gauvain
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 6/,- Parzival, Roi du Graal.
(Livre XIV) – Perceval et Gauvain – Gauvain engage le combat avec le chevalier inconnu qu'il vient de rencontrer. Cependant les messagers d'Arthur arrivent au camp de Gramoflant et invitent ce dernier à se rendre à Joflanze. A leur retour, ils aperçoivent Gauvain, qui échange avec son adversaire de furieux coups d'épée et semble sur le point de succomber. Ils poussent des cris, prononcent le nom de Gauvain. Aussitôt le chevalier inconnu cesse de combattre et se fait connaître : c'est Perceval. Sur ces entrefaites arrive Gramoflant, qui, voyant l'épuisement de Gauvain, remet au lendemain le combat qui devait avoir lieu ce jour là. Perceval accompagne Gauvain vers les tentes d'Arthur. Il est accueilli avec joie et reprend sa place parmi le chevaliers de la Table Ronde. Il supplie Gauvain de le laisser combattre Gramoflant qui, de son côté, était venu seul en reconnaissance. Les deux chevaliers foncent l'un sur l'autre, et Gramoflant est forcé de reconnaître la supériorité de Perceval. C'est lui qui, cette fois, est à bout de forces quand arrive Gauvain, et il lui faut consentir à un nouvel ajournement.
Arthur profite de ce répit pour essayer de régler à l’amiable le différend qui oppose le frère et le fiancé d'Itonié. Il y réussit à la suite d'habiles négociations. Gramoflant devient alors l'époux d'Itonié. Arthur unit en outre la seconde sœur de Gauvain avec Lischoix, et Sangive avec Florant. Orgueluse fait savoir à tous les prétendants qui l'avaient suivie que l'époux de son choix est Gauvain. La joie est générale. Seul, Perceval demeure triste en songeant à son épouse Condwiramour, dont il est séparé depuis si longtemps.
A l'aube, il revêt son harnois et s'en va au hasard, loin de tous.
( Livre XV) – Parzival et Feirefils – Parzival rencontre sur sa route un chevalier païen qui,venant d'Orient, a naguère abordé dans les environs, avec une flotte immense. Les deux chevaliers engagent le combat. Pour la première fois, chacun se trouve devant un adversaire qu'il ne peut vaincre. Mais, au cours du combat, l'épée de Parzival se brise. Le païen ne veut pas frappé un ennemi désarmé. Il cesse de combattre et prie Parzival de lui faire connaître son nom ; il dit lui-même qui il est : il s'appelle Feirefils l'Angevin ; il est fils de Gamuret et de Belacâne. Les deux héros sont donc frères. Parzival conte à Feirefis, qui ne le savait pas encore, la mort de Gamuret.
Puis les deux frères se rendent ensemble au camp d'Arthur. Ils sont d'abord reçus par Gauvain. Arthur, accompagné de toute sa cour, vient ensuite les saluer. Le lendemain, le roi donne une grande fête en l'honneur de Feirefis et de Parzival. Au cours du festin apparaît Kundrie la sorcière ; elle vient de Montsalvage, en messagère, pour annoncer que le ciel lui-même a désigné Parzival comme roi du Graal. Accompagné du seul Feirefis et guidé par Kundrie, Parzival se met en route vers Montsalvage.
(Livre XVI) – Parzival, Roi du Graal.- A Montsalvage, Anfortas, dont les souffrances sont plus vives que jamais, supplie les Templiers de le laisser mourir. Il adresse la même prière à Parzival, quand celui-ci se présente au château. Mais Parzival, après avoir prié, pose à Anfortas la question si longtemps différée : il lui demande quel est son mal. Anfortas recouvre aussitôt la santé. Mais il a cessé d'être roi du Graal : cette dignité appartient maintenant à Parzival.
Cependant on annonce que Condwiramour s'est mise ne route pour rejoindre son époux et qu'elle est arrivée sur les bords du Plimizel. Parzival se rend au devant d'elle avec une troupe de chevaliers. Aprsè avoir été saluer, en passant, l'ermite Trévrizent, il arrive au petit matin dans la plaine où sont dressées les te,tes de Condwiramour et des guerriers qui l’accompagnent.
Il retrouve son épouse, qu'il avait quittée depuis cinq ans, et voit pour la première fois ses deux fils, Kardeis et Loherangrin.
Le premier, désigné pour devenir roi de galles et d'Anjou, repart avec les chevaliers qui l'avaient escorté jusqu'au Plimizel. Parzival prend, avec Condwiramour et Loherangrin, le chemin de Montsalvage. Une grande fête réunit au château tous les chevaliers autour du roi Parzival et de la reine Condwiramour.
Repanse de joie, accompagnée comme à l'accoutumée de vingt-quatre autres demoiselles, apporte le Graal dans la grande salle des fêtes. Mais le Graal demeure invisible à Feirefis, qui est païen.
Transporté par la beauté de Repanse de Joie, Feirefis exprime le désir de l'épouser et se déclare prêt à devenir chrétien. Son souhait est exaucé le lendemain, après qu'il a reçu solennellement le baptême. Au bout de douze jours, il repart avec son épouse pour l'Inde ; il aura d'elle plus tard un fils qui sera le Prêtre Jean.
Des années s'écoulent et Loherangrin devient un chevalier accompli. Un jour, sur l'ordre du Graal, il part pour le Brabant, afin de venir en aide à al duchesse, menacée par ses vassaux. Il s'offre à devenir son époux, à la condition qu'elle ne cherche jamais à savoir qui il est. Elle accepte et, pendant de longues années, les deux époux vivent heureux ; Loherangrin rétablit l'ordre dans le duché de Brabant. Mais, un jour, la duchesse ne peut s'empêcher de lui poser la question défendue. Il l'abandonne alors et retourne à Montsalvage.
Wolfram termine son poème par quelques réflexions sur les modèles qu'il a suivis et sur lui-même.
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 5/,- Gauvain et Orgueluse
( Livre X) - Abandonnant de nouveau Parzival, le poète conte les aventures de Gauvain ( Gawan) . Ainsi qu'il s'y est engagé envers Vergulaht, Gauvain a entrepris la Quête du Graal. Il aperçoit une dame, qui tient sur ses genoux un chevalier blessé. Il se met à la poursuite de l'adversaire de cet infortuné et arrive ainsi à Logrois, où il rencontre la duchesse Orgueluse ; elle est si belle qu'il lui déclare aussitôt son amour. Elle n'a pour lui que moqueries et le met au défi d'accomplir tout ce qu'elle est prête à exiger de lui. Il relève le défi, va chercher dans un verger merveilleux, le palefroi de la duchesse, puis se met en route avec elle. Chemin faisant, il cueille une herbe salutaire, qu'il destine au blessé ; la duchesse le raille. Un écuyer de la duchesse, être difforme et laid, frère de Kundrie, Malcréature, le rejoint et lui dit des paroles injurieuses ; Gauvain châtie l’insolent.
