Jean Luchaire – Elaine de L.
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Lancelot ressent une certaine sympathie pour Jean Luchaire, de même âge et une certaine ascendance intellectuelle, et pour qui la réussite semble sourire.. Des points communs : un goût pour l’étranger ( l'Italie pour Jean) et un désir politique ancré sur le pacifisme ; et une différence non dénuée d'intérêt, qui est la base socialiste de ses convictions …
Entreprenant, Luchaire a déjà tenté la création d'une revue '' Vita '', abandonnée puis reprise en 1924: Il dénonce le mépris et la haine entre les anciens belligérants, et le Traité de Versailles... Il imagine la suppression des armées nationales, la suppression des égoïsmes nationaux...
Luchaire souhaite intervenir dans le débat politique et avec quelques uns lancent un manifeste, l'Effort , c'est une étape. En 1921, ce sera '' La Jeune Europe''...
Jean Luchaire réussit à s'inscrire dans une carrière journalistique ; il intègre '' l'Ere Nouvelle'' et ''Le Matin''
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Lancelot se sent appartenir à une jeunesse qui veut affirmer aux générations précédentes sa différence : l'internationalisme, et une inquiétude de l'avenir, qui se traduit en questions, ruptures et recherche d'engagement... On s'amuse, on discute et on se dispute... Chacun teste des groupes, des ligues, des conférences... souvent éphémères. On s'engage dans des joutes verbales afin de chercher de nouveaux cadres théoriques...
Lancelot, de nature, serait plus intéressé par des questions sur les passions, l'existence de Dieu, et la marche des mondes ; mais dans l'ensemble, sa génération est peut-être plus pragmatique, et se confronte davantage aux rapports internationaux, à la politique et à l'économie...
Le jeudi, au 86, rue Claude-Bernard, les époux Luchaire reçoivent beaucoup de monde, on peut y croiser ( en mélangeant les époques …) : Paul-Boncour, Osuski, l'ancien ministre de Tchécoslovaquie, Stève Passeur, Claude Dauphin, Paul Reynaud, Pierre Brossolette, Pierre Laval, Otto Abetz, Léo Ferrero, Jacques Chabannes, Marcel Achard et Stève Passeur, Pierre Mendès France et Bertrand de Jouvenel, Rainer Maria Rilke, Paul Colin, Jean Fayard aussi bien que Louis Martin-Chauffier, Claude Aveline ou Georges Auric, Alfred Fabre-Luce et même Jean Giraudoux.
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On discute politique, théâtre. On fume, on se fâche ( source Corinne Luchaire, et Gilberte Brossolette)
Lors de l'une de ces soirées, l'invitée vedette est Titaÿna ( Élisabeth Sauvy (1897-1966)) une jeune femme d'action, les cheveux noirs bouclés, belle, « aux yeux de bédouine ( P. Mac Orlan) », mince, nerveuse... Romancière ( en 1925, avec 1925 ''la Bête cabrée'') et en train de devenir ''reporter''... Chacun, chacune est aimantée vers cette jeune femme qui pourrait représenter le modèle de la femme des ''années folles'', avec les rythmes de jazz qui résonne dans un dancing comme le ''Bouf'', cabaret que Titaÿna fréquente...
Lancelot, lui, s'est approché d'une femme, un peu en retrait, et dont il saura beaucoup de choses à l'issue de cette soirée...
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Elaine de L. est la fille d'un sénateur, elle s'est mariée à dix-huit ans. L'union est devenue désastreuse, la jeune femme dépérit et songe à prendre le voile... Elle part en retraite dans un monastère, mais son père la récupère ; et lui propose de surseoir à sa décision, en l’accompagnant dans un grand tour culturel en Italie...
Réflexion faite, si elle reste très croyante, elle préfère profiter de la vie d'une femme séparée de son mari, mais libre... Elle écrit, et a déjà publié deux romans et un recueil de poèmes préfacé par Claudel …
Lancelot est frappé de la beauté de son visage, et de l'intensité de son regard qui - quand elle parle d'elle - semble craindre d'effrayer son interlocuteur. A cette jeune femme, douce, attentive, Lancelot naturellement en vient à lui parler de ses doutes, de sa recherche...
Elle même se demande si – en quittant le monastère – elle n'a pas tourné le dos à la Vérité ?
Lancelot l'écoute, et se surprend à défendre une autre manière d'envisager sa vocation personnelle :
L- N'était-ce pas une fuite vers un refuge.. ? Et, cela devait être nécessaire, vous aviez besoin de souffler... Votre père aurait pu vous y laisser... Ces deux attitudes ( la vôtre, la sienne) vous auraient été imposées par les circonstances ; auraient-elles correspondu à un véritable choix de votre part … ?
