Le pape et " le Saint "
A entendre autour de moi, le message spirituel de la béatification de Jean-Paul II, a du mal à se faire comprendre …
- Par contre, il est repérable, qu’une tendance à canoniser les papes, soit effective depuis Vatican 1 .( note 1 ) . Depuis les années 50 on assiste à une rafale de procès en béatifications et canonisations. Presque tous les papes ont droit à cette reconnaissance des catholiques, même le contesté Pie XII fait partie des candidats.
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S’agit-il de légitimer une institution ?
- Ou , le catholicisme s’adonne t-il à la société du spectacle, façon : foule, petits drapeaux et grandes cérémonies.. ?
Dans cette cacophonie médiatique, et en matière de sainteté, je préfère me tourner vers Bernanos..
« Souvent, ( les saints ) ont été une épreuve pour l’Eglise avant d’en devenir la gloire » dit le curé de Torcy, dans le Journal du Curé de Campagne.
Donissan est « un saint », avec tous les excès : « La vie de cet homme étrange, qui ne fut qu’une lutte forcenée, terminée par une mort amère, qu’eût-elle été si, de ce coup, la ruse déjouée, il se fût abandonné sans effort à la miséricorde, s’il eût appelé au secours ? Fût-il devenu l’un de ces saints dont l’histoire ressemble à un conte, de ces doux qui possèdent la terre, avec un sourire d’enfant roi ?… »
La saint côtoie Satan :
« Le saint de Lumbres en arrive à douter de sa foi en affirmant la victoire du Mal malgré la rédemption. Il va donc mettre Dieu à l’épreuve en lui demandant un miracle. Se sentant défié par
Satan, « il n’implore pas ce miracle, il l’exige. Dieu lui doit, Dieu lui donnera, ou tout n’est qu’un songe. De lui ou de Vous, dites quel est le maître ! Ô la folle, folle parole,
mais faite pour retentir jusqu’au ciel, et briser le silence ! Folle parole, amoureux blasphème !… » Donissan n’a pas demandé par amour mais par colère. »
« La sainteté, s’avoue-t-il, comme toutes choses en ce monde, n’est belle à voir qu’en scène ; l’envers du décor est puant et laid. »
La sainteté est d’abord la réponse libre et entière d’une personne qui a discerné un appel divin à servir autrui : « Vous n’ignorez pas ce qu’elle est : une vocation, un appel. Là où Dieu vous attend, il vous faudra monter, monter ou vous perdre. N’attendez aucun secours humain. Dans la pleine conscience de la responsabilité que j’assume, après avoir éprouvé une dernière fois votre obéissance et votre simplicité, j’ai cru bien faire en vous parlant ainsi. En doutant, non pas seulement de vos forces, mais des desseins de Dieu sur vous, vous vous engagiez dans une impasse : à mes risques et périls, je vous remets dans votre route ; je vous donne à ceux qui vous attendent, aux âmes dont vous serez la proie… Que le Seigneur vous bénisse, mon petit enfant ! »
Pour Bernanos, Donissan n’est pas
saint parce qu’il réalise des prodiges (où Satan d’ailleurs trouve un terreau propice à ses ruses) mais parce qu’il continue, quoi qu’il en coûte, de remplir les obligations de son ministère,
comme fréquenter le confessionnal jusqu’à l’épuisement et jusqu’au dégoût. La sainteté est simplement la présence de Dieu dans une âme qui accepte de l’accueillir.
La sainteté, selon Bernanos, consiste à connaître comme Dieu. Dieu connaît avec charité et pitié, « non pas cette pitié qui n’est que le déguisement du mépris ». Satan connaît avec curiosité (mot souvent repris). Celui qui agit sous l’emprise de Satan vise la concupiscence ou le pouvoir, il cherche à connaître pour détruire. Dans l’ordre surnaturel, il veut choisir l’infini sans Dieu, il nie ou veut abolir l’image de Dieu chez autrui. À l’opposé, connaître selon Dieu, c’est s’engager dans une relation interpersonnelle responsable.
( Note 1 ): « Pie IX se distingua surtout par un événement unique non seulement dans l’histoire de la
papauté, mais aussi dans celle des hommes : la proclamation de l’infaillibilité d’un être humain.
