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Les légendes du Graal

De la Noosphère, un troisième monde, à la Noologie

27 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Noosphère, #Morin, #Popper

L'intérêt de Lancelot a redoublé, quand Monod aborde un point qui rejoint nos questions sur la Réalité d'un monde des ''idées''...

« Il faut considérer l'univers des idées, idéologies, mythes, dieux issus de nos cerveaux comme des ''assistants'', des êtres objectifs doués d'un pouvoir d'auto-organisation et d'autoproduction (…) » Jacques Monod

Pour Jacques Monod, l’idée possède des caractéristiques biologiques fondamentales telles que l’auto-organisation et l’autoreproduction, Comme la biosphère, la noosphère est donc composée de mémoires et de programmes. Tels les bactéries et les virus, les êtres d’esprit se reproduisent à l’identique.

Je rappelle que déjà, Teilhard de Chardin parlait des idées comme d'une réalité distincte ayant un pouvoir et une activité propres. Teilhard de Chardin voyait la noosphère comme une “sphère de la pensée humaine” intégrant une dimension spirituelle et évolutive.

Karl Popper (1902-1994), autrichien naturalisé britannique, philosophe des sciences, en a parlé également, ainsi que Jacques Monod, et Pierre Auger, qui ont adopté une perspective plus scientifique et matérialiste. Ils envisagent la noosphère comme un “troisième règne” biologique, mettant l’accent sur l’évolution de la conscience humaine et son impact sur la biosphère.

Ce qui étonne Lancelot, c'est que Jacques Monod n'hésite pas à donner aux ''idées'' les caractères fondamentaux du vivant ; ''vivant'' selon sa propre définition, c'est à dire : être autonome doué d'émergence et téléonomie. Monod utilise le terme de téléonomie, pour décrire la manière dont les êtres vivants mettent en œuvre un projet inscrit dans leur structure biologique, sans recourir à une finalité ou à un dessein intelligent.

Lancelot a fait part à Edgar Morin de sa lecture.

Edgar Morin, est très intéressé par ces débats d'autant qu'il intègre souvent des concepts biologiques dans ses réflexions sur la complexité et la condition humaine.

Les idées auraient une existence propre ?

Morin répond qu'effectivement, les ''idées'' constituent le monde, plus qu'elles ne l’interprètent...

Il propose comme vocabulaire: noosphère pour la vie des idées, et noologie pour l'organisation des idées. « La sphère noologique, dit-il, est constituée par l‘ensemble des phénomènes dit spirituels, c'est un très riche univers qui comprend idées, théories, philosophies, mythes, fantasmes, rêves. L‘idée isolée et le grand système de l‘esprit, le fantasme et le mythe ne sont pas "irréels". Ce ne sont pas des "choses" de l‘esprit. Ils sont la vie de l‘esprit» ( Livre I de la Méthode, 340).

 

Teilhard regardait l‘au-delà spirituel de l‘homme, repris par Monod, qui regarde l‘en-deçà biologique de l‘homme.

Karl Popper

 

Les choses de l‘esprit qui ont acquises une réalité et une autonomie objective, constituent un '' troisième monde '', comme le définit Karl Popper. Le Monde 1 est le monde physique, qui comprend tous les objets et événements matériels. Le Monde 2, le monde mental, qui inclut les états de conscience, les pensées et les perceptions individuelles. Et le Monde 3, le monde des produits de l’esprit humain, c’est-à-dire les connaissances objectives, les théories scientifiques, les œuvres d’art, les institutions sociales, etc. Ce monde est indépendant des individus qui les créent et peut exister même après leur disparition.

Edgar Morin imagine, la noologie, une science des idées, une science de la vie de ces objets mentaux. Morin voit les idées comme des éléments dynamiques et interconnectés qui participent à la construction de notre compréhension du monde. Il insiste sur le fait que les idées ne sont pas isolées, mais font partie d’un réseau de significations et de relations qui évoluent constamment.

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Mila Kundera et Jacques Monod

22 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Kundera, #Monod, #1968

Milan Kundera

Lancelot et Morin, sont d'accord: 1968, c'est aussi l'année de parution de '' La Plaisanterie '' de Mila Kundera. '' Une simple plaisanterie déclenche une série d’événements aux conséquences graves.'' Kundera utilise l'ironie, pour une tragédie. Que peut représenter le printemps français de ''Mai 68'', en face le ''printemps de Prague'' ? Ce roman illustre la fragilité des relations humaines et les absurdités du régime totalitaire.