Au lieu de cela il n'a écouté que son amour pour vous, son intuition ; et vous a incité à construire un autre chemin qu'il n'imaginait pas, mais qu'il vous rend possible ….
E- Cet accueil des religieuses, était un don de Dieu...
L- Ce don, n’était-il pas un chemin déjà tracé par d'autres...; ne devez-vous pas le construire par vous-même... ? Que désiriez-vous vraiment?
E- N'est-il pas bon de sacrifier, nos désirs, nos passions humaines ; pour un don plus grand... ?
L- C'est curieux, la manière dont vous posez cette question... Comme si, cet enfermement – qui ne correspond peut-être pas à votre personnalité - permettait seul, de recevoir le don divin ; et comme si donc, il fallait sacrifier son désir.... Quel était donc votre désir profond ?
E- Là-bas, je m'abandonnais à Dieu...
L- A Dieu, ou à ceux qui décident pour vous … ?
E- La Vérité, ne nous est-elle pas donnée... ?
L- La Vérité est à découvrir, par soi-même, à la lumière d'une Tradition. Pour moi, c'est une Quête …
E- L'Eglise porte la Tradition.
L- Je ne peux pas me contenter de recevoir la Vérité... Je me dois de la vivre, de la valider, de grandir avec... La Tradition n'est pas figée, elle est vivante et ne demande qu'à être reçue, transformée. Il ne s'agit pas de l'enfouir pour la préserver... Ne serais-je qu'un gardien de la Vérité... ?
Cette discussion avec Elaine, est retranscrite à partir des notes de Lancelot, à l'issue de cette soirée... Il s'étonne lui-même d'avoir développé ainsi une réflexion sur la Vérité de la tradition, comme si à ce moment là, leurs deux esprits lui avaient permis de clarifier ses propres idées...
Quand Lancelot et Elaine se sont quittés... Elaine lui a exprimé combien ses paroles avaient été justes et la libéraient...
Mary Butts – Années 1920 – et le Graal. 3
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Mary Butts raconte à Lancelot, les quelques idées – qui lui sont venues - quant à l'intrigue de son prochain livre... La Coupe du Graal aurait été trouvée au fond d'un puits ; retiré de là, grâce à une lance... Qu'elle influence aurait la présence du Graal sur ses personnages... ?
Elle, serait seule femme avec quatre hommes, dont son frère. Elle s'appelle Scylla, son amant c'est Picus, amant déjà d'un homme, présent... Que va t-il se passer... ?
Parmi les hommes, l'un serait comme un élément rapporté : un américain ; les autres à travers lui, rejetteraient ce monde moderne, un monde brisé par la guerre et le nihilisme...
Alors Mary pense que le chaos se répandrait rapidement... Nous n'avons qu'une arme, dit-elle, la folie !
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Mary voudrait insister sur notre relation forte avec la terre, pour elle cela s'exprime par son attachement aux paysages du Dorset, paradis perdu d'une propriété familiale. Le paysage a une influence sur nos croyances, il devient sacré... Ce lien passe par le féminin, comme l'exprime Jane Harrison. Le culte de la déesse précède le monothéisme masculin ; elle pense que le maintien de ce lien spirituel à la terre peut guérir une âme découragée... La femme peut assumer ce rôle de prêtresse.
A l'opposé le paysage urbain est une friche, dominée par la science et la rationalité, le manque de sentiment...
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L'esprit de Lancelot, est accaparé par la présence de Mary . Éloigné d'elle, il ne pense qu'à la retrouver, et son corps hurle de désir... Mais Mary, sans se refuser, souhaiterait l'initier au sacré par un rite d'union des deux polarités. Si, ''ce qui est en haut est comme ce qui est en bas'', l'union sexuelle est un acte sacré....
Mary emmène Lancelot à quelques unes des conférences d'une femme russe, qui attire énormément de monde, pour parler de magie sexuelle. Cela se passe dans une grande salle d'un restaurant, on y croise des artistes de , des surréalistes et beaucoup de curieux..
Cette magicienne propose un véritable système religieux, voire une nouvelle religion qui repose sur un troisième terme de la Trinité, qui remplaçant l'Esprit, serait le Féminin. Le Féminin de qui relève la sexualité... qui permet de transformer le désir en lumière...
La Coupe du saint-Graal est remplacée par la femme. Pendant l'acte sexuel, la femme sujet de la Quête du chevalier affranchi, brûle alors d'un feu d'amour qu'elle transmet au Chevalier, qui s'ouvre à la Lumière , appelée Lucifer ou la Connaissance. Il s'agit de ''noces alchimiques'', fusion de deux natures antagonistes mais complémentaires...
