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6 août 1945 – La Bombe atomique
Depuis 1939, les découvreurs de la fission nucléaire sont en lice, pour le Nobel. Ainsi, le Nobel de chimie ( 1944) est décerné à Otto Hahn ( mais sans Lise Meitner...!) en novembre 1945. En effet, Otto Hahn identifie que sous l'action des neutrons, le noyau de l'uranium est capable de se scinder en plusieurs fragments, et Lise Meitner comprend et explique le processus physique en jeu, et notamment l’origine de l’énergie libérée lors d’une fission.
Ce prix Nobel venait d'être illustré quelques semaines précédemment par une nouvelle qui frappent de stupeur Anne-Laure de Sallembier, Lancelot et Geneviève. Cette bombe atomique a pris réalité ce 6 août 1945 à Hiroshima ; elle a rasé à 70% cette ville de 310.000 habitants.
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Parmi les premières réactions, nous remarquons, la considération portée à '' la bombe '' comme une application scientifique majeure...
Dans un article de France-Soir du 10 août, le scientifique Louis de Broglie ( prix Nobel) écrit : « Pour la première fois, l'homme a su utiliser au gré de sa volonté une part des énormes réserves d'énergie qui sommeillent au cœur des atomes. ( … ) Une grande étape se trouve ainsi franchie et rien n'empêche d'envisager que, dans un avenir plus ou moins prochain, les hommes ne puissent se servir à leur guise des immenses quantités d'énergie que la matière recèle. Les durs temps que nous vivons font que la première application de cette puissance nouvelle sert à l'augmentation des moyens de destruction, mais on peut espérer qu'une fois maître des énergies intra-atomiques l'homme saura en faire des applications plus bienfaisantes. ( … )
Tout nous fait présager qu'une ère nouvelle va s'ouvrir : l'ère de l'utilisation des énergies atomiques. »
Le 18 décembre 1945, Frédéric Joliot-Curie, devenu le nouveau directeur du CNRS et bientôt Haut-Commissaire au Commissariat à l’énergie atomique, exprime devant l’Académie nationale de Médecine, sa foi en la science, malgré l’horreur :
« Hélas ! C’est par le fracas de l’explosion de Hiroshima que cette nouvelle conquête de la science nous fut révélée. En dépit de cette apparition terrifiante, je suis convaincu que cette conquête apportera aux hommes plus de bien que de mal.»
Et, le journal Le Monde, rajoute, le 20 décembre 1945 :« Que le monde fasse confiance aux physiciens, l’ère atomique commence seulement. »
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Dans '' France-Soir'' du 4 novembre 45, Albert Einstein s'inquiète du ''pouvoir destructeur de la guerre" ; il considère la bombe atomique comme un danger pour l’humanité, aussi Einstein fait une proposition révolutionnaire: « Je ne crois pas que le secret de la bombe doive être donné à l'Organisation des Nations Unies. Je ne crois pas qu'il doive être donné à l'Union soviétique. (…) Le secret de la bombe doit être confié à un '' gouvernement du monde''(…). Un tel gouvernement doit être fondé par les Etats-Unis, l'Union soviétique et la Grande-Bretagne, les seules trois grandes puissances disposant d'une grande force militaire. ».
Einstein ne pense pas que l'ONU puisse être efficace. De plus, il ajoute que : « on doit en finir avec ce concept de non-intervention » , ce doit même, être « une des conditions de la sauvegarde de la paix ».
« Dois-je craindre la tyrannie d'un gouvernement du monde? Évidemment. Mais je crains encore davantage l'éclatement d'une ou de plusieurs nouvelles guerres », écrit-il dans France-Soir.
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Albert Camus, dans son éditorial du 08 août 1945, réagit dans Combat : « le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes, que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. »
L'opération Epsilon, que Lancelot a suivi pour le gouvernement français, s'est conclue en Angleterre, dans un manoir de la campagne anglaise, Farm Hall, lieu de séjour des 10 physiciens nucléaires allemands soupçonnés d’être impliqués dans un programme d’armes atomiques nazi – dont Werner Heisenberg, Max von Laue, Otto Hahn et Carl Friedrich von Weizsäcker. Les conversations des ''invités'' ont été secrètement enregistrées. Le 6 août 1945, ils ont du mal à accepter la nouvelle. Otto Hahn culpabilise, Heisenberg n'imaginait pas que les américains puissent être si avancés; il s'enferme dans sa chambre, comment ont-ils fait ?
La Relativité d'Einstein.
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Le 17 août 1944, au micro de Radio-Paris, un speaker allemand annonce la victoire finale de l'Allemagne grâce à une arme secrète. L'après-midi, Radio-Paris cesse ses émissions.
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Chacun craint qu'une nouvelle arme redoutable ne sonne la fin du conflit.
Lancelot retrouve un ancien numéro de '' Science et Vie '' qui date de juin-juillet 1922. A l'intérieur un long article intitulé '' Les théories d'Einstein et leurs vérifications expérimentales ''. Cette revue était publiée à l'occasion de la visite d'Einstein au Collège de France du 28 mars au 10 avril 1922.
Surprise ! L'article est signé Léon Brillouin, que Lancelot avait rencontré à Vichy, quand il s'occupait de radio... ( c'est ici : 1940 – Vichy. 4 - Les légendes du Graal (over-blog.net)
Léon Brillouin est physicien et professeur au Collège de France, sa thèse et son intérêt se porte sur la mécanique quantique. A l'occasion de la visite d'Einstein, les salons de la capitales causent ''Relativité'' et chacun a bien du mal à comprendre ce dont il s'agit.
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Dans son rôle de vulgarisateur, Brillouin précise la question du référentiel. Il est impossible de définir une position ou un mouvement par rapport à un espace vide. Un référentiel est un objet A qui sert de référence. Un même objet B peut être à la fois immobile par rapport à un référentiel et en mouvement par rapport à un autre. Le référentiel est dit dit galiléen, si l'objet B est soit immobile, soit en mouvement de translation rectiligne uniforme par rapport à ce référentiel.
