Pour Noël offrez un BOOK: une révolution TECHNOLOGIQUE
BOOK: une révolution TECHNOLOGIQUE
Quelques mots, de Jules Supervielle:
Encore, Jules Supervielle:
Chaque âge a sa maison, je ne sais où je suis,
Moi qui n'ai pour plafond que mes propres soucis.
Ce parquet m'est connu, je marche sur moi-même,
Et ces murs c'est ma peau à distance certaine.
L'air s'incline sur moi, son front n'est pas d'ici,
II m'arrive d'un moi qui mourut à la peine.
Allons, mettez-vous là au milieu de mon poème,
Que je m'approche à loisir, loin des regards indiscrets,
Entre des mots qui vous observent, bien qu'il vous
devinent à peine,
Et d'autres mots qui vous éclairent sans parvenir à
vous toucher.
Soucis, vous qui savez toujours me retrouver,
Trouverai-je jamais une cache assez sûre,
Vous me mettrez dessus votre lanterne dure
Pour voir si c'est bien moi, comme si ne saviez..
Photos de Julie de Waroquier, et peinture de Turker Bayram Yildiz
Dieu... au plus près!
« Le Verbe s’est fait chair » (prologue de l’Evangile de Jean. ( Jn 1/14))
Il y a Deux
mille ans, révélation soudaine que l’Absolu se fait mortel, que l’infini se fait fini, que la Puissance se fait vulnérable, que l’éternité bouleverse l’histoire, que le « Tout Autre »
rejoint mon semblable …
Parce que l ‘Amour est à l’origine de la création, Dieu nous rejoint. Dieu me rejoint…pour m’accoutumer à la « Vie éternelle »
« Dieu appela l’homme, … Où est-tu ?» ( Gen 3,9 )
Dieu cherche l’homme, intensément, infiniment… Qui que je sois, comme le « bon samaritain », le divin ne nous laisse pas au bord du chemin, et nul n’a besoin de déclarer son identité, sa religion …
« la puissance divine nous a fait don de tout ce qui est nécessaire à la vie … pour que par ceux-ci ( le biens divins ) vous entriez en communion avec la nature divine » 2 P 1,4
Communion avec Dieu … ! Le chemin : Jésus, le Christ, parce qu'il est l’Homme accompli…
Et demain..?
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
« Ne soyez donc pas bouleversés :
vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père,
beaucoup peuvent trouver leur demeure ;
(...)
là où je suis, vous y serez aussi.
Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit :
« Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ;
comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond :
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ;
personne ne va vers le Père sans passer par moi.
(Icône de l'amitié entre Jésus et son disciple)
"Il y a beaucoup de demeure dans la maison du Père." Jésus considère chacun comme unique. Chacun, en effet, est une "Pierre vivante de la demeure de Dieu." Chacun est à la fois Pierre vivante de l'Église et l'Église se concentre en chacun. Aux Kmers rouges qui venaient de tuer ses parents et qui lui disaient que désormais elle était libre car l'Église était morte, une petite fille cambodgienne répondit :"Tant que je serais là, L'Église, c'est moi." (Histoire vraie): texte de Patrice RENIER de formation monastique, est aujourd'hui prêtre.
