sciences
Louis Leprince-Ringuet
A Fléchigné, Lancelot et Geneviève continuent de s'intéresser à la recherche scientifique. Un physicien a attiré leur attention :
Louis Leprince-Ringuet (1901-2000). En 1929, il fut accueilli par Maurice de Broglie pour orienter son laboratoire de physique des rayons X vers la physique des particules. En 1936, il est nommé professeur à l'École polytechnique où il crée un laboratoire. Sa quête est de percer le secret des rayonnements cosmiques. S'agit-il d'ondes électromagnétiques, sont-ils composés de particules ?
En 1933, un aller et retour sur un bateau cargo entre Hambourg et Buenos Aires permit à Leprince-Ringuet d'entrevoir une réponse : il s'agirait de particules chargées, déviées par le champ magnétique terrestre. Pendant la guerre il établit son laboratoire de physique atomique dans les Hautes-Alpes, à 1 000 mètres d’altitude. Il y découvre ces particules lourdes, bien énigmatiques.
Ces ''rayons'' sont donc plutôt des flux de particules à haute énergie composés de protons, d'électrons et de noyaux atomiques qui circulent dans tout le cosmos. « Quand un rayon cosmique heurte un noyau (de l’atmosphère par exemple), il le casse complètement et, en plus, est capable de créer des particules nouvelles appelées mésons, hypérons, etc. »
Ainsi, si pour obtenir une transformation d'un élément chimique en un autre par une modification de son noyau atomique, on peut bombarder les noyaux avec des sources intenses de particules alpha des corps radioactifs ; on pourrait aussi utiliser les rayons cosmiques.
« On ne connaissait pas très bien les propriétés de ce rayonnement qui sillonne l’espace, jour et nuit, et qui nous arrive sur terre à la cadence d’une particule (en général un noyau léger) par seconde sur la surface de la paume de la main. Nous sommes donc traversés, jour et nuit, hiver comme été, par des particules d’une énergie considérable... »
Louis Leprince-Ringuet se demande si un physicien est un créateur, un artiste, un poète ? « notre œuvre n’est pas une œuvre d’art, nous ne méritons pas le beau titre de poète « L'œuvre d’art est unique. « notre œuvre s’inscrit dans une recherche constante des phénomènes de la nature, de leur explication, de leur association sous un même formalisme que nous inventons pour y parvenir. »
« En science comme en religion il faut être attentif aux signes. Nombre de grandes découvertes sont la conjonction du hasard et de l’acuité d’observation et d’interprétation des signes. » ( Foi de physicien)
Annoncé dans le journal du mardi 2 janvier ; ce 30 décembre 1944, Romain Rolland est mort, chez lui à Vézelay. Lancelot se retourne et observe, dans sa bibliothèque, ses magnifiques volumes reliés de ''Jean-Christophe'' ( roman en 10 volumes publié de 1904 à 1912) ; première lecture de livres d'adulte.
Il s'agit d'un roman d'apprentissage, c'est à dire d'une quête, celle de Jean-Christophe Krafft, un jeune compositeur allemand de génie, à l'égal d'un Beethoven, né sur les rives du Rhin. Le héros surmonte diverses difficultés, perd la foi, découvre l'amour, la sensualité, mais doit s'exiler en France. L'allemand et musicien se lie d'amitié avec le français Olivier Jeannin. Les deux amis se complètent et s'enrichissent réciproquement.
Romain Rolland, à travers Christophe héros musicien et romantique, recherche une vraie foi en dehors de tout dogme et de toute église. Il la trouve par Beethoven et Berlioz. Et, c'est une autre foi ; une foi en l'homme, en sa valeur universelle, et en l'efficacité de sa raison.
A Vézelay, peut-être déçu de son pacifisme, sa retraite lui permet de voir venir à lui, des personnes de grand notoriété en recherche de sagesse. Des gens aussi divers que Maurice Thorez, la reine Elisabeth de Belgique, Waldo Frank, Aragon, de simples militants, des prêtres, mais aussi, Marcelot, pépiniériste de Clamecy, le boulanger Crochet en bas de Vézelay, et un jeune couple de militants de Migennes.
Rolland admire Paul Claudel ; mais juge durement sa conduite envers sa sœur, et son adultère. Il a pour ami, le très controversé "l'Autre" Chateaubriand, Alphonse, et pour visiteurs aussi, des officiers allemands alors que ''Jean Christophe'' est interdit non seulement en Allemagne, mais aussi dans les écoles françaises.
Janvier 1945, le froid est intense. Si le charbon manque, le bois supplée. En ville, la viande manque. Les prix s'envolent, et à Paris le marché noir est au plus haut. Ici, bovins et porcs sont bon marché mais, il n'existe que peu de moyens pour les transporter vers la capitale. Nous sommes toujours au régime des tickets de rationnement.
A Fléchigné, nous employons un prisonnier de guerre allemand ; et nous hébergeons des réfugiés du Calvados. Pas de gaz , et l'électricité est souvent coupée. L'acheminement du courrier est aléatoire.
Lancelot a croisé dans une ferme proche, un écrivain breton. Xavier de Langlais, lecteur de la légende arthurienne, souhaite se spécialiser dans la peinture, la décoration des églises et dans la recherche de techniques picturales nouvelles. Il œuvre également pour situer la légende en Forêt de Paimpont ; Lancelot n'a pas eu le temps de le convaincre de la réalité locale concernant le chevalier dont il porte le nom... De retour à Rennes en octobre 1944, il témoigne en faveur de ses amis bretons incarcérés, et à partir du début des années 1950, Brocéliande deviendra une des thématiques principales de l’œuvre de Xavier de Langlais.
18 janvier 1945 Le gouvernement dissout la direction des FFI. 21-23 janvier au Comité central du PCF, Thorez se prononce pour la fin des milices patriotiques (communistes).
L'énergie alimente le moteur de notre civilisation
* L'armée d'armistice cesse d'exister ; Rivet ( des BMA) aurait rejoint Alger. Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, les forces américaines ont débarqué au Maroc, à Oran. Vichy va devoir choisir son camp ! Un peu d'espoir et quelques sourires s'échangent entre français ; alors même que le boucher apprend à ses clients qu'ils n'auront plus que 90gr de viande par semaine.
Inévitablement, les allemands envahissent la zone libre. Weygand a été arrêté. Pétain devrait se replier sur l'Afrique du nord, puisque les accords d'armistice sont devenus inopérants Comment les valeurs de la révolution nationale pourraient-elles s'accorder avec la terreur des SS, sur tout notre territoire ?
En décembre 1942, l’école d'Uriage, qui faisait preuve d’un esprit opposé à la collaboration et s’était de facto placée en marge de la politique menée par le gouvernement de Vichy, est dissoute par Laval pour “menées antinationales”.
* Dans le journal, Lancelot se satisfait d'apprendre que ce 20 décembre 1942, pour le prix Goncourt, une seule voix s'est portée sur Les décombres de Lucien Rebatet . Et, les bonnes surprises viennent de la publication par Albert Camus de L’Etranger et Le Mythe de Sisyphe.
* Drieu la Rochelle passe en coup de vent ; il dit préférer la victoire des russes à celle des américains. Il aurait entendu sur Radio Alger qu'on lui promettait, ''à lui comme aux autres, le châtiment suprême''. Il regrette d'être tombé dans les excès de la politique ; et ce qui l'attriste, « c'est d'être mis dans le même sac que d'autres. »
* Entre mi-1942 et 43, Jules Guéron - chef du laboratoire de la direction de l'armement de la France Libre – affecté à Cambridge pour des des recherches sur la libération de l'énergie nucléaire dans la fission de l'uranium, tente - sans succès - de faire venir Joliot en Angleterre ; et s'occuper de la question de l'uranium.