La question du Temps :
La trajectoire d'un objet en mouvement est donc différente selon le référentiel. ( ex : trajectoire d'une balle dans un train...). Einstein étend ce résultat aux phénomènes lumineux – avec le postulat de l'invariance de la vitesse de la lumière -
Newton (1687) définit un temps absolu qui est le même en tout point de l'Univers et indifférent au mouvement. En ''Relativité '' (1905) , le temps n'est plus absolu, il est relatif. Chaque objet a son temps propre, et deux objets après avoir synchronisé leur horloge, et après un mouvement peuvent présenter un décalage... !
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Einstein remplace l'hypothèse du temps absolu, par l'invariance de la vitesse de la lumière.
Le temps est relatif en ce sens qu'il est mesuré différemment par des observateurs en mouvement les uns par rapport aux autres, ou se situant dans des régions de l'univers où la concentration de masses est différente. Et, ce n'est pas seulement la notion de temps qui est revue de manière fondamentale par les théories relativistes, mais aussi la notion d'espace.
Le taux d'écoulement du temps dépend de la vitesse et de l’accélération à un instant T. Cela signifie que le taux auquel le temps s’écoule diminue à mesure que la vitesse augmente.
Ces différences de temps sont évidemment imperceptibles et négligeables dans la vie quotidienne mais prennent une grande importance lorsque la vitesse de l'observateur s'approche de celle de la lumière. Pour donner un ordre d'idée, en voyageant à 50% de la vitesse de la lumière, le temps se dilate d'un facteur 1,15. Il faut atteindre 86% de la vitesse de la lumière pour dilater le temps par 2, et 99,9% pour le dilater par 20. À l'extrême, à la vitesse de la lumière, le temps est infini.
L'espace et le temps absolus et uniformes de Newton n'ont plus de sens. Il faut parler d'un espace-temps dont la perception dépend de la vitesse.
La gravitation et la Relativité générale (1915) : en quelques mots...
Quand toute sorte d'objets '' chutent '' dans le vide, ensemble, ils semblent être en apesanteur : et leur accélération semble annuler la cause : la gravitation : ( c'est ce qui se passe avec les astronautes en ''apesanteur '' autour de la terre ; ils tombent bien, mais autour de la terre et non sur la terre).
On peut parler de principe d'équivalence, entre l'accélération et la gravitation.
Si la vitesse ralentit le temps, alors l'accélération et donc la gravité ralentissent aussi le temps. Einstein montre ainsi que le champ de gravité, que la matière engendre, retarde le cours du temps de celui qui s'y trouve par rapport à celui qui ne s'y trouve pas. Le temps s'écoule donc relativement plus lentement en bas de la tour Eiffel qu'au sommet (parce qu'en haut la gravité est plus faible, puisqu'on est plus loin de la Terre). Au sommet, la montre avance d'une microseconde par an.
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Avec Einstein, nous en concluons qu'il n'est pas nécessaire de penser la gravité comme une force agissant à distance (comme Newton le présumait).
Utilisons l'analogie suivante : une masse courbe l'espace-temps comme une boule de plomb qui serait posée sur un filet de trampoline. Dans ce cas, si on lance une bille de façon rectiligne, elle va être "attirée" par la boule de plomb et va tourner autour d'elle. La gravité n'est qu'une conséquence de la courbure le l'espace-temps. De la même façon, si la Terre attire la Lune, c'est parce qu'elle déforme l'espace dans lequel elle est plongée. En fait la trajectoire de la Lune n'est pas une ellipse mais une ligne droite dans un espace courbé par la présence de la Terre.
Einstein révolutionne la Physique
Je rappelle que Frédéric Joliot et sa femme, Irène Curie ont mis en évidence avec d'autres ( allemands en particulier) la fission de l'uranium (1939) , c'est-à-dire l'éclatement du noyau de l'atome sous l'impact d'un neutron, avec un dégagement d'énergie considérable. Ils sont allés jusqu'à constater un phénomène qui déclenche une réaction en chaîne et, par là, la production d'énergie atomique. Pour ralentir cette réaction en chaîne, Joliot opte pour l'eau lourde.
En août 1943, Jean Bichelonne, secrétaire d'état, a invité Joliot « à reprendre immédiatement ses études sur la désintégration atomique, notamment par la recherche de la concentration de l'uranium 238 dans l'uranium naturel. » et des expériences « relatives à la production en chaînes explosives de l'uranium en vue de la construction de centrales thermiques. »
Lancelot apprend par le milieu scientifique, la réussite d'un sabotage norvégien, qui a eu lieu le 28 février 1943, dans une usine allemande en Norvège, qui fabrique l'eau lourde, nécessaire pour concevoir une bombe nucléaire avec de l'uranium non enrichi.
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« Le bombardier stratosphérique voit les villes ''grosses comme l'ongle'' » c'est le titre d'un article d'une revue, qui explique la peur lors de tels bombardements. Dans la nuit du 21 avril 1944, 2000 bombes sont déversées sur Paris ; il y aurait plus de 600 morts. Le 26 avril, Pétain est à Paris, la première fois depuis juin 40, Une foule l’acclame et chante la Marseillaise ! ( interdite ). Le Petit Parisien du 27 avril 1944 titre : « Le Maréchal acclamé par le peuple de Paris » Lancelot s'interroge et se demande s'il ne s'agit pas de l'expression de la peur de la guerre totale... Et si les allemands répondaient par la guerre atomique ?
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Avant de parler de la ''bombe atomique'', revenons à nos fondamentaux :
Einstein avait lu les philosophes, et s'en inspirait. Ainsi de David Hume ( Le traité de la nature humaine, 1740), l'homme est conditionné par ses perceptions, et prévient « corrélation n'est pas causalité ». Hume déclare superflu le concept de substance ; et avec Kant, Einstein retient l'intelligibilité du monde, et donc la nécessité de poser un cadre logique et la possibilité d'en changer. Tout en sachant que nous n’accéderons jamais à la ''chose en soi ''.
Pendant ses études, en marge de l'enseignement, il parcourt la thermodynamique ( macroscopique), la théorie cinématique des gaz ( microscopique), il se confronte aux contradictions de l'éther qui avec le concepts de champ présente une répartition continue de l'énergie électromagnétique ; alors que l'on se représente l'électricité de façon discontinue ( particules). Passant du macroscopique au microscopique, il rêve de réconcilier : électromagnétisme, thermodynamique, atomisme...
