pluralisme religieux
La meilleure voie spirituelle ?
« Quelle est la meilleure voie spirituelle ? », a-t-on un jour demandé au
Dalaï-lama. Réponse du leader tibétain : « Celle qui vous rend meilleur. »
Il conseille également de continuer la voie de sa tradition. C'est à mon avis un argument qu'une véritable théologie du pluralisme religieux doit intégrer.
Le contraire du « dialogue œcuménique » :
Etre invité à s'intégrer à l'Eglise Romaine, et pour cela créer « l’équivalent d’un diocèse sans attache géographique, mais avec une orientation théologique particulière, et une personne nommée par Rome à sa tête », est la proposition de Benoît XVI, pour réaliser « l'unité de l'Eglise »... Les réformés pourraient être tentés de proposer aux catholiques le même schéma …!
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Le pape, Calvin et Luther priés par La Paix de s'entendre, 1600 |
Je préfère la démarche protestante qui offrent aux Églises réformées, luthériennes, méthodistes, anglicanes - régulièrement - des déclarations de communion réciproque... « En d’autres termes, elles se reconnaissent comme Église du Christ, sans pour autant établir un lien avec l’évêque de Rome. C’est une reconnaissance mutuelle dans l’altérité. » André Birmelé Pasteur, professeur de dogmatique à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, membre du Groupe des Dombes
De plus, savoir que cette initiative est tournée vers (en particulier) des églises luthériennes nord-américaines, particulièrement conservatrices... Elles n'augurent pas une lecture moderne des « signes des temps » .. !
Il reste la question : « peut-on être Église autrement que dans le système romain ? »
Source La Croix du 26/01/2013
Une leçon du roi Ashoka ( Inde , 300 ans avant J.C.)
« On ne devrait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres, mais on devrait honorer les religions des autres pour cette raison-ci ou pour cette raison-là. En agissant ainsi, on aide à grandir sa propre religion et on rend aussi service à celle des autres. En agissant autrement, on creuse la tombe de sa propre religion et on fait aussi du mal aux religions des autres. Quiconque honore sa propre religion et condamne les religions des autres le fait bien entendu par dévotion à sa propre religion, en pensant : « Je glorifierai ma propre religion. » Mais au contraire, en agissant ainsi, il nuit gravement à sa propre religion. Ainsi la concorde est bonne : que tous écoutent et veuillent bien écouter les doctrines des autres religions. » Gravé au III siècle avant JC par l’empereur indien ASHOKA – 12 ème EDIT sur le rocher d’Ashoka
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L'empereur Ashoka a construit le Stupa Dhauli après la Grande Guerre Kalinga en 261 avant JC qui a changé sa vie pour toujours... |
Le roi Ashoka (304 av J.-C. - 232 av J.-C.) régna sur l'ensemble de l'Asie du Sud et au-delà en raison de nombreuses invasions militaires dirigées par lui. Son royaume était vaste. Puis, il a renoncé à toute forme de violence après être devenu bouddhiste.
Le roi, s'efforçait d'élever les perspectives sociales et morales de ses sujets. Ses édits (Dhamma lipi) gravés sur des piliers et des rochers, dans des versions condensées ou étendues, se trouvent disséminés dans son royaume...
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the king erected pillars inscribed with a royal edicts |
Les édits d'Ashoka sont une collection de 33 inscriptions sur les colonnes d' Ashoka , ainsi que les rochers et les murs des cavernes, faites par l'empereur Ashoka de la dynastie Maurya pendant son règne de 272 à 231 av. J.C.
Quelle théologie du Pluralisme religieux ?
Claude Geffré dominicain, ouvre
son lecteur à la jouissive faculté de penser, non pas de comprendre, mais de penser avec liberté et ferveur … L’illustre dominicain fut parmi les premiers à comprendre que, s’il revient au
théologien de justifier sa foi chrétienne, il ne peut plus le faire sans rendre justice également à la foi des autres.