Un peu plus tard, Gauvain retrouve le chevalier blessé et le soigne habilement ; mais ce chevalier est un félon, qui profite d'un moment où Gauvain s'est un peu éloigné, pour lui voler son destrier ; Gauvain reconnaît en lui un criminel, à qui il a jadis sauvé la vie. Il n'a plus pou suivre la duchesse, qu'un mauvais cheval, celui qu'il a pris à l'écuyer Malcréature : la duchesse le raille de chevaucher en si piètre appareil. Orgueluse et Gauvain arrivent enfin en vue d'un château magnifique, habité par de très nombreuses dames. La duchesse traverse en barque un fleuve qui les sépare du château, mais défend à Gauvain de la suivre, il faut que Gauvain, sur son mauvais cheval, affronte un chevalier, Lischois Gwellius, qui, de loin, fond sur lui. Malgré les conditions défavorables où il se trouve, Gauvain triomphe de cet adversaire inattendu. Il l’emmène avec lui dans la ville proche, après avoir fait cadeau de ce prisonnier au passeur, qui, en retour, l’héberge de son mieux dans sa demeure.
( Livre XI) – Le Château de la Merveille ( chastel marveile ) – A son réveil, Gauvain, regardant par la fenêtre, aperçoit un vaste château, où vont et viennent de nombreuses dames. Il demande à la jeune Bène qui sont ces inconnues ; elle le supplie en pleurant de ne pas lui poser de question à ce sujet. Survient le passeur ; Gauvain l'interroge. Arès s'être longtemps fait prier, le passeur révèle à Gauvain qu'il se trouve au Pays de la Merveille, domaine du magicien Clinschor ( Klingsor) ; les dames du château sont les prisonnières de ce magicien ; mais, si un chevalier subissait sans périr l'épreuve du Lit de la Merveille, il deviendrait le maître du Château et délivrerait les prisonnières. Gauvain décide de tenter l'aventure. Il pénètre au château, après avoir laissé son cheval à la garde d'un marchand établi à lz porte. La grande salle, où il entre d'abord, est entièrement déserte. Il arrive ensuite dans une chambre où se trouve un lit merveilleux ; à peine y-a-t-il pris place que le lit se met de lui-même en mouvement et, dans une course furieuse, va heurter les quatre murs. A la longue pourtant, le lit s'arrête, amis alors des frondes et des arbalètes innombrables lancent des cailloux et des flèches sur Gauvain, qui ne se protège qu'à grand-peine à l'aide de son écu. Paraît ensuite un rustre qui le menace, puis un lion, qui se jette sur lui, mais qu'il parvient à tuer. Épuisé par ses efforts et par ses blessures, il tombe à terre, évanoui. Les dames du château prennent soin de lui et le rappellent à la vie.
( Livre XII) – Le gué périlleux – Tourmenté par l'amour, Gauvain ne peut trouver le sommeil. Au matin, il parcourt le château ; il découvre une sorte d'observatoire, où se dresse une colonne merveilleuse, qui reflète tout le pays à six lieues à la ronde. Dans ce miroir magique il aperçoit soudain Orgueluse, qui, accompagnée du chef de ses gardes, Florant d'Itolac, s'approche à cheval du Château de la Merveille. Il s'arme aussitôt, chevauche à leur rencontre et, d'un coup de lance, jette Florant à terre. La duchesse ne l'en traite pas moins avec hauteur et dédain et le met au défi d'aller cueillir pour elle un rameau qui fleurit sur un certain arbre de la forêt. Pour approcher de l'arbre, Gauvain doit franchir un ravin, au fond duquel coule un torrent rapide ; son cheval ne réussit pas à atteindre l'autre rive d'un bond ; tous deux sont précipités à l'eau. Gauvain réussit pourtant à gagner la terre ferme et à sauver son cheval. Il cueille le rameau désiré par Orgueluse.
A ce moment apparaît le roi Gramoflant, possesseur de la forêt où vient de pénétrer Gauvain. Gauvain est tout prêt à l'affronter. Mais Gramoflant ne consent jamais à combattre, s'il n'a pas devant luo deux adversaires au moins ; il ne ferait d'exception, déclare t-il que pour le seul Gauvain, qu'il hait, sans l’avoir jamais vu, et qu'il souhaite faire périr ; car le père de Gauvain a jadis traîtreusement occis son propre père. Puis il demande à l'inconnu de se faire son messager auprès de la belle Itonié, sœur de Gauvain, qu'il aime et souhaite épouser. Gauvain se nomme alors. Les deux chevaliers conviennent de combattre huit jours plus tard, en présence d'une nombreuse assistance. Gauvain retourne vers Orgueluse ; cette fois, son cheval franchit le ravin sans encombre. Orgueluse, abandonnant, tout orgueil, le remercie en pleurant et lui promet de devenir sienne ; elle lui conte les griefs qu'elle a contre Gramoflant et les tentatives qu'elle a déjà faites pour causer sa perte. Elle lui dit aussi quels chevaliers ont recherché son amour : c'est en voulant la servir qu'Anfortas a été cruellement blessé. Gauvain et Orgueluse retournent au château de la Merveille. On leur fait un magnifique accueil. Sur la prière d'Orgueluse, Gauvain rend la liberté à Lischois et à Florant. Il envoie ensuite en secret un message à Arthur, pour le prier de venir, avec toute sa cour, assister au combat qui doit l'opposer au roi Gramoflant.
( Livre XIII ) – Gauvain au Château de Clinschor – Gauvain libère les prisonniers qu'il a faits la veille, traite magnifiquement ses hôtes, et transmet en secret à Itonié le message de Gramoflant. La nuit venue, il se retire en une chambre avec Orgueluse, qui devient sienne.
- Gawan épouse Orgueluse, la Dame que convoitait - illicitement – Anfortas... !
<--- Wedding of Gawain and Orgelûse, painting at Neuschwanstein -->
Cependant le messager qu'il avait envoyé en mission au Camp d'Arthur accomplit sa mission : Arthur répond qu'il se transportera avec toute sa cour à Joflanze, où doit avoir lieu le combat de Gauvain et de Gramoflant. En attendant se venue, Gauvain s'entretient avec la reine Arnive. Il apprend d'elle l'histoire de Klinschor : c'était un duc de Capoue, qui, cruellement mutilé par une roi dont il avait séduit l'épouse, s'était adonné à la magie, afin de pouvoir se venger sur les autres hommes de l'affront qu'il avait subi ; il a réussi, par de puissants sortilèges, à enfermer dans le château de la Merveille nombre de dames et de chevaliers. Mais comme il avait juré d'abandonner son domaine, sa demeure et ses prisonniers au chevalier qui triompherait des épreuves du Château de la Merveille, Gauvain lui succède aujourd'hui dans ses droits.
