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Les légendes du Graal

foi

''Croire'', au Moyen-âge

22 Juin 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Saint-Augustin, #Foi

Elaine s'interroge sur la rencontre entre la philosophie grecque, et la religion chrétienne.

Lancelot propose de voir ce qui s'est passé avec Augustin (354-430), né en Algérie actuelle, il a reçu une formation de lettré romain à Carthage et se passionne pour la philosophie, avant de se convertir en 386. Le néoplatonisme l'a fortement influencé dans sa conception de Dieu.

Saint-Augustin (354-430)

 

Augustin, partage avec Platon ce que celui-ci écrit au sujet du bonheur du philosophe qui a découvert «  l'amour de la science et à la vraie sagesse et que, parmi ses facultés, il a surtout exercé celles de penser à des choses immortelles et divines... ».

Pour le chrétien Augustin, il n'y a plus qu'une seule vraie philosophie : la philosophie chrétienne. Enrichie par cette première étape qui va des présocratiques jusqu'à Platon ( Aristote, a alors été ''oublié'..), le christianisme est le « "système le plus remarquable. » : idéal de sagesse qui se réalise dans le Christ.

 

Nous nous interrogions sur ce à quoi on croyait dans l'Antiquité ; et nous pouvons avoir la même question pour le Moyen-âge.

Une formule est traditionnelle : « Credere Deo, credere Deum, credere in Deum. » soit '' Croire à ce que dit Dieu, Croire qu'il est Dieu, croire en Dieu '' ; sachant que: selon la théologie scolastique : « fides quaerens intellectum » c'est à dire que la foi ( première) est en quête d'intelligence.

Dans la liturgie, le Symbole de la Foi, est le ''Credo'' ; en compagnie du ''Pater'' et représentent la connaissance minimale du fidèle. Nous avons un Père ( Dieu), une Mère ( l'Eglise) et une Foi ( par le baptême).

Pour les laïcs, la liturgie ( dogmatique, rituelle, sensible ) reste le vecteur principal de la transmission de la foi.

Hors les monastères, et à partir du XIe siècle, naissent les Universités d'où émerge ce que l'on va nommer la scolastique ( de schola = Ecole ), une réflexion sur la relation entre la foi et la raison.

La pensée d'Aristote va profondément influencer la scolastique, mise au point par Saint Anselme (1033-1109), Abélard (1079-1142), et inspirer Albert le Grand et Thomas d'Aquin.

A l'Université, l'enseignement s'ouvre aux textes de philosophie, c'est à dire grecs et arabes. Thomas d'Aquin conciliant, adapte la théologie au modèle aristotélicien, un modèle que l'on estimerait aujourd'hui scientifique.

M.-D. Chenu (1895-1990), avec son livre sur la théologie au XIIe siècle, où écrit que l'on passe d'une « théologie monastique » ( celle de St Bernard...) à une « théologie scolastique »  et que ce passage coïncide avec l’essor de l’Ordre dominicain et de l’Ordre franciscain. Il ne s'agit plus de seulement commenter les textes sacrés, mais de développer une '' intelligence de la foi '' ( recherche des ''causes'' et des ''raisons''..)

 

Je note également, d'Henri de Lubac, les quatre volumes parus de 1959 à 1964, sur '' l'Exégèse médiévale, Les quatre sens de l’Écriture '' : la théologie et la spiritualité chrétiennes ont été façonnées par la conviction selon laquelle l’Écriture n’a pas seulement un sens littéral mais aussi un sens spirituel ; cette conviction, héritée du Nouveau Testament lui-même et des Pères de l’Église (en particulier d’Origène), a sans cesse commandé la pratique de l’exégèse médiévale.

 

Avec son ouvrage '' Corpus mysticum '' H. de Lubac nous fait remonter au XIe siècle, alors que l'on s'interroge sur l'articulation entre « sacrement » et « réalité ». Si ''sacrement '' s'affaiblit, ''mystique '' s'affaiblit tout autant ; et le ''symbole '' se dévalorise. Pour de Lubac, le « spirituel » est plus réel que le « matériel ».

Cela fait penser à cette phrase du père Teilhard de Chardin : qui voit « le Christ plus réel que toute autre réalité du Monde. »

 

« Le symbolisme (...) donne maints signes de décadence. Ses racines sont lentement rongées par l’analyse (...) Il devient de plus en plus, au sens moderne du mot, un allégorisme.. » ( H de Lubac)

Ou, comme le théologien Walter Kasper le formule bien, je trouve : En premier ''Symbole'' signifie une chose qui en un certain sens '' est '' ce qu'elle signifie, ou encore : '' une réalité qui participe à ce qu’il signifie. ''.

Aujourd'hui, on comprend désormais dans un symbole ( et donc dans un sacrement) une chose qui n'est pas réellement ce qu'elle signifie...

Le symbole se présente comme le moyen par lequel une vérité spirituelle est rendue accessible et compréhensible pur un être humain. Pour un catholique, l'exemple concret d'un symbole religieux est l'Eucharistie : il est une véritable participation au mystère du Christ...

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Le Concile Vatican II – La Révélation et la Foi

2 Juin 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Concile, #Révélation, #Foi

Le concile est l'occasion d'interroger sa foi, à la lumière des textes qu'il propose.

Ainsi de Lumen Genium ( 3ème cession) qui rompt avec une vision institutionnelle et juridique : elle établit l'Eglise comme sacrement ( ! à réfléchir...), et le ''Peuple de Dieu'' : peuple sacerdotal. Le pape et le évêques forment un tout : le collège apostolique. Et ce point fortement débattu : le terme de ''médiatrice'' pour la Vierge Marie n'a pas été retenu.