Le concile de Vatican I, ouvert le 8 décembre 1869, avait comme but déclaré cette proclamation, et Pie IX ne s’en cachait pas. Un grand nombre de prélats étaient opposés à cette étape de l’évolution de l’Eglise qui, une fois franchie, serait irréversible, pensaient-ils à juste titre. Mais Pie IX s’obstinait. Ni les interventions de personnalités comme l’éminent évêque de Mayence, ni celles d’historiens qui lui rappelèrent les erreurs doctrinales de ses précurseurs (Honorius I, par exemple, condamné par le VIe Concile oecuménique de 680), ne purent venir à bout de sa détermination farouche. Le conflit entre la Prusse et la France vint à point nommé pour le conforter dans son projet : des évêques allemands et français durent repartir vers leurs diocèses, privant l’opposition de leurs voix. Cinquante-trois autres quittèrent Rome plutôt que de ratifier le dogme de l’infaillibilité. La plupart des évêques restants étaient italiens et beaucoup dépendaient matériellement du pape. Lequel leur fit entendre qu’il pourrait leur couper les vivres s’ils se montraient récalcitrants. Finalement, il n’y eut plus qu’un quart de pères conciliaires pour se dresser contre la volonté du pape, et le dogme fut voté sans difficulté le 18 juillet 1870. Il stipulait que le pape, désormais seul, sans être obligé de convoquer un concile, était infaillible quand il s’exprimait ex cathedra sur un sujet touchant la foi ou les moeurs (2). "Les définitions du pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Eglise. Que si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la témérité de contredire notre définition, qu’il soit anathème."
Extrait ... de Jean-Pierre Sara.
Béatification ... et mariage princier.
« La
béatification de « Jean Paul 2 », c’est un peu – pour les catholiques - l’équivalent du mariage princier pour - certains – anglais… » C’est ainsi que m’ont été présenté récemment
ces deux actualités… !
Le catholique ( républicain ) que je suis, n’est pourtant que fort peu intéressé par l’une ou l’autre de ces manifestation, qui devraient ( il paraît … mais ce doit
être relatif ..) déplacer, l’une et l’autre, les foules … !
La personnalité de ce pape marquera sans doute l’histoire de l’Eglise catholique, si ce n’est par sa contribution à la chute des murs soviétiques…
Beaucoup d’entre les chrétiens, se souviennent également de sa condamnation
de la théologie de la libération et des « brimades » infligées aux théologiens contestataires. Beaucoup déplorent également « la bienveillance montrée pendant le pontificat
de Jean Paul II envers certains régimes dictatoriaux en Amérique latine, coupables de l’assassinat de prêtres et de religieuses ».
Catholique, je ne suis réellement intéressé par cette actualité, provoquée ( donc, je suppose « nécessaire » .. ? ), et de plus dans l’urgence ( pourquoi … ? ) que si cette cérémonie porte témoignage à l’Homme Jésus – le Christ – et me permet, à moi catholique, mais aussi à tous les hommes et femmes sur cette terre, d’avoir à contempler la vie d’un saint, d’un modèle et d’un maître en spiritualité chrétienne.
Personnellement; j'ai déjà fort à penser avec Zundel, Légaux... etc, et dont la vie me parait plus édifiante... J'ai du mal à faire le lien entre mes questions, ma vie et celle de ces quelques derniers papes ...!
Peut-être eut-il fallu, prendre le temps ( encore: pourquoi cette urgence ...? ) de revenir sur la vie de cet homme…
« Jean-Paul II a été un témoin exemplaire de la Miséricorde divine, c'est
pourquoi l'Eglise compte célébrer avec joie sa béatification le jour où lui-même a voulu instituer la fête de la Divine miséricorde. C'est en ces termes que le père Federico Lombardi, s.j.,
directeur de la salle de presse du Saint-Siège revient sur l'annonce de la béatification de Jean-Paul II, le 1er mai prochain,… »
( …) « Bien qu'extraordinaires ce ne sont pas tant les œuvres de Jean-Paul II qui attirent aujourd'hui notre
attention, mais plutôt leur source spirituelle, sa foi, son espérance, sa charité », ajoute le père Lombardi.
« Ses œuvres sont d'autant plus admirables qu'elles sont l'expression de la profondeur et de l'authenticité de ses liens avec
Dieu, de son amour pour le Christ et pour toutes les personnes humaines, à commencer par les pauvres et les plus faibles et de son tendre rapport filial avec la Mère de Jésus ».