Ajoutons, c'est important, que si le mot ''relativité '' a été introduit par Poincaré, les idées correspondantes à la relativité restreinte étaient dans l'air du temps... N'oublions pas Hendrik Lorentz, qui supposait un éther immobile, milieu dans lequel se propage les ondes lumineuses.
Lorentz suppose un champ électromagnétique de l'éther, dans lequel les actions se propagent au plus à la vitesse de la lumière.
Pour de grandes vitesses, passant d'un référentiel à un autre, les vitesses ne s'additionnent pas ; aussi Lorentz introduit des équations ( transformations de Lorentz) qui considèrent une contraction des longueurs et une dilatation du temps lors du mouvement, dans le cadre d'un espace et d'un temps absolus... Il s'agirait donc de contraction ou de dilatation réelles...
Einstein élimine l'éther, et les notions de référentiel ou horloge absolu, et considère les différences de longueur comme des effets de perspective dans un espace-temps en quatre dimensions, et non des contractions réelles.
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- En 1903, Einstein rejette la réalité de l'éther, et pose le principe de constance de la vitesse de la lumière, indépendamment du mouvement de sa source.
- Il ose : pourquoi ne pas donner au rayonnement, comme à la matière une structure discontinue ?
- En 1925, en observant le mouvement aléatoire des molécules en suspension (mouvement brownien), il contribue à fournir la preuve de l'existence physique des atomes.
- Il met en évidence la dualité onde-corpuscule de la lumière en 1909. Il introduit une nouvelle particule, le photon, un grain qui transporte de l'énergie par quanta et permet de découvrir l'effet photoélectrique.
Einstein reprenait un rapport de Max Planck, en attente depuis 1900, qui présentait l'action ( l'énergie : le produit de la force par le temps) non pas d'une façon continue, mais en grains. L'énergie de chaque grain est égale au produit de la fréquence de la lumière par la constante h de Planck.
Einstein s’intéresse à l'infiniment grand et à l'infiniment petit et rêve de faire la jonction. Mais, ce qui est en haut ne semble pas être comme ce qui est en bas ; pourtant l'univers est unique.
En ces années ''40'', la plus récente tentative d'unifier les lois de l'univers serait la '' mécanique ondulatoire '' publiée en 1924 par Louis de Broglie.
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Lancelot se souvient d'une discussion qu'il a avait eu en Angleterre avec Alastair Denniston, un spécialiste de la cryptographie et un passionné de romans d'anticipation. Il avait évoqué un livre de H. G. Wells, ''The World Set Free '' qui avait été inspiré par les travaux de Soddy, le radio-chimiste anglais( Nobel en 1921) qu'il connaissait et lui avait expliqué comment l'uranium peut se désintégrer en radium, et les propriétés des isotopes. Soddy avait également toute une théorie sur une '' économie écologique '' basée sur les lois de la thermodynamique. Transdisciplinaire, cette théorie se veut être un guide des acteurs économiques pour préserver nos ressources en conciliant progrès social et gestion énergétique. Le rôle de l'Etat y est déterminant, régulateur de l'équilibre et le seul capable d'une vision à moyen et long terme.
Dans le livre de Wells (publié en 1914), sont annoncés la bombe atomique, la guerre atomique, la révolution énergétique ; et finalement un monde libéré. C'était 26 ans avant le projet Manhattan. Dans un premier temps Wells décrit comment l’énergie bon marché accélère le progrès technique de manière prodigieuse. Mais, les inégalités se creusent ; la société de consommation atteint son apogée et la fracture sociale aboutit à une désespérance généralisée.
L’humanité décrite par H.G. Wells est assoiffée de progrès, affamée d’énergie, surexploite ses ressources ; elle voit dans l’atome une source d’énergie infinie… Et un énorme potentiel militaire.
Wells évoque des relents de populisme, de nationalisme et de racisme, mais aussi de fondamentalisme religieux, autant d’obstacles à l’essor du monde vers une société plus égalitaire. Dans sa vision utopique d’un monde futur, l’individualisme cède la place au collectivisme. Il imagine aussi que la création d'un état mondial pourrait seul permettre de réguler l'utilisation de l'arme atomique.
La Lumière : onde ou corpuscules ?
Lancelot et Geneviève trouvent cet équilibre de liberté et d'intimité qui passe par des regards et des mots ; une recherche de sens similaire; et aussi par le même désir de faire corps ensemble. Ils forment un couple.
Malheureusement, très vite, survient l'obstacle de ''l'occupant'' : Geneviève est enceinte. Le fait qu'il se pourrait que ce soit par les oeuvres de l'officier allemand, horrifie Geneviève.
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Fin 1943, on peut voir un film de H. G. Clouzot ''Le Corbeau'' ; difficile de rester dans cette ambiance sombre, qui avec la lâcheté de ses lettres anonymes, nous maintient dans le pire du quotidien de l'occupation. Le diable n'est pas qu'étranger ; nous avons en nous nos démons. Nous ne savons qui est ange ou bête... Ce film joue sur le ''clair-obscur'' ; ainsi cette ampoule qui bascule entre les Dr Vorzet et Germain, entre l'ombre et la lumière.
Avec Einstein, la ''science nouvelle'' sera qualifiée de juive, et stigmatisée, en particulier par le physicien Philipp Lenard, comme une « physique juive » abstraite et coupée de la réalité.
Philipp Lenard (1862-1947) présentait en 1936, les enjeux de la physique allemande, ou aryenne : le travail scientifique s'accomplit « en communion étroite avec les conditions naturelles » et les données expérimentales doivent être décrites et exposées « sur le socle ferme de la physique classique. ». En sont exclues, les théories de la relativité et des quanta. Les concepts fondamentaux, reposent sur les concepts de Force, d'Energie, d'Ether, et sur le modèle mécanique de l'atome. Elle va perdre l'essentiel de son crédit après la découverte de la radioactivité artificielle et la fission effective du noyau.