Cependant Arthur s'est mis en route. Après avoir eu maille à partir avec des guerriers de Logrois, qui lui ont interdit l’accès à la capitale d'Orgueluse, il vient camper sous les murs du Château de la Merveille. Gauvain ne veut pas encore révéler sa présence et laisse le roi poursuivre le lendemain sa route vers Joflanze. Mais il le suit de près et fait installer son camp à côté du camp royal. Il amène enfin à Arthur les anciennes prisonnières de Klinschor ; Arthur retrouve parmi elles sa propre mère ; trois autres d'entre elles sont la mère et les soeurs de Gauvain lui-même.
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 3/,- L'Histoire de Gauvain
Les livres VII et VIII rapportent uniquement les aventures de Gauvain.
Gauvain au contraire de Parzival, est dès son apparition l'incarnation de la chevalerie idéale. Lui aussi doit affronter des tâches de plus en plus difficiles en raison des défauts de la société courtoise ; mais tous les conflits auxquels il est confronté tirent leur origine du fait qu'il comprend mal ce qu'est l'amour (c'est la problématique de l'amour courtois). Gauvain cependant se montre capable de résoudre les problèmes qui en découlent, même si au cours des ans il est incapable d'être fidèle à son épouse - ce en quoi il s'oppose encore à Perceval. ( wiki)
Le héros s'est mis en route pour se rendre au royaume d'Ascalon, où il doit affronter Kingrimoursel en combat singulier. Il rencontre une grande troupe guerrière ; c'est l'armée du roi Méliant ( Meljanz de Liz) , qui va assiéger Belleroche ( Bearosche) , château du prince Lyppaut. Méliant veut se venger des avanies que luia infligées la fille aînée de Lyppaut, Obie.
Gauvain suit l'armée et arrive à Belleroche ; il n'a d'abord nul dessein de prendre part au combat qui se prépare. Il va camper sous les murs du château ; d'en haut les dames de contemplent. Méprisante, la fille aînée de Lyppaut, Obie, déclare que cet étranger n'est qu'un marchand ; la jeune sœur, Obilôte, au contraire, vante l'air noble du nouveau venu et se déclare prête à lui accorder son amour.
Le maréchal du château, Schérule, invire Gauvain à pénétrer dans la ville et lui offre l’hospitalité. Le prince Lyppaut vient lui rendre visite et le prie de l'aider à repousser les ennemis. Gauvain ne croit d'abord pas pouvoir y consentir ( il ne veut pas être impliqué dans une bataille parce qu'il est obligé d'arriver à temps et sans blessures à Ascalon); mais il finit par céder, quand la jeune Obilote, qui n'est d'ailleurs qu'une enfant de sept à huit ans, lui adresse la même prière. Avec un grand sérieux, la fillette adopte le langage et les manières des grandes personnes. Gauvain la traite avec autant d'égards que si elle était déjà une dame. Il emporte au combat, comme un véritable chevalier servant, le présent qu'il a reçu d'elle. Il défait successivement les chefs de l'armée ennemie, blesse Méliant et le fait prisonnier. Sur la prière d'Obilôte, le roi Méliant se réconcilie avec Obie et l'épouse. Gauvain prend congé de tous et en particulier de la jeune Obilôte, désolée de le voir s'éloigner. Il repart seul vers Ascalon.
Parzifal est apparue un instant dans ce livre ; on l'a vu combattre glorieusement dans l'armée du roi Méliant, mais son rôle demeure très effacé.
( Livre VIII) En arrivant dans le royaume d'Ascalon, Gauvain rencontre le roi du pays, Vergulaht, qui est en train de chasser. Vergulaht s'excuse de pas l'accompagner jusqu'au château; il l'envoie à sa sœur, la belle et séduisante princesse Antikonie. Cette dernière accueille l'étranger avec empressement. Bientôt, Gauvain en vient à la requérir d'amour, et elle laisse voir qu'elle répond jusqu'à ce que cela les met tous les deux dans une situation compromettante, quand à ce moment un vieux chevalier entre dans la salle... Il ameute contre Gauvain les habitants du château qui pensent qu'il a l'intention de violer la jeune femme. Conduit par Antikonie, Gauvain se réfugie dans une tour; il se défend à l'aide d'un échiquier, tandis que la princesse lance sur les assaillants les figures du jeu d'échec. Le roi, survenant, veut en personne attaquer Gauvain. Mais le landgrave Kingrimoursel qui, devant toute la cour d’Arthur, avait provoqué Gauvain, prend la défense de ce dernier. Après de longues discussions, le roi consent à une trêve. Kingrimoursel remet à une année le combat singulier qui devait l'opposer à Gauvain.
Vergulaht tient conseil avec ses barons : au cours de l'entretien, il leur conte qu'il, a été récemment vaincu en combat singulier, par un chevalier inconnu, vêtu d'une armure vermeille ( Parzival), lequel lui a imposé ou bien de partir en quête et trouver le Graal, ou, bien d'aller se constituer prisonnier près de la reine de Beaurepaire. Un des conseillers du roi Vergulahl l'engage à libérer Gauvain, en lui imposant de rechercher le Graal. Gauvain accepte et prend congé de la cour et d'Antikonie.
Kingrimoursel accompagne Gauvain pendant quelque temps et se charge de ramener ses écuyers et ses pages en leur pays.
Conte de Noël : Gauvain et le Chevalier Vert. -2/2-
Gauvain, est le fils du roi Lot d'Orcanie et de la reine Morgause son épouse, il est aussi le neveu du roi Arthur et malgré la rudesse de son caractère, il est l'un des plus fidèles compagnons d'Arthur.
Dans les romans français il n'occupe pas une place prépondérante, il laisse le premier rôle à Perceval ou à Lancelot alors que dans la tradition anglaise il très souvent le héros principal comme dans "Sire Gauvain et le chevalier vert".
Donc....
Dix mois plus tard, Gauvain, monté sur son fidèle destrier Gringalet,se met en quête du chevalier décapité.
C'est alors que commence une aventure extraordinaire où son courage et sa loyauté seront mis à l'épreuve.
A quelques jours de Noël, alors qu'il erre dans une forêt... Comme par enchantement, un château apparaît à la lisière de la forêt. Il se nomme le château de Hautdésert, et appartient au seigneur Bertilak qui accueille Gauvain avec chaleur et joie. Étant donnée la fatigue du chevalier, le seigneur lui propose de rester et de se reposer quelques jours avant de repartir. Gauvain décline l'offre, car il doit avant tout retrouver la Chapelle verte et le chevalier vert. Bertilak le rassure aussitôt et lui apprend qu'elle n'est située qu'à quelques milles de là. Gauvain accepte donc de rester durant trois jours. Ils s'en vont à la messe de Noël où Gauvain rencontre la femme du seigneur, jeune et d'une grande beauté...