Lancelot partage l'idée selon laquelle « Le mai parisien mettait en cause ce qu’on appelle la culture européenne et ses valeurs traditionnelles, alors que le Printemps de Prague était une défense passionnée de la tradition culturelle dans le sens le plus large et le plus tolérant du terme, défense autant du christianisme que de l’art moderne, tous deux pareillement niés par le pouvoir. » ( Alain Finkielkraut ).

 

Dans L’Art du roman ( 1986), Kundera écrit: « Au Moyen Âge, l’unité européenne reposait sur la religion commune; à l’époque des temps modernes, elle céda la place à la culture (art, littérature, philosophie). Or, aujourd’hui, la culture cède à son tour la place. Mais à quoi et à qui ? Quel est le domaine où se réaliseront des valeurs suprêmes susceptibles d’unir l’Europe ? Les exploits techniques ? Le marché ? La politique avec l’idéal de démocratie, avec le principe de tolérance? Mais cette tolérance, si elle ne protège plus aucune création riche ni aucune pensée forte, ne devient-elle pas vide et inutile? L’image de l’identité européenne s’éloigne dans le passé. Européen: celui qui a la nostalgie de l’Europe. »

 

Edgar Morin, dit préférer la Renaissance, une époque où la science et la philosophie étaient étroitement liées, et la curiosité intellectuelle encouragée.

Aujourd'hui, la spécialisation fragmente la connaissance, rendant plus difficile une compréhension globale des phénomènes complexes.

« De nos jours, on assiste à un appauvrissement de la culture scientifique et des humanités. Jacques Monod, François Jacob font exception. Il est décisif de préserver la réflexivité. Pensez à Popper, à Bachelard, à Kuhn, à Holton… Les scientifiques ne réfléchissent pas assez sur les gens qui réfléchissent aux sciences. Je ne suis pas contre la spécialisation ; en effet, si je puis me dire transdisciplinaire, c’est que j’ai besoin des disciplines, mais de disciplines qui communiquent pour traiter des grands problèmes. Sinon, on n’a que des rapports d’experts : bien souvent, les experts s’enferment dans leur limitation bureautico-technique. » ( E. Morin)

Alors parlons de ce livre, “Le Hasard et la Nécessité” de Jacques Monod, publié en 1970. Jacques Monod (1910-1976), prix Nobel de Médecine 1965, fait partie de ses rares scientifique à se faire connaître du grand public, il a suscité un large intérêt et des débats jusque dans des émissions télévisées qui lui permettent de vulgariser ses concepts et de partager ses réflexions . Résistant, il avait échappé à la Gestapo venu l'arrêter à la Sorbonne, dans son labo, en les effrayant avec la radioactivité et les microbes... Musicien violoncelliste, il est aussi chef de choeur.

Son livre réjouit Lancelot, du fait qu'un biologiste y mêle concepts philosophiques et scientifiques. Ses conclusions s'opposent à la théorie traditionnelle de la force vitale, ou à celle de la finalité. Monod soutient que la vie est le résultat du hasard (mutations génétiques) et de la nécessité (sélection naturelle). Il introduit des processus biologiques dirigés par des programmes génétiques. Et surtout, Monod discute des implications de la biologie moderne pour la philosophie et l’éthique.

A la suite de la parution de ce livre, les débats sont intenses, les réactions sont passionnées.

La biologie moléculaire devient une discipline centrale. Monod souligne l'importance du hasard et défend l'idée que l’évolution par sélection naturelle dépend des variations aléatoires (ou mutations) qui se produisent dans les organismes. La sélection naturelle agit sur ces variations ( d'origine aléatoire) pour favoriser celles qui sont avantageuses pour la survie et la reproduction.

Lancelot, après la lecture du Hasard et la Nécessité, s'est réjoui qu'un scientifique s'essaie à réfléchir sur les implications philosophiques de ses recherches, même s'il est gêné par la position matérialiste de l'auteur.

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Un '' nouveau Moyen-âge '' ?