 

''Dei Verbum '' est promulgué en novembre 1965, il traite de la Révélation. La problématique soulevée est intéressante, et à la suite de Lancelot, j'ai envie de développer....

La Révélation est au cœur de ce que je peux dire de ma foi.

Question existentielle que celle qui touche à l'existence : l'existence de Dieu ( pour dire vite). La Révélation est la manifestation de Son existence ; et cette existence est aussi la mienne, celle que je ressens devant la mort, par exemple. Cette Révélation manifeste une autre face de la vie, la vie sous une autre forme.

Van-Eyck - l'agneau-mystique

Parlant de Dieu, nous tentons d'en prouver l'existence ! Une existence ne se prouve pas, elle s'éprouve ! Elle ne s'explique pas ; on ne peut que tenter de la décrire.... Ce qui se manifeste, c'est la Révélation

Le concile préfère poser l'acte de révélation en premier ( l’initiative est à Dieu qui se fait connaître), et ainsi situer la foi dans la réponse de l'homme à l'initiative de Dieu, et non dans une hypothétique liste de preuves, ou même dans un ensemble de '' vérités à croire''.

La révélation culmine, bien-sûr, en Jésus-Christ ( le Verbe fait chair), et la foi fait entrer dans la communion divine ( trinitaire).

Révélation et Foi sont liées.

- Mais la foi ne serait-elle que la soumission à l'enseignement de l'Eglise, gardienne de la Révélation ?

- Non, bien-sûr....

Plus précisément, qu'entend-on par '' Révélation '' ?

Manifestement, Dieu s'est fait connaître aux humains, de tout temps, à tous.... Conséquence : toute religion a sa part de Vérité.

- Ma culture, mon langage, ajoute Lancelot, me donnent un accès privilégié aux mythes, à l'art et à la Tradition d'une civilisation. Je la connais un peu, et la considère inépuisable ; j'y tiens et n'ai que le désir de m'en nourrir davantage.

J'ai confiance en mon Eglise, et je reconnais que son magistère détient un '' savoir souverain'' ; et du fait de la dignité propre à chaque personne, je n'entends pas être démuni de l'intelligence de la foi.

Autre volet de cette Révélation : les ''Ecritures ''. Ce sont des textes de main d'homme, ''inspirés par Dieu'' ; qui doivent être lus, compris, interprétés, sous le contrôle de la Tradition de l'Eglise.

 

A la différence de Lancelot, Julien Green ne pense pas que l'intelligence humaine puisse progresser sur la connaissance du '' mystère divin''. Les raisonnements théologiques le déçoivent ; son esprit abdique et il préfère ''s'incliner devant l'autorité de Dieu et de l'Eglise''.

Pour Green, et Lancelot, le rejoint un peu, mais uniquement '' par paresse '' : l'Eglise offre « un refuge hors du temps». Il lui suffirait de penser que la pérennité de l'Eglise exclut le néant et garantit la véracité de la foi : foi évidente pour lui - à la différence de Lancelot - « mais l'évidence, vue d'un monde de ténèbres. ». Green se reconnaît '' janséniste ''…

Détail Agneau Mystique - Van Eyck

 

En évoquant le Graal, avec Lancelot, Julien Green lui parle du retable de l’Agneau mystique, de Gand : « Sur l’autel saigne l’Agneau, le jet de sang tombe dans le Graal. C’est là toute la messe. »

 

Lancelot reprend la discussion sur la Révélation, avec Maurice Maillard.

- Admettons que Dieu puisse être connu par la raison humaine, cela serait-il suffisant ?

- Non.... D'ailleurs l’initiative de cette ''révélation'' est de Dieu, en particulier parce que cette connaissance '' dépasse absolument les possibilités de compréhension de l’esprit humain”.

Le Concile enseigne que s'il existe une connaissance « par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées »; c’est à la Révélation, qu’il faut attribuer le fait que « ce qui dans les choses divines n’est pas de soi inaccessible à la raison humaine, puisse aussi, dans la condition présente du genre humain, être connu de tous facilement, avec une ferme certitude et sans aucun mélange d’erreur ».

 

Pour cette raison, et son expérience, Lancelot ajoute - encore une fois - qu'il n'est pas juste de parler de ''preuves de l'existence de Dieu '', qu'il suffiraient que la raison s'emparent.

La Révélation divine, n'est pas de l'ordre d'une révélation des mécanismes de notre univers : une révélation de type scientifique, qui propose différents modèles qui s'adaptent le mieux possible à la réalité matérielle.

Le père Maillard, insiste lui de son côté qu'avec Dei Verbum, le concile souhaite personnaliser la révélation : la Foi est la réponse de l'Homme à cette invitation à la relation.

- Comment s'accomplit-elle ?

- Il est proposé d'utiliser l'analogie de la Parole : présente dans la Bible. Attention : la Parole ne s'identifie pas à ''la lettre''.

 

Nous abordons ici, la nécessaire question du statut de l'Ecriture.

L’Écriture est un témoignage, et elle est déjà une interprétation.

Pour l'Eglise, la Révélation ne s'arrête pas là, parce le mystère ne peut être éclairé que par la parole des apôtres.

Pour Lancelot, il y a ''histoires et Histoire...'' dans la Bible il y a des histoires : la Genèse, l'Exode...etc, et des signes de l'Histoire : notamment avec Jésus, par ses Evangiles.

La Révélation chrétienne se concentre autour d'un événement : la Personne de Jésus, la « Parole faite chair » ( dans St Jean, le prologue).

Nous voyons bien que la révélation n'est pas réduite à un corpus de doctrines...