Du fait des festivités, Bertilak propose un jeu à Gauvain, connu sous le nom d'« échange des gains » : ce que, durant trois matins, Bertilak gagnera dans une chasse à coure, Gauvain l'aura en échange de ce que lui, resté à se reposer au château, aura gagné dans sa journée.
Bertilak ordonne à son épouse de le divertir, en fait de le séduire. Tous les matins, tandis que le seigneur Bertilak quitte le château de bon matin avec ses chiens et s’en va chasser, elle rend visite à Gauvain dans sa chambre. Gauvain ne veut accepter d'elle que des baisers, le chevalier refuse tout autre chose, à la fois il ne veut pas l'insulter en refusant ses avances et ne veut pas trahir la l'hospitalité de son mari.
Tous les soirs, le seigneur et le chevalier annoncent ce qu’ils ont obtenu de la journée. Sincère, Gauvain rend ce que la jeune femme lui a offert dans la journée, pas plus qu'un baiser …
Le dernier jour, de plus en plus insistante, la jeune femme réussit à donner trois baisers à Gauvain. Mais elle ne s'arrête pas là, et veut lui offrir un gage de son amour. Après avoir refusé une bague, Gauvain se voit offrir une ceinture verte aux pouvoirs magiques importants, qui protège celui qui la porte de la mort. Après avoir considéré la terrible épreuve qui l'attend le lendemain, Gauvain accepte la ceinture, mais ayant promis à la belle dame de n'en toucher mot au seigneur, il ne donne à Bertilak que trois baisers...
Le lendemain, alors que Gauvain est conduit par un homme de Bertilak jusqu'à la Chapelle verte, ce dernier lui propose de garder la vie sauve et de s'enfuir, sans que personne ne s'en aperçoive. Gauvain refuse catégoriquement une telle issue, et s'approche de la Chapelle verte.
L'endroit ressemble davantage à un sanctuaire païen qu'à une chapelle, et Gauvain entend le bruit d'une faux que l'on aiguise. Le Chevalier vert apparaît enfin, et lui demande de se préparer à recevoir son châtiment.
Gauvain retire alors son heaume et se met en position, attendant sa mort. Mais le Chevalier vert donne trois coups légers de sa hache. Au dernier coup de hache, seules quelques gouttes de sang s’échappent la nuque de Gauvain.
À peine a-t-il reçu la dernière entaille que Gauvain bondit vers son adversaire, estimant avoir tenu sa promesse jusqu'au bout. C'est alors qu'il se retrouve face à son adversaire souriant, qui lui explique qu'il est l'un des meilleurs chevaliers sur cette terre, car son seul péché a été de vouloir rester en vie. Il lui avoue ensuite qu'il n'est autre que Bertilak, et la seule épreuve qu'a passée Gauvain se trouvait dans l'enceinte même du château, quand sa femme l'a tenté.
Les deux premiers coups de hache valent pour les deux soirs où Gauvain a remis à Bertilak les présents reçus dans la journée; le troisième a puni Gauvain d'avoir gardé -pour lui seul la pièce d'étoffe donnée par la belle épouse.
Ayant par trois fois repoussé ses avances, il n'avait accepté que la ceinture verte, d'où l'entaille du dernier coup de hache.
Dès cet instant, Gauvain se fit la promesse de toujours porter la pièce d’étoffe afin de se remémorer cet instant de faiblesse.
On dit encore que c'est la fée Morgane qui aurait contraint, par enchantement, Sir Bertilak - en le changeant en chevalier vert - à toute cette aventure pour effrayer la Reine Guenièvre ( et la faire mourir de peur...) et mettre Camelot à l'épreuve.... On dit tant de choses … !
Conte de Noël : Gauvain et le Chevalier Vert. -1/2-
En ce temps de solstice d'hiver ; il était de coutume au Moyen-âge, de faire la fête...
Jouer à des jeux, chanter, boire et manger autour d'un feu, décorer sa maison avec des conifères, et même s'offrir des des cadeaux, sont en effet, quelques-unes des traditions appréciées en ville au Moyen-âge.
Dans la légende arthurienne, le conte de Sire Gauvain et du Chevalier vert est présenté comme une histoire de Noël, remplie de célébrations et réjouissances... Le motif de Noël est facilement observable dans la personne même du Chevalier Vert...
Les activités décrites à la cour du roi Arthur lors de Noël dans le célèbre roman du XIVe siècle Sire Gauvain et le Chevalier vert offrent un bon aperçu de la fête dans une cour médiévale tardive:
Le roi est à Camelot au moment de Noël et, avec les meilleurs chevaliers de la noble confrérie de la Table ronde, dûment assemblés, ils s'adonnent aux réjouissances et aux plaisirs insouciants de la fête. Auparavant, ils avaient participé à des tournois... Ces célébrations s'étalent sans interruption pendant quinze jours, alternant toutes sortes d’activités festives et de la danse la nuit, pour le plus grand contentement des seigneurs et des dames de la cour …
Alors que la Nouvelle Année est toute jeune - ce jour même la splendeur de la table est redoublée – le roi après la messe rejoint la grande salle avec tous ses chevaliers... Noël est célébré à nouveau, chacun apportant des présents …
Le récit relate l'arrivée d'un mystérieux géant vert, monté sur un cheval vert, à la cour d'Arthur se préparant à fêter Noël.
Ce chevalier vert rappelle la figure rituelle du Feuillu lié au folklore saisonnier, et dont le sapin de Noël est l'emblème. Cet homme ''à moitié ogre'' arrive tout de vert vêtu... Il brandit une branche de houx...
Le mystérieux chevalier lance un défi au roi et à ses preux : que celui qui en aura le courage accepte de le frapper avec sa propre hache de forestier ; en retour, le chevalier lui impose seulement d'accepter le même traitement un an et un jour plus tard. Arthur serait prêt à relever le défi, mais par souci de le protéger, c'est Gauvain son neveu qui aura finalement cet ''honneur''. Pensant éviter toutes suites désagréables, Gauvain décapite à la hache son adversaire tout de vert vêtu, mais ô surprise, le géant ramasse sa tête qui avait roulé par terre dans des flots de sang. La tête se met à parler, donnant à Gauvain rendes-vous à la Chapelle Verte, avant que le chevalier portant sa tête sous le bras et chevauchant son destrier aussi vert et superbe que lui ne s'éloigne au galop.... L'aventure ne fait que commencer …. !
On connaît le premier récit de cette histoire dans un poème arthurien du XIVe siècle.. La majeure partie du poème (37-197, de 750 à 2479) se situe pendant la saison de Noël. Le défi du chevalier vert a lieu le jour de la Nouvelle Année.