La Parole ( biblique ) , et la Poésie selon Yves Bonnefoy
Pour comprendre l’intérêt de la poésie, dans une recherche spirituelle, il n’est que d’essayer de suivre cette expérience avec Yves
Bonnefoy ( par exemple…, en effet il s’en explique …) :
Si le poète dit refuser l’esthétisme, c’est pour ne pas enfermer le poème sur lui-même : « "La part esthétique, dans le poème, c'est l'occasion qui deviendrait la faute si on lui sacrifiait la vérité"
A lire: Introduction à la lecture de l'oeuvre d'Yves Bonnefoy par Jean-Michel Maulpoix: ici: http://www.maulpoix.net/Oeuvre%20de%20Bonnefoy.htm
Il y a, à mon avis, dans la définition même que fait Yves Bonnefoy de la poésie ; une tentative de réponse sur la spiritualité de la Parole dans le catholicisme :
La poésie « n'est nullement une forme de la pensée, avec comme toute pensée un souci de la vérité. Non, la poésie n'est pas, dans la profondeur des poèmes, la formulation,
soit directement conceptuelle, soit symbolique ou allégorique, d'une vérité de la vie ou de l'être au monde. Et elle n'est même pas la sorte d'écriture qui permettrait de dire mieux que les
autres les pensées de notre vie quotidienne. Il y a bien des pensées, dans les poèmes, c'est l'évidence même, et souvent des pensées de grande portée, mais ce sont là des pensées propres au
poème, à son auteur, non ce que voudrait le poétique en son être à lui. ( …)
« Le langage, c'est assurément pour communiquer, et la parole, cela porte alors de la signification, de la signification conceptuelle, mais la poésie, c'est pour rendre aux mots - dont cet emploi conceptuel prive qui s'y prête d'avoir plein rapport aux choses, disons l'arbre en toutes ses branches, toutes ses feuilles, et en sa place ici, maintenant, à ce détour du chemin - cette capacité de susciter des présences que la signification, et sa pensée, abolissent. Et que fait-elle, alors, la poésie ? Elle tente de réveiller ces présences dormantes sous les concepts, ce qui nous rend présents à nous-mêmes, qui alors ne sommes plus dans l'espace de la matière mais dans un lieu, elle substitue ce lieu au dehors du monde, elle fait de ce dehors une terre. La poésie n'est pas un dire, mais un déblaiement, une instauration. En cela le même silence que dans le maçon d'autrefois qui triait les pierres, les soupesait, les rapprochait les unes des autres dans la courbe du mur s'orientant vers la clef de voûte. » » interview dans l’Express le 22/11/2010
Dans son essai sur Balthus (L'Improbable, 40) Yves Bonnefoy écrit : "Nous sommes des Occidentaux et cela ne se renie pas. Nous avons mangé de l'arbre de science, et cela ne se renie pas. Et loin de rêver d'une guérison de ce que nous sommes, c'est dans notre intellectualité définitive qu'il faut réinventer la présence qui est salut."
O poésie,
Je ne puis m'empêcher de te nommer
Par ton nom que l'on n'aime plus parmi ceux qui errent
Aujourd'hui dans les ruines de la parole. […]
(…)
Je sais que tu seras, même de nuit (…)
La première parole après le long silence,
Le premier feu à prendre au bas du monde mort. »
Les Planches courbes (2001)
La Foi : Lumière et obscurité
Une belle phrase qui résume ce que j'aurais bien moins dit, en plus long ...!
"La foi est toujours un mélange de lumière et d'obscurité. Croire, c'est être fidèle dans les ténèbres à ce qu'on a vu dans la lumière. Je crois parce que j'ai choisi d'adhérer à un dynamisme que je sens au fond de moi, plus vivant que moi. Ce dynamisme me relance sans cesse à aimer, à espérer, à entreprendre, malgré mes erreurs, mes échecs, mes peurs et mes fautes. Il me fait dépasser mes souffrances et même la peur de mourir."
Louis Evely ( paraboles.net )
Pour moi, Louis Evely, fait partie de cette trilogie d'hommes: Zundel, Légaut et Evely, qui dans les années 50-60 ont préssenti le renouveau indispensable à une Eglise qui aspirait à vivre l'Evangile dans sa radicalité ... Ces hommes ont suivi l'exemple du Christ-Jésus qui s'est opposé au "pharisianisme", mais sans en faire un combat religieux ( dans le sens où Jésus faisait appel à l'Esprit, et non à la lettre ...)
Jésus, n'est pas un "fondamentaliste", ni un fondateur de religion en opposition, Il n'est pas 'venu' pour abolir, mais pour accomplir ...!
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Maurice Zundel, est né le 21 janvier 1897 à Neuchâtel et mort le 10 août 1975 à Ouchy (Lausanne), prêtre. |
Marcel Légaut (1900-1990), normalien, agrégé et docteur en mathématique. Laïc |
Louis Evely (1910–1985) est un écrivain chrétien, prêtre , puis marié ... |
Haïku... Jules Supervielle.
Des extraits de poèmes de Jules SUPERVIELLE, en forme de Haïku: ...
L’oubli me pousse
et me contourne
Avec ses pattes de velours,
Il est poussé par le silence
Et l’un de l’autre ils font le tour.
Dans l’oubli de mon corps
Et de tout ce qu’il touche
Je me souviens de vous.