Aujourd'hui la question religieuse, fait penser ; et il n'est rien de pire que de chercher à penser avec un mur ! Vatican 2, a percé des fenêtres, il ne s'agit pas de les murer.
Contrairement à l'époque d'Ignace de Loyola, nous savons aujourd'hui que le christianisme ne gagnera pas la tête entière... Heureusement, le christianisme n'effacera pas les autres traditions. Heureusement le christianisme ne sera pas uniforme.
Chrétiens nous reconnaissons, à présent, qu'il ne suffit pas d'affirmer que les autres traditions possèdent des valeurs que nous reconnaissons comme chrétiennes ; nous ne pouvons en plus nous enorgueillir d'affirmer que seul le christianisme peut les accomplir.
Au XXIème siècle, nous devons ouvrir intelligemment notre christianisme, sans faire du relativisme, et en refusant toute violence ( fut-elle sacrée ..). Nous devons chercher à argumenter théologiquement le pluralisme religieux. Nous devons concevoir de nouvelles relations avec les religions autres, exogènes, ou nouvelles … Claude Geffré, nous aide avec le respect évangélique de notre foi, à dénouer les contradictions, et ouvrir de nouvelles issues.
Qu'apporte le Christianisme dans ce contexte, En quoi la « religion de l'Evangile » est-elle autre et nécessaire ? Comment privilégier mon christianisme, sans dédaigner les autres traditions ?
« Le Christ est la voie qui nous conduit au Dieu qui fait grâce, mais c’est une voie universelle. Cependant, sans compromettre l’unicité de la médiation du Christ, il est légitime d’affirmer que les autres religions peuvent exercer un rôle médiateur dans le salut… Si beaucoup d’hommes et de femmes sont sauvés en Jésus-Christ, ce n’est pas en dépit de leur appartenance à telle tradition religieuse, mais en elle et à travers elle.» Cl Geffré.
« Comme religion de l’incarnation du Verbe de Dieu dans l’histoire, le christianisme est essentiellement une religion dialogale.» Tout en étant différent des autres religions, et unique en son genre, il ne peut pas prétendre totaliser toutes les richesses d’ordre religieux, dont aucune n’a l’exclusivité.
« LE CHRISTIANISME COMME RELIGION DE L’ÉVANGILE » de Claude Geffré Cerf 2012
Je ne comprends pas ! tout ...
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Extrait du quotidien " La Croix ": 19 Décembre 2012: " PHILIPPINES L'Église décidée à se battre contre la loi sur la contraception:
Alors que la loi sur la santé de la reproduction a été approuvée par les députés philippins lundi soir et n'attend plus que la signature du président Benigno Aquino pour entrer en application, l'Église catholique a indiqué hier qu'elle allait en appeler à la Cour suprême pour obtenir l'annulation de ces mesures. « Nous dirons aux catholiques : même si vous recevez des contraceptifs gratuitement, ne les utilisez pas », a ainsi déclaré Mgr Gabriel Reyes, président de la Commission épiscopale pour la vie et la famille. "
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Indulgence pour l'année de la Foi: Au XXIème siècle...! ?
"S'agissant avant tout de développer au plus haut niveau la sainteté de vie en atteignant la pureté de l'âme, l'indulgence sera du plus grand profit. En vertu du pouvoir conféré par le Christ, elle en offre le bénéfice à tous ceux qui se plieront aux prescriptions particulières. Durant la durée de cette Année, ces fidèles pourront acquérir l'indulgence plénière des peines attachées à leurs péchés, en suffrage des défunts comme aux repentis vivants qui prieront aux intentions du Saint-Père ... "
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Pierre Paul RUBENS 1577-1640: Fête dans la maison de Simon le Pharisien; vers 1618 huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg
Par contre, je comprends mieux Benoit XVI, quand il parle du Dialogue entre les religions (vendredi 21 décembre 2012: VOEUX DE BENOIT XVI A LA CURIE ROMAINE )
Dans la situation actuelle de l’humanité, le dialogue des religions est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et il est par conséquent un devoir pour les chrétiens comme aussi pour les autres communautés religieuses. ( ...)
