Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les légendes du Graal

moyen-age

La Querelle des Universaux -2

23 Janvier 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Universaux, #Moyen-âge

Avec mon esprit colimaçon, je reviens sur ce débat :

Le ''nominaliste'' affirme que sans un individu qui puisse comparer ce cheval avec un autre, aucune similitude n'existe entre eux. Le concept général de ''cheval'' n'existe pas réellement et relève uniquement d’un processus de l’esprit.

A contrario, répond le ''réaliste'' l'universel cheval existe, ce concept existe même indépendamment de ce qu’il représente. En effet, il est patent que tous les chevaux partagent des caractéristiques communes (comme avoir quatre pattes, une crinière, etc.).

Le '' réaliste'' soutient que les universaux sont nécessaires pour expliquer l’existence des catégories et des espèces. Sans les universaux, il serait impossible de parler de “cheval” en général, car il n’y aurait que des chevaux individuels sans lien conceptuel entre eux.

De plus, c'est parce que '' la chevalité '' existe en lui, que cet animal peut galoper.

Le ''nominaliste '' répond : - Préférons la simplicité, comme de considérer que les universaux sont des noms que nous utilisons pour décrire des groupes d’objets similaires, plutôt que des entités réelles indépendantes. '' Cheval'' reste une étiquette que nous facilite le langage. De plus, nous ne percevons que des chevaux individuels, et non pas l'universel ''cheval''. Les universaux nous permettent d'organiser notre expérience du monde, mais ils n’ont pas d’existence indépendante.

Abélard et Héloïse

Elaine, choisit la position intermédiaire d'Abélard ( défini comme ''conceptualiste'' ). Il admet que les universaux existent, mais uniquement dans l’esprit humain. Pourtant, ils jouent un rôle crucial dans notre cognition. Ils nous permettent de catégoriser et de comprendre le monde en regroupant des objets individuels sous des concepts généraux. Par exemple, le concept de “cheval” est formé en observant les caractéristiques communes à tous les chevaux.

Ainsi, le mot ''cheval '' a une signification réelle dans notre langage et notre pensée. Un concept n'est pas un simple nom sans substance, il émerge de notre interaction avec le monde et de notre besoin de structurer notre connaissance.

 

Yvain rejoint Elaine, et ajoute qu'un des questions qui lui vient à l'esprit – un peu annexe, certes - est celle-ci : comment pouvons-nous modéliser un concept universel, pour qu'il puisse être admis par une ''intelligence artificielle'', et qu'est-ce que cela en dit... ?

 

Une autre fois, Lancelot qui s’intéresse de près aux sciences, et Yvain, découvrent qu'ils ont suivis de près ou de loin, les mêmes conférences de Jules Vuillemin (1920-2001) philosophe et épistémologue, au Collège de France, où il traitait de la théorie de la connaissance appliquée aux mathématiques. Il avait écrit en 1962 '' La philosophie de l'algèbre ''. Lancelot avait pu le rencontrer lors de l’hommage à Jean Cavaillès qu'il avait connu. (voir : Le 8 mai 1945. - Les légendes du Graal (over-blog.net) et Jean Cavaillès - 1929 - Les légendes du Graal (over-blog.net) )

 

Dans son ouvrage “Nécessité ou contingence”, Vuillemin analyse comment différents systèmes philosophiques depuis l’Antiquité ont traité la question des universaux.

Et surtout, Vuillemin a été fortement influencé par les idées de Willard Van Orman Quine (1908-2000) , avec qui il a beaucoup échangé, notamment en ce qui concerne deux points importants :

- Nos croyances : elles forment un réseau interconnecté, où chaque croyance est soutenue par d’autres croyances. Si une nouvelle preuve contredit une croyance, nous devons ajuster l’ensemble du réseau pour maintenir la cohérence.

- La véracité d'un énoncé : certains sont-ils vrais par définition, et d'autres en vertu de l'expérience ? Doit-on faire cette distinction ? Quine et Vuillemin sont d'accord de la critiquer.

 

Vuillemin a exploré les questions de déterminisme et d’indéterminisme, qui sont centrales à la mécanique quantique. Il a analysé comment les concepts de probabilité et de causalité sont traités dans la théorie des cordes, et comment cela affecte notre compréhension de la réalité.

 

J'ai moi-même lu en 1973, dans la collection de poche Idées, ''La nature dans la physique contemporaine'' de Werner Heisenberg ; avec des lignes fascinantes sur le comportement des particules subatomiques, et l'énoncé du fameux principe d’incertitude de Heisenberg. Le fait que nous ne pouvons pas connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule avec précision, implique une description probabiliste de la réalité ; et cela introduit une forme d’indéterminisme où les événements ne sont pas strictement déterminés par des causes antérieures.

Le rôle de l'observateur dans la réduction de la fonction d’onde suggèrent que l’acte d’observation peut influencer le résultat d’un événement, remettant en question la causalité classique.

On pourrait ajouter que l’intrication quantique, suggère que des événements peuvent être corrélés de manière instantanée à distance, sans lien causal direct.

Le calcul des probabilités nous permet de modéliser des phénomènes complexes où les résultats ne sont pas déterministes. Et, il est nécessaire de repenser la causalité dans un cadre plus global et interconnecté.

 

Lancelot rappelle que déjà le philosophe David Hume (1711-1776) soutenait que notre idée de causalité ne repose pas sur une connexion nécessaire entre les événements, mais sur l’habitude et l’expérience répétée. ( Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -3/.- - Les légendes du Graal (over-blog.net) )

Lire la suite

La Querelle des Universaux -1

18 Janvier 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Universaux, #Moyen-âge

Dans ce contexte médiéval, Elaine propose d'entrer dans la Querelle des Universaux :

Lancelot, précisément, voudrait encore rajouter ceci :

La quête du chevalier - comme celle de Perceval pour le Graal ou de Lancelot - symbolise un chemin ardu nécessitant la purification de l’âme et l’élimination des illusions matérielles., pour tenter le Salut, et la découverte de la Vérité ultime, donc divine.

Les personnages de Chrétien de Troyes (1135 ? - 1185 ?), comme Lancelot, Yvain, et Perceval, incarnent des concepts universels, tels les vertus : la bravoure, la loyauté, et la quête de la vérité. Ils transcendent les individus spécifiques.

Foi Espérance et Charité

L'amour courtois entre Lancelot et Guenièvre illustrent un concept universel – l'amour - tout en étant ancré dans des situations spécifiques et des personnages particuliers.

Les aventures de nos héros, reflètent le débat médiéval sur la relation entre les universaux (les concepts généraux) et les particuliers (les actions spécifiques d’un chevalier dans une quête particulière. ).

 

Alors Yvain, très attentif à cette incursion dans une période assez lointaine, demande que soit précisé la problématique de cette querelle, à l'époque :

Elaine tente de résumer :

- La question centrale est de savoir si les universaux, comme les concepts de “cheval”, ou d' “humanité”, existent réellement en dehors des objets particuliers qui les exemplifient.

Les universaux sont-ils des entités réelles qui existent dans un monde idéal ou dans l’esprit de Dieu, et, comment les objets particuliers participent-ils de ces universaux ? C'est à dire de quelle manière un objet individuel manifeste les caractéristiques de l'universel ?...