« Nous nous souvenons de ses longs et profonds temps de recueillement et de prière, poursuit le père jésuite; habité du désir
de célébrer et annoncer Jésus rédempteur et sauveur de l'homme, de le faire connaître et aimer par les jeunes et le monde entier ; de l'affection avec laquelle il s'entretenait avec les malades
et les souffrants, rendait visite aux peuples affamés de pain et de justice ; enfin, de la patience avec laquelle il vivait lui-même l'expérience de la souffrance, supportant sa maladie, dans la
foi, devant Dieu et devant nous tous ».
« Sa vie et son pontificat, écrit encore le père Lombardi, ont été dictés par sa passion de faire connaître au monde entier,
le monde où il a vécu, celui de notre dramatique histoire au tournant des millénaires, la grandeur réconfortante et enthousiasmante de la miséricorde de Dieu : C'est de cela que le monde a besoin
».
« Voila pourquoi, nous aurons précisément la joie de célébrer sa béatification solennelle le jour où lui-même a voulu que
toute l'Eglise tourne son regard et adresse ses prières à cette Miséricorde divine », conclut-il. » … Texte repris sur Zenit
Le Graal et la Quête, aujourd’hui.
Retour vers la Quête et son Objet…
Je parcours, à nouveau, - rapidement - l’oeuvre de CG Jung. Et je découvre, grâce à la Quête du Graal, Emma Jung...
- Perceval, figure totémique de ce que je suis, est confronté à un double embarras.
- La problématique de la relation « féminin-masculin », imagée par ces extrémités que sont le désir brutal et l’idéalisation (
amour courtois, et culte marial ) : L’anima.
- L’expérience religieuse qui cohabite avec l’existence du
mal. Le mal inhérent à la nature humaine et le mal que Dieu, n'empêche pas… : L’ombre.
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La Coupe correspond à la vie spirituelle capable de recevoir le sang du Christ, c’est à dire cette sagesse présente dans le cœur de Jésus. Ainsi, le Graal reçoit
les grâces d'en haut et les communique à ce qui est en-dessous.
La réalité du sens donné au Graal est oublié, voire perdu. Perceval, s’il Le recherche sans le savoir, n’en a pas " la connaissance " et omet de le questionner : Qui sert-il ?
L’homme est ainsi spirituellement isolé…
- J’en suis là, à revenir – en quête du Graal – trop tôt aperçu, et définitivement inscrit dans le cœur.
* Le chevalier, est un héros ... hanté par une voix qui dit que la question et la réponse se trouvent dans un lieu caché ( derrière les définitions et les expressions qui répondent à l'esprit ).
* Et, la quête, c’est l’histoire d’une perte, qui se continue d’âge en âge …
L’un des chemins, vers le Graal,
pourrait être la compassion, ( pour le roi blessé.. ) Ainsi, le Christ crucifié en appelle à réveiller nos cœurs à l’Amour, et donc à tourner notre esprit, des préoccupations brutes de la vie
dans le monde, à des valeurs proches du don de soi … Serait-ce une explication à la souffrance ? Seule la compassion, l’Amour, peut transformer l’homme.
- La Quête du Graal constitue aussi, et surtout, une image de cette lente et douloureuse maturation intérieure que Jung appelle le processus d'individuation. Se mettre en quête, ne serait-ce pas en définitive s'ouvrir à la réalisation du Soi, autrement dit accueillir en son vase intérieur l'incarnation de la divinité ?
Le conte du Graal est une pédagogie pour aborder cette Quête.
Plus précisément : dans ma vie, « des événements comparables ( à ceux du conte ) se produisent dans la vie quotidienne où certaines situations se répètent inlassablement sous des formes différentes. Tout d’abord, elles apparaissent fortuites et dépourvues de sens, à l’image des aventures de Perceval. Mais si notre attention est mise en éveil ( par la répétition de telles coïncidences …) et si nous les examinons avec soin, nous noterons qu’elles sont, en général, l’expression multiforme d’une situation spécifique qui persistera jusqu’à ce que sa signification soit saisie et que son objectif soit réalisé.