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Le propos est très résumé, et ce qui frappe Lancelot, et l'ennuie vraiment, c'est la référence constante à Satan ….
Mary comprend cette réticence ; et elle-même qui vient de vivre des expériences similaires à Théléma, qui ne lui ont causé que dégoût, se demande si cela ne relèverait pas de l'inversion entre magie blanche et magie noire ? Un peu, ce qui exprimé dans le rapport entre l'ange et l'ange déchu...
Lancelot se souvient d'avoir rencontré dans les documents relatifs à sa quête ; des écrits sur le combat de Jacob avec l'ange...
Aussitôt, tous les deux se rendent à l'église Saint-Sulpice, pour découvrir le tableau de Delacroix... Pour la chapelle dédiée aux Saints-Anges, c'est le peintre qui a choisi le thème... Ils ont la chance, alors qu'ils commentent la toile, d'échanger avec un vieux prêtre qui les observait ...
Lancelot en profite pour lui faire part de ce qui le trouble :
- Cet ange ne pourrait-il pas être Satan... ?
- Vous voulez dire que Jacob se battrait contre lui-même ? Quant à Satan, pour ma part, ma foi, ma confiance ne porte que sur les anges... Un ange déchu n'est plus un ange, non … ?
- Mais Satan existe, ne tente t-il pas le Christ … ?
- Effectivement l'homme Jésus est tenté par des passions humaines, la gloire, la puissance, la connaissance.... Un ange qui ne serait plus le messager de Dieu, deviendrait une passion humaine...
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- Et l'amour … ?
- Ah, l'amour …. Cela, c'est divin !
Mary forte de son expérience, désapprouve la recherche de puissance au travers de rituels sexuels ; c'est ce qu'elle appelle la magie noire... La magie blanche ne force pas et nourrit généreusement ce qui peut exister
Finalement, le rituel magique ( magie blanche ) eut lieu... La coupe et l'athamé eurent leur part, et Lancelot a communié à la présence de Morgane... Cette expérience fondatrice fut unique, Mary a rejoint Londres, puis le Dorset, la terre de ses ancêtres....
Son roman Armed with Madness, sera publié en 1928.
Mary Butts – Années 1920 – et le Graal. 2
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Mary Butts se dit très intéressée de mieux connaître Lancelot, et avec lui de mieux comprendre la quête du Graal. Elle veut en faire le sujet de son prochain livre...
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Mary invite Lancelot, chez elle, où il rencontre également un jeune homme, Sergueï, elle écrit de lui qu'il est « un page aux boucles noires et aux yeux de glace verte... » ; Lancelot pense à un oiseau et à un danseur...
- Oui, c'est juste, répond Mary... Je pourrais l'appeler Picus et mon héroïne, Scylla... Scylla est une nymphe de grande beauté qui - du fait de l'amour d'un dieu - est transformé en monstre féminin...
Lancelot connaît moins la mythologie grecque, et Mary lui traduit l'image en rapprochant le dieu du Roi Arthur, et Scylla de Morgane ... Oui Morgane.... On dit que Morgane est venu s'installer dans le Dorset, la région de prédilection de Mary, à ' Badbury Rings ' , un lieu utilisé par les prêtresses, les druides pour pratiquer leurs rites magiques ...
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Mary pense que le Dorset est la région du Graal – à l'opposé de la ville et de ce temps d'après-guerre représenté par la « Waste land »... Elle voudrait appeler ainsi son roman, mais T. S. Eliot, pour un livre-poème, qu'elle adore, lui a déjà pris ce titre …
Quand elle s'est rendue à l'abbaye de Glastonbury ; assise sur une pierre de ces ruines elle a ressenti fortement ce qu'elle nomme ''mana'' c'est à dire un ''pouvoir d'influence'' qui émane de certaines personnes ou de certains lieux...
Mary est obsédée par la mythe et le rituel. Ses héroïnes incarnent « le principe féminin de la vie » en contact avec des pouvoirs magiques oubliés depuis longtemps... Elle est persuadée que le malaise spirituel de l’après-guerre qui génère le modernisme littéraire peut être guéri par le rituel et la magie ; elle prend ses sources chez Sir James Fraser, Jessie L. Weston et les 'Ritualistes de Cambridge', et chez les modernistes, comme Joyce, Yeats et Eliot.