 

Point important : le concile insiste sur le lien entre Tradition et Ecriture ( pas l'un sans l'autre) , comme fondement de la Révélation. Lancelot s'interroge ainsi sur le bien fondé de certains dogmes comme l'assomption de Marie et même l'Immaculée conception qui n'apparaissent pas dans les Evangiles. De fait la Révélation ne se réduit pas à une série de dogmes ; mais à une rencontre...

 

Pour continuer sur l'Histoire, un autre texte important, Gaudium et Spes s'efforce de discerner les « signes des temps », c'est-à-dire la présence de Dieu dans les événements significatifs de l'histoire présente...

Ainsi, l'Eglise tente de se réconcilier avec l'histoire de la pensée, de la science ( on pense à Galilée... ).

Lancelot se réjouit de lire que le concile aborde la question oecuménique par une auto-critique. La liberté religieuse est l'objet d'une déclaration (  Dignitatis Humanae, 1965). Et, Nostra Ætate, affirme que l'Église ne rejette rien de ce qui est « vrai et saint » dans les religions non chrétiennes

 

En conclusion, Lancelot est enthousiaste, à la lecture des textes retenus ; ses seules réserves concernent la liturgie.

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1953 – Mauriac

20 Décembre 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1953, #Mauriac, #Foi, #Expérience chrétienne

Mauriac, dans son éditorial du 13 janvier 1953 dans Le Figaro, dénonce la situation au Maroc. Il accepte la présidence de ''France-Maghreb'', et se montre de plus en plus déçu des politiques français. Son espoir c'est Pierre Mendès-France.

Lancelot se rend au Pèlerinage de Chartres de mai 1953, organisé par les étudiants avec de nombreux marocains musulmans, où il retrouve le père Daniélou et François Mauriac, qui est acclamé pour ses prises de position sur le Maroc. En juillet, il présidera le meeting catholique pour le révision du procès Rosenberg, à la Mutualité.

François Mauriac et Danielou au Pèlerinage de Chartres de 1953

 

Lancelot assiste (irrégulièrement en général), ici à Chartres, au sacrifice de la Messe, non qu'il estime l'efficacité de ce sacrement , mais parce que la ferveur dans certaines occasions produit un charme qu'il ne s'explique que peu... Ce serait moins efficace, sans-doute, si le décor n'était pas celui d'une église ancienne, et si la ferveur du célébrant et de la foule, n'était pas au rendez-vous.

Il apprécie que la liturgie puisse lui permettre d'atteindre, en communauté, un état de silence intérieur, en maintenant une atmosphère imperméable au vacarme extérieur.

Enfin, il estime que ce fragment de pain azyme, après le rituel, permet de garder en soi, habitée, cette zone profonde de l'être atteinte par le silence et les lectures.

 

Lancelot, alors qu'il venait de lire '' La Pierre d'achoppement '' put partager avec l'écrivain, quelques réflexions :

Mauriac prévient, il n'a pas les certitudes d'un Bloy, ou d'un Bernanos... Il n'est pas théologien ; il est un ''affectif'' : « nul moins que moi n'incline à mêler la raison, du moins le raisonnement, aux choses de la Foi. »

- Avec Kierkegaard, je dirais « que Dieu n'est pas quelqu'un de qui on parle, mais quelqu'un à qui l'on parle. ». « Dès qu'on prétend m'apporter des preuves, je perds pied. Dès qu'on me rend sensible un contact spirituel, j'y adhère sans aucun effort. »

- Aussi les dogmes ?

- « Ce ne sont pas les dogmes du catholicisme qui blessent la raison : ils déconcertent, ils ouvrent devant elle des gouffres, mais ils ne la blessent pas. »

François MAURIAC et un prêtre

- Lancelot répond : « Si je suis en accord avec vous sur ce point ; je pense ne pas partager cette curieuse formule '' le mensonge à l'intérieur de la vérité qui ne serait plus le mensonge... ! - Je vous cite entièrement : « Le clercs qui administrent l’Église, qui vivent dans la familiarité des signes sensibles de la Grâce, de la matière des sacrements, savent d'une expérience quotidienne que l’Église est faite pour les hommes, et non les hommes pour l’Église »... Oui, d'accord... Vous continuez : « Tout ce qui les soutient et les aide sur le chemin du ciel, toutes les béquilles de la fausse dévotion, ils ferment les yeux pour ne pas les voir : ils savent que le mensonge à l'intérieur de la vérité , n'est plus le mensonge, - d'autant qu'ils savent aussi d'une science sûre que depuis des siècles s'accumule un trésor de sainteté catholique dont le poids l'emporte infiniment sur les déviations, sur le complaisances. »

Je crains, ajoute Lancelot, que des petites compromissions, permettent d'excuser des choses beaucoup plus graves... Un mensonge à l'intérieur de la vérité : ne serait-ce pas le ver dans le fruit.... ?

 

Lancelot explique à Mauriac, sa difficulté à – non pas comprendre – mais vivre ''la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie.'' Il répond : - Le corps, mon ami... le corps ! Vous ne croyez pas assez au corps ! Pensez '' l'Incarnation ''...

L'Eucharistie, c'est un acte de grande matérialité que Mauriac lie à la résurrection des corps... Il dit aussi : Devenez ce que vous recevez, pour ajouter à ce que disait Saint Augustin « Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes»,

Enfin … Et si cela n'est qu'illusion ? se demandent Lancelot avec François Mauriac : - « Alors quel mystère serait ainsi révélé que l'humain puisse susciter une présence mythique dans un morceau de pain, et entretenu depuis dix-neuf siècles ... ! »

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1935 - Le nazisme, et les fascismes. 3 - Philosophie

1 Novembre 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1935, #Fascisme, #Nazisme, #Foi

Lancelot est resté secoué par cette rencontre. Il lui a fallu plusieurs jours pour digérer les réponses des uns et des autres... Et surtout, finalement, le manque de réponses satisfaisantes.