Un an avant les Américains, Guéron va établir la valeur juste de la section de capture des neutrons lents par l'uranium 238, donnée cruciale pour la poursuite des recherches atomiques. Ceci, avant que le groupe de Cambridge soit transféré au Canada ( janvier 43).
En effet, les scientifiques nucléaires américains progressent sur la fission des atomes d’uranium et la réaction en chaîne, en particulier dans l’isotope U235, lorsque la matière est bombardée par des neutrons. On connaît l’efficacité des neutrons lents par rapport aux neutrons rapides pour obtenir une réaction en chaîne, et les méthodes possibles de séparation de l’U235 de l’U238 dans l’uranium naturel. ( Plus de 99% de l’uranium naturel est composé d’uranium 238, difficilement fissible).
L'homme aurait donc besoin d'augmenter indéfiniment ses moyens d'agir ( énergie = moyen d'action). Il y eut la maîtrise du feu, la force humaine ou animale pour transporter, construire, utilisation du vent, de la vapeur, de l'électricité …. Reprenons :
Une force qui se conserve sur un déplacement produit un ''travail''. Descartes en observant le choc de deux boules en conclut que c’est la quantité de mouvement ''masse*vitesse'' qui se conserve en se communiquant d’un objet à l’autre. Newton met en avant l'idée de force - la force comme cause: force d'inertie, force imprimée - plus que celle de sa conservation ; la force est la cause qui modifie la quantité de mouvement ( m.v)
En Allemagne - dans un contexte philosophique différent - un nouveau concept émerge : l'énergie.
Leibniz (1646-1716) pose un concept métaphysique, indissociable de la notion de force : l'action, « wirkung » La notion de « force » rejoint alors celle de '' puissance active '' à l’œuvre dans le monde.
C'est ensuite l'influence de la Naturphilosophie, de Schelling ( 1775-1854). La nature, est un sujet actif, gouvernée par 3 forces : la lumière, l'électricité et le magnétisme. L'Univers s'organise par transformation de forces. On appréhende la nature de façon globale et la force est le principe fondamental de tous les phénomènes ; cette force passe sans cesse d'une forme à une autre. Cette vision permet de chercher des analogies entre les phénomènes des différentes composantes de la physique.
Les phénomènes de chaleur, de puissance mécanique, d'électricité pourraient être la même puissance naturelle qui sous ses diverses formes reste constante en quantité.
J.P. Joule ( 1818-1889) va déterminer quantitativement l'équivalence entre la chaleur et le travail.
En 1847, Helmholtz propose la '' loi de conservation des forces '', il réfute l'idée du calorique, puisque la chaleur peut être engendrée. La chaleur exprimerait une quantité de force vive du mouvement et une quantité de tension de l'état intérieur de la substance.
C’est en 1850 que William Thomson ( = Lord Kelvin - 1824-1907) propose de substituer « energy » à « force » et ce n'est qu'après 1875, que le mot ''énergie'' est repris dans la littérature scientifique française.
Au XVIIIe siècle, la température devient une grandeur mesurable. Mais, quelle est la nature de la chaleur ? Est-ce une matière ? Un ''principe '' ( un peu comme le ''feu en puissance'' d'Aristote).
Tout corps susceptible de combustion contiendrait du phlogistique ; et quand il brûle le phlogistique s'échappe, devient feu ( lumière + chaleur).
Une autre théorie fait l'hypothèse que la chaleur serait une sorte de fluide, nommée calorique. Il faudrait également différencier la chaleur ( une quantité) de la température ( une intensité)
Dès 1770, avec James Watt et les premières machines à vapeur, en l’absence du concept d’énergie, on considérait généralement la chaleur, à côté de la lumière, de l’électricité et du magnétisme, comme l’un des quatre « fluides impondérables », appelé phlogistique puis calorique.
Lavoisier va imaginer le '' calorimètre '' permettant de contrôler les échanges de chaleur...
Anne-Laure de Sallembier se souvient très bien d'un débat entre Poincaré et Duhem, que lui avait rapportée J.B. de Vassy. Pierre Duhem (1861-1916), monarchiste et catholique, était un physicien, spécialiste de '' Thermodynamique ''. J.B. avait été assez séduit par la tentative de Duhem, d' unifier les sciences physiques et chimiques au sein d’une thermodynamique généralisée. Duhem était en opposition au projet de réduction mécaniste des atomistes comme Boltzmann.
A la source de ses propres travaux scientifiques, Duhem plaçait « l'une des plus grandes découvertes qu'aient jamais enfantées la philosophie naturelle » : la théorie de la chaleur de Sadi Carnot (1796-1832), présentée en 1824 dans ses ''Réflexions'', et que les institutions scientifiques ont ignorées...
Avant de revenir à Duhem ; rappelons-nous l'apport de S. Carnot.
S. Carnot, se passionne pour les machines à vapeur et leur rendement. Il considère que le travail moteur n'est produit dans une machine que par une « chute de calorique » d'un corps chaud à un corps froid ( comme le travail d'une chute d'eau...). Il en conclut les conditions de température et l'écart pour un rendement maximal...
A sa suite, en 1834, l'ingénieur Emile Clapeyron formule le second principe de la thermodynamique... Enfin, Joules vers 1843, affirme que la chaleur n'est pas une substance, et qu'une machine thermique est un dispositif de conversion entre chaleur et travail.
James Joule (1818-1889) a démontré que la chaleur, le travail mécanique et l'électricité sont des formes d'énergies interchangeables ; et d'une transformation à l'autre, la quantité totale d'énergie demeure égale.
Le berlinois Rudolf Clausius (1850) réunit les concepts de chaleur et de travail en un même concept, celui d'énergie.
Le XIXe siècle sera le siècle de la machine thermique décrite avec ces concepts de - énergie et - entropie.
L'énergie va se présenter sous des formes multiples : mécanique, chimique, chaleur, électrique, radiative, entre lesquelles elle peut se transformer .
Boltzmann donne une explication statistique à la deuxième loi de la thermodynamique ; elle est fondamentale, car elle impose, en une seule phrase, l'existence d'une flèche du temps, alors que toutes les équations de la physique permettent en principe d'avancer ou de reculer dans le temps.
« L'énergie disponible est le principal enjeu de la lutte pour l'existence et de l'évolution du monde. » Ludwig Boltzmann (1844-1906)
1942 - Les lois des hommes et de la matière
Une deuxième ''liste Otto'' ( « Ouvrages littéraires français non désirables » ) concerne près de 1200 titres, dont 30 chez Denoël. Les gens lisent de plus en plus, mais le rationnement du papier empêche la publication... au point que les ''occasions'' sont plus chers que les neufs, « parce que neufs, on ne les trouve plus ! ».
Anne-Laure de Sallembier ne peut s'empêcher de s’intéresser de près à la vie littéraire parisienne et suit de près Denoël qui ne tarit pas d'éloge pour sa nouvelle protégée Dominique Rolin, elle vient de publier un roman, ''Les Marais''.
Les lois de la nature se dévoilent à notre raison, et semblent nous promettre un champ de possibilités ; malheureusement les lois des hommes paraissent bien irrationnelles et au seul profit de ceux qui peuvent les imposer par la force.