Cependant, Philipp Lenard, conseiller auprès du Ministre de la Science et de l'Éducation et à la Formation du peuple, Bernhard Rust, surveille la conformité de l'Université allemande à l’idéologie
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Sous le troisième Reich, l'institut de mathématiques de Göttingen est démantelé. Hitler aurait dit : « le nazisme, c'est la biologie appliquée. », la science étant au service de la race aryenne. La mission des scientifiques est de découvrir les lois véritables de la nature, et d'en découler les lois de l'Histoire.
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En sciences physiques, il n'est peut-être pas si étonnant, s'il nous faut revenir à la ''Lumière '', née de cette Origine primordiale, de laquelle les particules des éléments chimiques se sont séparés, puis se sont regroupés en millions de galaxies.
La question de savoir de quoi est faite la Lumière, est posée dès l'époque de Newton. En 1802, l'expérience de Thomas Young répond à la question : la lumière est une onde ; le spectre électromagnétique est gradué en longueurs d'onde...
Après que l'on ait fait le lien entre l'électricité et le magnétisme ; J.C. Maxwell élabore une série d'équations différentielles qui servent à expliquer le comportement des champs électromagnétiques.
Quelle est la différence entre une onde et un champ électromagnétique ?
Une onde est une vibration du champ.... Peut-être un exemple qui permet de comparer un champ avec les ondes qu’il transmet est celui du téléphone à boite de conserve.
Vous pouvez tendre plus ou moins la ficelle entre les boites de conserve, ce qui correspond au champ sans ondes. Mais quand vous parlez dans la boite, le fond vibre et change la tension dans la ficelle. Ceci crée une onde qui se propage dans la ficelle. Cette onde correspond à des variations dans le temps de la tension sur la ficelle.
Dans le cas des ondes électromagnétiques, la situation est un peu plus compliquée, car dans ces ondes il y a deux champs qui varient : le champ électrique et le champ magnétique. Ils sont indissociables.
Maxwell ( 1864) calcule la vitesse de la lumière et déduit qu'elle est une onde électromagnétique ( à deux composantes électrique et magnétique, perpendiculaires et en phase). Hertz en 1884, va conforter cette théorie en produisant une nouvelle forme d'onde électromagnétique : à basse fréquence et grande longueur d'onde, - à même vitesse de propagation – l'onde radio.
En 1905, Einstein dans une publication, expose l'idée que la lumière, c'est à dire le champ électromagnétique, ne serait pas un flux continu comme on le pensait. Elle serait composée de paquets indivisibles de quantas, de photons, et d'autre part ces paquets auraient une énergie proportionnelle à leur fréquence ; plus la fréquence est élevée, plus l'énergie véhiculée individuellement par chaque paquet est grande.
Attention.... Einstein, n'a pas eu cette ''révélation'' sans avoir été préparé... Revenons en arrière, de quelques années :
Les corps chauffés émettent des rayonnements caloriques et lumineux... L'énergie rayonnée, est variables suivant la longueur d'onde du rayonnement.
Max Planck (1858-1947) à l'idée que cet échange pourrait se faire sous forme de paquets d'énergie, de quanta.... ( un quantum = h ).
En 1900, Planck propose l’idée que les différentes longueurs d’ondes émises par un atome sont toutes des multiples entiers d’une certaine quantité d’énergie minimale indivisible. Cette quantité d’énergie, le « quantum d’énergie », fut décrite par Planck comme une constante fondamentale. Le quantum d'énergie est une interaction entre la lumière et la matière. C'est un échange entre un photon et un atome.
La relation qui en découle est E= ''h''×ν, où : E est l’énergie de la particule ; ν (« nu ») est sa fréquence ; la constante '' h '': vaut 6,626 070 15 × 10⁻³⁴ joule seconde (J.s) - elle sera nommée ''constante de Planck - .
Le photon est une particule, de charge et de masse, nulle. Le quantum est la quantité d'énergie transportée par le photon, sa valeur est donc h×ν.. Lorsque l’énergie de la lumière est divisée en quanta discrets, on dit qu’elle est quantifiée.
Qu'est-ce que la ''quantification de l'énergie lumineuse'' ?
L'expérience montre que l’énergie de la lumière ne peut pas être absorbée par les électrons en continu. Cela se produit pour une lumière de fréquence élevée, mais pas pour une lumière de fréquence faible, l’énergie de la lumière doit être apportée à la surface métallique sous forme de « paquets » discrets, et la quantité d’énergie doit être liée à la fréquence de la lumière. Ces « paquets » d’énergie sont appelés des photons. Les photons sont des particules de lumière. On a donc établi que l’effet photoélectrique doit être décrit en utilisant un modèle de particules de lumière, plutôt qu’un modèle d’onde.
On dit '' discrets'' pour signifier ils sont comme des points séparés et ne peuvent constituer un continuum qu’à une certaine échelle, en apparence... Ainsi, une grandeur physique est quantifiée si l’ensemble de ses valeurs caractéristiques forme un spectre discontinu de valeurs discrètes.
Ce résultat pose une grande question : la réalité serait-elle continue ou discrète ? Discrète comme les nombres entiers, des 'bits' d'ordinateurs... ou continue, là il n'y aurait pas d'éléments irréductibles, comme les nombres réels ( une infinité de chiffres après la virgule.). Ou s'agit-il plutôt de notre choix dans une vision : soit analytique, réductionniste... soit globale, holistique ?
Einstein comprend l'importance de cette constante... Mais, pour lui, la quantification de l'énergie ne pouvait pas être réduite aux échanges d'énergie entre les systèmes physiques. C'est la nature même du rayonnement qui devait être modifiée pour devenir granulaire.
C'est ainsi qu'en 1905 Einstein émet l'hypothèse que la lumière est composée de corpuscules, appelées photon. Il montre que la lumière est à la fois corpusculaire et ondulatoire.
La Relativité avant Einstein
En août 1942, les allemands ont obtenu de Darlan, la dissolution des BMA ; ceci alors que nos services pourchassaient les espions allemands en zone libre. L'un d'eux avaient même été exécuté le 19 juin 1942.