Les réponses à ces questions influencent notre conception de Dieu, de l'âme, et aussi de la nature de la réalité. Sur le plan religieux, ce débat touche également à des questions de salut, de la nature des sacrements, et de la Trinité.

 

Je rajouterais, ajoute Yvain : - La vision que nous avons, nous terriens, du monde ( la terre, le ciel, l'horizon...) ne nous cache t-elle pas la réalité de l'Univers ?

 

Ecoute-moi, continue Elaine, je vais tenter de te raconter cette histoire :

Le protagoniste de celle-ci, est un moine philosophe du XIIè siècle, qui nous invite à le suivre dans la Forêt des Significations. Dans cette forêt, chaque arbre représente un concept universel. Parmi nous, les Réalistes voient ces arbres comme des entités réelles, tandis que les Nominalistes les voient comme de simples illusions.

Le moine nous montre l'un des arbres, qu’il appelle “Humanité”. Il explique que cet arbre n’est ni une illusion ni une entité particulière. Au lieu de cela, il nous propose de choisir entre, - la création de Dieu ou, - le résultat de l’esprit humain qui, en observant de nombreux individus, abstrait les caractéristiques communes pour former le concept d’humanité.

Continuons cette comparaison, par l'allégorie de la tisserande. Cette tisserande, en observant les fils individuels, crée des motifs sur son tissu. Les motifs n’existent pas indépendamment des fils, mais ils ne sont pas non plus de simples noms. Ils sont le produit de l’esprit créatif de la tisserande, tout comme les universaux sont le produit de l’esprit.... L'esprit de Dieu ou l'esprit humain ?

 

Lancelot reprend la parole : - Je vais essayer, moi aussi: je vous propose l'histoire d'un alchimiste; ce savant n’est pas seulement intéressé par la transformation des métaux en or, mais aussi par la transformation des idées et des concepts.

L'alchimiste explique que, tout comme l’or peut résulter de la transformation des métaux, les universaux résultent de la transformation, par l’esprit humain, des perceptions individuelles. Ceci dit, je relève, que l'or existe !

Yvain demande à y réfléchir davantage... Mais, ces histoires lui font bien comprendre les composantes de cette querelle.

Lire la suite

Yvain, le Moyen-âge

13 Janvier 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Moyen-âge

Naturellement, deux ou trois semaines plus tard, en visite à Fléchigné, Elaine présente Yvain à Lancelot ; il était au courant de cette visite et était curieux de rencontrer ce nouvel allié dans la Quête, au prénom prometteur...

Yvain connaît l'histoire du '' Chevalier au lion '', dont il conserve l'histoire , consignée dans un livre reçu pour son anniversaire de ses dix ans. Livre gardé précieusement, mais sans s'y être vraiment intéressé.

Lancelot ne manque pas de lui rappeler le contenu et l'intérêt de ce roman de Chrétien de Troyes.

Ce texte médiéval, au-delà de son aspect littéraire, offre une exploration fascinante des thèmes de la chevalerie, de l’honneur et de la quête personnelle. Yvain, le protagoniste, traverse une transformation personnelle profonde. Cette évolution peut être comparée à la démarche scientifique, où la persévérance et l’adaptation sont essentielles pour surmonter les défis. Ce roman offre un aperçu précieux de la société médiévale et de ses valeurs. Elaine pourrait vous convaincre que comprendre ces contextes peut enrichir votre perspective sur l’évolution des idées et des connaissances jusqu'à nos découvertes scientifiques très récentes... . Pour ma part, il me semble que les rebondissements et les quêtes imbriquées, dans cette histoire, peuvent être vues comme une métaphore des découvertes scientifiques, où chaque réponse mène à de nouvelles questions.

 

Elaine s'amuse de voir son père, piaffant d'impatience d'entrer dans le vif du sujet de la ''Quête du Graal '' ; et l'inquiétude d'Yvain au bord d'un chemin dont il sent bien que son parcours avenir va nécessiter une initiation, qu'il n'imaginait pas il y a quelque semaines....

Elaine préfère, en rester encore, à la philosophie médiévale qui l'occupe précisément dans ses études...

En lien avec leur première discussion sur la réalité et la connaissance des choses ; elle exprime son besoin de revenir à nos fondamentaux... avec la Querelle des '' Universaux ''

 

Elaine parle avec passion du Moyen-âge, et en particulier du XIIè siècle. Ce siècle est celui du renouveau intellectuel. Des écoles, centres de savoir, vont devenir des Universités ; on y étudie et traduit en latin, des œuvres grecques et arabes. On ne craint pas le débat. Les ordres monastiques s'épanouissent, se répandent à travers l'Europe, et des réformes renforcent la discipline ecclésiastique.

Bernard de Clairvaux (1090-1153) met l'accent sur l'amour divin et la contemplation. Hugues de Saint-Victor (1096-1141) cherche à harmoniser la foi et la raison. Guillaume de Champeaux (1070-1121) défend ses thèses réalistes sur la nature des concepts universels. Averroès (1126-1198) et Maïmonide (1138-1204) harmonisent, sur la pensée d'Aristote, foi et raison.

Tous préparent, la synthèse qu’opérera au siècle suivant, Thomas d’Aquin (1225-1274) en une vision cohérente et systématique de la théologie chrétienne.

Parmi ces penseurs du XIIe siècle, les préférés d'Elaine sont Pierre Abélard (1079-1142) qui développe des méthodes de raisonnement logique et dialectique et Héloïse (1101-1164) avec sa réflexion sur sur l’amour, la liberté, la vie monastique, et sa capacité à remettre en question les normes établies.

Lancelot, partage son intérêt pour cette liste ; et au XIIIè s, il propose d'ajouter Maître Eckhart (1260-1328), théologien et philosophe allemand, nourri de l'influence d'Abélard, Bernard de Clairvaux, Hugues de Saint-Victor, ainsi que celle des philosophes arabes et juifs.

 

Lancelot, conquis par la méthode phénoménologique, tente de nous convaincre que pour aborder '' en Moyen-âge'' il est nécessaire de « voir autrement les mêmes choses », et en particulier le contexte religieux de la pensée. Comme le dit Saint-Augustin : « là où tu es, Il est Lui aussi” », philosophie et théologie se mêlent.

La pensée médiévale nous oblige à penser radicalement la finitude de l'être humain. Et comme l'écrit Emmanuel Falque : « redécouvrir le sens de l’incarnation en général fût-elle de l’homme et de Dieu »

Hildegarde de Bingen (1098-1179) abbesse et mystique allemande, voit l’homme comme un reflet de l’univers, avec des structures corporelles et des processus qui imitent ceux du cosmos. Bernard de Clairvaux, utilise l’analogie du macrocosme et du microcosme pour illustrer la relation entre Dieu, l’homme et la nature, soulignant l’harmonie et l’ordre divin dans la création. Pierre Abélard explore comment les principes universels se reflètent dans les structures de l’univers et de l’homme. Thomas d’Aquin décrit comment l’ordre et la rationalité de l’univers se reflètent dans l’homme et sa relation avec Dieu. Et, Roger Bacon (1214-1292) dans ses travaux sur la nature et la science, cherche à comprendre les lois universelles qui gouvernent à la fois l’homme et l’univers.

Lire la suite

De Platon, et Aristote pour aborder le Moyen-âge 

17 Juin 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Platon, #Moyen-âge

Lancelot avait profité, pendant l'année de propédeutique d'Elaine, de revoir avec elle, les bases de la réflexion en philosophie sous les hospices de Platon et d'Aristote. L'essentiel pour aborder le ''Moyen-âge'' !