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Marie raconte qu'elle a appris et pratiqué avec Cecil, la magie, l’écriture automatique et les voyages astraux... Ils parlent aussi, avec grande excitation des ''carrés magiques''... Mary en aurait pratiqué toutes sortes, à Théléma... Connaît-il le '' livre d’Abramelin '' ? Un grimoire qui recense quelques démons et quelques sorts qui se présentent sous la forme de carrés de mots, à l'image du carré SATOR...
Les démons... ! Devant le visage horrifié de Lancelot ; Mary s'esclaffe... « N'aie crainte... Pour commander aux démons, il faut d'abord les avoir vaincus... ! »
Ainsi, Mary et Lancelot se sont revus, ont énormément échangés sur différents thèmes comme le symbolisme, l'alchimie, et bien sûr la légende arthurienne... Mary se montre si intéressée par ce que lui rapporte Lancelot, sur sa Quête, et celle de ses aïeux ; qu'elle exprime son enthousiasme d'avoir rencontré « la réincarnation d'un chevalier arthurien » ; elle souhaite connaître les détails de cette histoire... Et lui ému par son regard, par l'intérêt qu'elle lui porte ; elle, si belle, si envoûtante... Aussi occupe t-elle à présent toutes ses pensées, le jour, la nuit, surtout la nuit ; au point que par manque de sommeil peut-être, perd-il un peu de vigilance, pour distinguer ce qui est réel de ce qui l'est moins … Et, s'il était ensorcelé... ?
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Mary l'interroge encore et encore …. « Quels sont les effets du Graal … ? »
On parle d'effets merveilleux : une lumière inconnue... Mais de lui-même on ne sait rien... Et, que contient-il ? Perceval ne pose aucune question ! Et qui est la Porteuse du Graal, que sait-elle ?
Les Continuations enrichiront la connaissance des effets du Graa. Par exemple, par la profusion des mets en sa présence... Le Graal sert à gré, ou « par le gré » ce qui convient à chacun... De par son contenu, le Graal donne le pouvoir de se régénérer et de multiplier ce qu'il contient... A côté du rôle positif, l'un des aspects - plus sauvage du Graal – est, quand il est associé à la lance : il évoque un rituel sanglant ( voir dans Peredur...) …
En tout cas, le Graal a une portée initiatique car il permet une révélation, ce qui pourrait être l'objet de la Quête...
Ce jour là, Mary soulève sa jupe, et vient s'asseoir à califourchon sur le genoux de Lancelot. Elle pose ses bras autour de son cou ; et lui demande : « Et si le Graal était là... Que ferais-tu ? »
- Si j'étais face au Graal … ? Je ne sais pas … Je n'y ai jamais pensé...
- Et, s'il était là ! Sur tes cuisses ?
Mary Butts – Années 1920 – et le Graal. 1
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Mary Butts (1890-1937) est de dix années plus âgée que Lancelot. Elle vient du Dorset, en Angleterre. Elle a épousé en mai 1918 le poète pacifiste et éditeur John Rodker, a donné naissance à leur fille Camilla, fréquente des écrivains modernistes, et a commencé une liaison avec Cecil Maitland, un vétéran de la guerre qui continue à le rendre fou... En 1921, avec lui, elle passe environ douze semaines à l’abbaye de Thelema d’Aleister Crowley en Sicile... Elle y a trouvé certaines pratiques choquantes, et est reparti en mauvaise forme...
Nancy la connaît assez pour se soucier d'elle, et elle a la bonne mais dangereuse idée de lui ''confier'' le jeune Lancelot...
Mary Butts connaît bien Paris, où elle entretient des amitiés avec des artistes, comme Jean Cocteau qui illustrera son livre Imaginary Letters (1928). En 1925 Mary a publié son premier roman, Ashe of Rings, un roman anti-guerre avec des éléments surnaturels.
Actuellement (1926), Mary est à Paris, elle a rompu d'avec son ''grand amour'' Cecil Maitland ; Elle vit dans un appartement de la rue Montessuy, proche de la tour Eiffel... Elle héberge un amant, Sergueï Maslenikoff, qu'elle vient de rencontrer à Paris. Sergueï est une sorte d'aristocrate ( russe blanc), artiste sans le sou. Mary le trouve charmant, drôle, mélancolique...
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Comment ne pas être intrigué par cette femme, belle à l'abondante chevelure rousse et au regard vif, les yeux verts, un long cou blanc à la Rossetti, et qui semble avoir déjà vécu tant d'expériences déroutantes et surnaturelles ? A l'écart de l'effervescence des amis de Nancy ; Lancelot et Mary vont faire connaissance plus avant, et chacun d'une curiosité réciproque... vont arriver au Graal !
