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peierls

La bombe H , thermonucléaire. 2

Publié le par Régis Vétillard

Sir Rudolf Ernst Peierls (1907 - 1995)

Pour revenir à la bombe nucléaire, Rudolf Peierls se dit profondément préoccupé par les conséquences du développement et de l’utilisation d’armes nucléaires...

En 1944, pour ce qui est de la bombe à fission (A); il croyait qu’il était nécessaire que la Grande-Bretagne et l’Amérique la produisent, d’abord au cas où l’Allemagne la développerait ; et après la capitulation de l’Allemagne, parce qu’il pensait que son utilisation pourrait raccourcir la guerre dans le Pacifique et ainsi sauver des vies.

Aujourd'hui, il consacre beaucoup de temps et d’énergie à la lutte contre le développement des armes nucléaires, d'abord parce qu’il se sent coupable et responsable de leur développement, et parce qu’il est convaincus du danger d’une politique nucléaire irresponsable.

Selon ses mots : il estime que si le génie de la bombe nucléaire ne peut être remis dan sa lampe, des discussions rationnelles et des accords entre pays peuvent l'empêcher de semer la destruction dont il est capable.

Aussi, Peierls s'implique fortement dans le mouvement Pugwash, une initiative déclenchée par l'appel lancé, en 1955, par Bertrand Russell, Albert Einstein, Frédéric Joliot-Curie et d'autres scientifiques de renom. L'objectif principal du mouvement Pugwash est de rassembler les meilleurs scientifiques de multiples pays afin de discuter du désarmement et de la limitation de la course à l'armement.

 

Mal à l'aise, Lancelot tente d'expliquer la position de la France, à vouloir accéder à la bombe H.

Le désarmement n’a de sens que s’il contribue de manière effective à la stabilité et à la sécurité. Et précisément, la sécurité repose sur la dissuasion : c'est à dire sur la peur de notre adversaire du recours à l'arme nucléaire. De plus, se reposer sur une alliance, implique l’inféodation de la France. La dépendance militaire entraîne la dépendance politique.

 

Rudolf Peierls introduit Lancelot, auprès de William Cook, le conseiller scientifique du ministre de la Défense britannique. Il a dirigé différents essais nucléaires, dont l’essai thermonucléaire ( bombe H) réussi à l’île Christmas en novembre 1957. Cook exprime à Lancelot combien il adore la France, et promet de travailler au rapprochement scientifique et nucléaire entre nos deux nations. Il s'agit d'une négociation entre gouvernements, avec à la clé, peut-être, une Europe de la défense... !

A l'heure actuelle, n'oublions pas que la Grande-Bretagne - par son premier ministre Harold Wilson - demande à adhérer à la Communauté Européenne ; le président français Charles de Gaulle envisage t-il retirer son veto ?

 

Lancelot a souhaité revoir Trinity College qu'il a du mal à reconnaître, même si les bâtiments, eux, n'ont pas changé.

Malheureusement, Vanessa Bell, qui s'était occupé de lui lors de son séjour à Cambridge en 1919, venait subitement de mourir dans sa maison de Charleston, dans le Sussex ; là où Vanessa et Duncan Grant peignaient.

Quentin Bell n'est pas disponible, Aldous Huxley est reçu aux Etats-Unis ; Lancelot finit par revoir Dora Russell qui s'est séparée de Bertrand Russell, mais continue avec lui de militer pour le désarmement nucléaire. Elle se montre si convaincue de son combat ; que Lancelot évite ce sujet pour expliquer les raisons de son séjour en Angleterre.

de g à dr: Dirac, Wolfgang Pauli et Peierls, vers 1953

 

Rudolf Peierls lui fait la surprise de le présenter à Paul Dirac (1902-1984) : il occupe, depuis 1932, à Cambridge la chaire de mathématiques appliquées, qu'occupait Isaac Newton en 1669. Il est l'un des fondateurs de la mécanique quantique, prix Nobel en 1933 pour sa théorie atomique.

Dirac, fidèle à sa réputation, répugne à répondre aux questions, même dans le cours d'une amicale discussion. Grâce à Peierls, cependant Lancelot put comprendre que Dirac, était fasciné par la beauté ( il insiste...) des équations et du raisonnement mathématique. « Au fur et à mesure que nous développons des mathématiques supérieures, nous pouvons espérer mieux comprendre l'univers. » La question «  pourquoi la nature est bâtie de cette façon ? » reste sans réponse. Dieu serait-il un mathématicien ?

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La bombe H , thermonucléaire. 1

Publié le par Régis Vétillard

Comme ancien du 2e bureau, puis du BMA, et à la suite de ses contacts initiés pendant la guerre avec certains scientifiques, Lancelot est contacté pour renouer le lien.

Je rappelle que Lancelot en juin 1941, avait été envoyé par le service de renseignement de l'Armée d'armistice en Angleterre pour tenter de valider une voie de passage de renseignements entre le BMA et l'I.S ( Intelligence Service britannique). Certaines informations, préparées par Gustave Bertrand et Louis Rivet, devant être transmises oralement concernaient un travail de cryptanalyse sur les codes allemands.

Sitôt sur le sol anglais, l'I.S. avait remis Lancelot entre les mains de Walter Johannes Stein ( mort en 1957), conseiller de Churchill, qui lui avait présenté un physicien, Rudolf Peierls, installé en Angleterre depuis 1933, et professeur à l'université de Birmingham. Nous savons aujourd'hui qu'il travaillait sur le programme ''Tube Alloys'' ( programme britannique nucléaire qui ensuite intégra le projet Manhattan américain. Par ailleurs, il se disait fort intéressé par les ''Romances du Rosaire'' de Clemens Brentano, livre que Lancelot devait lui remettre... ( Je vous renvoie à ce précédent passage '' 1941 - L'Angleterre - Les Windsor - Rudolf Hess'')

Ces contacts avaient permis à Lancelot, de permettre la jonction entre la ''Rose Blanche'' ( résistance étudiante allemande) et l'aviation anglaise qui put - durant l'été 1943 - disperser un million de leur dernier tract.