 

De la Grèce nous connaissons la mythologie ; Platon, philosophe, oui... Mais que pensait-il des dieux, 4 siècles avant J.C, se demandait Elaine ?

- Lancelot répond, qu'il lui semble que Platon considérait les dieux comme des allégories écrites par les poètes … Il écrit aussi dans  Phèdre, 246 c-d : « nous forgeons, sans voir et sans connaître la divinité, une idée de celle-ci; c’est un être vivant immortel, pourvu d’une âme et d’un corps, naturellement unis pour toujours »

Admettons que si aujourd'hui la question du Divin reste importante ; elle l'a toujours été et le restera sans-doute toujours ! A l'origine, il y a la question sur ce qui est ''Bien'' et ce qui est ''Mal'' et la confrontation avec la Mort.

- Cherchons les emplois du mot ''théios'', chez Platon ?

- Le contexte de son emploi est religieux, mais il signifie aussi l'excellence, la perfection, ainsi que ce qui inspire le poète... On dirait aujourd'hui c'est le spirituel ( ainsi dans le Phédon), et même l'immortel ( dans le Banquet). On retient en général que le concept de '' Theios '' est appliqué aux Idées.

Platon et Aristote

- Finalement, pour Platon, la question du Divin est d'ordre intellectuel, avant d'être religieux.

- Je lis dans La République, livre VI, 500 : « C’est ainsi que le philosophe qui vit en présence de ce qui est divin et harmonieux devient lui-même divin et harmonieux, autant qu’il est possible à un être humain de l’être. » ( )

- Pour en revenir à ta question sur la croyance aux dieux... Sa quête n'est pas : ce qui est réel, mais ce qui est Vrai ; plus exactement est réel ce qui est vrai.

Rappelle toi l'allégorie de la Caverne ( La République, livre VII, 514..): le monde sensible n'est pas le réel.

 

- Et chez Aristote ?

- C'est sensiblement la même chose... Pour Aristote ( disciple de Platon), le divin ( theios) est beaucoup plus large que le substantif theos : Dieu. Qualifier les astres de divins, ne signifie pas qu'Aristote considéraient les astres comme des dieux... Dans Métaphysiques, L, 7, 1072 b 29, il écrit : « Nous disons, d’ailleurs, que le dieu est un vivant éternel parfait »

 

- Un autre mot existe chez les grecs, c'est mûthos, Aristote l'emploie pour désigner un récit sacré, c'est-à-dire, qui met en scène des dieux, des héros... Mais un récit '' invérifiable '' ! Aristote s'en sert pour attirer l'attention, et en dégager des vérités. Un amateur de mythes est un amateur de sagesse, dit-il ; et il ne craint pas de se moquer de récits qui font consommer aux dieux du nectar et de l'ambroisie : je lis dans ( Métaph, II, 4, 1000a 8-18, ) : « Si c'est en vue de plaisir, en effet, que les immortels touchent à ces breuvages, le nectar et l'ambroisie ne sont en rien causes de leur existence; et si c'est en vue de maintenir leur être, comment seraient-ils éternels, tout en ayant besoin de nourriture ? »

 

Aristote le philosophe de la ''nature'' se représente le cosmos comme une intelligence ( = nature) à l’œuvre en toute chose. Tout tient admirablement à tout. Le Dieu d'Aristote ( noêsis noêseôs = la pensée de la pensée) est totalement transcendant, hors du monde. Cependant, la perfection divine s'exprime dans l'ordre du monde...

 

Platon, lui, voit le monde ( la totalité du monde) , comme « l'image de quelque chose » ( eikona tinos ).

En effet, pour lui, nos sens ne nous donnent pas accès au réel, mais à une ''image'' de celui-ci : le monde sensible. Nous voyons ce qui est beau, mais ce n'est pas le Beau.

Le lieu des idées ( des Formes) est au-delà de notre monde.

Dans '' Le Timée '' ( à lire !) Platon tente de trouver un discours adapté au ''Kosmos'' . Notre discours ne pourra n'être que semblable, et non pas identique, au Monde. Pour dire le Monde , il faut être philosophe ! Parce que le philosophe – s'il est en harmonie totale avec l'ordre du lieu des Formes – le saisit par la pensée. « pour l’âme, apprendre, c’est se remémorer les choses dont elle avait auparavant la connaissance » ! En effet, l'âme est immortelle... ( on en reparlera..)

 

Au Moyen-âge, ce que l'on connaît, c'est le néoplatonisme, c'est à dire une philosophie qui s'est construite après Platon confrontée aux trois religions, judaïsme, christianisme et islam. Certaines orientations furent tracées par Plotin, Origène ( IIIe s.), St Augustin, Boèce, Denis l’Aréopagite...

 

Pour ce qui est d'Aristote, retenons que c'est d'abord l'homme de l'empirisme, de la philosophie de la nature... et quelque fois aussi de la politique.

Oublié, Aristote est redécouvert en Occident en se frottant à la doctrine de St-Augustin, et du néoplatonisme.

En effet, Thomas d'Aquin ( 1225-1274) rompt avec la tradition, et réfléchit au -travers de ce que les ''païens'' ( les arabes) nous apportent, la philosophie d'Aristote. Il en fait même, ''la servante d'une théologie chrétienne'' !

Lire la suite

L'Eucharistie et le Graal

28 Mai 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Eucharistie, #Graal, #Moyen-âge, #Liturgie

Le concile de Latran de 1215, précise l’idée de la présence réelle par la doctrine de la transsubstantiation, et fixe la liturgie de l’eucharistie. « Le corps et le sang [du Christ] dans le sacrement de l'autel, sont vraiment contenus sous les espèces du pain et du vin, le pain étant transsubstantié au corps et le vin au sang, par la puissance divine [...]. » ( Latran Canon 1 (DS, 802). )

Avec Le Roman de l'Estoire dou Graal ( 1190-1199) Robert de Boron est l'initiateur, dans ce conte, de la présentation du Graal comme la Coupe eucharistique et de la '' doctrine trinitaire, christologique et eucharistique '' qui va dominer à partir de lui. Il place la figure de Joseph d’Arimathie, à l'origine de la liturgie eucharistique du Graal ; appuyé par un évangile apocryphe ''l’évangile de Nicodème'' connu et distingué à l'époque médiévale.

L’Estoire narre comment le plat où Jésus mangea l’agneau pascal avec ses disciples parvient entre les mains de Joseph, comment celui-ci l’utilise pour recueillir le sang du Crucifié, comment enfin le Christ ressuscité le lui rapporte dans sa geôle, après qu’il a été emprisonné, en le chargeant de transmettre à ses descendants un enseignement secret. Ainsi se forme une lignée de gardiens du Graal. L’invention de la relique du Précieux Sang, étroitement liée à la figure de Joseph, permet ainsi à des laïcs - des chevaliers - de recueillir les fruits d’une définition spirituelle grâce à « la mise en scène de l’élément dont la valeur symbolique est la plus forte, donc la plus légitimante : le sang du Christ. » ( Anita Guerreau-Jalabert )

Pendant la période médiévale, on vénère particulièrement l'Eucharistie, avec l’introduction de la fête du Corpus Christi (1264) et différentes formes de dévotion populaire ; alors que la communion à la Coupe disparaît, et que la population ( sauf les clercs … et les chevaliers) s'écartent de la communion, parce qu’on ne s’en croit plus digne.