En Angleterre, l'intérêt pour le Graal, est vivace depuis la guerre... Mary a lu l'ouvrage de référence de Jessie L Weston, From Ritual to Romance publié en 1919. L'auteure rattache l'histoire du Graal et d'autres légendes arthuriennes aux rites païens d'avant le christianisme. Son analyse s’inspire de l’étude comparative de Sir James Frazer sur la religion, The Golden Bough (1890), et de son affirmation selon laquelle la religion moderne a évolué à partir de cultes de fertilité plus anciens et de leurs rites du dieu/roi mourant. Les « Ritualistes de Cambridge », qui s’inspirent aussi beaucoup de Frazer, influencent également Weston, en particulier le travail de Jane Ellen Harrison, avec cette théorie de la pratique rituelle et leur croyance commune que le rituel précédait le mythe...
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Mary Butts est convaincue du rôle fondamental des pratiques rituelles dans les cultes rattachés aux mythes anciens, ainsi que sur le rôle des femmes dans ces rites...
Comme tout anglais, elle connaît Les Idylles du Roi de Tennyson (1885). Mais aussi : The High History of the Holy Grail (1910) (La Haute Histoire du Saint Graal) traduite par Sebastian Evans. Perlesvaus, aussi appelé Li Hauz Livres du Graal (La Haute Histoire du Saint Graal), qui est une vieille romance arthurienne française datant de la première décennie du XIIIe siècle ; elle serait censée être une des continuations de l’œuvre inachevée de Chrétien De Troyes « Perceval, le conte du Graal ».
Mary pourrait citer également ''L’Église cachée du Saint Graal'' ( The Hidden Church of the Holy Graal ) de Arthur Edward Waite (1909). Il s'agit d'une suite de récits assez divers, qui commencent avec des textes aux références païennes pour finir sur une épopée chrétienne et allégorique. Le contenu peut satisfaire autant le lettré que le mystique à la recherche du Graal... En effet, Waite tente de donner un sens à tout cela. Il examine et rejette les théories du XIXe siècle qui relient le Graal aux Templiers, ou aux franc-maçons, ou même aux cathares... Sa conclusion est qu’il existe encore une « église intérieure » dans le christianisme: il veut dire non pas une secte souterraine, mais un ''noyau mystique''. Son concept d'Eglise cachée est basé sur une compréhension profonde du sacrement de l'eucharistie, et le Saint Graal est son symbole...
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Arthur Machen (1868-1947) auteur de ''Le grand dieu Pan'' est captivé très jeune par l'occultisme qu'il découvrit dans la bibliothèque de son père, pasteur anglican. Ecrivain, il est attiré par les mystères païens de son Pays de Galles natal, passionné de mythologie classique et de merveilleux...
The Secret of the Sangraal & Other Writings de Arthur Machen, permet à cet auteur de fictions de présenter son approche mystique de la vie et de l’art. Nous pouvons ainsi examiner dans quelle mesure (ou non) ses croyances personnelles correspondent à ses écrits imaginatifs. Machen apparaît ici comme mystique, comme un chrétien ''occulte'', un peu fantasque, comme un homme parfois blessé, souvent audacieux : sa conviction est que le monde que nous connaissons n’est qu’un rideau de stimuli sensoriels et de croyances intellectuelles au-delà de laquelle se cachent des vérités plus substantielles et terrifiantes.
The Secret Glory, la dernière grande œuvre de Machen, est une description satirique de la vie dans une école publique. Le héros, orphelin, Ambrose Meyrick, un adolescent d’origine galloise, est inscrit dans une école publique anglaise. Il va se heurter à des ''rituels'' et à un harcèlement violent , avec des épisodes quotidiens d’intimidation scandaleusement acceptés, sinon encouragés, par les directeurs d’école et les enseignants.
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Au moment où il semble avoir atteint le sommet de la souffrance et de la mortification, Ambrose, grâce à ses origines celtiques, a une « vision »... Il découvre un monde qui promet une formidable rédemption et des merveilles jamais vues auparavant, un monde qui le conduira à la recherche du Saint Graal et qui changera son destin. Libéré par cette quête, il découvre avec candeur, un monde violent, les angoisses de l’âge, et la découverte du sexe avec la jeune serveuse Nelly... Mythes celtiques, atmosphères mystérieuses et paysages oniriques se croisent sur le chemin intime du ''héros'' …
La légende du Saint Graal, de l'époque de sa deuxième épouse Purefoy, conduira Arthur Machen à un passionnant voyage dans cette légende chrétienne qui supplantera le grand dieu Pan de l'époque de sa première épouse Amy. Les quêtes arthuriennes remplacent les rites de la Rome antique, et le roi Arthur prend la place du dieu Pan...
