Foi et intuition -2-
Poser l'acte de croire, c'est sortir de l'impersonnel : avec un « je » et un « tu » … C'est la reconnaissance d'une altérité, et signifie que la personne à qui je parle demeure insaisissable par le seul savoir.
« Je crois », et je suis en un mouvement, je suis au cœur d'une relation. Interpellé : j'ai un choix à faire : croire ou ne pas croire. Il y a un risque à prendre face à l'autre, à cet autre qui est unique. Croire, c'est accepter une recherche par la médiation d'un dialogue …
S'ouvrir à du nouveau, c'est reconnaître en soi-même un manque... ( « Manque » différent de « besoin » ; car ce manque en moi, n'est pas fait pour être comblé...).
Je peux parler de « Foi », de « croire » ; sans évoquer « Dieu » .. Cependant, à partir du moment, où j'accepte de faire confiance, à cette manière de penser... La Parole de Jésus ( au travers des Évangiles...) me semble cohérente :
Pour un chrétien, une Parole a retentit ( rattachée à un fait historique …).
Dieu se révèle dans une relation : entre un « père » et un « fils ». Et c'est à un dialogue que Dieu nous invite quand il nous parle.
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" Il faut renoncer au savoir, se laisser faire par l'intuition. Dans le rien, il y a un abandon de la volonté. C'est comme ça qu'on avance. "
Claude Régy: metteur en scène de théâtre français qui a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain.
Jean Paul Sartre ; « Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition. »
C’est la saisie de l'esprit par lui-même au sein de la durée, que Bergson définit comme « la sympathie intellectuelle ou spirituelle par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un être pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable »
Les illustrations ( un peu décalées ...! ) sont des peintures de Monica Fagan. D'origine irlandaise par son père, Monica Fagan est née en Angleterre, dans une région du Yorkshire. Boursière de la ville de Sheffield, elle vient en France à l'âge de 18 ans pour suivre des cours de dessin et de peinture à l'école des Beaux-Arts de Rennes.
Sa peinture, à travers une solide technique fine et précise, fait transparaître un monde onirique troublant peuplé par un bestiaire mythologique, des femmes mystérieuses et masquées qui évoluent entre les symboles telles des déesses romantiques. Ces femmes ... évoluent dans un monde différent, à la fois proche et inespéré... dans lequel la femme serait l’avenir de l’homme.
Que la laïcité nous protège de la religion... Amen.
Une frange de droite, qui semble hélas majoritaire chez les catholiques d'aujourd'hui, alimentent les polémiques.
Marcel Duchamp avait dénoncé, dès 1920, la fermeture de ceux qui se calfeutrent derrière des fenêtres aveugles. La plus célèbre de ces « fenêtres aveugles », présentée en 1920, se composait de bouts de cuir opaques faisant office de carreaux |
Ainsi, dans le discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques de France prononcé hier à Paris par le cardinal André Vingt-Trois ( 16/04/2013), celui-ci affirme quelque chose qui me semble complètement fantasmé : à savoir une idée répétée à l'infini : « le refus de la différence comme mode d’identification humaine, et en particulier de la différence sexuelle. C’est l’incapacité à assumer qu’il y ait des différences entre les gens. » Et nous prévient l'évêque, ce refus « nous prépare une société de violence »... ! Étrange cette manière de souffler sur les braises et de se donner bonne conscience en affirmant que le combat contre le contrat civil du mariage pour tous est non-violent; alors même que l'on assiste à des provocations et harcèlements constants... !
Les homosexuels sont une minorité ; et je ne comprends toujours pas - en quoi - leur sexualité remet-elle en cause l'acceptation de la différence … ? Ce me semble même plutôt contradictoire... !
Et, actuellement les débats sur la laïcité montrent bien cette contradiction :
André Vingt-Trois, fait bien d'affirmer : « le principe incontournable de la vie sociale c’est précisément de faire vivre ensemble des gens qui ne sont pas identiques, de gérer les différences entre les individus sur un mode pacifique et non pas sur un mode de violence. »
Paul Klee - Vue d'une fenetre (1923) |
J'affirme ma conviction que la « différence » nous enrichit...