Par contre les nobles réclament la célébration eucharistique, comme moyen d'obtenir le pardon.

C'est Latran (1215) qui juge nécessaire de légiférer pour que les fidèles reçoivent le sacrement au moins une fois par an pendant la saison de Pâques.

En l'abbaye de Cluny, la liturgie est célébrée avec faste ; au service de la beauté, la musique sacrée se développe. C'est au cours du XIIIe s. qu'est introduite l’élévation du calice consacré et que l'on installe le tabernaculum (« tabernacle » ou « tente ») qui reçoit l'hostie consacrée.

La liturgie du canon romain ne sera imposé à l'Eglise latine d'Occident, qu'au concile de Trente ( XVIe s.).

Un chevalier se doit de participer fréquemment à l'eucharistie. Déjà avec Chrétien de Troyes, le Graal porte tous les soirs l’hostie au père impotent du Roi Pêcheur. Ensuite, les apparitions du Graal vont s’accompagner de miracles : table garnie de mets succulents, hostie descendue du ciel par des anges, apparition du Christ,...

Au cœur du mystère du Graal, il y a corrélation entre Eucharistie, manducation du Corpus Christi, effusion de l'Esprit, Présence de Dieu...

 

Lancelot se souvient des longues discussions mystiques avec Madame Lot-Borodine qui les invitait à la suite de Galaad, en communiant au Graal, à retrouver dans son cœur l’imago Dei « incrustée dans notre tissu vivant Ab initio en l’acte créateur du sixième jour. »

Elle évoquait Guillaume de Saint-Thierry ( 1085-1148), moine cistercien, et son influence sur les rédacteurs du cycle du Graal, pour qui l'eucharistie est un chemin vers une communion amoureuse, une porte ouverte sur l'unification spirituelle entre son esprit et l'esprit de son Seigneur. C'est ce qu'elle appelle '' déification par l'Esprit ''.

La liturgie doit permettre cette union intime que la communion eucharistique doit favoriser entre chacun et le Christ. Pour Myrrha Borodine, c'est la liturgie ''gréco-orientale '', qui le permet davantage. « Dans la symbolique du Moyen Âge le signe est réalité substantielle » disait-elle.

Le père J. Daniélou ( futur cardinal) écrivit sa réaction à une série d'articles sur la déification : « Ce qui fait la valeur exceptionnelle de l’œuvre de Madame Lot-Borodine, c’est qu’elle a retrouvé l’expression vivante de la mystique byzantine et qu’elle a su la faire percevoir […]. Ce qui nous est donné est plus qu’un travail d’érudition. (…) Toute son œuvre se meut dans la sphère du sacré. Il s’agit de la transfiguration de la nature humaine par l’action de l’Esprit saint. »

Liturgie byzantine

Myrrha Borodine rapproche la ''Divine liturgie'' rapportée dans les romans en prose du Graal du modèle gréco-oriental, avec l'image de la participation des anges au ''service'' du Graal, par exemple.

 

Les théologiens du Moyen-âge valorisent la dimension sensorielle de l'homme ( ses cinq sens). L'incarnation divine s'exprime aussi dans '' voir l'hostie'' lors de la liturgie. Cette manifestation de l’invisible dans le visible, se fonde dans une expression de foi comme la présence réelle du Christ dans les espèces consacrées et l’importance que va acquérir la dévotion eucharistique au XIIe et au XIIIe siècles.

 

La réflexion théologique des livres du Graal appartient au pôle ''Platon-St-Augustin'' et la théologie mystique ; elle sera supplantée par le pôle ''Aristote-St-Thomas'' et sa théologie spéculative.

« Dans la perspective augustinienne et néoplatonicienne qui triomphe dans les romans du Graal, la nature est le miroir idéal du divin : il y a une expérience du monde créé qui permet de lire le mystère de Dieu, '' en similitude '' . La réalité est un ensemble organique où toutes les choses, qui sont aussi des signes, renvoient les unes aux autres, jusqu’à Dieu. La dyade image-ressemblance est ainsi assimilable au couple nature-grâce. L’image est bien le point de départ à partir duquel se déploie la ressemblance. » ( L’œuvre de ressemblance, par Alain Santacreu ).

La liturgie, comme forme d'art, devrait provoquer en l'homme « la conversion de semblance ». La liturgie offre des scènes visuelles et auditives qui appellent à une interprétation. Celle-ci « emprunte les voies de la demostrance (dévoilement centré sur la chose et adressé à la vision) ou celles de la senefiance (dévoilement centré sur le signe proprement dit et adressé à l’intelligence), cette production du sens est toujours subordonnée à la notion de révélation et fait du Graal son medium privilégié. » ( cf Jean-René Valette. La pensée du Graal. Fiction littéraire et théologie (XIIe-XIIIe siècle)

Lire la suite

Fascisme et Moyen-âge

17 Septembre 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1935, #Moyen-âge, #Guynemer, #völkisch

En cette période trouble de ces années trente, Lancelot est tiraillé entre l'objet de la Quête qui l’habite et qui est porté par le mythe arthurien, et ce que l'on nomme un '' Médiévalisme '' fasciste ( note : l'historien italien Tommaso di Carpegna Falconieri le décrit comme la « projection dans le présent d’un ou plusieurs Moyen Âge idéalisés »), qui serait la référence d'une vision du monde, un temps où se fonde un mythe politique ...

N'oublions pas que : - nous sortons d'une guerre effroyable, moderne et technique... - Nous entrons dans une crise économique, et nous nous interrogeons si le capitalisme, si le parlementarisme ne sont pas au bout de leurs possibilités... - Nous sentons le danger à nos portes; et s'il vient de l'étranger, il est peut-être aussi à l'intérieur... ! - Nous imaginons un monde plus unitaire, plus ordonné... Pour certains l'unité viendrait d'un homme providentiel, et l'ordre, d'un régime totalitaire.

Puisque les partis, les élections ne garantissent pas que nous ayons de bons politiciens ; que pouvons nous imaginer, comme nouvelle manière de faire de la politique ? Nous sommes à l'âge idéologique...

L'idéologie semble le bon véhicule pour éduquer les masses, l'idéologie est cet ensemble d'idées et de croyances, qui donne au peuple une ligne de conduite.

Une idéologie politique peut prendre un caractère religieux, jusqu'à prendre la place de la religion. Ce totalitarisme imagine ainsi pouvoir contrôler les consciences...

