Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

palestine

Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -2/,-

Publié le par Perceval

Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -2/,-

L'arrivée de Roger de Laron, sur la Terre Sainte, et à Jaffa en particulier, est désolante pour tous ceux qui reviennent après la perte du ''Royaume Latin ''…

La ville est détruite, son port désaffecté ( pour empêcher un débarquement guerrier), la citadelle n'est plus réduite qu'à ses deux tours de guet. Il faut attendre parfois plusieurs jours pour être autoriser à débarquer, et après péage de droits. Le sultan accorde des pèlerinages pacifiques lucratifs, mais reste méfiant.

On est réduit à coucher dans des cavernes situées sur le bord de la mer, « sur la terre, à l'enseigne de l'estoille, qui est l'hostellerie commune de l'Orient, où on ne paie rien pour le giste » ( P. Boucher. )

Il faut s'organiser en groupe, louer fort cher mules ou chameaux, et employer les gens du pays. On apprend à distinguer les Sarrasins, les mamelouks ( l'autorité), les chrétiens orientaux ; et partout il faut payer … !

 

On s'arrête à Ramléh, dans une hôtellerie, où des religieux franciscains tentent pacifiquement de s'établir. Ramléh (Ramla) se trouve le long de la route de la ''Via Maris '', reliant le vieux Caire(Fustat) à Damas , à son intersection avec la route reliant le port de Jaffa à Jérusalem .

Aujourd'hui, l’un des symboles les plus remarquables de la ville de Ramla est son minaret de trente mètres de haut, qui s’élève sur le mur nord de la vieille mosquée omeyyade, mieux connue sous le nom de Mosquée Blanche. Cette tour, du haut de laquelle les fidèles étaient appelés à la prière, fut érigée en 1318, durant le troisième règne du sultan mamelouk An-Nâsir Muhammad ben Qalâ’ûn (1310-1341).

Roger de Laron, lui, voit encore sept tours en forme de clochers qui rappelle l'époque des croisés...

Vue sur les toits de Lydda et l'église de St George en arrière-plan

 

Tout près, à Lydda ( Lod) , les pèlerins sont invités à une excursion de piété : on y vénère le tombeau de Georges martyr du IVème siècle.

 

* Saint Georges est le saint patron de la chevalerie de toute la chrétienté (ordre du Temple, ordre Teutonique, ordre de la Jarretière, ordre de Saint-Michel et Saint-Georges…), il est principalement représenté en chevalier qui terrasse un dragon...

J'ai pu constater, qu'aujourd'hui en Palestine, Saint-Georges est une figure très populaire, que l'on retrouve sur les maisons des chrétiens, et qui nomme de nombreuses églises...

 

La croix rouge sur fond blanc a été associée à Saint Georges depuis l'époque des croisades.

Pour les palestiniens, St Georges est un héros local qui a distribué ses biens et est resté fidèle à sa religion lorsqu'il a été emprisonné et torturé. George fut finalement décapité par les Romains le 23 avril 303 après JC.

La légende selon laquelle il aurait sauvé une jeune fille en tuant un dragon est probablement apparue au Moyen Age.

 

On dit qu'il a vécu à Al-Khadr près de Bethléem ( sud ouest ), sur une terre appartenant à la famille de sa mère. Aujourd'hui, Al-Khadr est entouré par quatre colonies israéliennes. Son père viendrait de Cappadoce, une région de la Turquie moderne, et sa mère serait une ''palestinienne '' de Lydda - maintenant Lod, en Israël.

Il y a beaucoup d'églises en Cisjordanie et en Israël qui portent le nom de St George - à Al-Khadr, Lod et en Galilée, par exemple. Selon un calendrier ancien utilisé par les églises orientales, on le commémore le 6 mai.

Bien que ce soit à l'origine une fête chrétienne locale, les chrétiens palestiniens et les musulmans y participent. 

Des savants musulmans vont jusqu'à suggérer que St George est mentionné dans le Coran. En arabe, George est connu comme al-Khadr, qui est aussi le nom de ce village près de Bethléem où on le célèbre chaque année. Selon ces savants, al-Khadr, identifié à St George, a servi comme assistant de Moïse... !

 

Sources : Les pèlerins de Jérusalem au Moyen-âge de Nicole Chareyron.

 

Je reviendrai sur le '' Saint-Georges '' - héros du Moyen-âge dans les articles suivants...

Voir les commentaires

Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -1/,-

Publié le par Perceval

Roger de Laron – Pèlerin vers Jérusalem -1/,-

A l'occasion de mon propre voyage en Israël et en Palestine ; je vous propose de sauter dans la biographie de Roger de Laron ; jusqu'à – précisément – son retour vers Jérusalem...

Le Pèlerinage de Vie Humaine (Guillaume de Digulleville)

En ce temps, qui ne peut être que la dernière période de sa vie, Roger de Laron se voit comme le dernier de sa lignée... Ses recherches opératives et spéculatives, le contraignent au silence, plus qu'à la transmission ; et il est nostalgique d'une période de voyages hors des normes. Alors, que désirer de plus à présent, que volontairement partir à la rencontre de la mort, en retrouvant le désir de la Quête. Jérusalem, lui semble représenter un but intérieur et symbolique...

Partir sans armes: pour retrouver la paix de l'esprit, faire le point et espérer une clé vers la Vérité. Il lui faut retrouver Jérusalem, autrement...