Comment peut-on ainsi échanger et mettre en perspective des arguments idéologiques qui sont en train de se mettre en œuvre et de transformer notre vie et qui vont nous donner des raisons de vivre ou de mourir, ou de tuer...

Peut-on d’ailleurs imaginer, ou espérer même, pouvoir se comprendre, et négocier quelque chose de recevable... Alors que l'enjeu est existentiel !

 

Lancelot assume mal, notre apathie, qui ne répond en rien à l'urgence du moment.

Et plus profondément, Lancelot est insatisfait de lui-même... Sur quels fondements repose sa foi en la vie ? Un socle qui lui permettrait d'être certain de ses convictions, de ne plus avoir peur et d'être mu par un volonté de servir la vérité... ?

Ne s'agit-il pas également des fondements de notre société d'après-demain ! Pour demain, que peut-ont-on attendre d'états fascistes en guerre les uns contre les autres, sinon le chaos ? Et donc, aujourd'hui, n'est-il pas essentiel d'être sûr de nous, pour ce que nous allons décider ?

 

Lancelot ne s'est jamais senti aussi proches de ses chevaliers, qui errants et en Quête, étaient plus ou moins prêts à suivre l'Aventure qui allait les conduire à une rencontre, à une épreuve, et leur donner le sens et même l'objet de la Quête...

 

Lancelot a la chance de pouvoir partager son trouble, ses incompréhensions avec sa mère, et avec Elaine.

Anne-Laure connaît bien l'Allemagne, et ses philosophes; la conception du monde d'Hitler, dit-elle est une macédoine d'ingrédients germaniques : l'esprit guerrier pour exalter le surhomme aryen, l'idée d'un état qui s'impose sur l'individu, le conflit des races comme force de l'histoire, le dogmatisme médiéval des Eglises chrétiennes réfuté par Kant. De Fichte, Hitler aurait repris le nationalisme, et l'antisémitisme... Et Schopenhauer lui aurait appris qu'il fallait glorifier la volonté plus que la raison...

Bien sûr, ce fatras d'idées philosophiques pourraient être démenti par chacun des philosophes qui en seraient, dit-on, l'inspirateur : de Nietzsche à Hegel, de Fichte à Kant ; ils ne s'y retrouveraient pas ! - Je ne pense pas, dit-elle, que la pensée allemande soit responsable de la déraison nazie...

Je me demande si la responsabilité ne tient pas à l'élaboration occidentale d'une eschatologie de l'histoire qui se présenterait comme une théologie sans Dieu, et qui satisfait aux aspirations de beaucoup, aujourd'hui... ?

Kant pointe une maladie, qu'il appelle le ''fanatisme moral'' et qui consiste à se sentir possédé par le bien, sans ressentir de contrainte morale, et à exalter le sacrifice de soi... D'ailleurs, Kant dénonce le choix qui en a été fait pendant la Révolution...

 

- Tu remarques, que les nazis n'osent pas rejeter le monument qu'est Kant ; pourtant en totale contradiction... Le ressort de la morale, c'est l'universalisme ( impératif catégorique) ; alors que pour eux, c'est le Führer - porte parole du peuple - qui est le garant de ce qui est bon pour le peuple ( allemand).

 

Pour Elaine, nous avons besoin de comprendre la finalité des enjeux qui se posent aujourd'hui, nous avons besoin de raison, donc de philosophie; mais nous avons besoin de sens, donc de théologie.

Pourquoi ne pas revenir aux sources de notre Tradition : Aristote, Thomas d'Aquin ...

Maritain pointe le néo-paganisme antisémite et anti-chrétien de l’hitlérisme : « Il rive les hommes à des catégories et à des fatalités – biologiques – auxquelles aucun usage quel qu’il soit de leur liberté ne leur permet d’échapper. »

 

Tu remarques, note Lancelot, que les nazis semblent fasciné par l'antiquité, plutôt grecque; et élaborent un curieux mélange gréco-germain. Pour eux, le christianisme - avec sa doctrine universaliste et égalitaire - serait une invention juive pour subvertir l'ordre hiérarchisé germain...

 

Les chrétiens, reconnaît Lancelot, ont la chance de connaître la ''fin''... Une fin inaccessible à la raison, car au-delà de notre existence... Cette connaissance est offerte par la Révélation : elle est pour tous, mais elle est théologique... Est-il possible que Théologie et philosophie se complètent naturellement... ?

- Thomas d'Aquin nous ouvre une porte . Enfin, c'est Maritain, via Thomas qui – pour moi – le fait, répond Elaine

 

Lancelot rencontre un prêtre.

- Vos politiciens parlent de nationalisme ; les chrétiens s'intéressent à l'humanité, l'humain transcende la nationalité. La Vérité n'intéresse pas Hitler, il pense que c'est lui qui construit la vérité. Il pense que la guerre va lui permettre d'affirmer cette vérité. C'est une folie...

 

Le prêtre demande à Lancelot ce qu'il aimerait devenir : Président du Conseil, Général..., un héros ? Lancelot, ne sait pas...

Le prêtre lui dit : moi, j'aimerais devenir un saint..

Lancelot répond : « j’aimerais apprendre à croire ».

Le prêtre ajoute : vous êtes plus près du but, que moi... Puisque le christianisme n'est pas réservé à une élite, il est ouvert à tout homme désireux de devenir humain, pleinement humain...