Daniel Halévy, lors de sa visite à Rome, en 1933, à l'exposition fasciste, remarque le vocabulaire utilisé par le fascisme, emprunté à l’Église ; ainsi cette formule de la « mystique fasciste » enseignée aux enfants : ''Credere, obbedire, combattere '' (croire, obéir, combattre) ( Note : Daniel Halévy, Le Courrier d’Europe, Paris, Grasset, 1933, p. 282. )

« Qu’est-ce que le christianisme aujourd’hui pour nous ? Le national-socialisme est une religion. Il ne lui manque que le génie religieux qui fasse exploser les antiques formules ayant fait leur temps. Il nous manque le rite. / Il faut que le national-socialisme devienne un jour la religion d’État des Allemands. Mon Parti est mon Église, et je crois servir le Seigneur au mieux quand j’accomplis la volonté et que je libère mon peuple opprimé des chaînes de l’esclavage. / Tel est mon Évangile. Et là où je rencontre de la résistance, peu importe quand et où, j’essaie de la briser. / J’y vois maintenant parfaitement clair […]. » (Joseph Goebbels, Journal, 1923-1933, Paris, Tallandier, 2009, p. 291, 16 octobre 1928)

Revenons à cette nostalgie médiévale ; au temps du Saint Empire Romain Germanique. On note le caractère sacré de l'Empire (« il rappelait ensuite qu’il était l’héritier de l’Empire romain et que Rome était sa capitale ; et, enfin, il soulignait le rôle éminent tenu par les Germains dans l’institution » Jacques Le Goff). L'Empire, de plus englobe les nationalismes, il unifie en une communauté de destins, et théoriquement sans les détruire : L'Empire, comme une Europe fédéraliste sous contrôle...

L'armée allemande avait repris la croix noire des chevaliers teutoniques, ces chevaliers qui après avoir été un ordre hospitalier, devinrent une armée au service d'une idéologie chrétienne, une croisade pour conquérir la Pologne, la Lituanie, la Russie... De la suite de leur déclin, il en restera le berceau de l'état prussien : et les nazis utilisent à présent leur image de « conquérant des peuples slaves ».

 

Nous avons déjà évoqué, ces derniers chevaliers errants que sont les aviateurs. Beaucoup, jeunes et moins jeunes ont lu '' Le Chevalier de l'air '' la Vie héroïque de Guynemer par Henry Bordeaux , célébré aussi d'ailleurs par Benito Mussolini... !

Le biographe célèbre en Guynemer : « Le nouveau Roland, le chevalier téméraire et prodigieux » qui s'est fait remarqué au cours de cette « Période héroïque et resplendissante, où nos aviateurs surgissaient dans le ciel, semant la panique et l'effroi, pareils aux chevaliers errants de la Légende des siècles ». Henri Bordeaux, fait référence à un texte médiéval, et à une figure dans Gaydon ( le chevalier au geai) appelé Guinemer, « et qui raconte le triste retour de Charlemagne à Aix-la-Chapelle après le drame de (...) » ; et aussi à un traité de Guérande (11 avril 1365), qui termine la guerre de succession de Bretagne et donne le duché à Jean de Montfort, mais sous la suzeraineté du roi de France, porte la signature de trente chevaliers bretons, parmi lesquels un Geoffroy Guynemer.

Le chevalier représente cette figure héroïque qui engage sa vie pour sa terre et sa foi... Il prêche la croisade pour sauver notre civilisation... En effet le temps présent est un temps de crise ; et nous éprouvons le besoin de nous relier à une chaîne traditionnelle, qui comprend des initiés cathares, des templiers, des sorcier(e)s, des alchimistes, … etc. Ce patrimoine traditionnel pourrait nous donner accès à une vérité, à retrouver notre identité, et à la sacralité de puissances perdues comme celle du pouvoir ...

 

En Allemagne, le succès d'une gravure de Dûrer, ''Le Chevalier, la Mort et le Diable '' symbolise ce que l'on appelle le ''völkisch'' et qui renvoie aux racines rurales, le sang et la terre (''Blut und Bode''). Ce mouvement a imprégné toute la droite allemande. Le chevalier, se présente comme un surhomme selon un certain détournement de la pensée de Nietzsche. La pensée völkisch est violemment antisémite, le juif y est désigné comme l'ennemi intérieur.

Beaucoup de jeunes bourgeois se passionnent pour les rites germaniques. Les Wandervögel renforcent la camaraderie virile, ils rêvent d'action et de changement de société. Des ligues s'organisent et seront ensuite récupérées par les nazis.

Le Thulé Bund est en 1918, une société férue d''histoire et de traditions allemandes, et « traite de pangermanisme, d’anti-matérialisme, de pensée médiévale et alchimique.. » dès 1918. Thulé évoque le lieu mythique d'où proviendrait la race aryenne, et elle adopte la croix gammée pour symbole.

En septembre 1919, Adolf Hitler participe à une réunion du Deutsche Arbeiterpartei (DAP). Ce Parti des travailleurs allemands émane de la société Thulé, et vient d'être fondé à Munich par Anton Drexler, membre de la Thule-Gesellschaft . Le 8 août 1920, le DAP est rebaptisé Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

Lire la suite

La Grande Guerre, Myrrha Borodine et le Graal. -1-

25 Octobre 2020 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Grande Guerre 14-18, #Myrrha Borodine Lot, #Graal, #La Quête du Graal, #Moyen-âge

Le père Degoué, simple abbé de Mayenne, représente ces amateurs anonymes qui après 1900, collectent par voie orale, littéraire ou souvent par les archives paroissiales, des témoignages sur les légendes locales... On les nomme ''folkloristes''; ils font partie de sociétés savantes et sont amenés à élargir leur recherche en empiétant sur l'Histoire...

Parallèlement et sans contact avec les précédents, l’université a développé avec prestige une discipline comme l'Histoire : discipline chargée d'un discours unificateur et moral sur le passé national ; lourde responsabilité en ces temps de conflit...

 

1914 : les historiens s'engagent à faire connaître les actuels ''crimes allemands'' en Belgique et dans le nord de la France... Ils se chargent d'expliquer comment les allemands se sont exclus de la civilisation et sont retournés à l'état de barbarie morale... Nous sommes dans la lignée d’Ernest Lavisse et d’Émile Durkheim...

Les historiens ''médiévistes'' ont dans le sein de la faculté une place d'excellence ; « ils apparaissent comme les détenteurs d’un savoir sur les origines de la nation qu’il faut désormais exhumer, approfondir et transmettre » ( Agnès Graceffa - Université de Lille  )..

 

La mobilisation, bien sûr, touche de façon importante les jeunes étudiants et chercheurs médiévistes.. En 1915, aucune thèse n’est soutenue à l’École des Chartes. Alors que le nombre moyen, avant-guerre, atteint presque la vingtaine, deux seules le sont en 1916. Les femmes sont devenues majoritaires, parmi les diplômés... Ferdinand Lot continue ses cours, même s'il est contraint parfois de les annuler faute d'auditeurs...

Ferdinand Lot (1866–1952) est un médiéviste de renommée internationale, chartiste, professeur à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et en Sorbonne (1909), membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1924).

F. Lot est qualifié de non-conformiste... Il partage avec les étudiants les résultats de son travail, et réalise avec eux un authentique enseignement de recherches. Ouvert d'esprit, le maître ne craint pas de s'engager... A côté de ses recherches historiques, il publie dans les annales de Bretagne et consacre des études approfondies à la littérature arthurienne et à la question du Graal.

Pendant ces années, il travaille en collaboration avec son épouse à un ouvrage important sur le Lancelot-Graal, qui paraîtra en 1918...

En 1909, Ferdinand Lot a épousé une jeune fille née à Saint-Pétersbourg 27 ans plus tôt : Myrrha Borodine. Venue en France pour préparer une thèse sous la direction de Joseph Bédier, elle devient une spécialiste de la littérature courtoise du Moyen Age.