Stein lui avait préparé un entretien avec Ronnie Reed ( officier du MI5 ) avec qui il échangea diverses informations sur Vichy, contre une collecte d'articles ( très superficiels) de politique intérieure britannique et le lien vers quelques journalistes.

Depuis, nous savons que Reed, avait été trompé par Kim Philby, espion double qui travaillait pour les russes et appartenait au réseau des ''Cinq de Cambridge'' ; aussi, en 1957, Reed avait été mis sur la touche au ''Affaires étrangères''...

Cependant, aujourd'hui il s'empresse de répondre à l'attente de Lancelot, satisfait de pouvoir s'impliquer à nouveau dans le Service des Renseignements.

Entrée de l’Angleterre dans le Marché commun - Véto de de-Gaulle

En 1961, la question que pose Lancelot pour la France, est celle-ci : est-ce que les conditions d'une éventuelle collaboration entre la France et l'Angleterre en matière nucléaire, sont envisageables ? Cette éventualité devra rester secrète, car paradoxalement : - l'Angleterre n'est pas hostile à l'étude d'un arrangement ; alors que de Gaulle, officiellement, souhaite que la recherche française reste indépendante et ne soit redevable à personne...


 

Lorsque Lancelot prend l'avion, un Caravelle, d'Orly, pour London-Airport, la nouvelle aérogare vient d'être inaugurée par le Général de Gaulle; elle enjambe la Nationale 7 ; et ses terrasses vont devenir la promenade du dimanche, pour les curieux d'aviation : les Caravelles, Boeing 707 et Douglas DC-8 ont remplacé définitivement les avions à hélices. Lancelot se souvient que le premier vol commercial entre Paris et Londres date de 1919...

Rudolf Peierls, qui est né en Allemagne en 1907, et s'est installé en Angleterre en 1933, est un grand mathématicien et physicien qui a développé la mécanique quantique ( années 1920-30), puis en participant au projet Manhattan de la bombe atomique américaine.

Lorsque Lancelot le rencontre à l'Université de Birmingham, la notoriété de Peierls auprès des étudiants est immense, en particulier parce que lui et sa femme Genia ( elle-même physicienne) , partagent avec eux tous les aspects de leur vie intellectuelle, émotionnelle, sociale et professionnelle.

Genia et Rudolf Peierls

Finalement, les quelques heures passées ensemble ont permis à Lancelot d'être introduit par Peierls auprès de la personne qui pouvait l'aider dans sa mission, William Cook.

Cependant, ce qui l'a profondément marqué c'est la discussion avec Rudolf et Genia, au sujet du poète allemand Clemens Brentano (1778-1842), connu aussi pour avoir recueilli et édité les visions mystiques d'Anna Katharina Emmerick.

Une étrange originalité de Brentano fut d'écrire un cycle de romances nommé ''Die Romanzen vom Rosenkranz ''( Les Romances du Rosaire ) pour expliquer l'origine du Rosaire ; il évoquait le temps du Christ jusqu'au XIIIe siècle, et un crime très ancien devait être expié par l’invention du rosaire. Ces écrits sur sa détresse et sa culpabilité l'ont conduit à sa conversion au catholicisme et sa dévotion à Marie.

Le ''chapelet'' est à l'origine, une coiffe, un chapel ornée de roses, offert à la bien-aimée. Le Rosaire - une couronne d'Ave Maria, unis au Pater Noster - devient alors la couronne offerte à la Très Sainte Vierge ( XIVe s.).

Brentanos - Romanzen_vom_Rosenkranz

 

Lancelot a plaisir à évoquer ces premières années du XIXe à Heidelberg ( ville qu'il découvrit à huit ans, lors d'un congrès de philosophie où il accompagnait sa mère ; et en 1931, avec Elaine, où ils découvrirent le fameux Codex Manesse ; et puis surtout leur rencontre avec Edith Stein ..), au XIXe nous y retrouvons un groupe de poètes et écrivains romantiques dont les frères Grimm, Arnim, Brentano, Eichendorff, Bettina Brentano et Caroline von Günderode. Quelques années plus tard, ce seront, Hoffmann, Chamisso, La Motte-Fouqué....

C'est Brentano qui retranscrivit la légende de la sirène aux boucles blondes qui faisait couler les bateaux des marins sur le Rhin, en les séduisant du haut de son rocher Lorelei ( Loreley ou Lore Lay ), le rocher de Lore duquel, elle s'est jetée par désespoir et par amour pour un marin.

Brentano va ensuite modifier cette histoire, pour évoquer la Lureley, une fée qui épouse un prince, devenu meunier par amour.

Enfin, Lancelot évoque l'Ondine de Friedrich de La Motte-Fouque, et son roman ‘‘Fata Morgana’’ (1820) : il s'agit de l’histoire d’un chevalier nommé Wilfred qui, après avoir été blessé au combat, est recueilli par une belle fée nommée Fata Morgana. Elle l’emmène dans son royaume enchanté où il tombe amoureux d’elle. Cependant, leur amour est voué à l’échec car Wilfred est déjà fiancé à une autre femme. Le roman est considéré comme un exemple classique de la littérature romantique allemande.

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