Le silence cherche un abri
et tout lui semble plein de bruit.
Une seule humanité plurielle...
Pierre Claverie, était évêque en Algérie, il y a été assassiné.
« J’acquiers la conviction personnelle qu’il n’y a d’humanité que plurielle et que dès lors que nous prétendons – dans l’Église catholique nous en avons la triste expérience au cours de notre histoire – posséder la vérité ou parler au nom de l’humanité, nous tombons dans le totalitarisme et l’exclusion. »
« Nul ne possède la vérité, chacun la recherche. Il y a certainement des vérités objectives, mais qui nous dépassent tous et auxquelles on ne peut accéder que dans un long cheminement et en recomposant peu à peu cette vérité là, en glanant dans les autres cultures, dans les autres types d’humanité, ce que les autres aussi ont acquis, ont cherché dans leur propre cheminement vers la vérité. Je suis croyant. Je crois qu’il y a un Dieu mais je n’ai pas la prétention de posséder ce Dieu là, ni par Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. On ne possède pas Dieu. On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres. C’est l’expérience que je fais. » (P. Claverie, Humanité plurielle, Éditions du Cerf, Paris, 2008, p. 141).
Laïcité: la loi et Dieu
J’ai assisté hier soir à une conférence organisée par « Culture Maghreb Limousin », sur la laïcité. Le conférencier : Mohammed Mouaquit, chaleureux, cultivé mais accessible, m’a passionné par sa hauteur
et son angle de vue qui n’est pas coutumière. Sa réflexion me permettra, je pense, d’utiliser sa méthode pour réfléchir à d’autres questions … Ci-dessous, notes et commentaires:
Je note d’abord, qu’il s’est dit « profondément laïque », c’est à dire « non croyant »… Ne pourrait-on pas se définir « profondément laïque » et « homme de foi » ? Je pense que si …
Laïque ou
« croyant » ( je n’aime pas ce terme… bon ! tant pis), nous avons tendance à vouloir nous enfermer, et enfermer l’autre dans sa spécificité : c’est du «
spécif-isme », il faut être vigilant !
Dans l’histoire, la laïcité s’est construite, sur un idéal « politique », celui d’assurer le primat du politique , sur le religieux.
Il y aurait un rapport problématique, de fait, entre le religieux « monothéiste » et le politique. L’idéal politique ne pourrait que s’opposer à l’idéal eschatologique ( le salut ) de la religion.. Le Christ a porté ce conflit jusqu’à en mourir…
A mon avis, Jésus, même s’il en est mort, ne portait pas ce conflit en Lui. D’abord, parce que c’est le « pouvoir » qui - lui - est nécessairement conflictuel, et Jésus, lui, « profondément laïque ».., rejette tout pouvoir dans la relation avec le divin. Jésus se présente comme le serviteur par excellence, et appelle chacun à le devenir. Jésus refuse les piège du pouvoir ( cf, le tentations dans le désert, etc … et « Rendez à César ce qui est à césar, et à Dieu ce qui est à Dieu » ) etc...
Le pouvoir a toujours cherché à instrumentaliser la religion ; par le fait que le pouvoir politique veut s’imposer par la loi, et être le seul à faire la loi …
En islam, la laïcité s’introduit par le droit ; sans s’opposer au droit religieux, mais en l’interprétant : ainsi en est-il des libertés individuelles ( famille, mœurs …). Un enjeu actuel est « la liberté de conscience », et le problème de la conversion ( l’apostasie…).
Chez nous, de ce côté de la
méditerranée, je rappelle que -selon le syllabus de Pie IX ( 1864 )- est condamné le fait de professer ceci : qu’«Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion
qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison (8, 26). ). ! La suite des condamnations est édifiante ! Aussi, à la lumière de l’expérience ( de l’histoire ..) il me semble
que la politique ( et en particulier la démocratie ) permet, en effet, à l’Eglise ( institution..) de se voir « imposer » les lumières de la raison ( souvent évangéliques
… ! ), à son bénéfice ! Aujourd’hui, les catholiques ne remettraient plus en cause la loi sur la séparation de l’église et de l’état ….
Ainsi , s’il en a été sur « la liberté de conscience », les vérités attachées aux autres religions … Demain, en sera t-il autant ( je le souhaite ) sur l’ordination des hommes et des femmes ( mariés ou non ), et le pluralisme religieux ?
