme de son enfance.

A cette époque, le voyage vers Jérusalem était plus difficile et plus périlleux qu'aujourd'hui... Chateaubriand l'avait précédé en 1806.. La publication de son Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811 est devenu « la Bible » de tous les pèlerins qui se rendent aux Lieux Saints dans la première moitié du siècle...

Ce aventure, est réservée à une élite qui en a les moyens ; mais toujours soumise aux dangers qu’ont toujours connu les explorateurs : vents contraires, maladies, difficultés d’hébergement ou même hostilité déclarée des populations. On loge dans un caravansérail plein de cafards, de puces et de poux. Selon le guide Joanne du milieu du siècle « à l’intérieur de la Grèce, de l’Asie, de la Syrie on ne peut voyager qu’à cheval et loger sous la tente ». La situation paraît meilleure en Turquie et en Egypte.

 

Le voyage vers la Palestine depuis l’Europe se fait uniquement en bateau au départ de Marseille ou de Venise. Chateaubriand arrive en Terre Sainte après un périple à travers l’Italie, la Grèce, Constantinople pour arriver à Jaffa près de deux mois et demi après son départ de France.

Les environs de Jérusalem sont dévastés ; sur un sol stérile , blanchâtre et pierreux, croissent çà et là quelques oliviers au pâle feuillage, quelques vignes et quelques figuiers.

Pour les déplacements, le sentier reste la norme et le cheval ou le mulet les soutiens indispensables pour se rendre dans la Ville Sainte

« Tout est triste et désolé autour de Jérusalem, dans Jérusalem; et cependant la vue seule de cette mystérieuse ville prend tout votre être, et le tient comme suspendu entre Dieu et le monde. » 

Chateaubiand séjourne une semaine à Jérusalem, dont il compare, « les maisons à des prisons ou des sépulcres » et dont il trouve les rues désertes. Sa vision est proprement « morbide » : « Pour tout bruit dans la cité déicide, on entend par intervalles le galop de la cavale du désert, c'est le janissaire qui apporte la tête du Bédouin ou qui va piller le fellah ». Il note aussi que les Juifs y vivent de la charité et que l'accès à l'Esplanade des Mosquées est défendu à tout chrétien sous peine de mort.

1839 Citadelle de Jérusalem, Tour de David - David Roberts -

 

De 1831 à 1840, Jérusalem est occupée par les armées du vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, et a obtenu de nombreux droits pour les catholiques orientaux : celui de posséder des lieux de culte spécifiques et d’avoir un représentant direct auprès du Sultan. 

« La ville sainte est située sur un terrain très inégal, ou plutôt sur trois montagnes de différentes grandeurs : le mont Moria, où s'élevait le temple de Salomon ; le mont Sion, dont le nom retentit si souvent dans les Écritures, et le mont Calvaire ou Golgotha, qui vit les derniers instants du Fils de l'homme. La cité est enfermée dans des remparts qui ont une lieue de circonférence et qui furent construits par Soliman Il vers le milieu du XIe siècle. Jérusalem a six portes qu'on ferme tous les soirs après le coucher du soleil : celles de Saint-Étienne à l'orient, de Damas au nord, de Bethléem et de David au midi, d'Hérode et Herquiline au sud-est. Du côté de l'orient la cité est naturellement défendue par la vallée de Josaphat et le torrent de Cédron. Les maisons sont construites en pierres ; elles ont, en général, deux étages et sont d'une mesquine apparence. »

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Roger de Laron – Pèlerin à Jérusalem -3/,-

Publié le par Perceval

On ''monte'' à Jérusalem (la ville est à 900m d'altitude) et, … Enfin, la ville Sainte apparaît :

« nous gectasmes à genoulx et chantasmes en grant joye et dévotion Te Deum Laudamus et le pseaulme qui ensuyt (Lauda Jerusalem), qui ne fut pas sans gecter grant quantité de larmes... »

Jérusalem - Porte de Jaffa

A la porte de Jaffa, il faut descendre de monture, car aucun chrétien n'a le droit de chevaucher, fût-ce sur un âne, dans les rues de Jérusalem. 