" ces efforts peuvent aussi avoir le sens de pas communs vers l’unique vérité, sans que les choix fondamentaux soient changés. Si les deux parties partent d’une herméneutique de justice et de paix, la différence de fond ne disparaîtra pas, mais, entre elles grandira plutôt une proximité plus profonde. Pour l’essence du dialogue inter-religieux, deux règles sont aujourd’hui généralement considérées comme fondamentales: D'abord le dialogue ne vise pas la conversion, mais bien la compréhension. En cela, il se distingue de l’évangélisation, de la mission. Ensuite, conformément à cela, dans ce dialogue, les deux parties restent consciemment dans leur identité, qu’elles ne mettent pas en question dans le dialogue ni pour elles-mêmes ni pour les autres. Ces règles sont justes" quoique "formulées trop superficiellement. Oui, le dialogue ne vise pas la conversion, mais une meilleure compréhension réciproque. Cependant, la recherche de connaissance et de compréhension veut toujours être aussi un rapprochement de la vérité. Ainsi, les deux parties, en s’approchant pas à pas de la vérité, avancent et sont en marche vers un plus grand partage, fondé sur l’unité de la vérité... A ce sujet, je dirais que le chrétien a la grande confiance fondamentale, ou mieux, la grande certitude fondamentale de pouvoir tranquillement prendre le large dans la vaste mer de la vérité, sans avoir à craindre pour son identité de chrétien. Certes, ce n’est pas nous qui possédons la vérité, mais c’est elle qui nous possède: le Christ qui est la Vérité nous a pris par la main, et sur le chemin de notre recherche passionnée de connaissance, nous savons que sa main nous tient fermement."
Café philo de Limoges
Je participe, avec plaisir, au « café-philo de Limoges » ; et lors de la dernière séance, je me suis affronté à l'idée que la « métaphysique », et encore moins la pensée religieuse, puisse être une pensée philosophique... De plus, il était pratiquement « interdit » de faire référence à une pensée religieuse , puisque la philosophie était laïque et incapable de comprendre et même d'entendre une telle pensée... !
Aussi, je cherche à comprendre si cette argumentation est « fondée », et philosophique … ?
Remarque intéressante : le nom de notre Café Philo est « Karl Popper ». Je ne le connaissais pas … J'ai un peu cherché à comprendre, et surprise … Il a en partie répondu à ma question … !
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Karl Popper ( 1902-1994):
Popper réfute, la distinction scientiste - entre la science, qui serait le domaine du démontrable, du vérifiable et du certain, et la métaphysique, envisagée caricaturalement comme le royaume de l’arbitraire ; de l'imaginaire et du flou. Popper a d'ailleurs pris soin de se désolidariser sans ambiguïté du scientisme dans lequel on a voulu l’enfermer ( cf : préface de S.O. Tome 1, page 7 ).( Lu dans Karl Popper ou La connaissance sans certitude Par André Verdan )
Sur quoi se fonder pour décréter qu'une thèse est pourvue de sens ou quelle en est dépourvue ; qu'une théorie est ou n'est pas du charabia ? Sur sa
capacité d'être vérifiée ? Mais la vérifiabilité n'a rien à voir avec l'intelligibilité, et d'ailleurs elle est illustrée puisque pour Popper, « l'induction est un mythe détruit pas
Hume ( Q.I. P116 )
Pour Popper : Un énoncé métaphysique, n'est pas testable, il est aussi infalsifiable qu'invérifiable, ce qui le distingue d'une théorie scientifique digne de ce nom. Cependant, il est susceptible d'argumentation, donc rationnellement soutenable ou critiquable.