Pourtant, dit le prêtre, vous n'y arrivez pas seul ; c'est bien ça ? Ce manque que vous ressentez me dit, que vous êtes prêt du but que vous recherchez...

 

Il est difficile de savoir à quoi l'on croit et si l'on croit vraiment...

Qui est Jésus-Christ pour aujourd'hui... quel rapport entre la foi et le fascisme ( qui est un monde sans Dieu )... Comment ce monde s'accomplit-il en Dieu ?

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Ce que nous devons aux '' Lumières '' -2/.-

23 Juin 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Kant, #Philosophie, #XVIIIe siècle, #Foi, #Jacobi

« Sapere aude » ! Ose penser par toi-même – telle est la maxime de Kant

« Sapere aude » ! Ose penser par toi-même – telle est la maxime de Kant

L'article précédent situant l'enjeu, énonce des des considérations générales, et subjectives … J'étudie de plus près ce que m'apporte les Lumières de ce XVIIIe siècle, et je fais le choix de choisir un point de vue plus convainquant – à mon avis – celles des penseurs allemands.

Même s'il ne s'agit pas de se passer des dogmes de la religion ( c'est mon avis …); les ''Lumières'' nous font passer de la tradition dogmatique à celle de la Raison.

« Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des lumières. » Kant (1724-1804)  - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit - 1784

 

La révolution de Kant, c'est de mettre hors de propos les preuves de l'existence de Dieu...

Cependant Kant reconnaît les besoins de la raison « d'admettre, pour l'existence en général, quelque chose de nécessaire : un ''idéal de la raison pure''. » La connaissance rationnelle de Dieu nous est impossible, pourtant il est l'objet d'un besoin universellement ressenti : l'idée du souverain Bien... Comme on ne peut démontrer cette reconnaissance ( plutôt que cette existence), on va l'admettre, à la manière d'un postulat.

 

J'apprécie cette porte ouverte, même si pour Kant, elle permet avant tout d'y adosser sa morale...

Emmanuel-Kant et ses invités

Fichte (1762-1814 ) est un disciple de Kant. Il critique l'idéologie religieuse de l'institution ; et souhaite revenir à un ''christianisme originaire'' allié à l'oeuvre de la Liberté ( avec la révolution Française...). La Liberté étant, elle aussi, érigée en postulat. Finalement, avec le temps Fichte – d'ailleurs accusé d'athéisme – dit qu'il n'a plus besoin de religion, privilégiant la conscience du devoir moral, ce qui lui suffit … Il quitte également la franc-maçonnerie, considérant qu'elle est trop prise dans le particularisme de ses symboles... Fichte serait le dernier représentant de  l'Aufklärung...

 

L'Aufklärung est le synonyme de ''Lumières'', comme courant de pensée. « Elles revalorisent l’homme, le rendent conscient de ses potentialités et constituent un appel à l’émancipation. L’homme doit se libérer de toute tutelle, notamment celle des autres hommes, surtout celle d’un guide spirituel, ou d’un directeur de conscience comme c’était la mode à l’époque. Il ne doit pas compter sur un Dieu intervenant dans les actions humaines et auquel il faut s’en remettre pour toute décision. »  Aline Le Berre, Aufklärung 

Cette proclamation sera le point de départ de différents courants de pensée...

 

Plusieurs philosophes, vont à la suite de Kant, développer des pistes que Kant n'approuvera pas … Tous reçoivent de Kant, l'impulsion première de leur pensée...

Prendre acte, pour le philosophe Friedrich Heinrich Jacobi ( 1743-1819) , de l'innovation kantienne, c'est de désigner par raison, la source immédiate des connaissances.... la raison devenant ainsi, non pas ce qui nous fait comprendre le réel, mais ce qui signale notre adhésion à l'absolu. Elle devient l'intuition suprasensible de l'absolu.

«  J'exposai que,en soi, il était impossible de découvrir l'infini à partir du fini se présentant à nous, de concevoir leur rapport réciproque et de l'exprimer par une formule quelconque ; si donc on voulait en dire quelques chose, il fallait en parler à partir de la révélation. » Jacobi, Lettres à Moses Mendelssohn.

« la croyance n'est qu'une représentation plus forte, plus vivante, plus puissante, plus ferme, plus soutenue d'un objet, que celle que la seule imagination est capable d'atteindre. »

«  la croyance est quelque chose de senti par l'âme par quoi les affirmations du réel et sa représentation se distinguent des fictions de l'imagination. » Jacobi, David Hume et la croyance.

1750 Francois Boucher Le sommeil interrompu

 

* Exemple-argument du rêve et de l'éveil : Si le rêveur ne sait pas qu'il rêve, et donc peut croire percevoir en vérité.... l'homme éveillé sait toujours – d'un savoir immédiat et certain – qu'il ne rêve pas, et donc ne peut jamais croire, qu'éveillé il rêverait. La vie n'est pas un songe …

 

Pour Jacobi, encore : la croyance dans le réel, relève d'un « savoir de première main », alors que vérification et démonstration relèvent « d'une certitude de seconde main ».. « Si nous croyons ce que nous voyons, c'est avant toute vérification... »

 

Ce sens précieux de ''révélation '' Jacobi le tient de D. Hume : les objets se révèlent à nous par les sens … Sachant que nos sens peuvent nous tromper, et pourtant ( quel miracle!) nous n'avons communément pas d'autres preuves de l'existence …

«  Les représentations ne peuvent jamais refléter le réel comme tel. Elles renferment seulement des aspects des choses réelles et non le réel lui-même. » Jacobi, David Hume et la croyance.

«  L'élément de toute connaissance et de toute activité humaines est la foi » Jacobi, Lettres à Moses Mendelssohn.