Le 29 mai 1942, une ordonnance allemande impose le port de l'étoile jaune aux Juifs en zone occupée. Les allemands souhaitent-ils contraindre tous les juifs à travailler dans des camps, à vivre dans des ghettos... ? Et, ce n'est pas Laval revenu au pouvoir, qui saura s'opposer à cet antisémitisme absurde !
Geneviève T. la jeune femme qui vient tenir compagnie à Lancelot ; et s’intéresse aux sciences, parle d'une émeute organisée par des femmes communistes devant un magasin de la rue de Buci... Il y aurait eu deux morts dans les rangs de la Police. Geneviève T. est, plutôt assez jolie, blonde mais d'aspect froid et sévère et sympathisante de l'Action Française. Après qu'elle soit rentrée chez elle, Lancelot s'indigne auprès de sa mère, d'opinions antisémites que Geneviève a laissé entendre.
Joliot-Curie, revenu à Paris, avait disputé des laboratoires aux occupants. Lors de cette négociation avec les allemands, il a le sentiment d'être soutenu par Vichy. L'un des responsables allemands, est Wolfgang Gentner, avec lequel, il peut compter pouvoir s'entendre. Les deux hommes se connaissent et s'apprécient depuis 1936, ils s'échangent une correspondance autour, en particulier, de leur ''cyclotron'' respectif. Gentner va même, semble t-il, s'engager dans un ''double-jeu'', au profit des recherches de Joliot.
L'arrestation de Langevin, va amener Joliot à manifester et suspendre sa collaboration. Gentner intervient. Langevin est libéré...
En juin 1941, s'organise le Front National Universitaire. Le 29 juin, alors que les troupes hitlériennes sont entrées sur le territoire soviétique, Joliot est arrêté à son domicile, Gentner le fait libérer le soir même.
Devant un parterre très éclectique et mondain, et allemand ; Anne-Laure de Sallembier assiste à une conférence de Joliot, sur'' Les neutrons et la radioactivité artificielle '' qu'il prononce le 11 octobre 1941 à la Maison de la Chimie.
En octobre 1942, la mère de Lancelot sera encore présente, pour la conférence inaugurale de l'année universitaire par Fr Joliot-Curie, invité de la société philomathique.
Sa relation avec l'occupant, concerne principalement la technique du cyclotron et la radioactivité artificielle.
Avec Irène et Frédéric Joliot-Curie, reconstituons l'histoire de nos connaissances microscopiques de la matière.
Cela a commencé sans-doute avec la crainte et l'observation de la foudre. On s'amusait aussi du pouvoir de l'ambre jaune frottée à attirer les corps légers... Cette vertu a été qualifiée d'électrique.
Volta (1800) met au point la première pile, qui produit une sorte de décharge continue que le physicien français Ampère (1775-1836) baptise en 1820 de ''courant électrique''. La capacité à produire - la quantité - sera exprimée en volts.
Le courant électrique conduit à l'expérience de l’électrolyse qui permet de séparer des éléments chimiques... La matière serait faite de petites particules douées de puissance électrique... John Stoney en 1891, observe que pour rompre une liaison chimique, la quantité d'électricité est toujours la même.
Le passage de l’électricité dans des gaz raréfiés étaient une attraction offerte au public émerveillé ( cf les sculptures de verre de Geissler) ; elles vont nous conduire au tube cathodique qui délivre une haute tension aux électrodes dans le vide d'un tube de verre.
Le rayonnement cathodique est-il une onde, comme le pensent les allemands, ou un courant de particules chargées négativement selon les physiciens britanniques ; sachant qu'à cette époque la plus petite particule connue est l'atome ? J. John Thomson vérifie la seconde hypothèse en 1897, et a l'intuition d'une particule plus petite que l'atome...
L'histoire de l'électron, est selon les mots de Poincaré, « une pure satisfaction intellectuelle ». Il est deux mille fois plus petit qu'un atome d'hydrogène ; est-il énergie ou matière ? Un véritable petit lutin, qui fuit la force électrique. Les électrons forment une cour, celle d'un roi – autour d'un noyau.
Atomes et molécules ont été différenciés vers 1860, le tableau périodique des éléments est imaginé par le chimiste russe Dmitri Mendeleïev, en les classant par ordre de masse, avec la particularité de classer ainsi les atomes par nombre de liaisons chimiques ( 1, 2, 3, 4.) et ceci de façon périodique.
En les disposant dans un tableau, il s'aperçoit qu'il y a des trous dans le tableau... ! Donc, sans-doute des éléments non encore découverts....
Ce tableau sera amélioré ; et classé, non selon la masse, mais la charge. On pourrait alors imaginer un élément du noyau, le proton de charge 1 ( Rutherford ).On pourrait encore rêver de pouvoir changer le nombre de protons, par exemple, dans l'atome d'azote, pour le transformer en atome d'oxygène... Ce qui représente le rêve des alchimistes : la transmutation artificielle...
De manière fortuite, en 1895, Whilelm Röntgen découvre une sorte de lumière, invisible à l’œil nu, qui traverse la matière et l'appelle ''rayon X''. Un an plus tard Henri Becquerel remarque que les sels d'Uranium ont la particularité d'impressionner une plaque photographique, s'agit-il aussi d'un autre type de lumière invisible... ?
Pierre et Marie Curie identifient trois types de rayonnements ( alpha, beta, gamma …) plus ou moins pénétrants,
On sait en 1940, que les rayons alpha sont des noyaux d'hélium; les rayons béta, des électrons ; et les rayons gamma ( des photons) sont de la lumière – comme les rayons X – et à une fréquence plus élevée.
Pourquoi ces matériaux émettent-ils spontanément un rayonnement ? - Parce qu'ils se désintègrent.
En 1898, Marie Curie découvre, et isole un ''nouvel ''élément très radioactif, et l'appellent le Polonium ; et encore plus radioactif, le radium. Les industriels, aidés des publicitaires en font un produit miracle, jusqu'à s'apercevoir de sa dangerosité.
Le polonium, ou le radium émettent des particules alpha qui vont servir de projectiles pour explorer l'atome et découvrir sa structure.
Enfin, on va se rendre compte que l'on peut produire de l'énergie à partir de cette radioactivité.
Mais d'où l'élément tire t-il cette énergie ? En 1902, Rutherford et Soddy expliquent que le radium possède en lui-même cette énergie : la radioactivité est la transformation spontanée d'un élément chimique en un autre par émission de rayonnement, le radium devient du radon.
Rutherford (1919), expérimente le modèle planétaire de l'atome, avec le noyau comme soleil et les électron comme des planètes...
Il reste une question : Pourquoi les électrons ne s'effondrent-ils pas sur le noyau ?
Neils Bohr présente le modèle avec des orbites d'énergie : Lorsqu’un électron absorbe suffisamment d’énergie, il « bondit » de son orbitale jusqu’à la prochaine orbitale de plus grand diamètre. Lorsqu’un électron « chute » de son orbitale vers une orbitale plus petite, il émet de l’énergie. La quantité d’énergie émise correspond exactement à la différence énergétique entre deux orbitales.
L'infiniment petit n'obéit pas aux mêmes règles que l'infiniment grand.... Ce n'est pas la Physique classique qui s'applique à l'atome, mais la physique quantique ; ainsi au lieu d'évoluer en continu, l'infiniment petit opère par paliers et par quanta.