17 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Moyen-âge, #Marrou, #1970

Le plus étonnant pour Lancelot, est l'attachement de Morin - moins perceptible dans ces années70, il est vrai - à la Révolution. Moscou, Pekin, Cuba avaient déjà englouti ses rêves libérateurs; mais il avait espéré dans les explosions de Berkeley, le développement de la ''contre-culture'', ''mai 68''... A présent, il parlait d'un '' nouveau Moyen-âge '' - et Lancelot fit tout pour l'en dissuader, estimant la comparaison mal choisie...

Morin tient à son expression pour décrire une période de crise et de transformation profonde de notre société. Il décrit nos années 70, comme un '' âge de fer planétaire '' et une ''préhistoire de l'esprit humain ''. Il appelle à repenser nos valeurs et nos structures pour évoluer vers une nouvelle forme de civilisation.

Morin pense au Moyen-âge pour signifier la crise actuelle, parce que le Moyen-Âge est souvent vu comme une période de transition, parce qu'il est marqué par des crises multiples ( invasions, famines, épidémies), qu'il est une période de quête de sens et de renouveau spirituel.

 

Lancelot objecte qu'il accepterait volontiers cette expression, si elle signifiait dans son esprit, un nouveau point de départ, en faisant siennes les préoccupations spirituelles et religieuses et en appelant au génie de la synthèse, au sens de l’unité, qui caractérise cette période dans l'esprit de Nicolas Berdiaeff ( Un nouveau Moyen Age, 1924 ) ou de Rémy Brague aujourd'hui.

La référence au Moyen-âge, permet de relever plusieurs aspects de cette période :

- la capacité à intégrer et développer les savoirs des Anciens, notamment grecs et arabes, tout en les adaptant à leur propre contexte culturel et religieux.

- l'importance de nos fondements spirituels.

- l'équilibre entre tradition et innovation.

Et pour faire plaisir – à raison – à Edgar Morin : - l'étude de manière transdisciplinaire, intégrant la philosophie, la théologie, et les sciences. Cette approche holistique est nécessaire pour aborder les défis complexes du monde contemporain.

 

Malheureusement, cette expression qui évoque le retour au Moyen-âge, est en général, une formule péjorative. Elle évoque un Moyen Âge, plein de violences, de désordres, de catastrophes naturelles, de seigneurs de la guerre, de querelles de pouvoir; un temps d'irrationalisme et d'inhumanité!

« Il n’y a pas un unique “moyen âge”, si l’on entend par ce terme une époque où l’homme, après la clarté de la civilisation, s’enfonce momentanément dans la nuit de l’ignorance et de la grossièreté. » C'était la définition donnée en 1921, par Walter Deonna un célèbre archéologue et historien.

Henri Marrou, que Lancelot connaît depuis la guerre, puis à Esprit ; ( 1950 - Henri-Irénée Marrou (1904-1977) - Les légendes du Graal (over-blog.net) ) lui rappelait que dans les années 20, « le Moyen Âge était l’objet d’une vénération unanime : ce n’était pas seulement le fait des hommes de droite.. » Il se souvient de « Waldo Frank, un marxiste pourtant, ou tout au moins marxisant, ce qui ne l’empêchait pas de célébrer le temps où “le pape et l’empereur, Dante et son valet”, partageaient la même conception du monde et de la vie. Ce qu’on admirait alors dans le Moyen Âge, c’étaient moins ses grandes réalisations que le prototype qu’il nous fournissait d’une civilisation “saine”, c’est-à-dire organisée autour d’un même système idéologique, par opposition à l’anarchie des valeurs du monde contemporain » ( Henri-Irénée Marrou, « D’un nouveau Moyen Âge », Esprit, n° 344, déc. 1965, p. 1200.)

Aujourd'hui, Rémy Brague (1947 - ) penseur catholique et ancien professeur de philosophie à la Sorbonne, explique qu’il souhaite un « retour au Moyen Âge » pour dépasser l’humanisme exclusif athée qu’il accuse d’avoir entraîné l’humanité vers des idées destructrices et des menaces totales ( Rémi Brague, Le propre de l’homme. Sur une légitimité menacée, Paris, Flammarion, 2013)

 

Sans aller si loin ; la modernité en Europe s’est développée en grande partie en réaction au Moyen Âge. Les penseurs de la Renaissance ont cherché à rompre avec les traditions médiévales pour promouvoir des idées nouvelles basées sur la raison, la science et l’humanisme. Ils ont même défini leurs propres idées en opposition directe à celles de cette période.