Le conférencier nous dit que la laïcité pourrait s’exprimer par l’idée que « les hommes peuvent se passer de Dieu » et se libérer collectivement de la « tutelle » de la religion ( ils sont capables de faire eux-mêmes la loi …).
Dans ce sens la laïcité serait athée … Je ne pense pas du tout que l’athéisme soit une « spécificité » de la laïcité.
Jules Supervielle
Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l'oreille des autres.
« Et si nous regardions la vie par les interstices de la mort ? »
À force de mourir et de n'en dire rien
Vous aviez fait jaillir un jour, sans y songer,
Un grand pommier en fleurs, au milieu de l'hiver.
Quand nul ne la regarde
La mer n’est plus la mer.
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit...(La mer secrète).
Sous la peau des ténèbres,
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qui me reste
De mes jours à venir.
(La fable du Monde Poésie/Gallimard)
Les peintures sont de Grimshaw John Atkinson, et de
Jakub Schikaneder .
Marcel Conche, et Dieu ...
L’un de ces derniers samedis, je suis allé entendre, avec beaucoup de plaisir, Marcel Conche, philosophe ( 89 ans, philosophe, ancien
professeur à la Sorbonne, … ).
J’ai aimé son parti pris, de vouloir parler de … « Tout » : ( Le Tout, le réel, l’Absolu, Dieu, l’Infini, la mort, l’avenir, la liberté .. ! ) bref cet « athée » … ne parle que de Dieu ! Enfin, de « ce Dieu » auquel il ne croit pas …
Plus exactement, il convient de ne pas parler de M. Conche, comme un athée, puisque si, il ne croit pas en un Dieu personnel et transcendant, il ne se prononce pas sur Ce qui pourrait être « inconcevable »… Il préfère parler d’une « Nature »… C’est la « Nature » qui a créé l’homme à l’intérieur d’elle-même. Il ajoute : pourquoi Dieu aurait-il eu besoin de créer l’homme en dehors de lui-même, sinon pour « affirmer » sa transcendance… !
A mon avis, cette interprétation ne colle pas avec ce qu’un chrétien « sait » ( Bible, tradition …) de Dieu. Les Evangiles sont aux antipodes de cet auto-célébration
divine … Dieu, est ( entre autres …) Amour ; et l’Amour est don total, sans partage…
M. Conche, sur le christianisme, dit qu’il s’est trompé sur la nature de l’homme, à savoir que l’homme serait « mauvais », et qu’en lui serait l’origine du mal … Il me semble indéniable que le mal existe. Mais , il n’est pas « sans cause » , il existe comme souffrance … Et, Jésus ne cesse de parler de « salut », donc de victoire sur le mal…
Marce Conche, dit ne pas croire au « Dieu » des philosophes, cette « notion » étant insoutenable du point de vue de la raison.
Effectivement, le Dieu des philosophes ou Dieu de la raison, aurait tous les attributs du tyran totalitaire …
L’Absolu est « ce qui est sans relation avec … C’est à dire Dieu avant la création du monde !». Par contre, à l’inverse, pour moi, C’est Dieu avant la création que je ne comprends pas… Dieu est relation ( c’est l’un des messages de « La Trinité » )… Quand je pense Dieu, je pense l’Homme …
Quelqu’un demande à M. Conche, pourquoi ne se reconnaît-il pas comme matérialiste ? Il répond, qu’il préfère « nature » à « matière », parce que dans « Nature », il y a une énergie, « un feu toujours vivant »… Sa pensée, s’ouvre assez bien au bouddhisme …
J’ai noté : « L’ouverture à la vérité, n’est possible que parce que je suis libre… sinon, je ne serais qu’un perroquet. »
Egalement : « L’éducation religieuse enseigne à de jeunes enfants « La Vérité »… donc, ils n’ont plus envie de la chercher ! » Il ne me semble pas que ce soit l’expérience de la majorité d’entre nous… Au contraire, ce sont l’enseignement de la philosophie ( aussi ), et l’enseignement religieux de ma tradition, qui me donnent le goût, « la nécessité » d’aller au-delà de l’enseignement de mes maîtres … Bref, c’est l’objectif même de l’éducation …