Humain
A l’école de Simone Weil, je dirais qu’ être humain ne suffit pas, notre devoir est d’accéder à notre Humanité.
Quant à la Foi, chemin d’Humanité, elle deviendrait suspecte dès lors qu’il y aurait trace d’une récompense …
A tel point que «La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une
purification.» [ Simone Weil ]
"Les religions qui ont conçu ce renoncement, cette distance volontaire, cet effacement volontaire de Dieu, son absence apparente et sa présence secrète ici-bas, ces
religions sont la religion vraie, la traduction en langages différents de la grande Révélation. Les religions qui présentent la divinité comme commandant partout où elle en a le pouvoir sont
fausses. Même si elles sont monothéistes, elles sont idolâtres" Simone Weil, on trouve cette formulation dans son écrit de 1942, Formes de l'amour implicite de Dieu, in
Oeuvres complètes, Paris, Gallimard, 2008, tome IV, "Écrits de Marseille", I, p. 291.
Dieu est .... dans les cieux.
Extrait de Laurence Freeman o.s.b., Jésus, le Maître intérieur, Paris, Albin Michel, 2002, p. 164-165.
Pour trouver Dieu, il faut donc perdre Dieu, du moins nos idées et images primitives de Dieu. Ce détachement sera douloureux, sur un plan individuel et pour la communauté dont nous faisons partie. La psyché subit une transformation à un niveau profond. Même un non-religieux sentira la douleur de perdre un Dieu rassurant et familier. Douleur mais aussi joie accompagnent la découverte du vivant mystère, car les idoles que nous devons abattre sont intimement mêlées à l’image que nous nous faisons de nous-mêmes.
Le sentiment de séparation de Dieu est nécessaire à l’individuation spirituelle, ce qui est particulièrement douloureux et troublant pour les personnes attachées à une religion. Le premier effluve du Royaume s’apparente moins à une découverte de Dieu qu’à une perte ou même à un rejet sacrilège du Dieu qu’elles reçurent d’abord avec confiance. Mais au-delà du vide atroce de l’absence, Dieu se rencontre dans la stupeur de la pure présence.
Lentement l’évidence s’impose que la perte de l’image est la condition sine qua non pour découvrir l’original. Perdre son chemin est la véritable manière de chercher Dieu. Cette vérité sur la vision de Dieu révèle une autre loi que nous n’avons peut-être même pas conscience de suivre : pour trouver notre vrai Soi nous devons perdre nos moi-ego. Pour approfondir une relation, nous devons lâcher le partenaire. Alors, l’absence se transforme imperceptiblement en mystère de la présence. Du moins, nous prenons conscience que l’absence de Dieu signale l’impossibilité pour nos capacités de compréhension d’appréhender la vraie présence de Dieu.
Selon Thomas d’Aquin, tout ce que nous pouvons dire de Dieu avec exactitude, c’est que Dieu est, mais non ce qu’il est. Dieu n’est donc pas sans lien avec le mystère que nous sommes pour nous-mêmes. S’il est vrai que Dieu reste toujours un mystère pour nous, il est vrai également que nous sommes un mystère pour nous-mêmes. Le mystère, finalement, est celui d’exister tout simplement, que toute chose existe. Cet émerveillement est une faculté humaine fondamentale et, selon Aristote, la clé de voûte de la philosophie. La merveille d’être humain est dépendante de la merveille du mysterium divin. Ce mystère de Dieu est l’affirmation biblique essentielle sur Dieu. Malgré la somme de pensées et de rituels qu’elle a accumulée, la théologie chrétienne repose sur la connaissable inconnaissabilité de Dieu.
« Si vous avez l’intelligence de ce que vous voulez dire, note saint Augustin, ce n’est pas Dieu ; si vous avez pu comprendre, vous avez compris autre chose que lui. Si vous croyez l’avoir compris, vous êtes le jouet de vos propres pensées. »
Cette humilité (et cet humour) radicale face à l’ineffable mystère de Dieu est le fondement de la tradition chrétienne. Or, du cœur de cette tradition émane une autorité qui libère. Ses maîtres, témoignant d’une sage inconnaissance, d’une humble et docte ignorance, indiquent le chemin conduisant au Royaume.