« Si l'on se demande pourquoi Popper, après avoir été si longtemps et aussi systématiquement ignoré par la philosophie et l'épistémologie françaises contemporaines, bénéficie depuis quelques années d'un véritable succès de mode, il est à craindre que la réponse doive être cherchée non pas dans une conversion soudaine et inespérée à ce qu'il appelle le “réalisme critique”, mais plutôt par le fait que, après plusieurs décennies de dogmatisme philosophique et politique effréné, il donne aux milieux intellectuels français l'occasion de s'offrir à bon compte une cure de scepticisme indifférencié et radical, qui ne risque pas de mettre en danger les convictions foncièrement irrationalistes qui continuent à y régner " » (Jacques Bouveresse, article Popper, Encyclopædia Universalis).
- La pensée mythique existe t-elle ? ( source : http://sergecar.perso.neuf.fr )
Le mythe permet de répondre par avance à des interrogations
philosophiques fondamentales, sans se les poser philosophiquement. Il est indispensable que cette représentation soit en dialogue avec un point de vue qui est celui de l'intelligence libre de
toute autorité ...etc
Il n'est pas pertinent de penser que la représentation scientifique s'exprime contre la représentation mythique du monde. Ex : le livre « la tao de la physique » de Frijof Capra … et tant d'autres références ...
Le savoir scientifique est par nature, limité, fragmentaire, et provisoire … Il ne peut délivrer des réponses aux questions portant sur le Sens de la vie. La force du Mythe, au contraire, c'est de présenter d'emblée une vision du monde riche, unifiée qui donne des « réponses » aux interrogations de l'esprit humain. Françis jacob, le concède ...
La représentation mythique est une représentation symbolique et conceptuelle du monde. Exemple : Chez Platon, le mythe de Prométhée fait partie d'une argumentation de Protagoras .
Dans " Le monde comme volonté et comme représentation", Schopenhauer reconnaît le besoin métaphysique de l'homme. « l'homme est un animal métaphysique. »
Respecter, tolérer... n'est pas dialoguer !
Si parmi les ennemis du dialogue, beaucoup nichent parmi les fidèles des diverses religions (1)... Certains
apparaissent là où, nous ne les attendrions pas ….
(1) Je pense en particulier au « piège de la prétention à l'universalité » ( D. Gira ), qui induit le trouble du mépris … Ainsi, sur les « Droits de l'homme » faut-il entendre qu'une certaine réalité ( que nous ne connaissons pas ) nous demande de prendre en compte une série différente des droits de l'homme, de la femme … et des peuples ( que nous oublions …)
Bien sûr, il s'agit ici de « dialogue »... Nous ne sommes pas dans une configuration de « négociation » ! Laissons-nous interroger par les valeurs de l'autre, et questionnons-le sur nos valeurs …
Dennis Gira se sert de la chanson « Imagine » ( 1971) de John Lennon, pour débusquer un « ennemi » au dialogue, et qui pourtant part de bons sentiments ...
L'idéal évoqué dans la chanson consisterait à vivre dans un monde, sans pays, sans religion... et donc semble t-il, plus aucune
cause au nom de laquelle les hommes pourraient tuer ou mourir. Nous connaissons les responsabilités des états et des religions... Et pourtant, ceux qui se sentent riches de leurs convictions, de
leur héritage culturel et intellectuel, peuvent ainsi se sentir méprisés...
Ainsi Gira, prend l'exemple d'Auroville ( près de Pondichéry ): expérience qui m'a d'ailleurs fasciné dans les
années 70, puisqu'elle consistait à mettre en pratique les enseignements de Sri Aurobindo ( 1872-1950)...
Sur la charte d'Auroville, apparaît cette mise en garde : « Quiconque est fortement attaché à une religion spécifique, dans le sens d'une volonté d'engagement et de pratique, s'apercevra qu'il n'est pas à sa place à Auroville....
Les religions divisent les peuples du monde, alors qu'Auroville vise à bâtir l'unité ».