Par un effort sans cesse renouvelé, et dans des conditions souvent inhumaines, le héros surmonte les échecs et les dangers, et cherche à accomplir la grande et belle tâche qui lui était assignée dès sa naissance. L’histoire de Perceval illustre parfaitement cet effort. Au départ, la chevalerie ne constituait pour lui qu’un objet de convoitise. Puis, au travers de nombreuses erreurs, il mûrit lentement et épouse son destin en devenant le meilleur des chevaliers, le seul qui puisse conquérir le Graal. » ( LA LEGENDE DU GRAAL de Emma Jung et Marie Louise von Frans)
La Parole
Dans le catholicisme « La Parole divine », est composée du texte biblique et de son interprétation ( la Tradition )… C’est dire à quel point, Dieu – après être vrai homme, en Jésus – s’est incarné, et s’incarne encore… !
« Parler c’est agir : toute chose qu’on nomme n’est déjà plus tout à fait la même, elle a perdu son innocence. » J.-P. SARTRE, Qu'est-ce que la Littérature ?, Gallimard, Paris, p. 29
Aucune parole, ne peut être absolutisée, fut-elle transcrite dans un Livre Saint… au risque de bruler un Giordano Brunno (1548-1600), ou de contraindre Galilée à se rétracter … !
Bien sûr, il en est de même, et plus encore - de notre culture -, qui n’est aujourd’hui pas davantage :« le centre du monde que ne l’était la terre pour les contemporains de Copernic » (Charles-Daniel MAIRE : réformé )
:-) Clins d'oeil de l'Esprit
Une information, que je lis dans « le Monde » : Des centaines de milliers de catéchismes, qui devaient être distribués aux prochaines JMJ ( Madrid ), vont terminer au pilon, pour des « erreurs de traductions » bien significatives, de la hauteur du débat, encore aujourd’hui dans mon Eglise .. !
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1 " Un couple chrétien peut-il avoir recours aux moyens de contraception ?
", s'interrogeait benoîtement l'ouvrage dans sa version italienne. " Oui ", répondait tout à trac -" Youcat " (pour Youth Catechism). " Un couple chrétien a le droit et le devoir d'être responsable de sa capacité à donner la vie. Que nenni !! .... -> Il fallait lire : " Un couple chrétien a-t-il le droit de pratiquer la régulation des naissances ? " La réponse se révélait parfaitement conforme à l'interdiction de tout recours aux méthodes contraceptives " non naturelles ", inscrite dans le texte
Humanae vitae, dès 1968.
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- 2 - La version fautive suggérait la défense d'un relativisme honni au Vatican : " Reconnaître la liberté religieuse signifie reconnaître que toutes les religions sont égales ", affirmait le texte. FAUX ...!! Les éditeurs français devront rectifier : " Reconnaître la liberté religieuse ne signifie pas reconnaître que toutes les religions sont égales. "
Amusant … Non ? L’humour du saint Esprit sans aucun doute… !
Simone de Beauvoir
Il y a 25
ans, Simone de Beauvoir nous précédait dans la mort.
«Le mystère de l’incarnation se répète en chaque femme ; tout enfant qui naît est un Dieu qui se fait
homme.»
[ Simone de Beauvoir ] - Le Deuxième sexe
Simone de Beauvoir, a fait avancer une réflexion sur " le genre ", encore taboue dans le christianisme ... Existentialiste et devenue agnostique, la théologie lui
semblait inopportune pour penser l'Humain... Ce n'est pas mon avis ...
Penser sur « la vie », se fait très bien au travers de la théologie. Penser avec Dieu, est une magnifique manière de penser… Entre l’homme et la femme, il y a Dieu. Penser sur soi, à partir d’un autre que soi… Penser l’homme, à partir de la femme et vice-versa …
Le Piss Christ d’Andres Serrano
« Christ » a été dans son corps, insulté, raillé, tué … « Christ » a dans son corps partagé toutes les souillures, et les partage encore… « Christ » est ici
représenté au travers de l’urine, mêlée au sang atteint par le sida…
Simple image ou récit d’une expérience? C’est à chacun d’y lire ce qu’il veut.
A présent, je n’y vois plus que la représentation d’une polémique, qui pour moi, n’a aucun sens spirituel. Je me méfie terriblement des « objets » de croisade ; et le Mal , n’est pas forcément où l’on croit … !
Je ne fais pas partie des chrétiens scandalisés. A mon sens, le culte ou l’atteinte à l’image ne fera jamais le poids, face aux violences faites aux femmes et aux hommes … Ce n’est qu’anecdote, ou éventuellement un bon sujet de débat sur l’Art …
Nb/ « Le quotidien ‘La Provence’ daté de ce dimanche annonce que la direction de la Collection Lambert a décidé de fermer l'exposition "Je crois aux miracles" dans laquelle était exposée une photographie représentant un Christ en croix plongé de l'urine. »
nb // Je note, et ce qui donne du corps à la polémique, que les contestataires scandalisés sont rattachés à des associations intégristes ...