Un an plus tard, Gauvain arrive au château de Bertilak la veille de Noël; il y reste pour être ''testée'' par Lady Bertilak pendant trois jours, et répond au défi du chevalier vert, le jour de l'An. Ainsi, les principaux éléments de l'intrigue se produisent lors de la Veillée de Noël et au cours de ses douze jours.
A suivre … la fin de cette histoire: le 25 décembre, c'est promis ...
Le Chevalier à l'épée – 3/ -
Résumé : Gauvain se trouve à la cour du Roi Arthur. Il décide de partir à l'aventure et fait seller son cheval et préparer ses armes. Il a une envie de plaisir et de divertissement. Il part ainsi au hasard et perdu dans ses pensées, il s'égare. Il rencontre un chevalier a qui il demande son chemin pour rentrer à la cour. Le chevalier veut bien l'aider à condition qu'il passe la nuit avec lui et ensuite qu'il l'accompagne chez lui. Gauvain accepte ces contraintes.
Sur la route du château du chevalier, il est prévenu que beaucoup de braves chevaliers sont passés avant lui et ne sont jamais reparus. Gauvain ne renonce pas; il poursuit sa route. Il est bien accueilli par le chevalier qui lui présente sa fille qui est d'une beauté parfaite et qui l'invite à en prendre ''possession''.
A souper recommencèrent les mêmes importunités que le matin. Mais ce fut bien un autre étonnement, quand on se leva de table, et que le père, donnant ordre qu'on lui dressât un lit dans la salle, et destina le sien pour sa fille et pour l'étranger. A ce discours, Gauvain ouvre de grands yeux : il craint d'être tué s'il refuse, d'être tué s'il accepte, et n'a pas la force de répondre. Sans attendre son aveu, on le conduit dans la chambre avec la pucelle. Douze bougies y sont allumées; et pour qu'il puisse jouir toute la nuit des charmes de la compagne qu'on lui destine , il lui est expressément défendu de les éteindre. On l'enferme après cela, et la clé est emportée. La demoiselle se couche donc , et Gauvain se place auprès d'elle.
Quelques dangers qu'on lui eût annoncés jusqu'alors, le péril s'oublie aisément en pareille circonstance. Il allait manquer de mémoire, et la demoiselle l'arrête : « je ne suis pas ici sans garde » lui dit-elle. Ce mot de garde l'étonne, il promène ses yeux dans la chambre et ne voit rien ; mais elle lui fait remarquer près de la fenêtre une épée suspendue. « Cette épée est enchantée, dit la demoiselle; elle me garde et veille sur moi; et c'est la dernière épreuve que réserve mon père à ceux qui ont eu le bonheur d'échapper aux autres. A l'instant même qu'on s'oublie, elle sort du fourreau et vient percer le coupable. Plus de vingt chevaliers qui, comme vous, sont entrés dans ce lit, aucun n'en est sorti vivant. O mon bel ami, de grâce, ne vous exposez pas à leur sort, et n'allez pas me coûter des larmes qui ne finiraient qu'avec ma vie. ».
A ce discours s'augmenta encore la surprise de Gauvain. Jamais il n’avait entendu parler de pareille aventure: elle lui paraissait si étrange qu'il ne pouvait y croire, et qu'il alla même jusqu'à la regarder comme une ruse adroite de la pudeur aux abois. Déjà il s’apprêtait à en faire l'épreuve..
Soudain la fille jette un cri; et l'épée , tombant comme la foudre, vient blesser le prince, et retourne à sa place. Il reste éperdu et presque interdit. Sa compagne lui fait un tendre reproche sur le danger auquel il s'est exposé: elle le félicite de n'avoir mérité au moins qu'une légère blessure, et l'exhorte à se livrer comme elle au sommeil.
Mais les bougies brûlaient toujours, et l'épée enchantée ne punissait pas les regards. Cette clarté cruelle faisait le supplice de Gauvain; bientôt il ne fut plus le maître de commander à sa contrainte. Eh! que dirait-on d'ailleurs à la cour d'Artus, d'un chevalier à qui fut offerte la plus douce des aventures, et que la crainte du danger arrêta? Qu'y penserait-on de cette épée incroyable que personne ne conduisait? Que de railleries! que de reproches.... !
C'en est fait, il aime mieux mourir. Mais déjà l'épée vole, elle fend l'air, et le sang coule de nouveau.
Après cette seconde leçon, vous devinez aisément que le prince ne se plaignit plus de la clarté des bougies, et que, pendant toute la nuit, quelque longue qu'elle lui parût, les railleries de la cour d'Artus ne furent pas ce qui l'occupa davantage.
Le père, quoique par un autre motif, n’avait pas dormi plus que lui. Il était inquiet du succès de sa cruelle épreuve, et n’attendait que le jour pour s'en éclaircir. Quelle fut sa surprise quand il vit l'étranger vivant !
« Par ma foi, répond Gauvain, sachez que je n'ai chose fet quoi mis Par coi je doie estre à mort tret.
La couverture sanglante et percée le trahissait cependant ; et, malgré la prétendue sagesse dont il se vantait, il se vit obligé d'avouer la vérité. On lui demanda son nom, ce nom si célèbre et illustré déjà par tant d'exploits. Le châtelain alors parut saisi de respect, et il avoua , malgré lui, à son tour, que l'enchantement de l'épée venait de finir.
« Elle devait épargner, dit-il, le meilleur et le plus preux de tous les chevaliers: c’était là l'époux que je destinais à ma fille, et il en a coûté, pour le rencontrer, la vie à plusieurs braves; mais, puisqu'elle l'a trouvé enfin , acceptez sa main avec ma terre et mon château.»
Le père dit à Gauvain que, puisqu'il a mis à fin l'aventure, son château, sa fille et l'épée lui appartiennent. Telles étaient alors les lois des combats. Tout ce qui faisait l'objet ou le prix d'une entreprise appartenait de droit au vainqueur; les poésies du temps en offrent mille preuves. C’était la faute du chevalier d'avoir risqué sa fille...
Le Chevalier à l'épée – 2/ -
Résumé: Gauvain, s'est donc perdu à la chasse, et il est hébergé par un chevalier qui – aux dires de bergers qu'il a rencontrés - a la singulière coutume de faire tuer tout étranger qui le contredit en quoi que ce soit...
Le château du chevalier, se présente sur une montagne.... Il est vrai qu'en cette époque, un temps où les armes à feu et l'artillerie n’existaient pas encore, c’était la situation la plus favorable: on ne pouvait guère prendre ces forteresses que par la famine. Le même principe a fait bâtir sur des hauteurs la plupart des villes anciennes.
Ces avis, donnés avec l'air et le ton de la vérité, étaient faits pour effrayer, et Gauvain hésita quelque temps s'il ne retournerait point sur ses pas. Mais le peu de foi dû à de pareils propos , tenus malicieusement peut-être pour tenter son courage ; la crainte surtout qu'on ne pût lui reprocher un jour d'avoir manqué à sa parole et tremblé une fois dans sa vie, lui fermèrent les yeux sur le danger, et il résolut de tenter l'aventure.