Les années 1920 – François Mauriac
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La comtesse de Sallembier, avait eu diverses occasions de rencontrer François Mauriac (1885-1970) , elle n'en avait cependant pas user pour le connaître davantage ; ce que regrettait dans ces années vingt Lancelot, qui découvrait avec grand intérêt ses livres. Anne-Laure se méfiait, disait-elle, de cet homme qui fustigeait son milieu, sa famille, tout en minaudant dans les salons, en particulier celui d'Anna de Noailles. Elle-même, n'avait-elle pas confié qu'elle trouvait cet ''oiseau'' « triste, enfermé dans sa rêverie. », et qui ne pouvait appartenir à « la vraie famille des poètes ».
Cependant Lancelot reconnaissait en ce ''frère aîné '' long jeune homme, lascif et tourmenté, un vrai romancier. Et il lui en savait gré de se reconnaître catholique, tout en dénonçant l'hypocrisie qu'il pouvait s'y attacher.
Dès 1922, avec Le Baiser au lépreux : un homme conscient de sa laideur, fait face - au cours de son mariage arrangé - par le sacrifice, Mauriac, déjà, y dénonce les vilenies d'un milieu bourgeois.
A partir de Génitrix (déc 1923) Mauriac préfère montrer les conséquences de l'absence de la Grâce sur les âmes, plutôt que « de rendre témoignage '' de la Foi ; comme dans cette fin ''ratée'' du '' Fleuve de feu'' (avr. 1923).
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Lancelot lira beaucoup cet auteur, et ne trouvera jamais l'occasion d'entrer plus avant dans la relation.
N'est-ce pas un peu exagérée, cette obsession toute chrétienne ( et bourgeoise) de ne pouvoir vivre le plaisir de la chair sans culpabilité ; au point d'être contraint de choisir entre la vie sexuelle et Dieu, comme dans le ''Désert de l'amour''. C'est Maria Cross qui l'exprime le mieux, chez qui « le plaisir et le dégoût se confondent ». Le quotidien ''La Croix'' critique assez souvent ses romans, qu'il qualifie de scabreux. Il est assez intéressant, en effet, d'observer que ce ''catholique qui écrit'', et non cet ''écrivain catholique'' mette, ainsi, toute l’Église en alerte. Avec l'excellent '' Thérèse Desqueyroux '' il aurait manqué, dit-on , l'excommunication !
Politiquement, depuis la victoire du cartel des gauches (1924), Mauriac devient favorable à l'Action Française. Il s'affirme surtout anti-communiste ; il dénonce au travers de leur protestation quant à la guerre du Maroc, leur hypocrisie qui se moquent du '' droit des peuples à disposer d'eux-mêmes''. Il n'hésite pas à signer une pétition de soutien des intellectuels aux troupes françaises qui « combattent au Maroc pour le Droit, la Civilisation et la Paix », aux côtés de Bainville, Massis, Bourget, Valéry, Maurois...
Mauriac, cependant, semble inféodé à aucun mouvement politique. Dès 1921,il prend la défense d'André Gide contre Henri Massis ( catholique maurrassien ).
Pendant sa crise religieuse (1926-1929) il écrit les Souffrances du chrétien (1928), et reste proche de l'Action française ; après sa ''conversion'' et la publication de Bonheur du chrétien (1929) il se désabonne de L'Action française ; alors même que le mouvement de Maurras est condamné par le pape Pie XI.
C'est au cours de cette période que Lancelot croisera Mauriac, lors de ces fameuses retraites annuelles qu'organisent les Maritain, à Meudon ; également présent : Jean Daniélou qui deviendra jésuite et cardinal.
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Lancelot reconnaît - en particulier - à partir de la publication de ''Thérèse Desqueyroux'', la révolte d'un homme ligoté par son éducation, un homme en révolte contre un système religieux qui lui a été imposé. Ce livre remporte en 1925 le Grand Prix du roman de l'Académie.
Comme chez Bernanos - que son roman « Sous le Soleil de Satan » paru en 1926 rend célèbre en quelques jours - les personnages sont torturés par un combat que se livrent en eux Dieu et le Diable.
Autre occasion de pouvoir rencontrer l'écrivain, c'est l'invitation de Paul Desjardin présent à Davos, à assister aux ''Décades'' ( ou Entretiens) de 1929, qu'il organise à Pontigny. Lancelot et Elaine vont être témoins d'une controverse entre Gide et Mauriac.