Jérusalem paraît au pèlerin du XIVe siècle, comme une petite ville sans défense, avec peu de tours... Déjà les visiteurs se délectent des ''bazars'', des rues animées... Beaucoup d'églises sont reconvertis en mosquées, et même des quartiers sont interdits aux pèlerins.

Jérusalem apparaît comme un grand reliquaire, que chacun veut toucher, et dont chacun veut emporter une parcelle... !

Le pôle du pèlerinage est le Saint-Sépulcre ; devant l'église, il y a une grande place toute pavée de marbre blanc, sur lesquels pavés tous les pèlerins se jettent à genoux et les baisent et se traînent sur leurs genoux jusques à la porte de la dite église.

 

Le visiteur se rend au mont des oliviers ; ici également, à la ''Mosquée de l'ascension'' on vénère l'empreinte des pieds de Jésus-Îsâ sur le rocher de l'Ascension ; également une grosse pierre sur laquelle Notre Dame avait coutume de se reposer - et on apprécie le panorama ( comme aujourd’hui !).

Jerusalem - la basilique de la Sainte-Agonie

Gethsémané a ses lieux saints, on y voit ,l'empreinte des mains de Jésus, de ses coudes sur la pierre de l'Agonie à Gethsémani ; la marque des coups de fouet sur la colonne de la Flagellation, traces de son sang sur la roche du Calvaire, et la couleur du sang de Notre Seigneur Jésus Christ apparaît encore aujourd'hui dans la fente de la roche.... '' Du Calvaire, à 24 pieds vers l'orient, est un autel sous lequel est une partie de la colonne contre laquelle le Seigneur fut flagellé.... Elle est de pierre de porphyre presque noir avec des taches rouges naturelles, que le peuple croit être les marques du sang du Christ.''

Saint-Sépulcre - La Pierre de l'Onction

Là est le trou où la Sainte Croix fut posée et dressée, dans ce trou, le pèlerin y pose sa tête...

Enfin, on s'émerveille des miracles qui auraient lieu au Tombeau de David...

Les français se logent du côté de l’hôpital Saint-Jean, autrefois occupé par les chevaliers … mais, à présent bien moins tenu, sans mobilier les pèlerins dorment à même le sol !.

Avec des relations, on peut trouver un abri confortable au Mont-Sion.

La visite des lieux saints se fait toujours accompagnée de religieux, trois pérégrinations sont proposées : la 'via captivitatis', la 'via crucis', et la procession à l'intérieur du Saint-Sépulcre. La 'via dolorosa' date du début du XVIe siècle...

 

Hors de la Cité, le pèlerin se rend à la 'probatica piscina' ( Bethesda) où le Seigneur a guéri le paralytique. Puis, on le dirige à gauche où Saint Etienne fut lapidé, avec le rocher où fut assis le futur Saint-Paul qui veillait sur les vêtements des tyrans...

Site archéologique de Bethesda

Le bâtiment du Cénacle vient d'être construit, on y voit la citerne présumée où fut prise l'eau pour laver les pieds des apôtres.

Dans la maison de Caïphe, on montre un pilier de pierre où Jésus fut lié et au milieu de la cour, un romarin commémore le reniement de Pierre ( site de Saint-Pierre en Gallicante).

Et, avant de quitter Jérusalem ( après deux semaines) le pèlerin accomplit le plus grand moment de son pèlerinage : la nuit ( souvent trois …) de veille dans l'Eglise du Saint-Sépulcre... Rite symbolique de Mort et Résurrection.

Depuis le le début du XIIIe siècle, le Saint-Sépulcre est partagé au culte entre diverses communautés : Grecs, jacobites, Syriens, Maronites, Nestoriens, Nubiens, Indiens, Abyssins, Latins... ( cf le témoignage de Jacques de Verone (1335) )

On s'arrête également devant les tombeaux de Godefroi de Bouillon et du roi Baudoin.