On l’attendait au château. Dès qu'il parut, tout ce qui l’habitait, et le seigneur lui-même, accoururent au-devant de lui avec les apparences du plaisir et de la joie. On prit son cheval, on le désarma lui-même, et le chevalier le conduisit par la main dans une salle richement ornée, où il le fit asseoir en attendant qu'on servit; « Beau sire, lui dit-il, soyez ici à votre aise, et si quelque chose y déplaît à vos yeux, dites le en maître; car vous l'êtes dès ce moment, et tout y est à vous». Gauvain n’avait pas oublié l'avis des bergers, il trouva tout bien. Un moment après, le châtelain rentra avec une demoiselle d'une beauté éblouissante . C’était sa fille. Il lui ordonna d'obéir en tout aux volontés de Gauvain, et, pour que celui-ci ne s'ennuyât pas, il la laissa seule avec lui.
Dans les texte original , est le portrait de la demoiselle … L'auteur a grand soin de répéter que son héroïne était blonde. C’était le genre de beauté qu'on estimait le plus.
Ce préjugé en faveur des blondes était si général, qu'on avait imaginé diverses recettes pour donner aux cheveux et aux sourcils cette couleur, quand ils ne l'avoient pas naturellement. Arnaud de Villeneuve, médecin, mort au commencement du quatorzième siècle , enseigne ce secret dans son traité de Ornatu mulierum...
Ce discours,cette conduite,cette belle fille surtout, avoient tellement troublé le prince, qu'il fut quelque temps sans parler. Revenu un peu à lui, sa situation ne lui parut pas médiocrement embarrassante : il se voyait enfermé avec la fille de son hôte, et craignait de lui faire trop ou trop peu de politesses. Il se hasarda pourtant à lui offrir l'hommage de sa valeur, et la pria de permettre qu'il fût son chevalier. A travers tout cet embarras et cette circonspection, la jeune beauté lut sans peine dans les yeux de Gauvain l'impression qu'elle avait faite sur lui. Elle se sentait de son côté quelque penchant pour lui, et avait été frappée de sa bonne mine. Néanmoins la crainte combattait dans son âme l'intérêt que lui inspirait l'aimable étranger, et elle n’osait l'en instruire.
L'amour l'emportant enfin, après avoir fait jurer à Gauvain un secret inviolable, elle l'avertit, comme avoient fait les bergers, de ne jamais contredire son père, et lui recommanda sur toutes choses de la respecter. « Vous l'avez entendu, dit-elle, m'ordonner de vous obéir en tout. Mon doux ami, gardons-nous en bien; vous ne seriez déjà plus, si vous eussiez rien exigé. »
Le chevalier rentra pour conduire son hôte à table. « Quand j'ai un convive chez moi, dit-il en s'asseyant, s'il est curieux de ne pas me déplaire, je veux qu'il y ordonne, qu'il se fasse servir, et se plaigne enfin comme s'il était chez lui ». D'après cette déclaration, il offre de tout à Gauvain, le fait boire largement et le questionne sur chaque plat. Celui-ci boit et mange sans réplique, et vous vous doutez bien qu'il trouve tout excellent. On va même jusqu'à lui proposer la pucelle pour mie: il ne fait pas la moindre objection, accepte et remercie.
Après le repas, le châtelain qui voulait aller au bois à son ordinaire pour chercher aventure, se fit seller un cheval; mais, avant de partir, il commanda expressément à son hôte de l'attendre , et lui défendit, sous peine de la vie, de quitter le château sans sa permission. Il lui laissa cependant sa fille pour l'amuser; car il voulait surtout qu'il s'amusât. Gauvain interdit ne savait que penser de ce mélange incroyable de caresses et de brutalité. Néanmoins, comme de son naturel il était franc et loyal, il cherchait à tout cela des excuses et ne pouvait croire qu'un homme qui, de son plein gré , l’avait invité à venir chez lui, et qui l'y traitait si bien, pût songer à le trahir.
La demoiselle dont la tendresse commençait déjà sérieusement à s'alarmer pour lui, était plus inquiète encore. Elle eût voulu connaître tous les pièges qui le menaçaient, afin de l'en instruire et de lui apprendre à les éviter. Elle lui répétait au moins de se bien tenir sur ses gardes et lui recommandait surtout d'acquiescer sans résistance à tout ce qu'on lui demanderait.
A suivre ... ( après la suite de notre ballade en Limousin, sur la Route Richard...)
Le Chevalier à l'épée – 1/ -
Je me propose de lire et commenter un texte court que l'on inclut dans la Légende Arthurienne : ''Le Chevalier à l'épée '' date de la fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle. Il s'agit d'un texte consacré à Gauvain.
'' Le chevalier à l’épée '', aurait pour auteur, celui du fabliau :''La Demoiselle à la mule '' œuvres parodiques qui veulent bousculer le roman médiéval réaliste du moment : '' Le Conte du Graal ''. Ces textes parodiques veulent remettre en question les conventions courtoises et chevaleresques ; et le personnage qui correspond le mieux à cette image glorieuse est le chevalier Gauvain. En même temps que ces valeurs chevaleresques, c'est le surnaturel qui va être dévalorisé...
Sachons également, que cette période médiévale permet de lire de la poésie courtoise, mais aussi des fabliaux beaucoup plus crus ...
L'auteur, et il fallait l'inventer... ! Se nomme Païen ( à l'inverse de Chrétien), et non pas de la glorieuse ville de Troyes , mais de Maisières ( donc de nulle part …!) : Païen de Maisières se plaît à décrire la déchéance, et l'incompétence amoureuse de Gauvain …
Si on ne sait rien de la biographie de cet auteur ; on peut dater son texte de 1200-1210, et ses nombreuses références aux romans de Chrétien de Troyes ont conduit certains spécialistes à confondre Chrétien et Païen ...
Il n'est pas inintéressant de s'engager dans la lecture de ce texte, avec cet avertissement …
Je rappelle avant de commencer que Gauvain, est qualifié de ''soleil de la chevalerie''... Il est mondain, aimable, courtois, joyeux et plaît aux dames …
Dans aucun texte il ne rencontre de jeune fille qui lui inspire un amour assez profond pour l’épouser ou se consacrer à elle, mais ne reste pas insensible au charme de certaines demoiselles qui croisent son chemin. Beau et séduisant, il plaît et n’hésite pas à échanger des propos charmants avec les jeunes filles et à proposer d’être leur champion. C’est ainsi qu’il offre à Lunete, la suivante de Laudine, de la servir :
« Ma demoiselle, je vous fais don, en ma personne d’un chevalier dont vous pourrez disposer à loisir… Je suis vôtre ; quant à vous, soyez, dorénavant, ma demoiselle. » (Le Chevalier au Lion, vv. 2435-41). A l'inverse de Lancelot, ou de Perceval, Gauvain est un chevalier disponible : Dans le Conte du Graal, il parle d’amour avec la sœur du roi d’Escavalon qui répond à ses avances.