Rappelez-vous : Asseyez-vous. Restez immobile et le dos droit. Fermez doucement les yeux. Soyez détendu mais vigilant. En silence, intérieurement, commencez à dire un mot unique. Nous recommandons le verset de prière « Maranatha qui signifie « Viens, Seigneur » en araméen. Récitez-le en détachant chaque syllabe. Ecoutez-le tout en le disant, doucement, mais sans discontinuer. Ne retenez et n’entretenez aucune pensée, aucune image, spirituelle ou autre. Laissez passer les pensées et les images qui surgissent. Ramenez simplement votre attention – avec humilité et simplicité – sur la répétition intérieure de votre mot dans la foi, du début à la fin de votre méditation.
Rumi, “The Level of Words”, extrait de The Soul of Rumi: A New Collection of Ecstatic Poems, traduction anglaise de Coleman Barks, New York, Harper SanFrancisco, 1991, p. 77.
Le niveau des mots
Dieu a dit : « Les images liées au langage humain ne me correspondent pas,
Mais ceux qui aiment les mots doivent en user pour s’approcher. »
Souviens-toi simplement que c’est comme si tu disais du roi : « Il n’est pas un tisserand. » Est-ce vraiment une louange ? Quelle que soit cette déclaration, les mots se
situent à ce niveau-là de connaissance de Dieu.
Texte tiré de la newsletter de http://www.wccm.fr/ -> link
Dieu se révèle... partout
Michel Durand ( prêtre) est le maitre d’œuvre d’une exposition d’ « art actuel » sacré à Lyon. De son interview sur « La Vie », je reprends des extraits que, pour ma part, je transpose aux spiritualités non-chrétiennes…
« Quand je flashe devant une œuvre et que, grâce à elle, je plonge au fond de mes émotions, de mon âme et mon esprit, si j’y consens, j’ouvre la porte du spirituel et de ce qui est, pour moi, la révélation chrétienne. …. Comme le souligne Vatican II : l’homme qui suit sa conscience atteint le Royaume. Qu’il soit chrétien ou non, l’artiste qui va au fond de lui-même peut donner à voir quelque chose de cette nature….
Il y a des œuvres profanes qui vont me conduire à Dieu, et d’autres où il y a Dieu partout qui vont m’en éloigner car elles ne transpirent rien de spirituel.
… l’artiste interprète la création qu’il va faire avec sa propre sagesse, sa propre conscience, avec ce qu’il a de plus intime dans son intériorité. Et, à travers lui, Dieu peut être en dialogue avec nous.
… Je suis persuadé que ce que l’homme découvre par lui-même dans la sincérité ne peut s’opposer avec ce que Dieu dit de l’homme dans la révélation. C’est tout le thème de la sagesse et de l’universalité de Dieu. Et qui ouvre sur des questions abyssales. »
Ce que l’on admet de l’Art, je ne comprendrai pas qu’on le refuse des autres religions… Religions à aborder avec le même esprit d’ouverture du cœur … Evident, non ?
Le commandement d’aimer
« Jésus va droit à l’essentiel. Il s’agit d’aimer. Aimer Dieu de tout son cœur, c’est-à-dire de toute sa volonté. Dans la Bible, le cœur ne désigne pas l’affectivité, le sentiment, mais le centre de la personne, de ses décisions, de ses projets. La foi n’est pas un battement de cœur sentimental. Aimer, c’est un choix. De tout ton cœur et de toute ton âme. En hébreu, c’est la vie. Et de tout ton esprit, c’est-à-dire de tout ton pouvoir, de tous tes dons, de toutes tes capacités. L’amour n’est pas irrationnel, vague, aléatoire. Il ne « rend pas aveugle » mais clairvoyant, intelligent, décidé. Aimer Dieu donne sens et clarté. Pour aimer vraiment, il ne faut pas être une brute, il faut être intelligent. » Van Aerde Michel , dominicain.
L’Amour est de l’ordre de la raison :
L’Amour est une réponse à la question du sens de la vie, elle est la logique de certains choix et peut motiver un engagement.
L’Amour est de l’ordre de la
volonté :
Bien sûr, quelques hormones motivent mes préférences… Mais la ‘ Voie du Christ ‘ m’enseigne de tourner mes yeux vers l’Autre, l’Inconnu, l’étranger, le Prochain, le Frère qui se révèle comme tel non par ce qu’on sait de lui, mais parce qu’il est le visage de Dieu…
C’est ainsi que s’exprime le « commandement d’aimer » qui parcourt la Bible…
Amour qui s’éprouve comme une assignation à aimer comme si, nous entendions une voix nous dire :
« N’es-tu pas le gardien de ton frère ? »
C’est d’ailleurs l’idée forte de St Paul, qui remet la Loi à sa place :
« Celui qui en effet aime l’autre la loi il a accompli » (Rm 13, 8)
« accomplissement donc de la loi c’est cela l’amour » ( Rm 13,9)
Et moi, qui n’aime pas ou qui aime mal … ?