Graffitis médiévaux sur les murs du Saint-Sépulcre

Les juifs sont très peu nombreux à Jérusalem... On dit qu'à son arrivée, le rabbin espagnol Nahmanide surnommé Ramban, en 1267, ne ne trouve que deux juifs, frères et teinturiers de métier. Tous trois voient une maison en ruine avec des piliers en marbre et un beau dôme, ils en font une synagogue. Ils font venir de Sichem ( Naplouse) les rouleaux de la Loi. La communauté commence à se concentrer dans le quartier juif actuel, établi au sud-ouest du Mont du Temple, entre la Porte des Ordures et la Porte de Sion.

Jérusalem est à majoritairement musulmane – sur dix mille habitants, on estime que Jérusalem compte au XVe siècle environ mille chrétiens et cinq cents Juifs – les persécutions et les vexations ne sont pas rares envers les non-musulmans, et les lieux de culte sont régulièrement saccagés.

La société mamelouke impose le port de signes distinctifs à chaque communauté: turbans jaunes pour les Juifs, turbans rouges pour les Samaritains, turbans bleus pour les Chrétiens, turbans blancs pour les Musulmans.

-  Sources : Les pèlerins de Jérusalem au Moyen-âge de Nicole Chareyron.

Les 'photos' proviennent de mon séjour à Jérusalem...

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Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -2/,-

Publié le par Perceval

Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -2/,-

L'arrivée de Roger de Laron, sur la Terre Sainte, et à Jaffa en particulier, est désolante pour tous ceux qui reviennent après la perte du ''Royaume Latin ''…

La ville est détruite, son port désaffecté ( pour empêcher un débarquement guerrier), la citadelle n'est plus réduite qu'à ses deux tours de guet. Il faut attendre parfois plusieurs jours pour être autoriser à débarquer, et après péage de droits. Le sultan accorde des pèlerinages pacifiques lucratifs, mais reste méfiant.

On est réduit à coucher dans des cavernes situées sur le bord de la mer, « sur la terre, à l'enseigne de l'estoille, qui est l'hostellerie commune de l'Orient, où on ne paie rien pour le giste » ( P. Boucher. )

Il faut s'organiser en groupe, louer fort cher mules ou chameaux, et employer les gens du pays. On apprend à distinguer les Sarrasins, les mamelouks ( l'autorité), les chrétiens orientaux ; et partout il faut payer … !

 

On s'arrête à Ramléh, dans une hôtellerie, où des religieux franciscains tentent pacifiquement de s'établir. Ramléh (Ramla) se trouve le long de la route de la ''Via Maris '', reliant le vieux Caire(Fustat) à Damas , à son intersection avec la route reliant le port de Jaffa à Jérusalem .

Aujourd'hui, l’un des symboles les plus remarquables de la ville de Ramla est son minaret de trente mètres de haut, qui s’élève sur le mur nord de la vieille mosquée omeyyade, mieux connue sous le nom de Mosquée Blanche. Cette tour, du haut de laquelle les fidèles étaient appelés à la prière, fut érigée en 1318, durant le troisième règne du sultan mamelouk An-Nâsir Muhammad ben Qalâ’ûn (1310-1341).

Roger de Laron, lui, voit encore sept tours en forme de clochers qui rappelle l'époque des croisés...

Vue sur les toits de Lydda et l'église de St George en arrière-plan

 

Tout près, à Lydda ( Lod) , les pèlerins sont invités à une excursion de piété : on y vénère le tombeau de Georges martyr du IVème siècle.

 

* Saint Georges est le saint patron de la chevalerie de toute la chrétienté (ordre du Temple, ordre Teutonique, ordre de la Jarretière, ordre de Saint-Michel et Saint-Georges…), il est principalement représenté en chevalier qui terrasse un dragon...

J'ai pu constater, qu'aujourd'hui en Palestine, Saint-Georges est une figure très populaire, que l'on retrouve sur les maisons des chrétiens, et qui nomme de nombreuses églises...

 

La croix rouge sur fond blanc a été associée à Saint Georges depuis l'époque des croisades.

Pour les palestiniens, St Georges est un héros local qui a distribué ses biens et est resté fidèle à sa religion lorsqu'il a été emprisonné et torturé. George fut finalement décapité par les Romains le 23 avril 303 après JC.