Rutherford avait utilisé une source radioactive. La découverte de la radioactivité avait mis en évidence des rayonnements, émis lors de la désintégration d'atome lourds comme l'uranium : des particules alpha.
Les Joliot-Curie observent qu'un rayonnement de particules alpha, projettent des protons. Et, James Chadwick en 1932, explique que le noyau serait composé de protons, et de particules assez lourdes, électriquement neutres, que l'on nommera neutrons.
Pour en savoir plus encore, les physiciens vont bombarder la matière. Le neutron, ce nouveau projectile neutre, présente le grand avantage de ne pas être repoussé par la charge électrique du noyau, quand on essaie de l'atteindre.
Le Secret du Monde.
Anne-Laure a reçu de la part de Rober Denoël : ''Mille regrets'' d' Elsa Triolet, ces ''nouvelles'' espèrent un prix ( les Deux Magots?) ; également une invitation pour une réception qui clôt la ''Semaine Arno Breker'' ; elle y a croisé M. de Brinon, le Dr Epting et sa femme, Pierre Benoît, Denoël...
Lancelot eut la surprise d'une visite de Drieu la Rochelle, qui avait appris la nouvelle de son ''accident''. Ecrasé par le souci de la NRF, il trouve son réconfort dans la philosophie, la religion... Surprenant, son discours sur Saint-Paul. L'essentiel du christianisme, dit-il est là, dans ses écrits. - Un juif ? - « Un juif de la diaspora, trempé dans un milieu aryen. ».
Cependant, il préfère le védantisme : - L'être, le Monde … ces concepts y sont dépassés, abolis. La mystique chrétienne est trop encombrée de l'idée morale de l'amour. Il repassera, dit-il ; pour parler ''religion''.
Le ''Secret du monde'', est la traduction du titre de '' Mysterium Cosmographicum '' (1596) de Johannes Kepler (1571-1630)·qui a vécu dans le saint empire romain germanique. Dans cette traduction, Mysterium est rendu par 'Secret', ce qui laisse tomber la nuance religieuse du « Mystère » et cosmographicum par 'du Monde', ce qui ne retient pas la nuance d'architecture cosmique impliquée par le terme latin... Mais enfin... Pour évaluer la teneur de ce secret : Reprenons les choses ( essentielles ) depuis le début...
Si je lâche cette pierre, elle tombe. Je ne lui procure aucune force, pourtant, elle file vers le sol. De quelle force s'agit-il ici ? La Gravitation : voilà une force qui nous semble bien familière. N'hésitons-pas à être un peu plus curieux...
D'où vient cette force ? Comment a t-elle atteint l'objet ?
Pour Aristote (384-322 av. J.-C.) , l'état de la pierre est d'être un corps pesant, son état propre est d'être en bas, vers le centre de l'univers ( la Terre).
Le soleil apparaît vite comme bien plus gros, plus lumineux que la Terre. Le soleil n'aurait-il pas la place centrale, et la Terre serait une planète en rotation sur elle-même et en révolution autour du soleil : Nicolas Copernic (1473-1543) tente de comprendre ce nouveau modèle du Monde. La gravité serait la tendance à ce qui est de la Terre tend vers la Terre...
Johannes Kepler (1571-1630) propose, plutôt que des orbites circulaires, une orbite elliptique autour du soleil qui est l'un des foyers. La gravité n'est pas une caractéristique du corps, mais elle s'explique par l’attraction d'un autre corps apparenté, un peu comme l'action d'un aimant...
Kepler reste dans la perspective d'un monde aux divines proportions, il reprend la théorie des polyèdres réguliers, de Platon, dont l’emboîtement permet la construction d'un modèle de l'Univers. Il attribue au soleil une ''force'' motrice qui induit le mouvement des planètes. Et, découvre les relations mathématiques (dites Lois de Kepler) qui régissent les mouvements des planètes sur leur orbite.
Galilée (1564-1642), avec sa lunette astronomique découvre les satellites de Jupiter et démontre que tout ne tourne pas autour de la Terre. Il s'oppose à l'idée de Kepler selon laquelle la lune aurait une action sur la terre ; '' ce serait une idée occulte irrecevable pour un esprit rationnel ! ''
Il étudie la chute des corps, et conclut – par ''expérience de pensée'' que tous les corps tombent dans le vide à la même vitesse ; ils subissent la même accélération. ( et met en évidence les forces de frottement...). Au passage, il est bien étrange d'entendre Galilée parle du ''vide'' ( à quoi pensait-il?).
René Descartes (1596–1650) décrit un monde infini, sans vide ( mais avec des tourbillons..). La gravité est un effet mécanique des tourbillons, les mouvements de la matière subtile.
Christiaan Huygens (La Haye 1629-1695) pense que l'espace est rempli d'éther, dans lequel la lumière se diffuse comme une onde.
Huygens rejette, l'idée de Newton, d''' action à distance '' formulée pour décrire la gravitation.
Et, Isaac Newton (1642-1727) démontre que la force qui fait tomber au sol une pomme est la même qui maintient la Lune en orbite autour de la Terre. Il confirme l'intuition de Galilée.
Les lois de Newton présupposent un temps absolu '' vrai et mathématique '' et un espace absolu, '' sans relations aux choses externes ''...
Reste une question : Comment un corps peut-il agir à distance ? L'idée de fonder la physique sur des ''actions à distance '', c'est la rendre inintelligible, pour l'opinion de beaucoup. Newton affirme l'action continue de Dieu.
Émilie du Châtelet, maîtresse de Voltaire, traduit '' Principia Mathematica '' de Newton. Le ''Principes Mathématiques'' ne paraîtra qu'en 1759, dix ans après la mort d’Émilie, 72 ans après l'édition anglaise.
Voltaire (1694-1778) rédige avec humour les '' Lettres anglaises '' ( ou ''Lettres philosophiques''), qui seront condamnées à leur sortie en France (1734) :
« Un français qui arrive à Londres trouve les choses bien changées en philosophie comme dans tout le reste. Il a laissé le monde plein, il le trouve vide.
À Paris on voit l’univers composé de tourbillons de matière subtile ; à Londres on ne voit rien de cela.
Chez nous, c’est la pression de la Lune qui cause le flux de la mer ; chez les anglais, c’est la mer qui gravite vers la Lune, de façon que, quand vous croyez que la Lune devrait nous donner marée haute, ces messieurs croient qu’on doit avoir marée basse… »
« Chez vos cartésiens tout se fait par une impulsion qu’on ne comprend guère, chez M. Newton c’est par une attraction dont on ne connaît pas mieux la cause ; à Paris vous vous figurez la Terre faite comme un melon, à Londres, elle est aplatie des deux côtés…
La lumière pour un cartésien existe dans l’air ; pour un newtonien, elle vient du Soleil en six minutes et demie. »
L'anglais Michael Faraday, ouvrier relieur, autodidacte puis assistant d'un chimiste travaille la loi de gravitation de Newton. Il revient sur cette idée de force agissant à distance et instantanément, et elle lui apparaît comme incompréhensible et inacceptable...
Nous sommes autour de 1830, et Faraday s'affranchit des idées de son temps et pense un milieu continu, quand les savants voient des structures ponctuelles.
Il propose le concept de '' champ '', qui rend compte d'une modification de l'espace par un corps, et qui est ressenti par un autre corps sous la forme d'une force.
Ainsi, un champ permet de caractériser un phénomène par une grandeur définie en chaque point de l'espace.