Je rappelle que l’expression “Moyen Âge” a été inventée au XVIIe siècle par l’historien allemand Christoph Keller, pour la situer entre la fin de la grandeur de l'Empire romain, et cette période où quelques uns se considèrent comme vivre une Renaissance, et qui marquerait le début de l’entrée de l’Europe dans ce qui serait une forme de modernité aboutissant aux Lumières.

L’essentiel de ce que les gens imaginent être le Moyen Âge est en réalité hérité du XIXe siècle : c’est Walter Scott, c’est Victor Hugo, etc.

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1969-1971 - Comment se prépare le XXIè siècle. 2

12 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #ordinateur, #Processeur

1969 a été une année assez étonnante. Avec la naissance de l'Internet, Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont devenus les premiers humains à marcher sur la lune et les Beatles ont joué leur dernière performance publique sur le toit d’Apple Records.

En 1971, nous situons la ''révolution numérique '' avec l'invention du microprocesseur et la mise en réseau d'une vingtaine d'ordinateurs ( Internet ne deviendra opérationnel qu'en 1983).

Premier microprocesseur intel 4004 - 1971

 

* Qu'est-ce qu'un micro-processeur?

Le processeur est le cerveau d'un ordinateur.

Il exécute les instructions des programmes informatiques et gère les échanges de données entre les différents composants de l’ordinateur, comme la mémoire RAM, le disque dur et la carte graphique.

Le processeur effectue des opérations arithmétiques et logiques, et coordonne les tâches pour que l’ordinateur fonctionne correctement. Sa puissance est généralement mesurée en Hertz (Hz), ce qui indique le nombre de cycles d’instructions qu’il peut exécuter par seconde.

 

Lancelot se souvient:

Un calculateur électronique utilisait des tubes à vide: Il pesait environ 30 tonnes et occupait une grande pièce. En 1947, le transistor remplace le tube à vide; et en 1958, ''le circuit intégré'' regroupe plusieurs transistors sur une puce de silicium.

Avant ''les circuits intégrés'', les composants électroniques comme les transistors, résistances et condensateurs étaient séparés et connectés par des fils sur une carte de circuit imprimé.

Le ''circuit intégré '' permet de miniaturiser ces composants et de les regrouper sur une seule petite plaque.

Le microprocesseur est un processeur dont tous les composants ont été suffisamment miniaturisés pour être regroupés en un circuit intégré, souvent fabriqué à partir de silicium, qui contient des millions de transistors miniaturisés. Ces circuits intégrés sont si petits qu’ils ressemblent à de minuscules puces électroniques

Rendez-vous compte: Sur cette plaque: un transistor mesure 5 nanomètre ( 1 nanomètre (nm) = 0,000001 millimètre ); une résistance mesure quelques millimètres, un condensateur de l'ordre du centimètre.

Les transistors sont les composants principaux des microprocesseurs, permettant de réaliser les opérations logiques et arithmétiques nécessaires au fonctionnement de l’ordinateur. En 1971, l'Intel 4004 est le premier microprocesseur commercial, avec une taille de gravure de 10 micromètres (µm) et environ 2 300 transistors, aujourd'hui l'Intel Core i9 de dernière génération peut contenir, sur 10nm plus de 10 milliards de transistors.

 

En 1965, Gordon Moore prédit que le nombre de transistors sur un circuit intégré doublerait chaque année ( ce que l'on appelle, La Loi de Moore), en 1975 il ajuste à deux ans...

Cependant, Lancelot n'imagine pas, qu'un jour chacun pourrait avoir dans sa poche un super calculateur électronique.

En 1976, Arthur C. Clarke, l'auteur de ''2001: l'Odyssée de l’espace '' prédit ce que deviendrait notre quotidien. Lancelot lit : les gens seront « en mesure d'échanger tout type d'information » avec un « écran de télévision à haute définition et un clavier de machine à écrire », et les hommes pourront s'envoyer des messages qu'ils pourront lire quand ils veulent. » Il prévoit aussi la montre intelligente, et le téléphone mobile.

Pour l'an 2000, on prévoit également les voitures volantes pour échapper aux embouteillages, des colonies humaines sur la Lune et sur Mars...