La légende selon laquelle il aurait sauvé une jeune fille en tuant un dragon est probablement apparue au Moyen Age.

 

On dit qu'il a vécu à Al-Khadr près de Bethléem ( sud ouest ), sur une terre appartenant à la famille de sa mère. Aujourd'hui, Al-Khadr est entouré par quatre colonies israéliennes. Son père viendrait de Cappadoce, une région de la Turquie moderne, et sa mère serait une ''palestinienne '' de Lydda - maintenant Lod, en Israël.

Il y a beaucoup d'églises en Cisjordanie et en Israël qui portent le nom de St George - à Al-Khadr, Lod et en Galilée, par exemple. Selon un calendrier ancien utilisé par les églises orientales, on le commémore le 6 mai.

Bien que ce soit à l'origine une fête chrétienne locale, les chrétiens palestiniens et les musulmans y participent. 

Des savants musulmans vont jusqu'à suggérer que St George est mentionné dans le Coran. En arabe, George est connu comme al-Khadr, qui est aussi le nom de ce village près de Bethléem où on le célèbre chaque année. Selon ces savants, al-Khadr, identifié à St George, a servi comme assistant de Moïse... !

 

Sources : Les pèlerins de Jérusalem au Moyen-âge de Nicole Chareyron.

 

Je reviendrai sur le '' Saint-Georges '' - héros du Moyen-âge dans les articles suivants...

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Jérusalem au Moyen-âge -2/2-

Publié le par Perceval

La première croisade, prêchée par Urbain II en 1095 et mêlant les armées de tous les États chrétiens d’Europe à des groupes de pèlerins, a pour but d’assurer la sécurité du pèlerinage au Saint-Sépulcre. Il s’agit également de protéger les « frères chrétiens » d’Orient, et de combattre l’islam ; mais le premier objectif est véritablement la reconquête de Jérusalem

 

La conquête de la ville par quinze mille Croisés, les 14-15 juillet 1099, a pour conséquence un bain de sang : Juifs et musulmans sont massacrés sans distinction, et la population passe de trente mille à trois mille personnes. Godefroi de Bouillon, à qui les barons européens offrent la couronne de Jérusalem, refuse de porter une couronne d’or là où le Christ porta une couronne d’épines et prend le titre d’avoué du Saint-Sépulcre. Les Croisés interdisent tout établissement musulman ou juif dans la ville, et font venir des chrétiens de Syrie, dispensés de taxes, pour renforcer la présence chrétienne à Jérusalem.

 

C’est la fondation du Royaume latin de Jérusalem par Baudouin Ier, en 1100, qui fait de la Ville Sainte une véritable métropole : elle sera le centre du pouvoir franc au Levant jusqu’à sa reconquête par Saladin en 1187

La ville est protégée par deux ordres de moines-chevaliers qui acquièrent rapidement une influence immense, les Hospitaliers (ordre fondé en 1109 et installé près du Saint-Sépulcre) et les Templiers (ordre fondé en 1128, qui a ses quartiers près de la mosquée al-Aqsa, convertie en église), qui dépendent tous deux directement du Pape.

Sources : lesclesdumoyenorient.com

La période ayyubide (1187-1250) : En Egypte, le sultan ayyubide Saladin, un Kurde arménien de foi musulmane, arrive au pouvoir en 1170. Il succède au fils de Zengi comme gouverneur de Syrie et d’Egypte, et ses contemporains le considèrent comme un homme de foi.

Les Croisés sont repoussés vers la mer. Ensuite le chef mamelouk Baybars, de 1260 à 1277, fait tomber la dynastie ayyubide de Saladin et mène une série de campagnes en prenant ville après ville et en progressant peu à peu vers la côte. Acre, la dernier bastion croisé, tombe en 1291.

La période mamelouke (1250-1517) : Les Mamelouks parviennent à battre l'invasion Mongole à Ein-Harod, Jérusalem passe sous leur contrôle jusqu’à la conquête ottomane de 1516.

- 1490: Nombre d’habitants dans une Jérusalem en ruines: dix mille environ.

En 1517, la Terre d’Israël, et avec elle Jérusalem, passe sous la domination de l’Empire ottoman, domination qui va durer quatre siècles (1517-1917).  