Le droit français de la laïcité qui garantit les libertés de conscience et de culte par la séparation des Églises et de l’État (loi de 1905) me semble un des meilleurs moyens de préserver et garantir le pluralisme …
Ainsi, aujourd'hui, ce que nous pouvons craindre c'est la « stigmatisation » de la religion ( l’islam en particulier), et les « manif pour tous » collaborent assez fortement à cette dévalorisation du catholicisme …
« La laïcité est une philosophie, celle des droits de l’homme, fondée sur l’égale dignité des personnes... Elle est, comme le rappelait Paul Ricœur, une éthique de la responsabilité, qu’elle est une méthode de pensée, celle de la raison et un mode d’action, celui qui fait participer la diversité des opinions et des croyances à la vie de chacun. » (1)
Hammershoi: Fenêtre |
- Une personne qui réfléchit sur sa foi, peut comprendre : que ceux qui exhibent de façon ostentatoire leurs croyances ou leurs opinions peuvent heurter et porter atteinte à la liberté de celui qui ne croit pas ou qui croit différemment... - un fanatique, ne le comprendra pas ! Comprennent-ils que la barrière qu’ils dressent entre des personnes au nom de la pureté ou de la vérité est attentatoire à l’humaine condition ?
- Un chrétien, en particulier, peut comprendre qu'il est dangereux de faire l'amalgame entre des mouvements intégristes et l’ensemble des croyants de confession musulmane
« La laïcité concrétise le délicat équilibre entre les libertés. La loi pose des principes et des limites pour que la juxtaposition des points de vue ne détruise pas le vivre-ensemble. Elle n’est pas une loi de répression mais de protection. » (1)
(1) La Croix, billet de Jacqueline Costa-Lascoux directrice de recherche honoraire au CNRS
" À l’instar de la toile de Cerith Wyn Evans exposée à Lausanne, Think of this as a window (« Penser ceci comme une fenêtre »), on aimerait que nos compatriotes redécouvrent la laïcité en perspective. Ce n’est pas le cadre rigide de la fenêtre qui importe : les artistes de la Renaissance nous ont appris à regarder au-delà et, aujourd’hui, les peintres vont jusqu’à éclater les bords, non pour les nier mais pour donner à voir la pluralité " (1)
Est-il bête de croire ? -1-
Croire est un acte qui prend place dans la démarche de l'intelligence humaine affrontée au réel, et interrogée par cette rencontre. Une « bête » ne croit pas !
Croire n'est pas spécifiquement un acte religieux.
Croire conditionne l’accès de l'homme à une vie personnelle.
Vivre, c'est croître en produisant des œuvres, et en devenant nous-mêmes...
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Nous pourrions, à ce propos - retrouver ce que dit Bergson sur « l'intuition » : L'intuition, seule nous permet d'accéder à la nature profonde des êtres. Par l'intuition, notre conscience entre en « sympathie » avec ce qu'il y a de plus unique dans les objets et les êtres que nous observons. L'intuition nous révèle une coïncidence parfaite entre le moi et le monde.
Un autre point est l'altérité que le réel nous conduit à admettre... Il y a « l'être » , mais surtout il y a la « relation » …
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Croître pour l'humain, c'est croître corporellement et psychiquement, les deux étant liés. Croître dépend du développement de sa pensée et de sa parole, et cet assemblage dépend de ses « relations avec les autres …
Krifo Sxolio: Secret School |
Croire est de l'ordre de la « relation », c'est le fondement d'un dialogue dans lequel le but est de rechercher la vérité. Vérité qui n'est pas accessible à un savoir. Car la trouver n'est pas la posséder, mais s'y ouvrir …. Ensuite, cette relation s'ouvre à la connaissance par la confiance...
Cette structure apparaît déjà au stade de l'enfant : la croissance de l'enfant dépend de ceux qui vont susciter en lui : connaissance et confiance …
Croire, c'est pour l'enfant l'acte qui le relie à une personne …
L'acte de « croire », est une acte de connaissance et un acte de confiance...
Sources: " Dieu n'est pas un assureur " de Marc-François Lacan
Histoire de l'Univers -2-
Après les satellites américains Cobe (1992) et Wmap (2003), Planck, satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA), est donc le troisième à avoir étudié les traces les plus lointaines de l’univers, très peu de temps après sa naissance.
Cette image -dévoilée ce jeudi 21mars - montre, sur l’ensemble du ciel la plus ancienne des émissions de lumière qui a baigné notre jeune univers, 380 000 ans après le Big Bang, alors que sa température frisait les 3 000°C.