A Vichy, le gouvernement Laval, s'engage dans une collaboration qui ne peut servir nos intérêts. Après les appels à '' la Relève '' consistant en l'échange de travailleurs volontaires français en Allemagne, contre la libération de nos prisonniers ; on annonce le STO, qui rendrait ce travail obligatoire... !
A Paris, l'atmosphère est lourde. Les SS s'imposent comme les maîtres ; ils arrêtent ; les gens disparaissent...
Autour des universités, des refuges sont organisés dans les greniers des labos pour de jeunes chercheurs ou étudiants réfractaires au STO. On construit un émetteur de 300 watts, et un centre de réception couvrant entièrement le spectre hertzien de transmission est caché dans un coffre de ventilation au laboratoire de chimie nucléaire. Le labo des Arts et Métiers accueille une imprimerie de faux-papiers. La nuit on fabrique des postes pour l'écoute radio. '' L'université libre '' est diffusée en 2000 ou 3000 exemplaires, et informe des arrestations, condamne la complicité du doyen Montel et du recteur Gidel.
De tout ceci, bien sûr, rien n'est dit à personne ; encore moins à Geneviève T. qui prend à cœur le rôle qu'elle se donne de garde-malade. Lancelot ne s'en plaint pas ; il s'interroge peut-être sur la complicité qui transparaît entre sa mère et la jeune femme.... Anne-Laure emmène la jeune femme avec elle, lors de soirées mondaines, parfois également fréquentées par des officiers allemands.
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Continuons nos travaux sur la Physique, avec Newton - dans la continuité de Galilée ( Newton naît l'année de la mort de Galilée : 1642) :
Pour avoir un déplacement, un mouvement, - faut-il une force ?
- Non … ! Une bille lancée, et sans frottement, peut avancer sans force : c'est un mouvement rectiligne uniforme ( M.R.U.)...
* Encore... Si je fais rouler un ballon et que soudain, je le lâche.... la vitesse du ballon est maintenue même après l'avoir lâché... C'est la loi d'inertie ( 1ère loi de Newton)
Si je suis dans un train, et que je laisse tomber une pomme.... Tombe t-elle plus loin vers l'arrière, puisque le train avance... ? Non... !
La pomme tombe tout droit. La pomme conserve la vitesse qu'elle avait, avant que je ne la laisse tomber, elle continue d'avancer.
Il se passe la même chose que, si j'étais sur terre. On peut très bien estimer, dans le train, que je suis au repos et que c'est la terre qui recule. Dans le ''référentiel terre'', il se passe la même chose que dans le ''référentiel train'' ...
A ce propos, n'oublions pas que selon Aristote, la Terre ne pouvait pas être en rotation ; parce que si l’on laisse tomber un objet d’une tour, alors il ne tomberait pas au pied de la tour.
Galilée va donc réfuter cet argument. Etre immobile est équivalent à être en mouvement rectiligne uniforme (M.R.U.).
* Attention, c'est sans compter sur d'autres forces :
Si j'envoie en l'air, ou mieux, si un canon envoie en l'air un boulet... Que va t-il faire ? Il va continuer sa course vers le haut, puis il va venir s'écraser au sol, selon une courbe...
Il s'agit là de l'effet conjugué de deux forces sur un même objet :
Revenons à la gravitation :
En effet, il y a équivalence entre '' force gravitationnelle '' et '' force d'inertie '' ( ce que l'on voit avec l'expérience du train très rapide, qui démarre, en accélération donc, dans lequel l'objet est plaqué contre la paroi, ou le conducteur sur son siège...)
Le principe d'inertie.
Le train - qui avance en M.R.U - pour s'arrêter et rejoindre le référentiel (terre) doit freiner, ceci grâce à l'action d'une force. Cette force est nécessaire pour vaincre l'inertie du train ; et modifier sa vitesse.
A présent, re-voyons le démarrage d'un train ( très très rapide) ; il allume ses moteurs : il va quitter le référentiel terre pour rejoindre le référentiel en mouvement. La force modifie la vitesse, ou engendre l'accélération ( f =m.a)
Restons dans le référentiel (inertiel) du train :
La balle ( qui n'est pas fixée) posée au sol, reste attachée au référentiel terre, et ne bougera qu'à partir du moment où elle cognera dans la paroi du fond, et sera amenée avec le train. La force d'inertie plaque la balle contre la paroi... L'accélération cause une force d'inertie qui la tient sur la paroi.
Cette équivalence entre force gravitationnelle et force d'inertie, suggérée par Einstein en 1907 est le point de départ de sa théorie de la relativité...
En quelques mots : dans le référentiel de la fusée, la balle ''tombe '' vers la paroi, ou plus exactement la balle est fixe, et la paroi avance vers la balle...
Pour la gravitation, la balle tombe vers la terre, et ce serait comme si, la surface de la terre avançait avec une accélération g... !
Finalement...
Pour Albert Einstein ( 1879-1955 ), la force de gravitation de Newton est une illusion. Avec sa théorie de la Relativité Générale, il présente une explication des effets de la gravitation qui ne fait appel à aucune force, mais serait la manifestation de la courbure de l'espace-temps...
Si avec Newton, nous étions restés à l'idée d'absolu, comme l'éternité du mouvement des astres, Einstein annonce un monde difficile à comprendre : exemple, pour Camille Flammarion, comme le note la comtesse de Sallembier qui l'a bien connu : pour lui il était '' difficile de remettre en cause, Descartes, Newton ; il ne comprenait pas la Relativité, et ne voulait pas la comprendre '':
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« La raison en est bien simple - disait-il - l’essence des choses nous est inconnue. Tout notre savoir n’est qu’une interprétation des phénomènes. L’absolu nous reste secret. Nos sens terrestres ne nous laissent apercevoir que des apparences.