Nb..! Dernière minute:
Deux infos-radio se suivent, ce matin : l’une - deux catholiques bousculent des gardiens de musée et détruisent au marteau deux œuvres, et l’autre – des jeunes ( sans crédo )donnent gratuitement des cours de soutien au profit d’œuvres humanitaires… A mon avis, le Divin se fait Présence là où il n’est pas attendu… ! Evangélisation… dites-vous ?
Je pense que l'artiste devrait exposer cette photo, dans l'état devenu... Représentation d'une intolérance qui divise et violente ...
Le jardin des religions
Benoît BILLOT, moine bénédictin, engagé dans le DIM “Dialogue interreligieux monastique” parle ainsi de son parcours :
“Pour décrire symboliquement mes rapports avec les autres religions, j'aime utiliser une métaphore jardinière. J'ai été élevé dans le jardin catholique, j'ai toujours admiré et aimé ceux qui y travaillaient, qui y faisaient pousser de belles fleurs, de savoureux légumes et des arbres superbes. (Mais) je n'ai pu m'empêcher de passer la tête au-dessus des murs de mon enclos. J'ai alors observé avec surprise le jardin des autres traditions spirituelles.
J'ai contemplé avec étonnement les plantes qu'ils faisaient pousser, qui n'étaient pas tout à fait les mêmes que chez moi. J'ai
découvert les techniques qu'ils employaient : elles n'étaient pas tout à fait les miennes non plus. J'ai surtout admiré leur travail, leur ténacité et leur savoir-faire. Je leur ai fait des
demandes, et ils n'ont pas hésité à me donner des plants qui m'étaient inconnus. Lorsqu'en retour, ils me demandaient des plants de mon jardin, j'étais tout heureux de les leur donner ainsi que les techniques qu'ils ne connaissaient pas.
Grâce à la rencontre de ces bons ouvriers, je vois bien qu'un changement planétaire est en route. Etant croyant, je rends grâce à Dieu, qui n'est pas la propriété exclusive de mon verger, de mon potager, de mes bassins et de ma roseraie, mais qui fait briller le soleil et tomber la pluie généreusement sur tous”.
Le statut de « La Vérité » dans le catholicisme :
Il faut entendre, - à la manière que le disait Gandhi : « Comment peut-on dialoguer si on prétend posséder déjà la vérité ? » - , que le préalable à un véritable dialogue est là : « Suis-je prêt,
en t’écoutant, à y reconnaître la vérité », ou « Suis-je prêt à t’écouter ; donc, suis-je prêt à changer mon opinion ? ». Si ce n’est pas le cas, je considère que je ne
suis pas en état de dialoguer …
A XXIème siècle, nous reconnaissons des normes culturelles et morales qui peuvent se distinguer cependant nous affirmons un certain nombre de valeurs universelles… Nous reconnaissons ne pouvoir atteindre « le savoir absolu » …
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Des
catholiques, et en particulier Benoit XVI, ne craignent pas de considérer que la culture actuelle est sous l’influence de la « dictature du relativisme » !
Cette critique peut se comprendre dans le contexte actuel qui semble brader « la recherche » au profit d’une « consommation » à effet immédiat ..
Le catholicisme « mérite » t-il de se retrouver sur un rayonnage des « spiritualités en cours ».. ? Cette confusion des valeurs mettraient-elle au même niveau : religion, recherche de sens, quête, salut, mieux-être, santé …etc ?
Aujourd’hui, je dois bien reconnaître que la foi chrétienne est devenue une foi parmi d’autres. Mais le plus effrayant, aujourd’hui, reste le phénomène du fondamentalisme, qui remet à jour, ce que je voudrais voir disparaître ; c’est à dire cette secrète connivence entre la violence et le sacré … Ce que Mohammed Arkoun nomme le triangle anthropologique « violence - sacré - vérité » qui affecte ou a affecté toutes les religions !