Le Monde d'hier, avant la guerre. 4. H. Poincaré – B. Russell
Lancelot a commencé à aller à l'école. Il est élève au Petit Lycée Janson de Sailly. Il s'ennuie d'apprendre des listes de sous-préfectures. Il est externe et en l'absence de sa mère la vieille Françoise s'occupe certainement de lui avec diligence...
Régnier ne trouve plus semble t-il sa place au Mercure de France... Il collabore désormais régulièrement à la Revue des Deux mondes et surtout à la Revue de Paris ; anciennes elles défendent des valeurs traditionnelles, et rétribuent mieux...
En 1911, a lieu le premier de la série des ''congrès Solvay de physique''; depuis, sept ont été tenus, avant la Seconde Guerre mondiale. Ces congrès virent les plus grands physiciens du début du XXe siècle débattre sur la toute récente mécanique quantique.
La première conférence, sous la houlette de Hendrik Lorentz, qui eut pour thème « La Théorie de la radiation et des quanta », eut lieu du 30 octobre au 3 novembre 1911 à l'hôtel Métropole à Bruxelles. A ce premier congrès Solvay de physique, en 1911; on y voit: assis: Marie Curie et Henri Poincaré; et en particulier debout: Max Planck, Maurice de Broglie, Ernest Rutherford, Albert Einstein, Paul Langevin....etc
Pour Poincaré la recherche de la Vérité est l'unique but de la science. Il distingue cependant la vérité morale de la vérité scientifique; et l'une ne peut influencer l'autre ( cf: affaire Dreyfus...)
Mais, pour Poincaré, nous l'avons vu, il n’existe pas de réalité tout à fait indépendante de l’esprit ( la polémique autour du pendule...). Les théories forgées pour comprendre le monde sont en constante évolution, toujours empreintes du passé...
Jean-Baptiste de Vassy, découvrit les travaux de Bertrand Russell grâce à Poincaré, et en particulier grâce au débat dans lequel ils sont engagés sur la nature du raisonnement mathématique
Dans la ligne des idées de Kant, Poincaré, affirme le caractère synthétique et intuitif du raisonnement mathématique. La conception logiciste de Russell, l'agace...
Le raisonnement mathématique ne pourrait-il être qu'une succession d’étapes de même nature que celles du raisonnement logique...?
La science est à la fois rigoureuse et créative... D'accord... Si, elle est créative, elle n'est donc pas entièrement déductive et pas complètement rigoureuse … ! ?
Poincaré interroge : Le raisonnement mathématique n'est pas que déductif, et pourtant il est rigoureux... ? Et, oui... par exemple: le raisonnement par récurrence, fondé sur le principe d’induction. Selon ce raisonnement, « on établit d’abord un théorème pour n = 1 ; on montre ensuite que s’il est vrai de n – 1, il est vrai de n et on en conclut qu’il est vrai pour tous les nombres entiers. ». Poincaré, 1902
Poincaré reproche, notamment à Russell et Whitehead, et à leur '' logistique '' d’entraver le travail du mathématicien; leur ''rigueur'' serait stérilisante... Pour Poincaré la rigueur logistique qui décompose une démonstration en une succession de déductions logiques, ne donne pas de compréhension d’ensemble de cette démonstration. Et, ce manque de compréhension constitue un manque de...? et bien, précisément, de rigueur selon Poincaré...
Poincaré, défend un type d'intuition, qui permet « non seulement de démontrer, mais encore d’inventer », comme peut le faire le raisonnement par récurrence ( qui ne nécessite pas d'être justifié par des principes logiques ...)...
Malgré, son admiration pour Poincaré; J.B. sent bien chez beaucoup de jeunes mathématiciens une crise des fondements des mathématiques... Comme en philosophie, on reste dans son raisonnement sur des formules vagues, du type: «il existe», «on peut trouver», «il n'existe pas»... Et finalement, on relève de plus en plus – même en mathématiques - des paradoxes qui mettent en évidence le manque de rigueur...
Ainsi, parler avec Euclide de point, de droite, de plan, de cercle, etc, comme des objets naturels , ne leur donne pas pour autant une définition scientifique et mathématique...
Comme un jeu, les mathématiques nécessite des Règles ( et, on prend conscience qu'on pourrait en choisir d'autres...)
Ainsi, Russel introduit quelques paradoxes et démontre quelques premiers théorèmes d'apparence paradoxale. Par exemple, c'est Russell (1902) qui a démontré qu'il n'existe pas un ensemble de tous les ensembles....
Pour Poincaré, définir les objets géométriques à partir des phénomènes physiques ne présente pas d’intérêt. D’après certains commentateurs, l’influence que le point de vue conventionnaliste exerçait sur les mathématiciens était considérable, et on suppose même que le conventionnalisme de Poincaré lui aurait coûté la découverte de la théorie de la relativité générale...
Henri Poincaré considère l'axiome des parallèles comme une convention, qui ne peut être dite « vraie » ou « fausse ». Parmi toutes les conventions possibles, le choix est guidé par le critère de simplicité et par l'expérience des phénomènes physiques. "Si la géométrie était une science expérimentale, elle ne serait pas une science exacte [et] serait dès aujourd’hui convaincue d’erreur . . . » et il décide que la question de la géométrie de l’espace n’a « aucun sens ».
Pour Russell, nous percevons les corps comme constitués de parties plus ou moins contiguës, la matière est organisée, par la perception, en un ordre spatial qui diffère à coup sûr de certains ordres possibles . Ces choix nous sont imposés par l’expérience et ne peuvent selon Russell être conventionnels. Dans sa réponse, Poincaré voit dans l’utilisation par Russell du mot perception l’origine de leur désaccord.
Jean-Baptiste de Vassy, rêve de rencontre Russell et propose à Anne-Laure de l'accompagner en Angleterre....
La terre tourne t-elle ? -2/2-
Après l'affaire Dreyfus, une autre affaire nourrit la controverse entre catholiques et laïques... L’abbé Loisy (1857-1940), théologien exégète de l’Église, a publié en 1902 un ouvrage intitulé L’Évangile et l’Église dans lequel son approche historique et philologique des textes de la Bible remet en cause un certain nombre de dogmes de l’Église. La condamnation de cet ouvrage par décret du Saint Office en décembre 1903 suscite l’émotion; l’anathème envenime le débat, qui se transforme vite en une opposition entre l’Église et la science.
Dans Le Matin du 28 décembre 1903, un entrefilet intitulé Propos d’un Parisien, rédigé par le journaliste d’opinion Henri Harduin, reprend la polémique sur la rotation de la Terre et la porte dans un champ idéologique que Poincaré n’envisageait pas. Il utilise la condamnation de Loisy pour mettre en lumière l’immobilisme de l’Église, opposé à la perpétuelle et saine remise en question de la science par elle-même...
Édouard Drumont, fondateur du journal politique antisémite, La Libre Parole, du 9 janvier 1904, répond à Harduin en retournant l'objection, au risque de trahir les propos de Poincaré:
« Des journalistes en quête d’un thème pour une chronique, comme notre confrère Harduin, qui a pris la tâche d’amuser les lecteurs du Matin, ne perdent pas cette occasion de faire solennellement la leçon à l’Église ; ils sortent immédiatement Galilée : “ Vous voyez, s’écrie M. Harduin, quel contraste entre la science et l’Église ! L’Église condamne Galilée ; la science dès qu’un fait nouveau lui est démontré, s’incline et reconnaît ses erreurs passées. ”
L’argument aurait quelque valeur si la science était arrivée à une certitude quelconque, alors qu’en réalité, elle en est toujours aux conjectures et aux hypothèses. Il n’est pas démontré du tout que la Terre tourne, comme le prétendait Galilée, et qu’elle ne soit pas le centre du système planétaire. M. Harduin, qui n’est pas plus savant que moi, affirme imperturbablement que la terre tourne ; mais M. Poincaré, qui est, à l’heure actuelle, le premier des géomètres physiciens français et qui est probablement plus instruit que M. Harduin et que moi, n’a nullement ce ton affirmatif qui est celui des demi-ignorants. »
A noter que l'on mélange ici : la rotation diurne de la Terre autour de son axe, la révolution annuelle autour du Soleil, le pendule de Foucault, le procès de Galilée...