L’univers était alors constitué d’une soupe, d’un magma brûlant de particules (protons, électrons et photons) s’entremêlant à près de 3 000 °C. L’interaction entre protons et électrons, qui a donné naissance aux atomes d’hydrogène, a ensuite libéré la lumière.
Quelques milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde après le Big Bang (le chiffre précis n'est pas encore connu !), l'Univers passe d'une tête d'épingle à sa taille presque actuelle. Cette fantastique dilatation de l'espace est appelée : inflation
Cet Univers est également plat comme une gigantesque crêpe, alors que les estimations précédentes laissaient entrevoir la possibilité d'une légère courbure. Les chercheurs estiment aussi la vitesse avec laquelle les galaxies s'éloignent les unes des autres à quelque 66 kilomètres par seconde.
Le taux d’expansion actuel de l’univers étant plus faible qu’on ne le pensait, c’est pour cela qu’on peut estimer que l’univers est légèrement plus âgé : 13,82 milliards d’années au lieu de 13 milliards.
La masse de notre univers est constituée de 4,9 % de matière ordinaire, 26,8 % de matière noire (1) et de 68,3 % (au lieu de 72,8 % auparavant) d’énergie sombre.
Nébuleuse Helix vue depuis La Silla
Après de nouvelles analyses, les physiciens du Cern ont déclaré le 14 mars 2013 avoir de plus en plus la certitude que la découverte de l'été dernier correspondait bien à cette super particule, appelée « boson de Higgs », et qui est considéré par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière.
Cette particule donne leur masse à toutes les autres particules de notre univers.Sans le boson de Higgs, les particules ne se rencontreraient jamais, elles ne pourraient créer des protons et neutrons, qui, combinés aux électrons, forment la matière.
(1) La matière ordinaire, constituée de protons et de neutrons, constitue seulement 5% du contenu total en énergie de l’Univers. Les quelques 95% restant nous sont invisibles et encore méconnus et se répartissent entre la fameuse matière noire et la tout aussi énigmatique énergie sombre.
Anneau de matière noire dans l'amas de galaxies Cl 0024+17 |
Le concept de matière noire, est né en 1933 par l'astronome suisse Zwicky, qui mesure la distribution des vitesses de certaines galaxies et trouve des vitesses si élevées, qu'une grande quantité de masse doit être présente dans l'amas si on veut expliquer que l'amas ne se soit pas dissocié depuis très longtemps. Cette masse, c'est la matière noire dont l'existence est prédite par la physique des particules, les WIMPs
(2) C'est en 1920, que Edwin Hubble a découvert que plus une galaxie est éloignée, et plus elle s'éloigne
rapidement, donc, l'expansion de l'univers s'accélère. Cela a été montré notamment par le décalage vers le rouge de la lumière des supernovae, mais, l'attraction gravitationnelle entre
les galaxies devrait contrarier cette expansion et celle-ci devrait ralentir.
C'est pourquoi les scientifiques ont proposé l'existence d'une forme d'énergie inconnue, l'énergie
sombre, qui empêche les galaxies de s'attirer entre elles et même les éloignent les unes des autres.
Histoire de l'histoire de l'Univers -1-
C'est un retour en arrière de près de 80 millions d'années que vient d'effectuer le satellite européen Planck.
380 000 ans après le début du big bang, les photons (c'est-à-dire la lumière) prisonniers jusque là ont enfin pu prendre le large. Comme si quelqu'un avait appuyé sur l'interrupteur, la lumière s'est libérée de l'emprise de la matière et l'univers est devenu transparent.
C'est là qu'intervient Planck. Son télescope est capable de percevoir les échos de ce premier flash de lumière émis voilà 13,75 milliards d'années !
Voir article suivant ...
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Galaxie spirale NGC 3370 vue par Hubble |
Notre représentation de l'Univers ne finit pas d'évoluer …
Les Grecs considéraient l'espace comme une entité figée et centrée sur la terre. L'intuition de Nicolas Copernic, en 1543, allait créer une première onde de choc : pour expliquer les mouvements des planètes, celui-ci place le soleil au centre du système, à la place de la terre. Une vision qui a mis près de deux siècles à s'imposer. Mais quelle est la force qui unit l'ensemble ?
Au début du XVIIe siècle, Johannes Kepler et Galilée (1564-1642) déblayent le terrain en formulant les lois régissant respectivement le mouvement des planètes et la chute des corps.