Je ne crains pas, cependant, de tenter le chemin chrétien… Est incrusté en moi, la fausse idée que l'impie, le pécheur, l'injuste contrevenant à la loi de Dieu, ne mérite pas de s’appeler disciple.
Or Jésus objecte et dit : " Je ne suis pas venu appeler le juste, mais les pécheurs. " Bref, Jésus bouleverse la clarté des repères courants… , en effet, la position du ‘Dieu de Jésus’ à l'égard des hommes, n'est plus régie par la justice distributive, celle qui punit et récompense, mais par l'agapè, l'amour…
Le commandement d’aimer
"Est-il possible de « commander d’aimer » ? L’amour dont Jésus nous parle n’est pas de l’ordre du sentiment, de ces mouvements émotionnels qui nous commandent plus que nous ne les commandons, nous portant vers les uns, nous détournant des autres, au gré de nos humeurs, de nos histoires, de nos affections. Il existe véritablement un vouloir aimer, qui engage de la façon la plus noble nos existences. Nos vies s’appuient sur une colonne vertébrale, sur la seule dimension dont nous avons un authentique contrôle : notre volonté.
Cette volonté est le lieu même de notre liberté, de notre responsabilité et partant de notre dignité. Elle est le creuset de nos engagements et de nos réalisations, humaines et spirituelles.
Il existe un vouloir aimer qui passe par un décentrement de tout notre être, nous donnant de trouver notre joie dans la joie de l’autre. Lorsque le commandement de Dieu et mon vouloir propre ne font plus qu’un, lorsque ma volonté et celle du Seigneur sont conjointes, alors je suis pleinement libre, sans entraves pour me porter par moi-même vers ce pour quoi je suis fait : aimer, et être aimé, pour toujours." Antoine de Romanet (curé de Saint Louis de France, la paroisse catholique francophone à Washington)
Un chemin étroit, mais pas secret ...
«Seigneur, ils sont peu nombreux ceux qui sont sauvés ?’ Et Jésus répond : ‘Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, parce que beaucoup, je vous le dis,
chercheront à entrer, mais n’y arriveront pas’ ».
« Que signifie cette ‘porte étroite’ ? Il s’agit peut-être d’un passage réservé seulement à certains élus ? »
Diagnostic d’une « tentation » encore « actuelle » « d’interpréter la pratique religieuse comme source de privilèges et de sécurités ».
« En réalité, le message du Christ va justement dans le sens opposé : tous peuvent entrer dans la vie, mais pour tous, la porte est ‘étroite’. Il n’y a pas de privilégiés. Le passage à la vie éternelle est ouvert à tous, mais il est étroit, car exigeant, parce qu’il requiert engagement, abnégation, mortification de l’égoïsme ».
Le « passeport » pour la vie éternelle, « la vraie amitié avec Jésus » qui « s’exprime dans la façon de vivre : elle s’exprime par la bonté du cœur, par
l’humilité, la douceur et la miséricorde, l’amour de la justice et de la vérité, l’engagement sincère et honnête pour la paix et pour la réconciliation ».
Rien de très original... Mais , on fait dire tant de choses aux catholiques, alors il est intéressant de savoir que ...
Ces propos sont ceux du pape Benoît XVI, qui commentait cette page d’évangile. ROME, Dimanche 26 août 2007 http://www.zenit.org/ . De plus, je les ai lu sur le site : http://www.buddhachannel.tv/..!
L'Amour n'est pas sentimental.
Je reviens encore dessus… ! AIMER… ? Ca veut dire quoi ?
Notre culture ne parle que d’amour : dans les romans, les séries de télévision… Nous baignons dans l’amour sentiment… Il s’agirait d’un sentiment variable… , depuis sa naissance, jusqu’à sa disparition ! L’Amour, çà ne se commande pas !
J’aime tout le monde, mais je déteste mon voisin !
Quand on aime tout le monde… on n’aime personne…
L’amour dont parle Jésus est autre.. !