Dans les romans arthuriens du XIIIe siècle, sa réputation de séducteur demeure et ses aventures amoureuses se multiplient : cf la Demoiselle du Lis ( dans la première continuation de Perceval).
Gauvain, trop humain, plus attaché aux valeurs terrestres qu'à Dieu, va passer du chevalier glorieux à celui plus futile et mondain, puis plus inquiétant à celui de meurtrier et de traître...
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Quelqu'un aime-t-il joie et déduit? Qu'il vienne à moi et qu'il écoute l'aventure de ce bon chevalier qui fut l'ennemi des traîtres et des lâches, et qui maintint toute sa vie honneur, prouesse et loyauté : c'est monseigneur Gauvain.
L'auteur fait un reproche à Chrestien de Troyes - dont la plume a célébré tant de chevaliers de la Table-Ronde - d'avoir oublié celui-ci. Il veut réparer, dit-il, l'injure faite à la gloire de ce héros. Il chantera au moins quelques-unes de ses actions, puisqu'il est impossible de les raconter toutes; et sans un plus long préambule, il entre en matière.
Le Roi Arthur ( Artus) habitait Carduel avec la reine , son épouse ; Gauvain , son neveu , et un certain nombre de chevaliers. On entrait dans le printemps: le jour était extrêmement beau. Gauvain , dans le dessein d'en profiter, demanda son cheval; et, après avoir chaussé ses éperons d'or , sans autres armes que son épée, sa lance et son écu, prit le chemin de la forêt. La beauté du ciel, le chant des oiseaux, la fraîcheur de la verdure naissante le plongèrent insensiblement dans une douce rêverie : il s'y abandonna quelque temps, et n'en sortit que pour s'apercevoir qu'il s’était égaré. La nuit qui allait le surprendre dans le bois l’inquiétait beaucoup. Il retourna donc sur ses pas, suivit, quitta, reprit diverses routes, et ne fit que s'égarer encore plus.
Les éperons d'or ou dorés étaient le signe distinctif des chevaliers: les écuyers ne pouvaient en porter que d'argent. Quand quelqu'un recevait la chevalerie,la première pièce de l'armure qu'il commençait à prendre était les éperons d'or; et ordinairement le roi ou le prince qui lui conférait cette dignité les lui chaussait de sa propre main.
Gauvain était dans cet embarras , quand ses yeux entrevirent au loin à travers les arbres la lueur d'un grand feu. Arrivé plus près, il vit un cheval attaché à une branche, et près du feu un chevalier assis. Il l'aborda aussitôt pour le supplier de vouloir bien lui enseigner la route de Carduel. Le chevalier s'offrit à le conduire lui-même au château , dès que le jour le leur permettrait; et, en attendant, il le pria d'agréer qu'il lui fît compagnie. Gauvain descendit donc de cheval: il s'enveloppa dans son manteau, et, prenant place auprès de l'inconnu , se mit à causer avec lui. Naturellement droit et loyal, il déploya dans cet entretien sa franchise ordinaire: l'autre, au contraire, ne cherchait qu'à le tromper, et vous en verrez bientôt la raison. Enfin, après quelque temps de conversation , le sommeil les gagna, et ils s'assoupirent jusqu'à ce que le jour vint les réveiller.
«Nous sommes assez loin de Carduel, dit alors le chevalier, et vous n'avez point soupé;mon château est à quelques pas d'ici, acceptez sans façon un repas sans apprêt et offert avec amitié ». Gauvain ne se fit pas prier; l'on partit. Mais, à peine furent-ils sortis de la forêt, que l'inconnu demanda la permission de prendre les devants: « Je n'ai personne, dit-il, qui puisse aller annoncer votre arrivée ; souffrez que je vous quitte un instant pour m'acquitter de ce devoir. Vous voyez mon manoir sur la croupe de cette montagne au bout du vallon: c'est là que je vous attends. »
En disant cela, il partit au galop; et Gauvain, qui n’avait pas sur cette offre si généreuse le moindre soupçon, le suivit tranquillement au pas.
Il était d'usage lorsqu'on voulait recevoir avec distinction quelqu'un que l'on considérait, de venir vers lui... Non-seulement tous les domestiques, mais la maîtresse même du château et ses filles , venaient au-devant du chevalier. Elles lui tenaient l'étrier pour l'aider à descendre, le désarmaient elles-mêmes, et lui donnaient de ces habits commodes que l'on tenait en réserve pour ces occasions. Comme dans la plupart des histoires, le château du chevalier, se présente sur une montagne.
A quelque distance, Gauvain rencontra quatre bergers qu'il salua. L'air noble du héros, cette prévenance de sa part les intéressa en sa faveur: « Beau sire s'écria l'un d'eux, vous ne méritez pas d'aller à la mort ».
Le prince ne fit point d'abord attention à ce discours, et il continua sa route: mais tout-à-coup il s'arrêta par réflexion et revint sur ses pas pour demander aux pasteurs l'explication des paroles sinistres qu'il venait d'entendre. Ils répondirent naïvement que , s'ils l'avaient plaint , c'est qu'ils voyaient souvent de braves chevaliers se rendre , comme lui, au château, et que jamais ils n'en avoient vu revenir aucun. Gauvain étonné fit sur cela diverses questions auxquelles ils ne purent satisfaire; car, comme personne n’avait pu dire ce qui lui était arrivé, on ne pouvait guère en parler que d'après des bruits et des soupçons. Ils lui apprirent seulement, et d'après ces bruits, que le chevalier ne voulait être contredit en rien, que sa coutume était de lasser par les épreuves les plus dures ceux qu'il pouvait attirer chez lui, et qu'à la moindre résistance de leur part, il les faisait égorger.
Le chevalier Gauvain et son étrange 'Pentangle'.
Les ''armes'' du chevalier Gauvain, représentent, soit un aigle bicéphale, soit un ''pentangle''.
L'aigle provient du blason familial, celui de Lot ( Loth). Le père de Gauvain est roi de Loënois ( selon Brut) , mais dans la plupart des textes, son royaume est l'Orcanie.
Gauvain, est le neveu du roi Arthur et le fils du roi Lot d'Orcanie et de Morgause... On trouve plusieurs équivalents gallois de son nom : Gwalchmai et Gwalchmei ("faucon de la plaine") ainsi que Gawain en franco-normand et anglais.
Il est l'aîné d'une fratrie de chevaliers : Agravain, Gaheris et Gareth (surnommé "Beaumains" par Ké, le sénéchal d'Arthur).