Grâce à une autre intuition, Isaac Newton parvient finalement en 1687 à élaborer la première théorie de la gravitation sous le nom "d'attraction universelle". L’univers prend un aspect surprenant : il peut être infini et ses constituants se meuvent, animés par la force de gravitation. Toutefois, l'espace lui-même, le contenant, reste désespérément immobile.
Albert Einstein (1879-1955)* : il publie sa théorie de la relativité restreinte en 1905, et une théorie de la gravitation dite relativité générale en 1915. La fusion nucléaire est une conséquence de l’équivalence masse-énergie, certains objets extrêmes comme les étoiles à neutrons et les trous noirs doivent leur existence théorique à la théorie de la relativité ; la cosmologie elle-même repose en grande partie sur cette théorie.
Galaxies spirales NGC 2207 et IC 2163 en collision |
Pour Einstein les seules solutions possibles aux équations de la relativité générale devaient correspondre à un univers statique... Le russe Alexandre Friedmann (1888- 1925) et le belge Georges Lemaître (1894-1966) ont montré, indépendamment l'un de l'autre, que la théorie de la relativité générale permettait l'existence d’un univers en expansion, issu d'une " explosion " initiale.
Lemaître, prêtre par ailleurs, décrit le scénario d'un « écho disparu de la formation des mondes » qui correspond au fond diffus cosmologique, découvert en 1965.
NGC 6523 ou la Nébuleuse de la Lagune est une nébuleuse diffuse
située dans le Sagittaire visible à l'œil nu sous de bonnes conditions.
Edwin Hubble ( 1889-1953), est l'astronome qui a confirmé la Théorie de G. Lemaître. Il a observé la fuite des galaxies et élaboré en partie la théorie de l'expansion de l'Univers et posé la loi dite "constante de Hubble". C'est lui qui, également, a classifié les différents types de galaxies. Avant lui, tous les scientifiques pensaient que l'univers se résumait à notre voie lactée.
L'inutile prière
Il est courant que les agnostiques soupçonnent les chrétiens de choisir l'option « Dieu » pour s'assurer une certaine « sécurité », et pas seulement dans un avenir post-mortem. Ils ont raison de le relever, et c'est pour nous l'occasion de préciser que cette « assurance » se rapporte à une idée de dieu, qui n'est pas chrétienne.
Antonello da Messina ( milieu XVe s ) christ at the column |
Le Dieu de Jésus-Christ, n'est pas un assureur.
Il est intéressant de noter que le « tentateur », utilise lui-même ce ressort : « Si tu es le fils de Dieu ...etc » ( Mt 4, 3 et 6 ; Lc 4,3 et 9-11 )
Le tentateur utilise, peut-être le dieu que nous serions tenté de préférer : un dieu dont la puissance serait du même ordre que celle des hommes...
Ainsi Pierre: il a rencontré le Messie, il a mis tout sa foi en lui et en sa puissance…. Et, la première vérité qui doit éclairer sa conduite, c'est que ce Dieu, ce Messie, doit souffrir et mourir.. !... Alors, le prenant à part, Pierre se mit à la réprimander; Jésus réagit :
« Arrière de moi, Satan ! Parce que tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Le chrétien ne peut échapper à l'insécurité de la vie, et ce qui fait la condition humaine. Dieu ne supprime pas nos motifs d'angoisse... ( celle de la mort, celle du sens de la vie ...)
Rembrandt: Tête de Christ |
L'assurance du Christ, c'est l'assurance que l'humain s'enracine dans la relation vivante du Dieu de Jésus-Christ, le Dieu trinité …
« Vous avez accepté joyeusement qu'on vous dépouillât de vos biens, vous sachant en possession d'une richesse meilleure et qui dure. N'abandonnez donc rien de votre assurance ... » Heb 10, 19-22 ; 34-35
Arrêtons de nous tromper de cible ! La prière n'est pas l'occasion de tenter d'échapper, par le bénéfice d'une puissance magique, à nos souffrances. N'est-ce pas manquer à notre foi, que de confesser ainsi un dieu semblable aux idoles ?
Sources: " Dieu n'est pas un assureur " de Marc-François Lacan
Faire Eglise autour du Christ.
Aujourd'hui, il n'y a plus une seule manière ( sociologique...) de communier autour du Christ ressuscité. Certaines logiques, sont même à mon avis assez opposées...