Intéressant... pour débattre !
Si mon expérience chrétienne n'est d'aucune utilité, si elle « dérange » … Je ne me considère pas « respecté ».
Aussi, La formule « tolérante » d'une laïcité « dure » est à mon avis, un obstacle au dialogue.
Dialoguer, ne consiste pas -seulement- à « respecter » ou « tolérer » l'autre ; mais à être convaincu que l'autre a quelque chose d'important à nous dire ; et que nous tenons à le découvrir.
Le « mystère » de la pluralité des religions
Le père Coffy ( L'Église, signe de salut au milieu des hommes, Lourdes 1971, Éditions du Centurion, 1971. ) nous indique que l'on aura besoin, pour saisir la portée théologique du dialogue interreligieux, d'envisager la pluralité des religions non pas seulement comme un fait, mais bien comme un mystère, un sacrement.
Le cardinal Etchegaray, lors de la rencontre interreligieuse de Rome, à l'automne 1999, décrivait cet événement comme étant
"bien plus qu'un simple lever de rideau, [
] mais comme le premier acte [du Jubilé], entraînant l'Église à approfondir le sens
de sa mission au sein de la caravane humaine où la pluralité des religions s'impose comme un fait et encore plus
comme un mystère."(La Documentation Catholique 2250, p. 572)
A noter : « Le mystère a ceci de particulier qu'on ne peut le cerner, en faire le tour ; et que par conséquent il est inépuisable. » ( Croire.com) . On n'a jamais fini d'en faire le tour .. ! Un mystère, en théologie, ce n'est pas fait pour être résolu, mais pour être habité.
« Dire que la pluralité des religions est un mystère, c'est aussi reconnaître qu'aucune théologie ne pourra maîtriser par des formules ce qui est
vraiment en jeu dans le dialogue parce que ce dialogue est d'abord le lieu où Dieu lui-même nous fixe un rendez-vous. ... »
- « Paul VI le disait dans Ecclesiam suam : "Le climat du dialogue, c'est l'amitié ; bien mieux, c'est le service." En effet qu'est-ce que l'amitié, sinon l'acceptation profonde et joyeuse des différences, dans l'infini respect d'une irréductible altérité et l'audacieux engagement à une réciproque et fraternelle interpellation, toujours tournée vers l'avenir ? »
- « Cela signifie aussi qu'un vrai dialogue laisse à la vérité de Dieu le soin de convertir de l'intérieur les fausses images que chacun se fait de la vérité. C'est en cela qu'il est aussi service. Alors résonne avec plus de netteté cette phrase du concile Vatican II que le père Coffy aimait citer : "La vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même, qui pénètre l'esprit avec autant de douceur que de puissance." (Dignitatis humanæ, 1 )
Source: Jean-Marc Aveline, directeur de l'Institut catholique de la Méditerranée ; avril 2004
Le « dialogue », un chemin pour l'Eglise.
Depuis Vatican II, l’Église reconnaît ( il était temps … ! ) ne plus être l'unique dépositaire de la totalité de la vérité révélée.
La connaissance de la Parole - par la Bible et la Tradition - n'épuise pas ses richesses, et la Foi implique sans cesse une recherche de la vérité...
Si « la religion » exprime le plus souvent l'effort que fait l'homme pour tendre vers une connaissance du
divin... Le message de Jésus, ( Christ et divin... pour moi : catholique ), exprime la primauté de l'inverse : c'est le divin, lui-même, qui vient ( et de quelle manière.. !
) vers l'humain : non pour juger, mais dans la simplicité d'une vie partagée ...etc
Ceci est essentiel, car il signifie que le dialogue est affirmé à la naissance même du christianisme. Revenir à cette source, c'est fonder une spiritualité sur la notion même du dialogue interreligieux, du dialogue inter-culturel et même philosophique .