Gauvain est très souvent considéré comme le meilleur des chevaliers de la Table Ronde car il est fort et mesuré. C'est le chevalier modèle : en plus d'être un chevalier d'exception, il fait preuve d'une courtoisie exemplaire pour tous les autres chevaliers de son temps. Gauvain porte fréquemment l'épée du roi Arthur : Excalibur.
Gauvain est le cousin d'Yvain qui est également pour lui un ami très cher. Gauvain est le seul chevalier de la cour d'Arthur, avec Yvain parfois, que l'on nomme "monseigneur". Son cheval se nomme Gringalet. Gauvain a la particularité de voir sa force croître avec le soleil, celle-ci étant à son paroxysme aux heures de midi, avant de diminuer jusqu'à la tombée de la nuit.
Il est très souvent dépeint dans les textes médiévaux comme un modèle de courtoisie et le champion par excellence des demoiselles en détresse. Il n'est d'ailleurs attaché à aucune femme en particulier, étant le défenseur (et, dans plusieurs récits, l'amant) des femmes en général. Son échec dans les aventures du Graal et dans les quêtes spirituelles en général peut être attribué à cette réputation de chevalier trop galant faisant passer les valeurs et les plaisirs matériels avant la religion.
** Gauvain et le ''Géant Vert '' ou le ''Chevalier Vert''
C'est dans ce récit, que Gauvain, présente sur son bouclier le '' Pentangle '' :
Le poème marque la première apparition connue du mot « pentangle » dans la langue anglaise. Le poème décrit le pentagramme comme un signe de fidélité, issu de l'époque de Salomon, et comme un « nœud sans fin ». Plusieurs stances sont dédiées à la description des vertus de Gauvain, représentées par les cinq pointes du pentagramme.
A l'époque médiévale, le "noeud sans fin" était un symbole de Vérité et représentait une protection contre les démons. Il était utilisé en tant qu'amulette de protection personnelle et protégeait également les fenêtres et les portes.
Cependant, dans Sire Gauvain, le poète fait référence au sceau magique présent sur l'anneau du roi Salomon, marqué d'un pentacle, qu'il reçut de l'archange Michel. Ce sceau donnait à Salomon un pouvoir sur les démons...
Les 5 pointes représentent également les 4 éléments de la Vie (Eau, Terre, Air et Feu), plus l'Esprit... Ou les cinq sens... Dans les légendes celtiques, on associe ce symbole à la fée Morgane...
Citation:
« These five pure virtues were fixed in this knight more firmly than in any other.
And all five times were so joined in him that each one held to the other without any ending and fixed at five points, nor did they ever fail, for they were joined at no point nor sundered were they at all, nor could one find any end thereof at any corner when the games began or were gliding towards an ending. ». Il s'agit de la description symbolique du pentagramme qui figure sur le bouclier de Gauvain dans le roman médiéval Sir Gawain and the Green Knight.
Traduction proposée :
" Ces cinq pures vertus étaient solidement ancrées dans ce chevalier plus fermement que dans aucun autre. Et, cinq fois, étaient si liées à lui que chacune était liée à l'autre [avec un noeud] sans fin, [le pentagramme est un nœud sans fin] et attachées en 5 points. Elles ne pouvaient pas non plus lâcher car elles n’étaient jointes en aucun point, interrompues nulle part et on ne pouvait y trouver aucune extrémité à aucun angle [du pentagramme] lorsque les jeux commencèrent ou avaient tendance à se terminer. "
En ce qui concerne le chevalier chrétien, le Pentangle symbolise les cinq vertus chevaleresques : la générosité, la courtoisie, la chasteté, la chevalerie et la piété.
Dans le christianisme, le même symbole évoque les cinq blessures reçues par le Christ sur la croix (mains, pieds et coté).
Le personnage de Gauvain, représente bien les influences du paganisme celte, en opposition avec le Christianisme... C'est au départ un héros solaire, il possède la plénitude de sa force physique à midi, et sa vigueur au combat diminue avec l'astre... C'est le premier héros confronté au Graal. Dans les romans en prose christianisés du XIIIe siècle, Gauvain connaît un discrédit.
Gauvain et le Chevalier Vert -2/2-
Le dernier jour, de plus en plus insistante, la jeune femme réussit à donner trois baisers à Gauvain. Mais elle ne s'arrête pas là, et veut lui offrir un gage de son amour.
Après avoir refusé une bague, Gauvain se voit offrir une ceinture verte aux pouvoirs magiques importants, qui protège celui qui la porte de la mort. Après avoir considéré la terrible épreuve qui l'attend le lendemain, Gauvain accepte la ceinture, mais ayant promis à la belle dame de n'en toucher mot au seigneur, il ne donne à Bertilak que trois baisers...
Le lendemain, alors que Gauvain est conduit par un homme de Bertilak jusqu'à la Chapelle verte, ce dernier lui propose de garder la vie sauve et de s'enfuir, sans que personne ne s'en aperçoive. Gauvain refuse catégoriquement une telle issue, et s'approche de la Chapelle verte. L'endroit ressemble davantage à un sanctuaire païen qu'à une chapelle, et Gauvain entend le bruit d'une faux que l'on aiguise.
Le Chevalier vert apparaît enfin, et lui demande de se préparer à recevoir son châtiment. Gauvain retire alors son heaume et se met en position, attendant sa mort. Mais le Chevalier vert donne trois coups légers de sa hache. Au dernier coup de hache, seules quelques gouttes de sang s’échappent la nuque de Gauvain.
À peine a-t-il reçu la dernière entaille que Gauvain bondit vers son adversaire, estimant avoir tenu sa promesse jusqu'au bout. C'est alors qu'il se retrouve face à son adversaire souriant, qui lui explique qu'il est l'un des meilleurs chevaliers sur cette terre, car son seul péché a été de vouloir rester en vie.
Il lui avoue ensuite qu'il n'est autre que Bertilak, et la seule épreuve qu'a passée Gauvain se trouvait dans l'enceinte même du château, quand sa femme l'a tenté. Les deux premiers coups de hache valent pour les deux soirs où Gauvain a remis à Bertilak les présents reçus dans la journée; le troisième a puni Gauvain d'avoir gardé - pour lui seul - la pièce d'étoffe donnée par la belle épouse.
Ayant par trois fois repoussé ses avances, il n'avait accepté que la ceinture verte, d'où l'entaille du dernier coup de hache.
Dès cet instant, Gauvain se fit la promesse de toujours porter la pièce d’étoffe afin de se remémorer cet instant de faiblesses.
La fée Morgane a contraint par enchantement Sir Bertilak - en le changeant en chevalier vert - à toute cette aventure pour effrayer la Reine Guenièvre ( et la faire mourir de peur...) et mettre Camelot à l'épreuve.