Un journaliste du Figaro reprend la question devenue populaire, dans un article publié le 2 février 1904 et intitulé Tournons-nous ?:
« C’est un problème qui n’a peut-être pas beaucoup d’actualité; mais enfin nous voudrions bien savoir à quoi nous en tenir. »
André Beaunier la reprend dans le Journal des débats politiques et littéraires du 23 mars 1904. Le lendemain, le chroniqueur scientifique François Peudefer signe un long article intitulé La Terre tourne-t-elle? dans lequel il rappelle au grand public toutes les preuves tangibles de la rotation diurne de la Terre tout en faisant l’historique de la polémique. Une semaine plus tard, Le Petit Parisien propose sous le même titre un article de Jean Frollo dans lequel Poincaré se trouve de nouveau impliqué.
Poincaré rédige, alors, une lettre ouverte adressée à Flammarion intitulée La Terre tourne-t-elle ?, publiée dans le Bulletin de la Société astronomique de France de mai 1904 et reproduite dans le journal Le Matin du 7 mai 1904 :
« Je commence à être un peu agacé de tout le bruit qu’une partie de la presse fait autour de quelques phrases tirées d’un de mes ouvrages – et des opinions ridicules qu’elle me prête. Les articles auxquels ces phrases sont empruntées ont paru dans une revue de métaphysique [...]. Je parlais le langage de la métaphysique moderne. Dans le même langage, on dit couramment “Les deux phrases le monde extérieur existe, et il est commode de supposer que monde extérieur existe, n’ont, qu’un seul et même sens. ”
La rotation de la Terre est donc certaine, précisément dans la même mesure que l’existence des objets extérieurs. Je pense qu’il y a là de quoi rassurer ceux qui auraient pu être effrayés par un langage inaccoutumé. Quant aux conséquences qu’on a voulu en tirer, il est inutile de montrer combien elles sont absurdes. Ce que j’ai dit ne saurait justifier les persécutions exercées contre Galilée, d’abord parce qu’on ne doit jamais persécuter même l’erreur, ensuite parce que même au point de vue métaphysique, il n’est pas faux que la Terre tourne, de sorte que Galilée n’a pu commettre d’erreur.
Cela ne voudrait pas dire non plus qu’on peut enseigner impunément que la Terre ne tourne pas, quand cela ne serait que parce que la croyance à cette rotation est un instrument aussi indispensable à celui qui veut penser savamment, que l’est le chemin de fer, par exemple, à celui qui veut voyager vite.
Quant aux preuves de cette rotation, elles sont trop connues pour que j’insiste. Si la Terre ne tournait pas sur elle-même, il faudrait admettre que les étoiles décrivent, en 24 heures, une circonférence immense, que la lumière mettrait des siècles à parcourir. »
La polémique va poursuivre Poincaré jusqu’à la fin de sa vie, en particulier lorsqu’il est élu à l’Académie française en 1908.
Un évêque à la une du journal Le Matin du 20 février 1908, écrit une virulente attaque contre les philosophes et les scientifiques...
La Revue Illustrée du 5 avril 1908 consacre quant à elle un long dossier à Poincaré pour marquer son élection à l’Académie. Il est en partie composé d’extraits d’une interview qu’il y accorde au journaliste et dans laquelle il rassure encore une fois le public profane : la Terre tourne !
Enfin, dans l’ouvrage Ce que disent les choses, qui rassemble des textes publiés en 1910 dans une revue pour enfants, Poincaré revient sur le mouvement des planètes et des étoiles, et la rotation de la Terre. Une phrase y rappelle ses réflexions : « Un seul des mouvements apparents est réel, la Lune tourne réellement autour de la Terre ; c’est elle en effet qui est la plus petite. »
Cette affaire de savoir si oui ou non, la terre tourne... illustre l'effervescence intellectuelle qui règne aussi bien du côté de l'Eglise, que du côté des sciences...
Il y a, la condamnation du modernisme par Pie X, avec le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi, date de 1907 ; et par ailleurs la remise en cause d'un positivisme étroit, qui avait dominé jusqu’alors...
Henri Poincaré, en particulier ouvre un débat qui va renouveler notre vision de la science et qui va se concrétiser à travers des avancées scientifiques majeures, d’Heisenberg à Einstein, de la physique quantique à la théorie de la relativité...
Henri Poincaré, mathématicien et philosophe.
Il est vrai que le ''tout Paris'' connaît mieux Caroline Otero que Marie Curie, ou Boni de Castellane que Henri Poincaré... Cependant un grand siècle scientifique se met en place...
La France et le pays de Descartes ( on vient de fêter en 1896 le tricentenaire de la naissance de Descartes) , la raison est déterminante et chacun a foi en une vérité absolue ... Pourtant des penseurs et savants questionnent la connaissance en soi... Poincaré proclame que la géométrie d'Euclide n'est la plus vraie que parce que, elle est la plus commode... Le positivisme est mis à mal, alors que la science ouvre des portes: la théorie atomique, la radioactivité ...etc
N'oublions pas - parmi ceux qui réagissent au positivisme scientiste - la mouvance symboliste et décadentiste, la mode de l’occultisme, l’attrait pour le spiritisme et, d’une manière générale, le renouveau du spiritualisme dont Bergson reste le principal représentant au tournant du siècle.
Comme de nombreux parisiens cultivés, Anne-Laure de Sallembier se presse devant le Collège de France, pour entrer dans la salle n°8 et écouter notamment Bergson; ou courre les conférences données par Henri Poincaré ( ainsi, celle donnée à ''Foi et Vie'' sur '' La morale et la science''...
Poincaré ne publiait pas lui-même ses cours à la Sorbonne et ses conférences... Ses étudiants ou ses collaborateurs ( comme JBV) s'en chargeaient.
Sans-doute est-ce le goût de l'érudition, de la Quête, qui ont réunit Anne-Laure et Jean-Baptiste; en particulier ce sur quoi - de la littérature à la science, en passant par la philosophie - la Connaissance s'enrichit chaque jour au point de nous faire penser que nous pouvons peut-être accéder à la Vérité...
Ce siècle nouveau leur permettra t-il de conclure la Quête du Graal ...?
Henri Poincaré (1854-1912), est un personnage qui passerait facilement inaperçu... Il est petit, myope. Enfant, il voit mal au tableau et développe une mémoire auditive. Il se souvient de ses cours, sans prendre de notes. Il dessine mal, mais possède une vision spatiale, qu'il développe en géométrie... Il peut effectuer toute une suite de calculs mentalement, et les coucher sur papier en rentrant chez lui... Après avoir compris, il écrit vite, très vite au point de commettre des erreurs...
Il aime lire, et écrire... Il s'essaie sur un roman, et des pièces de théâtre...