- Une manière « religieuse », est de mettre le rituel au centre, comme une pratique incontournable. Elle est relativement simple à s'installer. Le rite fédère assez facilement, la seule obligation est de se retrouver régulièrement... Elle donne l'impression d'avoir fait ce qu'il « faut faire » … Elle semble garantir l’accès à Dieu. L'assemblée est en bas et le rite donne la manière d'avoir accès à Lui. L'effort réalisé par le fidèle participe à cet accès. La messe dominicale - et quelque soit l'assemblée, chacun n'étant qu'un élément similaire – représente bien ce schéma religieux.
- Une manière « spirituelle », est de reconnaître que « le divin », n'est en rien semblable à cette statue qui réclamerait une vénération particulière ( du bas vers le haut …) .Ici le divin est en position de « serviteur » ( Jésus ).
Qui fait le chemin... et, Qui rejoint qui … ?
Cette spiritualité, correspond à ce qui peut toucher les cœurs des hommes et des femmes d’aujourd’hui... Si notre Foi évolue : « ce n’est pas le Dieu en surplomb mais le Dieu "en humble place", qui peut se rencontrer...». N'est-il pas nécessaire, si le christianisme est universel, qu'il retrouve de cette manière, chacun, sur ce chemin …?
Certains d'entre nous, sentent bien le défi ; mais craignent qu'ainsi leur religion perde de son exclusivité. ( Ce n'est pas vraiment le style de la " Nouvelle avangélisation ..." ). L’accès à Dieu, et en particulier par Jésus-Christ, est pour tous. Il ne peut être réservé aux fidèles d'un certain culte … L’accès au divin, se fait avant tout, par son humanité.
Chacun d'entre nous est à l'image de ce divin : « Qui me voit et voit tout homme, toute femme, voit le Père », image souvent blessée, défigurée …
Dieu se communique, en chacun d'entre nous, au point que servir chacun d'entre nous, revient à le rencontrer et Le servir …. Dieu est au centre le plus intime de chacun ….
Ainsi, faire Eglise, c'est moins chercher à s'organiser pour avoir accès à Dieu, que chercher ensemble à comprendre comment Dieu a accès à ma conscience …
Le christianisme est un chemin de spiritualité, plus qu'une religion ; et c'est pour cela qu'il s'exprime dans la diversité … Il est inutile de s'efforcer d'accéder à Dieu. La crainte serait alors de s'imaginer "savoir faire" : source d’orgueil et d’intolérance... Mais plutôt, initiative de Dieu de nous rejoindre,
En conclusion : j'aurais tendance à privilégier - la contemplation de la Parole en petite communauté, que - la célébration collective d'un rituel.
L'Eglise et la "peine de mort" , au regard du Mariage pour tous...
Concernant les arguments qui relèveraient de l'anthropologie chrétienne ou de l'enseignement de la parole, et qui s'opposeraient au « Mariage pour tous »... Je voudrais reprendre le débat sur la peine de mort, qui lui aussi participa au débat de société, et sur lequel la même source d'arguments pouvait être présentée...!
Jean-Georges Cornélius, ( 1880-1963 ) |
Je précise, bien sûr, qu'à mon avis, aujourd'hui, en conscience je ne peux qu'être opposé à la peine de mort...
Le récit résumé de cette histoire de l'abolition de la peine de mort, est à mon avis riche d'enseignement, sur l'utilisation par l'institution des textes bibliques, et des fondamentaux d'une " anthrolopologie chrétienne "..!
Les textes bibliques, et la Tradition :
« Le vengeur du sang fera lui-même mourir l’assassin ; quand il le rencontrera, il le tuera »(Nombres 25, 19).
« Quiconque aura répandu le sang de l’homme, que son sang soit répandu » (Genèse 9, 1-6).
Et qu'en est-il, alors du commandement :« Tu ne tueras point »? « Il s’agit d’une notion juridique complexe comme l’expose André Chouraqui. En effet, la traduction exacte serait « Tu n’assassineras point » et ceci ne concerne en aucun cas l’homicide en cas de guerre, la légitime défense ou la peine de mort prononcée par un tribunal régulier. »
Encore ... Parmi les arguments du maintien de la peine de mort:
Ne pourrait-on pas dire que le Christ autorise indirectement la peine capitale en disant que mieux vaut pour l’homme être condamné à mort par noyade que de commettre le péché de scandale (Mt, XVIII, 6). Et dans les Actes V, 1-11, il est clair que la peine de mort ne faisait pas horreur à la communauté chrétienne primitive, puisque les époux Ananie et Saphire, coupables de fraude et de mensonge au détriment des frères, comparurent devant saint Pierre et furent frappés de mort. Enfin, on pourrait aussi utiliser le passage de Rom. XIII, 4, qui donne aux princes le glaive de la justice (jus gladii) et les appelle “ministres de Dieu pour châtier les mauvais”....