A la fin du XIXe siècle, l’Eglise romaine est passée de l’anathème à la tolérance quand elle a commencé à reconnaître la légitimité d’une société civile, pluraliste et laïque fondée sur le
contrat civil et non sur une transcendance divine. Enfin, par la Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanae) de Vatican II, l’Eglise affirme avec force que « la vérité ne peut
s’imposer que par la force propre de la vérité ».
Aujourd’hui, il faut concilier l’exigence de vérité inhérente à toute croyance sérieuse et les exigences d’un vrai dialogue sur un plan d’égalité.
La vérité à laquelle j’adhère dans la foi est sans doute une, mais je la possède toujours d’une manière critique et inadéquate dans une certaine interprétation…
Je puis adhérer dans la foi au message de ma tradition religieuse tout en reconnaissant que ma vérité n’est ni exclusive ni même inclusive de toute autre vérité d’ordre religieux. La Vérité, qu’est mon chemin - Jésus, le Christ – est portée par l’Esprit, ou l’Amour… Aussi, n’est-elle pas absolutiste : Elle peux reconnaître des vérités différentes sans compromettre aussitôt sa prétention à la Vérité… Cette Vérité, d’ordre spirituel, retrouve dans la vie de chacun, une vérité plus originaire que la vérité du jugement ( adéquation entre l’intelligence et le réel..). Il s’agit d’une vérité-manifestation qui renvoie à une plénitude qui demeure encore cachée.
Il y a 100 ans, est né: CIORAN. - Cioran et Dieu -
EMIL CIORAN est né le 8 avril 1911 à Rasinari, village isolé des Carpates, où son père est le pope…
Misanthrope, solitaire, suicidaire… en dialogue perpétuel avec la mort. Cioran est, à mon avis, un religieux ‘ oriental ‘.
Je m’appuierai sur les lettres de Cioran à Armel Guerne (commentées par Eugène Van Itterbeek) :
- "Je suis un incroyant", écrit Cioran dans les Cahiers, "qui ne lit que des penseurs religieux. La raison profonde en est qu'eux seuls ont touché à certains abîmes. Les « laïques » y sont réfractaires ou impropres".
- La "marche" répond chez Cioran, à ce besoin métaphysique de rentrer en soi, de retrouver l'homme intérieur, de trouver l'état de "prière", de transcender le temps. De là son admiration pour le "pèlerin russe", qui incarne pour lui une expérience mystique, une ouverture vers Dieu, ce chemin qui lui semble bouché. « "J'admire également ceux qui prient ( …) . C'est que pour moi la prière a toujours été une tentation et une impossibilité, une nécessité irréalisable. Si j'envie une existence, c'est celle de ce pèlerin russe dont je viens de relire les récits. Marcher et prier ! Je ne peux que marcher…"
- "Si j'avais joui d'une santé convenable, à aucun moment de ma vie le christianisme ne m'aurait obsédé.L'inquiétude religieuse, on ne l'a rencontrée d'habitude que chez les mal venus, les déchets de « l'évolution »…
- "Si je ressens maintenant un malaise, c'est que je suis chrétien à ma façon, ou, plus exactement, quelque chose en moi est chrétien (…) Malgré ma frivolité, il existe en moi, profondément enraciné, un sentiment d'inappartenance au monde ; ce sentiment, lorsqu'il prend une certaine intensité, est indubitablement chrétien. Mais je ne suis pas croyant ni ne puis l'être. (…) Mon anti-christianisme ne serait-il pas cette impossibilité tournée en rage ?"
- Cioran stigmatise avec une véhémence inouïe "le néant et la sécheresse d'Occident", "cet athéisme agressif dont la jeunesse fait étalage". Il poursuit : "On ne peut même pas dire que cet athéisme, soit de la religion à rebours ; non, c'est seulement l'expression tapageuse d'un vide général."
- "Je ne suis sans doute pas qualifié pour faire l'apologie de la foi, je sais néanmoins que l'insensibilité aux problèmes religieux est le signe même de la nullité."
- "Ce que je leur reproche, ce n'est pas d'avoir refusé toute valeur à mes « productions », mais de n'y avoir pas décelé un soupçon de ferveur, un rien d'appétit religieux ou, plus exactement, de déception religieuse. Dès que quelqu'un m'accuse d'être athée, je sais que je me trouve en présence d'un imbécile." La phrase s'adresse aux Jésuites qui ont parlé très mal de ses livres dans la revue Études. Et de conclure : "Comment expliquer à ces gens que l'important ce n'est pas de croire à Dieu, mais d'y penser."