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1950-51 - La Cybernétique 1

Publié le par Régis Vétillard

Et, aujourd'hui, le danger se serait précisé et aggravé ; puisqu'on envisage l'autonomie de la technique. En effet, nous entrons dans l'ère de la cybernétique.

La cybernétique est un mot forgé par Norbert Wiener (1894-1964), mathématicien au MIT, vers 1848. Derrière ce mot, se trouve une effervescence de projets extra-ordinaires et qui concernent : la robotique, la théorie des systèmes, la théorie de l'information, les sciences cognitives, l'intelligence artificielle... Cela a commencé par la mise au point d’un appareil de pointage automatique pour canon antiaérien avec un dispositif qui ajuste la trajectoire de tir grâce à un procédé de régulation appelé feed-back (action en retour). Wiener pense avoir découvert un mécanisme transposable à d’autres domaines.

Norbert Wiener

La cybernétique devient la science des communications et de la décision et prépare la deuxième révolution industrielle, quand la machine pourra se substituer au cerveau de l'homme. En effet, la machine n'est plus seulement efficace, elle peut être intelligente, puisqu'elle traite de la connaissance.

Déjà quelqu'un comme Günther Anders (1902- ) - élève de Heidegger, il fut le premier mari de la philosophe Hannah Arendt ( ils se sont mariés en 1929, et ont divorcé en 1937), l’ami de Bertolt Brecht, de Walter Benjamin, de Theodor Adorno – répète que nous ne maîtrisons plus rien : le monde autosuffisant de la technique décide dorénavant de toutes les facettes de ce qui nous reste d’existence ; c'est ce qu'il nomme : '' L'Obsolescence de l'Homme ''. Il écrit que Hiroshima et la Shoah ne sont pas des accidents de la modernité ; ils expriment une perversion de la raison dans la rationalisation des moyens, en l’occurrence ici des moyens de destruction. L'humanisme devient hors-sujet ; puisque l'homme perd ses caractéristiques : la liberté, la responsabilité, la capacité d’agir, la capacité à se faire être.

 

Lancelot retrouve avec plaisir et intérêt, le dominicain Dominique Dubarle, déjà rencontré en mai 45 , il enseigne actuellement la philosophie à l'Institut catholique de Paris. Il raconte qu'après avoir suivi ses études et assimilé Aristote et St Thomas, ses supérieurs lui ont demandé de se consacrer aux scientifiques. Après avoir travaillé et rencontré des scientifiques ; il dut complètement tout repenser ! Il a passé deux ans à temps partiel au labo de Leprince-Ringuet pour faire des expériences; en math, il est très fort.

Dominique Dubarle (1907 – 1987)

Lancelot a noté des extraits de sa discussion sur ce nouveau visage de la technique : la cybernétique.

- L'humanisme risque t-il, vraiment, d'être hors-sujet ?

- L'humanisme, n'est-ce pas aussi de vivre dans ''le monde'', et de bien le connaître pour l'adapter à soi, au lieu d'en être esclave...

Avec Pascal - continue Dubarle - je ressens en moi la grâce divine qui m'appelle vers l'infini ; et « de ce petit cachot où je me trouve logé, j’entends l’univers »... A la suite du père Teilhard, je vois l'origine de l'humanisme dans la transition qui fait de l'homme, animal parlant, un être raisonnable. Cette noogénése marque le moment où l'homme s'est élevé au-dessus de son milieu, de lui-même et se rapproche de Dieu. L'humanisme n'est-il pas de dépasser constamment sa condition ?

La création est inachevée. L'humain est inachevé.

- Vous pensez donc, qu'il ne peut y avoir d'humanisme, sans progrès ?

- L'humanisme doit poursuivre dans le sens de l'évolution ; mais il ne doit pas se laisser entraîner et se noyer... Le progrès doit s'effectuer pour le bénéfice de l'Homme. La technique ne doit pas asservir l'homme, ni le remplacer. Il est fondamental de ne pas démissionner !

- Comment faire ?

- Ce n'est pas nouveau : « Connais-toi toi-même », étendre le champ de notre conscience. Et puis, il est important de reprendre ce que dit le P. Teilhard de Chardin qui appelle à la convergence de l'en-avant et de l'en-haut, ; alors qu'un humanisme matérialiste ne conduit qu'en avant. Teilhard affirme la nécessité, pour le salut de l'humanité, d'élever l'homme au dessus de lui-même, dans la confiance et la foi, vers Dieu...

 

En octobre 1950, Alan Turing, publie dans la revue ''Mind'' un article sous le titre "Computing machinery and intelligence ». Il s'interroge : « Les machines peuvent-elles penser ? Turing propose de reconnaître qu'une machine est ''intelligente'' quand on ne saura discerner leur conversation de celle des humains ; et élabore un test.

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