Gide évoque la biographie de Racine, où Mauriac traite de la contradiction entre l'exigence littéraire et l'exigence religieuse. Gide dénonce ce ''compromis'' : « En somme, ce que vous cherchez, c'est la permission d'être chrétien sans avoir à brûler vos livres; et vous n'êtes pas assez chrétien pour n'être plus littérateur. »
Mauriac répond qu'en soldat du Christ, il ne craint pas l'adversité. Il continuera d'écrire, et « je ne me séparerai pas de vous ni de vos amis bien que chaque numéro de la N.R.F. semble prendre position contre Jésus-Christ. Je veux rester au milieu de vous comme le pauvre ambassadeur d’une puissance méconnue » ( Correspondance Gide-Mauriac)
Le Paris des Années 1920.. – Pierre Drieu la Rochelle
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Pierre Drieu la Rochelle est de 7 ans plus âgé que Lancelot. En 1925, il vient de rompre une amitié que l'on pensait solide, avec Louis Aragon. Pierre D. jeune écrivain, incarne la nouvelle génération, ce que lui reconnaissent Daniel Halévy ( que connaît bien Anne-Laure, sa mère), et Henri Massis (proche de Maurras)... Il a déjà publié chez Gallimard, et participe à la revue prestigieuse NRF.
<- de Jacques-Emile Blanche - 1924 - Etude pour un portrait de Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945)
Lancelot est impressionné par Pierre. Il émane de lui, une énergie qui lui fait penser à Nietzsche, quelque chose de flamboyant, et on le dit ''couvert de femmes'' … !
Pierre D. vient de se séparer de son groupe de ''surréalistes'', leurs chahuts ne l'amusent plus ; et surtout le dénigrement systématique de ce qui fait la richesse de la culture occidentale, jusqu'à leur provocations envers Loti, Barrès, Anatole France et Claudel...
Aragon s'affiche avec son ancienne maîtresse, Elisabeth de Lanux, et surtout abdique tout esprit critique devant André Breton, et - le comble - adhère au Parti Communiste...
Si Lancelot souhaite son amitié, il la sait impossible, comme avec tous ceux qui ont vécu l'horreur de cette horrible guerre ; et dont l'expérience conduit à une vision tragique de l'existence...
Peut-être, Pierre est-il attiré par la candeur du jeune homme qui tranche sur le cynisme de beaucoup de ses amis, et des mœurs qui sont les siennes, mais qu'il qualifie de décadentes et ne correspondent pas à sa philosophie conservatrice ?
Pierre D. refuse de se situer sur l’échiquier politique, et reproche à Aragon sont engagement partisan... Il semble inquiet d'une modernité envahissante, de la TSF par exemple, au machinisme déshumanisant . Il hésite entre un classicisme rénové, reconstruit par la République, autour de figures de la pensée rationnelle ; et la tradition millénaire de la vieille France monarchique qui lui offrirait une morale exigeante et élitiste, et l'entrée dans une aristocratie forte, autour d'un militantisme qui satisferait son goût pour l'action....
Pourtant, et il en discute avec Lancelot, Charles Maurras, le déçoit par son nationalisme intégral, alors que l'absurde guerre qu'il vient de vivre, ne peut que nous rassembler autour de notre civilisation européenne et la réconciliation franco-allemande...
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Pierre D. paraît bien souvent paradoxal. Il semble fasciné en bien et en mal par le peuple juif. En 1917, il épouse la sœur de son ami juif, mort au front, Colette Jéramec. En 1921, il divorce... Il ne cessera d'asséner et d'écrire les pires opinions antisémites... !
Lancelot apprend par sa mère, suite à un courrier de Vanessa Bell, que Nancy C., est à Paris ; aussi commence t-il une enquête afin de retrouver la jeune femme.
Il rêve de pouvoir, cette fois, la conquérir... Elle devrait être surprise de le voir changé, mûr, si décontracté... Il imagine : il la ferait accéder aux salons les plus huppés de la capitale, la présenterait à de grands écrivains... Peut-être Gide lui-même, ou Valéry? Anatole-France, Barrès étant morts récemment...
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Il n'a pas cherché longtemps. Pierre D. le met directement sur la piste. Lancelot et Pierre, ont ceci de commun c'est leur goût pour l'Angleterre ; et l’Allemagne, il est vrai aussi...
- « J'aurais dû naître anglais. Voilà une de ces imaginations d'enfance qu'on garde jusqu'à ses derniers jours. » insiste Pierre. En 1919, il a séjourné à Cambridge ; il y a déjà rencontré T.H. Lawrence, et Aldous Huxley avec qui il reste lié... Il a hébergé, Aldous Huxley lors du premier séjour de ce dernier à Paris, c'était en janvier 1920...