Il sait que Jérusalem est entre les mains des Mamelouks. Mais, dit-on, les mamelouks sont occupés à empêcher l'invasion des mongols et Jérusalem est laissé à l’abandon... La Palestine est négligée, et Jérusalem serait redevenue une petite ville de province ; elle conserverait toutefois un rayonnement intellectuel et culturel important .

Jérusalem serait devenue une ville de pèlerins et d’érudits, et cela attire plutôt Roger de Laron …

 

En ce premier quart du XIVe siècle, le futur pèlerin doit convaincre son entourage de ses motivations. Des règlements protège le pèlerin, il est exempt de péages, et on ne lui refuse pas l'hospitalité. Les hospices lui accordent assistance en cas de maladie. Le prix de sa traversée est modique ;parfois, il est même dispensé de contribution sur les navires.

Avec l'autorisation de l'évêque, il reçoit officiellement le bourdon, la panetière et la bénédiction de l'évêque avec un sauf-conduit valable dans les monastères visités.

Roger de Laron part à cheval ; rapidement il l'échangera contre un âne...

En ce temps d'après-croisade, cependant on demande aussi au pèlerin d'assumer ses frais. Des frais assez élevés pour que gens d'affaires et de religion unissent leurs intérêts en s'associant en groupes de voyage.

« A partir de ce jour-là, je laissai pousser ma barbe et j'ornai tant ma cape que mon scapulaire d'une croix rouge, croix que des vierges vouées à Dieu, épouses du Christ', cousirent à mes vêtements ; et je pris les autres insignes du pèlerin sacré qui me convenaient. Les pèlerins de la Terre Sainte ont en effet cinq insignes : la croix rouge sur la longue veste grise et le capuchon cousu à la tunique monacale ; si le pèlerin n'est pas de l'ordre des Prêcheurs, le port de l'habit gris ne lui convient pas. Le second insigne est un bonnet noir et gris décoré lui aussi de la croix rouge sur le front. Le troisième est une longue barbe sur un visage rendu grave et pâle par les peines et les dangers, car partout les pèlerins même païens laissent pousser leur barbe et leurs cheveux jusqu'à leur retour.. Le quatrième est un sac sur les épaules contenant un peu de nourriture, avec un flacon, non pour l'agrément, mais suffisant à peine pour se sustenter. Le cinquième insigne qui est utile en Terre Sainte est un âne avec un ânier sarrasin à la place du bâton. Depuis, replié sur moi-même, j'attendis le jour fixé avec impatience et je me préparai au voyage sacré en silence. » Félix Fabri ( moine dominicain du XVe s.), les errances de Frère F F, pèlerin en Terre sainte …

Roger de Laron, par expérience, choisit la route par Venise ; celle de Marseille, assez directe, est menacée par les pirates de Barbarie... Venise s'est imposée comme la porte de l'Orient, elle est la plus fréquentée. Auparavant à Pavie, il a vendu son cheval, et loué une barque pour suivre la voie fluviale... L'Italie pratique de nombreux contrôles, il faut montrer lettres et bulettes ; qui n'en a pas doit acquitter des droits.

Cinq semaines, ce sera le temps de cette sereine traversée de la Méditerranée de Venise à Jaffa. Une traversée en galère... Il faut prendre patience sur une nef inconfortable, surchargée... La nourriture est déplorable, et les disputes fréquentes... L'eau est croupie et la vermine est de la partie... La tempête guette... heureusement, il y a des escales : Corfou est la première ville de Grèce visitée avec sa vingtaine d'églises byzantines... A Rhodes, on peut voir le château... Candie en Crête, présente son grand port fortifié avec sa chapelle miraculeuse... C'est aussi la découverte des melons et des citrons... A Chypre, le vin est mauvais, on y mange la chair de chèvre. Y poussent du sucre en canne, du coton et des pommes de grenade...

Un beau matin, on voit enfin se dessiner les côtes de Syrie, les ruines de Jaffa apparaissent à l'horizon. Cette traversée interminable, va enfin s'achever.

Pour ma part, j'ai pris l'avion ( Turkish Airlines ) avec une escale à Istambul : un repas dans l'avion et la possibilité de suivre le vol, ou un film sur un petit écran … L'arrivée se fait à Tel Aviv, ville moderne qui englobe à présent Jaffa.

 

Sources : Les pèlerins de Jérusalem au Moyen-âge de Nicole Chareyron.

 

Notes :

Chronologie :

 

1244 : Chute de Jérusalem : Destruction de l'armée chrétienne par le sultan d'Egypte...

1248-1254 : Echec de la 7ème croisade ( Innocent IV et Louis IX), puis 1265-1272 de la 8ème...

1250 : les Mamelouks conquièrent la Palestine, repoussent les Mongols. Ils vont régner jusqu'en 1517.

1280 : les sultans mamelouks tolèrent les pèlerinages...

28 mai 1291 : Perte définitive de la Terre sainte consécutive à la chute de Saint-Jean d'Acre.

1309-1343 : Règne de Robert de Naples. Le souverain d'Anjou traite avec le sultan al Nâsir Muhammad pour obtenir le libre accès aux Lieux Saints. Les Franciscains vont obtenir leur garde officielle ...

Voir les commentaires