Qu’est-ce que la gravitation universelle décrite par Newton ? Qu’est-ce que la lumière ? La théorie classique actuellement enseignée admet que l’espace est rempli par l’éther et que la lumière est un mouvement ondulatoire dans l’éther, comparable aux ondulations qui se produisent dans une pièce d’eau dans laquelle on a jeté une pierre. Les longueurs d’ondes sont même mesurées. Newton pensait, au contraire, que la lumière représente une émission de particules lancées du Soleil et des étoiles, et la première question de son Optique est : « Les corps agissent-ils sur la lumière à distance et font-ils dévier ses rayons ? »
Ce sont là deux théories opposées, qui peuvent être soutenues toutes les deux, et la pression de la lumière solaire sur les comètes qui produit les queues cométaires, toujours opposées au Soleil, ainsi que d’autres observations, sont en faveur de l’idée newtonienne. Or, il se trouve aujourd’hui qu’un physicien suisse déjà célèbre par sa théorie fort discutée de la relativité, M. Albert Einstein, présente une théorie nouvelle qui diffère sensiblement des deux précédentes.
D’abord pour ce philosophe, l’espace n’est pas absolu, mais « relatif » et, qui plus est, relié au temps. Le temps devient une quatrième dimension de l’espace. »
(…) « J’avoue, pour ma part, que je ne la comprends pas. Il me semble que malgré l’opinion d’Einstein, l’espace et le temps ne se tiennent pas à ce degré là. L’espace peut exister sans le temps. Il est absolu et sans bornes imaginables. Lors même qu’il n’y aurait aucun corps céleste, ni Terre, ni Soleil, ni planètes, ni aucun astre, il y aurait encore de l’espace, attendu que le vide serait même un endroit où l’on pourrait imaginer que quelque chose fût placé ; tandis que le temps est essentiellement relatif, étant un produit du mouvement des astres. Si la Terre ne tournait pas, si aucun astre ne se mouvait, s’il n’y avait aucune succession de phénomènes, il n’y aurait pas de temps. Dans l’espace absolu, le temps n’existe pas. L’espace existe par lui-même ; le temps est créé par le mouvement ». Camille Flammarion ( Article paru dans la revue « L’Astronomie », vol.34, 1920 )
Newton avait réussit la synthèse de la terre ( la gravitation) et du ciel ( Copernic). C'est ce besoin d'universel, qui nous a fait rationnels tout en répondant à notre exigence d'un inconditionné.
Lancelot se remémore également l'enseignement de Paul Painlevé (1863-1933) - mathématicien, homme politique et ministre de la Guerre ( 1925-1929), et grand ami d'Anne-Laure de Sallembier. - qui tentait de repérer les caractères communs aux deux théories ( Newton et Einstein). Il se souvient aussi des débats contradictoires lors de la visite d'Einstein, début avril 1922 à Paris. Painlevé était séduit par l'audace de la théorie de la Relativité, mais il n'était pas prêt à remettre en cause l'édifice de la mécanique classique.
1928 Davos - 3 - Albert Einstein et Paul Tillich
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Paul Tillich (1886-1965), pasteur allemand, enseigne à Dresde, la science de la religion. Pour lui, la foi est le fait d'être saisi par une préoccupation ultime ; et celle-ci lui paraît présente dans la culture, science y compris...
A Davos, Tillich est très sollicité, entouré d'étudiants et de collègues. Son ancien professeur, Fritz Medicus, présent, assure qu'il est le philosophe de l'avenir...
Einstein et Tillich partagent la même conception du religieux : pour le premier, un homme qui a trouvé une réponse à la question du sens de la vie, est un homme religieux, et Paul Tillich écrit : « Être religieux signifie s’interroger passionnément sur le sens de notre vie et être ouvert aux réponses, même si elles nous ébranlent en profondeur . »
Lancelot découvre Paul Tillich, et considère comme un signe que celui-ci évoque ces ''questeurs de vérité '' que sont le jeune Werther, ou les héros des romans du Saint-Graal... Le Quester est à la recherche du Graal - c'est-à-dire ce qu'il y a de plus élevé: connaissance, sagesse, foi … Il est habité de ''Préoccupations ultimes''.
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Tillich constate que la principale source de désaccord entre la religion et la science se trouve dans ce concept de Dieu personnel. Einstein décrit la loi de causalité comme s'appliquant à tous les événements physiques, il est inconcevable pour lui qu'une « Volonté Divine existe en tant que cause indépendante d'événements".
Cependant Einstein exprime son émerveillement devant la « grandeur de la raison incarnée dans l'existence », il ne remarque pas alors, que la théologie moderne appelle cela une « expérience du numineux » c'est à dire la sensation que l’on est en présence de quelque chose au-delà de la compréhension ou du contrôle . En attaquant la conception du Dieu personnel, Einstein se rebelle contre un mélange ancien et dépassé d'éléments mythologiques et rationnels ; aussi Tillich considère qu' « aucune critique de cette idée déformée de Dieu ne peut être opérante.»
Einstein n'a pas remarqué, ajoute Tillich, que '' Dieu'' est un symbole, que le prédicat ''Personnel'' ne peut être dit du Divin « que symboliquement ou par analogie, et qu'il s'affirme et s'annule en même temps. »
Ce symbole de Dieu est nécessaire à l’existence de l’homme: « Car, comme le dit le philosophe Schelling:" Seule une personne peut guérir une personne. « raison pour laquelle le symbole du Dieu personnel est indispensable à la religion vivante. C'est un symbole, pas un objet ».
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Pour Tillich - Le symbole religieux rend compte de la tendance au concret dans la conception religieuse et l’expérience de Dieu... Dans l’expérience de la préoccupation ultime, il y a toujours un contenu plus ou moins concret et en fait les symboles religieux s’identifient à ce nouveau concret.
Il y a plus. La suspicion de Tillich se porte également sur le concept de relativité. qui semble éliminer « tout point de référence absolu ». Ce qui est certain, dit-il, c'est que la théorie de la relativité a révélé plus clairement qu'il ne l'était auparavant l'existence de l'infini... Pour Tillich, la théorie, revêt la nature d'un mystère plus profond encore...
Einstein relève le malentendu : il parle de ''relativité'' d'une procédure qui définit une quantité physique ( longueur, temps d'une horloge...), et d'invariance pour la vitesse de la lumière ...etc
Si la Relativité ne considère plus l'espace et le temps, comme des données absolues, mais comme dépendant de la mesure faite par l'homme, comme si le temps et l'espace ''naissent'' de la mesure... alors les thèses de Bergson, par exemple, sont caduques.
