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Le Roi Arthur, l'un des neuf Preux.

Publié le par Perceval

Château-della-Manta-cycle-des-neuf-preux-et-des-neufs-preuses réduit* Vers 1310-1312 dans les Vœux du Paon ( Jacques de Longuyon ), la notoriété du roi Arthur, lui vaut d'être compté parmi les Neuf Preux aux côtés de Josué, David, Judas, Macchabée, Hector, Jules César, Alexandre, Charlemagne et Godefroy de Bouillon. Arthur_mantaC'est dire surtout, l’extraordinaire diffusion et faveur dont jouissent les textes relatifs à la matière de Bretagne tout au long du Moyen Âge …

Le succès du motif est immédiat, vraisemblablement du fait de sa structure fixe et stable, les neuf héros permettant d’embrasser toute l’histoire humaine. Il est ainsi diffusé à travers toute l’Europe. Les neuf Preux - au Moyen-âge - représentent une sorte de « panthéon » de la chevalerie, il s’agit de figures historiques ou du moins considérées comme telles, il n’en demeure pas moins qu’une large part de leur prestige est due à leur faveur littéraire...

Les neuf Preux, relèvent principalement du mythe ou de la légende. Même les héros les plus historiques prennent une coloration légendaire.

Le Triomphe des Neuf Preux (extrait) - manuscrit BNF-Arsenal (1487)

Le Triomphe des Neuf Preux (extrait) 

- manuscrit BNF-Arsenal (1487)

Pour ce qui est, du Roi Arthur : Le texte de Jacques de Longuyon ( Voeux du Paon), raconte les combats du Preux Arthur contre deux géants, le géant du Mont Saint-Michel et Ruiston. Il met donc en évidence ses compétences de chevalier. La seconde suite des Preux, ajoute les circonstances de la mort d’Arthur aux mains de Mordret et la mention qu’Arthur a vu le Graal.

  * A la fin du XVe s. Trois vastes compilations sont organisées autour de ces neuf vies qui retracent les hauts faits des Preux, dont :

Le Chevalier errant a été écrit par le marquis Thomas III de Saluces, probablement en 1394. L'auteur, sous la forme du chevalier errant, y narre de manière allégorique sa quête de la sagesse à travers ses aventures aux

Bnf: Le Chevalier errant a été écrit par le marquis Thomas III de Saluces, probablement en 1394. L'auteur, sous la forme du chevalier errant, y narre de manière allégorique sa quête de la sagesse à travers ses aventures aux royaumes du "Dieu d'Amours", de "Dame Fortune" et de "Dame Congnoissance". Au cours de ses pérégrinations, il entre dans le "palais des Esleus", où il rencontre les Neuf Preux et les Neuf Preuses. 

L’Histoire des Neuf Preux et des Neuf Preuses nous est parvenue dans un manuscrit unique conservé à Vienne . Elle a été composée par Sébastien Mamerot à la demande de son seigneur Louis de Laval entre 1460 et 1468. La partie arthurienne de Sébastien Mamerot s’étend sur 97 feuillets, il s’agit de la plus longue vita. Il suit Geoffroy de Monmouth fidèlement et le traduit dans son intégralité, sans presque abréger, dépassant largement en amont et en aval la vie d’Arthur. En fait, manque une traduction des prophéties de Merlin... Ce choix correspond à l’un des objectifs qui se dégagent du prologue de la compilation, à savoir faire œuvre d’historien en donnant une version véridique des hauts faits des Preux.

Arthur_Armorial Sammelband (Bavière)

Arthur: Armorial Sammelband (Bavière)

Les douze années de paix suivant la victoire d’Arthur sur les Saxons constituent le cadre dans lequel se déroulent les aventures des chevaliers de la Table Ronde . Dans le manuscrit de l’Histoire des Neuf Preux, on trouve à cet endroit là une nouvelle rubrique suivie d’un chapitre tout à fait particulier : avant de revenir à Geoffroy, Sébastien Mamerot se sent contraint de parler de la Table Ronde. Pour ce faire, il revient en arrière à la mort d’Uther Pandragon, mais pour donner la version des faits romanesques. Cette fois, conformément aux romans, Arthur a été emmené par Merlin à sa naissance et confié à Anthor qui l’a élevé avec son propre fils Keu ; le cœur du passage consiste en un résumé de l’histoire de l’épée dans le perron qui aboutit au couronnement d’Arthur. Sébastien Mamerot signale ensuite en une phrase la guerre des barons rebelles et la victoire obtenue par Arthur avec l’aide de Merlin. Il enchaîne alors sur la fondation de la Table Ronde, selon ce qui se trouve chez Wace. Chateau d'Anjony ( VXe ) preux Arthur Sébastien Mamerot ne suit pas le Merlin dans lequel c’est sous Uther qu’est fondée la Table Ronde, mais il en tire la description des trois tables (la table de la Cène, la table du Graal de Joseph d’Arimathie et enfin la Table Ronde) et l’explication du siège périlleux. Cependant les chevaliers à s’y asseoir ne sont pas cinquante, mais cent cinquante, ce qui correspond au nombre de chevaliers qui jurent d’entreprendre la quête du Graal dans la Queste del Saint Graal et dans le Tristan, et qui était devenu un chiffre canonique. Sébastien Mamerot insère alors les « lois de la Table Ronde », qui se trouvent dans le De casibus, sorte de code de conduite que doivent suivre les chevaliers et qui semble inspiré des romans arthuriens.

Arthur_Armeiro_Mor

Arthur: Armeiro_Mor

Avant de retourner à Geoffroy, il termine cette parenthèse par l’évocation des meilleurs chevaliers de la Table Ronde, dans cet ordre: Galaad, Perceval, Bohort, Lancelot, Gauvain et Tristan. Chaque personnage est accompagné de quelques qualificatifs ou faits importants, de manière extrêmement condensée. C’est à cette occasion qu’apparaît d’ailleurs la seule mention du Graal. Armorial de Gilles le Bouvier - Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon 1440

Armorial de Gilles le Bouvier - Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon 1440

L’intérêt majeur de ces vastes textes sur les Neuf Preux réside dans le fait qu’elles sont pour nous les traces et les résultats d’une lecture à la fin du Moyen Âge des textes arthuriens et nous renseignent sur l’imaginaire et d’une certaine manière sur la conscience générique de cette époque. En effet, elles nous renseignent sur les éléments perçus comme constitutifs de l’histoire arthurienne. Merlin, l’épée dans le perron, la Table Ronde, les combats contre les Géants, Arthur et Mordret s’entre-tuant, Avalon : autant de passages obligés, savoir véhiculé depuis plusieurs siècles par les textes et l’iconographie. Sans Lancelot et sans le Graal, Arthur manque de profondeur, les complexités, les faiblesses sont gommées du personnage. L’image donnée est celle d’un grand roi, un grand guerrier, et plus qu’une existence individuelle, les compilations sur les Neuf Preux nous donnent à voir l’exaltation d’un idéal, voire d’une idéologie,   Sources : Anne Salamon ( Paris IV Sorbonne) HTTP://WWW.UHB.FR/ALC/IAS/ACTES/INDEX.HTM  

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