Le couple va beaucoup recevoir en leur domicile - 53 rue Boucicaut, à Fontenay-aux-Roses - en particulier bien-sûr des membres de la communauté russe ; mais aussi des étudiants, des amis... Et en cette fin d'année 1914, Ferdinand Lot et sa femme vont participer à la création d'une institution créée en janvier 1915 pour accueillir les réfugiés du nord de la France et de Belgique. Situé à quelques mètres de son domicile, le Refuge Franco-Belge fonctionnera jusqu'en 1919.

Des réfugiés belges à Paris en 1914

 

En effet, fuyant l'avance allemande, 1/5 de la population belge (entre 1.300.000 et 1.500.000 personnes) va trouver refuge à l’étranger.

Anne-Laure est au courant de l'engagement de son amie Edith Wharton, l'écrivaine met à profit sa fortune pour aider les réfugiés à Paris...

Est-ce par le biais du refuge franco-belge directement, ou par l'intermédiaire d'une prise de contact du père Degoué, avec F. Lot sur le ''Lancelot''... ? Anne-Laure de Sallembier va recevoir à Fléchigné plusieurs familles belges, qui permettront d'ailleurs de continuer les travaux de la ferme, malgré l'absence des mobilisés...

Également, la région ouvre plusieurs hôpitaux de réserve, et beaucoup de femmes viendront y donner un coup de main, jour et nuit...

 

Savoir qu'un professeur d'université, un érudit, comme M. Ferdinand Lot s'intéresse à la Légende arthurienne, permet d'expliquer que la question n'est pas seulement d'ordre folklorique... D'ailleurs c'est naturellement que l'importance du Graal va être comprise et étudiée sur le niveau spirituel par la femme du professeur F. Lot, Myrrha, de confession orthodoxe.

En 1909, année de son mariage, elle suit les cours de Joseph Bédier et travaille une thèse sur La femme dans l’œuvre de Chrétien de Troyes. Pendant la guerre, elle collabore aux Etudes sur le Lancelot en prose, qui sera publié par F. Lot en 1918...

La rencontre de l'abbé Degoué avec Myrrha Lot-Borodine (1882-1954), va être décisive pour la suite de notre Quête...

 

Myrrha Borodine, née à Saint-Pétersbourg est issue d'une famille russe intellectuelle. Elle s'intéresse à la littérature courtoise du Moyen-âge. Avec son mari, elle entre dans le ''Cycle Arthurien'', puis dans la « haute aventure » du Graal, et se voue à ce type d'études.

Avec Etienne Gilson, elle approfondit la mystique cistercienne et l'apport de Saint Bernard.

Gilson reprend la spiritualité de Bernard, et parle de l'Amour du Bien qui subsiste en nous malgré le ''péché'' ; bien sûr l'amour est d'abord imparfait, en particulier avant de connaître Dieu – Bernard de Clairvaux (1090–1153) identifie, « aimer » Dieu, à « penser » Dieu ... Cet apprentissage à connaître Dieu, conduit Myrrha à décrire un processus de restauration, qui prend en compte que l'homme est fait à « l'image et ressemblance » de Dieu ; l'humain est appelé à une « divinisation »...

Myrrha retrouve symboliquement cette quête du Divin, dans le ''service d'amour '' courtois de la Dame... La Quête revient à chercher le secret de l'Amour ; et au Moyen-âge – et c'est très important - le signe ou symbole est réalité substantielle...

La table d'argent sur laquelle est posée le Saint Graal, est le symbole de la liturgie eucharistique

 

- Myrrha, comment en êtes-vous arrivée à La Quête... ?

- Il y eut pour moi le Moyen-âge énorme et magnifique: le roman courtois qui passionna ma jeunesse. Ensuite à l'âge de la maturité, l 'épopée mystique du Graal, quête des suprêmes valeurs par l'âme médiévales. Puis les études sur la spiritualité gréco-orientale s’imposèrent à moi durant de longues années. 

- Vous êtiez croyante... ?

- J'avais abandonné longtemps avant mon mariage toute pratique religieuse dans mon Eglise-mère

Mais, la Quête, m'amène à chercher et préciser les éléments fondateurs de la foi chrétienne.

- Quel élément, par exemple, vous permet de joindre le Graal à la foi chrétienne ?

- et bien … La Theosis chez les Pères grecs... C'est à dire cet appel de l'homme à rechercher le divin : on peut le nommer divinisation ou déification...

Recherche signifie aussi erreurs... Les leçons d'Etienne Gilson ou de Paul Alphandéry (1875-1932, historien et spécialiste du christianisme médiéval ) m'ont questionnée sur les dérives, les erreurs qui peuvent facilement se propager dans une religion

( sources : Ma mère, Myrrha Lot-Borodine. De Marianne Mahn-Lot )

 

Myrrha Borodine, sans rejeter l'apport celtique, fait du Graal un élément chrétien. Pour elle, les valeurs propres des deux civilisation sont foncièrement dissemblables ; et c'est le fond de l'argumentation de ses critiques folkloristes...

Il s'agit donc pour Myrrha de découvrir le sens d'une œuvre portant l'empreinte du génie médiéval fécondé par l'Église...

Pour cela, il faut tenter de comprendre la nature particulière du symbolisme au moyen âge, qu'elle rapproche à quelque chose que l'on connaît aujourd’hui : la spiritualité liée à patristique de l'Orient chrétien...

Le ''signe qui s'offre aux sens '' est une réalité substantielle exprimant l'essence même de la chose représentée. Le signe opère ce qu'il est, ou, le signe réalise ce qu'il symbolise... La réalité spirituelle se substitue au signe ; c'est ce qui s'exprime dans la transsubstantiation...

 

Un tel symbolisme, ne peut pas s'imposer, il nécessite de la part de celui ou celle qui veut en faire l’expérience, une libre création et nécessite « l'approfondissement des plans successifs sur lesquels il se projette tour à tour déclenchant le mouvement des « similitudes et senefiances », si chères aux auteurs des diverses versions de la Légende du Graal... » Aussi, faut-il admettre un symbolisme à plusieurs dimensions, qui monte de l'image au conceptuel et finit par embrasser la totalité des phénomènes s'offrant à un œil intérieur.

Toutes ces ''figures'' qui nuancent les vérités, tissent la Légende du Graal...

Légende, qui fait revivre le Mythe chrétien « par une méthode d'introspection intuitive (Einfühlung) adhérant au sujet en pleine et compréhensive sympathie. » Par exemple, nous pouvons dire que ce paysage est triste, au lieu de dire qu'il nous rend triste... ''Einfühlung'', introduit en philosophie en 1873, vient des romantiques allemands ( Robert Vischer (1847-1933), Theodor Lipps ); on le retrouve également dans l'empathie....

Lire la suite

'' La Belle dame sans merci '', œuvre d'Alain Chartier (1424)

27 Avril 2020 , Rédigé par Perceval Publié dans #Amour Courtois, #Contes Mythes Légendes, #Galanterie, #Littérature, #Moyen-âge

''Merci'', vient du latin ' merces 'avec le sens de '' salaire, récompense '', mais aussi avec la signification de '' grâce, pitié '', peut-être parce que la grâce peut parfois être considérée comme une forme de récompense (je te gracie parce que tu t'es bien battu). C'est d'ailleurs ce dernier sens qu'a ''merci'' lorsqu'il apparaît en français avec cette orthographe au XIe siècle.