Henri Poincaré souffre d'insomnies, et de troubles de l'attention. Il ne pratique pas le sport. Il n'est pas liant et peu enclin aux confidences. Il se soumet aux règles de vie par désintérêt, et provoque ainsi des fautes par distraction....
Depuis l'âge de 18ans, il se considère agnostique et se méfie de l'institution catholique, de ses positions anti-intellectuelles, et son influence sur la vie sociale... Il professe le droit à '' la libre pensée''. Il est républicain, et pour la propriété individuelle. Il est pour que les femmes se libèrent de l'influence cléricale et acquièrent tous les droits civiques ...
Dreyfusard, il critique les méthodes d'analyse du bordereau qui semble accuser Dreyfus...
En ce début de siècle, Henri Poincaré est considéré comme l'un des derniers savants ''universels''; que l'on questionne sur des domaines qui s’étendent des mathématiques à la physique aussi bien que de l’astronomie à la philosophie. Il œuvre, toute sa carrière durant, à la vulgarisation de ses résultats et des grands travaux de la science.
Pour Poincaré, une formation littéraire ( avec pratique du thème et de la version latine...) est mieux formée pour suivre les subtilités du raisonnement mathématique que le bachelier scientifique... Pour lui Science et philosophie ne s'opposent pas; la philosophie étant le cadre réflexif de diverses activités.
La recherche de la vérité est au coeur de l'activité humaine.
« Vouloir faire tenir la nature dans la science, ce serait vouloir faire entrer le tout dans la partie »; la science ne peut pas nous faire connaître "la véritable nature des choses", mais "les véritables rapports des choses"
La science nous fait connaître quelque chose de la réalité : « les rapports entre les choses ; en dehors de ces rapports il n’y a pas de réalité connaissable »
Poincaré parle de ''relativité"... Relativité, parce que si, un système est connu par l'observation du scientifique, cette observation donne lieu à un modèle, qui n'est qu'une convention... Les principes de la mécanique, les axiomes géométriques... sont des conventions... La science ne dit pas le ''vrai'', elle dit ce qui est commode pour notre raison...
Ce modèle est rationnel, et interdépendant de celui qui l'observe et d'autres systèmes ... Tout est interdépendant, et non pas soumis au hasard...
Anne-Laure extrapole les propos de Poincaré, sur la philosophie, et sur la religion... Les dogmes ne sont que des conventions...
« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. » (Extrait de La Science et l’hypothèse, 1908)
Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 2
Comment appréhender le ''continu'' que nous offre la nature; jusqu'à en voir l'unité...? S'agit-il du même continu en mathématique ( une multiplicité d'éléments en nombre infini ) ...?
Si l’on admet que les phénomènes naturels peuvent être représentés par des nombres et par conséquent par des fonctions mathématiques, on peut édicter des règles du calcul infinitésimal et les appliquer à ces fonctions... Dans le calcul différentiel, on appelle dx une très petite variation donnée à la variable x en plus ou en moins. On peut la prendre aussi petite que l’on veut...
Le calcul différentiel, n'est pas une abstraction sans objet: sans le calcul différentiel, il n'y aurait pas de satellite en orbite, pas de théorie économique et les statistiques seraient complètement différente de ce qu'elles sont. Là où se produit du changement, on trouve du calcul différentiel...
Cauchy donne une définition de la continuité (uniforme sur un intervalle) ; « La fonction f(x) restera continue par rapport à x […] si un accroissement infiniment petit de la variable produit toujours un accroissement infiniment petit de la fonction elle-même ».
Cauchy, fait du concept de limite un concept algébrique, permettant de donner une base rigoureuse au calcul différentiel et intégral. Il est le premier, grâce à cette approche algébrique, à faire une étude rigoureuse des conditions de convergence et de divergence des séries et à donner une définition rigoureuse de l’intégrale. Il montre comment modifier la définition des intégrales définies lorsque la fonction à intégrer devient discontinue sur l’intervalle d’intégration ou si l’intervalle d’intégration s’étend à l’infini.
Le calcul intégral se trouve apparaître comme le problème inverse du calcul des dérivées grâce au théorème fondamental reliant intégrales et primitives.
La dérivation des fonctions permet la détermination des tangentes. La tangente étant la position limite d’une sécante à la courbe entre deux points de plus en plus proches.
Cauchy donne une définition de l’intégrale comme limite des sommes (dites de Cauchy), qui correspondent aux rectangles situés sous la courbe et qui approchent celle-ci en limite. À l’aide de cette limite de sommes, habilement calculées de plusieurs manières (sommes arithmétiques, géométriques), il retrouve les fonctions primitives d’un certain nombre de fonctions.
Cette appréhension toute abstraite, et pourtant si proche des objets naturels; nous interroge sur la Réalité... Comment les objets virtuels développés par notre intelligence, sont en parfaite harmonie avec ce qui arrange l'univers...? La raison ( développée par notre cerveau) est-elle inscrite dans la nature?
La méthode expérimentale et scientifique établit des liens entre notre intelligence et la marche du Monde... Expérimenter, raisonner permet-il de découvrir la finalité des choses...?
Les mathématiques vont aussi étudier la place du hasard, mis en évidence seulement si se croisent des séries causales indépendantes... Le hasard ne serait donc pas seulement le reflet de notre ignorance, et la contingence ferait partie de l’ordre naturel...?
Cournot est persuadé que la contingence fait partie de la constitution du réel. ( la contingence désigne le fait qu’une chose soit de manière non nécessaire, autrement dit que cette chose existe alors qu’elle aurait pu ne pas exister. )
Cette question interroge également l'Histoire... Une dose d’imprévisible ne fait-il pas partie du destin des individus et des nations..? L’événement si important de la Révolution Française, interroge tous ceux qui à cette époque commence à se passionner pour l'Histoire ...
Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 1
Charles-Louis de Chateauneuf hésitait entre les mathématiques, la religion et l'amour des femmes ...
Pourquoi – en 1833 - un jeune homme peut-il se passionner pour les mathématiques, alors qu'il est également attiré par l’irrationnel de la religion, et l'amour des femmes … ?
Charles-Louis est un enfant de ce siècle. Face à la mort demain, il y a la passion aujourd'hui. Si on exalte la sensibilité, l'imaginaire ; on reste dans un paysage réaliste : la nature, le corps, la beauté.
« le poète ne doit avoir qu'un seul modèle, la nature ; qu'un guide, la vérité » écrit Victor Hugo, en 1828, Préface de ''Odes et Ballades''.
« Il n’y a d’ailleurs aucune incompatibilité entre l’exact et le poétique. Le nombre est dans l’art comme dans la science. » V. Hugo
Le professeur de Charles-Louis, au collège royal de Limoges –-M. Gouré - l'avait initié au calcul différentiel ; en lui assurant que l'un de ses ''maîtres'' qu’était le professeur Augustin Cauchy (1789-1857), s'il était initié aux "Mathématiques transcendantes"...
Ce ''calcul différentiel '' - inventé par Newton et Leibnitz à la fin du XVII ème siècle - avait su fasciner l'imagination du jeune étudiant... Ce calcul correspondait alors à l’étude des dérivées, des tangentes aux courbes et des infiniment petits...
Son professeur avait excité sa curiosité avec des paradoxes comme ceux de Zénon:
- le héros Achille qui logiquement ne peut dépasser à la course, la tortue: car il devra avant tout atteindre le point de départ de cette dernière.