Croire au réel, c'est avoir foi en Dieu... « Et la raison est une faculté supérieure qui révèle positivement à l'homme le vrai, le bon, le beau en soi » Jacobi, David Hume et la croyance

Kant fait partie de ces penseurs qui nous ouvre des portes. Avant lui, il y eut déjà le génial Descartes : '' Je pense, je suis, j'existe...'' Il nous permettait ainsi de continuer ; penser est légitime... ! ( je veux dire « penser seul » et non pas déléguer...)

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Roger de Laron : sa Foi en cette fin du XIIIe s.

28 Novembre 2017 , Rédigé par Perceval Publié dans #Templier, #Moyen-âge, #Foi, #Expérience chrétienne, #Roger de Laron, #Alchimie

Roger de Laron, le sait...Et, nous l'avons déjà évoqué... : (Roger de Laron : les Templiers et le Saint-Suaire.)
- Les Templiers ont possédé, et possèdent encore le linge qui a enveloppé le cadavre de Jésus ; cette relique est protégée parmi le Trésor disséminé après l'arrestation des chevaliers. ( Cf, le prochain article)
Ceux qui l'ont vu, en particulier les grands Maîtres de l'ordre, évoquent ce linge en décrivant un visage qu'il garderait inscrit dans le tissage, avec les marques du supplice... Certains chevaliers adorent la relique, et d'autres les accusent d'adorer une idole...

Roger de Laron, reste prudent sur ces accusations... Lui même, quand il fut interrogé par l’évêque, a récusé toutes les abominations prêtées au chevaliers pauvres du Christ... Ce dont il peut témoigner, c'est un rituel d'obéissance établi par les Templiers qui met à l'épreuve les recrues, et qui reprend des gestes de leurs ennemis pour les édifier, et peut-être les préparer... En effet, les sarrasins obligent les prisonniers chrétiens, sous peine de mort, à renier Jésus-Christ et à cracher sur la croix...
Bien sûr, Roger de Laron croit en un seul Dieu, qui se manifeste en une Trinité. Il croit au Père, créateur de toutes choses.
La création est parfaite, à l'image du créateur... Au travers de ses voyages et de ses rencontres, le seigneur de Laron a très vite été intrigué par les questions sur l'origine des dieux, du ciel et de la terre que les différents peuples se posent délicatement exprimés dans des contes, des histoires ( des mythes)... Ainsi, a t-il entendu parler au sein du Chaos, des noces entre la terre et le ciel. C'est Chronos, qui sépare l'étreinte en coupant le sexe de son père... Certains évoquent un œuf, concentration de vie... La grande question débattue parmi les sages, est de savoir si le monde est fini ou infini... ?
 
La conviction de beaucoup de lettrés est que Dieu étant infini, il ne peut avoir créé un monde fini : ce serait chose indigne de sa puissance créatrice... Pourtant, Roger sait qu'il ne faut pas trop le dire... Les clercs proches des puissants de l’Église abhorrent l'idée d'un univers infini : l'ordre et l'harmonie du monde ne peuvent exister dans un espace infini.
Si la Terre est au centre du monde... Manifestement, pour les hommes du XIIIe siècle, le monde est un lieu différencié, hiérarchisé, organisé et cohérent ; il est le fruit de la réflexion de la plus haute intelligence... Ce sont les séparations qui ont permis aux jours, nuits, mers, terres, sexes de se créer... L'homme lui-même est séparé de Dieu ...
 
Ce qui édifie Roger de Laron, également, c'est la religion des sarrasins. L'islam, avec la croyance en un Dieu unique, transcendant, source unique de la doctrine, professe l'unité des êtres humains entre eux et avec le cosmos.
La nature vivante, n'est pas une matière inerte, elle est habitée par le souffle de Dieu, sa destinée est interdépendante de la notre.
Le chevalier templier garde, tel un trésor, la traduction d'un texte arabe d'Huseyn Mansûr Hallâj ( mort en 922 à Bagdad)
Ce texte est éminemment alchimique, il décrit les différentes opérations de transformation de soi, par l'anéantissement de l'égo et par l'advenue de Dieu en soi...
 
« C'est le recueillement, puis le silence ;
puis l'aphasie et la connaissance ;
puis le découverte ; puis la mise à nu.

Et c'est l'argile puis le feu ; puis la clarté et le froid ;
puis l'ombre ; puis le soleil. (…)

Et c'est l'ivresse puis le dégrisement ;
puis le désir, et l'approche ;
puis la jonction ; puis la joie.

Et c'est l'étreinte puis la détente ;
puis la disparition et la séparation ;
puis l'union ; puis la calcination. »
 
C'est à Chypre, que Roger de Laron a entendu parler de la première fois de la science du ''Grand Oeuvre'' ; un savant sarrasin enseignait que l'or représentait l'équilibre parfait entre les deux principes opposés et complémentaires le Soufre et le Mercure...

Ces quelques mots étaient le départ semblait-il d'une théorie qui englobait le visible et l'invisible … C'était assez tentant … Mais c'est avec Raymond Lulle (1235-1315) que Roger a compris la description opérative du monde dans lequel il vivait..

Pour résumer : le monde visible est décrit selon une structure ternaire ; et qui prend son origine dans la matière primordiale ( crée par Dieu) : elle est représentée par le ''Vif Argent'' ou Mercure. De cette matière initiale se sont extraits les corps angéliques, les corps célestes ( les astres ..) et les corps terrestres. Des corps terrestres nous connaissons ( Aristote) - les Quatre éléments : l'eau, la Terre, l'Air et le Feu.
Les alchimistes ont découvert, également : la Quinte essence... Raymond Lulle la décrit comme un esprit subtil répandu dans l'ensemble de la nature et qui vient s'ajouter aux quatre éléments.
Cette essence s'appelle un alcool...
 