IBM PC 5150

Alors qu'en France, François Gernelle au sein de la société R2E, développe le Micral, dès 1973; on dit que la micro-informatique débute en 1977 avec l'Apple II, conçu par Steve Wozniak, qui est l'un des premiers ordinateurs personnels fabriqués à grande échelle.

En 1981, avec l'IBM PC - produit à plusieurs millions d'exemplaires (concurrent de l'Apple II ) - l'ordinateur personnel fait irruption dans les foyers. L’IBM PC, modèle 5150, est équipé d’un microprocesseur Intel 8088 cadencé à 4,77 MHz, il dispose de 16 Ko de mémoire vive, extensible à 256 Ko. Il utilise le système d’exploitation MS-DOS, développé par Microsoft. Son architecture ouverte permet l’ajout de périphériques et de logiciels tiers, ce qui favorise son adoption massive. En 1982, le PC est élu “homme de l’année” par le magazine Time.

1983, Thomson, une entreprise française, lance les ordinateurs TO7 et MO5. Comme enseignant, je les ai utilisé en réseau piloté par un compatible IBM PC comme le Bull Micral 30, équipé de deux lecteurs de disquettes et d’une mémoire vive de 512 Ko. Ces nanoréseaux ont été largement utilisés dans les écoles françaises dans le cadre du plan “Informatique pour tous” initié par le gouvernement.

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1969-1971 - Comment se prépare le XXIè siècle. 1

7 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1969

Le développement du téléphone, de la télévision, de la radio ouvre les frontières pour l'information. Les médias de masse offrent de l'information et du divertissement et renforce l'attente d'une communication rapide et accessible.

Nous avons donc besoin de répondre aux besoins croissants de communication efficace et fiable.

 

Des ordinateurs pourraient-ils être capable de communiquer entre eux ? Ce serait une révolution!

Dans les années 60, des étudiants au MIT travaillent sur une théorie de commutation, c'est à dire sur les mécanismes techniques qui permettent une communication. Il s'agit de trouver un moyen plus efficace et plus rapide que la commutation de circuits, c'est à dire qui réserve un circuit pour la durée de la communication. Nos chercheurs développent la théorie de la commutation par paquets : les données sont divisées en petits paquets qui sont envoyés indépendamment à travers le réseau. Chaque paquet peut emprunter un chemin différent pour atteindre sa destination.

Le 5 décembre 1969, l’Advanced Research Projects Agency (ARPA) du département américain de la Défense a connecté quatre ordinateurs en un réseau informatique à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), au Stanford Research Institute (SRI) à Menlo Park, en Californie, U.C. Santa Barbara (UCSB) et l’Université de l’Utah. Les quatre ordinateurs de ce projet ARPANET étaient connectés via des lignes téléphoniques dédiées et des Interface Message Processors (IMP), qui assuraient le routage des paquets de données.

Marshall McLuhan

En 1961, le monde apprenait la réussite soviétique du premier vol spatial, et en 1967, le sociologue canadien Marshall McLuhan (1911-1980) utilisait déjà l'expression de « village planétaire » pour décrire les effets de la mondialisation et des technologies de l'information ( télévision, radio, téléphone) et de la communication sur la société.

Pourquoi a t-il choisi le terme de ''village'' plutôt que celui de ''ville'' ? - Parce que les nouvelles technologies de communication rapprochent les gens, créant une sensation de proximité et d’interconnexion. - Parce que les frontières semblent abolies, et les informations et les idées circulent librement et rapidement, créant une sorte de communauté mondiale.

En 1967, Guy Debord, publiait '' La Société du Spectacle '', un livre qui n'a – alors - pas suscité beaucoup d'intérêt. Après les évènement de 1968, une gauche radicale le cite régulièrement; on parle même de mouvement situationniste assez secret, très critique de la gauche traditionnelle et qui se donne comme objectif d'agir dans la société comme un levain, pour une révolution culturelle et sociale.

Je parle de ce livre parce qu'il répond à McLuhan sur certains points:

Debord dénonce une société de consommation, qui fétichise l'objet marchand, autour duquel s'organise les relations sociales, médiatisées par les images publicitaires. Ces représentations nous dominent, les images remplacent la réalité.

McLuhan voit les technologies de communication comme un moyen de rapprocher les gens, tandis que Debord la voit comme un outil d’aliénation.

