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1952 – Ascona – Eranos – 1

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot passe la semaine du 20 août 1952, en Suisse, à Ascona et plus exactement à l'hôtel Casa Tamaro situé sur les rives du lac Majeur. L'hôtel est une ancienne résidence patricienne du XVIIIe siècle. Il y retrouve plusieurs voyageurs, intéressés par l'Eranos qui se tient tout près d'ici, chaque année.

Eranos, signifie en grec ancien, ''banquet''. Il s'agit en effet d'un banquet intellectuel et spirituel, qui s'organise autour des contributions faites par les convives. Quelques uns comme Lancelot, sont triés et admis comme auditeurs ; mais ne bénéficient pas de l'hébergement, ni du privilège de siéger autour de la ''Table Ronde ''. ( Même quand on s'appelle Lancelot... )

Après la guerre, les travaux s'articulèrent autour d'un programme d’anthropologie culturelle axé sur la base de « l’homme intérieur » (« innere Mensch »).

 

Cette aventure commença réellement en 1900, sur la colline de Monescia, nommée ''Monte Verità'', montagne de la vérité, avec l'arrivée à Ascona de nombreux artistes, intellectuels, anarchistes, hommes et femmes. On développe une vie sociale selon la nature, un végétarisme et un culte de la Terre-Mère qui promet une égalité entre hommes et femmes.

 

L'écrivain Hermann Hesse est venu, ici chercher l'inspiration. Le psychanalyste Otto Gross, entre 1906 et 1913, passe plusieurs séjours à Ascona où il sensibilise les résidents de la Monte Vérita à la psychanalyse mais également à ses théories qui promeuvent une sexualité totalement libre, et un modèle matriarcal opposé au patriarcat responsable à ses yeux du désenchantement du monde.

 

la stèle d'Eranos

Dans la propriété d'Olga-Fröbe Kapteyn, une stèle a été dressée portant l'inscription GENIO LOCI IGNOTO, au génie inconnu de ce lieu, entourant un Graal.

Le thème des conférences de 1952, est : « L'homme et l'énergie », est c'est la conférence de Gershom Scholem (1897-1982) qui introduit le cycle. Lancelot en garde un souvenir très fort. Son titre : « L'histoire du développement de la Shekhina en tant que concept kabbalistique ».

La Kabbale ou mysticisme juif, doit encore s'imposer face à une pensée des siècles des Lumières, qui la condamne au rang de rêverie ou superstition. Pourtant très peu sont ceux qui ont lu les ouvrages originaux qui s'y réfèrent. Scholem définit le mysticisme comme ''un mode de pensée qui cherche à combler au moyen d'une expérience interne l'abîme que les formes classiques de la religion ont creusé entre le monde et Dieu''.

Il est difficile pour Lancelot de retranscrire une pensée dont il connaît si peu les concepts. Sans-doute que les mots qui suivent sont ceux d'un chrétien qui entend raisonner des notions et les rapproche de son expérience.

Ainsi ce qu'il entend des dix Sephiroth, qui forment un ''arbre de vie'' : - dans le monde sensible, chaque Sephira est l'émanation d'une énergie divine, présente et agissante. Lancelot y reconnaît un Dieu vivant, agissant, et pourvu d'attributs.

Eranos 1952  - Gershom Scholem, Henry Corbin, Stella Corbin, Mircea Eliade, N, Gilles Quispel

La difficulté est que ''Dieu'' est inconnaissable. Au mieux le langage ( autre limitation) n'exprime que la manifestation de Dieu ( déclinées en dix manifestations).

Toute l'activité des Sephiroth constituent la Shekhina, la présence de Dieu dans notre monde matériel. La langue hébraïque - pour le kabbaliste - dans sa forme la plus pure et par sa nature spirituelle, représente une valeur mystique.

La Shekhina présence de Dieu parmi son peuple, s'expérimente pour le sioniste Scholem dans le Temple de Jérusalem ( ce qu'il en reste : le Mur). Pour le monde, Israël pourrait être l'image de la Shekhina...

Une discussion a lieu entre Scholem et Gilles Quispel ( néerlandais, historien du gnosticisme et théologien) sur le lien entre la Shekhina et le ''Saint-Esprit'' ( comme manifestation du divin...) et figures féminines ; ce qui est le cas pour les premiers chrétiens – en particuliers les chrétiens-juifs. Il cite Origène, Jérôme..

Dans le public d'une trentaine de personnes, se trouvent le dirigeant sioniste Nahum Goldmann et sa femme, avec qui Scholem va parler ensuite des réparations allemandes et des demandes israéliennes.

Le séjour commence fort ; et Lancelot bénéficie de l'aimable aide de Henry Corbin. Parmi les amis de Corbin, Lancelot rencontre : Erich von Kahler, Knoll, Löwith, Károly Kerényi et leurs épouses.

la Table Ronde d'Eranos.

 

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