A son retour en Aquitaine, Roger de Laron, s'est vite aperçu, qu'en ce XIIIe siècle, les moines pratiquaient dans leurs monastères cette alchimie ; sous les deux formes, matérielle et spirituelle.
 
Parmi eux, Roger Bacon (1214-1294), franciscain après avoir été marié, a atteint une certaine notoriété...
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Foi et intuition -2-

20 Avril 2013 , Rédigé par Perceval Publié dans #Foi

Dans le langage courant, croire évoque les « croyances », et s'oppose à savoir... Croire serait adhérer à des croyances plus ou moins croyables du point de vue rationnel ; les croyants seront donc plus ou moins crédibles ( plus ou moins fondés sur la raison )

Croire n'est pas «  avoir » un savoir irrationnel, qui donnerait un pouvoir de maîtriser le monde et même d'asservir les esprits à une idéologie ...etc

L'acte de « croire », est une acte de connaissance et un acte de confiance...


Croire : le verbe latin credere, dont il vient, réunit au mot « coeur » : cred ( cœur en latin, c'est le principe intérieur de la pensée ), le mot « donner » dare. Croire, c'est donner son cœur.

 

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Poser l'acte de croire, c'est sortir de l'impersonnel : avec un « je » et un « tu » … C'est la reconnaissance d'une altérité, et signifie que la personne à qui je parle demeure insaisissable par le seul savoir.

« Je crois », et je suis en un mouvement, je suis au cœur d'une relation. Interpellé : j'ai un choix à faire : croire ou ne pas croire. Il y a un risque à prendre face à l'autre, à cet autre qui est unique. Croire, c'est accepter une recherche par la médiation d'un dialogue …

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S'ouvrir à du nouveau, c'est reconnaître en soi-même un manque... ( « Manque » différent de « besoin » ; car ce manque en moi, n'est pas fait pour être comblé...).

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Je peux parler de « Foi », de « croire » ; sans évoquer « Dieu » .. Cependant, à partir du moment, où j'accepte de faire confiance, à cette manière de penser... La Parole de Jésus ( au travers des Évangiles...) me semble cohérente :

Pour un chrétien, une Parole a retentit ( rattachée à un fait historique …).

Dieu se révèle dans une relation : entre un « père » et un « fils ». Et c'est à un dialogue que Dieu nous invite quand il nous parle.

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      *****

 

Michael-Parkes---Tutt-Art---30-.jpg" Il faut renoncer au savoir, se laisser faire par l'intuition. Dans le rien, il y a un abandon de la volonté. C'est comme ça qu'on avance. "

Claude Régy:  metteur en scène de théâtre français qui a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain.

 

Jean Paul Sartre ; « Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition. »

C’est la saisie de l'esprit par lui-même au sein de la durée, que Bergson définit comme « la sympathie intellectuelle ou spirituelle par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un être pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable »

 

Les illustrations ( un peu décalées ...! ) sont des peintures de Monica Fagan. D'origine irlandaise par son père, Monica Fagan est née en Angleterre, dans une région du Yorkshire. Boursière de la ville de  Sheffield, elle vient en France à l'âge de 18 ans pour suivre des cours de dessin et de peinture à l'école des Beaux-Arts de Rennes.

Sa peinture, à travers une solide technique fine et précise, fait transparaître un monde onirique troublant peuplé par un bestiaire mythologique, des femmes mystérieuses et masquées qui évoluent entre les symboles telles des déesses romantiques. Ces femmes ... évoluent dans un monde différent, à la fois proche et inespéré... dans lequel la femme serait l’avenir de l’homme. 

 

 

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Est-il bête de croire ? -1-

16 Avril 2013 , Rédigé par Perceval Publié dans #Foi

aimant-croire.jpgCroire est un acte qui prend place dans la démarche de l'intelligence humaine affrontée au réel, et interrogée par cette rencontre. Une « bête » ne croit pas !

Croire n'est pas spécifiquement un acte religieux.

Croire conditionne l’accès de l'homme à une vie personnelle.

Vivre, c'est croître en produisant des œuvres, et en devenant nous-mêmes...

  • Nous pourrions, à ce propos - retrouver ce que dit Bergson sur « l'intuition » : L'intuition, seule nous permet d'accéder à la nature profonde des êtres. Par l'intuition, notre conscience entre en « sympathie » avec ce qu'il y a de plus unique dans les objets et les êtres que nous observons. L'intuition nous révèle une coïncidence parfaite entre le moi et le monde.

 

del_doman_nonve_certezza.1210618251.jpgUn autre point est l'altérité que le réel nous conduit à admettre... Il y a «  l'être » , mais surtout il y a la « relation » …

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Croître pour l'humain, c'est croître corporellement et psychiquement, les deux étant liés. Croître dépend du développement de sa pensée et de sa parole, et cet assemblage dépend de ses « relations avec les autres …

 

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Krifo Sxolio:  Secret School

Croire est de l'ordre de la « relation », c'est le fondement d'un dialogue dans lequel le but est de rechercher la vérité. Vérité qui n'est pas accessible à un savoir. Car la trouver n'est pas la posséder, mais s'y ouvrir …. Ensuite, cette relation s'ouvre à la connaissance par la confiance...

Cette structure apparaît déjà au stade de l'enfant : la croissance de l'enfant dépend de ceux qui vont susciter en lui : connaissance et confiance …

Croire, c'est pour l'enfant l'acte qui le relie à une personne …

 

L'acte de « croire », est une acte de connaissance et un acte de confiance...