Et, il est important pour moi de comprendre ce que cela signifie.
L’Amour n’est pas sentimental.
L’Amour est ambivalent… J’ai récupéré cette définition chez Alain Finkielkraut dans La sagesse de l’amour
« Il existe, dans de nombreuses langues, un mot qui désigne à la fois l’acte de donner et celui de prendre, la charité et l’avidité, la bienfaisance et la convoitise – c’est le mot : amour. Le désir ardent qu’a un être de tout ce qui peut le combler et l’abnégation sans réserve convergent paradoxalement dans un même vocable. On parle d’amour pour l’apothéose du souci de soi, et pour le souci de l’Autre poussé à son paroxysme. »
Une seule Foi...?
Que d'apparentes contradictions, que de malentendus ...!
Pourquoi limiter les dons de l'Esprit...?
J'écoute ce matin, le témoignage deJetsunma Tenzin Palmo, dans l'émission dominicale ' Sagesses Bouddhistes ', cette femme a rencontré le bouddhisme à la fin de l'adolescence à une époque où cette religion était peu répandue et exotique ... Il lui est apparu avec évidence qu'elle avait toujours été bouddhiste. Elle est partie en Inde, trouvé le maître qu'elle ' attendait ' et a vécu 12 ans, seule, dans un ermitage à 4000m d'altitude ... Ensuite, elle a consacré sa vie aux nonnes tibétaines exilées en Inde...
Pour quelle raison, cette femme devrait-elle se ' convertir ' au Christianisme...?
Pour quelles raisons, les grands maîtres reconnus, de différentes traditions, devraient-ils abandonner leur chemin et se tourner vers le christianisme...?
Qui peut oser leur demander cela ..?
L'Amour ... en question
Dieu est Amour… Dieu t’aime… Bla-bla…
Est-il vrai que plus je parlerais d’amour, plus je m’accoquinerais de tout ce qui est divin…?
Pourtant, moi, si j’entends parler d’amour, et , surtout peut-être, de la part du divin … Je prends de la distance, je crains de m’engluer dans une affectivité qui serait sans rapport avec
la question existentielle du sens…!
Or l’Amour questionne le sens de la vie…
Bien sûr, si Dieu est… Il est Amour.
L’Amour existe t-il ? Il semble que oui…
De l’Eros, à l’étreinte du ‘Yin et Yang’, la nature exprime l’amour, comme union…
La culture grecque ajoute : Philos, l’amour intellectuel, une rencontre avec le logos.
L’Agape : l’amour altruiste est-il une spécificité chrétienne ?
Que penser de la prédominance de la figure paternelle, dans le christianisme ? Comme si nous avions accentué l’idée de force, de puissance et de sévérité… au détriment de la compassion
maternelle… ? Et, aujourd’hui, certains d’entre nous sont embarrassés par la question de la souffrance…
Pourquoi donc, la souffrance devrait elle être une raison, de confondre Dieu ? Le Dieu des philosophes est un Dieu insensible qui se contredit lui-même… !
La souffrance existe : avec Dieu, elle est au cœur de notre vie.
L'Argent ... et le reste suivra.
Dans le Monde, je lis que « Frédéric Mitterrand "ne fait pas l'apologie" du commerce des corps, "il se torture littéralement, il pose les
problèmes éthiques et moraux". En effet, cette phrase – relevée, paraît-il dans son livre « "L'argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin, car je
sais qu'on ne me refusera pas", m’indique bien, les valeurs auxquelles se rattachent nos dirigeants … !
Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec l’actualité de l’éducation, et de voir confirmer que la seule valeur à opposer au désenchantement de certains jeunes décrocheurs serait l’Argent.
Message reçu… !
Intuition partagée ...
"Chaque religion continuera-t-elle à revendiquer l'exclusivité de sa relation avec Dieu, ou bien les religions s'uniront-elle enfin pour proclamer cette bonne nouvelle : Dieu est meilleur qu'on ne l'aurait cru Il se communique à tous, à chaque instant et de toutes les manières, ce n'est pas Lui qui se refuse, mais nous qui Lui résistons, et il n'est pas trop de tous les mystiques, de tous les artistes, de tous les philosophes, de tous les chercheurs et de tous les hommes de prière et de dévouement pour nous apprendre ce que Dieu ferait en nous si nous Le laissions faire ? "
Louis Evely