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Jérusalem au Moyen-âge -1/2-

Publié le par Perceval

Jérusalem - Le Mythe : Jérusalem terrestre et céleste : Figure exemplaire, image merveilleuse, pôle d’attraction et source de bienfaits...

Jérusalem telle que la représente la littérature française médiévale, apparaît comme la ville des reliques majeures, des indulgences et des miracles, comme celle des pèlerinages et des croisades, comme la ville sainte par excellence, au cœur de la ''Terre'' ...

 

Le pèlerinage :

« A la fin de l’époque romaine et pendant l’ère byzantine (IVe-VIIe siècle), le pèlerin est un aristocrate de culture classique, tenté par la vie ascétique du désert ; puis ce pèlerin s’intéresse aux récits miraculeux. Le XIe siècle voit émerger une figure de pénitent millénariste, en attente du Jugement Dernier imminent dans la vallée de Josaphat. Les pèlerinages se collectivisant toujours plus, les groupes se rassemblent sous l’autorité d’un directeur et comptent des laïcs, des clercs ainsi que des chevaliers armés pour leur défense : ainsi naîtra la croisade, qui, à l’origine, avait vocation pérégrinatoire. Dans les premières années du Royaume latin de Jérusalem, le croisé se distingue encore mal du pèlerin, mais aux XIIe et XIIIe siècles, l’écart se creuse entre ceux qui vivent dans le monde pour le défendre avec leurs armes et ceux qui le rejettent par idéal du contemptus mundi. Le pèlerin du XIIIe siècle se dessine plutôt comme un intellectuel aussi bien ouvert à la connaissance des choses spirituelles qu’à celles des réalités profanes : à la traditionnelle description des sites et des sanctuaires, il ajoute de libres observations et contribue aussi à la diffusion de fables.

Des pèlerins devant l'église du Saint-Sépulcre gardée par les Sarrasins - Marco-Polo

L’homo itinerans des XIVe et XVe siècles, en quête d’indulgences, ne correspond plus vraiment à un type défini ; il incarne plusieurs figures : la diversité des couches sociales, le tempérament des individus se reflètent dans les mémoires de voyages. À partir de 1332, il est pris en charge par les Franciscains de Terre sainte, organisateurs des processions, prédications et exercices spirituels adaptés aux lieux saints définis. » Extrait de Les pèlerins de Jérusalem au Moyen Age - De Nicole Chareyron (Auteur)

Jérusalem au Moyen-âge

Jérusalem est pour le peuple juif un centre à la fois religieux et historique, puisqu’elle était la capitale du royaume biblique de David et de Salomon, qui y construisit son temple. 

Elle est aussi la ville sainte des chrétiens, puisqu’elle fut le lieu de la mort et de la résurrection du Christ, que symbolise le Saint-Sépulcre ( = le tombeau du Christ ).

Enfin, l’islam sanctifie cette ville, lieu de la montée au ciel du Prophète Muhammad. Jérusalem est donc un centre religieux où cohabitent les trois religions : tous les témoignages médiévaux s’accordent sur la présence d’importantes communautés aussi bien chrétiennes que juives et musulmanes (excepté pendant les périodes de persécution). 

Contrôlée par l’Empire byzantin depuis 324, Jérusalem connaît une quinzaine d’années de domination perse entre 614 et 629 avant d’être reprise par les Byzantins. Pour peu de temps, toutefois, puisque s’ouvre presque au même moment l’ère des grandes conquêtes musulmanes : la Ville Sainte, appelée Aelia par les documents musulmans d’époque, est conquise vers 638 sans combat.

La conquête musulmane marque la fin des persécutions chrétiennes contre les Juifs, qui sont officiellement autorisés à se réinstaller à l’intérieur de la ville, ce qui leur était interdit depuis 135.