Cependant, dans les faits : Jusqu’au IVème siècle après Jésus-Christ, l’Église est entièrement contre la peine de mort.
Ensuite: ...!
L'inquisition fût créée vers 1199 par le pape Innocent III |
En 1199, Le pape affirme alors dans la décrétale Vergentis in senium: « Si les criminels de lèse-majesté
sont condamnés à mort […], à plus forte raison ceux qui offensent le Christ doivent-ils être retranchés […], car il est beaucoup plus grave d’offenser la majesté éternelle que d’offenser la
majesté temporelle ».
Au Moyen Âge, l’Église livre le coupable au pouvoir laïque qui est alors contraint de procéder à l’exécution de la peine.
L’interdépendance du religieux et du politique a fait du délit d’hérésie un délit politique, punissable de mort.
Finalement, l’Église chrétienne, bien que réticente à l’égard de la peine de mort, l’accepte :« Le chef suprême de la cité a le pouvoir coercitif ; il peut donc infliger des peines irréparables comme la mort et la mutilation ». Saint Thomas d'Aquin (Somme théologique, II II 65 2 )
Toutefois l’Église ne doit jamais décider elle-même de la mort du coupable. Le cas échéant, c’est au pouvoir laïc de la décréter et de l’appliquer.
Des écrivains remettent en cause la peine capitale, ainsi Victor Hugo écrivant le Dernier jour d’un condamné en 1829, ou Lamartine protestant contre la peine de mort dans sa poésie (ode Contre la peine de mort écrite en 1830) ou dans ses interventions comme député. |
Ensuite, et pas avant le XVIIIème siècle, le mouvement abolitionniste gagne, de nombreux milieux intellectuels. L’abolition de la peine de mort se situe dans un contexte de contestation et d’idéologie de progrès social, en opposition à l'Eglise, sur ce point et bien d'autres ….
Sous l’Empire et la Restauration, les exécutions continuent. à la liste déjà longue du Code pénal, plusieurs lois viennent ajouter de nouvelles infractions sanctionnées par la peine capitale. Un texte resté célèbre est celui du 20 avril 1825 : la « loi du sacrilège » envisage la sanction suprême pour profanation en public de vases sacrés renfermant des hosties consacrées. Bien loin de relever le prestige de l’Église, comme le souhaitait le souverain Charles X, c’est l’Église qui subit l’impopularité d’une mesure trop extrémiste et aucun jury n’ose appliquer la loi. Par la suite, quelques auteurs isolés (l’abbé Lenoir dans le Dictionnaire de théologie, 1875), s’élèvent contre la peine de mort.
En 1969, l’Etat du Vatican supprimait la peine de mort pour tous les crimes.
En 1991, les évêques de France se sont exprimés contre la peine de mort. Nous lisons en effet dans le Catéchisme pour adultes : « Pour des raisons diverses, beaucoup de pays ont aboli la peine de mort. Le chrétien ne peut que se réjouir de voir ainsi se développer le sens du respect absolu de la vie. Cependant, la justice doit être assurée et la société protégée. Mais, quels que soient ses crimes, une personne humaine reste un enfant de Dieu que l'on doit respecter comme tel. L'espérance chrétienne croit toujours l'homme capable de s'amender. » (Les évêques de France. Catéchisme pour les adultes, no 588.)
« J'attire l'attention des responsables de la société sur la nécessité de faire tout ce qui est possible pour arriver à l'élimination de la peine capitale. » Ce propos du pape Benoît XVI a été signé le 19 novembre dernier au Bénin
L'abolition de la peine de mort, est une loi civile ; et elle sert la Vérité ( le Bien). A ce propos, les textes bibliques ne sont pas si clairs ; et il y a de quoi nourrir des argumentation opposées. L'Eglise, lors de notre période contemporaine, n'a pas été le fer de lance, de ce qui – me semble t-il - est à la base de l'anthropologie dite « chrétienne », le respect de la Vie, et de tout humain. Il me semble donc que l'institution de l’Église peut avoir plusieurs discours, et plusieurs manières contradictoires de fonder un discours. Ainsi, sur le « Mariage pour tous », elle ne peut être convaincante...