En 1427 Alain Chartier est envoyé en Écosse pour y négocier le mariage du jeune dauphin (plus tard Louis XI), alors âgé de cinq ans, avec Marguerite d'Écosse. Ici, ce tableau illustre : The story of the famous kiss bestowed by Margaret of Scotland on « la précieuse bouche de laquelle sont issus et sortis tant de bons mots et vertueuses paroles »

 

 

' La Belle dame sans merci. ' (1424) est l'oeuvre la plus connue de Alain Chartier ; poète français et orateur en langue latine (Bayeux vers 1385-vers 1435). Secrétaire du Dauphin, le futur Charles VII, il est considéré comme un des créateurs de la prose oratoire française (le Quadrilogue invectif, 1422).

 

La Belle Dame sans mercy, rédigée par Alain Chartier dix ans après la défaite d’Azincourt (1415), fait scandale dans les milieux de la cour. Le sujet est généralement considéré comme un défi aux valeurs de l’amour courtois. Ce poème emprunte une forme courante au XVe siècle, le huitain à trois rimes enlacées, ababbcbc .

L’intrigue met en scène trois personnages : un amant plaintif qui déclare son amour, une dame impitoyable repoussant ses avances et un poète malheureux qui écoute leur conversation en cachette.

La combinaison de « l’amant-martyr » et de « la dame-sans-merci » n’est pas rare dans la littérature médiévale . On retrouve également une situation analogue du poète dans le Débat de deux amans de Christine de Pizan. Pourtant, une opposition aussi constante de la Dame à l’Amant est remarquable parmi les textes de poésie lyrique où est mise en scène la « dame-sans-merci ».

Dans l’œuvre d’Alain Chartier, « tous les arguments de l’amoureux sont immédiatement réfutés » par la Dame. Du début jusqu’à la fin, la Dame se défie des paroles de l’Amant, sans jamais changer d’attitude.

La notion de défiance en moyen français (defiance, deffiance et desfiance) désigne à la fois le « défi » et la « défiance ». Le premier sens, « défi », implique l’« action de défier, de provoquer quelqu’un au combat, de déclarer la guerre à quelqu’un ». Le second sens est : « sentiment de celui qui n’a pas de confiance, manque de confiance, défiance »

Dans La Belle Dame sans mercy, l’Amant, à travers le terme deffiance, insiste sur le fait que les yeux de la Dame le provoquent à la guerre en lui envoyant un héraut représenté par le 'doux regard'. Ici, la deffiance prend le sens de « défi » (au combat) en ancien français

Au début du débat, les « belles paroles » sont l’objet de la défiance de la Dame. Le choix de l’adjectif beau pour qualifier les paroles de l’Amant suggère la futilité des paroles des amoureux

Dans la suite du poème, l’Amant remplace le beau parleur auquel la Dame faisait allusion par le jangleur, celui qui se plaint par calcul...

L’Amant souligne le contraste qui existe entre un tel jangleur – qui ne sait guère dissimuler sa faintise (faux-semblant) – et un homme réellement triste. Aussi justifie-t-il l’authenticité de ses propres paroles. La Dame renchérit sur ce motif, employant l’expression « cruel losengeur »

La faintise atténue la divergence entre deux adjectifs, « villain » et « courtoise », à savoir qu’elle dissimule un cœur vil par des paroles courtoises.

La faintise de la parole est donc un fondement de la défiance de la Dame envers les paroles de l’Amant.

La Dame déprise la souffrance d’amour dont l’Amant se plaint, en l’attribuant à une « plaisant folie »...

Enluminure du Roman de la Rose

Si la Dame adoucit son attitude, l’Amant la contredit en se comparant à des animaux de chasse apprivoisés.

En se défendant de la double accusation de faintise et de change, l’Amant synthétise ici l’objet de la défiance de la Dame.

Le refus de l’Amant de croire les propos de la Dame fait un parallélisme avec la défiance de la Dame. Une valeur de l’amour courtois, à savoir la « loyauté », fait l’objet de la foi de l’Amant. ( …)

La Dame reproche à l’Amant de ne pas s’en rapporter à elle...

De son côté, l’Amant n’accepte pas le conseil de la Dame de trouver ailleurs une dame « plus belle et jente », et n’ajoute pas non plus foi aux paroles de sa bien-aimée...

L’Amant prétend que la démonstration de sa loyauté peut dissiper le soupçon de la Dame. (…) En vain l’Amant essaie-t-il de convaincre la Dame...

La guerre verbale entre l’amoureux et son « amoureuse annemie » prend fin avec l’ultimatum de la Dame : « Une fois pour toutes croyez / Que vous demourrez escondit. » . Nous pouvons interpréter le terme croire comme signifiant « être persuadé » . Le verbe escondire signifie « refuser, repousser », en contexte amoureux.

Ici se déroule une guerre verbale, sous forme de débat entre deux combattants qui ne se font pas confiance et refusent jusqu’à la fin de reculer. Dans cette guerre verbale, bien différente de la bataille conforme au code chevaleresque, le fait de se rendre en demandant « merci » n’est pas accepté. Les requêtes formulées par l’Amant, aussi bien celles destinées à obtenir la « pitié » que la « grâce », sont repoussées par la dureté de la Dame... !

D’une part, la défiance de la dame sans merci porte entièrement sur la fausseté de la parole, faintise, énoncée par l’amoureux, ainsi que sur l’inconstance du cœur de ce dernier, le change.

Voir aussi: LE MYTHE DE LA '' LA BELLE DAME SANS MERCI ''

Lire la suite

Le Mythe de la '' La Belle dame sans merci ''

24 Avril 2020 , Rédigé par Perceval Publié dans #Contes Mythes Légendes, #Fée, #Légende arthurienne, #Moyen-âge, #femme

La belle dame sans merci de Dicksee

La belle dame sans merci de Dicksee

La Belle Dame Sans Merci est devenue un mythe depuis le Moyen Âge, en particulier depuis le poème d'Alain Chartier écrit en 1424, qui a été notamment repris par le poète John Keats. Les peintres, en particulier les Préraphaélites, se sont emparés de ce sujet avec délice, puisque les figures féminines fortes sont les sujets de presque toutes leurs oeuvres.

La Belle Dame Sans Merci ,Thomas Rhymer

« I saw pale kings and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
They cried—‘La Belle Dame sans Merci
Thee hat
h in thrall » de John Keats

(Les rois, les princes, les guerriers, tous pâles comme la mort lui crient : la belle dame sans merci te tient en esclavage.)

La Belle Dame Sans Merci, by John William Waterhouse

Ici la Belle Dame est située dans le contexte de l'amour courtois médiéval... Dans l'idéal, l'amour courtois fait l'apologie d'un amour chaste que le chevalier doit gagner auprès de la dame de son cœur. Pour cela, il est prêt à affronter maintes épreuves, jusqu'à ce que la belle... cède.

La Belle Dame Sans Merci by Walter Crane

On retrouve évidemment ce thème dans la légende arthurienne, et les romans de chevalerie qui mette l'accent sur la conquête de la Dame, d'autres s'orientant plutôt vers un certain mysticisme (la quête du Graal et de la pureté). D'autres textes sont plus emprunts de folklorisme (les fées, lutins etc), ou de magie (fée Morgane, Merlin); au fur et à mesure la Belle Dame, celle pour qui se meurent d'amour les chevaliers, se transforme en une sorte de fée, qui vient toujours à la rencontre du cavalier errant, comme le ferait une Viviane ou Morgane.