Si l’espace est continu, on peut diviser chaque grandeur en deux, indéfiniment. Un point de vue atomiste considère que l'atome ( ou l'instant...) est indivisible... ces deux hypothèses restent paradoxales ...
L'erreur, ici est d'affirmer que la somme d’une infinité d’événements de plus en plus brefs tend vers l’infini, c’est-à-dire qu’Achille n’arrive jamais (temps infini) à rattraper la tortue.
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- la flèche: à chaque instant, la flèche se trouve à une position précise. Dans cet instant, la flèche n'a pas le temps de se déplacer elle reste immobile. Aux instants suivants, elle va rester immobile pour la même raison. Si le temps est une succession d'instants et que chaque instant est un moment où le temps est arrêté, le temps ne s'écoule donc pas. La flèche est donc toujours immobile à chaque instant et ne peut pas se déplacer. Considérant le temps comme une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible.
Qu'est-ce donc que le temps? Si le temps est une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible. S'il n’y a pas de temps entre deux instants consécutifs, alors la flèche devrait rester immobile ...!
A suivre ...
1832- Charles-Louis de Chateauneuf à Paris
Charles-Louis de Chateauneuf, bien que reconnu par son père ''adoptif'' qu'il a peu connu, a grandi sans la protection de parents aimants ... Cependant, il va être reçu dans une famille, qui a des liens avec ses propres aïeux : Charles de la Pomélie, propriétaire d'un château en Limousin et d'un hôtel particulier à Paris, va accepter d'héberger le jeune bachelier quand il décide de suivre son ami Elie Berthet, déjà établi dans la capitale et sensé faire son droit...
Charles-Louis, lui, a accepté le contrat proposé par le conseil de famille à Limoges : études à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique, selon les conseils de son professeur du Collège Royal…
Nous sommes fin de l'année 1832...
Charles-Louis de Chateauneuf vient de vivre - cet été 1832 - une série d’aventures à la suite des partisans de la Duchesse de Berry; et il est bien décidé à réussir '' quelque-chose '' en montant à Paris...
Ce ''quelque-chose'' n'est pas défini dans le désir de Charles-Louis... Une fidélité aux ''trois blancheurs'' : ''l'Hostie, le Pape et Marie'' et un contact avec un 'recruteur ' pour le juvénat jésuite, le questionnaient sur une vocation ecclésiastique …
La découverte de la Poésie, et sa manifestation romantique, son attrait pour la présence des belles femmes l’incitaient à se donner corps et âme à la Beauté ;
À l’âge de 15 ans, Victor Hugo est nommé chevalier du Lys grâce à l’intervention de sa mère. Ce titre honorifique lui est décerné par Louis XVIII.
En 1820, Victor Hugo rédige deux odes très remarquées : la Mort du duc de Berry, assassiné par un homme qui voue une haine aux Bourbons, et la Naissance du duc de Bordeaux, héritier du précédent, celui que l’on appelle l’« enfant du miracle », le futur comte de Chambord.
Et enfin la raison de ses proches lui proposait de réfléchir à une situation stable et bourgeoise, tout en se consacrant à son goût des mathématiques … Cette raison là, pour des raisons très pratiques alliée à la joie de vivre à Paris et sous la protection de la famille si joviale des La Pomélie, a rejoint la sienne.
Charles de la Pomélie, sa femme et ses deux enfants, viennent précisément de faire rénover un hôtel particulier dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, non loin de la rue de la Tour-des-Dames à Paris... En effet, la famille de la Pomélie, s'amuse à citer leurs voisins, les plus proches serait la comédienne mademoiselle Mars (1779-1847) qui a joué dans le fameux Hernani ( de V. Hugo) en 1830, tout près se trouve l'atelier du peintre Ary Scheffer (1795-1858) – n'oubliez pas - quand même - pas qu'il est le professeur de dessin de la princesse Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe, elle-même artiste et sculptrice de talent... ! Et encore, l'atelier de Félicie de Fauveau - à présent contrainte à l'exil - était voisin de celui du peintre Ary Scheffer… Également, la mère de Félicie tient un salon influent rue de La Rochefoucauld au cœur, donc de ce foyer artistique de la Nouvelle Athènes...
Autre actrice, Marie Dorval (1798-1849) qui loge rue Saint-Lazare, est la maîtresse d'Alfred de Vigny ; et aussi une amie passionnée de George Sand... La grande poétesse Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) vit rue La Bruyère, avec son amant Henri de Latouche (1785-1851)... ? Vous savez bien … c'est lui qui a embauché George Sand au Figaro.
Nous sommes en 1832... Quelles sont les ''nouvelles'' … ?:
Louis-Philippe a fait mater un insurrection républicaine : 800 morts ou blessés entre émeutiers et police. Une épidémie par le choléra débute le 18 août1832 et se termine le 2 octobre de la même année. En 1832, la population de Paris est de 785 862 habitants, le choléra coûte à la capitale de la France, en tout 18 402 victimes, et plus de 100.000 en France
Chopin est à Paris, il joue aux salons Pleyel, et Aurore Dudevant publie, sous le pseudonyme de George Sand, le roman "Indiana" ; elle s'installe au 19, quai Malaquais à Paris, dans la "mansarde bleue"...
Le 31 mai, l'étudiant et génie en mathématiques Evariste Galois meurt, suite à un duel.
Le 21 sept 1832, Walter Scott meurt, à Abbotsford ( Ecosse)
Le 7 novembre, la duchesse du Berry, est arrêtée à Nantes.
En 1833 :
Liszt donne un concert chez la marquise Le Vayer à Paris. Adèle Hugo entame en 1830 une relation amoureuse avec Sainte-Beuve, ami de Victor, et Juliette Drouet devient la maîtresse de Victor Hugo. George Sand rompt avec Sandeau ; puis rencontre Alfred Musset...
Charles-Louis de Chateauneuf, n'était pas sur Paris, pour fréquenter la jeunesse dissipée et artiste. Il avait pris l'engagement - tenu au moins deux ans … - de préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique... Ses proches, lui ont donné les moyens de faire cette préparation au mieux :
Charles-Louis est externe à l'institution Mayer - près du Val-de-Grâce - qui travaille en collaboration avec des professeurs des classes préparatoires de lycée. Elle envoie ses élèves au collège Louis-le-Grand. L’enseignement dans l'institution complète celui de la classe de lycée. Son travail consiste à répéter et à approfondir le cours magistral, sous forme de conférences et de classes intérieures régulières. Cette préparation peut durer trois ans ...
Charles-Louis peut ainsi répéter et approfondir le cours magistral donné au lycée et subir très régulièrement des interrogations orales, véritables répétitions de l'épreuve d'admission...
Le programme porte, presque exclusivement, sur les mathématiques.
L’épreuve dédoublée est essentiellement orale : il faut savoir répondre au tableau, tenir face à l’examinateur, ne pas s’affoler, connaître les questions de cours, plus encore, mener un calcul et traiter un problème.
A Louis-le-Grand, c'est Louis Richard (1795-1849) qui tient la classe de mathématiques spéciales... Louis Richard est connu aujourd’hui pour avoir éveillé et soutenu un autre jeune homme de cette époque : Evariste Galois (1811-1832)...
La classe de Richard, réputée, peut avoir jusqu'à une centaine d'élèves ; disons alors entre 80 et 90 élèves pour un enseignement magistral … S’il y a un bruit... c’est que le professeur a commis une légère erreur de calcul...
Les classes, ont lieu tous les matins de huit heures à dix heures, sauf le jeudi et le dimanche.
A suivre...