La prise de pouvoir fatimide, en 969, marque le début d’une ère plus prospère pour Jérusalem : al-Muqaddasi, voyageur et géographe musulman né à Jérusalem, insiste dans son récit de voyage sur son essor intellectuel et son cosmopolitisme, qu’il décrit en ces termes : « À Jérusalem, on trouve toutes sortes d’hommes cultivés et de docteurs, et pour cette raison le cœur de chaque homme intelligent est tourné vers elle. Tout au long de l’année, ses rues ne sont jamais vides d’étrangers [3]. » Avec trente mille habitants, un kilomètre carré de superficie et quatre kilomètres de remparts, Jérusalem connaît alors son apogée à l’ère musulmane.

En 996, elle entre à nouveau dans une période de déclin, lors de l’arrivée au pouvoir du « calife fou », al-Hakîm, qui persécute les chrétiens, interdit les pèlerinages et ordonne en 1010 la destruction des synagogues et des églises, y compris le Saint-Sépulcre. À sa mort, la situation s’apaise, les pèlerinages reprennent régulièrement et les bâtiments de culte sont reconstruits, mais Jérusalem demeure une ville secondaire dans le paysage politique et commercial de l’Orient médiéval. En 1071, elle est conquise par les Turcs Séleucides, qui occupent déjà les montagnes de Palestine : sous leur autorité se déroulent de nombreux pillages, rançonnements et persécutions des chrétiens et des Juifs, qui aggravent les préoccupations des États chrétiens d’Occident. Les Fatimides reprennent la ville en 1098, juste avant l’arrivée des premiers Croisés.

L'arrivée de plus en plus massive de chrétiens européens à partir du Xe siècle : l’année 1065 voit la venue à Jérusalem de douze mille pèlerins chrétiens originaires d’Allemagne et de Hollande. Selon les rapports de rabbins du XIe siècle, des pèlerinages juifs auraient également lieu.

L'importance symbolique de Jérusalem est donc considérable, ce qui est particulièrement important en un temps où le politique et le religieux sont quasi indissociables. C’est pourquoi elle sera l’enjeu majeur des croisades : l’appel du pape Urbain II au concile de Clermont le 27 novembre 1095, qui lance la première croisade, met l’accent sur la nécessité pour les chrétiens de reconquérir la Ville Sainte et particulièrement le Saint-Sépulcre.  

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La Quête du Graal : Jérusalem - Le Saint-Sépulcre - 13/21 -

Publié le par Perceval

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Le Roi Blessé...

- « Quelles sont mes blessures ? »

Entrez !

Au Moyen-âge, Jérusalem, et en particulier le tombeau du Christ au Saint-Sépulcre, était considéré comme le centre du monde chrétien. La ville était la destination d'innombrables pèlerins. Pour beaucoup, sa simple vue était un objectif spirituel tout aussi important que la Quête du Graal. Entreprendre le long et dangereux voyage vers Jérusalem aidait à purifier l'âme de son fardeau de péchés. Jusqu'au XIe siècle, la ville avait été occupée par les musulmans. Au début, les califes permettaient aux pèlerins de se rendre librement sur les lieux-Saints, néanmoins au fil du temps les relations entre les deux religions se sont dégradées. Avec la première croisade de 1096, le voyage est devenu pratiquement impossible …

L'ordre Templier a été fondé à l'origine pour protéger le pèlerins en route vers Jérusalem. Ensuite, le combat pour la possession de la ville sainte s'est poursuivi au fil de centaines d'années.

La ''Jérusalem céleste'' ( figure biblique) est à distinguer du Paradis terrestre. Celui-ci est représenté par une forme ronde : c'est ''le ciel sur la terre''... La Nouvelle Jérusalem, c'est ''la terre dans le ciel'', de forme carrée.

La transmutation de l'univers, signifiée par la Jérusalem nouvelle, n'est point un retour à un passé idyllique ( et disparu...), c'est une projection dans un avenir sans précédent … Le symbole du royaume messianique du Christ.

 

La lame N°13, traditionnellement représente La Mort. C'est le passage d'une voie à une autre. Le désir conscient de quitter un état, vers un autre, c'est l'un des aspects de la Quête du Graal... Si ''la Mort'' nous évoque la désillusion, la déception, le détachement... Cette carte présente avant tout des aspects de renouveau, de rétablissement et de réalisation...

Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...

Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

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