Ainsi, cet homme plein de bravoure, découvre cette étrange femme dans des endroits toujours inappropriés - dans les bois, près de ruines, dans un château - et toujours au début ou à la fin d'une aventure...

Arthur Hugues (1901)

Le chevalier rencontre toujours la fée dans les bois, passage d'ombre et des désirs refoulés par excellence.

Robert Anning Bell (1855)

 

Mais cette fée est "sans merci", repoussant sans cesse les avances du prétendant. On peut donc comprendre, au sens figuré, que lorsqu'il arrive dans les bois, atteignant alors presque son but, la Dame le repousse une dernière fois, l'assassinant par le même coup.

 

L'amour peut être meurtrier, et l'espoir, une fois vaincu, vient à bout de tous les héros. Il s'agit d'un retournement total de la matière courtoise. L'homme ne triomphe plus, il courbe l'échine devant le pouvoir féminin. 

Il s'agit d'un grand fantasme masculin. Les Salomé, Judith, Lilith et autres femmes castratrices ont toujours été à la fois attirantes et monstrueuses pour nombres d'artistes.

 

La Belle Dame Sans Merci by Frank Cadogan Cowper
Lire la suite

Quel rapport entre Lanzelet et Lancelot...?

11 Juillet 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Lanzelet, #Lancelot, #Contes Mythes Légendes, #Littérature, #Légende arthurienne, #Moyen-âge

Lanzelet devient chevalier de la Table Ronde

Dans le récit des aventures de Lanzelet, il n'est nullement question d'amour entre lui et la reine Ginovere... Alors, même que la reine ne réussit pas l'épreuve du manteau féerique.. ! Lanzelet éprouve pour elle des sentiments d'admiration et d'attachement particuliers. C'est que la reine est ménagée par rapport aux autres femmes: elle n'aurait eu que des pensées contraires à son devoir...

Peut-être, un conteur postérieur, a t-il voulu donner à l'épouse d'Arthur un amant digne d'elle et montrer dans leur liaison, le type même de l'amour courtois; ainsi a t-il eu l'idée de choisir Lancelot du Lac pour ce rôle.

Chrétien de Troyes, lui, connaissait l'histoire de ses amours avec Lancelot, racontée en partie dans le Chevalier à la Charrette.

Lanzelet apparaît comme un ''Lancelot'' primitif, celtique qui n'entretient aucune liaison coupable avec Guenièvre, et tente plusieurs " mariages à l'essai ". Après avoir réunifié son pays, il va vivre finalement très heureux auprès de la belle Iblis...

Le roi de Nenoïc, Ban, père de Lancelot, s'apparente au roi de Genewis, Pant... On retrouve, la fuite de la famille et l'enlèvement de l'enfant par une fée des eaux... Identique, l'ignorance du héros de son nom... On retrouve les messagères, et d'autres personnages; mais ensuite tout diffère...

Le ''Lancelot en prose'' plus tardif (XIIIe s) de plusieurs auteurs, va étoffer le récit et la biographie du personnage...

Donc, l’absence d’aventure de Lancelot avec Guenièvre, sa libération par le magicien Malduc, le mariage final du héros avec Iblis, dont il a tué le père, le fier baiser au dragon transformé en princesse ou même le court manteau magique testant la vertu de la dame, qui sont des éléments clefs de la narration d’Ulrich, éloignent beaucoup Lanzelet de ce que nous connaitrons avec Lancelot ...

Ulrich von Zatzikhoven avec des lunettes (manuscrit de Heidelberg Lanzelet, c. 1420)

Ulrich von Zatzikhoven, l'auteur allemand, affirme s'appuyer sur un « livre français », qui était sans doute antérieur au Chevalier de la Charrette, composé entre 1177 et 1181. Ce livre français, ou normand, serait arrivé en Allemagne dans les bagages du seigneur anglo-normand Hugues de Morville ( famille originaire de Valognes, dans le Cotentin), un des otages échangés contre Richard cœur de lion. Le roi d'Angleterre resta prisonnier de l'empereur Henri VI du 21 décembre 1192 au 4 février 1194. Ulrich aurait pu prendre connaissance du texte à cette époque...

Blondel - Gustave Doré 1877

Parmi ces otages, on trouve des anglo-normands comme : Gautier de Coutances, archevêque de Rouen, le chancelier Guillaume Longchamps, évêque d’Ely, l’évêque Savary de Bath, Baudouin Wacke, et peut-être Robert de Thorneham ; et, dit-on, sans les nommer, des « fils des comtes et de ses barons»...

 

Le roman contient – parait-il - de nombreux mots français empruntés au dialecte anglo-normand : buhurt, turnei, pavilun, garzun ...

De plus des spécialistes localisent le texte d'Ulrich, grâce aux toponymes qu’il mentionne, dans le pays des Morville-Limors, lieu de la première aventure de Lancelot, est le nom d’un bois du Cotentin, situé au sud de leurs terres. Il a été cédé à l’abbaye de Blanchelande par les beaux-parents du puissant Richard du Hommet (†1179), connétable de Normandie. Ce haut personnage, seigneur du Hommet et de Varenguebec-en-Limors, détient de nombreux domaines dans cette région. De plus, en Angleterre, il reçoit d’Henri II, Dudingston (Northampton) et plusieurs fiefs dans le Bedfordshire, alors que, dans le roman d’Ulrich, Arthur accorde à Lancelot  Dodone et  Behforest: cette homonymie ressemble à un hommage à peine voilé envers un puissant. Richard du Hommet aurait pu être un modèle pour le Lanzelet d'Ulrich... ( nous en reparlerons...)

ANNA GOULD... (1875-1961

Je mets en avant ce personnage: Richard du Hommet (†1179), connétable de Normandie; parce qu'il sera rappelé à Anne-Laure de Sallembier, par une personne qu'elle va être amené à rencontrer: Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), marié à 50 ans à Anna Gould (1875-1961) ( Ils habitaient en plus de leur hôtel particulier: le Palais Rose, le château du Marais... Anna Gould, avait d'abord épousé l'excentrique Boni de Castellane...

Hélie de Talleyrand, très intéressé par la période médiévale, soutient qu'il bénéficie de la survivance du titre, et qu'il descend de ce Richard du Hommet, qui aurait été le modèle historique de Lanzelet, c'est à dire de Lancelot...

 

Depuis qu'Anne-Laure avait pris connaissance et surtout conscience du ''trésor'', que lui avait légué directement, et avant sa mort, Charles-Louis de Chateauneuf; elle se rendait compte que la légende arthurienne allait devenir pour elle, autre chose et bien plus qu'une belle histoire...!

Lancelot aux armes de Flechigné

Je pense que sa décision, d'accepter le mariage avec le vieux Comte de Sallembier, entre dans son projet de vie de tout faire pour continuer la Quête...

La belle Anna Laure naviguera entre Paris, le château de Fléchigné, et les loisirs de la vie mondaine parisienne qui prend villégiature à Deauville, en bord de mer ...

Anne-Laure de Sallembier, même veuve, est une femme gaie, active; qui aime recevoir, fréquenter les salons, jouer au croquet en bord de mer, ou en campagne, où la pelouse permet d'engager la partie ...

 

Le Croquet est-il un jeu bien convenable...?... A suivre ...

Lire la suite
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>