Dieu "en quête de l'homme", pour reprendre la belle expression du philosophe juif Abraham Heschel.
Aujourd'hui, si Dieu est vivant dans mon « prochain », c'est qu'il a à me dire quelque chose de Lui-même.
Ainsi, si le « deuxième testament », témoigne que les chemins de Dieu vers les hommes sont toujours adaptés à la situation culturelle, sociale, religieuse, areligieuse, athée, de chacun ; c'est à nous aujourd'hui de permettre encore une fois, que ce dialogue continue...
C'est le pape Paul VI qui affirme que c'est bien parce que Dieu, pour se révéler, ne s'y est pas pris
autrement qu'en engageant avec l'humanité un dialogue, que l'Église, pour correspondre à ce geste de Dieu, est tenue d'engager avec l'humanité un dialogue. ( Ecclesiam suam 72-79)
Nous savons, par expérience, qu'une religion courre le risque de devenir plus un écran qu'une voie vers le témoignage et le message divin...
Le dialogue interreligieux est - particulièrement aujourd'hui - une aide dans cette ouverture à Dieu, qui vient à nous, cette recherche de Dieu qui est à notre recherche... C'est le reconnaître au travers de voies différentes.
Saint Josaphat... pour canoniser le Bouddha!
Le « dialogue » entre Bouddhisme et Christianisme n'est pas récent .. Il semble qu'il fut transcrit assez tôt, et par l'intermédiaire du manichéisme... En effet le perse Mani (216-273), fondateur du manichéisme, s’est rendu lui-même en Inde... et, on a retrouvé dans la ville de Tourfan (dans la province actuelle du Xinjiang chinois) un fragment de manuscrit d’origine manichéenne, écrit en vieux persan, rapportant un dialogue entre deux personnages appelés Bylwhr et Bwdysf (Budasf), qui correspond à un passage connu de la légende de saint Barlaam et saint Josaphat.... et qui reprennent chacun les passages connus de la biographie du Bouddha ...
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Manuscrit médiéval représentant Josaphat, hors du palais d'où son père l'observe, lors de sa rencontre avec un lépreux et un aveugle |
A sa naissance, le jeune Bouddha Siddartha Sakyamuni reçut une prophétie. Il serait grand roi ou
grand maître spirituel. Son père était un souverain aimé et respecté mais souhaitait également avoir son fils comme héritier du royaume. Pour forcer le destin, il confina son fils dans
l'atmosphère paradisiaque du palais. Tout serviteur âgé ou malade était chassé du palais. Seuls les raffinements sensuels et artistiques étaient admis. Un jour cependant, Siddartha s'évada et fit
quatre rencontres capitales. Tout d'abord un vieillard, un malade puis un cadavre. Ainsi la vie était également en but aux souffrances. Elle avait donc une fin !!! Une quatrième rencontre lui
offrit heureusement une perspective de solution. Celle d'un moine dont la sérénité semblait impossible à troubler. Siddartha s'échappa du palais et poursuivit sa quête. Ayant fait l'expérience de
l'ascétisme puis ayant choisi la voie du milieu, il découvrit enfin, par la méditation, les quatre nobles vérités. Il devint l'Eveillé, le Bouddha et commença à enseigner.
Cette trame narrative (extraite du "Buddhacarita" texte sanscrit écrit par Asvaghosha au IIe siècle) est exactement celle que l'on peut identifier en lisant l'histoire de
Saint-Josaphat.
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Le départ de Josaphat ; il retire ses vêtements (en haut à droite) |
La tentation de Josaphat et les illusions humaines
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La légende de saint Barlaam et saint Josaphat doit son succès à l’œuvre de Jacques de Voragine, théologien dominicain, archevêque de Gênes, qui vécut de 1225 à 1298 et qui rédigea, vers 1264, la très célèbre « Légende Dorée ». La version qu’il y donna de la vie de saint Barlaam et saint Josaphat devint un « best seller » du Moyen-Age…