Plus généralement, dans un mouvement d'idées tel que le ''relativisme'', on observe que toute connaissance y est considérée comme relative au sujet connaissant... On y dénonce les illusions de l'absolu ; ou du moins on ne prétend pas s'exprimer sur le ''Pourquoi'' des choses...
Beaucoup de jeunes gens et jeunes filles fréquentent ces cours ; l'ambiance est à l'étude, à la controverse ( les ''Diskussionsabend'') et à l'amusement plus ou moins officiel.
Diverses soirées musicales sont organisées pour soutenir l’événement, comme le concert de Maria Philipi déjà évoqué, ou le récital de la soprano autrichienne Emmy Heim lors de la quatrième semaine...
Le moment musical le plus couru est sans nul doute le concert donné par le professeur – et violoniste ! – Albert Einstein, au profit des '' Cours universitaires''.
Les journées se terminent tard ; Lancelot et Elaine ne se quittent pas de la journée ; et c'est une véritable complicité qui s'établit entre les deux. Sagement, le soir, l'un et l'autre regagnent leur chambre respective. Devant l'une ou l'autre porte la discussion souvent continue, puis Elaine avoue sa fatigue et chacun se retire seulCarl Schmitt lors d’un discours, en 1930.
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Une conférence, celle du philosophe et juriste allemand Carl Schmitt de Bonn, a été l'occasion de discussions passionnées et très actuelles... sachant, que - il n'y a aucun doute - le philosophe est un ardent admirateur du fascisme italien : Benito Mussolini, à la tête du parti national fasciste et après sa marche sur Rome, est devenu premier ministre en 1922...
En Allemagne, Hitler chef du parti NSDAP, lors du congrès de Nuremberg de 1927, exalte la communauté du peuple uni sous la direction du chef.
Carl Schmitt va parler de politique, et même de théologie politique.
Sa première grande idée: - Tous les concepts de la théorie moderne de l’État sont « des concepts théologiques sécularisés ». L'Etat moderne tend « d’imiter les décrets immuables de la divinité ». L'Etat est une création récente, c'est « l'instrument qui a permis aux monarchies européennes, à partir du XVIe siècle, de mettre fin aux guerres privées et d'établir la tranquillité, la sécurité et l'ordre dans les limites de leurs territoires. »
La pensée de Carl Schmitt se construit sur une critique du libéralisme et de la démocratie libérale... Il évoque une démocratie d'acclamation ce qui suppose une homogénéité raciale du peuple, et un lien fort entre le leader et son peuple. L'affaire du politique, c'est l'unité politique du peuple. Et un peuple – en opposition à une foule hétérogène – se définit par son identité.
Les débats provoqués par la conférence vont préciser certains points qui émanent de la pensée de Carl Schmitt.
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Le fascisme rénove le nationalisme parce que c’est un mouvement qui se présente comme révolutionnaire et moderniste. Le fascisme comporte une dimension sociale et veut imposer un État fort, fondé sur des méthodes nouvelles de gouvernement... Schmitt prétend que le fascisme ouvre sur une démocratie fondée sur l'alliance ''mystique'' entre un chef et un peuple. Il s'agit d'une ''démocratie de masse''. Il dénonce une décadence économique, sociale et morale de la bourgeoisie capitaliste. La politique, comme la religion, implique des mythes, qui sont moteur de l'action.
- La démocratie ne repose t-elle pas sur un socle de valeurs comme les droits fondamentaux de la personne, et sur le droit avec la séparation des pouvoirs ...?
- Précisément, non! Ces conceptions libérales sapent le principe de souveraineté et neutralise la puissance de l'Etat. L'unité nationale doit s'imposer contre le pluralisme des intérêts économiques.
« Seul un État faible est le serviteur capitaliste de la propriété privée. Tout État fort […] montre sa puissance véritable non contre les faibles, mais vis-à-vis des puissants au plan social et économique. […] C’est pourquoi les employeurs et plus particulièrement les industriels ne peuvent jamais complètement faire confiance à un État fasciste et doivent présumer qu’un jour il se transformera finalement en un État des travailleurs avec une économie planifiée. »
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- Qu'en est-il de la sphère privée de la personne?
- En tant que religion politique, le fascisme s’ingère dans l’économie, dans l’art, la morale, etc. Il subordonne entièrement le privé au public. " Tout est politique''!
Carl Schmitt prévoit que l'Etat de droit bourgeois ( une fausse démocratie ) disparaisse ... Par la monarchie? Le monarchisme des royalistes lui semble naïf . Et, le parlementarisme est dépassé... La véritable représentation du peuple ne peut se faire qu'avec un leader, acclamé ( démocratie directe).
Quelques intellectuels, présents, n'hésitent pas à exprimer leur préoccupation devant ces thèses, même si elles semblent assez populaires. Ainsi, Victor Basch (1863-1944) exprime les fondements humanistes pour une défense de Droits de l'Homme. Il relève également l'antisémitisme et le racisme en oeuvre dans les théories fascistes...
1928 Davos - 2 - Albert Einstein et Paul Tillich
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Une photo relate un de ces moments précieux, auquel ont assisté Lancelot et Elaine et qui permit de passionnants échanges entre Albert Einstein et Paul Tillich.
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La conférence inaugurale d'Einstein portait sur « Les concepts fondamentaux de la physique en son développement » ; Tillich a donné deux conférences, l'une sur « Religion et culture» et l'autre sur « Le savoir religieux ».
Einstein, réside à Berlin, il rassure son auditoire, il n'usera pas de formules mathématiques ''compliquées'' .