 

Sources: " Dieu n'est pas un assureur " de Marc-François Lacan

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L'inutile prière

10 Avril 2013 , Rédigé par Perceval Publié dans #Foi

Il est courant que les agnostiques soupçonnent les chrétiens de choisir l'option « Dieu » pour s'assurer une certaine « sécurité », et pas seulement dans un avenir post-mortem. Ils ont raison de le relever, et c'est pour nous l'occasion de préciser que cette « assurance » se rapporte à une idée de dieu, qui n'est pas chrétienne.

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Antonello da Messina ( milieu XVe s )  christ at the column

Le Dieu de Jésus-Christ, n'est pas un assureur.

Il est intéressant de noter que le « tentateur », utilise lui-même ce ressort : «  Si tu es le fils de Dieu ...etc » ( Mt 4, 3 et 6 ; Lc 4,3 et 9-11 )

Le tentateur utilise, peut-être le dieu que nous serions tenté de préférer : un dieu dont la puissance serait du même ordre que celle des hommes...

 

Ainsi Pierre: il a rencontré le Messie, il a mis tout sa foi en lui et en sa puissance…. Et, la première vérité qui doit éclairer sa conduite, c'est que ce Dieu, ce Messie, doit souffrir et mourir.. !... Alors, le prenant à part, Pierre se mit à la réprimander; Jésus réagit :

«  Arrière de moi, Satan ! Parce que tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

 

Le chrétien ne peut échapper à l'insécurité de la vie, et ce qui fait la condition humaine. Dieu ne supprime pas nos motifs d'angoisse... ( celle de la mort, celle du sens de la vie ...)

 

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Rembrandt: Tête de Christ

L'assurance du Christ, c'est l'assurance que l'humain s'enracine dans la relation vivante du Dieu de Jésus-Christ, le Dieu trinité …

«  Vous avez accepté joyeusement qu'on vous dépouillât de vos biens, vous sachant en possession d'une richesse meilleure et qui dure. N'abandonnez donc rien de votre assurance ... » Heb 10, 19-22 ; 34-35

 

Arrêtons de nous tromper de cible ! La prière n'est pas l'occasion de tenter d'échapper, par le bénéfice d'une puissance magique, à nos souffrances. N'est-ce pas manquer à notre foi, que de confesser ainsi un dieu semblable aux idoles ?

 

Sources: " Dieu n'est pas un assureur " de Marc-François Lacan

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Faire Eglise autour du Christ.

6 Avril 2013 , Rédigé par Perceval Publié dans #Foi

Aujourd'hui, il n'y a plus une seule manière ( sociologique...) de communier autour du Christ ressuscité. Certaines logiques, sont même à mon avis assez opposées...

  •  Une manière « religieuse », est de mettre le rituel au centre, comme une pratique incontournable. Le-triomphe-de-l-Eucharistie-Une-peinture-de-Raphael.jpgElle est relativement simple à s'installer. Le rite fédère assez facilement, la seule obligation est de se retrouver régulièrement... Elle donne l'impression d'avoir fait ce qu'il « faut faire » … Elle semble garantir l’accès à Dieu. L'assemblée est en bas et le rite donne la manière d'avoir accès à Lui. L'effort réalisé par le fidèle participe à cet accès. La messe dominicale - et quelque soit l'assemblée, chacun n'étant qu'un élément similaire – représente bien ce schéma religieux.

 

  •  Une manière « spirituelle », est de reconnaître que « le divin », n'est en rien semblable à cette statue qui réclamerait une vénération particulière ( du bas vers le haut …) .Ici le divin est en position de « serviteur » ( Jésus ). 

 Qui fait le chemin... et, Qui rejoint qui … ?

dyn005_original_640_409_jpeg_2609044_4b192ddc22afaebf0216e7.jpgCette spiritualité, correspond à ce qui peut toucher les cœurs des hommes et des femmes d’aujourd’hui... Si notre Foi évolue : « ce n’est pas le Dieu en surplomb mais le Dieu "en humble place", qui peut se rencontrer...». N'est-il pas nécessaire, si le christianisme est universel, qu'il retrouve de cette manière, chacun, sur ce chemin …?

Certains d'entre nous, sentent bien le défi ; mais craignent qu'ainsi leur religion perde de son exclusivité. ( Ce n'est pas vraiment le style de la " Nouvelle avangélisation ..." ). L’accès à Dieu, et en particulier par Jésus-Christ, est pour tous. Il ne peut être réservé aux fidèles d'un certain culte … L’accès au divin, se fait avant tout, par son humanité.

Chacun d'entre nous est à l'image de ce divin : « Qui me voit et voit tout homme, toute femme, voit le Père », image souvent blessée, défigurée …ca-ML-taq-70c

Dieu se communique, en chacun d'entre nous, au point que servir chacun d'entre nous, revient à le rencontrer et Le servir …. Dieu est au centre le plus intime de chacun ….

Ainsi, faire Eglise, c'est moins chercher à s'organiser pour avoir accès à Dieu, que chercher ensemble à comprendre comment Dieu a accès à ma conscience …

 

hippodrome_24_.jpgLe christianisme est un chemin de spiritualité, plus qu'une religion ; et c'est pour cela qu'il s'exprime dans la diversité … Il est inutile de s'efforcer d'accéder à Dieu. La crainte serait alors de s'imaginer "savoir faire" : source d’orgueil et d’intolérance... Mais plutôt, initiative de Dieu de nous rejoindre,

En conclusion : j'aurais tendance à privilégier - la contemplation de la Parole en petite communauté, que - la célébration collective d'un rituel.

 

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