McLuhan envisage une communauté globale, alors que Debord y voit une fausse réalité qui éloigne les gens de la véritable expérience humaine.

McLuhan parle de relation, de connexion accrues; Debord parle de passivité et d'aliénation...

 

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Edgar Morin

2 Février 2025 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Complexité, #Réalité

Elaine a obtenu en 1965, à la Sorbonne, son diplôme d’études supérieures en Histoire, et en 1966, elle prépare une agrégation ( agrégation féminine d'histoire et géographie ).

Après sa réussite à l'agrégation, elle est nommée au Lycée de Caen-Normandie, ce qui correspond à son souhait. Son université, avec une statue de Phénix à l'entrée du campus, est alors considérée comme la plus moderne d’Europe. Elle y fera connaissance de François Neveux, professeur en Histoire médiévale, et du médiéviste Lucien Musset à l'Université de Caen.

Elaine se lie d'amitié avec Yolande de Pontfarcy, qui après des études de lettres, et un doctorat à Rennes devient une spécialiste de la littérature courtoise et arthurienne. Elle part enseigner à Dublin.

Elaine se partage entre Caen, Fléchigné et Paris où elle retrouve Yvain.

Edgar Morin

Lancelot regrette de ne pouvoir retrouver plus souvent Edgar Morin. Toutes les disciplines l'intéresse, et depuis sa rencontre en Allemagne, Lancelot admire sa pensée qui relie des éléments disparates et leur donne sens.

Et surtout, comme il l'exprime lui-même, son « obsession essentielle est celle qu'exprimait Kant et qui ne cesse de m'animer : Que puis-je savoir ? Que puis-je croire ? Que puis-je espérer ? Inséparable de la triple question : qu'est-ce que l'homme, la vie, l'univers ? » Lancelot ne peux que s'y retrouver.

Même si, pour lui, le mystère du divin, ne peut s'incarner ni se personnaliser, Morin rejoint Lancelot sur son attachement à un livre, les ''Pensées'' de Pascal. Pascal, dont il retient ce principe : « Je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus de connaître le tout sans connaître les parties…» et qu'il met en exergue de son travail.

 

Après avoir publié, en 1951, son premier livre "L'Homme et la Mort", Edgar Morin est exclu du Parti Communiste. Il s'en explique, avec lucidité et courage dans son livre "Autocritique" publié en 1959. Il devient un spécialiste du cinéma, et part en 1960-1962 en Amérique du Sud. Il publie '' L'esprit du temps'' : exploration de la culture de masse et ses impacts sur la société.

Il est le principal animateur de la revue Arguments qui paraît de 1956 à 1962.

Ecrivain prolifique, il s'inscrit très activement en recherche, particulièrement sociologique avec son projet de recherche multidisciplinaire à Plozévet, en Bretagne, en 1965 ; puis sur la ''Rumeur d’Orléans'', « une rumeur étrange (la disparition de jeunes filles dans les salons d’essayage de commerçants juifs) s’est répandue, sans qu’il y ait la moindre disparition, dans la ville dont le nom symbolise la mesure et l’équilibre : Orléans ». Edgar Morin et une équipe de chercheurs ont mené l’enquête sur place.

En 1968, Morin remplace Henri Lefebvre comme professeur de philosophie à l’Université de Nanterre et s’implique dans les révoltes étudiantes en France. Il écrit une série d’articles pour Le Monde et analyse ce qu’il appelle "La Commune étudiante".

En 1969, il passe une année à la Jolla, en Californie, où il étudie au Salk Institute for Biological Studies. Pendant cette période, il écrit son “Journal de Californie”, qui documente ses expériences et réflexions sur la contre-culture américaine et les mouvements sociaux de l’époque.

En 1970, il est nommé Directeur de Recherche au C.N.R.S.

De ses travaux sociologiques et anthropologiques, il va évoluer vers une entreprise de réflexion plus systématique sur la connaissance et sur l’homme dans le cadre de ce qu'il va appeler '' la pensée complexe ''.

Sa vie affective est aussi compliquée, et avant son divorce d'avec Violette ; il rencontre une actrice, mannequin et écrivaine québécoise, en juin 1964 par hasard à Paris, Johanne Harrelle. Ils se marient en 1972.