Un préalable...: « Les concepts physiques sont de libres créations de l’esprit humain et ne sont pas comme il semble, seulement déterminés par le monde extérieur » ( L’évolution des idées en physique )
« C'est la pensée, ce sont les idées qui sont à l’origine de toute théorie physique »... Les mathématiques ont un caractère de certitude absolue... simplement par le fait que l'on s'accorde « sur les propositions fondamentales (axiomes) ainsi que sur les méthodes à suivre pour déduire de ces propositions fondamentales d’autres propositions »
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« Ici surgit une énigme qui, de tout temps, a fortement troublé les chercheurs. Comment est-il possible que les mathématiques, qui sont issues de la pensée humaine indépendamment de toute expérience, s’appliquent si parfaitement aux objets de la réalité ? La raison humaine ne peut-elle donc, sans l’aide de l’expérience, par sa seule activité pensante, découvrir les propriétés des choses réelles ? »
« Nous constatons avec évidence combien sont dans l’erreur les théoriciens de la connaissance qui croient que la théorie vient par induction de l’expérience.[…] Il n’y a pas de méthode inductive qui puisse conduire aux concepts fondamentaux de la physique. Faute de comprendre ce fait, nombre de chercheurs au XIX siècles ont été victimes d’une erreur philosophique fondamentale. Ce fut probablement la raison pourquoi la théorie moléculaire et la théorie de Maxwell ne purent s’établir qu’à une date relativement tardive. »
Aujourd'hui, nous ne pouvons pas concevoir que toute la physique puisse être bâtie sur le concept de matière, comme le croyaient les physiciens au début du XIXe s.
Pour le moment nous acceptons deux concepts. Pouvons-nous considérer la matière et le champ comme deux réalités différentes et distinctes ? Une petite particule de matière étant donnée, nous pourrions nous figurer naïvement qu'il existe une surface définie de la particule au delà de laquelle elle cesse d'exister et où apparaît son champ de gravitation. Dans cette image, la région où les lois du champ sont valables est brusquement séparée de celle où se trouve la matière. Mais quels sont les critères physiques qui permettent de distinguer entre la matière et le champ ? Avant d'avoir connu la théorie de la relativité, nous aurions pu tenter de répondre à cette question : la matière a une masse tandis que le champ n'en a pas. Le champ représente de l'énergie, la matière représente de la masse. Mais nous savons déjà qu'une telle réponse est insuffisante quand on considère les connaissances ultérieurement acquises.
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La théorie de la relativité nous a appris que la matière représente d'immenses réserves d'énergie et que l'énergie représente de la matière. Nous ne pouvons pas ainsi distinguer qualitativement entre la matière et le champ, puisque la distinction entre la masse et l'énergie n'est pas d'ordre qualitatif. La plus grande partie de l'énergie est concentrée en matière, mais le champ qui entoure la particule représente également de l'énergie, bien qu'en quantité incomparablement plus petite. Nous pourrions par conséquent dire : la matière se trouve là où la concentration de l'énergie est grande et le champ là où la concentration de l'énergie est petite. Mais s'il en est ainsi, la différence entre la matière et le champ est plutôt d'ordre quantitatif que d'ordre qualitatif... Nous ne pouvons imaginer une surface définie, qui sépare nettement le champ et la matière...
Nos lois de structure, c'est-à-dire les lois de Maxwell et celles de la gravitation, ne sont pas valables pour de très grandes concentrations d'énergie ou, comme nous pourrions dire, pour les lieux où se trouvent les sources du champ. Mais ne pourrions-nous pas modifier légèrement nos équations, de façon qu'elles soient partout valables, même dans les régions où l'énergie est énormément concentrée ?... Ne pourrions-nous pas rejeter le concept de matière et construire une physique basée uniquement sur le champ ? La matière qui produit des impressions sur nos sens n'est réellement qu'une grande concentration d'énergie dans un espace relativement petit. Nous pourrions regarder la matière comme des régions dans l'espace où le champ est extrêmement intense. On pourrait de cette façon créer un arrière-plan philosophique nouveau... Notre problème ultime serait de modifier nos lois de champ de telle sorte qu'elles restent encore valables dans les régions où l'énergie est énormément concentrée. Mais nous n'avons pas jusqu'à présent réussi à exécuter ce programme... [Avant de le faire, il faut mieux connaître] comment les formes de matières sont construites... On aborde alors les idées nouvelles de la théorie des quanta... ». ( L'évolution des idées en physique, des premiers concepts aux théories de la relativité.)
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Einstein utilise l’idée des quantas de Planck, un concept pas toujours pris au sérieux à l’époque. Einstein montre qu’on peut les utiliser pour mieux comprendre certains aspects de la physique.
La relativité générale est fondée sur des concepts radicalement différents de ceux de la gravitation newtonienne. Elle énonce notamment que la gravitation n'est pas une force, mais la manifestation de la courbure de l'espace (en fait de l'espace-temps)...
Les lois régissant le mouvement des corps ont été pendant longtemps basées sur des « évidences » : le temps était « absolu », ou universel : il s’écoulait partout de la même manière.
Le temps, l’espace et le mouvement sont en fait des concepts plus subtils : le « tic-tac » d’une horloge n’est pas le même si on le mesure sur une horloge au repos ou en mouvement par rapport à l’observateur. Il en est de même pour le « mètre étalon », dont la longueur n’a pas la même valeur selon qu’il se déplace ou non par rapport à l’appareil de mesure. Nous savons aussi qu’il existe une vitesse limite, celle de la lumière, pour le mouvement de n’importe quel objet matériel. Enfin, la masse d’un corps peut varier et se transformer en énergie utilisable.
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Enfin Einstein, fait part de ce qui le préoccupe actuellement, du fait des conclusions de Bohr avec Heisenberg, qui affirment que dans le domaine atomique ( que nous qualifions aujourd'hui, de façon plus large, de quantique), on ne peut plus définir l'état initial selon les modalités de la physique classique. Le ''principe de Causalité'' ( Leibnitz) ( une cause → un effet ; donne le sens du temps …) est contredit. Sachant qu'en relativité restreinte, la vitesse de lumière est invariante, elle ne peut pas être dépassée et garantit le principe de causalité...
Précisément Einstein, insiste sur ce principe de causalité stricte, et qu'il est donc inutile d'aller chercher dans la chaîne des causalités « une volonté des esprits invisibles » : une croyance « digne de l'homme primitif ». Pour Einstein le concept d'un Dieu personnel est un vestige anthropomorphique des temps primitifs, d'une religion de la peur. Sa religiosité ne porte plutôt sur un sentiment spinoziste, un « sentiment d’émerveillement » face à la rationalité et à la beauté de l'univers.
Einstein pense pouvoir élaborer une théorie unique pour expliquer comment le monde s'organise à l'aide de lois élémentaires et universelles.