1926 - Nancy C. habite dans l'île de la Cité un appartement décoré par Jean Frank. Elle y reçoit Man Ray, William Carlos Williams, Léon-Paul Fargue, Drieu la Rochelle, les amis de Cocteau et ceux de Breton, dont Louis Aragon...
Bien sûr, la rencontre de Lancelot avec Nancy, ne correspond en rien à ses attentes... Excentrique, et adulée par tous ses visiteurs ; elle s'amuse quelques instants de le revoir, puis elle est vite happée par des personnalités bien plus en vue, comme Louis Aragon avec qui elle va commencer une histoire d'amour...
Cependant, lors d'une seconde visite de Lancelot, Nancy lui présente Mary Butts.
Le Paris des Années 1920.. – Bertrand de Jouvenel
Si les sujets de discussions sont graves, l'ambiance - parmi les jeunes qui fréquentent les Conférences - est à la camaraderie et à la fête. Dans une chambre d'étudiants, dans un bureau ; certains amènent des jeunes filles qui admirent les débats, des liens se nouent...
Les parents de Bertrand de Jouvenel, se sont séparés tôt ; il vit avec sa mère Claire Boas, elle-même assez présente dans le monde politique et littéraire. Son père a épousé en 1912, la romancière Colette.
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Au printemps 1920, Bertrand rend visite à son père et découvre celle qu'on lui a désignée comme « redoutable ». Il est fasciné par elle : naturelle, imposante... Elle décide de « former » son beau-fils, et, l'année suivante, deviennent amants; elle a 47 ans.. Jusqu'en 1925, Bertrand vit dans l'ombre de Colette... Cette liaison est connue, et - vis à vis de ses camarades -pose Bertrand sur un piédestal de l'initiation érotique...
Colette, Henri de Jouvenel, et son fils Bertrand sur la lande près de Rozven, en Bretagne (1921) ->
Bertrand est un lecteur passionné d’histoire, de politique et d’économie. Colette l’initie à d'autres lectures, en particulier les romans de son ami Proust, qu’elle compare à Balzac. C'est elle, dit-il, qui l'ouvre aux joies du monde : « Colette m’enseigna que le pain avait du goût, les troènes du parfum, les pavots de la couleur …elle regardait, elle écoutait, elle sentait, et le plaisir qu’elle prenait continuellement à ce qui existe se communiquait à son entourage. Alors que j’avais toujours cherché à être laissé en paix avec mes livres, à présent je la suivais et les théières de faïence chez les antiquaires de Saint-Malo, les crevettes dans le basin des rochers, tout me paraissait merveilleux …il est impossible de dire ce que je lui dois, pour m’avoir ainsi nourri ».
Bertrand de J. suit son père à la SDN en 1923. Il part pour Prague comme collaborateur du ministre des affaires étrangères de la Tchécoslovaquie.
Sa mère ne supporte pas cette liaison, elle tente de le fiancer, mais il crée le scandale en ne venant pas au repas de présentation ; Colette venait de lui remettre un pli où était écrit : « Je t’aime. ».
Sa famille lui présente une nouvelle jeune fiancée. Il en discute avec Colette et décident de se séparer. Marcelle Noilly-Prat a déjà écrit un roman ( Vivre en 1922) « très intelligente et de très bonne compagnie » ; ils se marient en décembre 1925.
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Parmi les jeunes de l'Action Française, Lancelot est interpellé, en 1922-23, par Jean-Augustin Maydieu. Étudiant doué et fougueux, il est camelot du Roi et il fait partie de la garde personnelle de Maurras, très religieux il est torturé par une histoire d'amour... Il a rencontré Madeleine Delbrêl chez le docteur Armaingaud qui tient salon ; elle s’intéresse à l’art, la littérature et la philosophie. Elle écrit des poèmes. En 1922, alors qu'elle écrit « Dieu est mort, vive la mort […] Puisque c'est vrai, il faut avoir le courage de ne plus vivre comme s’il vivait » ; elle fait la connaissance de Jean profondément croyant, qui se questionne sur sa vocation religieuse... Ils se revoient et commencent une relation amoureuse (1923)... Il part pour son service militaire, puis sans explication entre au noviciat dominicain, le 22 septembre 1925. Cette ''rupture'' plonge Madeleine dans une phase dépressive, et déclenche une recherche intérieure et, finalement, une conversion « violente » dit-elle l’année de ses 20 ans dans un éblouissement qui ne la quittera plus..