En 1963, à San Francisco « entre ciel et eau, dans le brouillard, sur le Golden Gate Bridge. », c'est la rupture, l'arrêt, la maladie. Au Mount Sinaï Hospital, « je suis en convalescence de mort et de naissance... C'est la paix.... C'est la pause. » .

 

Lancelot et Edgar Morin ont tous les deux connus Gaston Bergery. Morin raconte qu'il ne l'avait pas vu depuis avant la guerre. C'était en 1963, il va lui serrer la main ; Bergery semble le reconnaître, Morin lui parle du frontisme pour lequel, étudiant, il militait. Bergery répond « comme tous les gens bien. ». Puis, sa femme lui demande s'il est « Edgar Faure, père ou fils ? ».

Lancelot et Morin ont souvent échangé sur le rôle ambigu du BMA ( Bureau des menées antinationales ) pendant la guerre. Lancelot l'a documenté sur ses propres activités et de quelques opérations de contre-espionnage contre les allemands. À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, l’Armée d’armistice a cessé d’exister ; s'est créée de ses rangs l'Organisation de résistance de l'Armée (ORA). Les unités stationnées en Afrique ont rejoint les Alliés et ont été intégrées dans l’Armée française de la Libération.

Morin évoque également sa rencontre avec François Mitterrand., en vue d'unifier leurs mouvements, dans un café ou chez Minette Anthelme par exemple ; qui fut arrêtée un peu plus tard... Après s'être évadé d'un stalag en novembre 1941, Mitterrand avait rejoint Vichy, et travaillé aux Commissariat des prisonniers de guerre. Il restait confiant en le Maréchal ; cependant par l'entremise du BCRA, il va monter un réseau de résistance - le réseau Mitterrand-Pinot fondé en février 1943 - qui sera financé par l'ORA.

 

A propos de Planète, revue que Morin qualifie de « brouillonne ou bouffonne, fumiste ou fumeuse... », il pense qu'elle est le signe que le temps serait à la ''science-fiction''. Lancelot lui suggère '' pour remonter le niveau '' de proposer un article.

A plusieurs reprises, Morin reconnaît à Lancelot, une part d'inconnu dans le devenir... Il parle même de nous efforcer de communiquer avec '' l'énigme ''. Mais s'empresse d'ajouter : énigme « que je ne suis pas gâteux au point d'appeler éternité. »

Lancelot insiste : s'il est si sûr de lui, il doit se prononcer : - qu'est la ''vraie '' réalité ?

Il répond que la science part à la conquête de la réalité, chassant la magie... Il lui semble qu'elle est plus mathématique que physique. Ondes et corpuscules ne sont que des symboles.

- La réalité souffrirait-elle d'une insuffisance d'être ?

La réalité est à la fois réalité et illusion. Il s'agit de « concevoir la réalité comme une donnée relationnelle – née tout d'abord évidemment du rapport entre l'homme et le monde – c'est la concevoir aussi, et surtout, non, comme une donnée simple, mais comme complexe ».

 

Edgar Morin a le réflexe de la contradiction. La conversation avec lui est une aventure, on ne sait où elle nous mènera.

- Ne pourrait-on pas dire que notre réalité est la symbiose du concret ( le vécu) et de l'abstrait ( le rationnel) ?

Oui, et alors le ''concret-vécu '' appelle tout ce qui relève de l'affectivité, du fantasme, de l'imaginaire ; et la notion '' d'abstrait-rationnel'' de tout ce qui est la loi, les mathématiques, la logique. Le pur vécu, sans rationalité, devient fantasme, donc irréel. La pure mathématique privée d'applications empiriques est idéelle-irréelle.

- Et le mythe ?

Prenons l'Alchimie, le symbole y est à la fois abstrait et concret. Il est idéal, formalisé, structuré et en même temps gorgé de substance affective.

- le Graal ?

Ce symbole a la matérialité, et devient plus que la réalité, puisque qu'il est le centre de fixation de la plus haute présence, celle d'un être d'esprit comme l'hostie.

Le mythe est encore plus proche de la réalité parce qu'il constitue, comme la réalité, un univers.. Le mythe est un discours-univers qui a sa logique, sa structure et en même temps il est gonflé à bloc de vertus magico-affectives. Le mythe est, de plus, profondément inscrit dans l'expérience quotidienne de celui qui le vit.

Sources : Edgar Morin – Journal 1962-1987

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